Préface
p. 5
Texte intégral
1 L’homme a toujours regardé le savant et le savant n’a jamais cessé de s’intéresser aux hommes, aux hommes de cœur et de progrès.
2 Je le croisais souvent au jardin du Luxembourg dont il arpentait à pas vifs les allées, à l’ombre de ces arbres qui lui restituaient un peu de son Auvergne natale… « Cela me régénère, m’aide à classer mes idées… », me disait – il, comme pour s’excuser. C’est vrai, Roger Portal est un maître – organisateur des idées et des faits. Ses Cours de Sorbonne sur l’ancienne Russie demeurent à ce jour inégalés. Clarté, élégance, classicisme. Un joli brin de plume aussi, qui fait étinceler quelques – uns de ces ouvrages que l’actualité revivifie : son Pierre le Grand, ses Slaves… L’œuvre scientifique de Roger Portal est considérable : sa thèse sur le Développement métallurgique dans l’Oural du XVIIIe siècle et ses conséquences sociales1, soutenue en 1949, demeure un ouvrage de référence que citent tous les chercheurs français ou étrangers.
3 Mais, sans doute, la fierté de Roger Portal est d’avoir été l’accoucheur de l’école française d’histoire de la Russie et de l’U.R.S.S., inexistante au lendemain de la guerre et qui, grâce à lui, a gagné ses galons dans le monde entier, faisant jeu égal avec les historiens anglo –saxons qui, seuls jusque – là, faisaient prime. Pierre le Grand du renouveau de ces études en France, Roger Portal peut contempler cet héritage avec orgueil. Il y a presque un quart de siècle, je devenais le dernier directeur de la section d’histoire de l’ancienne Sorbonne : je m’émerveille toujours et encore de cette admirable cohorte d’historiens dont Roger Portai, le très modeste, est une des gloires.
4 Le collègue est charmant, charmeur et primesautier. Il n’a pas été pour autant insensible aux charmes du pouvoir, du pouvoir universitaire il s’entend. Perspicace aussi, il a su juger et jauger les hommes, la qualité vraie de leurs travaux. Une tonalité de velours, mais aussi un coup d’œil incandescent.
5 Tous, nous sommes heureux de lui dédier ces Pages d’histoire qui sans lui peut – être ne seraient pas.
Notes de bas de page
1 Devenue L’Oural au XVIIIe siècle, étude d’histoire économique et sociale, Paris, Institut d’études slaves, 1950, 434 p.
Auteur
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