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Liens personnels, réseaux, solidarités en France et dans les îles Britanniques (xie-xxe siècle)

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Bates David
, 
Gazeau Véronique

Partie 2. Réseaux et solidarités politiques

Associations nobiliaires et processus de recomposition

Les avatars de l’entourage de François, duc d’Anjou (1555-1584)

Nicolas Le Roux

Résumé

The last son of Henri II and Catherine of Medicis, Francois, duke of Alençon and, from 1576, duke of Anjou, unified under his command an informal network of nobles which played a decisive part during the years 1574-1584. A former leader of a faction, he became a real aristocratic patron, especially with his position as heir to the throne. He made his household as strong as the royal household and recruited brokers in order to assume this new role. The most important of them, Bussy d’Amboise, enjoyed a high degree of authority. However, the adjustments of the duke’s goals led to great transformations of his following. These changes attest to the fundamental role of the brokers and of the favourites in the prince’s politics at the beginning of the early modern age. They also illustrate the difficulties linked to the institutionalisation of the broker’s role.

Texte intégral

  • 1 Édits des guerres de Religion, A. Stegmann (éd.), Paris, 1979, p. 12 (édit de janvier 1562) et p. 1 (...)
  • 2 Arlette Jouanna, « Des réseaux d’amitié aux clientèles centralisées : les provinces et la cour (Fra (...)

1Après l’honneur de Dieu et le service du roi, l’entretien des liens d’amitiés est considéré par les hommes du xvie siècle comme le principal gage de l’ordre social. Les édits de pacification qui scandent les guerres de Religion rappellent d’ailleurs la nécessité de sauvegarder ces relations fondées notamment sur les alliances matrimoniales1. Le champ complexe des attachements familiaux et des rapports de dépendance offre le cadre de référence de l’action politique comme de la promotion économique des individus. Les engagements reposent ainsi avant tout sur l’aptitude à mobiliser un réseau de parents et d’amis, selon la formule régulièrement employée dans les déclarations de l’époque, c’est-à-dire la nébuleuse informelle des débiteurs, qu’il s’agisse des alliés, des voisins ou des compagnons d’armes2.

  • 3 Sharon Kettering, Patrons, Brokers, and Clients in Seventeeth-Century France, Oxford, 1986, et Patr (...)

2Le crédit des princes se fonde sur leur capacité à construire et à activer ces réseaux de fidélité, qui permettent de faire pression sur le monarque afin d’obtenir charges et faveurs. Dans un contexte de guerre civile, la mobilisation des clients dépend étroitement de la capacité des patrons à activer des relais de commandement. C’est pourquoi la construction des réseaux politico-confessionnels repose sur des intermédiaires désignés par les contemporains comme des « favoris », et que les historiens qualifient de courtiers (brokers3. La situation de ces agents apparaît d’ailleurs fort mystérieuse pour les contemporains qui attribuent souvent leur position à l’effet d’un sortilège.

  • 4 La biographie de ce prince a été établie par Mack P. Holt, The Duke oƒ Anjou and the Politique Stru (...)

3Afin de comprendre comment fonctionnent et évoluent les systèmes réticulaires structurant les relations internobiliaires, on peut utiliser comme laboratoire l’entourage de François, duc d’Alençon et d’Anjou4. Dernier fils d’Henri II et de Catherine de Médicis, frère cadet des rois François II, Charles IX et Henri III, ce prince est en effet l’un des acteurs essentiels de la politique française et européenne pendant la décennie 1574-1584. Né le 18 mars 1555, il a été baptisé Hercule, prénom héroïque qui devait l’orienter vers des responsabilités militaires et chevaleresques. C’est seulement en 1566, lors de sa confirmation, qu’il reçoit le prénom de François, en hommage à son grand père François Ier – modèle politique de Catherine de Médicis – et en souvenir de son frère aîné François II, disparu en décembre 1560. Le 8 février de cette année, il obtient un apanage comprenant les duchés d’Alençon et de Château-Thierry, les comtés du Maine, de Mantes, de Meulan, de Meaux, de Montfort-l’Amaury, de Dreux, de Beaumont-sur-Oise et de Chaumont-en-Vexin, les vicomtés de Caen, Falaise, Bayeux, Vire et La Ferté-Alais, ainsi que les seigneuries de Sézanne et de Pontoise. Dix ans plus tard, après la paix de mai 1576, l’adjonction des duchés d’Anjou, de Touraine et de Berry à cet apanage donne à Monsieur un poids considérable.

  • 5 J.-A. de Thou, Histoire universelle depuis 1543 jusqu’en 1607 (1604-1608), trad. fr., Londres, 1734 (...)

4Les contemporains ont pourtant décrit ce prince comme un personnage a priori peu destiné à susciter les dévouements. Jacques-Auguste de Thou le présente d’une façon fort peu élogieuse : petit, le teint brun, le visage gâté par la petite vérole, le caractère changeant, ambitieux et inquiet. Mais il ajoute cependant qu’il était vif, affable, magnanime, éloquent et magnifique5. De fait, le duc d’Anjou a su rassembler une nébuleuse de plusieurs centaines de personnages grâce à des ressources de patronage considérable : pensions, charges domestiques, gouvernements et commandements militaires.

5L’examen de son entourage permet de cerner les mécanismes de la construction d’un système de fidélité dépendant non seulement des disponibilités financières de son patron, mais aussi de ses engagements. On peut ainsi suivre les étapes de la formalisation d’un groupe dans le cadre d’une institution domestique qui occupe le cœur du système de fidélité. Ressource de dignités pour un certain nombre de grandes familles étroitement liées au pouvoir royal, la maison ducale est transformée en un outil politique intégrant une large clientèle, à la tête de laquelle apparaît la figure essentielle d’un courtier. Mais à mesure que le duc tente de s’imposer comme une figure politique internationale, son entourage est régulièrement recomposé afin de diversifier ses capacités d’action.

Des entreprises familiales

  • 6 S. Amanda Eurich, The Economics oƒ Power : The Private Finances of the House of Foix-Navarre-Albret (...)

6Le futur duc d’Anjou a été élevé au sein d’un entourage qu’il n’a pas choisi. Chargée d’assurer la vie matérielle et l’éducation du jeune prince, sa maison est formée dès 1562. Ses effectifs augmentent régulièrement sous Charles IX, pour rassembler jusqu’à 262 personnes en 1572, ce qui fait d’elle la première maisonnée du royaume après celle du monarque. La maison du roi de Navarre compte en effet 200 personnes en 1570, et celle du duc de Guise seulement 96 à la même époque6. Après l’avènement de Henri III, la maison ducale prend des proportions plus imposantes encore afin d’assurer à François un statut de premier plan à la cour, car il est désormais l’héritier de la couronne.

  • 7 BNF, ms. fr., 32866, p. 209-210.
  • 8 BNF, ms. fr., 15546, f° 220 (Montpensier à la reine mère, Champigny, 16 juin 1568).

7Catherine de Médicis en a d’abord confié la surintendance à Jean Babou de La Bourdaisière (1511-1569), personnage qui possède des appuis puissants, notamment auprès des Guise. Fils du financier Philibert Babou, Jean est grand bailli de Touraine (1532), gouverneur de Brest (1554), chevalier de Saint-Michel (1563), lieutenant général (1567) puis capitaine général de l’artillerie de France (1569) et conseiller d’État (1569)7. Bien qu’il ait la direction des affaires du jeune prince, les solliciteurs s’adressent à la reine mère pour placer leurs clients dans cette maison. Le duc de Montpensier lui recommande ainsi un seigneur pour une charge d’écuyer, le jeune « La Roche aux Enfans », en précisant qu’il appartient à sa propre suite : « d’aultant qu’il est de ma nourriture et que je le vous puis tesmoigner gentilhomme de fort bonne part, bien capable de ceste charge pour l’avoir longuement exercée en ma maison »8.

  • 9 Tableau des officiers et références des montres dans Fleury Vindry, Dictionnaire de l’état-major fr (...)
  • 10 BNF ms. NAF, 8626, f° 2 (montre passée le 2 juin 1567 à Château-du-Loir)

8Babou utilise d’emblée sa position pour placer ses enfants et alliés : ses deux fils (Georges, sieur de La Bourdaisière, gentilhomme de la chambre ; Jean, comte de Sagonne, gentilhomme servant), son beau-frère (Étienne Robertet, maître de la garde-robe) et deux de ses gendres (Claude de Beauvillier, comte de Saint-Aignan, chambellan ; Antoine d’Estrées, chambellan). Les mêmes hommes se retrouvent d’ailleurs à la tête de la compagnie d’ordonnance du duc, que Babou commande en tant que lieutenant9. Le sous-lieutenant est Saint-Aignan, le guidon son futur gendre Sourdis, tandis que son fils aîné, Georges, sert comme archer. Les cavaliers sont recrutés dans l’aire d’influence de Babou (on compte d’ailleurs deux hommes d’Amboise et un autre « à la suite de Monsieur de La Bourdaizière ») et de Saint-Aignan. Le tiers des hommes provient de Touraine, du Blésois, de Berry et de Sologne. Les autres sont originaires d’Anjou et de Poitou (10 %), du Bourbonnais (10 %), mais aussi du Sud-Ouest (21 %), ce qui témoigne de la puissance d’attraction de Babou10.

  • 11 Le roi accorde 12000 l.t. en faveur de ce mariage, alors que la dot de la mariée atteint 45 000 l.t (...)
  • 12 Les autres places d’officiers reviennent également à des officiers domestiques : l’enseigne est ten (...)
  • 13 BNF, ms. NAF, 8631, f° 5 (montre passée le 5 janvier 1574 à L’Aigle en Normandie).

9Le poids des Babou n’est pas remis en question par la disparition de Jean, le 11 octobre 1569. Ses deux fils continuent leur ascension dans la maison ducale : Georges devient chambellan (1571), avec la charge de dormir dans la chambre du duc en l’absence du premier gentilhomme, et Jean, gentilhomme de la chambre (1570), tandis qu’Estrées est promu premier gentilhomme de la chambre (1570). Enfin, ils s’allient avec le premier écuyer François d’Escoubleau de Sourdis, qui épouse la troisième fille de Jean Babou, Isabelle, en juillet 157211. La compagnie d’ordonnance reste dans les mêmes mains : son commandement passe à Saint-Aignan, Sourdis devenant sous-lieutenant et Georges Babou guidon12. Le recrutement des cavaliers se concentre sur la Touraine, le Blésois, le Berry et la Sologne (43 %), avec comme aires secondaires les ensembles Poitou-Anjou (20 %) et Beauce-Gâtinais (12 %)13, ce repli s’expliquant par le fait que Saint-Aignan n’exerce pas les mêmes responsabilités que Jean Babou dans l’appareil militaire royal.

  • 14 Henri, gentilhomme de la chambre (1570), puis chambellan (1575) ; Armand, gentilhomme servant (1570 (...)
  • 15 Antoine, sieur du Vigan, gentilhomme servant (1572), puis gentilhomme de la chambre (1575).
  • 16 René de Pins, sieur de Montbrun, gentilhomme de la chambre (1575).
  • 17 C’est le cas en décembre 1573, quand Jean de Blosset-Torcy requiert une place de gentilhomme servan (...)

10Si la nébuleuse Babou-Estrées-Saint-Aignan-Sourdis continue de fournir le noyau de l’entourage après 1569, la surintendance de la maison comme le gouvernement des principales terres de l’apanage sont désormais assumés par Jean Hébrard de Saint-Sulpice (1519-1581). Désigné par Catherine de Médicis, ce fidèle serviteur de la couronne s’est distingué notamment comme ambassadeur en Espagne (1562-1565). Grâce à sa position, il insère à son tour des membres de son lignage dans la maison. Il y fait ainsi entrer ses quatre fils14, son demi-frère15 et son beau-frère16. Les solliciteurs se tournent directement vers lui pour obtenir des charges17.

  • 18 Michel, grand prieur de Champagne dans l’ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, est gentilhomme de la ch (...)
  • 19 BNF ms. PO. 160 (Babou), n° 25 (lettres patentes du roi, 18 août 1565).

11Aux côtés de ces deux groupes apparaissent d’autres personnages liés à la reine mère, comme les frères Seure, Michel et Jacques18, ou encore les Castelnau. Michel de Castelnau (1520-1592), sieur de Mauvissière, qui est appointé comme chambellan à partir de 1572, sert avant tout comme diplomate en Angleterre, où il mène une ambassade en novembre 1572, avant d’y séjourner comme ambassadeur permanent de 1575 à 1585. Son frère Titus († 1573) est gentilhomme de la chambre en 1570, et son autre frère, Pierre, maître d’hôtel en 156519, puis premier maître en 1570. On rencontre aussi un Italien de l’entourage de la reine mère : Alphonse de Gondi (maître d’hôtel ordinaire en 1572).

Favoris et comploteurs

  • 20 « Rejetez donc, Monseigneur, je vous en supplie très humblement, si vous vous aimez, ces malins et (...)

12L’installation de Saint-Sulpice dans l’entourage ducal reste superficielle. Il n’entretient pas de relations étroites avec le duc, même s’il prend grand soin de sa santé, comme c’est le cas lors du siège de La Rochelle. Il demeure avant tout l’homme de la reine. Il intervient ainsi pour détourner le duc de ceux qui veulent lui faire quitter la cour, et l’invite à obéir à sa mère20. À partir de 1574, François manifeste en effet le désir de jouer un rôle politique de premier plan. Il souhaite notamment obtenir la charge de lieutenant général du royaume, exercée par son frère Henri de 1567 à 1573.

  • 21 Il s’intitule capitaine d’une galère du roi en 1573. Il vend peu après un bâtiment à un capitaine g (...)
  • 22 Son père, Jacques de Boniface de La Molle, chevalier de l’ordre en 1564, a servi en Corse et en Ita (...)
  • 23 Francis de Crue, Le Parti des Politiques au lendemain de la Saint-Barthélemy : La Molle et Coconat, (...)
  • 24 Son nom est rajouté sur l’état de la maison, BNF ms. fr., 21479, f° 109 v°.
  • 25 AN MC, XC 121 (procuration de La Molle passée le 9 novembre 1572 pour percevoir la somme auprès des (...)
  • 26 En septembre 1573, il lui offre une place de contrôleur et clerc d’office qui rapporte 400 écus, AN (...)
  • 27 Calendar oƒ State Papers, Foreign Series, of the Reign of Elizabeth (ci-après CSP, Foreign) Londres (...)
  • 28 A. d’Aubigné, Histoire Universelle, A. Thierry éd., Genève, 1981-2000, 11 vol., t. IV, p. 12.

13À cette fin, il a recours à un agent chargé d’établir des contacts et de le représenter. Il s’agit de Joseph de Boniface, sieur de La Molle. Ce capitaine de galère21 descend d’un ancien lignage provençal qui sert la couronne depuis le milieu du siècle22. Il a été introduit à la cour par le gouverneur de Provence, le comte de Tende, après avoir fait ses premières armes en Italie avec les Guise23. La Molle apparaît dans la maison ducale comme chambellan en janvier 157224. François lui accorde très vite des gratifications qui témoignent de son statut privilégié : un don de 3 000 l.t. le 25 juin 157225, et des offices domestiques à revendre26. Le statut social de La Molle se ressent de cette faveur princière : il s’intitule « haut et puissant seigneur » en 1573, alors que l’année précédente il se contentait de la formule « noble sieur ». Homme de confiance du duc, il accomplit plusieurs missions diplomatiques. Dès l’été 1572, il se rend ainsi en Angleterre pour remercier la reine Elizabeth d’avoir accueilli le duc de Montmorency, qui était venu lui proposer un mariage avec Alençon, et annoncer la nouvelle des fiançailles du roi de Navarre avec Marguerite de Valois27. Il suit ensuite son maître au siège de La Rochelle, où il est blessé28.

  • 29 Journal de L’Estoile pour le règne de Henri III (1574-1589), L.-R. Lefèvre éd., Paris, 1943, p. 665
  • 30 L’expression apparaît dans Le Reveille-Matin des François et de leurs voisins. Composé par Eusebe P (...)
  • 31 Discours merveilleux de la vie, actions et deportemens de Catherine de Medicis Royne Mere [1575, ré (...)

14Fervent catholique, La Molle pratique des formes de piété méridionales mal comprises dans la France du Nord29. Il se construit par ailleurs une réputation de galanterie qui lui vaut le surnom de « Baladin de la Cour »30. Pour toutes ces raisons, la propagande protestante lui est très hostile31.

  • 32 BNF ms. fr., 32867, p. 1392-1396 ; BNF ms. fr.. 6393, f° 287-298 (état de la maison du duc d’Anjou, (...)
  • 33 BNF ms. fr., 6392, f° 228-230 (rôle des gentilshommes qui accompagnent le roi en Pologne, Worms, 14 (...)
  • 34 A. Jouanna, Le Devoir de révolte. La noblesse française et la gestation de l’État moderne, 1559-166 (...)

15La Molle est la cheville ouvrière du projet de soulèvement fomenté par son maître et le roi de Navarre au printemps 1574. Il s’agit de gagner Sedan, possession du duc de Bouillon, pour se placer sous la protection des princes huguenots. Les autres responsables de la conspiration sont le Piémontais Annibal de Coconat, capitaine des gardes suisses du futur Henri III, qui s’est taillé une renommée de grand massacreur lors de la Saint-Barthélemy ; Jacques de La Fin, sieur de La Nocle ; et un ancien ambassadeur à Constantinople, Guillaume de Grandchamp. Né vers 1547, La Fin est un gentilhomme du Bourbonnais. Nommé chevalier de Saint-Michel vers le début de l’année 1570, il a d’abord servi dans la maison du futur Henri III comme gentilhomme de la chambre, et c’est dans cette institution qu’il a dû rencontrer Coconat32. Après avoir accompagné son premier maître lors de sa traversée de l’Allemagne33, il est rentré en France dès le mois de janvier 1574. Enfin, dans le Midi, un parent de La Molle, Honoré d’Albert, sieur de Luynes, est chargé de nouer des contacts avec le gouverneur de Languedoc, Montmorency-Damville34.

  • 35 Il y a des divergences sur l’identité du délateur : certains auteurs incriminent un bourgeois paris (...)
  • 36 Les Mémoires de Monsieur le duc de Nevers, Marin Le Roy de Gomberville (éd.), Paris, 1665, 2 vol., (...)

16Dénoncés par un complice, La Molle et Coconat sont arrêtés le 10 avril35. Coconat révèle que le duc d’Alençon aurait décidé de prendre la tête d’une coalition à laquelle devaient participer les maréchaux de Cossé et de Montmorency, ainsi que le lieutenant général de Metz, Thévalle, qui est l’un des chambellans du duc. Au cours du procès, la reine mère insiste pour que l’on fasse avouer à l’astrologue Cosme Ruggieri qu’il a préparé des enchantements pour faire aimer La Molle par son fils, ce qui révèle le caractère déroutant de la faveur aux yeux des contemporains, à laquelle on attribue des causes magiques36. Bien que la reine d’Angleterre soit intervenue en faveur de La Molle par l’intermédiaire de son envoyé à la cour de France, le docteur Dale, celui-ci est exécuté en place de Grève le 30 avril en compagnie de Coconat. Alors que les deux maréchaux sont embastillés le 4 mai, La Fin parvient à échapper à la répression en se réfugiant en Suisse.

  • 37 Mémoires de Marguerite de Valois, Y. Cazaux (éd.), Paris, 1986, p. 72.

17En dépit de la surveillance étroite exercée sur lui à l’issue de ces événements, le duc s’emploie à rassembler de nouveaux partisans. À cette fin, il utilise les services d’un nouveau courtier qui s’impose comme le personnage clé de son entourage : Louis de Clermont d’Amboise, sieur de Bussy. À partir de l’hiver 1574-1575, celui-ci détient un statut de véritable favori, comme le rapporte Marguerite de Valois : « Estants à Paris, mon frere approcha de lui Bussi, en faisant autant d’estime que sa valeur le meritoit. Il estoit tousjours auprez de mon frere, et par consequent avec moy »37.

  • 38 Laurent Bourquin, Noblesse seconde et pouvoir en Champagne aux xvie et xviie siècles, Paris, 1994, (...)
  • 39 Celle-ci intervient en sa faveur auprès du duc de Lorraine en 1568, afin qu’il veille au bon déroul (...)
  • 40 Il commande une compagnie d’ordonnance envoyée en Berry en 1567, pour combattre les protestants de (...)
  • 41 Il reçoit 8 000 l.t. le 20 octobre 1574 pour les services rendus au siège de La Rochelle et pour le (...)
  • 42 Lettres de Henri III, op. cit., t. I, p. 323 (Henri d’Anjou à François d’Alençon, 24 décembre 1573)
  • 43 Il combat en Normandie sous les ordres de Matignon en mai 1574, puis en Poitou à l’automne sous ceu (...)
  • 44 Il reçoit 2 000 1.t. le 30 octobre 1575 pour s’être équipé pour la guerre avec plusieurs gentilshom (...)

18Bussy appartient à une famille d’origine angevine installée en Champagne au début du xvie siècle38. Jacques de Clermont d’Amboise (t 1587), le père de Louis, possède l’estime de Catherine de Médicis39. Né en 1549, Bussy a d’abord mené une carrière de soldat40. Il s’est ensuite signalé parmi les acteurs de la nuit de la Saint-Barthélemy – à l’occasion de laquelle il assassine son cousin, Antoine de Clermont d’Amboise, marquis de Reynel –, avant de combattre au siège de La Rochelle. C’est sans doute de cette époque que datent ses relations avec François. Il est ensuite entré dans la maison du futur Henri III, avant d’accompagner ce prince en Pologne41. Au cours du voyage, celui-ci n’a d’ailleurs pas manqué de donner à son frère des nouvelles de Bussy42. De retour en France dès le printemps 1574, Bussy a repris sa vie de soldat43, et s’est définitivement attaché au duc d’Alençon. Il apparaît sur les états de sa maison en janvier 1575 comme chambellan et reçoit vers le même moment le collier de l’ordre de Saint-Michel44.

  • 45 L’Estoile note qu’il était un lecteur assidu de Plutarque : « Et quand il y lisait quelque acte sig (...)
  • 46 A d’Aubigné, Sa vie à ses enfants, G. Schrenck éd., Paris, 1986, p. 87.

19Fondé sur des modèles chevaleresques de comportement, son prestige de capitaine lui vaut l’attachement de nombreux gentilshommes45. C’est le cas d’Agrippa d’Aubigné, malgré leurs divergences religieuses, avec lequel il participe à des rixes contre les archers du guet de Paris en 157546. Il est également lié à Brantôme, ainsi qu’à plusieurs membres de l’entourage royal : le capitaine des gardes Nicolas d’Angennes-Rambouillet, le colonel général de l’infanterie Philippe Strozzi, Louis de Berton-Crillon, ou encore le gouverneur de Poitou Guy de Daillon, comte du Lude, qui est nommé gentilhomme de la chambre du duc en 1576, peut-être sur sa recommandation.

  • 47 Brantôme, op. cit., t. VI, p. 182-186.
  • 48 CSP, Foreign, op. cit., t. XI, p. 59 (21 mai 1575).
  • 49 Journal de L’Estoile, op. cit., p. 179.

20Bussy s’affirme en effet très vite comme le véritable meneur des partisans de Monsieur. Il est ainsi capable de mobiliser 200 gentilshommes qui l’escortent au Louvre au printemps 1575 à l’occasion d’un affrontement avec François de Vaudrey, sieur de Saint-Phal – fils de la sœur du comte de Montgomery –, pour lequel le roi a pris ouvertement parti47. C’est d’ailleurs probablement sous le couvert de l’autorité royale que deux attentats nocturnes sont tramés peu après contre Bussy48. En janvier 1578, c’est en compagnie de 300 hommes armés qu’il se prépare à affronter l’un des mignons du roi, Gramont49.

  • 50 BNF, ms. fr., 3323, f° 101 (François de Balsac d’Entragues au duc de Nevers. Orléans, 28 sept. 1575 (...)
  • 51 Declaration de Monseigneur François, fils et frère de Roy, duc d’Alençon […], contenant les raisons (...)
  • 52 Brieve Remonstrance à la Noblesse de France sur le faict de la Déclaration de Monseigneur le Duc d’ (...)

21Avec Bussy et quelques autres compagnons, notamment Jean de Simiers, Monsieur prépare secrètement son évasion de la cour. Le 15 septembre 1575, il s’enfuit en compagnie de Simiers. Accompagné de seulement quinze chevaux, Bussy les rejoint quelques jours plus tard50. Réfugié à Dreux, Monsieur fait composer un texte de justification. Publiée le 18 septembre, sa déclaration connaît un large écho51. Elle est suivie d’autres textes qui en précisent les vues52. S’impatronisant chef du parti des « vrais Français », Monsieur réutilise l’argument xénophobe élaboré par les pamphlétaires protestants dans la décennie précédente. Il dénonce en effet les Italiens et les princes lorrains qui suscitent les désordres civils afin de satisfaire leurs intérêts et mettent la main sur le gouvernement, dont ils écartent les grands officiers et les princes du sang.

  • 53 Mémoires de Claude Haton, BNF, ms. fr., 11575, f° 595 v°.
  • 54 Ibid., f° 598 v° ; Journal historique de Denis Généraux notaire à Parthenay (1567-1576), B. Le Dain (...)
  • 55 CSP, Foreign, op. cil., t. XI, p. 51 (mai 1575) ; Journal de L’Estoile, op. cit., p. 111.
  • 56 CSP, Foreign, op. cit., t. XI, p. 144 (28 sept. 1575).

22À Dreux, Monsieur est rejoint par ses partisans. Le prêtre briard Claude Haton note que le duc rassemble non seulement les gens de sa faction, mais aussi des officiers de la maison du roi et des gentilshommes jusqu’à présent dépourvus d’engagements, à tel point qu’en quatre jours il aurait réuni quatre à cinq mille hommes53. Les observateurs ne manquent pas de dénoncer cet assemblage monstrueux de catholiques dévoyés et de rebelles protestants se qualifiant eux-mêmes de « malcontents »54. Parmi eux on retrouve Jacques de La Fin. Celui-ci joue désormais un rôle d’intermédiaire auprès des princes allemands et de Condé. Son frère, Jean, sieur de Beauvoir, dit Beauvais-La Nocle, joue parallèlement un rôle essentiel comme représentant du parti huguenot dans les négociations avec la reine mère55. Pour sa part, Bussy combat conjointement avec le vicomte de Turenne, qui commande les troupes protestantes, tandis que son père soulève une partie de la noblesse champenoise56.

Le contrôle de la maison ducale

  • 57 Sur la paix de 1576, voir Mark Greengrass, « Pluralism and Equality : The Peace of Monsieur, May 15 (...)
  • 58 M. P. Holt, « Patterns of Clientèle and Economic Opportunity at Court during the Wars of Religion : (...)
  • 59 BNF, ms. fr., 6393, f° 317 (1573).
  • 60 Correspondance du nonce Anselmo Dandina (1578-1581), I. Cloulas (éd.), Rome, 1970, p. 190 (21 juill (...)

23Conspirations et combats ont soudé autour de Monsieur un ensemble de gentilshommes d’origines et de confessions différentes, qui réapparaissent à la cour seulement après la signature de la paix, en mai 157657. François possède des revenus substantiels qui lui permettent de mobiliser une clientèle considérable. Alors qu’ils n’atteignaient que 79 735 l.t. en 1571, ceux-ci culminent à 654 835 l.t. en 157958. On perçoit mieux l’importance de la somme quand on sait que lorsqu’il était duc d’Anjou, le futur Henri III n’avait que 283 000 l.t. de revenu59. De plus, le roi accorde à son frère les subsides nécessaires à l’entretien de son entourage : en juillet 1578, il lui fournit ainsi une quinzaine de milliers d’écus pour les besoins de sa maison60.

  • 61 N. Le Roux, La Faveur du roi. Mignons et courtisans au temps des derniers Valois, Seyssel, 2001, p. (...)
  • 62 Mémoires de Claude Haton, BNF, ms. fr., 11575, f° 877 (1579).

24Grâce à ces ressources, le duc rassemble une gigantesque maisonnée. Ses effectifs atteignent des dimensions royales dès août 1576, avec 942 officiers. La maison ducale intègre des gentilshommes qui sont moins des serviteurs domestiques que des suivants ou des partisans. La proportion de détenteurs de charges nobles passe ainsi de 26 % en 1572 à 40 % en 1576. À son apogée, la maison compte autant d’officiers nobles (421 en 1578) que celle du roi (402 en 1580,415 en 1582)61. Les contemporains ont parfaitement ressenti le caractère exceptionnel de la puissance d’attraction de Monsieur. Le curé Haton affirme ainsi que la suite de Monsieur « estoit plus grande que beaucoup que celle du roy »62. Au total, on peut estimer à environ 600 le nombre de nobles ayant appartenu à la maison ducale depuis les années 1560 jusqu’à sa dissolution, en 1584.

  • 63 D’après M.P. Holt, art. cité, p. 305-322. Les sources sont : BNF, ms. Clairambault (ci-après Clair. (...)

Effectifs et coût de la maison ducale63

Années

Effectifs

Charges nobles

Coût (l.t.)

1572

262

68 (26 %)

77 990

1575

415

124 (30 %)

115 640

1576

942

372 (40 %)

263 710

1578

1 123

421 (37 %)

351 880

1584

418

105 (25 %)

251 510

25La structure de la maison ducale est calquée sur celle du roi. On y retrouve les mêmes catégories, à l’exception de celle des gentilshommes de la bouche qui apparaît dans l’entourage de Monsieur en 1578, laquelle est peut-être un emprunt au système espagnol. La plupart des nobles portent le titre de chambellans (118 en 1576, 111 en 1578) ou de gentilshommes de la chambre (148 en 1576, 157 en 1578), dignités qui ne donnent pas lieu à un service domestique réel, contrairement aux maîtres d’hôtel ou aux gentilshommes servants qui restent relativement peu nombreux.

  • 64 Seul du Vigan apparaît encore dans l’état de 1578.
  • 65 AN, MC, XC 137 (7 janvier 1582, attestation de décès signée de trois de ses serviteurs).
  • 66 BNF, ms. fr., 32866, p. 553.
  • 67 BNF, ms. fr., 20614, f° 44.
  • 68 Hercule, comme chambellan ; Léonor, comme gentilhomme de la chambre, puis comme chambellan en 1578.

26La tête de la maison connaît un profond renouvellement en 1576. Saint-Sulpice en perd la surintendance, et les membres de sa famille la quittent peu après64. Profondément marqué par l’assassinat de son fils aîné advenu en décembre 1576, attentat dû d’ailleurs à un officier ducal, le vicomte de Tours, le vieil homme se retire sur ses terres, où il meurt le 5 novembre 158165. Il est remplacé par Claude de Beauvillier, comte de Saint-Aignan (1542-1583). Celui-ci doit sa nomination à son expérience, puisqu’il est installé dans la maison depuis une dizaine d’années, mais aussi à son autorité dans le centre de la France. Descendant d’une maison installée en Berry à la fin du xve siècle, il est le fils d’un gentilhomme de la chambre du roi, René de Beauvillier, et d’Anne de Clermont-Tallard, fille du premier baron de Dauphiné et bailli de Viennois, Antoine de Clermont-Tallard. Il a été intégré à la cour très jeune comme enfant d’honneur des enfants de France (1553), avant de servir comme gentilhomme de la chambre du roi (1557)66. Son mariage avec Marie Babou (1560) s’explique par la proximité provinciale des deux lignages comme par les relations curiales. Saint-Aignan ajoute à sa charge de surintendant celles de chef de la vénerie67, de gouverneur du Berry, province nouvellement entrée dans l’apanage, et de commandant de la compagnie du duc, troupe qu’il mène aux sièges d’Issoire et de La Charité en 1577. Grâce à sa position, il introduit deux de ses fils dans la maison dès 157668.

  • 69 Sa femme, Françoise Babou, remet 19 000 l.t. en 1579 à deux chambellans des affaires du duc, Fervac (...)
  • 70 BNF, ms. fr., 26164, n° 1471 (quittance de Christophe de Castelnau, sieur de Mauvissière, 5 octobre (...)

27S’il conserve Saint-Aignan, Monsieur destitue en revanche les autres personnages liés à la reine mère ou au roi. C’est le cas du premier gentilhomme de la chambre, Antoine d’Estrées, à qui il aurait reproché d’avoir fait de mauvais rapports sur lui au roi, et de Michel de Seure. Néanmoins, les liens ne sont pas complètement rompus avec Estrées qui continue de prêter de l’argent au duc69. En revanche, les Castelnau demeurent dans la maison, Pierre comme premier maître d’hôtel, et Michel comme chambellan, le duc comptant sur ce personnage pour défendre ses intérêts auprès de la reine d’Angleterre. Les fils de Michel – Christophe et Mathurin – y entrent à leur tour comme gentilshommes de la chambre en 1578, Christophe étant employé également comme capitaine de 200 hommes servant à la garde du duc en Flandre70.

  • 71 BM Tours, ms. 1223, f°12 (brevet du 27 novembre 1576) et f° 15 (brevet du 1er août 1580).
  • 72 Il revendique cette appartenance dans un acte notarié passé en juin 1576, AN, MC, XC 125 (9 juin 15 (...)
  • 73 François d’Angennes-Montlouet ; François et Louis d’Avantigny ; Jean de Chaumont-Quitry ; Charles d (...)

28La maison ducale intègre désormais les compagnons des dernières aventures, comme Bussy et Simiers, et les rescapés du complot de 1574 : Luynes et Jacques de La Fin, ce dernier recevant par ailleurs la lieutenance générale de Touraine puis le commandement du château de Tours71. L’entourage de Monsieur prend également une figure mixte sur le plan religieux. On y rencontre aussi bien des membres du parti « des catholicques unis et associez », c’est-à-dire de la première Ligue, comme Antoine de Boniface de La Molle, frère du favori exécuté en 157472, que des capitaines huguenots. On compte en effet une vingtaine de chambellans protestants, parmi lesquels apparaissent Jean de La Fin et François de La Noue, ce dernier ayant joué un rôle de premier plan en Poitou lors du soulèvement de 1574-157573.

  • 74 Monsieur intervient en faveur du mariage de ce dernier.

29Grâce à ces hommes, Monsieur parvient à tisser un vaste réseau interconfessionnel. Les frères La Fin jouent ainsi un rôle essentiel dans le rapprochement entre les partis. Ils sont d’ailleurs les neveux d’un capitaine catholique de l’entourage royal, Beauvais-Nangis, alors mestre de camp du régiment des gardes. C’est également le cas de François d’Angennes, sieur de Montlouet, et de Philippe d’Angennes, sieur du Fargis, qui sont les frères de personnages de premier plan tant dans l’entourage de Henri III (Nicolas, sieur de Rambouillet est capitaine des gardes du corps, et Louis, sieur de Maintenon, maréchal des logis) que dans celui du roi de Navarre (Jean, sieur de Poigny, est son chambellan74). Favorables à un rapprochement entre les confessions, des hommes comme Montlouet et La Fin servent également d’intermédiaires auprès de la reine mère.

  • 75 F. Racine de Villegomblain, Les Mémoires, op. cit., 1.1, p. 330.

30Les protestants se trouvent néanmoins dans une position délicate. Après la signature de la paix, Monsieur abandonne en effet sa politique d’association avec les huguenots, avant de prendre la tête de l’armée royale contre les protestants d’Auvergne en 1577. Il accorde par ailleurs les gouvernements de son apanage à des catholiques, au détriment de ses anciens alliés75. C’est pourquoi au début des années 1580, la quasi-totalité des protestants a quitté la maison ducale.

31Outre ce rôle d’interface politico-religieux, l’entourage de Monsieur fonctionne à la cour comme un outil destiné à faire pression sur le roi. Mais cette stratégie d’affrontement échoue. Après de nombreux heurts avec les proches d’Henri III, Monsieur et ses hommes s’enfuient une nouvelle fois du Louvre, le 14 février 1578.

  • 76 Il est nommé chambellan des affaires « en considération des bons, grands, recommandables et signalé (...)
  • 77 BNF, ms. car., 177 (La Chastre), f° 195 (lettres de provision du 8 septembre 1578).
  • 78 AN, K 1547, n° 93 (J. de Vargas à Philippe II, 18 février 1578) ; A. Desjardins (éd.), Négociations (...)

32Retiré à Angers, le duc dresse de nouveaux états de sa maison. Le cercle étroit de ses compagnons est institutionnalisé par quatorze charges de chambellans des affaires : Bussy, Simiers, du Fargis, Fervacques, Claude d’Estampes baron de La Ferté-Imbault, La Rochepot, Fervacques, La Molle, Chrétien de Savigny de Rosne, Bonnivet, Dorne, Jacques de La Fin, La Noue et La Châtre. La plupart d’entre eux sont entrés dans la maison en 1576. Le seul nouveau venu est le Berrichon Claude de La Châtre76. Ce dernier obtient d’ailleurs le gouvernement du Berry aux dépens du comte de Saint-Aignan, puis le titre de colonel général de la cavalerie légère destinée aux Pays-Bas77. Après ce remaniement, ne demeure plus un seul des anciens dignitaires installés par la reine mère, et la nébuleuse constituée par les Babou disparaît, comme le remarquent les observateurs étrangers78.

  • 79 F. Racine de Villegomblain, Les Mémoires, op. cit., t. I, p. 312-313.
  • 80 Mémoires de Claude Haton, BNF, ms. fr., 11575, f° 877.
  • 81 Relations des ambassadeurs vénitiens, op. cit., t. II, p. 527 ; CSP, Foreign, op. cit., t. XIII, p. (...)
  • 82 Jacqueline Boucher, « Autour de François duc d’Alençon et d’Anjou, un parti d’opposition à Charles (...)

33Les contemporains se sont employés à disqualifier le parti de Monsieur en insistant sur son caractère artificiel et sur l’absence de relations de confiance ou d’affection véritable unissant les clients à leur maître. Un ancien membre de la maison ducale, François Racine de Villegomblain, rapporte ainsi que ce prince n’était « nullement aimé ny estimé, non pas mesmes des siens »79. Le curé Haton ajoute que la suite de Monsieur était composée « de gens qui ne demandoient que guerres et troubles »80. L’ambassadeur anglais estime lui aussi que les entreprises du duc sont le résultat de l’ambition de ses suivants, tandis que le Vénitien Lippomano note qu’il rallie tous les mécontents81. Ensemble non confessionnalisé et relativement peu intégré, l’entourage ducal a pourtant fonctionné comme un parti produisant un programme politique cohérent82. Il mobilise ainsi la noblesse autour d’objectifs militaires séduisants, en particulier la guerre contre l’Espagnol aux Pays-Bas.

Bussy : courtier ou patron ?

  • 83 E. Pasquier, Lettres historiques pour les années 1556-1594, D. Thickett (éd.), Genève, 1966, p. 441 (...)
  • 84 2000 comme surintendant et 3000 comme gouverneur d’Alençon.
  • 85 4000 comme surintendant, 2000 comme gouverneur du Maine, 1 000 comme chef de la vénerie, 1 300 comm (...)

34À la fin des années 1570, Monsieur est à la tête d’un parti aux dimensions considérables. Le magistrat Etienne Pasquier affirme même que le duc était « un second Roy, qui avoit sa Cour, et ses favoris, à part »83. Parmi ces hommes, domine la figure de Bussy. Il cumule en effet les honneurs et les revenus. Alors qu’il recevait seulement 600 l.t. en 1575 comme chambellan, il en touche 2000 l’année suivante comme premier chambellan, puis 6000 en 1578 comme premier gentilhomme de la chambre, gages auxquels s’ajoutent les bénéfices de l’abbaye de Bourgueil (18000 l.t.) et sa pension de gouverneur d’Anjou (sans doute 6000 l.t.), soit un total de 30000 l.t. Ses prédécesseurs à la tête de la maison gagnaient beaucoup moins : 5000 l.t. pour Saint-Sulpice84 et 10600 pour Saint-Aignan85.

  • 86 Après avoir participé au soulèvement des malcontents, le second trouve la mort lors de la campagne (...)
  • 87 BM Tours ms. 1223, f° 14 (brevet du 6 juillet 1578, Vemeuil) ; AN, Y 120, f° 412 (contrat passé le  (...)

35Bussy s’entoure d’un noyau de clients à qui il redistribue les charges ducales. Il commence logiquement par faire entrer sa parentèle dans la maison : ses frères Georges et Hubert y sont chambellans dès 157686. Ses deux beaux-frères y apparaissent également : Jean de Monluc-Balagny, fils bâtard de l’évêque de Vienne Jean de Monluc, sert comme chambellan des affaires et gouverneur de Cambrai ; Olivier de Chastelus est gentilhomme de la chambre en 1576. Bussy obtient également une charge de chambellan pour son père, en 1576, puis les titres de lieutenant général du duc dans toutes ses terres, en juillet 1578, et même celui de surintendant de ses affaires87. Les cadres de sa compagnie apparaissent également dans la maison ducale : le lieutenant Charles de Chambes-Montsoreau y est chambellan, et l’enseigne Charles d’Allonville-d’Oisonville premier écuyer tranchant.

  • 88 A. Desjardins, op. cit., t. IV, p. 123.
  • 89 Ibid., p. 152 ; Journal de L’Estoile, op. cit., p. 222.

36Bussy s’impose ainsi non seulement comme un agent du duc, mais également comme le courtier indispensable pour l’octroi des dignités, qu’il s’agisse des charges de la maison ducale ou des commandements militaires. Sa présence permanente aux côtés de Monsieur signale sa position hégémonique. Pendant l’été 1577, il dort même dans la chambre de son maître88. Cette omniprésence est interprétée par les observateurs comme une forme de mise sous tutelle du duc. L’Estoile affirme même que Bussy « possédait tellement Monsieur le duc son maître qu’il se vantait tout haut d’en faire tout ce qu’il voulait »89. Pour sa part, Bussy a conscience que sa position comme sa sécurité dépendent de sa présence continue aux côtés de Monsieur.

  • 90 CSP, Foreign, op. cit., t. XIII, p. 52 (7 juillet 1578).
  • 91 Guillaume Le Boullanger, sieur de Vaumesnil, est écuyer en 1575, puis premier échanson en 1576.
  • 92 BNF, ms. Clair., 276, p. 4675 (montre passée le 20 juin 1577, camp devant Brioude en Auvergne).
  • 93 Jehan Louvet, op. cit., p. 27. Sur ces hommes, voir L. Bourquin, Les Nobles, la ville et le roi. L’ (...)

37Pour cette raison, il considère l’Anjou, dont il a obtenu la charge dès le printemps 1576, comme un pays taillable à merci, et non comme une province à gouverner90. Comme il ne souhaite pas quitter son maître, il se fait représenter par un lieutenant, le Normand François de Tilly, tandis qu’il accorde le commandement du château d’Angers à René de Sénicourt, sieur de Saint-Ceval (ou Sesseval). Le château des Ponts-de-Cé est confié à un capitaine issu à la maison de Monsieur, Vaumesnil91, tandis qu’un ancien homme d’armes de la compagnie ducale92, Marc de Jamard, est nommé capitaine du château et du pont de Saumur. La noblesse locale est la première victime de ce « grant changement et revirement » à la tête des charges de la province, comme le note l’Angevin Louvet, qui témoigne par ailleurs de l’inquiétude des habitants devant l’installation de ces soldats étrangers93.

  • 94 400 l.t. à son arrivée, puis 17 000 l.t., L. Bourquin, Les Nobles, op. cit., p. 112.
  • 95 Jehan Louvet, op. cit., p. 34.

38Bussy finit par se rendre à Angers en novembre 1576, où il reste jusqu’à la mi-décembre. Afin de gagner sa bienveillance, les habitants lui font aussitôt des présents94. Bussy les surprend par l’importance de son train, dont Louvet affirme qu’il était aussi grand que celui du duc lui-même. Le nouveau gouverneur s’impose en Anjou comme un véritable entrepreneur militaire, accordant à ses clients des commissions pour lever des troupes et chargeant son lieutenant Tilly d’engager des hommes, d’abord pour reprendre la guerre contre les protestants, puis pour combattre aux Pays-Bas à partir de 1578. Au printemps 1577, Bussy est ainsi à la tête d’une troupe de « cinq ou six cents belistres » qui, comme le note Louvet, « s’appeloient Mal contens, et portoient de petitz chapeaulx sans cordon, et faisoient feinte d’estre contre les huguenotz »95. Il s’attache en réalité plusieurs capitaines huguenots, qui rejoignent cette armée privée vivant sur le pays. Louvet considère même le nouveau gouverneur comme « ung tyran et corsaire sans aulcune miséricorde et religion ». Bussy fait par ailleurs intégrer la maison ducale à plusieurs capitaines de sa clientèle : Saint-Ceval et Michel du Hallot comme gentilshommes de la chambre dès 1576, puis d’Angeau comme gentilhomme de la bouche et son frère d’Angeau le jeune comme gentilhomme de la chambre en 1578.

  • 96 Correspondance du nonce Anselmo Dandino, op. cit.. p. 168 (23 juin 1578) et 178 (4 juillet 1578).
  • 97 Ibid., p. 189 (19 juillet 1578).

39Chef de la maison ducale, gouverneur de la principale province de l’apanage, meneur de sa faction à la cour, Bussy est désigné comme le « favori » de Monsieur par les observateurs96. Comme il n’entend pas se limiter à ce rôle instrumental, il entreprend d’imposer une ligne de conduite politique à Monsieur. Devant l’échec de ses ambitions en France, il oriente ainsi son maître vers les Pays-Bas. Au début de l’année 1578, les provinces des Pays-Bas font appel au duc d’Anjou. Pendant l’été, Bussy organise l’armée destinée à entrer en Flandre. Mais dès le début de l’été, les dépêches diplomatiques signalent qu’il aura beaucoup de peine à la commander97. Parti le 4 juillet, il commence néanmoins la campagne en prenant quelques petites places, en particulier Maubeuge, alors que Monsieur est à Mons où La Noue organise le reste de l’armée.

L’élimination du favori

  • 98 Mémoires de Marguerite de Valois, op. cit., p. 74.
  • 99 Lettres de Catherine de Médicis, op. cit., t. VI, p. 15-17 (Catherine au roi, Le Lude, 6 mai 1576).
  • 100 A. Joubert, op. cit., p. 142 (Monsieur à d’Oraison, Mons, 25 août 1578).
  • 101 Claude d’Estampes de La Ferté-Imbault, gentilhomme de la chambre depuis 1575, chambellan en 1576 et (...)

40Principal promoteur des aventures néerlandaises de son maître, Bussy est mal accepté par les autres officiers98. Ses orientations politiques sont contestées notamment par La Châtre, tandis que Simiers supporte mal d’être commandé par lui. Ces rivalités se traduisent dans un premier temps par des affrontements médiatisés : un client de Bussy, Chamois, se bat ainsi en duel avec un parent de La Châtre, Fontenay, en 157699. Bussy est ensuite victime d’agressions directes. En 1578, il est ainsi pris à partie par un chambellan du duc, le chevalier d’Oraison, qui a participé à la fuite du Louvre. Mais Monsieur interdit le duel, avant d’adresser un billet à d’Oraison dans lequel il exige sa démission et réaffirme son attachement à Bussy : « Il n’y a loy au monde qui puisse trouver bon que je permette à Bucy de vous combattre voyant la différence qu’il y a du rang qu’il tient et de sa qualité à la vostre ; car m’ayant mancqué de foy, vous ne pouvez estre tenu pour homme d’honneur »100. Quelques mois plus tard, Bussy est de nouveau attaqué alors qu’il séjourne à Alençon. Secondé par l’un de ses clients, d’Angeau, il se bat avec un chambellan du duc, La Ferté-Imbault101, le 24 février 1579.

  • 102 CSP, Foreign, op. cit., t. XIII, p. 462-463 (20 mars 1579). Le roi le récompense de son rôle en le (...)
  • 103 Ibid., t. XIII, p. 464 (20 mars 1579)

41Au début de l’année 1579, Bussy paraît encore très puissant. Il est ainsi employé pour négocier le mariage du duc avec la reine Elizabeth. Mais Monsieur a désormais besoin de personnages d’un statut supérieur pour l’accompagner en Angleterre et aux Pays-Bas. Il cherche par ailleurs à obtenir l’aide de Henri III pour mener ses opérations militaires. Le principal artisan de la réconciliation entre le roi et son frère est Jacques de La Fin102. Celui-ci se vante d’ailleurs que Bussy n’a pas été informé des négociations103. Après plus d’un an d’absence, Monsieur réapparaît à la cour le 16 mars 1579, puis, après un séjour à Alençon, de nouveau 26 avril. Il est entouré d’un grand train de noblesse dont Bussy ne fait pas partie. Celui-ci est en effet resté dans son gouvernement d’Anjou, et il y est encore quand Monsieur s’embarque pour l’Angleterre au mois d’août. En l’absence de protecteur, Bussy est désormais à la merci d’une vengeance royale. Il semble que le seul prince avec lequel il entretienne encore des relations amicales soit alors le duc de Guise.

42Bussy est à présent moins utile à Monsieur, qui ne pratique plus une politique de déstabilisation du roi. De surcroît, l’attitude dominatrice et agressive du personnage est désormais incompatible avec le statut que Monsieur entend assumer en Europe : celui d’un prince souverain, responsable et modéré, et non celui d’un chef de faction.

  • 104 A. Desjardins, op. cit., t. IV, p. 255.
  • 105 C’est ce qu’estime L’Estoile : « si bien qu’enfin pour sa gloire, Monsieur le prit à dédain, et de (...)
  • 106 Terres de Montsoreau, du Pontchâteau, de la Grève, de Verriers, du Lyon d’Angers, d’Eschambray, de (...)
  • 107 BNF, ms. fr., 32867, p. 1470 et 1484.
  • 108 BNF, ms. 21537, n° 2228 (montre passée le 7 avril 1578 à Angers pour le quartier d’octobre 1577).
  • 109 Anjou : 56 % des hommes d’armes et 73 % des archers ; Touraine : le tiers des hommes d’armes et 15  (...)

43Dès le mois d’avril 1579 circulent des rumeurs selon lesquelles le roi aurait chargé Pietro-Paolo Tosinghi – un capitaine italien qui a été l’un des acteurs de la Saint-Barthélemy et a appartenu à la maison du futur Henri III – d’assassiner Bussy104. Mais l’attentat ne se produit que le 19 août. Le complot semble bien avoir été préparé avec l’assentiment de Monsieur105. Son exécutant est l’un de ses officiers : Charles de Chambes, comte Montsoreau. Né en 1549 – comme Bussy –, cet homme n’a pas la personnalité d’un malcontent, et il n’est entré dans la maison ducale que lorsque Monsieur est devenu le maître de sa province. Il appartient à un ancien lignage angevin qui détient une fortune foncière importante autour d’Angers106. Son père, Philippe, était gouverneur de places en Bretagne et chevalier de l’ordre au début du règne de Charles IX, et son frère, Jean, gouverneur de Saumur, où il a organisé les massacres pendant la Saint-Barthélemy107. Charles a hérité du titre comtal à la mort de ce dernier, en 1575. Chevalier de l’ordre du roi (1568) et capitaine de chevau-légers (1575), il a d’abord servi comme gouverneur de Fontenay en Poitou, avant de participer au siège de La Rochelle. Il a appartenu à la maison du roi comme gentilhomme de la chambre, avant d’intégrer celle de Monsieur comme chambellan en 1576. Il a ensuite obtenu le titre de grand veneur du duché d’Anjou vers le début de l’année 1578, sans doute grâce à Bussy. C’est en effet sous la protection de celui-ci que Montsoreau s’est placé dans un premier temps, servant dans sa compagnie comme lieutenant108, jusqu’à ce qu’il obtienne son propre commandement en 1578. Concentré sur l’Anjou et la Touraine, le recrutement de sa troupe contraste avec la dispersion géographique de celle de Bussy109.

  • 110 Veuve de Jean de Coesmes depuis 1574, elle s’est remariée avec Montsoreau le 10 janvier 1576.
  • 111 Journal de L’Estoile, op. cit., p. 219 (8 juin 1579).

44Pour ce baron bien implanté localement, cette météorite de la faveur qu’est Bussy constitue un voisinage déstabilisant. Bussy séjourne en effet aux Ponts-de-Cé au printemps 1579, d’où il surveille les éventuels passages de troupes sur la Loire, non loin de la résidence de Montsoreau, le château de La Coutancière près de Saumur. C’est là qu’il rencontre la femme du comte, Françoise de Maridort110. Née vers 1554, elle est la nièce du maréchal Jacques de Matignon (sa mère est Anne Goyon-Matignon). Montsoreau a sûrement conscience de la situation labile de Bussy. Il est poussé à agir quand le roi lui communique une lettre adressée par Bussy à sa femme, que Monsieur lui aurait fournie avant de s’embarquer pour l’Angleterre. Si la défense de l’honneur apparaît comme le premier mobile de l’attentat, on assiste également à un véritable complot contre le favori encombrant. Dans la nuit du 19 au 20 août, vers minuit, Bussy se rend au château de La Coutancière avec Claude Colasseau, le lieutenant criminel de la sénéchaussée de Saumur, qui est le confident de ses amours. Les deux hommes sont massacrés par la troupe que Montsoreau a apostée devant chez lui. Deux mois plus tôt, l’un des hommes de Bussy, d’Angeau, avait également été tué par un officier du duc à Bourgueil111.

Le partage de l’autorité

  • 112 Correspondance du nonce Anselmo Dandino, op. cit., p. 490 (3 sept. 1579).
  • 113 BNF, ms. fr., 32868, p. 237.
  • 114 Il possède des terres en Île-de-France, en particulier celle de Val-de-Rueil.
  • 115 Correspondance du nonce Anselmo Dandino, op. cil., p. 247 (29 oct. 1578).

45Après la mort de Bussy, Monsieur se tourne vers un homme beaucoup plus discret et n’assumant pas le rôle de chef de faction : Simiers. Le duc lui confie en effet les charges du disparu : le commandement de la maison ducale, le gouvernement d’Angers, la charge de grand écuyer et l’abbaye de Bourgueil112. Simiers reçoit vers la même époque le collier de l’ordre de Saint-Michel et une compagnie d’hommes d’armes113. D’origines modestes, cet homme a participé à toutes les entreprises de Monsieur depuis 1575114. Il a notamment été chargé de la négociation du mariage avec la reine Elizabeth. Il se rend ainsi en Angleterre en septembre 1578115, puis en janvier, février et en août de l’année suivante. Mais il conserve peu de temps cette situation avantageuse.

  • 116 CSP, Foreign, op. cit., t. XIV, p. 275 (23 mai 1580).
  • 117 Ibid., p. 394-396 (24 août 1580).

46On assiste en effet très vite à une recomposition de l’entourage de Monsieur, qui se consacre désormais entièrement à sa politique néerlandaise. Sont écartés tous les hommes qui pourraient être employés par le roi et la reine mère pour contrecarrer ses projets. Au mois de mai 1580, il exclut deux de ses chambellans des affaires, Jacques de La Fin et Georges de Villequier, vicomte de La Guerche116. Artisan de la réconciliation avec le roi en 1579, le premier lui paraît désormais trop lié à la cour, son frère l’accompagnant d’ailleurs dans cette mise à l’écart ; le second est le neveu du premier gentilhomme de la chambre du roi, René de Villequier. En août, Simiers est à son tour écarté, sans doute parce qu’il est apprécié par la reine mère et sert d’interlocuteur avec le pouvoir royal pour la négociation du mariage anglais. Monsieur tente même de se débarrasser de lui par la force, en commandant à l’un de ses hommes, le gouverneur de Cambrai, Monluc-Balagny, de le provoquer en duel. Mais Simiers parvient à quitter secrètement le Plessis-lès-Tours, où a eu lieu la rupture avec son maître, puis à se réfugier à l’abbaye de Bourgueil, et enfin à Angers, tandis que Monsieur lance ses hommes à sa poursuite. Dès l’annonce de cette échauffourée, le roi envoie le secrétaire d’État Villeroy auprès de Monsieur pour défendre Simiers117. Enfin, il se défait également de son chancelier, Renaud de Beaune, évêque de Mende, qu’il remplace par un vieillard, le premier président du Parlement, Christophe de Thou, en février 1580.

  • 118 Papiers Pot de Rhodes, op. cit., p. 141 (attestation de ses services par Guillaume de Hautemer seig (...)
  • 119 Le gouverneur de Basse-Normandie, Matignon, insiste auprès du roi pour que Fervacques reçoive des h (...)
  • 120 BNF, ms. PO 1492 (Hautemer), n° 6 (quittance du 28 mai 1570).

47Tandis que le gouvernement angevin est confié au comte de Saint-Aignan, qui retrouve ainsi une charge dans l’entourage de Monsieur, la maison échoit à un véritable entrepreneur militaire dont le parcours n’est pas sans rappeler celui de Bussy : Guillaume de Hautemer, sieur de Fervacques. Né en 1538, ce descendant d’une vieille maison du pays d’Auge revendique une extraction noble de huit races118. Après avoir mené une carrière d’officier sorti du rang, et s’être imposé comme un relais indispensable au pouvoir royal dans sa province119, il a été reçu chevalier de Saint-Michel par le futur Henri III en février 1568, avant d’obtenir une pension de 1 000 l.t.120, puis une charge de gentilhomme de la chambre du duc d’Anjou en 1570. Il ne fait cependant pas partie de la troupe qui part en Pologne, et n’apparaît pas dans la maison royale au retour de Henri iii. Nommé maréchal de camp en août 1575, il suit le duc de Guise à la bataille de Dormans. C’est auprès de ce prince qu’il cherche une protection, et à la fin de l’année 1574, il aurait même défendu ses intérêts en assassinant un agent de la reine mère, un certain Le Buisson, pendant le séjour de la cour à Lyon.

  • 121 BNF, ms. fr., 15551, f° 167 (Fervacques au duc d’Anjou, Fontenay, 9 avril 1570).
  • 122 BNF, ms. fr., 4631, f° 97 (Fervacques àTavannes, 6 juin 1563).
  • 123 A. d’Aubigné, Sa vie à ses enfants, op. cit., p. 82-90.
  • 124 AN MC, XC 125 (5janv. 1576).

48Modéré sur le plan religieux, il intervient en faveur des protestants quand les autorités royales sont trop violentes à leur égard121. Ses contacts avec les réformés sont d’ailleurs anciens, et au tout début des guerres civiles il aurait même tenté d’installer un pasteur à Lisieux. Sa modération religieuse manque d’ailleurs de lui coûter son château de Grancey, en Bourgogne, en 1563, dont le lieutenant général de la province, Tavannes, tente de s’emparer122. Fervacques noue également des relations intimes avec Agrippa d’Aubigné vers 1573. Celui-ci combat sous ses ordres en Normandie, avant de le seconder dans un duel contre Bussy, puis de le sauver des archers du gouverneur de Paris qui l’assiégeaient dans une auberge où il avait provoqué du désordre123. Utilisant cette amitié pour se rapprocher du roi de Navarre, il entre dans l’entourage de ce prince en 1575. En janvier 1576, il est à Paris avec son maître, et, conjointement avec le trésorier du roi de Navarre, Michel Baranger, il achète des marchandises à un orfèvre parisien « pour le service du roy de Navarre »124. Il promet d’ailleurs de rembourser le marchand le 8 février. Mais à cette date il n’est plus à Paris. Avec Roquelaure, d’Aubigné, Lavardin et le jeune Jean-Louis de La Valette – futur duc d’Epernon –, il a préparé la fuite de la cour du roi de Navarre, le 3 février 1576, lui-même s’éclipsant le 7, après que Henri III a menacé de le faire pendre. Son entrée dans la suite du roi de Navarre est peut-être purement conjoncturelle. Fervacques est en effet déçu de ne pas avoir reçu la charge de maréchal de camp général, accordée par le roi à Jean de Léaumont-Puygaillard, ou celle de gouverneur de Normandie.

  • 125 J.-A. de Thou, Histoire universelle, op. cit., t. VII, p. 430.

49Mais son nouveau maître ne semble pas l’apprécier beaucoup. De surcroît, il reste suspect aux yeux des protestants parce qu’il est catholique, même s’il n’a pas répugné à détruire plusieurs sanctuaires en Normandie. Comme le jeune La Valette, il abandonne le parti navarrais car il n’a absolument aucun bénéfice à en attendre. Il rompt définitivement avec Navarre en septembre 1576, c’est-à-dire plusieurs mois après l’abjuration de ce prince, qui lui sert de prétexte honorable pour justifier sa défection125.

  • 126 Capitaine de gendarmes : 2200 l.t. ; pension royale : 2480 l.t. (1581) ; conseiller d’État : 2000 l (...)
  • 127 Correspondance du nonce Anselmo Dandino, op. cit., p. 98 (12 mars 1578) et p. 378 (29 avril 1579).
  • 128 Journal de L’Estoile, op. cit., p. 300.

50Il se tourne alors vers le duc d’Anjou, aux côtés duquel il s’engage sans compter. C’est ce qui explique son ascension spectaculaire dans la maison ducale. Alors qu’il y était entré comme chambellan ordinaire en 1576, il devient chambellan des affaires en 1578, puis maître de la garde-robe en 1580, et finalement premier gentilhomme et surintendant en 1584. À cette avalanche de charges s’ajoute une prospérité financière remarquable. Ses revenus passent de 3 800 l.t. en 1576 à 36680 l.t. en 1584126. Monsieur lui accorde également le droit de nommer à l’évêché de Lisieux en 1578, où il tente de placer l’un de ses domestiques, Jacques de Bonnechose, que les catholiques accusent d’être un crypto protestant et surtout un ignorant127. En septembre de l’année suivante, il préfère renoncer à ce droit et l’échanger contre les revenus de plusieurs abbayes. C’est ainsi qu’en mai 1582, il obtient l’abbaye de Bourgueil. Pierre de L’Estoile le décrit à cette occasion comme un « gentilhomme normand, qui tenait le premier lieu entre les favoris de Monsieur »128.

  • 129 BNF, ms. fr., 26156, f° 52 (acquit patent du duc d’Anjou, Alençon, 27 mars 1579).
  • 130 Correspondance du nonce Anselmo Dandino, op. cit., p. 187 (15 juillet 1578) et p. 217 (1erseptembre (...)

51Fervacques apparaît comme un organisateur capable de servir de médiateur entre les représentants des partis. Il accompagne ainsi le duc aux Pays-Bas en 1578, comme lieutenant général de ses troupes. Avec La Rochepot et Bussy, il partage la charge de commissaire général des vivres et de l’artillerie pour l’armée de Flandre129. En juillet, on le retrouve à la tête de l’armée qui entre dans Mons, malgré les lettres du roi et de la reine mère lui interdisant de poursuivre cette entreprise. À cette époque, le nonce Dandino le qualifie de serviteur favori de Monsieur, ou encore de son serviteur et soldat, ce qui est significatif de sa situation dans son entourage à un moment où Bussy est en train de perdre son autorité130. Fervacques utilise ses compétences militaires pour s’imposer comme le principal conseiller de Monsieur à cette occasion et se brouille d’ailleurs ouvertement avec Bussy en octobre, à propos du partage du butin pris à Binche.

  • 131 Ibid., p. 646 (24 avril 1580).
  • 132 BNF, ms. fr., 15563, f° 236-240 (Villeroy au duc d’Anjou, s.d. [1580]).

52Il sert ensuite d’intermédiaire entre son maître, le roi, la reine mère et le roi de Navarre. C’est lui que Monsieur envoie auprès de Henri de Navarre pour traiter d’un projet de mariage hypothétique avec la sœur de ce prince131. C’est également lui que le secrétaire d’État Villeroy charge de commander au roi de Navarre de poser les armes en mai 1580. À cette occasion, il entre en contact avec Biron, qui est l’adversaire de Navarre en Guyenne. Il utilise donc à plein les relations multiples nouées avec les chefs de partis. Il est d’autant plus intéressé par ces négociations qu’il est capitaine de la place de Saint-Émilion, dont les huguenots se sont emparés, et qui doit revenir au roi. Il est également utilisé par Henri III comme messager auprès de son frère. C’est par son entremise que le monarque tente de persuader Monsieur de renoncer à ses entreprises flamandes132.

  • 133 BNF, ms. fr., 15565, f° 172-173 (lettres de Bellièvre et Villeroy, décembre 1581).
  • 134 Correspondance du nonce Anselmo Dandino, op. cit., p. 786 (26 janvier 1581) et p. 804 (6 mars 1581)

53Pourtant, Fervacques prend de nouveau le commandement de l’armée de Monsieur aux Pays-Bas en 1581. C’est lui qui a la charge de rassembler les troupes destinées à faire lever le siège de Cambrai133. Le corps expéditionnaire français est désormais composé de protestants et de catholiques, d’officiers d’Henri de Navarre et d’hommes du roi. Mais Fervacques n’a plus le monopole de l’autorité militaire, et il ne commande plus que 3 000 arquebusiers et quatre enseignes de chevau-légers, soit 700 cavaliers, alors que Turenne a douze enseignes, et La Rochepot 6000 hommes de pied134. Il continue cependant de servir d’agent auprès du roi de Navarre, et c’est de lui que le maréchal de Biron, qui représente Henri III dans l’armée du duc, reçoit les ordres de Monsieur. En novembre 1582, il prend une dernière fois le chemin des Flandres à la tête de sa compagnie d’ordonnance, et en janvier 1583, il se trouve à la tête des troupes ducales lors du tumulte d’Anvers.

  • 135 BNF, ms. Cab., 186 (Hautemer).
  • 136 BNF, ms. fr., 32868, p. 200.
  • 137 BNF, ms. fr., 32867, p. 932.

54Sur le plan social, il poursuit l’intégration lignagère à l’élite nobiliaire et diversifie ses alliances sur le plan géographique135. Les trois filles nées de son mariage avec Renée Lévesque, fille du baron de Marconnay en Poitou, s’allient avec des seigneurs appartenant à l’entourage de Monsieur. Jeanne se marie avec Claude d’Estampes, baron de La Ferté-Imbault, chambellan du duc, en 1579136. Louise épouse le maître de la garde-robe, Jacques d’Avrilly. Charlotte s’alliera en 1588 avec Pierre Rouxel, baron de Medavy, qui avait été chambellan de Monsieur (1578) et gouverneur du château d’Argentan (1579). Son père, Jacques Rouxel, était par ailleurs le lieutenant de la compagnie de Fervacques et l’un des chambellans du duc137. Les clients normands de Fervacques sont bien sûr intégrés dans la maison ducale. Le guidon de sa compagnie, Antoine de Crux-Bellefontaine, est chambellan du duc (1580), et le maréchal des logis, Jean de Vasconcellos de la Guyardiere, gentilhomme de la chambre (1576).

  • 138 CSP. Foreign, op. cit., t. XIV, p. 28 (31 juillet 1579).

55Soucieux de ne plus confier l’ensemble des responsabilités à un seul favori, Monsieur répartit désormais les charges entre plusieurs hommes. Aux côtés de Fervacques s’impose en effet Jacques de Harlay de Champvallon. Par ses origines et ses alliances, il est en effet bien plus présentable que Simiers et Fervacques. Il descend en effet d’un lignage bourguignon entré au service de la couronne de France dès le milieu du XVe siècle. La branche des Champvallon est la cadette. Jacques a d’abord servi le futur Henri III comme chambellan au cours de son séjour en Pologne, avant d’entrer dans la maison de Monsieur en 1575 comme gentilhomme de sa chambre. Il a ensuite été promu chambellan (1576), premier écuyer d’écurie (1578), mestre de camp du régiment des gardes du duc, et gouverneur de Sens (1584). C’est à lui que l’ambassadeur anglais s’adresse quand il salue le duc. On note qu’il accompagne son maître dans tous ses déplacements en carrosse à travers Paris138.

De la faction au parti aristocratique

  • 139 Correspondance du nonce Anselmo Dandina, op. cit., p. 607 (22 février 1580) et p. 708 (12 juillet 1 (...)
  • 140 Ibid., p. 737 (21 septembre 1580) et p. 741 (1er octobre 1580).
  • 141 Jehan Louvet, op. cit., p. 49-50 ; CSP, Foreign, op. cit., t. XIV, p. 412 (9 septembre 1580).
  • 142 BNF, ms. fr., 3306, f° 110 v° (mémoire des capitaines à qui Monsieur a écrit pour se retirer, s.d.)
  • 143 CSP, Foreign, op. cit., t. XV, p. 4 (6 janvier 1581).

56Au début des années 1580, Monsieur n’est donc plus à la tête d’une simple faction. Il agit de concert avec des représentants du roi, des princes et des militaires de premier plan. Il s’appuie désormais sur des personnages dont la position n’est pas institutionnalisée par une charge domestique. C’est le cas d’Artus de Cossé, qui est l’un de ses principaux conseillers pour les affaires des Pays-Bas. Le maréchal l’encourage non seulement à persévérer dans ses entreprises néerlandaises, mais aussi à se rapprocher des princes réformés, Navarre et Condé139. C’est lui qui se rend à la cour pour obtenir l’autorisation de laisser passer en Flandre les troupes de Monsieur à l’automne 1580140. Parmi les autres personnages gravitant désormais autour de Monsieur on compte plusieurs représentants de grandes maisons, comme le marquis d’Elbeuf, le comte de La Suze, Charles de Cossé-Brissac – neveu du maréchal de Cossé – ou Boisy141. Parmi les protestants, figurent le comte de Laval, le vicomte de Turenne et Jacques de Montgomery142. Turenne obtient la charge de colonel de la cavalerie légère au début de l’année 1581143, tandis que Montgomery émarge dans la maison du duc comme chambellan en 1576 et 1578.

  • 144 Ibid., p. 92 (22 mars 1581).

57Le duc d’Anjou ne s’entoure plus d’hommes faisant figure de parvenus. Il a désormais besoin de seigneurs capables de le représenter et d’assumer de grandes charges de commandement. Fervacques est d’ailleurs de plus en plus contesté, en raison de la médiocrité de ses origines. La Rochepot refuse ainsi de servir sous ses ordres, tandis que Bonnivet n’hésite pas à suggérer à Monsieur de le remplacer par une « personne de qualité » qui serait mieux accueillie par les gentilshommes144.

  • 145 Journal de L’Estoile, op. cit., p. 368.
  • 146 BNF, ms. fr., 20614, f° 73 v°.
  • 147 Les actes notariés prouvent qu’il s’agit de deux frères portant le même prénom, AN MC, XC 148 (17 s (...)
  • 148 Il meurt lors du siège de Dreux en 1590, où il a combattu dans le camp royal, « Mémoires de Carorgu (...)
  • 149 Le 1er février 1584, le duc lui fait encore don de 1 000 écus en remboursement de quatre chevaux, B (...)

58Pourtant, Monsieur éprouve toujours le besoin de distinguer un confident qui lui doit tout. Véritable créature, Jacques d’Avrilly a une naissance obscure. À la mort du duc, les libelles circulant dans Paris insistent sur la bassesse de sa naissance et sur son orgueil145. Il descend probablement d’Ambroise de Hellenvilliers, sieur d’Avrilly. Mais on le dit également fils d’un sergent de la Ferté, près de Blois. Réputé pour sa beauté et ses dons de luthiste, de chanteur et de danseur, il est entré tardivement dans la maison ducale : il y figure officiellement en 1584 comme maître de la garde-robe avec 10 000 l.t. de gages, ce qui en fait le second personnage après Fervacques146. Il succède également comme gouverneur de Touraine au vicomte du Tours, mort en août 1581. Son frère, également prénommé Jacques, est aumônier du duc et abbé de Marmoutiers, l’une des plus importantes abbayes de l’apanage ducal147. Le report de l’affection du duc sur Avrilly témoigne du rétrécissement de son entourage à la fin de sa vie148. Avrilly est l’un des rares proches de Monsieur encore présents à ses côtés pendant son agonie, au printemps 1584149.

  • 150 CSP, Foreign, op. cit., t. XVII, p. 1 (1er janvier 1583).
  • 151 La rumeur veut qu’il se soit moqué de sa disparition, Journal de L’Estoile, op. cit., p. 322.
  • 152 CSP, Foreign, op. cit., op. cit., t. XVII, p. 37.

59Au début de l’année 1583, alors qu’elle séjourne à Anvers, la cour de Monsieur paraît plus grande que jamais150. Mais les mirages flamands s’évanouissent dans les jours qui suivent. Le 17 janvier, les troupes ducales sont défaites par la milice de la ville : elles perdent 1 500 hommes, dont plus de 300 gentilshommes. Parmi les morts, on compte le comte de Saint-Aignan, dont la disparition aurait fort peu ému le duc, et son fils aîné Hercule151, le capitaine de la porte, d’Arche, le grand écuyer, Pyse, le second écuyer, Fansay, et de nombreux volontaires et capitaines, comme le mestre de camp Saint-Ceval152. Quatre des principaux dignitaires de la maison sont prisonniers : La Rochepot, Fervacques, du Fargis et La Ferté.

Après Monsieur : royaux et ligueurs

  • 153 Registres des délibérations du Bureau de la ville de Paris, 1499-1628, F. Bonnardot (éd.), Paris, 1 (...)

60Lors des funérailles de Monsieur, le 25 juin 1584, cinq personnages entourent la dépouille. Jacques d’Avrilly marche devant l’effigie, tandis que les coins du poêle sont tenus par deux chambellans des affaires, Claude de La Châtre et Philippe d’Angennes du Fargis, par le premier chambellan et capitaine des gardes, La Vergne, et par un chambellan ordinaire, Jacques du Mansel de Saint-Léger153.

  • 154 Les Mémoires de Monsieur le duc de Nevers, op. cit., 1.1, p. 602.
  • 155 Journal de L’Estoile, op. cit., p. 358.
  • 156 BNF, ms. fr., 26170, f° 137 v° (état des comptables royaux, 1584).

61Dans son testament daté du 8 juin, Monsieur avait recommandé ses fidèles au roi. Seuls trois d’entre eux étaient nominalement cités : le surintendant Fervacques, le maître de la garde-robe Avrilly, et le secrétaire d’État Quincé154. Il demandait également à son frère de récompenser ses serviteurs en les entretenant pendant deux ans et de rembourser des dettes estimées à 300000 écus. C’est pour cette raison que ses anciens officiers se rendent à Saint-Germain-en-Laye le 27 juin. Mais le roi les renvoie vers la reine mère, qui leur promet « le bon traitement » que Henri III vient de leur refuser155. Finalement, le maréchal de Biron procède au licenciement officiel de la maison ducale à Château-Thierry au cours de l’été156.

  • 157 AN, Y 128, f° 151 v° (contrat du 11 octobre 1586).
  • 158 AN, MC, XC 147 (contrat du 6 février 1587).
  • 159 BNF, ms. fr., 26154, f° 128 (acquit patent, Paris, 4 avril 1587) et f° 129 (quittance du 18 décembr (...)

62Bien que le roi ait fait mauvais accueil aux hommes de Monsieur, il a déjà réintégré dans sa cour les anciens officiers disgraciés dans les années 1576-1580. C’est le cas de Simiers, qui poursuit sa spectaculaire ascension sociale. En octobre 1586, il épouse ainsi Louise de L’Hospital, demoiselle de Vitry, la fille de François de L’Hospital-Vitry. À cette occasion, il déclare posséder la somme de 60 000 l.t.157. Quelques mois plus tard, il est capable d’acheter la seigneurie de Saint-Amand, en Auvergne, au grand maître des cérémonies, Guillaume Pot, pour 39 200 l.t.158. Son mariage a peut-être été encouragé par la reine mère, car mademoiselle de L’Hospital est l’une de ses intimes. Le 4 avril 1587, la reine mère accorde 18000 l.t. à cette femme renommée pour son esprit en faveur de son mariage et en récompense des dix ans de service qu’elle a effectué à ses côtés comme demoiselle d’honneur, somme touchée seulement le 18 décembre 1588 en raison des difficultés financières de la Couronne159.

  • 160 BNF, ms. PO 160 (Babou).
  • 161 BNF, ms. fr., 32866, p. 526-528.
  • 162 BNF, ms. fr., 32866, p. 459 et Fr 25814, f° 682 (montre des vingt arquebusiers à cheval ordonnés po (...)
  • 163 BNF, ms. fr., 26171, f° 156 v° (pension pour l’année 1585) ; Lettres de Henri III, op. cit., t. IV, (...)

63Parmi les hommes récupérés par Henri III, on peut également citer Jean Babou, comte de Sagonne, qui est ainsi gentilhomme de sa chambre et capitaine de Brest. Le roi lui paye ses pensions en 1581, pour un total de 26800 l.t., alors qu’il n’avait rien touché de lui depuis une dizaine d’années, et y ajoute même un don de 3 000 l.t.160. En revanche son frère Georges, sieur de La Bourdaisière, ne retrouve pas place auprès du roi, et c’est peut-être ce qui explique la force de son engagement dans la Ligue. Pour sa part, l’ancien premier gentilhomme de Monsieur, Antoine d’Estrées, est nommé gouverneur de Boulogne par le roi dès le 5 mars 1576, puis chevalier du Saint-Esprit l’année suivante. En 1580, il est chambellan du roi, et en mars 1584 il obtient la lieutenance générale de Picardie et voit sa terre de Cœuvres érigée en marquisat161. Louis du Bois, sieur des Arpentis, ancien maître de la garde-robe de Monsieur, est placé comme lieutenant général en Touraine à la mort du duc, avant d’être nommé chevalier du Saint-Esprit en 1585, tout en étant confirmé dans ses charges de conseiller d’État et de capitaine de cinquante lances162. Également disgracié en 1578, François d’Escoubleau de Sourdis occupe dans la maison du roi la charge de premier écuyer commandant en la grande écurie, avec 3 000 l.t. de pension, avant d’être nommé gouverneur de Chartres en septembre 1579163. Il reçoit également le collier du Saint-Esprit en 1585. Jacques de La Fin est gentilhomme de la chambre du roi en 1580, tandis que Charles d’Oraison, qui avait été chassé de la maison de Monsieur après s’être battu contre Bussy, apparaît dans la maison du roi en 1582, également comme gentilhomme de la chambre.

  • 164 3000 l.t. en octobre 1585, 31 698 l.t. en décembre de la même année, BNF, ms. fr., 32868, p. 337-33 (...)
  • 165 BNF, ms. PO 2705 (Silly), f° 68 (extrait des requêtes du Conseil d’État sur la requête présentée pa (...)

64Un autre fidèle de Monsieur, Antoine de Silly, comte de La Rochepot, est nommé gouverneur d’Anjou après l’entrée dans les ordres du comte du Bouchage en 1587. À ce titre il sert fidèlement le pouvoir royal, et ne rejoint pas la Ligue. Sa loyauté est renforcée par des gratifications importantes164. Mais sa fidélité au roi s’explique aussi par son hostilité aux Guise. Sa famille est en effet en procès avec eux depuis 1561, en raison d’un litige concernant leurs hôtels parisiens voisins. À la tête du gouvernement d’Anjou, La Rochepot combat les ligueurs dans l’ouest de la France, et achète la capitulation de leur chef, Boisdauphin, en engageant ses propres ressources pour un montant de 23 340 l.t.165. Henri IV le décore finalement du collier de l’ordre du Saint-Esprit en janvier 1595.

  • 166 BNF, ms. fr., 32866, p. 672-673.

65L’assassin de Bussy, Montsoreau, reçoit lui aussi de nombreuses dignités166. Il est récompensé par le titre de conseiller d’État en 1585, touche les revenus de l’abbaye de Saint-Georges près d’Angers, avant de bénéficier d’une gratification de 12600 l.t. en juin 1589. Il sert d’ailleurs fidèlement le roi dans l’armée du duc de Montpensier qui opère en Bretagne contre la Ligue.

66Si la plupart des hommes disgraciés par Monsieur avant 1580 ont été repris par le roi, ceux qui l’ont accompagné jusqu’à sa mort restent en marge de cette entreprise de refidélisation. La formation de la Ligue offre alors une alternative à ces hommes désormais dépourvus de protecteur. C’est notamment le cas de Fervacques, qui quitte subrepticement Château-Thierry pour se réfugier sur ses terres de Bourgogne, province gouvernée par le duc de Mayenne, frère du duc de Guise, plutôt qu’en Normandie, où le roi est représenté par son favori, Anne de Joyeuse. Ce réflexe d’autodéfense témoigne de ses rapports orageux avec le pouvoir central, notamment depuis qu’il a écumé le nord du royaume à la tête des troupes de Monsieur. Il tente cependant de se concilier les grâces du roi en recourant aux contacts qu’il entretient avec le mestre de camp des gardes, Crillon, et surtout avec le duc d’Épernon. Comme il ne retrouve aucune charge à la cour, il réactive les relations qu’il entretient avec les notables bourguignons. Il finit par s’engager dans la Ligue grâce à l’entremise de magistrats du parlement de Dijon. Après avoir obtenu du duc de Mayenne la charge de lieutenant général en Bourgogne pour la Ligue, le 13 janvier 1589, il se rallie à Henri IV en 1592, qui le nomme lieutenant général à Évreux, Caen, Rouen, pays de Caux et Gisors, puis chevalier du Saint-Esprit en 1595, et enfin maréchal de France en 1597. La régente Marie de Médicis se l’attache ensuite en le créant duc de Grancey et pair de France en 1611. Bel exemple de mobilité sociale permise par les engagements militaires et le service des princes.

  • 167 AN MC, LXXXVI 85 (3 septembre 1573).
  • 168 Lucinge, Lettres sur les débuts de la Ligue, 1585, A. Dufour (éd.), Genève, 1964, p. 66.

67D’autres anciens dignitaires de l’entourage de Monsieur s’engagent également dans la Ligue. C’est le cas du Lorrain Chrétien de Savigny de Rosne, qui était entré dans la maison du duc dès 1573167, avant de devenir chambellan en 1577 et lieutenant de sa compagnie en 1581. Il était également gouverneur des villes de Champagne et Brie de son apanage et commandait les reîtres de son armée. Après la mort de Monsieur, il revient au service de son seigneur naturel, le duc de Lorraine, qui l’institue mestre de camp de sa cavalerie légère en 1587, tandis que le duc de Guise le nomme gouverneur de Châlons-sur-Marne. Il aurait justifié son engagement en affirmant que « les bons sont mesprisés et que ceulx qui se font craindre par quelque nouveauté séditieuse sont les plus respectés.168 » Son engagement ligueur est sans faille, et il ne se rallie pas à Henri IV. Enfin, le Berrichon Claude de La Châtre rejoint le parti des Guise bien que le roi lui ait conservé le gouvernement de Berry, cas exceptionnel puisque la majorité des gouverneurs de l’apanage ducal ont été démis à partir de 1584.

68Le fonctionnement de l’entourage de Monsieur montre combien les princes ont besoin d’agents pour mobiliser leurs partisans et mettre en œuvre leur politique. Le rôle de courtier joué par Bussy en est l’exemple le plus spectaculaire. Mais il révèle également les dangers de l’institutionnalisation de ce rôle d’intermédiaire. Monsieur semble en effet s’être heurté à une difficulté majeure dans la construction de son entourage. S’il avait besoin d’agents efficaces, pourvus d’une autorité suffisante pour lever des troupes et fidéliser des partisans, l’établissement trop assuré de la position du favori confère à ce personnage une puissance telle qu’il oblige le duc à l’éliminer. Son remplacement par des hommes de moindre prestige ne donne pas non plus satisfaction, car l’autorité octroyée par la naissance et la réputation militaire fournissent les composantes essentielles de l’image sociale de la noblesse.

69Le duc d’Anjou a eu besoin de médiateurs et de représentants capables de tisser des liens avec d’autres partis, notamment avec le roi de Navarre, tout en conservant des relations avec la cour. Or, ces intermédiaires lui sont également apparus comme dangereux. Il craignait en effet qu’ils ne le détournent de ses projets internationaux. Le parti de Monsieur apparaît en définitive comme une création originale. Mixte sur le plan religieux et animé d’une idéologie en apparence cohérente, l’entourage du duc a été tiraillé par des affrontements internes très vivaces. Il a cependant permis des ascensions sociales extrêmement rapides, qui n’auraient certainement pas été possibles dans la maison du roi.

Notes

1 Édits des guerres de Religion, A. Stegmann (éd.), Paris, 1979, p. 12 (édit de janvier 1562) et p. 100 (édit de mai 1576). Sur ce thème, voir Michel Rey, « Communauté et individu : l’amitié comme lien social à la Renaissance », Revue d’histoire moderne et contemporaine, t. XXXVIII, n° 4, 1991, p. 617-625.

2 Arlette Jouanna, « Des réseaux d’amitié aux clientèles centralisées : les provinces et la cour (France, xvie-xviie siècles) », dans Patronages et clientélismes 1550-1750 (France, Angleterre, Espagne, Italie), C. Giry-Deloison et R. Mettam dir., Villeneuve d’Ascq-Londres, 1995, p. 21-38 ; « Les enjeux des stratégies politiques de la noblesse française (xvie siècle et première moitié du xviie siècle) », dans Société, culture, vie religieuse aux xvie et xviie siècles, Bulletin de l’Association des historiens modernistes des universités, n° 20, 1995, p. 9-25 ; Id., « Réflexions sur les relations intemobiliaires en France aux xvie et xviie siècles », French Historical Studies, t. XVII, n° 4, 1992, p. 872-881 ; Jean-Marie Constant, « L’amitié : le moteur de la mobilisation politique dans la noblesse de la première moitié du xviie siècle », xviie siècle, 51e année, n° 4, 1999, p. 593-608, et « Amitié, système de relation et politique dans la noblesse française aux xvie et xviie siècles », dans Aux sources de la Puissance : sociabilité et parenté, F. Thelamon dir., Rouen, 1989, p. 145-153. Les conséquences des formes de sociabilité sur l’engagement religieux sont vues également par J.-M. Constant : « Étude de la noblesse protestante en France pendant les guerres de religion : difficultés et problèmes », dans Le Second Ordre : l’idéal nobiliaire. Hommage à Ellery Schalk, C. Grell et A. Ramière de Fortanier dir., Paris, 1999, p. 43-53, et « The Protestant Nobility in France during the Wars of Religion : A Leaven of Innovation in a Traditional World », dans Reƒormation, Revoit and Civil War in France and the Netherlands 1555-1585, Ph. Benedict, G. Marnef, H. van Nierop et M. Venard dir., Amsterdam, 1999, p. 69-82.

3 Sharon Kettering, Patrons, Brokers, and Clients in Seventeeth-Century France, Oxford, 1986, et Patronage in Sixteenth and Seventeenth Century France, Aldershot, 2002.

4 La biographie de ce prince a été établie par Mack P. Holt, The Duke oƒ Anjou and the Politique Struggle during the Wars oƒ Religion, Cambridge, 1986.

5 J.-A. de Thou, Histoire universelle depuis 1543 jusqu’en 1607 (1604-1608), trad. fr., Londres, 1734, 16 vol., t. IX, p. 182.

6 S. Amanda Eurich, The Economics oƒ Power : The Private Finances of the House of Foix-Navarre-Albret during the Religions Wars, Kirksville, 1994, p. 86-87 ; Robert R. Harding, Anatomy of a Power Elite : The Provincial Governors of Early Modem France, New Haven-Londres, 1978. p. 27.

7 BNF, ms. fr., 32866, p. 209-210.

8 BNF, ms. fr., 15546, f° 220 (Montpensier à la reine mère, Champigny, 16 juin 1568).

9 Tableau des officiers et références des montres dans Fleury Vindry, Dictionnaire de l’état-major français au xvie siècle. Première partie : Gendarmerie, Bergerac, 1901, t. II, p. 253.

10 BNF ms. NAF, 8626, f° 2 (montre passée le 2 juin 1567 à Château-du-Loir)

11 Le roi accorde 12000 l.t. en faveur de ce mariage, alors que la dot de la mariée atteint 45 000 l.t., BNF ms. PO, 160 (Babou), n° 81 (lettres patentes du 8 octobre 1574 ordonnant le paiement de 6000 l.t. restant sur 12000 l.t.) ; Cab. 22 (Babou), f° 10 (contrat de mariage du 8 juillet 1572). Monsieur y ajoute un don de 5000 l.t., BNF ms. fr. 26160, f° 633 (quittance du 14 nov. 1577). Plusieurs membres de la famille d’Escoubleau apparaissent également dans la maison : Henri, évêque de Maillezais, est premier aumônier du duc (nommé en septembre 1573, après la mort de Robert Fournier) ; Louis, sieur du Couldray, gentilhomme de la chambre (1571) ; Charles, sieur d’Allluye le jeune, gentilhomme de la chambre (1576).

12 Les autres places d’officiers reviennent également à des officiers domestiques : l’enseigne est tenue par un gentilhomme de la chambre, Louis de Mortemer, et la charge de maréchal des logis par un maître d’hôtel, Jacques Constant.

13 BNF, ms. NAF, 8631, f° 5 (montre passée le 5 janvier 1574 à L’Aigle en Normandie).

14 Henri, gentilhomme de la chambre (1570), puis chambellan (1575) ; Armand, gentilhomme servant (1570), puis gentilhomme de la chambre (1571) ; Antoine, gentilhomme servant (1572), puis aumônier une fois devenu abbé de Saint-Évroult près de Lisieux (1574) ; Bertrand, gentilhomme de la chambre après qu’Armand a trouvé la mort au siège de La Rochelle (1573), cf. Edmond Cabié, Guerres de Religion dans le Sud-Ouest de la France et principalement dans le Quercy, d’après les papiers des seigneurs de Saint-Sulpice de 1561 à 1590, Albi, 1906, p. 218 (brevet de gentilhomme de la chambre du duc d’Alençon en faveur de Bertrand de Saint-Sulpice, 22 avril 1573).

15 Antoine, sieur du Vigan, gentilhomme servant (1572), puis gentilhomme de la chambre (1575).

16 René de Pins, sieur de Montbrun, gentilhomme de la chambre (1575).

17 C’est le cas en décembre 1573, quand Jean de Blosset-Torcy requiert une place de gentilhomme servant pour l’un de ses parents, E. Cabié, op. cit., p. 238 (Torcy à Jean de Saint-Sulpice, 30 décembre 1573).

18 Michel, grand prieur de Champagne dans l’ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, est gentilhomme de la chambre du duc et gouverneur de Cotentin, Beaumont-sur-Oise, Chaumont-en-Vexin et Pontoise en 1571. Il est par ailleurs un des conseillers de Catherine de Médicis. Jacques est gentilhomme de la chambre du duc en 1571.

19 BNF ms. PO. 160 (Babou), n° 25 (lettres patentes du roi, 18 août 1565).

20 « Rejetez donc, Monseigneur, je vous en supplie très humblement, si vous vous aimez, ces malins et malheureux conseils que, pour leur ambition ou particulier profit, au grand préjudice de votre grandeur et réputation, vous précipitent en ruine et perdition évidente. », E. Cabié, op. cit., p. 259 (Jean de Saint-Sulpice au duc d’Alençon, 16 avril 1574).

21 Il s’intitule capitaine d’une galère du roi en 1573. Il vend peu après un bâtiment à un capitaine génois, Gian-Galeazzo Fregoso, moyennant 13200 l.t., AN, MC, XC 125 (acte du 9 juin 1576 mentionnant la vente).

22 Son père, Jacques de Boniface de La Molle, chevalier de l’ordre en 1564, a servi en Corse et en Italie comme mestre de camp de gens de pied avant d’être nommé lieutenant général en Provence en 1563, et de commander une galère, BNF ms. fr., 32866, p. 273-275, et AN MC, XC 125 (acte du 9 juin 1576).

23 Francis de Crue, Le Parti des Politiques au lendemain de la Saint-Barthélemy : La Molle et Coconat, Paris, 1892, p. 92.

24 Son nom est rajouté sur l’état de la maison, BNF ms. fr., 21479, f° 109 v°.

25 AN MC, XC 121 (procuration de La Molle passée le 9 novembre 1572 pour percevoir la somme auprès des receveurs et fermiers des terres du duc d’Alençon).

26 En septembre 1573, il lui offre une place de contrôleur et clerc d’office qui rapporte 400 écus, AN MC, XC 122 (14 septembre 1573).

27 Calendar oƒ State Papers, Foreign Series, of the Reign of Elizabeth (ci-après CSP, Foreign) Londres, 1863-1950,26 vol., t. X, p. 157 (21 juillet 1572). Sur ces négociations, voir Susan Doran, Monarchy and Matrimony : The Courtships oƒ Elizabeth I, Londres-New York, 1996, p. 140 et suiv.

28 A. d’Aubigné, Histoire Universelle, A. Thierry éd., Genève, 1981-2000, 11 vol., t. IV, p. 12.

29 Journal de L’Estoile pour le règne de Henri III (1574-1589), L.-R. Lefèvre éd., Paris, 1943, p. 665.

30 L’expression apparaît dans Le Reveille-Matin des François et de leurs voisins. Composé par Eusebe Philadelphie Cosmopolite, en forme de dialogues [1574], ré (éd.) Paris, 1977, t. II, p. 168 ; L’Estoile la reprend, Journal de L’Estoile, op. cit., p. 665.

31 Discours merveilleux de la vie, actions et deportemens de Catherine de Medicis Royne Mere [1575, ré (éd.) augmentée 1576], N. Cazauran (éd.), Genève, 1995, p. 237.

32 BNF ms. fr., 32867, p. 1392-1396 ; BNF ms. fr.. 6393, f° 287-298 (état de la maison du duc d’Anjou, 26 février 1570). Voir Maurice Dumoulin, « Jacques de La Fin : études et documents sur la seconde moitié du xvie siècle », Bulletin historique et philologique du comité des Travaux historiques et scientifiques, 1895, p. 149-287.

33 BNF ms. fr., 6392, f° 228-230 (rôle des gentilshommes qui accompagnent le roi en Pologne, Worms, 14 décembre 1573)

34 A. Jouanna, Le Devoir de révolte. La noblesse française et la gestation de l’État moderne, 1559-1661, Paris, 1989, p. 172.

35 Il y a des divergences sur l’identité du délateur : certains auteurs incriminent un bourgeois parisien, Yves de Brinon, que Grandchamp avait associé à l’opération, d’autres évoquent un nommé Torteil, secrétaire de La Molle, cf. François Racine de Villegomblain, Les Mémoires des Troubles arrivés en France, Paris, 1667, 2 vol., t. 1, p. 283. L’Estoile évoque l’exécution de « Tourtay, secrétaire de Grandchamp », qui est le même homme, Journal de L’Estoile, op. cit., p. 36.

36 Les Mémoires de Monsieur le duc de Nevers, Marin Le Roy de Gomberville (éd.), Paris, 1665, 2 vol., 1.1, p. 5.

37 Mémoires de Marguerite de Valois, Y. Cazaux (éd.), Paris, 1986, p. 72.

38 Laurent Bourquin, Noblesse seconde et pouvoir en Champagne aux xvie et xviie siècles, Paris, 1994, p. 40.

39 Celle-ci intervient en sa faveur auprès du duc de Lorraine en 1568, afin qu’il veille au bon déroulement des procès dans lesquels il est engagé dans ses États : « […] pource qu’il est personnaige qui merite pour ses vertuz d’estre favorablement traité », BNF, ms. fr., 15547, f° 111 (Catherine de Médicis au duc de Lorraine, 23 juillet 1568). Le roi fait également savoir aux lieutenants généraux de Champagne (Barbezieux), de Bourgogne (Tavannes), du Maine (Angennes) et d’Anjou (Puygaillard) qu’il a pris le sieur de Clermont d’Amboise en sa protection et qu’il désire qu’il soit favorablement traité, BNF ms. fr., 15547, f° 242 (lettres du 10 août 1568). Jacques est chevalier de l’ordre depuis 1563 et capitaine d’une compagnie de trente lances recrutée essentiellement dans les bailliages de Chaumont-en-Bassigny, de Vitry et de Bar-le-Duc, BNF, ms. fr., 21528, n° 1907 (montre passée le 21 mai 1568 à Maigneville).

40 Il commande une compagnie d’ordonnance envoyée en Berry en 1567, pour combattre les protestants de La Charité. Sur ce personnage, voir Léo Mouton, Bussy d’Amboise et madame de Montsoreau, Paris, 1912, et A. Joubert, Un mignon de la cour de Henri iii. Louis de Clermont d’Amboise sieur de Bussy d’Amboise gouverneur d’Anjou, Angers-Paris, 1885. Voir aussi Jacques Levron, La véritable histoire de la dame de Montsoreau, Paris, 1938, et René de Belleval « Bussy et Madame de Montsoreau », dans Les derniers Valois : François II, Charles IX et Henri III, Paris, 1900, p. 280-316.

41 Il reçoit 8 000 l.t. le 20 octobre 1574 pour les services rendus au siège de La Rochelle et pour les frais engagés lors du voyage de Pologne, BNF, ms. fr., 32868, p. 63.

42 Lettres de Henri III, op. cit., t. I, p. 323 (Henri d’Anjou à François d’Alençon, 24 décembre 1573).

43 Il combat en Normandie sous les ordres de Matignon en mai 1574, puis en Poitou à l’automne sous ceux de Montpensier, avant de rejoindre le duc de Guise l’année suivante dans sa campagne contre les reîtres.

44 Il reçoit 2 000 1.t. le 30 octobre 1575 pour s’être équipé pour la guerre avec plusieurs gentilshommes, puis touche 3 150 l.t. le 27 septembre 1576, BNF, ms. fr., 32868, p. 63.

45 L’Estoile note qu’il était un lecteur assidu de Plutarque : « Et quand il y lisait quelque acte signalé et généreux fait par un de ces vieux capitaines romains : “Il n’y a rien en tout cela, disait-il, que je n’exécutasse aussi bravement qu’eux à la nécessité !” ayant accoutumé de dire qu’il n’était que gentilhomme, mais qu’il portoit dans l’estomac un cœur d’Empereur », Journal de L’Estoile, op. cit., p. 222.

46 A d’Aubigné, Sa vie à ses enfants, G. Schrenck éd., Paris, 1986, p. 87.

47 Brantôme, op. cit., t. VI, p. 182-186.

48 CSP, Foreign, op. cit., t. XI, p. 59 (21 mai 1575).

49 Journal de L’Estoile, op. cit., p. 179.

50 BNF, ms. fr., 3323, f° 101 (François de Balsac d’Entragues au duc de Nevers. Orléans, 28 sept. 1575).

51 Declaration de Monseigneur François, fils et frère de Roy, duc d’Alençon […], contenant les raisons de sa sortie de Court, s.l. [Dreux], 1575.

52 Brieve Remonstrance à la Noblesse de France sur le faict de la Déclaration de Monseigneur le Duc d’Alençon, s.l., 1576.

53 Mémoires de Claude Haton, BNF, ms. fr., 11575, f° 595 v°.

54 Ibid., f° 598 v° ; Journal historique de Denis Généraux notaire à Parthenay (1567-1576), B. Le Dain éd., Niort, 1865, p. 130 ; Journal de Guillaume et de Michel Le Riche avocats du roi à Saint-Maixent (de 1534 à 1586), A.-D. de La Fontenelle de Vaudoré éd., Saint-Maixent, 1846, p. 244-245.

55 CSP, Foreign, op. cil., t. XI, p. 51 (mai 1575) ; Journal de L’Estoile, op. cit., p. 111.

56 CSP, Foreign, op. cit., t. XI, p. 144 (28 sept. 1575).

57 Sur la paix de 1576, voir Mark Greengrass, « Pluralism and Equality : The Peace of Monsieur, May 1576 », dans The Adventure oƒ Religions Pluralism in Early Modem France, K. Cameron, M. Greengrass et P. Roberts (dir.), Berne, 2000, p. 45-63.

58 M. P. Holt, « Patterns of Clientèle and Economic Opportunity at Court during the Wars of Religion : The Household of François, Duke of Anjou », French Historical Studies, t. XIII, n° 3, 1984, p. 312.

59 BNF, ms. fr., 6393, f° 317 (1573).

60 Correspondance du nonce Anselmo Dandina (1578-1581), I. Cloulas (éd.), Rome, 1970, p. 190 (21 juillet 1578).

61 N. Le Roux, La Faveur du roi. Mignons et courtisans au temps des derniers Valois, Seyssel, 2001, p. 723.

62 Mémoires de Claude Haton, BNF, ms. fr., 11575, f° 877 (1579).

63 D’après M.P. Holt, art. cité, p. 305-322. Les sources sont : BNF, ms. Clairambault (ci-après Clair.), 1216, f° 112-120 (1572) ; BNF, ms. fr. 23029, f° 137-145 (1575) ; Les Mémoires de Monsieur le duc de Nevers, op. cit., t. I, p. 577-599 (1576) ; BNF, ms. fr., 20614, f° 47-70 (1578) et fr. 20614, f° 73-83 (1584). Synthèse générale dans Clair, 836, p. 2703-2794.

64 Seul du Vigan apparaît encore dans l’état de 1578.

65 AN, MC, XC 137 (7 janvier 1582, attestation de décès signée de trois de ses serviteurs).

66 BNF, ms. fr., 32866, p. 553.

67 BNF, ms. fr., 20614, f° 44.

68 Hercule, comme chambellan ; Léonor, comme gentilhomme de la chambre, puis comme chambellan en 1578.

69 Sa femme, Françoise Babou, remet 19 000 l.t. en 1579 à deux chambellans des affaires du duc, Fervacques et Jacques d’Étampes de La Ferté-Imbault, « estant ceste somme employée pour les propres et urgens afferes de mondit seigneur », AN, MC, XC 132 (23 oct. 1579).

70 BNF, ms. fr., 26164, n° 1471 (quittance de Christophe de Castelnau, sieur de Mauvissière, 5 octobre 1582)

71 BM Tours, ms. 1223, f°12 (brevet du 27 novembre 1576) et f° 15 (brevet du 1er août 1580).

72 Il revendique cette appartenance dans un acte notarié passé en juin 1576, AN, MC, XC 125 (9 juin 1576). Frère aîné de Joseph, il sert dans le Sud-Est et reçoit une charge de mestre de camp, avant de devenir chevalier de l’ordre en 1576, BNF, ms. fr., 32868, p. 107-109.

73 François d’Angennes-Montlouet ; François et Louis d’Avantigny ; Jean de Chaumont-Quitry ; Charles de Clermont d’Amboise ; Jacques Constant sieur de Fontperthuis ; Joseph Doineau de Saint-Solaine ; Hélie Gontaut de Saint-Genyez ; Jean de Hangest-Genlis ; Claude de L’Isle-Marivaux ; Guy-Philippe, Jean et Jacques de La Fin ; François et Nicolas Martel de Bacqueville ; Jacques de Mongomery ; Jacques de Pons-Mirambeau ; Jacques de Renty ; Roch de Sorbiers, sieur des Pruneaux ; Claude de Vienne, sieur de Clervant. Inventaire réalisé par Frédéric Duquenne, L’Entreprise du duc d’Anjou aux Pays-Bas de 1580 à 1584 : les responsabilités d’un échec à partager, Villeneuve d’Ascq, 1998.

74 Monsieur intervient en faveur du mariage de ce dernier.

75 F. Racine de Villegomblain, Les Mémoires, op. cit., 1.1, p. 330.

76 Il est nommé chambellan des affaires « en considération des bons, grands, recommandables et signalés services par lui rendus sous les rois père et frère dudit seigneur duc d’Anjou dans les guerres, journées, batailles et rencontres et en plusieurs autres affaires de grande importance où il a donné des preuves de sa fidélité et de sa capacité qui luy ont fait meriter leur estime, et celle du Prince qui lui a accordé ledit office », BNF, ms. car., 177 (La Chastre), f° 193 (lettres de provision du 2 janvier 1578).

77 BNF, ms. car., 177 (La Chastre), f° 195 (lettres de provision du 8 septembre 1578).

78 AN, K 1547, n° 93 (J. de Vargas à Philippe II, 18 février 1578) ; A. Desjardins (éd.), Négociations diplomatiques de la France avec la Toscane, Paris, 1872, t. IV, p. 148 ; CSP, Foreign, op. cit., t. XII, p. 516 (1er mars 1578).

79 F. Racine de Villegomblain, Les Mémoires, op. cit., t. I, p. 312-313.

80 Mémoires de Claude Haton, BNF, ms. fr., 11575, f° 877.

81 Relations des ambassadeurs vénitiens, op. cit., t. II, p. 527 ; CSP, Foreign, op. cit., t. XIII, p. 62 et 185 (17 juillet et 7 sept. 1578).

82 Jacqueline Boucher, « Autour de François duc d’Alençon et d’Anjou, un parti d’opposition à Charles IX et Henri III », dans Henri III et son temps, R. Sauzet (dir.), p. 121-131 ; A. Jouanna, Le Devoir de révolte, op. cit., p. 161-179, « Coexister dans la différence : les expériences de l’union avant Coutras », dans Quatrième centenaire de la bataille de Coutras, Pau, 1988, p. 149-166, et « Un Programme politique nobiliaire : les Mécontents et l’État (1574- 1576) », dans L’État et les Aristocraties, op. cit., p. 247-277.

83 E. Pasquier, Lettres historiques pour les années 1556-1594, D. Thickett (éd.), Genève, 1966, p. 441 (1589).

84 2000 comme surintendant et 3000 comme gouverneur d’Alençon.

85 4000 comme surintendant, 2000 comme gouverneur du Maine, 1 000 comme chef de la vénerie, 1 300 comme lieutenant de la compagnie d’ordonnance et 2300 provenant de l’abbaye de Saint-Jean-lès-Falaise, AN MC, XC 123 (22 juillet 1574).

86 Après avoir participé au soulèvement des malcontents, le second trouve la mort lors de la campagne d’Auvergne de 1577.

87 BM Tours ms. 1223, f° 14 (brevet du 6 juillet 1578, Vemeuil) ; AN, Y 120, f° 412 (contrat passé le 13 juin 1579, où Jacques est nommé « super intendant des affaires et finances de la maison de monseigneur frère unicque de sa majesté »).

88 A. Desjardins, op. cit., t. IV, p. 123.

89 Ibid., p. 152 ; Journal de L’Estoile, op. cit., p. 222.

90 CSP, Foreign, op. cit., t. XIII, p. 52 (7 juillet 1578).

91 Guillaume Le Boullanger, sieur de Vaumesnil, est écuyer en 1575, puis premier échanson en 1576.

92 BNF, ms. Clair., 276, p. 4675 (montre passée le 20 juin 1577, camp devant Brioude en Auvergne).

93 Jehan Louvet, op. cit., p. 27. Sur ces hommes, voir L. Bourquin, Les Nobles, la ville et le roi. L’autorité nobiliaire en Anjou pendant les guerres de Religion, Paris, 2001, p. 106 et suiv. Voir aussi E. Mourin, La Réforme et la Ligue en Anjou, Paris, 1888.

94 400 l.t. à son arrivée, puis 17 000 l.t., L. Bourquin, Les Nobles, op. cit., p. 112.

95 Jehan Louvet, op. cit., p. 34.

96 Correspondance du nonce Anselmo Dandino, op. cit.. p. 168 (23 juin 1578) et 178 (4 juillet 1578).

97 Ibid., p. 189 (19 juillet 1578).

98 Mémoires de Marguerite de Valois, op. cit., p. 74.

99 Lettres de Catherine de Médicis, op. cit., t. VI, p. 15-17 (Catherine au roi, Le Lude, 6 mai 1576).

100 A. Joubert, op. cit., p. 142 (Monsieur à d’Oraison, Mons, 25 août 1578).

101 Claude d’Estampes de La Ferté-Imbault, gentilhomme de la chambre depuis 1575, chambellan en 1576 et capitaine des gardes, puis chambellan des affaires en 1578.

102 CSP, Foreign, op. cit., t. XIII, p. 462-463 (20 mars 1579). Le roi le récompense de son rôle en le nommant membre du Conseil privé et capitaine de gendarmes.

103 Ibid., t. XIII, p. 464 (20 mars 1579)

104 A. Desjardins, op. cit., t. IV, p. 255.

105 C’est ce qu’estime L’Estoile : « si bien qu’enfin pour sa gloire, Monsieur le prit à dédain, et de tant qu’il l’avait aimé du commencement, sur la fin il le haït, ayant consenti, selon le bruit commun, à la partie qu’on dressa pour s’en défaire ». Journal de L’Estoile, op. cit., p. 222.

106 Terres de Montsoreau, du Pontchâteau, de la Grève, de Verriers, du Lyon d’Angers, d’Eschambray, de Véniers, de Champaigne, de Chalain, de Genestay, du Breil, de Vauzelles et de la Coutancières. La terre de Montsoreau a été érigée en baronnie en 1560, puis en comté en 1573 en récompense des services du lignage.

107 BNF, ms. fr., 32867, p. 1470 et 1484.

108 BNF, ms. 21537, n° 2228 (montre passée le 7 avril 1578 à Angers pour le quartier d’octobre 1577).

109 Anjou : 56 % des hommes d’armes et 73 % des archers ; Touraine : le tiers des hommes d’armes et 15 % des archers ; trois officiers sont angevins et le quatrième tourangeau, A. Joubert, Un mignon de la cour de Henri III, op. cit., p. 260-271 (montre de la compagnie de Montsoreau, 1589).

110 Veuve de Jean de Coesmes depuis 1574, elle s’est remariée avec Montsoreau le 10 janvier 1576.

111 Journal de L’Estoile, op. cit., p. 219 (8 juin 1579).

112 Correspondance du nonce Anselmo Dandino, op. cit., p. 490 (3 sept. 1579).

113 BNF, ms. fr., 32868, p. 237.

114 Il possède des terres en Île-de-France, en particulier celle de Val-de-Rueil.

115 Correspondance du nonce Anselmo Dandino, op. cil., p. 247 (29 oct. 1578).

116 CSP, Foreign, op. cit., t. XIV, p. 275 (23 mai 1580).

117 Ibid., p. 394-396 (24 août 1580).

118 Papiers Pot de Rhodes, op. cit., p. 141 (attestation de ses services par Guillaume de Hautemer seigneur de Fervaques).

119 Le gouverneur de Basse-Normandie, Matignon, insiste auprès du roi pour que Fervacques reçoive des honneurs, car il « est personnage de grande importance pour votre service, et qui ne doibt estre mescontanté », BNF, ms. fr., 15548, f° 12 (Matignon au roi, Caen, 4 septembre 1568). Il mène une compagnie de trente lances composée à 90 % d’hommes d’armes originaires de Basse-Normandie et du Perche, qui combat à Dormans en octobre 1575, BNF, ms. Clair., 275, p. 4415 (montre passée à Granduit-sur-Aube, 26 octobre 1575).

120 BNF, ms. PO 1492 (Hautemer), n° 6 (quittance du 28 mai 1570).

121 BNF, ms. fr., 15551, f° 167 (Fervacques au duc d’Anjou, Fontenay, 9 avril 1570).

122 BNF, ms. fr., 4631, f° 97 (Fervacques àTavannes, 6 juin 1563).

123 A. d’Aubigné, Sa vie à ses enfants, op. cit., p. 82-90.

124 AN MC, XC 125 (5janv. 1576).

125 J.-A. de Thou, Histoire universelle, op. cit., t. VII, p. 430.

126 Capitaine de gendarmes : 2200 l.t. ; pension royale : 2480 l.t. (1581) ; conseiller d’État : 2000 l.t. ; premier gentilhomme et surintendant de la maison de Monsieur : 12000 l.t. ; abbaye de Bourgueil : 18000 l.t.

127 Correspondance du nonce Anselmo Dandino, op. cit., p. 98 (12 mars 1578) et p. 378 (29 avril 1579).

128 Journal de L’Estoile, op. cit., p. 300.

129 BNF, ms. fr., 26156, f° 52 (acquit patent du duc d’Anjou, Alençon, 27 mars 1579).

130 Correspondance du nonce Anselmo Dandino, op. cit., p. 187 (15 juillet 1578) et p. 217 (1erseptembre 1578).

131 Ibid., p. 646 (24 avril 1580).

132 BNF, ms. fr., 15563, f° 236-240 (Villeroy au duc d’Anjou, s.d. [1580]).

133 BNF, ms. fr., 15565, f° 172-173 (lettres de Bellièvre et Villeroy, décembre 1581).

134 Correspondance du nonce Anselmo Dandino, op. cit., p. 786 (26 janvier 1581) et p. 804 (6 mars 1581).

135 BNF, ms. Cab., 186 (Hautemer).

136 BNF, ms. fr., 32868, p. 200.

137 BNF, ms. fr., 32867, p. 932.

138 CSP. Foreign, op. cit., t. XIV, p. 28 (31 juillet 1579).

139 Correspondance du nonce Anselmo Dandina, op. cit., p. 607 (22 février 1580) et p. 708 (12 juillet 1580).

140 Ibid., p. 737 (21 septembre 1580) et p. 741 (1er octobre 1580).

141 Jehan Louvet, op. cit., p. 49-50 ; CSP, Foreign, op. cit., t. XIV, p. 412 (9 septembre 1580).

142 BNF, ms. fr., 3306, f° 110 v° (mémoire des capitaines à qui Monsieur a écrit pour se retirer, s.d.).

143 CSP, Foreign, op. cit., t. XV, p. 4 (6 janvier 1581).

144 Ibid., p. 92 (22 mars 1581).

145 Journal de L’Estoile, op. cit., p. 368.

146 BNF, ms. fr., 20614, f° 73 v°.

147 Les actes notariés prouvent qu’il s’agit de deux frères portant le même prénom, AN MC, XC 148 (17 septembre 1587).

148 Il meurt lors du siège de Dreux en 1590, où il a combattu dans le camp royal, « Mémoires de Carorguy, greffier de Bar-sur-Seine », E. Bruwaert (éd.), Cabinet historique, 1878, t. XXIV, p. 304.

149 Le 1er février 1584, le duc lui fait encore don de 1 000 écus en remboursement de quatre chevaux, BNF, ms. fr., 26156, f° 82 (acquit patent du duc d’Anjou, Château-Thierry, 1er février 1584).

150 CSP, Foreign, op. cit., t. XVII, p. 1 (1er janvier 1583).

151 La rumeur veut qu’il se soit moqué de sa disparition, Journal de L’Estoile, op. cit., p. 322.

152 CSP, Foreign, op. cit., op. cit., t. XVII, p. 37.

153 Registres des délibérations du Bureau de la ville de Paris, 1499-1628, F. Bonnardot (éd.), Paris, 1883-1958, 19 vol., t. VIII, p. 393.

154 Les Mémoires de Monsieur le duc de Nevers, op. cit., 1.1, p. 602.

155 Journal de L’Estoile, op. cit., p. 358.

156 BNF, ms. fr., 26170, f° 137 v° (état des comptables royaux, 1584).

157 AN, Y 128, f° 151 v° (contrat du 11 octobre 1586).

158 AN, MC, XC 147 (contrat du 6 février 1587).

159 BNF, ms. fr., 26154, f° 128 (acquit patent, Paris, 4 avril 1587) et f° 129 (quittance du 18 décembre 1588).

160 BNF, ms. PO 160 (Babou).

161 BNF, ms. fr., 32866, p. 526-528.

162 BNF, ms. fr., 32866, p. 459 et Fr 25814, f° 682 (montre des vingt arquebusiers à cheval ordonnés pour la garde du sieur des Arpentis, lieutenant général en Touraine, Tours, 5 décembre 1585).

163 BNF, ms. fr., 26171, f° 156 v° (pension pour l’année 1585) ; Lettres de Henri III, op. cit., t. IV, p. 266 (Henri III aux officiers du bailliage de Chartres, Paris, 13 septembre 1579).

164 3000 l.t. en octobre 1585, 31 698 l.t. en décembre de la même année, BNF, ms. fr., 32868, p. 337-338. En août de l’année suivante il peut acheter une rente de 1500 l.t., puis deux autres de 450 et de 1500 l.t., ce qui correspond à capital total de 41400 l.t. Cependant, en 1605 il n’a toujours pas été reçu certaines sommes octroyées par Henri III en 1587 et 1588, BNF, ms. PO 2705 (Silly), f° 68 (extrait des requêtes du Conseil d’État sur la requête présentée par La Rochepot à propos de 550 l.t. restant à payer sur 9000 l.t. portées par un mandement du 20 juin 1588, et de 1 750 l.t. portées par un mandement du 6 août 1587).

165 BNF, ms. PO 2705 (Silly), f° 68 (extrait des requêtes du Conseil d’État sur la requête présentée par La Rochepot à propos de l’avance faite à Boisdauphin).

166 BNF, ms. fr., 32866, p. 672-673.

167 AN MC, LXXXVI 85 (3 septembre 1573).

168 Lucinge, Lettres sur les débuts de la Ligue, 1585, A. Dufour (éd.), Genève, 1964, p. 66.

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