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Liens personnels, réseaux, solidarités en France et dans les îles Britanniques (xie-xxe siècle)

 | 
Bates David
, 
Gazeau Véronique

Partie I. Liens de parenté et solidarités familiales

Relations de parenté et solidarités dans la noblesse en France au xvie siècle

Michel Nassiet

Résumé

During the early modem age, several sorts of personal links existed, founded for example, on friendship, on neighbourhood or on kinship. Generally speaking, they all acted simultaneously, to different degrees. The role of kinship was especially important for the nobility. This study describes the real substance of the kinship links within this social group through its stakes (affection, material interest), its form-from solidarity to conflict – and its character (egalitarian or not). The stories used here have been taken from the criminal archives of the Chancery of Brittany from 1520 to 1570. They show that the links derived from kinship were the model of the ties of clientage and that kinship theoretically created an obligation of solidarity but, as all forms of links overlapped, this was not systematically the case.

Texte intégral

  • 1 « La dégradation de ces liens féodaux est certes bien réelle au cours du xvie siècle, mais ils sont (...)
  • 2 S. Kettering, « Patronage and Kinship in Early Modem France », French Historical Studies, vol. 16, (...)
  • 3 J.M. Imizcoz Beunza, « Communauté, réseau social, élites. L’armature sociale de l’Ancien Régime », (...)

1Parmi les diverses sortes de liens personnels existant à l’époque moderne, certains tiraient leur origine d’une autre relation. C’était le cas de la relation de clientèle, « essence même » du système politique de l’Ancien Régime, comme l’ont montré de riches travaux, qui pouvait résulter de la vassalité, encore au xvie siècle1, ou de la parenté2. L’amitié, telle que nous l’entendons, est une relation construite par l’individu. D’autres sortes de relations étaient premières en ce sens qu’elles étaient données a priori : c’étaient notamment la proximité géographique, qu’elle fût présente (le voisinage) ou passée (pour des migrants, la communauté d’origine géographique), et les liens de parenté, qui étaient donc « les plus immédiats » des liens personnels. Dotés d’un fort contenu social et d’un grand pouvoir structurant, les liens de parenté « régissaient dans une large mesure la vie collective et l’action sociale des individus, tout en conditionnant largement leur vie personnelle »3. Or ils n’ont guère fait l’objet d’études historiques. Nous croyons prioritaire de le faire dans le groupe social où elles prenaient la plus grande ampleur, la noblesse.

  • 4 Sur le système des attitudes et les couples de relations opposées, C. Lévi-Strauss, Anthropologie s (...)

2Une telle étude doit comprendre d’abord une description du contenu concret des types de relation, sans s’arrêter à l’anecdote mais en identifiant les aspects structurels. Ce contenu doit être envisagé du point de vue des enjeux, qui étaient de l’ordre de l’affectif et de l’intérêt matériel ; du point de vue de la forme, dont la gamme allait de la solidarité au conflit ; enfin en évaluant leur caractère égalitaire ou inégalitaire. Nous tenterons de décrire ainsi le contenu de quelques types de liens. Mais l’étude analytique des relations considérées isolément rencontre vite ses limites. La réalité sociale réunissait évidemment des liens nombreux, dont les contenus se déterminaient les uns par rapport aux autres. En les considérant ensemble, il devient possible d’identifier des systèmes de relations et des systèmes d’attitudes4.

  • 5 AD Loire-Atlantique, B 23 à B 44. M. Dubois, Culture et société en Bretagne d’après les lettres de (...)

3Pour une telle étude, toutes les sortes de sources doivent être rassemblées. Nous utiliserons ici principalement une source criminelle, les lettres de rémission, par lesquelles le roi pardonnait les crimes qu’il estimait pouvoir l’être, surtout des homicides. L’homicide est un observatoire qui permet d’observer et la relation entre le criminel et sa victime, et celle entre le criminel et ceux qui l’ont assisté. Cette source révèle donc à la fois des relations conflictuelles et des actes de solidarité. Dans les deux cas il y a eu compagnonnage ou, au moins, rencontre : l’homicide ne permet l’observation que de relations directes et non médiatisées. Nous utiliserons ici les lettres enregistrées à la chancellerie de Bretagne, dont plus de sept cents, couvrant les années 1520-1570, ont été étudiées et transcrites5. Ce corpus est particulièrement riche pour l’étude de la noblesse car la proportion des nobles parmi les suppliants, 21 %, y est exceptionnellement élevée. Mais les comportements agressifs n’allaient pas toujours jusqu’à l’homicide et, pour reconstituer le spectre des gestes et des motivations, il faut interroger les sources les plus diverses et notamment les sources autobiographiques, mémoires et livres de raison.

La parenté proche

Les relations entre deux générations

  • 6 M. de Montaigne, Essais, livre II chap. VIII, Œuvres complètes, Gallimard, Pléiade, 1962 p. 376.
  • 7 Charles Tiercelin, marié en 1514, employa son cinquième fils, âgé de seize ans, comme homme d’armes (...)
  • 8 « Mémoires du duc de Bouillon », dans C.B. Petitot éd., Collection complète des mémoires relatifs à (...)

4Il n’est pas nécessaire d’insister sur le fait qu’entre deux générations prévalait la solidarité des anciens à l’égard des plus jeunes. Les pères ne témoignaient guère leur affection à leur fils : Monluc a confié à Montaigne le souvenir et le regret de n’avoir exprimé, à un fils qui lui était cher, « qu’une contenance refroignée » et « façon tyrannique »6. Mais la relation entre père et fils était souvent assez empreinte de confiance pour que dans la gendarmerie, les capitaines ayant atteint un certain âge prennent souvent un fils comme lieutenant7. Ainsi le père le « dressait » à parvenir au même état que lui. Les oncles souvent plaçaient leur neveu auprès d’un Grand ou le recommandaient pour l’obtention d’une charge : à la mort du connétable en 1567, sa compagnie fut partagée en trois, et un tiers fut donné à son petit-fils, Henri de La Tour, « à la prière de mes oncles messieurs de Montmorency »8. Ces recommandations étaient l’un des mécanismes par lesquels les charges restaient dans les mêmes familles. Parfois cependant de vives tensions pouvaient se développer entre père et fils, causées souvent par un désaccord à propos du choix d’une épouse pour le fils. Mais d’après les sources criminelles, jamais le fils ne levait la main sur son père, tant l’autorité de ce dernier était forte. Celle-ci lui permettait de réguler les tensions entre ses fils tant qu’il était vivant.

Entre frères aîné et cadet : une relation ambivalente

  • 9 En 1563 à Saint-Hélen (évêché de Dol ; L. Janton, op. cit., t. 2, n° 119).
  • 10 « [...] S’entre appellans lesdits3 de Kerloaguen et Menguy, freres, et en la vérité ilz estoint par (...)

5La relation entre frères était particulièrement importante. Les frères restaient souvent en compagnie, surtout quand le cadet était encore très jeune ; il se conduisait alors en auxiliaire de l’aîné. Les frères étaient solidaires notamment face à un tiers hostile. Un type fréquent de rencontre hostile dans la noblesse consistait à tenter de régler un conflit en cours entre deux protagonistes avec l’arbitrage d’un médiateur qui était d’ailleurs souvent un parent commun. À un tel rendez-vous, on se rendait souvent en groupes, et ces groupes étaient d’abord des fratries. Les ennemis de mon frère étaient presque fatalement mes ennemis, comme le dit un noble à l’occasion d’une rencontre sur un chemin : « Je ne suys tenu de te aymer puisque tu n’aymes mes freres », après quoi les épées sortent et l’un des deux protagonistes y laisse la vie9. Aussi la relation fraternelle était-elle conçue comme le modèle, par excellence, de lien étroitement solidaire. Souvent les beaux-frères s’appelaient « frère », de même que des jeunes gens apparentés de très près10.

  • 11 J. Le Laboureur, Les Tombeaux des personnes illustres avec leurs éloges, généalogies, armes et devi (...)
  • 12 M. Nassiet, Parenté, noblesse, et États dynastiques, xve-xvie siècles, Éditions de l’École des haut (...)

6Cependant il n’était pas rare que naissent des tensions entre l’aîné et un cadet lorsque celui-ci arrivait à l’âge adulte. Je n’ai pas trouvé dans les archives de cas de fratricide, et ces tensions n’allaient pas jusqu’au meurtre : le cadet sortait son couteau ou son épée et menaçait l’aîné. Ainsi, dans la maison paternelle d’Écouen, Louis de Montmorency seigneur de Fosseux voulut tuer son frère Jean, seigneur de Nivelle, blessa à mort un des serviteurs de celui-ci et tua l’autre, si bien que leur père le déshérita en 146311 ; j’en ai présenté d’autres exemples du xvie siècle12. Ces violences étaient dues d’abord à l’amertume résultant de l’inégalité des successions nobles qui désavantageait les cadets, au point de rendre leur mariage plus difficile, plus rare et plus tardif. Or de telles violences n’émanaient que de cadets parvenus à l’âge adulte, mariés ou qui désiraient se marier : en projetant de fonder un foyer, ils se posaient en concurrents de l’aîné du point de vue de l’idéal familial commun, la reproduction de la lignée.

7Ainsi une relation de parenté n’a pas toujours le même contenu. L’inégalité successorale comportait un caractère de conflit potentiel, qui pouvait s’actualiser selon les circonstances, notamment si le cadet prétendait fonder lui aussi un foyer.

Les modes de solidarité dans la parenté

8Pour notre compréhension de la structuration globale de la société, les relations moins proches sont sans doute plus importantes parce que ce sont elles qui relient les familles domestiques en des réseaux de parenté.

Une amitié « naturelle »

  • 13 Montaigne, op. cit. p. 188 : « Ce ne sont qu’accoinctances et familiaritez nouées par quelque occas (...)
  • 14 Comme le jeune gentilhomme Lecardin et son parent Letavel que, échauffé de vin, il tue en 1533 (V. (...)
  • 15 En 1532, N. Dufoumaud, op. cit, n° 87.
  • 16 En 1573 à Ploërmel (« enfans de deux seurs »), L. Janton, op. cit. n° 136.
  • 17 L. de La Trémoille, Correspondance de Charles VIII et de ses conseillers avec Louis II de La Trémoi (...)

9Entre alliés comme entre consanguins, une relation de parenté était souvent censée avoir un contenu d’« amitié », dans le sens que ce mot avait « ordinairement »13 au xvie siècle. Dans les lettres de rémission, le suppliant se dit souvent « parent et amy » du compagnon qu’il a tué par mégarde14. Des parents faisaient « bonne chere comme gens de bonne et grande amytié », un mari et l’oncle de sa femme15, ou même un homme et le mari de la nièce de sa cousine germaine utérine16. Le roi lui-même partageait cette conception. En 1488, Charles VIII écrit à son lieutenant général, La Trémoille, en l’appelant « mon cousin » : « Vous savez que je vous ay assez souvent dit qu’il n’est point de meilleure amitié que de bons parents et alliez, car toujours ils pensent aux affaires les uns des autres »17. Alors que nous concevons l’amitié comme un type spécifique de relation, dans ces textes elle est conçue comme une modalité, le contenu d’une relation de parenté : une amitié « naturelle ».

  • 18 AD Loire-Atlantique, B 23.

10Entre parents, l’amitié n’était pas censée toujours exister, mais la solidarité était considérée comme impérative et prioritaire. Vers 1517, un jeune gentilhomme breton, suppliant d’une lettre de rémission, fait « bonne chère » avec un marchand avec lequel il a une relation d’« amytié », puis est rejoint par un cousin germain avec lequel il a rendez-vous pour l’accompagner en voyage. Comme une rixe éclate qui amène l’ami à intervenir contre le cousin, celui-ci appelle à l’aide le suppliant. Alors ce dernier frappe son ami, sans gravité (« de plat de son espée ») en lui exprimant ses regrets (« fault-il que tu soyes contre mon cousin ! »), puis s’éloigne et laisse son ami poursuivi et tué par son cousin18. Il a donc sacrifié une relation d’« amytié » à l’obligation de solidarité à un parent.

Une solidarité impérative

  • 19 N. Dufournaud, op. cit., n° 94. Pour plus de détails, M. Nassiet, Parenté..., op. cit., p. 94-95.

11La solidarité était impérative, même entre alliés. En 1532, un homme de moyenne noblesse, Cluhunault, entend dire que le cousin germain de sa femme, Jacques de Beaumanoir, un homme de riche noblesse, est « mal content » de lui. Un tel mécontentement de la part d’un personnage puissant était dangereux et il fallait y remédier. Il va donc le visiter et l’autre lui lance immédiatement : « Je ne vous ayme point », et lui reproche d’avoir été avec ses ennemis à l’occasion d’un momon, un rituel carnavalesque qui l’aurait humilié. Le cousin par alliance lui reproche donc d’avoir manqué au devoir de solidarité et, en outre, de réciprocité : « Esse le bien et remuneracion que me fectes apres que vous ay faict l’honneur de vous avoir maryé a ma cousine germaine […] qui estoit plus grant bien et honneur qu’il ne vous apartenoit ? » Finalement Cluhunault s’éloigna, et le fils bâtard du riche cousin lui « donna un coup d’estoc par derriere »19. Le défaut de solidarité pouvait donc coûter cher.

  • 20 L. Janton, op. cit., n° 133.

12La seule dispense au devoir de solidarité était, très logiquement, d’être aussi proche parent de l’une et l’autre partie ; ainsi en 1571 à Hennebont, une rencontre assignée entre deux fratries ennemies pour les accorder tourna à la rixe générale « jusques au nombre de quatorze ou quinze », sauf les deux arbitres « qui s’esforczoyent de les departir et separer, a raison qu’ils estoyent aussy proches parentz de l’une que de l’autre desdites parties »20.

Les relations au sein du patrilignage

  • 21 « Mémoires de messire Guillaume de Rochechouart », dans C.B. Petitot, Collection complète des mémoi (...)
  • 22 M. Nassiet, Parenté…, op. cit., p. 70-72.

13Entre cousins, plus précisément, il semble qu’on restait attentif spécialement envers les cousins appartenant au même patrilignage, c’est-à-dire le groupe formalisé par l’identité de patronyme et d’armoiries et qu’on appelait une « maison » ou, à partir du début du xvie siècle, une « race ». Un épisode rapporté par Guillaume de Rochechouart montre comment, à l’occasion, un parent ayant quelque autorité pouvait être amené à prendre en charge les intérêts d’autres membres du même patrilignage. En 1565, comme il accompagne le roi dans son tour du royaume, Guillaume est de passage à Toulouse où est mort un Rochechouart d’une autre branche cadette, dont les héritiers sont « en divorce » ; comme il jouit du prestige de l’âge et d’une charge de maître d’hôtel du roi, il réussit à les mettre d’accord. Un type de solidarité spécifique au sein du patrilignage nous apparaît lorsqu’une branche tombait en quenouille, c’est-à-dire à l’occurrence d’une héritière : on reconnaissait aux cousins une priorité pour la prendre en mariage, et, d’abord, aux cousins du même patrilignage. Lors du même épisode, comme le défunt n’a laissé que deux filles, dont d’ailleurs les biens étaient mal administrés, la parentèle de celles-ci (« tous leurs parens ensemblement, et jusques au nombre de trente ») prie Guillaume de « sauver cette pauvre maison », et de le faire en mariant lesdites deux filles à son second fils et à son petit-fils, « pour la conservation des armes de la maison »21, de ses armoiries, c’est-à-dire de son identité. Ainsi, alors qu’une branche était fragilisée, c’est à un cousin du patrilignage que la parentèle demande d’intervenir, et c’est dans un mariage endogame au patrilignage, comme bien souvent en un tel cas22, qu’on voit la solution.

  • 23 « […] par quoy, veu les servisses que me fetes toutjours, lesquelxs je n’oblyré jamés, que le vous (...)
  • 24 M. Nassiet, « Nom et blason : un discours de la filiation et de l’alliance (xlve-xviiie siècle) », (...)

14On avait donc conscience d’appartenir à un même patrilignage. La mémoire d’être cousin perdurait très probablement à une plus grande distance dans le patrilignage que pour les autres types de cousinage, parce qu’elle était portée par l’identité des signes de désignation des lignées, le patronyme et, de façon plus prégnante encore peut-être, les armoiries. De cette conception témoigne encore Charles VIII lorsqu’il écrit à La Trémoille : « Vous savez qu’etes mon parant et que tenes de la bande de gueules »23. Anne de France, sœur du roi et exerçant le pouvoir, avait en effet marié La Trémoille à une fille de Bourbon pour s’attacher la fidélité de ce jeune chef de guerre, si bien que cette « bande de gueules » est la pièce avec laquelle les Bourbons brisaient l’écu de France. Aussi cette phrase si laconique est-elle particulièrement riche. Elle confirme d’abord que l’héraldique était bien vue comme un discours de la parenté24. En outre, comme Charles VIII et cette fille de Bourbon étaient consanguins du 6e au 9e degré, cette phrase montre que la consanguinité pouvait être ressentie comme une relation forte même lorsque la distance généalogique était grande.

15Il est tentant d’en inférer que des actes de solidarité étaient faits préférentiellement au sein du patrilignage ou, au sein de celui-ci, à une distance généalogique plus grande, mais cette hypothèse est difficile à démontrer.

Inégalité et clientèle

  • 25 P. Maurice. La famille en Gévaudan au xve siècle (1380-1483), Paris, Publications de la Sorbonne, 1 (...)
  • 26 M. Nassiet, Parenté… op. cit., p. 143-147.
  • 27 Brantôme, Œuvres complètes de Pierre de Bourdeille seigneur de Brantôme, Paris, Société de l’Histoi (...)
  • 28 P.-V. Cayet, « Chronologie novenaire », dans C.B. Petitot éd., Collection complète des mémoires rel (...)
  • 29 L’érection date de 1578 ; voir V. Durand, « Publication de documents inédits relatifs à l’histoire (...)
  • 30 Discours sur la vie et meurs de Anne d’Urfé, daté de février 1566, publié par l’abbé Reure, « Les e (...)

16L’affaire Beaumanoir-Cluhunault, que nous avons vue, a aussi l’intérêt de montrer un cas de nette inégalité entre deux parents. Deux mécanismes familiaux engendraient des rapports d’inégalité. D’une part, l’inégalité successorale créait une différence de richesse non seulement entre frères aînés et cadets, mais aussi a ƒortiori, entre les lignées collatérales qui en naissaient, puisque l’inégalité était cumulée à chaque génération. D’autre part, l’homogamie n’était pas une règle absolue, et les filles étaient souvent mariées d’une façon un peu inégale25 ; souvent les filles étaient mariées à des hommes un peu inférieurs en dignité et/ou en richesse, ce qu’on peut appeler l’hypogamie des filles. Cette pratique était déterminée par une contrainte géographique, la nécessité qu’il y aurait eue à aller chercher relativement loin une lignée de niveau égal, et surtout par la nécessité d’une balance équilibrée entre les dots entrantes et sortantes26. Les fils d’un tel mariage pouvaient bénéficier, de la part de leur oncle maternel, d’une solidarité particulièrement efficiente, puisqu’il jouissait d’une influence supérieure à celle de leur père ; c’est ainsi que Gaston de Foix devint le généralissime de Louis XII, « qui l’aymoit fort », « car il estoit hlz de sa sœur, qu’il aymoit fort »27. Un tel mariage engendrait une relation inégale entre les beaux-frères, puis, à la génération suivante, entre cousins croisés. Le plus puissant des deux était en situation d’exercer de l’influence sur le parent inférieur ; pendant les guerres de religion, en 1586, le prince de Condé épousa la sœur du sieur de La Trimouille : ce dernier était duc de Thouars, « le plus qualifié seigneur du Poictou », mais Condé était un prince de sang, et la différence de dignité était évidente. « La Trimouille […] se fit lors de la religion prétendue réformée ; toute la noblesse presque de ses vassaux prit ce party »28. Le plus puissant pouvait procurer des charges à son beau-frère ou son cousin, qui, inversement, était invité à lui rendre des services. Lorsqu’en 1554, Jacques, seigneur d’Urfé et de la Bastie, épousa Renée de Savoie, fille du comte de Tende et de Sommerive, il y avait inégalité quant à la hiérarchie des seigneuries car Urfé n’était pas encore un comté29, et quant à la dignité lignagère, car la Savoie était une maison souveraine. Bientôt, en 1564, l’heureux mari eut une charge de guidon dans la compagnie d’ordonnance de son beau-père. Puis son fils aîné, Anne, rendit de « fidelles services »30 à Charles-Emmanuel de Savoie duc de Nemours, chef ligueur, « son parent » matrilatéral, auquel un autre fils, le fameux Honoré d’Urfé, était fidèle aussi tard qu’en 1594. Un autre fils, Christophe, fut « un des plus renommez cappitaines de la milice du Duc de Savoye, son parent », lointain par le degré, mais chef du patrilignage de sa mère. Les fils de Renée de Savoie furent donc bien des fidèles de la maison de leur mère, et l’hypogamie des filles mettait les parents inférieurs en situation d’être les clients de leur cousin croisé, et du chef du patrilignage de ce dernier.

Solidarité entre homme et femme

  • 31 G. de Gouberville, Le journal du sire de Gouberville, 4 vol., les Éditions des champs, Bricqueboscq (...)
  • 32 À Saint-Méen (L. Janton, op. cit., n° 17).
  • 33 Il était archer de la compagnie d’ordonnance du seigneur de Châteaubriant (H. Hannecart, op. cit., (...)

17Des actes de solidarité étaient effectués aussi entre parents de sexe opposé. Un homme avait l’occasion d’être solidaire d’une femme lorsque celle-ci était menacée, dans sa sécurité ou son honneur. Avec sa sœur la plus proche, Gouberville échangeait régulièrement de petits cadeaux pour entretenir une relation amicale, mais il lui était particulièrement attentif quand la santé de celle-ci était compromise ; lorsqu’il apprend qu’elle s’est « rompu une jambe » en chemin et a dû demeurer dans une maison hors de chez elle, il envoie un serviteur prévenir le vicaire du lieu d’aller la voir31. Il arrivait qu’une femme fût victime d’injures sexuelles ou de violence, de la part de son mari ou d’un autre allié, et si un de ses parents se trouvait là, frère ou cousin, il allait admonester l’indélicat, ce qui n’était pas anodin car sa remontrance risquait fort de susciter une rixe pouvant aller jusqu’à l’homicide. En 1534 lors d’un banquet de relevailles, comme une épouse est injuriée et frappée par son mari, plusieurs assistants vont prévenir son frère, Noël de La Regneraye : « L’on tue votre sœur, c’est honte a vous l’endurer » ; se conformant à cette suggestion, ce dernier tente de raisonner son beau-frère, toujours furieux, et finit par lui donner un coup d’épée mortel32. De même le lundi gras 1530 à Pleurtuit, comme Marc Ladvocat, un cadet noble33, voit une cousine « ney de germaine » insultée par le beau-fils de celle-ci, il admoneste ce dernier et, dans la rixe qui suit, finit par le tuer. Le motif premier en était sans doute l’honneur, car des injures sexuelles proférées à l’égard d’une parente mettaient en cause l’honneur de ses parents masculins, mais l’intervention solidaire n’en était pas moins réelle.

La solidarité à la guerre

18À la guerre, solidarité et conflit revêtaient des enjeux vitaux. Aussi le devoir de solidarité dans la parenté était-il un facteur de sécurité et de loyauté.

  • 34 M. Nassiet, Parenté…, op. cit., p. 100.
  • 35 Bourbon-Navarre, Bourbon-Montpensier, Cossé, Lorraine-Guise, Montmorency, Savoie. M. Nassiet, « Les (...)
  • 36 Relations des ambassadeurs vénitiens sur les affaires de France au xvie siècle, M.N. Tommaseo, Impr (...)
  • 37 « Mémoires de La Chastre », dans C.B. Petitot éd., Collection complète des mémoires relatifs à l’Hi (...)

19Dans les guerres qui opposaient des parents dans les deux camps, comme celle de Bretagne en 1488 et surtout les guerres de religion, on recommandait à un chef de son propre camp un parent prisonnier, ou dont les biens risquaient d’être pillés. Un capitaine de place forte contraint de capituler rendait la place à un ennemi qui était un parent. On tirait parti de la parenté aussi dans l’armée régulière. Les familles assez aisées pour établir deux fils à l’armée les envoyaient souvent dans une même compagnie. De même au niveau des capitaines des compagnies de gendarmes, les frères n’étaient pas rares : en 1495, trois paires sur quarante et un capitaines34 ; en 1559, sur soixante-six, six groupes de trois ou deux frères35. Comme les capitaines étaient peu enclins à obéir les uns aux autres36, l’existence de relations de parenté pouvait favoriser l’obéissance, surtout si elles comportaient un rapport hiérarchique, comme c’était le cas entre frères. Monluc rapporte que dans une situation difficile, il a pu avoir la collaboration des compagnies dont les capitaines lui étaient apparentés. Souvent on donnait à deux frères des commandements qui les amenaient à collaborer entre eux ; en 1522 Foix-Lautrec commandait à la Bicoque, où son frère Lescun était à la tête de la première troupe de la gendarmerie. En 1556-1557, la maison de Guise put même étroitement contrôler l’armée de la campagne d’Italie car le duc en était le chef, son frère Aumale menait l’avant-garde, et son plus jeune frère, Elbeuf, était capitaine d’une des quatre compagnies de chevau-légers et colonel des Suisses37.

Conflits et système de relations

Conflits entre alliés

  • 38 M. Foisil, Le sire de Gouberville, Paris, Flammarion, 1986, p. 192-193.
  • 39 L’un est le cas de La Regneraye, supra ; l’autre résulte de l’affrontement de deux fratries qui s’é (...)
  • 40 I. Paresys, Aux marges du royaume : violence, justice et société en Picardie sous François Ier, Par (...)
  • 41 M. Nassiet, Parenté…, op. cit., p. 103-104 ; P. de Vaissiere, Gentilshommes campagnards de l’ancien (...)

20Cependant la parenté n’était pas une garantie de solidarité et pouvait être source de conflits. Nous avons vu que la relation entre frères aîné et cadet était potentiellement conflictuelle. Les conflits entre alliés étaient assez fréquents. Entre beaux-frères, la relation pouvait être amicale, empreinte de confiance et d’échanges de services, comme entre Gouberville et Saint-Naser38, mais les homicides étaient bien moins rares entre beaux-frères qu’entre frères. Parmi les suppliants bretons des lettres de rémission, nous connaissons actuellement deux homicides de nobles beaux-frères39 et aucun fratricide. Il en était de même dans le reste de la population : en Picardie, pour quatre fratricides, Isabelle Paresys40 compte quatorze homicides entre beaux-frères. Il faudrait inventorier les causes de conflits entre alliés. L’une d’elle était le retard de paiement d’une dot : il en résultait un procès entre gendre et beau-père ou entre beaux-frères, qui pouvait occasionner une rixe et un meurtre. Comme les procès pouvaient s’éterniser sur une ou deux générations, ce type de conflit se poursuivait entre cousins germains croisés41.

  • 42 F. Billacois, Le duel dans la société française des xvie-xviie siècles. Essai de psychologie histor (...)
  • 43 Ainsi en 1530, N. Dufournaud, op. cit., n° 31.

21Les femmes constituaient le motif de duel le plus fréquent42. Une seconde cause était l’obligation de solidarité à l’égard d’une consanguine injuriée ou maltraitée et nous avons déjà vu qu’une telle configuration pouvait causer l’homicide du mari ou d’un autre allié. On ne se battait pas pour conquérir l’objet aimé, mais pour écarter un rival ou se venger d’un rival plus heureux. L’amoureux déçu pouvait être un cousin ; une rencontre de celui-ci avec l’heureux mari risquait fort, les libations aidantes, de réveiller les regrets, faire sortir les épées et aboutir au meurtre de l’un ou de l’autre43.

22Ces deux derniers types de configuration incluent en fait deux relations qui sont de sens opposés. Dans le premier, à l’égard de la femme, la violence de l’allié (mari, beau-fils) détermine la solidarité du cousin. Dans l’autre, l’amour du cousin suscite son animosité à l’égard du mari. Dans les deux cas, le contenu effectif de la relation entre les alliés masculins n’était pas déterminé a priori, mais l’a été par le contenu d’une autre relation avec leur parente.

Conflits entre consanguins

  • 44 Père Anselme, Histoire des grands officiers de la Couronne de France, Paris, 1726- 1733, t. 3, p. 5 (...)

23Une contradiction d’intérêts pouvait sourdre entre parenté et féodalité. Dans le cas de la maison de Montmorency au milieu du xve siècle, la contradiction était aussi entre héritages paternel et maternel. La première femme de Jean II de Montmorency, épousée en 1422, était une héritière, dame de Fosseux et de Nivelle en Flandres. Comme elle mourut avant son mari, leur fils aîné rendit hommage de la terre de Nivelle au duc de Bourgogne, dont il devint chambellan. Lorsque le fils du duc (Charles le Téméraire) se rebella contre le roi en 1465, Jean de Montmorency seigneur de Nivelle le suivit jusque sur le champ de bataille de Monthléry ; le père alors, par une donation entre vifs, donna sa baronnie de Montmorency à son fils du second lit, que le roi évidemment admit à l’hommage44.

  • 45 AD Loire-Atlantique, B 23.

24Nous avons dit que la relation d’un cadet à son frère aîné était ambivalente et pouvait osciller entre la solidarité et le conflit : c’est qu’elle s’actualisait différemment selon l’autre relation à laquelle elle était confrontée. En 1515, deux frères de Bréhand, hommes d’armes d’une compagnie d’ordonnance, rencontrent un cousin de leur patrilignage mais qu’ils disent bâtard alors qu’il se prétend fils légitime ; un procès est en cours, et du statut du cousin dépend l’héritage de son père. Comme le prétendu bâtard adopte une attitude provocatrice, c’est le cadet qui lui fait face sans aménité : « Que vieult ou que serche ce filz de putain ! » Les deux hommes sortent leurs épées, donc le frère aîné sort la sienne pour aider son frère, « ainsi que nature » l’ordonne, « et finalement » ils sont deux pour abattre leur cousin45.

Conflits autour d’une héritière

25Divers types de conflits s’inscrivaient dans des oppositions de relations. La relation d’un fils aîné à son père pouvait être orageuse ; si le père était un aîné, le fils trouvait facilement un appui auprès de son oncle paternel, cadet en lequel l’amertume de l’inégalité successorale pouvait toujours rejouer. Mais un tel conflit était toujours momentané, ne serait-ce que parce que la longévité du père était rarement très longue ; et était limité quant à son enjeu, car la dévolution du patrimoine ne risquait guère d’être remise en cause (sauf exception comme le cas Montmorency).

  • 46 Lettre de rémission publiée par A. de La Borderie, « Chronique du mardi-gras 1505 », Revue de Breta (...)

26L’occurrence d’une famille où il n’y avait que des filles, autrement dit la chute d’une lignée en quenouille, suscitait fréquemment des conflits qui prenaient beaucoup plus d’ampleur parce que l’enjeu en était la dévolution du patrimoine, et que la compétition entre les prétendants pouvait se prolonger aux générations suivantes. Dans les pays de droit écrit, le père instituait souvent sa fille héritière, mais parfois lui préférait un frère ou tout autre parent de son patrilignage, pour faire perdurer la même identité sur le même patrimoine. Ainsi la fille et son mari étaient en compétition avec ses parents paternels colignagers, notamment du vivant de son père qui était toujours susceptible de faire un autre testament. En pays de droit coutumier, partout en France celui-ci faisait de la fille sans frère une héritière, mais pour autant le droit n’empêchait pas des tensions entre l’héritière et son mari d’une part, et ses parents paternels de l’autre. En 1505, un homme d’armes, cadet, décide d’aller visiter sa nièce, « fille, chef et héritière de la maison dont il était natif et issu ». Chez un autre parent il rencontre le mari de celle-ci, et en chemin s’engage un dialogue où monte l’animosité : l’oncle fait remarquer au mari qu’« il avoit honneur et grant avantage d’avoir eu et recouvré telle alliance » ; le mari répond que si l’oncle insinue que sa condition n’est pas à la hauteur de son épouse, il le dissuade de marcher plus avant ; l’oncle répartit « qu’il pouvoit bien licitement aller » chez sa nièce « attendu que c’étoit l’un des manoirs et maisons de ses père et mère, et dont il étoit issu », à quoi le mari rétorque « que non étoit, et qu’il seul en étoit le seigneur », et les dagues sortent, et le mari est tué46.

27Le droit coutumier n’empêchait pas le mari de se sentir mis en cause par l’oncle de sa femme. L’héritière et son mari avaient généralement intérêt à être solidaires, tandis que son mari et son oncle paternel risquaient fort de s’opposer, ce qui constituait un couple de relations opposées.

  • 47 F. Autrand, Naissance d’un grand corps de l’État. Les gens du parlement de Paris, 1345-1454, Paris, (...)
  • 48 S. Kettering, op. cit., p. 430.

28Ainsi, qu’il s’agisse d’une relation de consanguinité ou d’une relation d’alliance, a priori la parenté créait, en principe, une obligation de solidarité. La forme de celle-ci variait selon les circonstances. On en tirait parti à l’armée, de même qu’au parlement de Paris47, donc au service de l’État. Le contenu variait aussi selon la relation elle-même, c’est-à-dire selon le sexe des individus, et selon que celle-ci était égalitaire ou inégalitaire. La fréquence de l’inégalité dans les relations de parenté confirme l’hypothèse de Sharon Kettering48 selon laquelle les relations de clientèle avaient la parenté pour modèle : la supériorité du patron pouvait se modeler non seulement sur le rôle du père, mais aussi sur la position de chef de maison, ou sur celle de parent maternel de niveau supérieur. Mais les relations de parenté pouvaient être grosses aussi de conflits, entre frères parfois, entre affins souvent. Comme les relations n’étaient pas isolées, il arrivait qu’une relation prenne un contenu de solidarité parce qu’une relation connexe était devenue hostile. Aussi la solidarité était-elle loin d’être générale.

Notes

1 « La dégradation de ces liens féodaux est certes bien réelle au cours du xvie siècle, mais ils sont encore assez vivaces pour entrer dans la composition des réseaux de fidélité », a écrit ainsi L. Bourquin, dans Noblesse seconde et pouvoir en Champagne aux xvie et xviie siècles, Publications de la Sorbonne, Paris, 1994, p. 28.

2 S. Kettering, « Patronage and Kinship in Early Modem France », French Historical Studies, vol. 16, n° 2, 1989, p. 408-435.

3 J.M. Imizcoz Beunza, « Communauté, réseau social, élites. L’armature sociale de l’Ancien Régime », dans J.L. Castellano, J.-P. Dedieu (sous la dir.), Réseaux, familles et pouvoirs dans le monde ibérique à la fin de l’Ancien Régime, Paris, CNRS, 1998, p. 31-66, p. 48-49.

4 Sur le système des attitudes et les couples de relations opposées, C. Lévi-Strauss, Anthropologie structurale, Plon, 1985, chap. 2, p. 51 et p. 62 et suiv. Id., Anthropologie structurale Deux, Plon, 1973, chap. VII.

5 AD Loire-Atlantique, B 23 à B 44. M. Dubois, Culture et société en Bretagne d’après les lettres de rémission, 1520-1522, mémoire de maîtrise, université de Nantes (sous la dir. de M. Nassiet), 2000. L. Le Moal, Les rapports sociaux en Bretagne au xvie siècle (1523- 1525) d’après les lettres de rémission, mémoire de maîtrise, université de Nantes (sous la dir. de M. Nassiet), 2000. H. Hannecart, Culture et société en Bretagne d’après les lettres de rémission, 1525-1530, mémoire de maîtrise, université de Nantes (sous la dir. de M. Nassiet), 1999. N. Dufournaud, Comportements et relations sociales en Bretagne vers 1530 d’après les lettres de grâce royale, mémoire de maîtrise, université de Nantes (sous la dir. de M. Nassiet), 1999. V. Naël, Violence, société et mentalités en Bretagne d’après les lettres de rémission, 1533-1534, mémoire de maîtrise, université de Nantes (sous la dir. de M. Nassiet), 2000. L. Janton, Culture et société en Bretagne d’après les lettres de rémission, 1535-1574, mémoire de maîtrise, université de Nantes (sous la direction de M. Nassiet), 1998. Sur l’ensemble de ce corpus, M. Nassiet, « Une enquête en cours : les lettres de rémission de la chancellerie de Bretagne », Enquêtes et documents, CRHMA, université de Nantes, à paraître.

6 M. de Montaigne, Essais, livre II chap. VIII, Œuvres complètes, Gallimard, Pléiade, 1962 p. 376.

7 Charles Tiercelin, marié en 1514, employa son cinquième fils, âgé de seize ans, comme homme d’armes en 1551, puis comme lieutenant en 1555. François d’Alègre fut homme d’armes à la compagnie de son père à quatorze ans, ainsi que Jean de Chabannes-Curton. D’autres capitaines employèrent comme lieutenant deux fils successivement, comme Clermont-Tallart (F. Vindry, Dictionnaire de l’état-major ƒrançais au xvie siècle. I. Gendarmerie, Cabinet de l’historiographe, 1901, p. 463-464, 11, 115, 25).

8 « Mémoires du duc de Bouillon », dans C.B. Petitot éd., Collection complète des mémoires relatifs à l’Histoire de France, Paris, Foucault, t. 35, p. 63.

9 En 1563 à Saint-Hélen (évêché de Dol ; L. Janton, op. cit., t. 2, n° 119).

10 « [...] S’entre appellans lesdits3 de Kerloaguen et Menguy, freres, et en la vérité ilz estoint parens dedans le quart degré, et aussi la femme dudit Menguy estoit parente dudit Kerloaguen, s’entre portoint grande amytié ensemble […] » (en 1538 à Morlaix, L. Janton, op. cit., n° 36).

11 J. Le Laboureur, Les Tombeaux des personnes illustres avec leurs éloges, généalogies, armes et devises, Paris, J. Le Bouc, 1642.

12 M. Nassiet, Parenté, noblesse, et États dynastiques, xve-xvie siècles, Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, 2000, p. 59-64.

13 Montaigne, op. cit. p. 188 : « Ce ne sont qu’accoinctances et familiaritez nouées par quelque occasion ou commodité ». De même Pierre Charron décrivait l’ordre des amitiés « naturelles » en dressant une liste de liens sociaux, tandis que la « parfaite amitié » était toujours reconnue comme exceptionnelle (Michel Rey, « Communauté et individu : l’amitié comme lien social à la Renaissance », Revue d’Histoire moderne et contemporaine, 1991, n° 38, p. 618-625).

14 Comme le jeune gentilhomme Lecardin et son parent Letavel que, échauffé de vin, il tue en 1533 (V. Nael, op. cit., n° 6).

15 En 1532, N. Dufoumaud, op. cit, n° 87.

16 En 1573 à Ploërmel (« enfans de deux seurs »), L. Janton, op. cit. n° 136.

17 L. de La Trémoille, Correspondance de Charles VIII et de ses conseillers avec Louis II de La Trémoille pendant la guerre de Bretagne (1488), 1875, p. 173. Quant à leur adversaire, le duc de Bretagne, s’il avait pris le risque de fournir un casus belli au roi en accueillant Orléans et Dunois, c’était certes pour un motif politique inhérent au gouvernement du royaume, mais aussi en solidarité avec ceux-ci, qui étaient ses cousins germains (H. Morice, Mémoires pour servir de preuves à l’Histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, Paris, 1742, p. 533-534).

18 AD Loire-Atlantique, B 23.

19 N. Dufournaud, op. cit., n° 94. Pour plus de détails, M. Nassiet, Parenté..., op. cit., p. 94-95.

20 L. Janton, op. cit., n° 133.

21 « Mémoires de messire Guillaume de Rochechouart », dans C.B. Petitot, Collection complète des mémoires relatifs à l’Histoire de France, Paris, Foucault, t. 32, p. 513-514. Sur ce personnage, F. Vindry, op. cit., p. 309.

22 M. Nassiet, Parenté…, op. cit., p. 70-72.

23 « […] par quoy, veu les servisses que me fetes toutjours, lesquelxs je n’oblyré jamés, que le vous an recompanceré-je bien » (L. de La Trémoille, op. cit. ; Y. Labande-Mailfert, Charles VIII et son milieu (1470-1498). La jeunesse au pouvoir, Paris, 1975, p. 75, note 79).

24 M. Nassiet, « Nom et blason : un discours de la filiation et de l’alliance (xlve-xviiie siècle) », L’Homme, 129. 1994, p. 5-30. Id., « Alliance et filiation dans l’héraldique des xive-xve siècles », Revue ƒrançaise d’héraldique et de sigillographie, 64, 1994. p. 9-29.

25 P. Maurice. La famille en Gévaudan au xve siècle (1380-1483), Paris, Publications de la Sorbonne, 1998. C. Chatelain. La famille Miron. Parentés, politique et promotion sociale (xvie-xviie siècles), thèse sous la direction de Robert Descimon, EHESS, 2001.

26 M. Nassiet, Parenté… op. cit., p. 143-147.

27 Brantôme, Œuvres complètes de Pierre de Bourdeille seigneur de Brantôme, Paris, Société de l’Histoire de France, 1869-1876, t. 3, p. 19.

28 P.-V. Cayet, « Chronologie novenaire », dans C.B. Petitot éd., Collection complète des mémoires relatifs à l’Histoire de France, Paris, Foucault, t. 38, p. 299.

29 L’érection date de 1578 ; voir V. Durand, « Publication de documents inédits relatifs à l’histoire du Forez : lettres d’érection de la terre d’Urfé en comté (1578) », Recueil de Mémoires et Documents sur le Forez, t. Il, 1875, p. 166.

30 Discours sur la vie et meurs de Anne d’Urfé, daté de février 1566, publié par l’abbé Reure, « Les emblèmes d’Anne d’Urfé », Bulletin de la Diana, t. 13, 1903, p. 218-242 (p. 237). Sur les rapports entre les Urfé et les Savoie, voir comte de Panisse-Paris, Les comtes de Tende de la maison de Savoie, Paris, Firmin-Didot, 1889.

31 G. de Gouberville, Le journal du sire de Gouberville, 4 vol., les Éditions des champs, Bricqueboscq, 1993, t. 2, p. 276 (22 juin 1556).

32 À Saint-Méen (L. Janton, op. cit., n° 17).

33 Il était archer de la compagnie d’ordonnance du seigneur de Châteaubriant (H. Hannecart, op. cit., B 32, n° 10).

34 M. Nassiet, Parenté…, op. cit., p. 100.

35 Bourbon-Navarre, Bourbon-Montpensier, Cossé, Lorraine-Guise, Montmorency, Savoie. M. Nassiet, « Les capitaines de gendarmerie dans la première moitié du xvie siècle. Parenté et reproduction familiale », à paraître dans Mélanges offerts au proƒesseur Chagniot.

36 Relations des ambassadeurs vénitiens sur les affaires de France au xvie siècle, M.N. Tommaseo, Imprimerie nationale, 1838, t. 2, p. 151.

37 « Mémoires de La Chastre », dans C.B. Petitot éd., Collection complète des mémoires relatifs à l’Histoire de France, Paris, Foucault, t. 32, p. 475-476.

38 M. Foisil, Le sire de Gouberville, Paris, Flammarion, 1986, p. 192-193.

39 L’un est le cas de La Regneraye, supra ; l’autre résulte de l’affrontement de deux fratries qui s’étaient donné rendez-vous pour régler un différend ancien qui nous est inconnu (L. Le Moal, op. cit., n° 10).

40 I. Paresys, Aux marges du royaume : violence, justice et société en Picardie sous François Ier, Paris, Publications de la Sorbonne, 1998, p. 111.

41 M. Nassiet, Parenté…, op. cit., p. 103-104 ; P. de Vaissiere, Gentilshommes campagnards de l’ancienne France, Paris, 1904, p. 155-156.

42 F. Billacois, Le duel dans la société française des xvie-xviie siècles. Essai de psychologie historique, Paris. Éditions de l’EHESS, 1986, p. 128-129.

43 Ainsi en 1530, N. Dufournaud, op. cit., n° 31.

44 Père Anselme, Histoire des grands officiers de la Couronne de France, Paris, 1726- 1733, t. 3, p. 575 et 602.

45 AD Loire-Atlantique, B 23.

46 Lettre de rémission publiée par A. de La Borderie, « Chronique du mardi-gras 1505 », Revue de Bretagne et de Vendée, I, 1857, p. 140-145.

47 F. Autrand, Naissance d’un grand corps de l’État. Les gens du parlement de Paris, 1345-1454, Paris, Publications de la Sorbonne, 1981, p. 101.

48 S. Kettering, op. cit., p. 430.

Auteur

Professeur d’Histoire moderne, Université d’Angers, HIRES (Centre d’Histoire des Régulations et des Politiques sociales).

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