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Les universités en Europe du xiiie siècle à nos jours

 | 
Frédéric Attal
, 
Jean Garrigues
, 
Thierry Kouamé
, 
et al.

Préface

Thierry Kouamé

Testo integrale

1Depuis plus de trente ans, l’histoire des universités a été renouvelée par les problématiques venues de la sociologie historique. Ces approches novatrices ont été particulièrement fructueuses dans deux domaines : l’histoire de l’éducation, qui a permis d’inscrire les universités dans le système d’enseignement institutionnalisé propre à leur époque, et la sociologie des organisations, qui a éclairé d’un jour nouveau leur fonctionnement interne. Les mutations des années soixante n’ont pas été étrangères à ces nouvelles orientations historiographiques. La massification de l’enseignement supérieur imposait en effet une réforme profonde de l’institution, tout en proposant aux historiens de nouveaux objets de recherche : l’adaptation des méthodes d’enseignement au public étudiant, la reproduction sociale mise en œuvre dans le système éducatif et l’attitude des universitaires face à la contestation politique.

2Le début du XXIe siècle connaît, lui aussi, une évolution socio-politique majeure avec l’accomplissement de la construction européenne. Conçues dès l’origine comme des institutions universelles, les universités ne pouvaient rester à l’écart d’un tel mouvement. La mise en place de cursus européens et la réalisation de véritables programmes de recherche internationaux sont autant de concrétisations de cette nouvelle mutation institutionnelle. Le colloque international, organisé en 2003 par l’université d’Orléans, à l’initiative de Jean-Pierre Vittu et avec le soutien de l’Institut de recherche et d’histoire des textes, entendait apporter sa contribution à ce renouvellement historiographique en faisant le point sur les chantiers ouverts depuis trente ans dans une perspective résolument européenne. Ainsi, la vingtaine de communications réunies dans ces actes sont l’œuvre de spécialistes des domaines français, italien, germanique, néerlandais et Scandinave, qui examinent l’institution universitaire à la lumière de quatre problématiques traversant l’ensemble de son histoire : l’insertion des universités dans la société, leurs rapports avec les pouvoirs, leurs modèles de représentation et la construction d’un espace spécifique.

3 L’étude des fonctions politiques et sociales de l’université bénéficie de l’apport de plusieurs décennies de recherche. Les quatre premières contributions explorent ainsi l’enracinement social des universités et l’évolution des cursus par rapport aux attentes de la société. Les quatre suivantes analysent, quant à elles, la place des universitaires dans les jeux de pouvoir, à titre individuel ou comme groupes de pression au sein de la société politique. En lien étroit avec les développements récents de la recherche, quatre articles illustrent ensuite la notion de modèle universitaire, appliquée ici aux phénomènes de diffusion tant institutionnels qu’intellectuels, qu’il s’agisse d’une réception volontaire ou imposée. Enfin, le poids des universités sur leur espace géographique est envisagé dans les quatre dernières contributions à différentes échelles, depuis la construction d’un espace local jusqu’à la mise en place de réseaux régionaux. L’ensemble du dossier, introduit par Jacques Verger, est en outre complété par les synthèses historiographiques de Willem Frijhoff, pour l’époque moderne, et de Christophe Charle, pour la période contemporaine.

4Au terme de cette préface, il nous reste à remercier celles et ceux qui ont permis à ce colloque de voir le jour : Frédéric Attal, Jean Garrigues et Jean-Pierre Vittu, qui nous ont aidés à éditer les actes, mais aussi Chantal Senséby, qui a participé à l’organisation du colloque, et Josée Bouyer, qui en a assuré le secrétariat. Nos remerciements s’adressent également aux Publications de la Sorbonne et à leur directrice, Élisabeth Mornet, qui ont bien voulu accueillir ces actes dans leur collection. Que cet ouvrage apporte à tous la satisfaction du travail accompli.

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