URL originale : https://books.openedition.org/psorbonne/73427
La figure de l’empoisonneuse
De Marie Lafarge à Violette Nozière
p. 27-39
Texte intégral
1 Dans un décor fastueux, noir et or, un banquet est dressé ; on entend des chansons à boire et les premiers accords du De profundis. Un cortège de pénitents noirs prend place devant cinq cercueils tendus de noir. Alors, vêtue de noir, la maîtresse de cérémonie fait son apparition et lance aux convives un sinistre avertissement : « Vous êtes tous empoisonnés1. » À la Porte-Saint-Martin, en 1831, le public est saisi par ce grand spectacle macabre orchestré par la belle et satanique Lucrèce Borgia, réinventée par Victor Hugo. L’empoisonneuse sublime de la scène romantique n’a pas grand-chose à voir avec Marie Lafarge, condamnée aux travaux forcés à perpétuité en 1840 pour avoir empoisonné son mari dans un sinistre manoir du fin fond de la Corrèze, ou avec la jeune Violette Nozière, qui a tué son père avec des barbituriques et dont la sombre silhouette emplit, au cœur des années 1930, les pages des quotidiens. Non plus qu’avec la garde-malade Van der Linden, de Leyde, dont la cohorte impressionnante des victimes – deux cents personnes dont vingt-sept sont décédées – alimente la réflexion savante par-delà les frontières nationales. Mais, personnage littéraire mythique, visages célèbres de chronique judiciaire, cas criminologique, tous contribuent à construire la figure fascinante de l’empoisonneuse, se dessinant à chaque fois sur le fond d’un lieu de production spécifique.
2La période considérée ici s’étend du début du xixe siècle jusqu’aux premières décennies du xxe siècle, soit en gros de Marie Lafarge à Violette Nozière, si l’on choisit de prendre pour repères significatifs des visages de tribunaux. Sur l’ensemble de cette période, l’empoisonnement, statistiquement, est un crime relativement marginal, comparativement aux autres crimes commis contre les personnes2. De plus, la série statistique du ministère de la Justice, qui débute en 1826, publiée sous le titre de Compte général de l’administration de la justice criminelle en France, établit que, après une première période de croissance qui culmine dans les années 1836-1840, la courbe des poursuites pour empoisonnement décroît de manière progressive et sensible3. Mais, à rebours de ce reflux statistique qui fait de l’empoisonnement un crime rare, la figure de l’empoisonneuse occupe une place privilégiée dans l’imaginaire du crime. Elle règne plus particulièrement sur l’imaginaire du crime féminin. Cet empire s’assied sur un fond de déploiement d’une triple littérature savante : sur le crime en général, avec le développement de la criminologie ; sur le crime d’empoisonnement, en particulier, avec les progrès de la toxicologie et de la médecine légale ; sur la criminalité féminine, à la fin du xixe siècle, quand se mettent à proliférer les écrits sur les femmes. On tentera ici de cerner cette figure, de voir comment elle se construit et de comprendre sa place dans les représentations du crime au féminin.
L’empoisonneuse, figure archétypale de la femme criminelle
3« Violette Nozière, c’est l’éternelle histoire des empoisonneuses, l’histoire des crimes essentiellement féminins. » Cette affirmation du psychiatre Truelle, en 19334, fait écho au journaliste du magazine Détective qui déclare à peu près au même moment : « Oui, pour un empoisonneur, cent empoisonneuses5. » Ces propos ne reposent assurément pas sur des faits statistiques, à une époque où l’empoisonnement est devenu tellement rare que les chiffres, guère significatifs, défient toute conclusion ferme sur la répartition entre les sexes (les données statistiques à ce sujet étant par ailleurs discontinues). Ils témoignent donc de l’enracinement dans l’imaginaire d’une construction qui fait du crime d’empoisonnement le crime des femmes.
4Les racines de cette construction sont anciennes, mais c’est à l’époque contemporaine qu’il revient d’avoir fondé celle-ci scientifiquement, au fur et à mesure que se multipliaient les traités de toxicologie et de criminologie. Il se trouve que la constitution de ce corpus savant, dans la seconde moitié du xixe siècle, est à peu près contemporaine de la grande période des empoisonneuses qui court statistiquement des années 1840 aux années 1870 : quatre décennies pendant lesquelles les accusés d’empoisonnement sont surtout des femmes. Le Compte général montre qu’avant cette période la part des hommes l’emporte sur celle des femmes et qu’après cette période la différence entre les sexes n’apparaît plus vraiment significative6. La notion de crime féminin a donc pu trouver une assise statistique. Reste que, sur l’ensemble du xixe siècle, la proportion des femmes parmi les accusés s’élève à 53 %, donc une domination des femmes réelle mais minime7. Sur la première période, où le crime était masculin, les auteurs glissent ; quand, au tournant du siècle, la participation des femmes baisse, les auteurs restent fidèles aux chiffres anciens qui ne sont plus d’actualité : ainsi Sautter, auteur d’une somme sur l’empoisonnement en 1896, ou les psychiatres Dupré et Charpentier, coauteurs d’un important ouvrage sur les empoisonneurs en 1909, continuent d’asséner les chiffres du Compte général de 1880, selon lesquels sept fois sur dix l’empoisonnement est commis par une femme8. C’est dire la force de cette conviction, qui n’a pas besoin de chiffres pour peser : l’empoisonnement est un crime féminin, entendons par là que les femmes le commettent davantage que les hommes. Et quand les hommes le commettent, précisent les auteurs, il faut « chercher la femme », suivant un adage sans cesse repris9 : en somme, dit le psychiatre Charpentier, en 1906, la femme « les accomplit souvent et les inspire presque toujours10 ». Pour les spécialistes de l’empoisonnement, la notion de crime féminin renvoie à la participation relative des femmes à l’empoisonnement, mais hors des propos savants, elle glisse même à leur participation absolue11, ainsi quand Détective déclare que « la plupart des femmes criminelles sont des empoisonneuses » : contre-vérité absolue puisque, parmi les infractions graves commises par les femmes, viennent très largement en tête les infanticides, suivis par les assassinats et les meurtres, ce qui laisse un fort maigre pourcentage – de l’ordre de 3 % – aux empoisonnements12.
5Au fondement de cette conviction est la rencontre entre les représentations du crime d’empoisonnement et les représentations de la femme qui relèvent du préjugé partagé et qui sont validées par la criminologie, à partir des affirmations des juristes du xviiie siècle faisant autorité. La femme est faible au physique, martèlent les spécialistes de la criminalité féminine13 : le poison se trouve donc être l’« arme de la femme par excellence puisqu’elle n’exige pas la force physique de ceux qui la manient », écrit l’aliéniste Legrand du Saulle, reprenant un vieux refrain déjà entonné par Jousse en 177114. Autre antienne, celle de la lâcheté, que l’avocat Gayot de Pitaval a transmise aux auteurs du xixe siècle qui le citent sans cesse : « Les femmes, écrivait-il, n’ayant pas le courage de se venger ouvertement et par la voie des armes, embrassent ce parti qui favorise leur timidité et cache leur malice15. » Et le criminologue Lacassagne d’affirmer, un siècle et demi plus tard : « L’empoisonnement, qui est l’arme des lâches, est plus souvent employé par elles16. » Parce qu’elle est faible au physique, la femme, au moral, est lâche et elle est aussi rusée17 et dissimulée, ce qui s’accorde à un crime impliquant préparation et préméditation pour prendre en traître sa victime. À cette trilogie s’ajoutent d’autres traits dessinés par une misogynie pluriséculaire qui a pétri le discours scientifique. Ainsi, la femme est menteuse, insiste le très écouté docteur Lombroso, ce qui fait écho à un crime consistant à tromper sur la nature de la substance administrée, le poison étant camouflé en aliment ou bien en médicament18. Ainsi, la femme est cruelle, assène encore Lombroso, trait nécessaire à l’exécution d’un crime qui réclame indifférence aux souffrances atroces de la victime.
6Pensé comme l’arme des faibles, des lâches, des hypocrites, le poison est supposé s’accorder à la psychologie féminine. À sa physiologie également. Encore à la Belle Époque, en effet, survit le thème très ancien de la toxicité du sang menstruel, qui étayait au Moyen Âge la conviction de l’essence vénéneuse de la femme en inscrivant au plus profond de l’organisme la connivence entre la femme et le poison19. De plus, dans le contexte d’une criminologie naturalisante qui tend à arrimer les transgressions féminines au biologique, les courbes de l’empoisonnement sont analysées au filtre de la physiologie féminine : pourquoi l’abondance des empoisonnements commis au mois de mai ? se demande le toxicologue Chapuis. Parce que, incline-t-il à penser, les empoisonnements sont surtout le fait de la femme et que celle-ci subit davantage que l’homme l’influence de la chaleur : les empoisonnements d’été seraient ainsi « sous la dépendance de l’instinct génésique20 ».
7À partir de l’extrême fin du siècle, le discours scientifique se renouvelle quelque peu. Certains auteurs minimisent l’explication par la nature féminine, mais sans entamer le monopole féminin de l’empoisonnement. Ainsi, le docteur Corre relativise le rôle de la faiblesse physique dans la prédilection de la femme pour l’empoisonnement au bénéfice de celui du « milieu », évoquant la « facilité à manier des substances nocives, miscibles aux aliments, au cours de ses occupations ordinaires21 ». Ce faisant, il remplace une prédestination naturelle par une prédestination sociale, en faisant référence au rôle social dévolu à la femme, rôle nourricier, dans l’espace privé, qui la fait régner sur la cuisine, et rôle protecteur qui lui fait dispenser les soins aux malades. Quant à Dupré et Charpentier, ils n’hésitent pas, visant nommément Gayot de Pitaval, à critiquer les représentations traditionnelles de l’empoisonnement comme le crime des faibles et des lâches, mais ils n’en conservent pas moins l’idée que le féminin est l’horizon indépassable du crime d’empoisonnement. La preuve en est le portrait qu’ils brossent de Desrues, célèbre empoisonneur du xviiie siècle, à partir du livre que Georges Claretie lui a consacré en 1907, évoquant un petit homme « à l’aspect d’eunuque », atteint de « féminisme » psychologique et physiologique. Et Dupré et Charpentier de conclure le portrait par une formule éloquente : « Même chez l’homme, le crime reste féminin22. »
8Le discours sur l’empoisonnement comme spécialité féminine doit être rapporté aux efforts des criminologues pour penser la criminalité féminine dans sa spécificité. Convaincus, à l’instar de Puibaraud, que dans la manière de commettre le crime, « le caractère féminin s[e] révèle dans ses traits essentiels23 », les auteurs identifient une criminalité pire que celle de l’homme par sa férocité et sa ruse. Ce qui frappe Joly, c’est un « raffinement de cruauté et de perfidie » qui s’exerce dans les vengeances savourées lentement, c’est l’« art de disposer les circonstances par avance, de s’y reprendre à deux et à trois fois, s’il le faut, et de tout préparer graduellement24 ». On voit comment l’empoisonnement n’est pas seulement un crime féminin : il est le crime féminin par excellence, l’empoisonneuse s’imposant comme la figure archétypale de la femme criminelle. Si l’on ajoute à cela que l’empoisonnement, par sa facilité d’exécution, son caractère traître et dissimulé, la difficulté qu’il y a à s’en garantir et à le découvrir, est unanimement considéré comme le plus odieux et le plus dangereux des crimes, on comprend pourquoi l’empoisonneuse règne sur l’imaginaire de l’infamie criminelle au féminin.
L’imaginaire de l’empoisonneuse : héritages et permanences
9Puisque l’empoisonnement est le crime des femmes, l’empoisonneuse est intemporelle comme l’est la femme. Contrairement aux héroïnes plus contemporaines de la chronique judiciaire – femme au revolver ou vitrioleuse –, l’empoisonneuse tire son prestige et sa force dans l’imaginaire de sa profondeur temporelle. « De tout temps, écrit Lacaze, la femme a excellé dans l’art des empoisonnements », l’empoisonneuse n’est donc pas une « invention moderne25 ».
10Et en effet, la construction de l’empoisonneuse est moins invention qu’appropriation d’un héritage. Penser l’empoisonneuse à l’époque contemporaine, c’est plonger dans les profondeurs du temps, retracer une histoire longue, activer la mémoire collective, actualiser des visages légendaires. Frappante à cet égard est la similitude des différents discours scientifiques ou encyclopédiques : qu’ils écrivent un précis de toxicologie, comme Chapuis, un cours de médecine légale, comme Brouardel, ou une notice de dictionnaire comme Pierre Larousse, les auteurs commencent imperturbablement leur exposé sur le crime d’empoisonnement par une étude historique. Ils y énumèrent les périodes fastes et y déroulent la longue liste des coupables où figurent surtout les empoisonneuses célèbres, depuis les figures mythiques de Médée ou Circé jusqu’aux figures historiques du Grand Siècle, comme la marquise de Brinvilliers, en passant par les figures de l’Antiquité, telle Locuste, ou de la Renaissance italienne, comme La Toffana et Lucrèce Borgia. Convoqué dans les livres, ce passé l’est également dans les tribunaux, à preuve le procès de la veuve Lacoste, en 1844, où le procureur commence son réquisitoire en évoquant l’émoi causé par l’empoisonnement qui, explique-t-il, « réveille tant de souvenirs, même historiques26 ».
11Le personnage de la sorcière compte parmi ces souvenirs réactivés par l’empoisonneuse, qui renvoie à un imaginaire pluriséculaire des pratiques féminines secrètes, de la fabrication de philtres magiques et de la transmission de recettes, comme celle d’Anne Dupin rapportée par le Petit Journal en 1869 : « À de vieux maris comme ça, on fait prendre un bon bouillon avec des allumettes chimiques et ça s’en va tout de suite27. » Bien que brisée par la dépénalisation de la sorcellerie au xviie siècle, l’association entre empoisonnement et sorcellerie, confondant vénéfice et maléfice28, perdure dans les représentations. Il n’est que de voir ces portraits d’empoisonneuses à la physionomie repoussante qui peuplent la chronique du crime ou bien le succès dans la mémoire de la servante Hélène Jégado, exécutée en 1852, nouvelle jeteuse de sorts, qui allait de maison en maison, y prédisant la mort29. En 1868, l’affaire des empoisonneuses de Marseille montre la survivance de cet imaginaire. Trois femmes sont accusées d’avoir empoisonné leur mari ou amant avec la complicité de la Lamberte, tireuse de cartes et jeteuse de sorts, décrite dans les complaintes comme la « belle sorcière », associée à Joye, un herboriste-sorcier très laid, vendeur de poudres d’os de mort. Le couple diabolique plaidera d’ailleurs à la barre le « sorcelage » et non l’empoisonnement30.
12Plus généralement, toute nouvelle empoisonneuse est interprétée comme la réincarnation d’une figure du passé plus prestigieuse : on repère ici une « Locuste du Nord », là une « autre Borgia ». L’empoisonneuse se construit en puisant dans un répertoire limité de figures sans cesse réactivées, qui sont promues au rang de modèles, sujets à une infinie copie, permettant de dresser généalogies et filiations. La Brinvilliers, qui a empoisonné son père, ses frères et sa sœur, est un modèle incontournable, à la célébrité duquel la littérature a beaucoup contribué. Tout au long du xixe siècle, le succès littéraire de la marquise ne se dément pas. Elle triomphe sur la scène romantique avec La Marquise de Brinvilliers en 1831 et surtout La Chambre ardente joué à la Porte-Saint-Martin en 1833. Elle inspire les romans édifiants, comme celui de Cuisin, intitulé L’Empoisonneuse contumace ou la nouvelle Brinvilliers (1823), où l’héroïne, Julie de Rosanges, est campée en « copiste scrupuleuse » de la marquise dont elle conserve l’histoire sous son traversin. Elle inspire romans divertissants (Les Amours d’une empoisonneuse, de Gaboriau, en 1881), biographies criminelles (La Chambre ardente. L’histoire de la marquise de Brinvilliers, la célèbre empoisonneuse, de Cadot en 1868), recueils de causes célèbres, comme celui d’Alexandre Dumas31, souvent cité, sans oublier les romans-feuilletons de la presse, ainsi celui paru dans Le Petit journal au printemps 1863. Assurément, la Brinvilliers appartient au xixe siècle qui l’a représentée et racontée autant qu’au XVIIe où elle a sévi et péri. En 1933, elle reste encore un modèle actualisable : un carton muet intitulé « Une Brinvilliers moderne » introduit le reportage des actualités Gaumont sur Violette Nozière, et l’auteur d’une lettre au juge d’instruction lui explique qu’à son avis cette jeune parricide a eu l’idée de son crime en lisant les aventures de la Brinvilliers contées dans le grand quotidien Paris-Soir32.
13Au mitan du siècle, Marie Lafarge vient concurrencer la Brinvilliers et, dans la continuité de cette dernière, s’installe dans l’imaginaire comme la figure, au xixe siècle, de la belle empoisonneuse. Or cette figure est essentielle, dans la mesure où la beauté inscrit dans le physique la tromperie inhérente au crime d’empoisonnement. Plus largement, tous les attraits de Marie Lafarge relevés par les observateurs ou les commentateurs – intelligence à l’élévation prodigieuse, figure enchanteuse, grâce attractive, regard magique33 – convergent vers une figure de la séduction, au double sens de plaire et de tromper. Une figure propre à fasciner, donc, et il faut rappeler l’étymologie de ce terme, qui renvoie au charme et au maléfice, fascinum étant sémantiquement proche de venenum34. La séduction des apparences fait écho au trait le plus saillant de la psychologie des empoisonneuses, telle que la décrivent tous les auteurs : l’hypocrisie, cet art de tromper et de cacher son jeu. Dans tous les propos contemporains ou postérieurs à son procès, Marie Lafarge apparaît comme un chef-d’œuvre d’hypocrisie et de machiavélisme : elle a d’abord été le cerveau de « combinaisons infernales » mises en pratique avec un « art infini35 », dira l’accusation, quand elle a trahi sa meilleure amie qu’elle aurait volée et salie par une dénonciation calomnieuse, puis l’auteur d’un crime au « raffinement le plus inouï36 », où les signes de la plus vive affection envers le mari accompagnaient un empoisonnement réitéré, à coups de gâteau, de lait de poule, d’eau panée et de couverture de flanelle arseniqués.
14Héritant de l’ancien, Marie Lafarge installe aussi le nouveau. Car son cas a servi à étayer le profil psychopathologique de l’empoisonneuse que les médecins et psychiatres ont peu à peu édifié, et que les spécialistes de l’empoisonnement et les littérateurs ont repris. Suivant les évolutions de la criminologie et de la psychiatrie, Marie Lafarge et ses congénères entrent successivement dans les catégories de la criminelle hystérique (chez Legrand du Saulle), de la criminelle-née (chez Lombroso et Granier), de la dégénérée hystérique (chez Charpentier, de Ryckère37), des déséquilibrés (chez Dupré et Charpentier). Recueillant le bénéfice de plusieurs décennies de compilations historiques et d’observations cliniques, la thèse du docteur Charpentier, en 1906, fait date, qui fixe le portrait mental de l’empoisonneuse où entrent anesthésie de la sensibilité, perversité affective, simulation, déséquilibre, mythomanie, vanité, contradiction, penchant à la calomnie. Au début du xxe siècle, tandis que Marie Lafarge s’impose comme la figure incontournable du siècle précédent, on peut dire que la médecine a subsumé la diversité des visages de l’empoisonneuse sous une « même formule psychologique », selon l’expression du juriste Abelous en 192938.
Arsenic, sexe et adultère
15Angoissante, la femme empoisonneuse l’est, parce qu’elle est une figure de l’ambivalence féminine, qui s’accorde à l’ambivalence fondamentale de ce pharmakon qu’est le poison, dont l’action, selon la dose, peut être thérapeutique ou toxique39. L’empoisonneuse tue et corrompt, alors que, en tant que femme, elle est donneuse de vie et vouée à entretenir celle-ci, en procurant nourriture et soins. La traîtrise dont la rend coupable cette inversion des rôles naturels et sociaux la désigne comme la personnification d’un danger d’autant plus redoutable qu’il n’est pas marginal : l’empoisonneuse opère au centre, dans la famille ou le foyer qui sont les espaces féminins supposés naturels. Les observateurs se focalisent ainsi sur les types de la servante (Hélène Jégado étant le plus bel exemple dans la période), de l’infirmière ou de la garde-malade (Marie Jeanneret ou la femme Van der Linden), de l’épouse, surtout, reine du foyer. Dans ce dernier cas de figure, l’empoisonneuse sévit au cœur de la relation conjugale.
16Parmi les victimes de l’empoisonnement, ce sont donc surtout les maris qui retiennent l’attention. Sur les enfants empoisonnés par leur mère, dans lesquels le Compte général de 1880 voit pourtant le deuxième mobile de l’empoisonnement, après les dissensions domestiques, point de discours savant40. Seule la littérature paraît accorder une place importante au motif de la mère empoisonneuse, qui s’explique sans doute par son fort impact dans l’imaginaire, puisqu’il inverse parfaitement la fonction nourricière féminine, et peut-être aussi – ce qui est lié – par l’influence du modèle puissant de Lucrèce Borgia. L’attention se concentre plutôt sur les maris, victimes de la haine ou de la vengeance de leurs épouses, exposés surtout au péril d’un adultère qui tourne mal. Dans la littérature savante, il n’y a pas de consensus sur les mobiles de l’empoisonnement : cupidité ou adultère ? Et si, à la Belle Époque, Robinet de Cléry s’appuie sur les statistiques, plaçant les dissensions domestiques au premier rang des mobiles, pour dénoncer le vieil adage adultera ergo venefica, le criminologue Granier, lui, le reprend sans état d’âme. Les auteurs tendent à établir un partage des mobiles selon le sexe de l’accusé : aux empoisonneurs la cupidité, aux empoisonneuses l’adultère41. Dans le genre de la littérature de cours d’assises, le thème de l’empoisonneuse adultère fait recette, ainsi dans les Chroniques du crime et de l’innocence de Champagnac (1833) ou dans les complaintes. Plus largement, les histoires d’empoisonneuses y servent à réaffirmer les bienfaits d’une morale sexuelle centrée sur le mariage : « Il faut se marier au lieu de concubiner », conclut la complainte sur l’empoisonneuse des Crottes en 186942.
17Du coup, de manière assez consensuelle, la sexualité fournit la clef du crime. C’est dans ce sens que vont les analyses, souvent citées, de Lombroso : dans L’Homme criminel, le criminologue évoque des « femmes aux passions ardentes » et parle de « luxure effrénée », puis il revient à la charge dans La Femme criminelle, en affirmant que la cause du crime chez les empoisonneuses est « presque toujours érotique43 ». Du côté des chroniqueurs, on incrimine l’adultère et les mauvaises mœurs. Dans la littérature, l’image de l’empoisonneuse livrée aux excès de la chair, à la passion amoureuse, aux tourments de la jalousie traverse toute la période. Pour les grandes figures de criminelles romantiques, on mentionnera, au théâtre, la sulfureuse Lucrèce Borgia, joignant luxure, inceste, adultère, dans le roman-feuilleton, Milady, femme maléfique, séductrice, courtisane44. Mais il est d’autres visages, moins connus, comme chez Flaubert, plus discrets chez Maupassant, mais pas moins flamboyants, comme chez Barbey d’Aurevilly, avec la fascinante Hauteclaire Stassin45.
18En 1933, les photographies de Violette Nozière à la police judiciaire, yeux baissés, visage perdu dans le grand col de fourrure d’un manteau noir, font la une des journaux. Insistant sur sa sexualité précoce et sa « sensualité exigeante », la presse la décrit comme une « fleur vénéneuse du trottoir » et les complaintes chantent l’enfant sans cœur qui empoisonne ses parents « pour aller fair’ la noce46 ». On est alors dans les premiers temps de la psychanalyse en France, et la jeune fille qui, après avoir tué son père, l’a accusé de l’avoir violée viendra enrichir l’étiologie sexuelle de l’empoisonnement, en ajoutant à la traditionnelle débauche le désir œdipien. Cela s’ajoutera aussi à la cohorte de ces femmes désireuses de se débarrasser de leur mari pour refaire leur vie, quand le divorce est proscrit, l’image de la jeune fille qui secoue le joug de l’autorité paternelle pour « faire sa vie »– les surréalistes y verront un attentat libérateur contre une société patriarcale47. Geste libérateur contre l’oppression familiale, et plus largement contre une société-prison, tel est encore le sens que Mauriac a donné à l’empoisonnement commis par Thérèse Desqueyroux (1928), transfiguration romanesque d’une obscure empoisonneuse bordelaise entrevue vingt ans plus tôt au palais de justice de Bordeaux48. Le rapprochement entre ces deux empoisonneuses les plus connues de l’entre-deux-guerres, l’une réelle et l’autre fictive, suggère peut-être une inflexion dans l’image : quand l’émancipation féminine est à l’ordre du jour et fait débat, c’est, à distance ou non de la problématique sexuelle, l’empoisonnement en tant qu’homicide utilitaire perpétré à des fins de libération personnelle contre le chef de famille qui intéresse49.
Conclusion
19Quand la réflexion judiciaire et scientifique se mobilise pour lutter contre l’empoisonnement criminel, celui-ci commence sa décrue, mais les empoisonneuses ont alors pris le relais des empoisonneurs dans les tribunaux. Sur fond de mise en question des rapports entre les sexes, la réflexion, étayée sur des convictions anciennes, se concentre donc sur le poison pensé comme l’arme sournoisement utilisée par les femmes contre les hommes et leur pouvoir. Dans les premières décennies du xxe siècle, quand l’empoisonnement est devenu très rare, de fait, les empoisonneuses, comme les empoisonneurs, ont déserté le théâtre du crime et de sa punition. Mais en matière d’empoisonnement, l’ombre portée de l’empoisonneuse continue de dessiner le champ interprétatif, comme, plus largement d’ailleurs, en matière de crime féminin, et ce pour longtemps – il n’est, pour s’en convaincre, que de consulter le récent ouvrage grand public que la journaliste Véronique Lesueur-Chalmet a consacré aux criminelles du xxe siècle, où les empoisonneuses sont surreprésentées50. C’est dire son enracinement dans l’imaginaire du crime, où elle trône comme une figure intemporelle, mais sans cesse retravaillée, donc en un sens toujours contemporaine, une figure énigmatique, incarnation de la femme, de ses mystères et de ses dangers.
Notes de bas de page
1 Victor Hugo, Lucrèce Borgia, acte III, scène 1 et scène 2. Le cahier de mise en scène renseigne sur les détails du décor. Voir la belle thèse de Sylvain Ledda, Des feux dans l’ombre. La représentation de la mort sur la scène romantique (1827-1835), Paris, Honoré Champion, 2009.
2 À titre indicatif, on notera qu’en 1835, sur un total de 2463 accusés poursuivis pour crimes contre les personnes, on comptait 18 accusés d’empoisonnement (Compte général de l’administration de la justice criminelle en France pendant l’année 1835, Paris, Impr. roy., 1837, p. 2). En 1934, sur 984 accusés, 1 seul accusé (Compte général de l’administration de la justice civile et commerciale, et de la justice criminelle pendant l’année 1934, Paris, Impr. nationale, 1937, p. 132). L’empoisonnement, comme catégorie à part entière, finira par disparaître des statistiques officielles en 1978 (Robert Cario, Femmes et criminelles, Paris, Érès, 1992, p. 68).
3 La moyenne annuelle des affaires d’empoisonnement est de 29 en 1826-1830, elle atteint 41 en 1836-1840, puis elle baisse pour atteindre 14 en 1876-1880 (Compte général de l’administration de la justice criminelle en France pendant l’année 1880 et rapport relatif aux années 1826-1880, publié et commenté par Michelle Perrot et Philippe Robert, Genève-Paris, Slatkine Reprints, 1989, p. CXXXIV-CXXXV), 9 à 10 entre 1881 et 1890 (Gabriel-Adrien Robinet de Clery, Les Crimes d’empoisonnement, Paris, bureau de La Vie contemporaine, 1894, p. 15) ; les volumes annuels du Compte général donnent des chiffres encore plus bas dans les années 1920 et 1930. Notons que ces statistiques mesurent la répression du crime d’empoisonnement et non le crime d’empoisonnement lui-même.
4 Cité dans L’Intransigeant, 11 octobre 1933.
5 Détective, 10 décembre 1931 (article intitulé « Prêtresses du poison », faisant partie d’une enquête de Frédéric Boutet sur « La femme et le crime », courant sur plusieurs numéros de l’automne 1931).
6 Pour la période 1826-1830, on compte 45 % de femmes parmi les accusés d’empoisonnement (André-Michel Guerry, Essai sur la statistique morale de la France, Paris, Crochart, 1833, p. 19) ; pour la période 1864-1887,61 % (Françoise Bonef-Bouillon, L’Empoisonnement dans le Nord au xixe siècle, thèse de 3e cycle, Lille 2,1986, publication microforme Lille 3, ANRT, 1987, p. 233 ; on trouvera un graphique sur la répartition par sexe des accusés d’empoisonnement pour cette période, p. 234). Pierre Brouardel donne lui aussi un graphique intéressant pour la période 1825-1897 (Cours de médecine légale de la faculté de médecine de Paris. Les empoisonnements criminels et accidentels, Paris, Baillière, 1902, p. 51).
7 Pour la période 1826-1907, on compte 1016 hommes accusés d’empoisonnement et 1142 femmes. Ces chiffres sont donnés par Henri Lacaze, De la criminalité féminine en France, Lyon, Imprimerie de la Revue judiciaire, 1910, p. 26 ; ceux de Pierre Brouardel pour la période 1825-1897 donnent une proportion identique (Pierre Brouardel, op. cit.).
8 Raoul Sautter, Étude sur le crime d’empoisonnement, Paris, V. GiardetE. Brière, 1896 ; Ernest Dupré et René Charpentier, Les Empoisonneurs, étude historique, psychologique et médico-légale, Lyon, A. Rey, 1909.
9 Par exemple par le criminologue Alexandre Lacassagne, qui fait autorité (« Marche de la criminalité en France de 1825 à 1880. Du criminel devant la science contemporaine », Revue scientifique de la France et de l’étranger, 3e série, t. 1, 22 (1881), p. 674-684, p. 682) ou par Louis Proal, La Criminalité féminine, Paris, E. de Soye, 1890, p. 27. Voir aussi Georges Morache, « La responsabilité criminelle de la femme différente de celle de l’homme », La Revue [s. d.|, p. 580-588, p. 582.
10 René Charpentier, Dégénérescence et hystérie. Les empoisonneuses, étude psychologique et médico-légale, Paris, 1906, p. 79. Voir aussi Camille Granier, La Femme criminelle, Paris, Octave Doin, 1906, p. 224 (« Partout ce crime appartient au sexe féminin dans une proportion qui varie entre 80 et 70 pour cent et certains empoisonnements attribués aux hommes ont été inspirés par les femmes »).
11 La participation relative mesure la part des femmes par rapport aux hommes pour une infraction précise tandis que la participation absolue mesure la part des femmes dans une infraction précise par rapport à l’ensemble des infractions commises par les femmes. Cette distinction, posée par André-Michel Guerry (op. cit., p. 20), est reprise par Robert Cario (op. cit., p. 67).
12 Détective, 19 mars 1931. Compte général de l’administration de la justice criminelle en France pendant l’année 1880 et rapport relatif aux années 1826-1880, op. cit., p. XXVII.
13 Voir en particulier Cesare Lombroso et Gina Ferrero, La Femme criminelle et la prostituée, Paris, Félix Alcan, 1896, rééd. J. Millon, 1991 ; Louis Proal, op. cit.–, Henri Lacaze, op. cit.
14 Henri Legrand du Saulle, Les Hystériques : état physique et mental, actes insolites, délictueux et criminels, Paris, J.-B. Baillière, 1887, p. 470. « Ce crime se commet plus ordinairement par les femmes, parce que la faiblesse de leur sexe, ne leur permettant pas de se venger à force ouverte et par la voie des armes, les engage à prendre une voie plus cachée et à avoir recours au poison », Daniel Jousse, Traité de la justice criminelle en France, Paris, 1771, t. 4, partie 4, titre XLII, « Du crime de poison », p. 41. On retrouve encore ce genre de propos dans le Traité de droit pénal spécial de Louis Lambert, Paris, Police Revue, 1968, p. 22.
15 François Gayot de Pitaval, Causes célèbres et intéressantes avec les jugements qui les ont décidées, Paris, 1738-1743, t. 1, p. 465.
16 Alexandre Lacassagne, op. cit., p. 682.
17 Voir Henri Lacaze, op. cit.
18 Cesare Lombroso et Gina Ferrero, op. cit. Voir aussi Gina Fererro, « Le mensonge et la véracité chez la femme », Archives d’anthropologie criminelle, t. VIII, 1893, p. 138-150 ; Raymond de Ryckère, La femme en prison et devant la mort, Lyon, A. Storck, Paris, Masson, 1898.
19 Sur l’essence venimeuse de la femme, voir Danielle Jacquard et Claude Thomasset, Sexualité et savoir médical au Moyen Âge, Paris, PUF, 1985 ; Franck Collard, Le Crime de poison au Moyen Âge, Paris, PUF, 2003 ; Jean-Yves Le Naour et Catherine Valenti, « Du sang et des femmes. Histoire médicale de la menstruation à la Belle Époque », Clio, n° 14, 2001, p. 207- 229. Dans sa réflexion sur la criminalité féminine, Georges Morache reprend le thème de l’empoisonnement de la femme réglée à la lumière des découvertes de la chimie biologique, dans la deuxième moitié du xixe siècle, concernant les substances toxiques produites dans l’organisme par les phénomènes putrides (ptomaïnes), op. cit., p. 586-587.
20 Adolphe Chapuis, Précis de toxicologie, Paris, J.-B. Baillière, 1882, p. 46. Voir aussi Georges Benoit, De l’empoisonnement criminel en général, Lyon, A. Storck, 1888, p. 15.
21 Armand Corre, Crime et Suicide, Paris, Octave Doin, 1891, p. 274.
22 Ernest Dupré et René Charpentier, op. cit., p. 43 et p. 52.
23 Louis Puibaraud, « La femme criminelle », La Grande Revue, 1er mai 1899, p. 393-427, p. 414.
24 Henri Joly, Le Crime : étude sociale, Paris, Le Cerf, 1888, p. 265.
25 Henri Lacaze, op. cit., p. 29.
26 La Gazette des Tribunaux, 15 juillet 1844.
27 Le Petit Journal, 4 septembre 1869.
28 Sur l’association entre empoisonnement et sorcellerie, voir en particulier Franck Collard, « Veneficiis vel maleficiis. Réflexion sur les relations entre le crime de poison et la sorcellerie dans l’Occident médiéval », Le Moyen Âge, 1 (2003), p. 9-57.
29 Armand Fouquier, « Une nouvelle Brinvilliers. Hélène Jégado », dans Causes célèbres de tous les peuples, Paris, Lebrun, t. VII, 1865-1867, cahier 32 ; Pierre Bouchardon, Hélène Jégado, l’empoisonneuse bretonne, Paris, A. Michel, 1937 ; Peter Meazey, La Jégado. Histoire de la célèbre empoisonneuse, Guingamp, La Plomée, 1999.
30 Nombreux canards conservés à la BNF sur cette affaire. Voir en particulier Les Empoisonneuses de Marseille. 7 accusés, 3 victimes. Procès complet, contenant l’acte d’accusation, l’interrogatoire des accusés, l’audition des témoins, le réquisitoire du procureur impérial, les plaidoiries des avocats, Marseille, T. Samat, 1868. Pour la complainte, voir Trois Femmes accusées d’avoir empoisonné leurs maris. Complices. Une tireuse de cartes. Un herboriste sorcier. Aveux. Détails horribles et curieux, Marseille, J. Doucet, 1868.
31 Alexandre Dumas, « La marquise de Brinvilliers », dans Les Crimes célèbres, Genève, Famot, 1983.
32 Archives Gaumont Pathé, AF 49 1, Journal Actualité Pathé, 1re diffusion 6 septembre 1933 ; Archives de Paris, D2 U8 380, dossier de procédure, lettre au juge Lanoire [s. d.|.
33 Sont reprises ici les expressions utilisées par les observateurs ou commentateurs : voir, dans l’ordre, La Gazette des Tribunaux, 6 septembre 1840 ; Procès de madame Lafarge, Paris, Pagnerre, 1840, p. 122 (« Tout ce qu’il y avait d’enchanteur dans cette figure ») ; Armand Fouquier, op. cit., 1858, t. 1, livraisons 7 et 8 , p. 3 ; Un dernier mot pour Marie Lafarge.suividelettres par MM. Raspail, Paillet, Lachaud et Marie Capelle, Paris, Auguste Le Gallois, 1840 dans Procès de madame Lafarge, op. cit. (Raspail évoque « la magie » de son regard qui a « tant fasciné »).
34 « Fasciner », issu de fascinum, « charme », « maléfice », a pris pour premier sens « ensorceler par un charme ». Venenum signifie à l’origine « décoction de plantes magiques », « charme », « philtre », et a pris rapidement le sens de « poison » (il proviendrait d’un ancien venesnom signifiant « philtre d’amour »). Alain Rey (dir.), Dictionnaire historique de la langue française, Paris, Dictionnaires Le Robert, rééd. 1998, t. 2, p. 1400, et t. 3, p. 4018.
35 Procès de madame Lafarge, op. cit., p. 385 et p. 17.
36 La Gazette des Tribunaux, 6 septembre 1840.
37 Raymond de Ryckère, La Servante criminelle, Paris, A. Maloine, 1908.
38 Marc Abelous, Étude des dispositions répressives et préventives de la loi pénale française en matière d’empoisonnement, Montpellier, 1929, p. 19.
39 Sur la parenté entre médicament et poison, voir Hegel, Encyclopédie des sciences philosophiques, II, Philosophie de la nature, Paris, Vrin, 2004 ; Claude Bernard, Leçons sur les effets des substances toxiques et médicamenteuses, Paris, J.-B. Baillière, 1857.
40 Gabriel-Adrien Robinet de Cléry mis à part, qui commente « Chose horrible ! » (Les Crimes d’empoisonnement, Paris, bureau de La Vie contemporaine, 1894, p. 24).
41 Pourtant signalé par Guerry comme le premier mobile de l’empoisonnement à une époque où celui-ci est davantage commis par les hommes (op. cit., p. 31).
42 Sombreval, L’Empoisonneuse des Crottes (banlieue de Marseille), Marseille, J. Doucet, 1869.
43 Cesare Lombroso, L’Homme criminel, Paris, Félix Alcan, 1887 (1876), t. 1, p. 433, et op. cit., p. 313.
44 Alexandre Dumas, Les Trois Mousquetaires (1844).
45 Gustave Flaubert, Passion et Vertu (écrit de jeunesse, éd. 1910) ; Guy de Maupassant, « La confession », Contes du jour et de la nuit (1885) ; Barbey d’Aurevilly, Le Bonheur dans le crime (1874).
46 Paris-Soir, 1er septembre 1933 ; « Le drame dans toute son horreur », Paris, M.-R. Rousseaux, 1933 (complainte conservée à la Bibliothèque des littératures policières, Paris).
47 Voir le recueil, Violette Nozières, Bruxelles, Nicolas Flamel, 1933.
48 Voir Jean-Charles Gonthier, L’Affaire Canaby. La vraie Thérèse Desqueyroux, Paris, Éditions des Écrivains, 2000.
49 Je reprends cette expression à J. Pottecher qui explique la recrudescence des empoisonnements dans les années 1944-1948 par une évolution de ses mobiles en ce sens. « Observations sur la criminologie de l’empoisonnement », Revue de science criminelle et de droit pénal comparé, 1 (janvier-mars 1955), p. 307-312.
50 Véronique Lesueur-Chalmet, Femmes et criminelles. Des sœurs Papin à Simone Weber, une histoire sanglante des faits divers, Paris, Le Pré aux Clercs, 2002. Sur huit biographies de femmes criminelles présentées, trois au moins concernent des empoisonneuses, regroupées dans un même chapitre surdimensionné (quatre si l’on y ajoute Simone Weber).
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Figures de femmes criminelles
Ce livre est cité par
- (2012) Penser la violence des femmes. DOI: 10.3917/dec.cardi.2012.01.0413
- (2021) La femme devant ses juges. DOI: 10.4000/books.apu.26010
- Charageat, Martine. (2021) Handbuch zur Geschichte der Konfliktlösung in Europa Konfliktlösung in der Frühen Neuzeit. DOI: 10.1007/978-3-662-56102-7_13
- Blanchard, Véronique. Duffuler-Vialle, Hélène. (2018) Le chemin des « mauvaises filles ». Criminocorpus, revue hypermédia. DOI: 10.4000/criminocorpus.3744
- Ménabé, Catherine. (2022) LA VIOLENCE DES FEMMES JUDICIARISÉES. Revue québécoise de psychologie, 43. DOI: 10.7202/1092105ar
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