Introduction – Deuxième partie
p. 145
Texte intégral
1Un Espagnol adversaire déclaré des Français, ou réputé tel, peut tomber aux mains des “envahisseurs” de mille et une façons. Sa qualité, la nature de son délit (si c’est un civil), le déroulement de la bataille perdue, les termes du texte de capitulation (si c’est un militaire) déterminent les modalités multiformes de la capture. Une fois dans les griffes des Français, l’Espagnol mis provisoirement hors d’état de nuire n’a pas encore de destin tracé, car le transfert outre-Pyrénées n’accompagne pas obligatoirement la détention.
2Pour certains, une longue incarcération en Espagne commence ; pour d’autres, un dénouement heureux – la remise en liberté – est en vue ; d’autres encore finiront sur le gibet ou sous les balles d’un peloton d’exécution.
3Une faible partie seulement de ces criminels ou simples suspects est conduite en France, et ce au nom de considérations diverses : ou bien les responsables impériaux estiment que l’exil fera entendre raison à ces égarés, ou bien ces individus encombrent fâcheusement les prisons, ou bien on a peur que ces coquins ne profitent d’un environnement favorable pour déguerpir ou se soulever.
4Au contraire des prisonniers civils et des otages qui peuvent être, selon le cas, laissés en prison, relâchés ou fusillés, les prisonniers de guerre sont voués à la déportation. Ils n’y échappent qu’à la faveur de circonstances exceptionnelles : s’ils ont la chance d’être choisis par le Roi Joseph et enrôlés à son service ; en second lieu, si un texte de capitulation rend la liberté à une certaine catégorie de vaincus ou laisse prévoir un échange.
5Plus encore que les textes réglementaires qui, parfois vieux de quelques années, s’appliquent mal à la réalité du conflit ouvert en 1808, ce sont des fonctionnaires impériaux et des civils (préfets, généraux divisionnaires, commandants de dépôts, maires) qui rendent compte de l’extraordinaire diversité des Espagnols en France : de leur origine sociale, des raisons qui ont déterminé la sanction, mais aussi des régimes auxquels ils sont soumis, des lieux où ils sont reçus, des catégories dont ils relèvent.
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