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Le socialisme devant ses choix

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Jean-François Biard

Avant propos

Jean-François Biard

Texte intégral

1L’idée du plan apparaît au centre des polémiques qui divisèrent la gauche française dans les années trente. Tandis que la C.G.T. se proclame « planiste », la S.F.I.O. se divise entre une majorité qui refuse, au nom de la doctrine, cette formule nouvelle, et une minorité qui invoque l’innovation du plan en accusant les dirigeants du parti de conservatisme. La scission néo-socialiste n’a été que l’épisode le plus marquant de cet affrontement.

2Cependant, si l’idée du plan s’est affirmée pendant la crise des années trente, on oublie trop souvent qu’elle s’était déjà manifestée dans les années précédentes : En 1930, le planisme de la C.G.T. plonge ses racines dans la doctrine économique que le syndicalisme élabore au lendemain de la première guerre mondiale. Quant à la controverse qui oppose planistes et anti-planistes au sein de la S.F.I.O., elle n’est pas sans rapport avec un débat plus ancien qui oppose, dans les années vingt, « participationnistes » et « anti-participationnistes » du parti sur le problème du pouvoir.

3La compréhension de l’idée du plan exige ainsi une analyse de l’évolution du mouvement ouvrier sur l’ensemble de la période de l’entre-deux-guerres. Comment cette idée s’est-elle progressivement insérée dans le débat du syndicalisme et du socialisme français ? En quoi innovait-elle par rapport à la tradition de ces mouvements et pourquoi les a-t-elle si profondément divisés ? Telles sont les questions auxquelles ce livre voudrait répondre en retraçant la genèse de l’idée du plan depuis la fin de la guerre et en recherchant les sens des différentes manifestations de planisme et d’anti-planisme.

4L’idée du plan a surgi au contact de réalités nouvelles et a été confrontée à la doctrine des mouvements ouvriers. De ce fait même, son histoire est particulièrement propice à une étude de l’interaction complexe entre les données structurelles et les exigences doctrinales, – interaction des exigences et des données qui permet de mieux comprendre l’évolution et la politique des mouvements ouvriers. Pourquoi, notamment, le courant que l’on appelle alors la « social-démocratie », a-t-il manifesté une résistance si tenace à l’idée du plan ?

5L’intérêt d’une telle recherche n’est pas seulement d’ordre historique ou méthodologique. Dans la mesure où la formule du plan apparut dans la crise plus cohérente et mieux adaptée que celle des programmes proposés jusqu’alors par la gauche, on doit s’interroger sur le caractère et la portée de la révision doctrinale qu’elle implique. Si, selon l’adage, « l’histoire ne se répète jamais deux fois », il existe cependant des situations, des contraintes ou des résistances de même nature qui, quelles que soient les époques auxquelles sont confrontées les organisations, tendent à contrarier leur action si elles ne conçoivent pas des formules adaptées pour y parer.

6Les questions traitées dans ce livre ont été la matière d’une thèse de doctorat d’Etat en Science Politique soutenue dans le cadre de l’Université de Paris I.A Monsieur le Professeur Léo Hamon qui fut le directeur de cette thèse, je tiens ici à exprimer ma profonde reconnaissance pour son aide et ses précieux conseils. En se prêtant à un dialogue permanent, il sut également par son amitié, créer un climat sans lequel cet ouvrage n’aurait jamais vu le jour.

7Mes remerciements vont également à Monsieur le Président Jules Moch, à Monsieur le Professeur Georges Lefranc, historien et acteur de cette période, et à Louis Vallon. Les souvenirs qu’ils évoquèrent et leur réflexions sur un passé vécu ont inspiré, plus que les seules références à leur nom pourraient le faire croire, le contenu de ces chapitres. Que Messieurs Jacques Droz, Jean-Pierre Cot et René Rémond soient également remerciés. Ils trouveront dans ce livre la trace des conseils prodigués. La liste serait incomplète si j’omettais de citer Charles Bloch, l’infatigable ami de tous les instants.

8On me permettra enfin d’exprimer ma reconnaissance à mes parents pour leur soutien affectueux, à Catherine pour les sacrifices inévitables qu’elle sut accepter, et d’inscrire naturellement en tête de ces pages les noms de mes enfants, Isabelle, Olivier et Frédéric auxquels je dédie ce livre.

© Éditions de la Sorbonne, 1985

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