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    Plan détaillé Texte intégral I – LE PROGRAMME II – DOCTRINE ET ENVIRONNEMENT DOCTRINAL III – LA RÉFORME DE L’ÉTAT – DE LA THÉORIE A LA PRATIQUE Notes de bas de page

    Centrisme et démocratie chrétienne en France

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Chapitre IV. Le programme et la doctrine

    p. 95-135

    Texte intégral I – LE PROGRAMME Le Programme du P.D.P. : Aspects politiquesLe Programme Social : une synthèse ?Politique Religieuse et ScolaireProgramme Économique, InternationalUn Programme Catholique Centriste et une Notion de la DémocratieLe Problème de la "Confessionnalité" du P.D.P. II – DOCTRINE ET ENVIRONNEMENT DOCTRINAL "Politique"Sturzo, Prelot et les Thèses "Popularistes""Cahiers de la Nouvelle Journée" et Paul ArchambaultMaurice Hauriou et Théorie de l’InstitutionMaurice BlondelJacques MaritainMounier et la Démocratie ChrétienneBernanosRobert Cornilleau. Idées et Rôle. Un homme de contradictions III – LA RÉFORME DE L’ÉTAT – DE LA THÉORIE A LA PRATIQUE Réforme Administrative et RégionalismeLa Réforme du Suffrage Universel Notes de bas de page

    Texte intégral

    I – LE PROGRAMME

    1Le programme du P.D.P. fut élaboré officiellement lors du Congrès constitutif de novembre 1924. Ce "programme de base" fut précisé par la suite, ainsi par le Manuel Politique de Raymond-Laurent et Marcel Prelot et constamment affiné lors des Congrès par les déclarations du Parti, mais aussi dans Le Petit Démocrate et Politique. Quant aux "sources doctrinales" de ce programme, il faudrait les rechercher dans celui de la "Démocratie Chrétienne", divers autres apports et dans une "synthèse doctrinale" que le P.D.P. avec tout au moins quelques uns de ses éléments intellectuels a tenté d’élaborer à partir d’éléments comme le "popularisme" de Luigi Sturzo, le "personnalisme" de Paul Archambault, les théories "institutionnalistes", etc... à resituer dans ce que l’on peut appeler son "environnement doctrinal". On doit cependant se demander si une certaine distorsion n’a pas existé entre cet environnement et les prises de position concrètes sur les problèmes spécifiques, entre les "doctrinaires" du Parti et les "politiques", même si un organisme comme le "Bureau d’Études" autour de Bastianelli et Prelot a essayé d’opérer une liaison.

    Le Programme du P.D.P. : Aspects politiques

    2Le programme élaboré au Congrès de 1924 est précédé d’une "déclaration de principes du Parti Démocrate Populaire" qui affirme notamment : "nous sommes républicains de cœur et de raison". Cela signifie que l’on ne se présente pas comme de simples "Ralliés". On déclare d’autre part : "pour nous la République n’est pas un événement de hasard, elle est la conclusion d’une lente évolution qui, commencée avec les communes du Moyen Âge s’est poursuivie jus qu’à nos jours à travers les siècles de notre histoire". Après cet acte de foi en une République conçue de façon particulière, il est affirmé parallèlement : "nous sommes démocrates", la Démocratie impliquant la participation des citoyens à la direction des affaires publiques, mais aussi des "vertus civiques" qui lui sont nécessaires, une autre condition étant le respect par l’État des forces morales et religieuses1. Ces principes de base sont ensuite développés d’une autre façon dans un communiqué à la presse qui dégage les idées essentielles du P.D.P. en quatre points, appelés bientôt les "quatre points cardinaux du Parti" : 1°) attachement à la République et aux libertés politiques (liberté de conscience, liberté d’enseignement et d’association, liberté de la presse et de réunion), 2°) volonté de réaliser la démocratie dans l’organisation économique et sociale par une évolution hardiment réformatrice et par une collaboration sincère des divers éléments de la production, 3°) éducation civique des esprits et des consciences par l’appel aux forces morales et le respect des consciences religieuses, 4°) une politique extérieure à la fois résolument française et nettement favorable aux méthodes de conciliation internationale. On ajoute que ces quatre points ne se trouvaient réunis jusqu’ici dans le programme d’aucun parti.

    3Les "questions politiques" avaient soulevé le moins de difficultés dans les discussions. Il est reconnu que si la Constitution de 1875 a permis à la République de s’organiser, elle a besoin de certaines retouches et qu’il faudrait en particulier "l’amender pour donner au gouvernement plus de stabilité, aux organismes sociaux et professionnels plus d’autorité dans la nation" par une représentation et une place dans les "Conseils de l’État". Le P.D.P. se déclare partisan d’une profonde réforme administrative qui substituerait la région aux divisions actuelles et qui "réaliserait une décentralisation sans cesse ajournée". La question du statut des fonctionnaires est aussi abordée. Le programme demande un statut qui comporterait le droit syndical et interdirait la grève dans les services publics. A propos du suffrage il réclame une réforme par l’institution de la représentation proportionnelle intégrale, le vote familial, le vote obligatoire, le vote des femmes et le référendum. Ce programme politique comporte donc déjà un certain nombre de points originaux : représentation politique des intérêts et des "corps intermédiaires", réforme administrative par la décentralisation, réforme du suffrage universel. Tous ces points se trouvaient déjà dans le premier Manuel politique et social de Raymond-Laurent, celui de 1924 intitulé Le Programme des Républicains-Démocrates2(avant la formation du Parti). La "déclaration de principes" s’en est servie et ce fut un des points de départ de la "Commission du programme" au détriment de celui de la L.N.D. Raymond-Laurent y estimait alors nécessaire une "mise au point” de la Constitution, tout en déclarant imprudents des remaniements profonds. Il se prononçait en faveur d’une révision modérée" qui rendrait illusoire la recherche d’un modèle extérieur.

    4Ce Manuel connaît ensuite une nouvelle version et un remaniement dans le Manuel Politique de Raymond-Laurent et Marcel Prelot paru en 19283. Ce dernier y ajoute des développements doctrinaux plus importants. Sur le plan institutionnel il parle cette fois dans ce qu’on peut considérer comme un développement officieux du programme du Parti des "déviations de la Constitution" et l’on se prononce toujours pour une "révision" nécessaire, une réelle "collaboration des pouvoirs", c’est-à-dire l’exercice d’un véritable régime parlementaire entre un "Gouvernement présidentiel" et la "confusion des pouvoirs qui entraîne la dépendance de l’exécutif4. Le remède pour y parvenir serait un véritable usage du droit de dissolution. Il faudrait élargir les droits du Président de la République, mais on se déclare hostile à l’élargissement de son corps électoral, à cause des risques de pouvoir personnel5. C’est toujours vers un "révisionnisme modéré" restaurant les pouvoirs de l’exécutif, mais évitant que le balancier n’aille trop loin dans l’autre sens, que l’on continue à s’orienter. Le Manuel de 1928 revient également sur la question du suffrage, dénonce l’hostilité de certains milieux de gauche contre le vote féminin, établit nettement la différence entre le "vote familial" et le "vote plural", avec lequel d’aucuns voudraient le confondre6. Il revient aussi sur la "représentation nécessaire" de "la vie familiale, professionnelle, économique, sociale, intellectuelle". Cette fois il se prononce pour la création de deux conseils auprès des deux Chambres, l’un professionnel, économique et social, l’autre juridique. Mais il ne doit pas s’agir d’un "Sénat professionnel", la représentation devant rester consultative7.

    5Quant à la "profonde réforme administrative" dont il est question dans le programme officiel, elle figurait déjà aussi dans le "programme de 1924" qui préconisait la formation de régions administratives et d’un Conseil régional à base professionnelle8. Le Manuel de 1928 réaffirme à nouveau nettement que la décentralisation est une véritable méthode démocratique, que le régionalisme complète et parachève. Il faut poser le principe de régions communes aux différentes administrations (20 ou 25), ayant de véritables pouvoirs autour d’un "Conseil régional"9. Un programme général de "Réforme de l’État" avait donc été abordé à la fois par le programme officiel de 1924, le "programme des Républicains-Démocrates" qui en fut une des inspirations principales et par le Manuel de 1928. Ces questions feront l’objet surtout des études du Congrès de 1929.

    6Si au niveau strict des institutions, on a affaire à un "révisionnisme modéré" hostile à une révision d’ensemble dans un sens autoritaire tel qu’on pouvait la préconiser à droite, ce thème s’intègre à un ensemble bien plus vaste de "réforme de l’État" sous l’influence d’éléments de la doctrine catholique sociale : représentation des intérêts, des professions et des corps intermédiaires aux côtés du régionalisme, de la décentralisation, de la réforme du suffrage universel, tous éléments qui seront développés par la suite.

    Le Programme Social : une synthèse ?

    7Le second aspect concerne les "questions sociales" : développements sur la famille, la législation sociale, le syndicalisme, l’organisation professionnelle, etc... La "famille" est la première abordée, étant toujours considérée par les catholiques sociaux et les démocrates chrétiens comme la "cellule de base" de la société. Il est déclaré ici nettement que "la famille est le fondement de la nation" et l’on réclame une "politique familiale qui assure la stabilité de la famille, allège les charges des familles nombreuses, favorise la natalité, protège l’enfance". Le Manuel de 1924 préconisait un système d’allocations et de "sursalaire" familial sur le modèle des "caisses de compensation" mises en place par les catholiques sociaux en particulier. Celui de 1928 affirme qu’il faut doubler la politique familiale d’une politique de la population par des dégrèvements fiscaux, une politique du logement, etc. Dans le domaine social, le programme du P.D.P., s’il évoque "l’effort persévérant" et "l’œuvre sociale déjà considérable" réalisés par la IIIe République demande que cette législation encore insuffisante soit sincèrement appliquée (8 heures, repos hebdomadaire) et soit surtout complétée par un système d’assurances sociales. Ce programme conforme à la doctrine de la "Démocratie Chrétienne" et du Sillon se trouvait dans le Manuel de 1924. Celui de 1928 y ajoute les "vacances payées" en reconnaissant le mouvement qui se dessine dans ce domaine10. Mais on admet aussi que la législation française reste l’une des plus médiocres en ce qui concerne la prévoyance sociale. Les difficultés financières ne doivent en aucun cas être un obstacle au vote de la loi sur les assurances sociales11. Une doctrine sociale conforme à un "Catholicisme Social avancé" et à une "Démocratie Chrétienne modérée" s’affirme ici, mettant l’accent sur les vertus d’une législation sociale réellement appliquée, l’évolution réformatrice, la collaboration sociale opposée à la lutte des classes. Le tout aboutit à un réformisme social à la fois hardi face à certaines tendances de la Droite et prudent

    8Une autre dimension fondamentale de ce programme social est la dimension syndicale et de l’organisation professionnelle. On assure notamment que celle-ci doit être développée par les encouragements donnés à l’établissement de commissions paritaires permanentes entre syndicats patronaux et ouvriers. Le Manuel de 1924 se prononçait pour un "syndicalisme vraiment professionnel" et proclamait nettement que c’était aux syndicats de la C.F.T.C. que les Républicains-Démocrates apportaient leur concours. Ce soutien est réaffirmé dans le Manuel de 1928 qui salue le "programme d’évolution et de paix sociale" de la C.F.T.C. Une influence modératrice des "catholiques sociaux" peut se retrouver dans le paragraphe sur le problème de la "participation des travailleurs" qui doivent "prendre une part croissante à la gestion de leurs intérêts professionnels". Mais le programme sur ce point va moins loin et est moins précis que celui de la L.N.D. Le Manuel de 1928 tente de poser plus nettement les "principes dans les rapports capital-travail”, évoque la "cogestion" comme moyen d’établir la "collaboration sincère entre les différents éléments de la profession". L’évolution doit porter à la fois sur le gouvernement de la profession, la gestion de l’entreprise et s’appuyer sur le syndicalisme et des "conseils d’usine" qui sont un "acheminement vers la participation ouvrière", suivant les conseils de Léon Harmel. Pour la "participation aux bénéfices", une préférence est marquée pour "l’actionnariat ouvrier" sous la forme de l’actionnariat collectif et syndical12. Quant à la "collaboration dans la profession", elle doit se réaliser par les procédures de conciliation et d’arbitrage et des institutions permanentes reposant sur des commissions mixtes.

    9Sur tous ces points le Manuel de 1928 va plus loin que le programme officiel du Parti et détaille aussi davantage le problème de la "représentation professionnelle" qui aboutit à une transformation dans les faits du système économico-social. Selon le P.D.P. elle reste en France très insuffisante. Il faudrait tout d’abord établir les règles de l’électorat professionnel, installer des Chambres régionales s’appuyant sur ce qui existe déjà (Chambres de Commerce, d’Agriculture) et réformer le Conseil économique dont on devrait élargir les attributions13. Ces idées se trouvent à la rencontre d’un certain Catholicisme Social et de la Démocratie Chrétienne. Le programme social est précisé dans d’autres directions, ainsi sur le plan de la "coopération" et du "crédit" à favoriser sous toutes leurs formes. Un paragraphe entier du programme de 1924 est consacré aux "classes moyennes". Il y est affirmé que le bien-être du pays exige qu’elles soient "maintenues dans leur force et leur capacité économique", des mesures concrètes étant proposées. Le Manuel de 1928 regrette que l’organisation des classes moyennes soit "la dernière en date"14. Cet intérêt spécifique est bien caractéristique de la sociologie et de l’idéologie du Parti.

    10Un autre point concerne la question de "l’Éducation Démocratique" entendue dans le sens d’une "Éducation par la presse, les conférences et les cercles d’études", d’une "éducation populaire" visant à la "formation d’une élite". La "politique fiscale" qui fait l’objet d’un titre spécial peut être rattachée à cet ensemble social. Le Parti affirme qu’il importe, plus à la charge des impôts étant lourde qu’elle soit équitablement répartie. La progressivité des charges fiscales et la réduction des impôts indirects de consommation répondent à cette nécessité de justice, ainsi que des mesures contre la fraude. On exige une "rigoureuse compression des dépenses". Le Manuel de 1924 s’était prononcé contre la suppression de l’impôt sur le revenu préconisée par "certains groupements économiques" et reconnaissait la vocation du système fiscal à corriger "l’inégale répartition des richesses". Celui de 1928 déclare que l’effort du contribuable a atteint à présent un point critique. Au sujet d’un éventuel "prélèvement" sur le capital on estime qu’il affolerait inutilement une grande partie de l’opinion. Mais l’impôt indirect pourrait être "personnalisé" par une restitution aux chefs de famille15. Sur le terrain fiscal, le programme se veut "au Centre". Il se prononce à la fois contre la "personnalité" absolue de l’impôt chère aux Partis de gauche et la "réalité" des partis conservateurs. Par le refus de l’impôt sur le capital, l’attitude sur la question des monopoles et des concessions, il peut assez nettement être classé au Centre-Droit.

    Politique Religieuse et Scolaire

    11Le programme de "politique religieuse" qui fait l’objet d’un développement spécifique avait soulevé le plus de discussions autour de la question de la confessionnalité et de la laïcité du Parti. Il affirme en tout cas : "nous voulons le maintien de l’union nationale entre tous les citoyens par le respect des forces morales et religieuses. La paix religieuse est indispensable au bon fonctionnement des institutions démocratiques". Cela conduit le P.D.P. à prendre position sur la question des fameuses "lois intangibles" : "nous sommes les adversaires de toute politique sectaire que nous considérons comme une violation du droit même si elle prétend s’appuyer sur des lois soi-disant intangibles. Dans un régime démocratique surtout... il n’y a que des lois perfectibles". En conséquence le Parti revendique la liberté d’amender les lois contraires aux droits des citoyens, à l’égalité, aux droits de la famille. Il définit une conception de la laïcité qui doit être pour l’État "son impartialité entre les différentes confessions dans une nation où l’unité de croyance n’existe pas", et que l’on ne doit pas confondre avec le laïcisme "qui fait de l’irréligion une sorte de religion d’État". Tout un domaine important du programme du P.D.P. et du sens de son action se trouve donc ici, réponse étant donnée à certains problèmes fondamentaux pour un Parti formé essentiellement de catholiques : condamnation des "lois intangibles", distinction entre une laïcité acceptée et le laïcisme.

    12Le Manuel de 1924 s’orientait déjà dans ce sens et celui de 1928 développe les mêmes thèmes : un régime démocratique doit être un régime de liberté et d’égalité politiques ne créant pas de "citoyens de seconde zone", toute loi étant révisable16. Ce programme sera le point de départ des attitudes du P.D.P. sur les questions de la laïcité, des Congrégations, des lois de 1901 et de 1904 et de son action dans ce domaine. La "politique religieuse" est en fait connexe de la "question scolaire" qui est abordée dans un titre spécial. On y affirme tout d’abord que "l’école est l’auxiliaire de la famille qui conserve un droit naturel et imprescriptible sur l’éducation de l’enfant". Parallèlement la liberté à tous les degrés doit être sincèrement respectée et l’enseignement libre doit être considéré comme "l’auxiliaire de l’enseignement public dans l’œuvre de l’Éducation nationale". La question de la "Répartition Proportionnelle Scolaire" (R.P.S.) avait été abordée par le Manuel de 1924 qui avait montré qu’elle constituerait une nouvelle et lourde charge pour le budget. Le programme officiel ne l’aborde pas. Le Manuel de 1928 revient sur la question en indiquant les objections qui sont faites de la part même de partisans déterminés de l’enseignement libre. La formule concrète proposée est celle de la "liberté subsidiée", d’une collaboration de fait à préciser entre l’enseignement d’État et l’enseignement Libre17. En ce qui concerne le problème de "l’École Unique" non abordé dans le programme de 1924, le Manuel de 1928 examine la question de façon objective, les arguments des adversaires et des partisans, et reconnaît son "idéal légitime" quoique les moyens employés pour y parvenir soient déclarés contestables18. En fait la plupart de ces idées seront reprises et précisées avec une plus grande ampleur dans les années suivantes par Bastianelli au Congrès de 1930 en particulier sur la réforme de l’enseignement, où le P.D.P. essaiera de développer une position neuve et originale, en recherchant une sorte de compromis sur la question scolaire19.

    Programme Économique, International

    13La "politique économique" fait l’objet d’un développement assez court qui évoque une mise en valeur des richesses, une lutte contre la vie chère, une protection de l’épargne. Le Manuel de 1928 essaie de préciser un peu les choses notamment pour le rôle économique de l’État dont on admet qu’il est par l’évolution même, considérable, à côté du maintien cependant de la prédominance de l’initiative et de la propriété privées. En ce qui concerne les doctrines économiques en présence, entre le libéralisme et le socialisme renvoyés dos à dos, on reconnaît qu’à première vue, le Catholicisme Social n’apparaît que comme une variété de l’interventionnisme", mais il a une conception de la finalité de l’économique qui lui est étrangère et transcendante. Il est rappelé que la doctrine catholique sociale considère que l’État a une action positive à exercer dans l’activité économique20. Un autre domaine bénéficie d’un titre spécial, "la politique rurale", nouvelle illustration de l’intérêt porté au monde rural. Il est affirmé que "la terre est une des sources principales de notre richesse nationale". Afin d’aider l’agriculture, il importe essentiellement de développer les organisations agricoles : syndicats, coopératives, mutuelles, caisses de crédit qui doivent cependant "revêtir un caractère nettement social". Le programme rural sera constamment précisé et développé par la suite, dans une des dimensions importantes de l’action du Parti.

    14Une dernière partie est consacrée à la politique internationale. On y souhaite "l’avènement d’un ordre international capable d’assurer la paix". Le programme se veut ici "centriste". Il comporte d’une part des déclarations pouvant aller en 1924 dans le sens d’une "Droite nationaliste", comme sur "la justice qui exige la réparation des dommages causés par la guerre", sur "la stabilité qui exige le respect des traités". Mais à côté de cette dimension d’une "politique résolument française", une autre se développe en faveur des "méthodes de collaboration internationale". On assure que la France doit se souvenir que la sécurité d’un seul est en relation avec la sécurité de tous, éloge étant rendu à la Société des Nations. Dans ces conditions le P.D.P. est "décidé à travailler au désarmement moral, au développement de l’esprit de paix". La France doit jouer un premier rôle dans l’organisation internationale de la paix.

    15Le programme initial sur ce terrain est marqué d’influences complexes, venant à la fois des thèmes nationalistes classiques et de positions favorables à l’arbitrage, à la S.D.N. Il témoigne de la volonté d’une position "centriste", avant une évolution sur ce plan plutôt dans le sens de la "Gauche". Le Manuel de 1924 avait abordé certains de ces thèmes comme celui d’une "S.D.N. fortement organisée", mais parlait du respect des traités, des droits de la France avec justification de l’occupation de la Ruhr21. Dans celui de 1928, si on condamne toujours une "révision... ouvrant la voie à des compétitions pouvant aller jusqu’à de nouveaux conflits armés", il est aussi affirmé que cela n’implique pas une complète immobilité. La "collaboration internationale" est présentée comme "le meilleur des remèdes"22. En effet le P.D.P. avait évolué de 1924 à 1928 en faveur de la politique de Briand, du rapprochement franco-allemand, et dégagé des positions originales sur le plan international qui seront bientôt parmi celles qui lui seront le plus reprochées par la Droite traditionnelle.

    Un Programme Catholique Centriste et une Notion de la Démocratie23

    16Le programme démocrate populaire de 1924 est un programme qui s’inspire des thèmes fondamentaux au niveau doctrinal et en particulier social du Catholicisme Social et de la Démocratie Chrétienne, mais adhérant à la démocratie libérale. On a affaire à un réformisme modéré sur le terrain social, à un interventionnisme économique également modéré, où peuvent se rejoindre les trois traditions catholique sociale, démocrate chrétienne et catholique libérale. Cette "concentration" des traditions se retrouve également sur le plan politique général : révisionnisme modéré sur le terrain des institutions, et essai d’élaboration d’une théorie "centriste" dans la politique française que l’on retrouve aussi pour les problèmes internationaux et pour les problèmes religieux et scolaires. On a par ce programme à la fois une "concentration” idéologique des tendances catholiques "de gauche" et la cristallisation d’une tendance politique qui dans les conditions de la politique française ne pouvait que se placer au Centre et opérer une synthèse entre certains éléments de gauche et de droite. La pente sociologique et idéologique dominante se trouvait cependant à droite, mais mêlée à quelques éléments d’"avancée à gauche" en matière sociale et internationale. Cette concentration des tendances "catholiques de gauche" après les ruptures avec les éléments les plus à gauche de la Démocratie Chrétienne, le rapprochement avec les catholiques sociaux et libéraux ne pouvait se faire qu’au Centre-Droit de la politique française. Il n’en reste pas moins qu’une "volonté centriste” réelle apparaissait, à côté ou en face de la Droite modérée traditionnelle, avant qu’elle ne se traduise politiquement par la théorie de la "concentration".

    17Robert Cornilleau dans Pourquoi les Démocrates Populaires ont formé un Parti nouveau, pose bien un certain nombre de problèmes. Le P.D.P. a été créé affirme-t-il en vue de réaliser "une tâche de rapprochement, de réconciliation autour de l’idée républicaine"24. Face à la "crise de l’idée républicaine", il faut trouver les éléments d’une nouvelle "foi républicaine" dans un République rénovée et tolérante. Sur "le terrain de la liberté" un accord n’est pas impossible et il est même souhaitable avec toutes les autres tendances républicaines, cherchant un accord sur des points comme la "Réforme de l’État". Il s’agit d’aboutir à une "définition nouvelle de la République", d’une République moderne où la tendance qu’incarne le P.D.P. pourrait prendre sa place. Les Démocrates Populaires peuvent prétendre jouer un rôle fondamental pour raffermir et renouveler la République grâce à leurs ferments spirituels. Cet esprit de rénovation de la République est selon Cornilleau ce qui le sépare des autres "partis nationaux" dont il évoque la "grande misère" doctrinale, et les carences sociales et internationales25. Le P.D.P. a essayé de faire comprendre à la fois sa nature et ses buts véritables qu’il estimera toujours être mal compris. Georges Hourdin en 1932 tente de montrer "les caractères du P.D.P. "qui est un Parti de Centre à la fois par son programme et sa tactique, catholiques et non catholiques ayant intérêt à oublier leurs querelles et à collaborer sur le terrain politique"26. Le Bulletin n° 3 du S.I.P.D.I.C. (juillet 1929) sous le titre "Le P.D.P. dans la politique française" marque l’importance pour celle-ci d’un Parti qui se veut au Centre. Le malheur est qu’il n’existe pas vraiment un Centre français à cause essentiellement de la question religieuse. Son rôle peut être d’arriver à le fonder, en éliminant cette question et en aboutissant ainsi à un "déclassement" des partis. Ces déclarations nombreuses à propos de sa "volonté centriste" du Parti établissent un lien constant entre sa doctrine, ses attitudes sur la "question religieuse", sa tactique politique qui visent à constituer un "Centre" permettant de supprimer le clivage religieux.

    18Il s’agit encore de fonder un "nouvel ordre démocratique" par une révision des vieux cadres traditionnels, la Démocratie n’étant pas pour lui véritablement installée en France à cause de la fausse démocratie jacobine en particulier. Ici Marcel Prelot dans Démocratie Populaire et réforme de l’État a le mieux exposé la problématique du type de démocratie que vise à fonder le P.D.P.27 : tout comme le mot "République", celui de "Démocratie" a pu vieillir et perdre de sa force. Il s’agit de redonner une nouvelle vigueur aussi à l’idée démocratique et "la Démocratie Populaire" telle qu’elle est proposée peut être une chance d’y parvenir. Il réfute le caractère pléonasmique de l’expression et montre qu’il s’agit au contraire d’un enrichissement de l’idée démocratique par le "Popularisme" d’un Sturzo qu’il se consacre à faire connaître en France. C’est surtout pour Prelot une démarche tout à fait différente de celle pouvant être proposée par une "Démocratie Chrétienne" au sens strict dépolitisée, l’adjectif "Populaire" enrichissant le terme de démocratie d’une conception organique de la Société. En fait on pourra se demander si le "Popularisme Démocratique" a été vraiment la doctrine officielle du P.D.P. ou plutôt celle de certains de ses doctrinaires. Mais il s’intégrait dans une recherche et une volonté d’approfondissement de l’idée démocratique et dans l’inspiration générale de la "Démocratie Chrétienne". De plus il y avait l’idée sincère que cet approfondissement lié au retour aux sources chrétiennes pourrait être réellement bénéfique à la démocratie française par la définition d’une démocratie sociale, populaire et d’inspiration chrétienne. On avait donc au P.D.P. un programme, une doctrine et une visée politiques. Ce programme sera constamment précisé sur tous ces terrains, la doctrine et la visée politique se vérifiant progressivement dans la politique française. Le tout était soutenu par une doctrine fondamentale complexe intégrant divers éléments dont on peut se demander si elle n’a pas été en constante élaboration, au milieu d’un "environnement doctrinal" à décomposer, et lié à une tentative de "synthèse doctrinale".

    Le Problème de la "Confessionnalité" du P.D.P.

    19Le P.D.P. a toujours refusé d’être considéré comme un "parti catholique". Il ne pouvait s’appeler "démocrate chrétien" et aurait d’ailleurs refusé cette étiquette, de même qu’il a récusé dans son programme toute mise en avant d’un caractère confessionnel. Par ailleurs il s’est caractérisé par le fait d’une acceptation d’une certaine" sécularisation de la société" et du "fait de la laïcité". Cependant il était évident et il le reconnaîtra qu’il s’inscrivait dans une tradition où apparaissent essentiellement le Catholicisme Social, la Démocratie Chrétienne, ces racines étant mises en avant par le Parti lui-même pour expliquer ses origines. Il était aussi clair dès le début que le P.D.P. était constitué essentiellement de catholiques militants et connus comme tels. En ce sens il pouvait apparaître malgré tout extérieurement sinon comme un "parti catholique", du moins comme un "parti de catholiques". D’autre part, du fait des options prises par ces catholiques sur le plan politique et social dans un sens "démocratique", tout pouvait concourir à les classer comme des "démocrates chrétiens" organisés politiquement sans en avoir officiellement le nom. Cependant on sait comment il a toujours été impossible en France de créer un "parti catholique". Le P.D.P. refusera donc toute forme de "parti catholique camouflé" qui aurait signifié l’union avec des tendances conservatrices, voire réactionnaires. S’il a été indéniablement dans la pratique un "parti de catholiques" et concrètement de "démocrates chrétiens", il a toujours affirmé être ouvert à tous par sa non-confessionnalité, et cela en rassemblant des non catholiques, des protestants, des juifs et même des libre-penseurs, s’ils furent peu nombreux.

    20Le P.D.P., parti non confessionnel, aura dans son programme, des points pouvant être considérés comme des éléments d’un "programme de revendications catholiques", mais en les présentant de façon à ne pas prêter le flanc à l’accusation de confessionnalité. Elles seront exposées de façon modérée et avec des justifications idéologiques faisant appel en particulier à la philosophie de la démocratie libérale. Mais se posera aussi le problème des relations des Démocrates Populaires du côté de l’Église et des Institutions Catholiques, de la Hiérarchie. Ce parti, ni officiellement catholique, ni démocrate chrétien est néanmoins en relation avec l’Église, l’Épiscopat, de par la nature même des choses. La question peut être posée même à la limite d’une certaine dépendance, ou tout au moins des relations entre un Parti de ce type et l’Église. Cette question laissera en fait place à certaines ambiguités et pourra parfois justifier des accusations de "cléricalisme" et de "confessionnalisme" malgré la prudence du Parti. Tout cela conduira à une sorte de "gymnastique" un peu difficile qui sera critiquée à la fois à Droite et à Gauche comme du camouflage et de l’hypocrisie28. Sur le caractère "confessionnel" ou "démocrate chrétien" du P.D.P., il faut se reporter à certains textes ou déclarations. Pour Pezet par exemple, si les filiations sont à trouver dans toute une tradition catholique antérieure, le Parti s’est toujours affirmé "non confessionnel et laïc, au vrai sens du mot" par la distinction établie entre laïcité et laïcisme29. La question du "confessionnalisme" est posée pour la première fois dans son ampleur au Congrès de 1926 à la suite de remarques sur le caractère trop confessionnel du Petit Démocrate. Cornilleau réaffirme qu’il ne s’agit pas de mener une "action confessionnelle", mais de "libérer les catholiques". Il admet qu’il y a des problèmes de politique religieuse qui sont liés à la politique générale30.

    21Le P.D.P. a débouché dans la politique française à un moment où la "question religieuse" avait rebondi sous le "Cartel des Gauches". Cette conjoncture a pu rendre plus difficile sa volonté de ne pas apparaître comme "confessionnel". La question de l’attitude "religieuse" est soulevée avec une nouvelle vigueur au Congrès de 1927 où certains montrent le danger de voir accuser le Parti à gauche de "présenter un maximum de revendications religieuses". L’équivoque persistant pour l’opinion suivant laquelle le Parti est "démocrate chrétien" est aussi évoquée ; Paul Simon montre que, qu’on le veuille ou non, la question religieuse reste l’axe de la politique française et que si le P.D.P. n’est pas un parti clérical, il doit néanmoins prendre position sur certains problèmes31. Cornilleau admet que si le Parti n’est pas confessionnel "à moins de mettre un masque... il est mû par une pensée chrétienne".

    22Mais différentes tendances s’affirment, l’une plus encline à laisser découvrir l’aspect "catholique" du Parti, l’autre plus réticente. Cette question du "confessionnalisme" réel ou supposé du Parti sera toujours une de celles qui susciteront le plus de critiques de la Gauche, la S.F.I.O. voulant ainsi voir dans le P.D. un "parti clérical camouflé" et en réalité l’instrument de la nouvelle politique de l’Église. Dans ces conditions les Démocrates Populaires ont dû constamment essayer de justifier leur position. G. Hourdin en 1932 réaffirme qu’il est inexact de dire que "Démocrates Populaires" et "Démocratie Chrétienne" soient synonymes, l’originalité du P.D.P. étant de séparer clairement l’action politique de l’action confessionnelle32. Cornilleau déclare en 1936 que contrairement à certaines légendes, le P.D.P. ne reçoit aucun mot d’ordre : il veut séparer les domaines religieux et politiques, en évitant de compromettre l’autorité religieuse et en délimitant nettement les frontières du spirituel et du temporel. Une réponse générale à ces objections devient celle du Parti : "ni confessionnalisme, ni laïcisme". Ces déclarations nombreuses témoignent d’un besoin, sinon d’un malaise, et en tout cas d’un problème ressenti comme tel. En fait le P.D.P. a toujours essayé de n’apparaître ni comme un parti catholique officiel (il y est semble-t-il parvenu), ni comme un parti "démocrate chrétien" (ici des ambiguités ont subsisté), ni comme un parti d’inspiration catholique ou clérical plus ou moins camouflé, avec ici toujours des réticences : et celles-ci sont apparues d’abord dans le Parti lui-même, et la conscience que ces ambiguités pouvaient compromettre l’existence même de celui-ci. Mais il y avait la volonté générale de ce dernier et sans doute de l’Église elle-même de ne pas se compromettre dans une action politique.

    23Le P.D.P. a combattu officiellement l’appellation que d’aucuns voulaient lui attribuer de "Parti Démocrate Chrétien". Ce n’est que dans le domaine international qu’apparut une expression voisine mais prudente, celle de "Démocrates d’inspiration Chrétienne" et le Secrétariat des Partis du même nom. L’appellation de "démocrates chrétiens" ne resurgira que partiellement dans les années 1930. G. Bidault sera alors un des plus prêts avec une tendance issue de l’A.C.J.F. à utiliser ce terme qu’il ne réussira pas à imposer, même s’il tentera à nouveau de proposer cette appellation en 1944.

    II – DOCTRINE ET ENVIRONNEMENT DOCTRINAL

    24Le P.D.P. a-t-il véritablement eu une doctrine précise ? Le Popularisme Démocratique a-t-il été cette doctrine ? Ne faut-il pas y adjoindre des éléments plus anciens remontant à la doctrine démocrate chrétienne déjà traditionnelle et d’autres se rattachant aux nouvelles doctrines personnalistes comme celles défendues autour de Paul Archambault ? Y a-t-il eu une synthèse doctrinale et une revue comme Politique fut-elle le lieu où l’on a tenté de la réaliser ? Telles sont quelques unes des questions auxquelles on peut tenter de répondre et cela en examinant tout d’abord les "foyers doctrinaux" principaux du Parti.

    "Politique"

    25La revue Politique est apparue en janvier 1927 et elle va devenir, deux ans après la fondation du P.D.P. un de ses supports doctrinaux et son organe doctrinal officieux, quoiqu’indépendant du Parti. Elle est lancée en grande partie par des "anciens de l’A.C.J.F.", derrière son directeur Charles Flory et son secrétaire Marcel Prelot qui reconnaîtra que si elle était "complètement distincte de la rue Palatine dans son administration et sa rédaction", elle n’en appartenait pas moins pour la plupart de ses dirigeants au P.D.P.33. Politique pose le problème des relations avec l’A.C.J.F., une majorité des membres du Conseil d’Administration initial (Bidault, Champetier de Ribes, Flory, Michelin, Pagès, Prelot) ayant été des dirigeants actifs de l’Association. Ce sont des "Anciens de l’A.C.J.F." qui trouvent ce moyen d’apporter ce soutien indirect au P.D.P. Selon Charles Flory toutefois, Politique ne fut pas la revue du Parti, mais pouvait être un "organe de recherche qui visait à entraîner les éléments qui n’avaient pas encore d’opinion précise"34. Au Petit Démocrate, Cornilleau salue cette naissance : "la nouvelle revue vient bien à son heure... c’est l’ambition de Politique de conquérir une part de cette direction des esprits"35. En fait les liens seront plus qu’évidents entre la revue et le Parti, liens de personne et idéologiques. Le Petit Démocrate fait une constante propagande pour Politique présenté comme le plus utile organe de réflexion pour les militants. Politique a été une revue "officieuse" du P.D.P., dans une indépendance utile au Parti qui lui permettait d’élargir son influence, un organe de recherche doctrinale qui ne l’engageait pas directement, mais qui lui fournissait des éléments constants de "ressourcement" intellectuel. Les années 1925-1926 avaient été consacrées à la préparation de la nouvelle revue, par des réunions multiples et la définition d’un programme pour un organe qui se voudra "de doctrine et d’action". Une "note confidentielle sur un projet de revue politique", en montre les raisons déterminantes : fournir une contribution à l’étude des principaux problèmes politiques que pose l’actualité, remédier à l’absence de doctrine politique chez les catholiques, s’opposer à l’influence de l’Action Française, lutter contre l’état d’esprit d’"émigrés de l’intérieur". Ce sera une revue politique, chrétienne dans son inspiration, républicaine et démocratique. On parle d’une "sympathie à l’égard de certains partis" et particulièrement du P.D.P. "dont l’idéal s’accorde avec le nôtre"36.

    26Politique prospecte vers les milieux des "Anciens de l’A.C.J.F.", mais également dans l’ensemble des milieux catholiques sociaux en pouvant être une passerelle pour ceux-ci. Un effort est fait, comme en témoigne la correspondance de Flory avec des hommes comme Louis Coirard, Henri Boissard, Albert Valensin qui lui communiquent des listes d’adresses parmi les "catholiques sociaux". Certains estiment alors qu’un journal serait préférable à une revue37. On évoque un organe qui tout en conservant son indépendance s’efforcerait d’étayer les positions du Parti par un essai d’élaboration doctrinale, et cela dans une conjoncture où s’engage l’affaire de l’Action Française. L’Abbé Thellier de Poncheville pense que l’intervention religieuse au sujet de l’A.F. vient à point pour créer une atmosphère favorable à la revue38. Les débuts de celle-ci ne paraissent guère faciles : en février 1927 on parle de six cents abonnements et l’on déclare "espérer atteindre le millier"39. Il ne semble pas que la revue ait jamais dépassé une vente de 1 200 numéros. L’Ouest Éclair l’aide financièrement et elle va s’appuyer aussi sur l’association "les Amis de Politique" auprès de laquelle elle lancera de nombreuses souscriptions en 1927, 1929, 1932. Politique va avoir une vie de petit organe de réflexion et de doctrine, ce qui ne l’a pas empêché de connaître un certain rayonnement, même si en 1939 Flory présente la nécessité de "sortir Politique du marasme"40.

    27Pour le P.D.P., l’intérêt principal de la revue, fut, à côté de la synthèse idéologique qu’elle a tenté d’élaborer le fait qu’elle a créé un rassemblement intellectuel un peu en marge du Parti mais élargissant son influence par cette "nébuleuse" que l’on découvre dans d’autres domaines. L’étude du comité de rédaction et des principaux collaborateurs permet d’approcher le caractère du rassemblement ainsi opéré. En 1929 ce comité comprend aux côté de Flory, Prelot, des catholiques sociaux comme Henri Boissard et Maurice Eblé, J. de Préchac (du Correspondant), Gaston Tessier de la C.F.T.C., G. Bidault, A. Michelin, L.A. Pagès. La plupart sont également membres du P.D.P., mais à côté du point d’appui essentiel dans les "Anciens de l’A.C.J.F.", il y a un élargissement au Catholicisme Social, à la C.F.T.C. et à certains éléments du "Catholicisme Libéral". La liste des collaborateurs à une date médiane, ainsi en 1931 juxtapose un grand nombre de membres actifs du Parti et d’autres éléments : Mgr Beaupin (des Amitiés Catholiques), les journalistes V. Bucaille, U. Falaize, L. Romier, R. Pinon, les historiens et philosophes G. Goyau, G. Renard, J. Hours, J. Nanteuil à côté de W. D’Ormesson, J. De Pange, des Italiens L. Sturzo, F.L. Ferrari. Se vérifie surtout l’appoint de tout un monde intellectuel catholique qui témoigne de sympathies plus ou moins effectives pour le "mouvement" autour du P.D.P. et d’un monde joumalistico-politique autour des hommes que l’on rencontre dans la grande presse catholique et nationale, et enfin de certains catholiques sociaux qui peuvent y trouver une approche du Parti sans y adhérer. On doit remarquer la présence de P. Archambault qui établit le lien avec les Cahiers de la Nouvelle Journée. H.I. Marrou a aussi collaboré à Politique par des chroniques culturelles. Il écrira également dans la revue d’Archambault avant de s’orienter vers Esprit41.

    28Charles Blondel, fils du philosophe et maître des requêtes au Conseil d’État y a signé des articles sous le pseudonyme de "Claude Leblond". La participation de membres de la C.F.T.C. à la revue est aussi un élément important. Des contacts avaient été établis dès 1926 avec G. Tessier et M Eblé pour des chroniques économiques, sociales et syndicales42. Cependant si Politique a eu le sens d’un élargissement vers certains milieux catholiques sociaux, une appréhension est apparue à la Chronique Sociale face à une concurrence éventuelle et Duthoit se demande en janvier 1927 si la nouvelle revue ne risque pas de porter tort à la Chronique. Tout en parlant de "nos amis de l’ancienne équipe de l’A.C.J.F. qui la publient", il veut évoquer cette question avec Flory43, avant que d’autres problèmes ne surgissent dans les années 1930 entre la Chronique et Politique44. Cependant on peut estimer que l’article-programme publié dans le premier numéro en janvier 1927 avait le sens très largement d’un appel aux catholiques sociaux à se lancer dans une action politique, le titre de la revue étant d’ailleurs tout un programme et un manifeste en lui-même45. C’est ainsi à une justification du "politique" et à une réfutation d’une certaine méfiance qui l’entoure dans les milieux catholiques que l’on se consacre, en constatant qu’il n’occupe pas dans le jugement des contemporains la place qu’il devrait avoir. S’il est admis qu’il fut des heures où le devoir était d’abord social, il est affirmé nettement qu’aujourd’hui "l’action sociale, pour obtenir toute son efficacité doit se prolonger en action politique". Cette exhortation à passer au politique est donc fondamentale et s’accompagne de déclarations sur la vie politique qui doit être organisée. Entre les différents types de Démocratie en présence, il y a la Démocratie Chrétienne et il est dit ici : "notre choix est fait, on le pense bien, quant au fait sinon quant au titre"46. Cet article annonce cependant certaines des complexité doctrinales de la revue : action sociale et action politique, appel au Catholicisme Social, références à la Démocratie Chrétienne et aussi au Catholicisme Libéral. M. Prelot a pu affirmer que "Politique s’efforçait d’assurer la survivance intellectuelle du Libéralisme Catholique, en l’insérant dans sa propre doctrine de l’État"47. Mais des références fondamentales vont être faites au "Personnalisme" et au "Popularisme Démocratique"48.

    Sturzo, Prelot et les Thèses "Popularistes"

    29Après son exil d’Italie, Luigi Sturzo s’était réfugié à Londres et il avait déjà commencé antérieurement à établir des contacts internationaux qui seront partiellement à l’origine du "S.I.P.D.I.C."49. Le fondateur du P.P. I. se livre surtout à une œuvre d’approfondissement de la doctrine qu’il avait commencé à élaborer, Maurice Vaussard ayant pu voir en lui "le seul penseur démocrate chrétien qui ait paru en Occident depuis le début de ce siècle"50. Le programme du P.P. I. en 1919 résumait l’essentiel des idées du Popularisme et on y retrouve beaucoup de points communs avec celui du P.D.P. L’œuvre doctrinale de Sturzo comprenait déjà des ouvrages comme Popularisme et Fascisme (1924) ou L’Italie et le Fascisme (1926). Sturzo en exil a collaboré à de nombreuses revues françaises et belges en particulier, à Politique et aux Cahiers de la Nouvelle Journée, mais aussi à La Vie Intellectuelle, au Bulletin Catholique International, à Terre Wallone. Il a été le doctrinaire de ce que l’on a appelé une "nouvelle sociologie", un de ceux qui ont le mieux théorisé et conceptualisé les thèmes sociaux de la Démocratie Chrétienne sur l’individu et la société, l’autorité dans la société et ses limites, les "formes sociales" secondaires. Il a élaboré une théorie générale des rapports entre la société, l’Église, et L’État, dans son ouvrage l’Église et l’État en 1937 où il a posé le problème de l’État laïc et d’une dualité essentielle et nécessaire, l’Église ne pouvant être entièrement détachée de la politique. Il a approfondi surtout les thèses des démocrates chrétiens sur les corps intermédiaires et légitimé la possibilité d’une politique chrétienne au sein d’un État laïc. Dans L’Italie et le Fascisme traduit par Marcel Prelot en 1927 il a décrit trois forces s’opposant en Europe : le Socialisme, le Fascisme et le Popularisme. En tout cas par sa condamnation du Fascisme italien il a fortement influencé les positions dès le début antifascistes des Démocrates Populaires en particulier51. Sturzo, en relation avec ceux-ci dans le S.I.P.D.I.C. naissant et avec Marcel Prelot commence sa collaboration en 1927 à Politique par un article intitulé "l’Europe au carrefour – démocratie ou dictature"52.

    30Mais sa principale contribution doctrinale est l’article de 1928 où il expose ce qu’est le "Popularisme"53 et s’étonne de ce que le mot "Populaire" n’ait pas encore pris racine en France, alors que le mot "peuple" a toujours plu aux catholiques pour désigner à la fois une volonté collective et une hiérarchie sociale. Il se réjouit de l’adoption du mot par le P.D.P., et définit le Popularisme comme la doctrine qui voit comme source du droit tout corps social : famille, classe, commune, région, État qui possède un droit qui lui est propre. La base sociale est le peuple qui représente un "ordo" au sens latin du terme, un peuple déjà organisé dans ses communautés de base qu’il faut respecter. Le "Popularisme" est donc en grande partie la reprise théorique des thèmes classiques sur les corps intermédiaires, leur autonomie, l’organisation de la société sur leurs bases. Dans un des Cahiers de la Nouvelle Journée en 193554, Sturzo, décrit ce qu’il appelle "la socialité" et ses formes politiques et sociales. Ce n’est pas l’État qui crée un ordre, mais c’est lui qui reconnaît un "ordre ethico-social" élaboré avant lui, ce qui le conduit à condamner les tentatives étatiques de contrôle de l’économie et de la société. Ces éléments de la socialité doivent trouver leur solution dans la personnalité individuelle et la transcendance en Dieu. Avec Politique et Morale (Cahier n° 40 de la Nouvelle Journée)55, il pose les données sociologiques du problème de la morale dans la politique et à nouveau de l’État totalitaire, et condamne notamment la notion d’un "État corporatif" qui ne peut exister. La crise de l’État démocratique est présentée par lui avant tout comme étant une crise de l’autorité, de l’esprit collectif et d’une finalité éthique. Le dilemme communisme-fascisme ne s’impose pas : seule une "nouvelle chrétienté" pourra unifier l’Europe.

    31Marcel Prelot avait été touché dès 1919 par le manifeste de Sturzo en parlant d’une jeunesse qui avait alors "adhéré de cœur et d’esprit à une nouvelle conception de la politique chrétienne..."56. Pour lui cette influence sera officiellement reconnue lorsque le Parti Démocrate se définira comme "Populaire" par une adhésion à la doctrine de l’État qui en Italie avait pris une netteté particulière. Dans Démocratie Populaire et Réforme de l’État57, il précise comment le mot "Populaire" correspond à une conception organique de la société, du peuple, considérés comme un ensemble articulé de groupes divers. Il parle d’un "organicisme populaire" qui n’est pas nécessairement démocratique, mais qui peut être enrichi par l’adhésion à l’idée démocratique. Dans ce but on doit d’abord transformer l’État par une réforme constitutionnelle, une réforme du suffrage faisant participer tout le peuple. Surtout l’État doit être transformé par cette conception différente et organique du peuple qui impose des limites à son omnipotence. Cependant le Popularisme n’est pas opposé à l’intervention étatique et il se classe selon Prelot parmi les écoles d’"interventionnisme modéré" ; les maîtres-mots sont les suivants : institutionnalisation, décentralisation et représentation professionnelle, territoriale et organique, de constantes références étant faites aussi à la "théorie de l’Institution" de Hauriou pour aboutir à cette définition de la Démocratie Populaire : "réaliste dans ses méthodes, institutionnaliste dans ses procédés, personnaliste dans ses fins". Le Popularisme est intégré par Prelot lui-même dans un ensemble idéologique plus vaste dans "Politique".

    32Sturzo a aussi apporté une contribution régulière à la revue en politique internationale par des articles comme "Centre Allemand et P.P. I." (1930), "comment prévenir la guerre" (1934), "les risques de la paix" (1936). A côté de Sturzo un autre "Populaire" a joué un rôle important, Francesco Luigi Ferrari qui s’était installé à Louvain. Il faisait partie de l’aile gauche du P.P. I. En Belgique il se rabat sur le journalisme comme terrain de lutte et devient le secrétaire du P.P. I. à l’étranger, tout en collaborant à des revues belges, françaises et anglaises. Il publie également en 1928 une étude sur Le Régime Fasciste Italien qu’il condamne sur tous les plans58. Il collabore à Politique par différents articles, ainsi sur "l’organisation internationale de la Démocratie Populaire" en 1928 et en 193159. C’est lui qui lance en 1931 la revue bi-mensuelle Res Publica dont il était le directeur, se voulant Revue d’Études Politiques Internationales et interrompue dès 1933 par la mort de son promoteur. Parmi ses collaborateurs, il y avait outre Sturzo, Carlo Sforza, ancien ministre des Affaires étrangères et du côté français Marcel Prelot, Wladimir d’Ormesson, Jean Luchaire. La revue se consacre aux problèmes internationaux de l’après-guerre, mais aussi à "saisir la signification universelle des mouvements politiques contemporains, diriger les courants vitaux de la pensée vers le renouvellement des idées et des institutions’’60.

    33Le rôle des Italiens du P.P. I. en exil n’a donc pas été négligeable pour le P.D.P. et les milieux proches à côté de leur rôle pour stimuler les réactions hostiles au Fascisme, introduire les thèses du "Popularisme" de Sturzo et la variante en France du "Popularisme Démocratique" que l’on a voulu présenter comme l’incarnation politique de la Démocratie Chrétienne et à la limite pour certains comme la doctrine officielle des Démocrates Populaires. Mais "le Popularisme Démocratique" n’a pas été la seule source doctrinale du P.D.P. et même dans Politique il n’a été qu’une des directions d’une revue à la recherche d’une synthèse.

    "Cahiers de la Nouvelle Journée" et Paul Archambault

    34Politique n’a pas été le seul "foyer doctrinal" autour du P.D.P. et doit être resitué aux côtés d’un second en particulier, Les Cahiers de la Nouvelle Journée et de leur directeur, Paul Archambault, un des représentants sans doute un peu méconnus de la pensée personnaliste en France au cours de l’entre-deux-guerres. D’autre part on ne doit pas voir une séparation réelle entre les deux revues plus ou moins dans l’orbite du P.D.P. Certes les origines sont différentes, Politique les trouvant surtout dans une fraction du Catholicisme Social et de l’A.C.J.F., La Nouvelle Journée plutôt dans la Démocratie Chrétienne et le Sillon. Archambault avait été au départ assez proche de Sangnier et aussi de Fr. Gay. Mais des collaborations réciproques se sont opérées. Paul Archambault, né en 1883 à Orléans participa au Sillon qui exerça sur lui une influence profonde, même s’il a marqué assez vite quelque distance à son égard. En 1913 il publie son Essai sur l’individualisme avant de lancer en 1914 la revue La Nouvelle Journée, tandis que son équipe entame une fusion partielle avec Le Petit Démocrate. En 1927 les fondateurs de Politique lui demandent de s’agréger à leur groupe et il y apportera une contribution doctrinale importante. En tout cas "plus que jamais il est démocrate et plus que jamais il pense que la Démocratie doit s’inspirer des principes du Christianisme"61. Il devient le défenseur de "l’idéalisme démocratique" parallèlement au "réalisme démocratique" (titre de son ouvrage de 1930) et produit une œuvre considérable par ses articles, la rédaction entière de certains des Cahiers comme Jeunes Maîtres, Témoins du Spirituel... Son œuvre comporte au total une trentaine de titres et continuera pendant et après la guerre (mort en 1950).

    35L’instrument essentiel qu’il se donna fut bien celui des Cahiers de la Nouvelle Journée, publication en principe régulière, mais sans périodicité trop stricte. Chaque Cahier se consacre à l’étude d’un problème particulier, politique, intellectuel, culturel, littéraire, scientifique. Il y aura au total quarante de ces Cahiers, le dernier paraissant en décembre 1938. Ce sont les éditions "Bloud et Gay" qui les publient, chacun étant écrit en principe par trois, quatre ou cinq collaborateurs différents. Un tirage est prévu "qui ne sera jamais inférieur à 1 500 exemplaires". En fait les Cahiers comporteront aussi un supplément sous le titre "Les idées et les livres". Mais l’essentiel de chacun d’entre eux est donc consacré à l’étude du thème en question, avec ici une grande variété et même un certain éclectisme. Dans une typologie on peut mettre à part le cahier n° 2 Le témoignage d’une génération sur la jeune génération catholique d’avant 1914. Trois travaux sont consacrés à l’étude de philosophes dans la tradition démocrate chrétienne et à celle des origines du mouvement dont se réclame le P.D.P., c’est-à-dire Paul Bureau pour deux d’entre eux et Georges Fonsegrive62. Parmi les Cahiers "philosophiques", on peut relever ceux intitulés Où chercher le réel, continu et discontinu, Saint Augustin, Eugénisme et morale, La méthode de réflexion chez Maine de Biran63. Il convient de mettre à part les travaux consacrés au philosophe Maurice Blondel : celui rédigé par Archambault, L’Œuvre philosophique de Maurice Blondel, celui concernant Le Réalisme Blondélien et la contribution de Blondel lui-même Problème de la philosophie Catholique64. Sturzo fournit la matière de trois cahiers : La communauté internationale et le droit de guerre, Essai de sociologie et Politique et morale65, tandis que la "théorie de l’institution" est exposée dans La Cité moderne et les transformations du droit et Aux sources du droit, le pouvoir, l’ordre et la liberté (Maurice Hauriou)66. Sur le plan philosophique et doctrinal on peut y adjoindre Destins de la personne de Pierre-Henri Simon, Un demi-siècle de pensée Catholique de E. Magnin, Le monde des idoles de J. Paillard, Fondements d’une culture Chrétienne de Henri Davenson (Henri Irénée Marron)67.

    36Les Cahiers consacrés aux problèmes politiques ont été très minoritaires, avec cependant celui sur Un grand débat Catholique et Français – Témoignages sur l’Action Française68 et ceux sur l’Allemagne : France et Allemagne et La Révolution Allemande de W. D’Ormesson69. Enfin il faudrait mettre à part des Cahiers comme La Belle Aventure de la Route ou Pierres d’attente pour une cité meilleure. C’est donc un horizon intellectuel très vaste qui a été exploré par cette collection dans un éclectisme que l’on retrouve pour les collaborateurs. C’est ici toute une pléiade de grands noms de la pensée catholique : Maurice Blondel, Henri Brémond, Maurice Hauriou, Joseph Hours, Georges Goyau, Georges Renard, Joseph Vialatoux, H.I. Marrou, P.H. Simon, Luigi Sturzo. Toute une partie de l’élite catholique de l’entre-deux-guerres a apporté une contribution à une revue largement située dans l’orbite intellectuelle du P.D.P. Certains Démocrates Populaires y ont d’ailleurs plus ou moins collaboré : Cornilleau, Bidault et d’autres individualités proches du Parti comme J. de Pange ou W. D’Ormesson. La correspondance d’Archambault peut permettre d’apprécier le réseau qu’il avait su créer autour de lui et de sa revue. Du côté du P.D.P., il est en relation avec Champetier de Ribes70, Cornilleau et d’autres leaders comme P. Demagny, R. Facque. Il est en contact permanent avec Ch. Flory qui lui demande des articles pour Politique71.

    37Mais en dehors, il a été aussi en relation avec Fr. Gay qui l’édite et c’est dans ce cadre que l’on crée en 1930 une "Société des Amis de La Nouvelle Journée’"72. Il conserve également des liens avec les milieux autour de la Jeune République, les Cahiers étant une des passerelles permettant de maintenir de vagues contacts entre la J.R. et le P.D.P. Il maintient des relations avec d’autres Jeunes-Républicains comme G. Hoog, P. Gemahling, M. Coquelin et sert parfois d’"agent de liaison" entre les deux organisations73 par des liens avec la revue Le Mouvement. Son réseau de relations s’étend au directeur de la revue Les Lettres Gaetan Bernoville, à Maurice Vaussard, Charles du Bos et à des représentants des milieux catholiques sociaux. Archambault tente également de réaliser une synthèse des efforts catholiques sociaux, démocrates chrétiens, catholiques intellectuels, dans une tonalité assez proche du P.D.P. mais en restant indépendante74. Par ailleurs ce n’est pas aux Cahiers qu’il a donné l’essentiel de ses contributions "politiques", mais bien à Politique et c’est ainsi que tout en ne participant pas directement à la lutte politique, il a pu être considéré comme un des principaux doctrinaires du P.D.P.

    38Paul Archambault a laissé une œuvre considérable : ouvrages philosophiques, articles et études dans La Nouvelle Journée, Le Petit Démocrate, Politique, L’Aube, La Vie Catholique où il lui est arrivé d’aborder le plan du politique d’une manière plus ou moins directe. Il précise en 1927 dans Le Petit Démocrate les rapports entre "Journal, Revue et Cahiers". Trois niveaux s’établissent du Petit Démocrate aux Cahiers en passant par Politique, niveaux devant se compléter et il reconnaît la solidarité idéologique des publications autour du P.D.P.75. Les Cahiers constituent le troisième, celui du "prédicateur de retraite à domicile", le niveau philosophique après les niveaux politiques et idéologiques. Archambault entretient les lecteurs du Petit Démocrate des thèmes de réflexion des Cahiers ou de philosophes comme Blondel et Maritain dans cette rubrique "la vie intellectuelle" qui donne au journal une partie de sa tenue et de son style surtout au cours des années 1925-1929, aux côtés de Jacques Nanteuil et Fr. Ribadeau-Dumas qui y dirige une "enquête sur les lettres internationales". Archambault y témoigne d’un certain éclectisme, abordant des problèmes culturels, religieux, philosophiques d’une grande diversité. Le Petit Démocrate réciproquement rend hommage au philosophe et veut bientôt reconnaître clairement en lui et dans sa philosophie une des principales sources doctrinales du Parti. Bastianelli après la parution de Jeunes Maîtres en 1927 parle de cette "manifestation nouvelle d’un talent incontesté"76 et Cornilleau après celle de Réalisme Démocratique en 1930 d’une "maîtrise qui s’affirme”77. En 1933 Le Petit Démocrate lui consacre deux pages entières. M. Prelot rappelle "l’itinéraire de P. Archambault" et Bastianelli évoque "La Nouvelle Journée. Un effort de dix ans", P. Demagny étudiant "l’œuvre de P. Archambault"78. Peu à peu le professeur de philosophie de Neuilly est intronisé comme le philosophe plus ou moins officiel du P.D.P. et on ne peut dire qu’il ait vraiment refusé ce rôle. D’ailleurs dans les Cahiers il introduit bientôt une sorte "d’éditorial" plus ou moins régulier, et cela à la suite de la demande de certains lecteurs. Il souhaite "préciser ce que nous sommes" puisqu’on lui demande de le faire79. Il a une tribune d’où il peut parfois aborder des problèmes d’actualité ou des problèmes politiques au sens large ainsi que la "paix scolaire", la guerre d’Espagne80. En février 1934 il prend position plus nettement, met en cause la responsabilité d’un parlementarisme avili, en faisant confiance au Gouvernement Doumergue81. Il aborde aussi les problèmes de la Démocratie Chrétienne et de ses divisions politiques. En 1935 il demande après des incidents entre J.R. et P.D.P. que l’on reste une famille à préserver d’une désunion irréparable82.

    39Archambault est resté un "philosophe démocrate chrétien" plus proche du P.D.P. que de la J.R., mais il avait gardé de solides amitiés de ce côté. C’est une des raisons de son soutien à l’Aube dès 1932 : il demande à tous les amis des Cahiers de s’abonner au nouveau journal83. Dans un des derniers Cahiers en 1938, il réaffirme son souhait d’une "unité de la famille des démocrates d’inspiration chrétienne"84, La Nouvelle Journée ayant été avant 1924 en position un peu intermédiaire entre les Républicains-Démocrates et les Jeunes Républicains avant de se rapprocher des premiers. Il avait reconnu une solidarité avec Le Petit Démocrate et même le Parti qui le lui a bien rendu. S’il n’a pas été le philosophe officiel du Parti, il en a bien été le philosophe "officieux", en relation avec la plupart de ses doctrinaires comme Cornilleau, Prelot, Bastianelli. Mais en fait, c’est individuellement et isolément qu’il a élaboré sa doctrine, sans se soucier vraiment de son impact politique direct. C’est un peu à côté du P.D.P. qu’il a édifié sa théorie du "Personnalisme Démocratique" sans vouloir en faire la doctrine officielle du Parti, même s’il y a eu de constantes rencontres. Par ailleurs on peut se demander si sa doctrine tout comme celle de Sturzo a influencé les positions concrètes de celui-ci. Malgré ces réserves Archambault a été en quelque sorte un "maître à penser" des élites intellectuelles du P.D.P. et il a contribué à donner un soubassement intellectuel et philosophique aux développements du programme du Parti, par une influence diffuse des thèmes "personnalistes" qui semble s’être exercée surtout dans les années 1930.

    40Archambault est resté dans l’histoire des idées comme l’un des représentants du "Personnalisme" aux côtés d’un Mounier qui l’a cependant quelque peu éclipsé et contre qui il a soutenu de fortes polémiques. D’autre part ce n’est que relativement assez tard qu’il a accepté le vocable de "personnalisme", ce qu’il fait nettement en 1933 alors qu’il l’avait déjà employé timidement en 1913 dans son Essai sur l’individualisme, en 1926 dans Jeunes Maîtres, mais refusé pour la déclaration liminaire de Politique. Mais, du côté des "doctrinaires" du P.D.P., on avait déjà commencé à l’utiliser. Au congrès de Nancy en 1929 on avait parlé d’une attitude "personnaliste" entre l’opportunisme libéral et le socialisme. Marcel Prelot en 1932 dans Démocratie Populaire et Réforme de l’État veut "risquer le mot à la suite de Paul Archambault". Selon lui le vocable était dans l’air et il était temps de l’utiliser car "divers mouvements étaient prêts à le faire, en dehors même de Mounier et D’Esprit"85. Archambault aborde le problème de son emploi en 1933 en parlant de "l’idée qu’il incarne"86. Il veut d’ailleurs montrer comment c’est le P.D.P. lui-même qui au cours de son "exploration idéologique" l’a retrouvé et qu’il a paru nécessaire à des hommes comme Cornilleau et Prelot de l’employer pour désigner une des grandes constantes de son inspiration. Si l’école catholique sociale lui a fait longtemps grise mine en raison de ses "résonances kantiennes", la situation a bien changé. En conséquence il admet : "nous sommes personnalistes. Il y a longtemps. Mais nous allons pouvoir le dire sans risque d’équivoque et de malentendu"87.

    41La doctrine personnaliste avait mûri chez Archambault dans une évolution depuis un "individualisme à contenu social", qui comportait toujours un attachement à "l’idée démocratique". Il s’agira donc d’un "Personnalisme Démocratique" que l’on a pu opposer à un "Personnalisme Révolutionnaire". Dès 1921 Archambault avait voulu exposer les "trois grandes vérités" soutenant la thèse démocratique : la personne humaine comme plus grande valeur terrestre, le concours nécessaire des individus à la vie politique et sociale, le refus du consentement par la contrainte88. Mais pour lui l’individu n’est pas la seule fin, ce qui rend nécessaire un point d’équilibre à trouver entre l’individuel et le social. Cet équilibre, le primat de la personne, l’adhésion à l’idée démocratique et chrétienne, tels sont les points de départ de cette pensée qui inclut une dimension politique et sociale. Il avait parlé ainsi en 1919 de "l’idéalisme démocratique", la Démocratie étant d’abord une nécessité morale. Mais dès 1927 dans Politique il parle aussi d’un non moins nécessaire "réalisme démocratique"89 fondé d’une part sur une "sociologie positive" qui "enseignerait le caractère organique du groupe social", et d’autre part sur une "philosophie religieuse" qui "intègre à un dessein universel les destinées communes de l’individu et de la société". Il revendique le passage du domaine philosophique et idéaliste au domaine réaliste et technique pour la réalisation d’une démocratie personnaliste et communautaire90. Selon lui la démocratie pour être réaliste doit prendre élan sur la réalité sociale et il donne en exemple les idées exposées par Maurice Hauriou et sa "théorie de l’Institution".

    42Un autre thème important est de même le non moins nécessaire "besoin d’autorité” en démocratie et il en tire des conclusions pour la réforme d’un régime jugé trop purement représentatif, individualiste et parlementaire". Il adhère aux thèmes d’une "réforme de l’État démocratique", du renforcement de l’exécutif, etc...91. En 1928 il rappelle dans Politique les idées qui sont les siennes92 mais il va laisser ce qu’il appelle la "technique démocratique", c’est-à-dire les solutions concrètes à apporter aux problèmes au Parti lui-même. Il souhaite s’en tenir aux principes qui fondent cette technique comme dans une série d’articles en 1929 "Qu’est-ce que la politique ?"93. Il recherche les "éléments d’une politique démocratique" qui doit être à la fois mystique, art et technique94. Pour "l’art démocratique de gouverner", il donne en exemple le Manuel Politique du P.D.P. qu’il qualifie d’"ensemble impressionnant de clarté, d’étendue et de positivité"95. En fait son "personnalisme” rejoint assez naturellement les conceptions "organicistes" et "institutionnalistes" du "Popularisme Démocratique". Là encore il a apporté une caution doctrinale au P.D.P.

    43Dans le cahier Pierres d’attente pour une cité meilleure en 1935, il aborde plus concrètement certains problèmes. Après avoir salué la nouvelle fortune du "Personnalisme"96, il y étudie le problème de la Réforme de l’État sur la base des principes personnalistes tout en proclamant son attachement à un régime de liberté. Il envisage le problème alors largement posé dans les milieux catholiques du corporatisme comme solution globale, et ne rejette pas l’idée corporatiste, mais tout à la fois le corporatisme paternaliste et le corporatisme totalitaire, l’idée étant parfois reprise d’un "corporatisme démocratique". Au niveau politique il pose la question : "avec qui travailler ? avec qui s’allier ?" et il voit les avantages et les inconvénients d’une position centriste : un Parti de Centre doit être un pivot s’autorisant différents types d’alliances suivant les circonstances97. Par ailleurs Archambault avait pris des positions assez nettes en politique internationale en faveur des idées de collaboration dans ce domaine, en contact avec "l’Internationale Démocratique” de Marc Sangnier. Ses idées principales telles qu’elles ont pu influencer ou simplement rencontrer la doctrine du P.D.P. peuvent être rassemblées : acceptation idéaliste du régime démocratique, mais refus des excès du parlementarisme et renforcement de l’autorité rencontrant les idées Démocrates d’un "révisionnisme modéré”, thème sur le plan économique et social d’une société organisée, influence des idées institutionnalistes, thème de la représentation des forces économiques pouvant aller jusqu’à un "corporatisme démocratique" qui respecterait les fondements d’un individualisme personnaliste.

    44Le problème des influences doctrinales qui ont joué sur Archambault doit être posé à côté de celui de la "théorie de l’Institution" de Hauriou. Marcel Prelot déclare dans les Cahiers, qu’il s’agit à présent de "poursuivre la tâche d’Hauriou, de la dépasser même"98. Par sa préface au cahier n° 23 Archambault montre comment les juristes comptent désormais Hauriou au nombre de leurs maîtres : sa méthode comme le fond même de sa doctrine le recommandent aux lecteurs des Cahiers99. Il est toutefois plus prudent sur les interprétations de Georges Renard de "l’idéalisme d’Hauriou" et il intègre la théorie de l’Institution à son Personnalisme démocratique, de même que l’idée des "pouvoirs intermédiaires". Cette adhésion n’est pas absolument sans réserves, mais elle le conduira à l’acceptation d’un certain corporatisme. Cependant, il a intégré à un individualisme personnaliste un institutionnalisme organiciste allant dans le même sens que la synthèse que vont essayer d’élaborer Prelot et Politique. D’autres influences ont joué aussi sur Archambault comme celle de Paul Bureau à qui est consacré un numéro des Cahiers ou celle encore de Maurice Blondel. Il admet l’influence que le philosophe de L’Action a exercée sur lui en voulant voir en celui-ci le philosophe d’une "Cité Chrétienne" telle que le Sillon par exemple a tenté de la réaliser. Il est un de ceux qui tentent de faire connaître davantage l’œuvre de Blondel dans les milieux démocrates chrétiens. En ce qui concerne Maritain, Archambault est d’abord critique en 1926 : il n’a pas encore accompli sa "révolution démocratique"100. Mais en 1933 il considère chez lui comme "admirable... ce qui procède du mouvement spontané de la pensée”101.

    45Le problème se pose aussi des relations d’Archambault avec l’autre grand philosophe personnaliste Emmanuel Mounier et la revue Esprit. Mais la question doit être examinée de façon plus ample des relations entre le "Personnalisme Démocratique" d’Archambault et ce qui a pu être appelé le "Personnalisme Révolutionnaire" de Mounier et d’Esprit, ainsi que de celles entre les deux hommes qui ne furent jamais bonnes, une opposition doctrinale assez profonde ayant débouché ici sur le plan des polémiques. Archambault était pourtant de ceux qui, chez les démocrates d’inspiration chrétienne avaient suivi attentivement la naissance du mouvement Esprit. Mais les divergences n’avaient pas tardé à devenir éclatantes, au-delà de certaines convergences. Si Archambault avait déclaré en 1932 : "nous nous sentons chez nous chez les fondateurs d’Esprit", bientôt il se plaint aussi : "la faculté de répudiation de ces jeunes hommes est excessive"102, et il se dit inquiet de l’usage du mot "Personnalisme".

    46C’est l’origine d’une polémique dans le Journal L’Aube en 1934. En janvier Archambault y publie une "Lettre ouverte à Mounier" sous le titre "la Démocratie et la Révolution", et il lui demande les raisons de sa répudiation de la "mystique démocratique". Maritain, Sturzo eux-mêmes interviennent103. Mounier, dans sa réponse se demande où est passée la "grande tradition démocratique" et dénonce le "mensonge démocratique en régime capitaliste"104. Archambault lui répond une nouvelle fois, lui demande ce qui sépare Esprit des démocrates chrétiens105 et lui reproche d’être prêt à sacrifier pour une révolution hasardeuse les fruits de l’ordre démocratique auquel sont attachés les démocrates chrétiens106. La rupture était évidente entre le "Personnalisme Démocratique" et le "Personnalisme Révolutionnaire", entre Archambault et Mounier, la Démocratie Chrétienne et en particulier le P.D.P. et Esprit. Cette polémique avait bien fixé les positions, Archambault ayant montré les contradictions du terme "révolution" avec les exigences personnalistes. L’officieux philosophe Démocrate avait défendu presque au nom du P.D.P. les formes de la Démocratie traditionnelle contre tout excès révolutionnaire, une frontière ayant été nettement tracée sur le plan doctrinal. En ce sens Archambault a été assez représentatif des positions générales des Démocrates Populaires. S’il a été un des inspirateurs de leur doctrine, il a été aussi le reflet de leurs positions concrètes, centristes, démocrates chrétiennes modérées et personnalistes démocratiques.

    47La doctrine d’Archambault a été un élément de la synthèse doctrinale tentée par Marcel Prelot notamment à la fin des années 1920 et au début des années 1930. Prelot, Bastianelli, Politique et aussi les Cahiers tentent alors d’aboutir à une synthèse difficile. On a essayé de prendre des éléments à divers corps doctrinaux autonomes situés dans la mouvance d’une "Démocratie Chrétienne" en gestation théorique. Si les théories de Sturzo, Archambault Hauriou convergent en effet sur de nombreux points, on ne peut affirmer qu’elles ne sont pas sans contradictions partielles. D’autre part il a pu y avoir une distorsion avec la moyenne des militants du Parti dans cette élaboration théorique qui fut surtout le fait de quelques individualités autour du "Bureau d’Études". On peut encore se demander si elle n’a pas contribué à infléchir la position générale du Parti dans un sens encore plus nettement "Centre-Droit". Lié à cette synthèse et à ses éléments, il y a à situer également un sociologue mort juste avant la création du Parti, Paul Bureau (1865-1923) qui a exercé une influence intellectuelle certaine. Il s’inscrit dans la continuation de "l’Ecole de la Science Sociale", issue d’une dissidence chez les disciples de Le Play. Il a écrit de nombreux ouvrages comme La Crise morale des Temps nouveaux (1907), L’indiscipline des mœurs (1920), L’Introduction à la Méthode Sociologique (1923), où il a développé les thèmes d’une étude scientifique possible des faits sociaux, d’une science et d’un art social au service de la collectivité. Il a défendu une société qui serait fondée sur des groupes organisés et des corps intermédiaires, tous ces thèmes pouvant entrer dans les cadres d’une sociologie démocrate chrétienne, son rôle étant reconnu aussi bien au Petit Démocrate qu’aux Cahiers de la Nouvelle Journée dont l’un lui est consacré juste après sa mort et un autre sous le titre Le Bon Citoyen de la Cité Moderne (1926) par la réunion de plusieurs de ses articles et études. Le Petit Démocrate fait écho à ce Cahier et montre comment les démocrates chrétiens doivent tirer les conséquences des principes qu’il a élaborés.

    Maurice Hauriou et Théorie de l’Institution

    48Les Cahiers ont eu alors une autre grande dimension doctrinale sous l’influence des thèmes et des thèses de la "théorie de l’Institution" autour de Maurice Hauriou et de Georges Renard. Sur le plan sociologique général Archambault refuse le fait social comme une donnée statique, affirme qu’il y a "une mécanique, une biologie et une psychologie sociale". La sociologie doit être une véritable "anthropologie sociale" dans une perspective "historiciste"107. Maurice Hauriou (1856-1929) a pu être considéré comme le fondateur de la "théorie de l’Institution", par son influence entre autres sur les Cahiers, et sur la recherche doctrinale dans les organes intellectuels autour du P.D.P. Professeur à Toulouse, il a précisé une doctrine originale et vigoureuse en matière de droit public, en s’opposant en particulier à Duguit et à sa "théorie positive" du droit. Dans le Cahier n° 5 consacré au thème La Cité Moderne et les transformation du droit, Hauriou développe sa "théorie de l’Institution et de la Fondation" déjà en fait depuis longtemps élaborée avec le sous-titre "Essai de vitalisme social". Cette étude avait connu diverses ébauches avant de recevoir dans les Cahiers une forme nouvelle. Hauriou veut surtout y montrer comment ces "institutions" représentent "dans le droit comme dans l’histoire la catégorie de la durée, de la continuité et du réel". En conséquence l’opération de la "Fondation" des institutions constitue le fondement juridique de la société et de l’État108. Trois éléments sont à considérer pour les "institutions-personnes" ou "institutions corporatives" : l’idée de l’œuvre à réaliser, le pouvoir mis au service de cette idée, les manifestations de communion avec le groupe social pour sa réalisation. L’État lui-même peut être considéré comme un type de personnalité corporative. Hauriou met en avant un "vitalisme" des institutions sociales, fondé sur le rôle des "acteurs juridiques", c’est-à-dire des individus eux-mêmes. Dans ce même Cahier Georges Renard étudie les rapports entre "souveraineté et parlementarisme". La liberté et la souveraineté doivent parvenir à s’emboîter grâce à une philosophie de l’institution qui permet de justifier l’existence d’institutions intermédiaires entre l’individu et l’État. Le futur député Louis Rolland évoque "la Démocratie et la décentralisation en France". Il prend appui sur la "théorie de l’Institution” pour examiner les différentes "personnes" de droit public à base territoriale.

    49C’est dans le cadre de cette théorie également que Paul Cuche examine "la législation du travail et les transformations du droit". La "théorie de l’Institution" était dans la continuation de la théorie traditionnelle des pouvoirs et des corps intermédiaires et pouvait fournir un soubassement théorique pour la décentralisation administrative comme pour les corps professionnels. M. Prelot dans Le Petit Démocrate s’attache à montrer toute l’importance de ce Cahier dont Archambault a été le véritable "metteur en œuvre". S’il se déclare réservé pour tirer des conclusions politique de la doctrine élaborée par ceux qu’il appelle "nos maîtres", il y voit d’abord un antidote au "schématisme politique et juridique" témoignant de la complexité réelle de la vie publique. En conséquence il se félicite qu’il ait fourni des éléments à une doctrine "démocratique" de l’autorité109. Un nouveau Cahier en 1933 sera un recueil d’articles d’Hauriou et Archambault veut y prouver comment la "théorie de l’Institution" permet d’éviter deux impasses : l’individualisme et le sociologisme, et dessine "la seule voie libre et créatrice"110.

    50Selon Prelot et c’est là un point important pour les idées qu’il voudra faire passer à Politique et au P.D.P., demander à la théorie de l’Institution son "plein rendement" doit aboutir à fournir les bases doctrinales d’une réforme organique de l’État111. Il ne perçoit aucune contradiction entre l’individualisme "personnaliste" et une théorie de l’Institution qui se fonde aussi sur la personne. Il faut arriver à un dualisme de la personne et de l’Institution, et il tente donc la synthèse de cette théorie avec le Personnalisme Démocratique et le Popularisme Démocratique.

    51Mais c’est désormais aussi l’œuvre de Georges Renard après la disparition d’Hauriou en 1929 que Prelot va suivre de près. Il le fait en particulier par sa chronique "le travail sociologique" des Cahiers. Celui-ci, ancien sillonniste est professeur de droit à Nancy avant de devenir dominicain. Il avait publié en 1922 un cours élémentaire de droit public français considéré par Prelot comme une précieuse initiation à l’œuvre d’Hauriou. La "théorie de l’Institution" avait donné lieu à de nombreuses études dans les revues de la mouvance catholique sociale au moment où Renard publie en 1930 sa Théorie de l’Institution. Essai d’ontologie juridique, en 1931 L’Institution, fondement d’une rénovation de l’ordre social, avant en 1939 La Philosophie de l’Institution. Il collabore à La Vie Intellectuelle, aux Archives de philosophie du Droit et de Sociologie Juridique sous la direction de Louis le Fur à partir de 1931 dont le premier numéro est consacré très largement à une discussion sur la théorie de l’Institution. C’est cette théorie au centre d’un débat intellectuel dans certains milieux juridiques que G. Renard tente de préciser ; Il la présente comme "le fondement d’une rénovation de l’ordre social" et surtout une adaptation du Thomisme, en conformité avec l’enseignement de l’Église et des grandes Encycliques. Il reconnaît Hauriou comme le père de la théorie mais en voit les développements rejoignant la notion thomiste du "Bien Commun", en accord avec un père Delos qui "scelle un pacte entre la théorie de l’Institution et la tradition médiévale"112. Cependant une certaine opposition va bientôt apparaître entre les conceptions de Renard et surtout de Delos et celles de Prelot et d’Archambault. Certes Prelot admet que Renard a ouvert une série de chemins orientés vers un carrefour central "où doit se dresser la théorie de l’Institution", mais il estime aussi qu’il a commencé par la fin, c’est-à-dire par le mot113.

    52Archambault de son côté met en cause les interprétations trop "métaphysiques” de G. Renard114. Celui-ci s’étonne de ces réserves, parle d’une "école dissidente" qui se dessine derrière Prelot. Il discerne dans cette opposition un conflit entre la "manière cartésienne" et la "manière thomiste"" et il place saint Thomas d’Aquin" entre nos collègues et nous"115. Il fait de plus en plus figure d’"intégriste" de la théorie, estime par exemple qu’il peut y avoir une "politique institutionnelle” de collaboration par la synthèse des idéaux des partis. Il serait temps d’éprouver "l’Institution" dans les différents départements de l’ordre social et il élabore une théorie complète d’un "ordre social chrétien”, qui pourrait s’inscrire à la fois dans le "renouveau thomiste" et les thèmes du "Bien Commun", ceux d’une "nouvelle chrétienté" plus ou moins médiévale et aussi dans une certaine forme de corporatisme116.

    53Mais une rupture s’était produite avec Prelot, Archambault, la Nouvelle Journée, même si de ce côté on avait voulu rester fidèle à l’optique d’Hauriou : on a surtout retenu ici certains éléments de son œuvre, intégrables à une doctrine politique. Archambault y voit ainsi "une contribution vigoureuse à la défense de l’exécutif’117 et Prelot des éléments adaptables à son programme général de "réforme de l’État". Archambault s’intéresse de même aux thèses sociologiques de Georges Gurvitch dont il salue la tentative de synthèse du droit individuel et du droit social118. Mais durant les dernières années des Cahiers la place de la théorie de l’Institution est plus faible qu’en 1925-1933. En définitive elle avait été un des éléments de l’essai de synthèse doctrinale alors tenté. Ses thèmes pouvaient s’adapter aussi bien à un Catholicisme Social non autoritaire et démocratique qu’à une Démocratie Chrétienne modérée et débouchant sur un révisionnisme politique, l’idée de la réforme de l’État et de la représentation des intérêts économiques. Ces thèmes ont été partiellement "intégrés” à la philosophie politique en élaboration des Démocrates populaires.

    Maurice Blondel

    54Un philosophe comme Maurice Blondel (1861-1949) doit être resitué dans cet "environnement doctrinal" autour du P.D.P. et des revues proches. C’est bien avant la première guerre qu’il avait acquis sa réputation depuis sa thèse sur L’Action en 1893. Le "philosophe d’Aix-en-Provence" avait déjà exercé une action profonde sur la pensée catholique et le problème doit être posé de l’influence qu’il a pu exercer sur les milieux intellectuels proches du P.D.P., et de sa nature. Elle a pu jouer par l’intermédiaire de Paul Archambault, de la Nouvelle Journée et également de Politique119. En 1927 Blondel prend sa retraite universitaire et il accorde une longue entrevue à Frédéric Lefèvre qui paraîtra sous le titre L’Itinéraire philosophique de Maurice Blondel120. Il y expose tout ce qu’il doit à Ollé-Laprune, Emile Boutroux, Laberthonnière et il rend hommage aux "catholiques sociaux", aux "jeunes hommes" qui ont lancé Politique, dans lesquels il voit des "pionniers de l’avenir". Ses élèves et ses amis deviennent ainsi "des hommes d’information et d’action". Il est donc en sympathie avec ce milieu qu’il va soutenir discrètement, après avoir collaboré à la Nouvelle Journée d’avant 1924. Des liaisons familiales importantes doivent également être notées : Charles Flory est son gendre. Son fils, Charles Blondel écrit à Politique, et il est membre du P.D.P. Il est en contacts variés avec tout un milieu qui soit gravite autour du P.D.P., soit en fait directement partie. Bastianelli avait été un élève de Blondel et sera de ceux qui contribueront à étendre son influence.

    55Mais c’est du côté d’Archambault et de La Nouvelle Journée que les relations sont dans l’immédiat les plus nettes. Maurice Blondel participe au Cahier n° 3 Qu’est-ce que la mystique ? et au Cahier n° 10 Témoignages sur l’Action Française. En 1928, Archambault consacre le Cahier Vers un réalisme intégral à "l’œuvre philosophique de Maurice Blondel", et montre son importance pour toute une génération catholique pour qui le Sillon et la "philosophie de l’action" se sont présentés ensemble. Ce sont des élèves de Blondel qui ont largement baptisé le Sillon121. Il le revendique nettement comme un des inspirateurs philosophiques de toute une famille d’esprit, même sur le plan politique. Le Petit Démocrate fait également écho à plusieurs reprises à la pensée du philosophe, Roland Alix parlant ainsi de "la voie ouverte par Maurice Blondel"122. On démontre comment cette philosophie aboutit à un "réalisme intégral” et l’on se réjouit de voir cette pensée révélée au grand jour par les Cahiers123. Blondel est donc considéré comme un "maître à penser" dans les milieux intellectuels proches du P.D.P., même si son influence réelle a été limitée à quelques noyaux. En 1932 il fait paraître dans les Cahiers son étude sur "le problème de la philosophie catholique" alors fortement débattu124 et Archambault témoigne de son admiration devant cette "construction philosophique". En 1939 il publie Lutte pour la Civilisation et Philosophie de la Paix où cette fois il prend plus directement parti sur les problèmes de la Cité : il s’agit de savoir si le philosophe a quelque chose à dire face aux totalitarismes et aux "erreurs contagieuses"... Maurice Blondel a collaboré plus ou moins régulièrement à Politique où il abordé certains problèmes concrets. Mais il y examine aussi en 1934 ce qu’il appelle "les équivoques du Personnalisme", et estime tout comme Archambault que l’on peut s’orienter vers des conséquences dangereuses de l’utilisation de l’expression125. Ainsi Blondel peut être replacé dans l’arrière plan philosophique et doctrinal autour du P.D.P. Certes il a rarement pris des positions directement politiques, mais il a fait partie de cette "nébuleuse idéologique" autour de la Démocratie Chrétienne. Il a témoigné des convergences qu’Archambault essayait de mettre en évidence, le "réalisme intégral" ayant pu fournir un soubassement philosophique au "réalisme démocratique". A côté de l’influence sur les "laboratoires idéologiques" du Parti, il y a eu comme une référence générale pouvant d’ailleurs se combiner à d’autres.

    Jacques Maritain

    56Les idées de Jacques Maritain (1882-1973) ont aussi exercé une influence sur les courants de la Démocratie Chrétienne et le P.D.P.126. Mais dans quelle mesure doit-il être considéré comme faisant partie de cet environnement doctrinal, de cet arrière-plan philosophique et idéologique ? Comment le Parti et ses représentants se sont-ils situés face à sa philosophie, le problème pouvant être posé à la fin de la période d’une certaine "tentative d’annexion" ? Maritain, converti en 1907 qui s’était déjà acquis une grande notoriété par ses études thomistes avait d’abord eu des sympathies pour le maurrassisme et au moment de la condamnation dans Une Opinion sur Charles Maurras proposa une sorte de conciliation. Cornilleau fit alors connaître ses Réflexions sur une récente brochure de J. Maritain, en trouvant paradoxale son admiration pour Maurras127. Archambault lui consacre pour sa part une étude assez polémique dans Jeunes Maîtres. Mais il connaît une évolution à partir de sa rupture progressive avec l’Action Française, marquée par Primauté du Spirituel (1927) et sa contribution à Pourquoi Rome a parlé. Cette évolution est lente jusqu’à une adhésion à une idée démocratique qui a pu faire voir en lui un représentant de la pensée démocrate chrétienne et après 1945 une référence pour les démocrates chrétiens. En fait ce n’est pas avant Du Régime Temporel et de la Liberté que la question se pose vraiment. Il élabore une "philosophie de la liberté" en accord avec la philosophie de saint Thomas. Entre "l’individualisme" et "l’impérialisme", il propose une philosophie politique qui serait "communautaire" et "personnaliste", le "Bien Commun" de la cité temporelle étant essentiellement subordonné au bien de la personne.

    57Il envisage la "forme démocratique de gouvernement" et semble l’approuver dans la mesure où il s’agirait d’une démocratie au sens aristotélicien et non rousseauiste. Il préconise une sorte de "régime mixte" et "une démocratie aristotélicienne et monarchiste”128. Mais il envisage aussi la "possibilité d’une rénovation temporelle chrétienne” et c’est ici qu’il récuse l’existence d’un "parti catholique"129. Cependant, il appelle de ses vœux une "Fraternité politique" des catholiques qui se donnerait pour tâche d’aboutir à une refonte du régime social suivant les principes d’un "Humanisme Intégral"130. Après la publication de cet ouvrage Archambault parle malgré tout du "caractère verbal"131 des solutions esquissées par Maritain dont la complexité de la pensée est alors à son maximum. En 1935, il publie sa Lettre sur l’Indépendance qu’il présente comme une "lettre adressée à mes amis... sur plusieurs questions de l’immédiate actualité" : désormais l’écrivain ne doit pas se retrancher de l’angoisse des hommes. Il peut y avoir une philosophie pratique, le philosophe peut s’approcher de "l’agir" humain et politique pour défendre ce qui subsiste encore de valeurs humaines et chrétiennes, le grand problème étant celui de la réintégration des masses séparées du Christianisme132. Dans cette perspective d’une "Nouvelle Chrétienté” il aborde le problème de l’"action civique chrétienne". Tout en rejetant toujours la conception d’un parti politique à tendance confessionnelle, il juge nécessaire l’existence de formations politiques d’inspiration chrétienne133, et évoque la possibilité d’un "Tiers Parti" dont parlait le manifeste Pour le Bien Commun qu’il avait signé en 1934134. Concrètement il revendique une action politique "indépendante" des catholiques, en ordre éventuellement dispersé mais dans une certaine communauté d’objectifs. Mais il avait pratiquement ignoré l’existence du P.D.P. C’est ce que Cornilleau reconnaît en admettant que "Jacques Maritain n’est pas des nôtres". Cependant il pense aussi que la route sur laquelle il s’est engagé est exactement celle des Démocrates Populaires. Selon lui, à certaines phrases de Maritain "il nous semble entendre quelqu’un de chez nous". Il estime que la politique qu’il préconise est celle du P.D.P. En tout cas cette Lettre est pour lui et le Parti "un véritable réconfort"135.

    58Le P.D.P. par Cornilleau se reconnaît au moins partiellement dans les thèmes de Maritain qui publie en 1936 Humanisme intégral. Problèmes Temporels et Spirituels d’une Nouvelle Chrétienté où il s’attache à étudier de plus près la mission temporelle du chrétien et son rôle. Dans la perspective d’un "avenir plus prochain", il pose la question d’une "action politique à objectifs rapprochés" et développe sa fameuse "distinction des plans". Sur le simple plan temporel le chrétien doit agir simplement "en chrétien" et ici on ne saurait exiger une union des catholiques qui serait artificielle136. Il faut en tout cas distinguer entre l’action politique des chrétiens et l’Action Catholique "en tant que chrétiens". Cette distinction se révélera féconde, même si Maritain avait surtout théorisé une pratique de fait dans les années 1930 que le P.D.P. "Parti d’inspiration chrétienne" avait aussi réalisée concrètement. L’évolution "démocratique" de Maritain continue avec en 1938 Questions de Conscience, Le Crépuscule de la Civilisation en 1939, De la Justice Politique en 1940, Christianisme et Démocratie en 1943. Il devient le défenseur d’une civilisation occidentale menacée par les totalitarismes. Cependant cette "idée démocratique" est restée chez lui marquée de caractères originaux et par l’idée de "Nouvelle Chrétienté". Il est toujours resté plus lié au groupe et à la tendance autour des publications des Dominicains (Sept, Temps présent, La Vie Intellectuelle) qu’à ceux autour des organes liés aux Démocrates Populaires, tout se passant comme si dans la "mouvance démocrate chrétienne" au sens large il y avait désormais une nouvelle sensibilité intellectuelle, idéologique et doctrinale autour du néo-thomisme de Maritain, moins orientée vers l’action politique. Mais il est assez malaisé de juger de l’influence exacte de Maritain dans les années 1930 sur le Catholicisme français et la Démocratie Chrétienne. C’est à une synthèse complexe qu’il a abouti et Cornilleau est un peu téméraire en tentant de l’annexer à son courant qu’il avait ignoré si une influence de ses thèmes et de ses thèses a pu s’exercer sur les courants de la Démocratie Chrétienne politique et par la reconnaissance de certaines convergences.

    Mounier et la Démocratie Chrétienne

    59L’opposition entre un "Personnalisme Démocratique" et un "Personnalisme Révolutionnaire" s’était concrétisée par la polémique de 1934 qui avait témoigné de mauvais rapports généraux entre Esprit et la Démocratie Chrétienne. Ainsi un des seuls Partis (le P.D.P.) à se réclamer officiellement alors du Personnalisme a-t-il toujours été en mauvais termes avec le "Pape du Personnalisme". Emmanuel Mounier (1905-1950) fonde en 1932 la revue Esprit et publie quelques unes de ses œuvres principales137. Il définit assez vite aussi sa position générale à l’égard de la Démocratie Chrétienne, toujours assez hostile, et des thèmes déjà apparus dans sa controverse contre Archambault. Mais c’est dans sa correspondance pendant la guerre qu’il précise les raisons principales de son hostilité à l’égard des démocrates chrétiens engagés au niveau politique. En février 1940 il réfute absolument la tendance de Fr. Gay à considérer Esprit comme une tendance avancée de la Démocratie Chrétienne138. Il s’en prend directement au P.D.P. "comme si il (le P.D.P.) avait apporté grand chose à la France depuis 20 ans"139. En 1942 sa critique se fait encore plus dure contre les "démocrates chrétiens". Il incrimine "leur étroitesse de vue, leur absence de virilité intellectuelle et civique, leur manière de toujours offrir ce qu’on ne leur demande pas"140. Il déclare que s’il admire les "chrétiens sociaux", il ne veut pas être confondu avec le "Démocratisme Chrétien" et notamment ceux qui avaient fondé le P.D.P. : "je tiens que l’indigence de leur sens politique, leur timidité sociale et parfois le très contestable éclairage de leur christianisme ne les désignent ni pour l’intelligence historique ni pour l’action révolutionnaire requise de l’époque"141. Il leur reproche d’aboutir à un confusionnisme politique et il condamne en ce sens toute forme de "parti confessionnel" et de "politique chrétienne", de "projection sociologique” de la religion. En tout cas le Centre politique où les "gens raisonnables" souhaiteraient pouvoir s’établir n’est pour lui qu’une abstraction142. Il y a ici une sévérité allant parfois jusqu’à un certain mépris.

    60Si le point de départ était un désaccord sur la notion de démocratie libérale et parlementaire que Mounier et Esprit considèrent comme insuffisante, il s’affirme davantage une critique qui se veut "révolutionnaire" de la démocratie libérale, cet emploi du mot "Révolution" étant justement reproché par Archambault. En un sens d’ailleurs Mounier reproche aux démocrates chrétiens de s’être éloignés de leurs origines antilibérales et intransigeantes, et il les classe en fin de compte "parmi les représentants du désordre établi libéral les plus inconscients et peut-être les plus dangereux”143. Pour lui surtout la Démocratie n’a jamais été réalisée en France, contrairement à ce qu’affirment les démocrates chrétiens. Le problème est de plus en plus clairement celui de la critique du capitalisme, Mounier dénonçant la complaisance de la Démocratie Chrétienne pour le libéralisme économique. En revanche, les démocrates chrétiens mettent en cause chez lui son dédain de la démocratie parlementaire, acquis non négligeable. Même la "Jeune République" critique Mounier sur cette position. Mais il reste ferme et il décrit par exemple dans les romans de Cornilleau le type même de la confusion politico-religieuse144. Cependant au cours des années 1936-1937, Mounier et Esprit se trouvent être en fait bien souvent les cibles des mêmes attaques que les démocrates chrétiens de la part d’une Droite qui fait l’amalgame de tous les "rouges-chrétiens". D’ailleurs Fr. Gay dans son mémoire Pour un Rassemblement des Forces Démocratiques d’Inspiration Chrétienne parle des "chapelles" de la Démocratie Chrétienne et y englobe Esprit. Durant les années qui précèdent la guerre par les nouveaux rassemblements préparés par "les Amis de l’Aube", la "Nef”, des rapprochements de fait s’opèrent bien souvent entre les groupes Esprit et les autres. Dans le Cahier de 1939 Options sur Demain, on voit collaborer P. Archambault, Etienne Borne que l’on a pu considérer comme "une sorte d’intermédiaire entre Esprit et le mouvement démocrate chrétien"145, Jean Lacroix, Marc Scherer, Georges Hourdin, Louis Terrenoire. Etienne Borne évoque ces "rencontres et convergences entre les différentes familles intellectuelles et spirituelles du Catholicisme français" et il souligne ce qu’il appelle la "valeur" de la Démocratie, même si elle doit être repensée146. Il relève un accord profond qui existe depuis Esprit jusqu’à Paul Archambault. Quant à Jean Lacroix, s’il critique les "illusions" des démocrates chrétiens, il admet qu’il y a place pour une action strictement politique des catholiques aux côtés de l’action sociale dans une "mystique de la personne et de la liberté". Si de nouvelles convergences se dessinaient en 1938-1939, cela ne déboucha sur rien dans l’immédiat et Mounier n’abandonna pas ses critiques fondamentales. Le paradoxe sera ici que les démocrates chrétiens après 1945 auront une constante tendance à se référer à Mounier et au personnalisme d’Esprit. En fait les divergences étaient sans doute moins grandes que Mounier le prétendait, du fait d’une certaine communauté d’inspiration et d’un accord sur la défense de la "personne", des interférences existant en raison de l’influence générale des thèmes "personnalistes" dans leur ensemble sur un Parti comme le P.D.P.

    Bernanos

    61Le problème de la position de Bernanos peut être posé. Il a été dépeint comme un "antidémocrate sans repentir"147. Il y a le fait de plus que parmi les différentes conceptions de la Démocratie "celle que Bernanos refusait avec le plus de vigueur était la Démocratie Chrétienne"148. Pour lui sa tare suprême était en tout cas de vouloir concilier l’Église avec le monde moderne. Dans La Grande peur des Bien Pensants en 1931, critique vigoureuse de la bourgeoisie catholique, il parle de ces "imposteurs" que sont les "carabiniers de l’ancienne Action Libérale"149, celle-ci étant le point de départ des compromissions avec une République bourgeoise et anticléricale. Mais en 1939 après ses prises de position sur la guerre d’Espagne, il refuse cependant de se laisser qualifier de "coreligionnaire des démocrates chrétiens"150. Il reste fidèle à une sorte de "monarchisme chrétien", la Démocratie étant une hypocrisie camouflant le règne de la bourgeoisie et de l’argent. On a parfois ici des thèmes assez voisins de ceux de Mounier, même si l’une des critiques se veut révolutionnaire et l’autre plutôt d’inspiration contre-révolutionnaire. Du côté Démocrate Populaire on rend d’ailleurs les mêmes sentiments à Bernanos. En 1931 Archambault peint en lui le représentant d’une "chaîne continue, à travers un Veuillot, un Cassagnac, un Drumont, un Daudet". Il met en cause ses déclarations contre la République, le Ralliement et parle de son "bagou" placé "sous la bannière de Drumont"151

    Robert Cornilleau. Idées et Rôle. Un homme de contradictions

    62Dans cet ensemble doctrinal, Robert Cornilleau mérite à lui seul sans doute un développement spécial sur le plan de ses idées et de leur influence sur le P.D.P. Le directeur du Petit Démocrate fut en effet un écrivain et un idéologue original dont on doit essayer de voir comment ses thèmes se sont intégrés à la doctrine du Parti ou l’ont influencée152. Les Cahiers Catholiques par exemple en 1930 et l’Abbé Roblot voient en lui "un écrivain catholique méconnu", toute l’œuvre considérable qu’il a déjà derrière lui et qu’il poursuivra d’ailleurs jusqu’à la fin de l’entre-deux-guerres153. A côté de la direction du Petit Démocrate, Cornilleau a publié une quantité d’ouvrages divers. En tant qu’écrivain politique il avait déjà donné avant 1924 toute une série de brochures. Puis ce seront les Lettres à un Jeune sur la Démocratie Populaire, Le Ralliement a-t-il échoué ? etc..., son principal ouvrage d’histoire politique contemporaine étant De Waldeck Rousseau à Poincaré. Chronique d’une Génération 1898-1924 qu’il publie en 1926, à côté de son Du Bloc National au Front Populaire dont il n’y aura qu’un tome "1919- 1924". En 1928 il donne son Pourquoi pas ? et en 1929 Films d’Histoire et Types et Silhouettes. On doit également citer son étude sur L’Abbé Naudet en 1934. Mais il a voulu faire œuvre de "romancier social", par sa trilogie du Champ de Ronces (1928), du Navire sans Capitaine (1931) et du Vicaire de Gennevilliers (1936). Parallèlement, il a encore écrit un Balzac, Ecrivain Social en 1925 et une thèse de médecine en 1934 Barbey d’Aurevilly et la Médecine.

    63Cette œuvre multiforme peut permettre d’appréhender les grandes lignes de la pensée du personnage, sa richesse et ses contradictions. Lors d’une interview à L’Ouest Eclair en 1931 il se définit ainsi : "Je me sens à la fois un traditionaliste et un révolutionnaire” et il déclare avoir eu pour maîtres dans l’ordre intellectuel : Balzac, Barbey d’Aurevilly, Châteaubriand, Lamennais, Lamartine, Barrès, Jaurès154. Cet éclectisme ne pouvant qu’aboutir à certaines contradictions a été bien vu par G. Hourdin : "il était républicain, mais favorable au pouvoir d’un seul, amoureux des grands romanciers réactionnaires et réalistes du XIXe siècle. Il détestait les conservateurs. Il y avait en lui une solidarité profonde avec le peuple et une inaptitude non moins profonde à le flatter"155. En fait ce "traditionaliste révolutionnaire", ce républicain démocrate était resté attaché à une certaine idée de la Monarchie et par ailleurs du nationalisme et on a pu dire que "dans ses attaques contre la Droite, il y a comme l’écho d’un amour déçu"156. C’était encore un nostalgique d’un état social qu’il aimait également retrouver dans un Moyen-Âge idéalisée157. Cornilleau est cependant devenu "démocrate par devoir" et il a accepté le régime républicain "par goût de la justice”. Car c’est aussi dans la tradition de la "Démocratie Chrétienne" qu’il veut bien sûr se situer. Ainsi pour Bastianelli : "le P.D.P. auquel il consacrait le meilleur de lui-même, c’est avant tout pour R. Cornilleau la forme politique de la Démocratie Chrétienne dans laquelle il avait été formé et au sein de laquelle il avait toujours milité"158. Cette "Démocratie Chrétienne" était pour lui la réalisation du Christianisme intégral, la forme que devait prendre l’action sociale et politique des chrétiens. Mais Cornilleau est peut être d’abord et avant tout un "tempérament" et une "humeur" capables d’enthousiasmes successifs, dans une certaine ligne directrice cependant, malgré des influences aussi diverses que le Royalisme, le Bonapartisme, le Jacobinisme pouvant aller jusqu’à des tentations autoritaires cependant vite combattues par sa fidélité démocratique. Il y a chez lui encore un profond attachement à l’idée de la complexité de la société qu’il retrouve chez Balzac. La Démocratie Chrétienne est ainsi la forme permettant le mieux de la respecter, tout en ne se résignant pas au conservatisme. Ces influences et ces thèmes parfois contradictoires sont perceptibles dans des ouvrages comme Types et Silhouettes ou Films d’Histoire et la dimension du patriote un peu cocardier apparaît dans les chapitres qu’il consacre à Déroulède, à la "Ligue des Patriotes", à Drumont, à la "part de Barrès". Mais il témoigne aussi de son admiration pour Jaurès "enfant prodigue de la pensée chrétienne" à côté d’un Tardieu qui l’enthousiasme en 1929.

    64C’est dans ses Lettres à un Jeune sur la Démocratie Populaire, au départ suite d’articles dans Le Petit Démocrate que Cornilleau a le mieux présenté sa doctrine générale159. Pour lui la République doit reprendre la tâche que n’a pas su accomplir la Monarchie. Il faut se tourner vers l’avenir tout en respectant la vieille société française. Il attaque les "conservateurs qui ne savent rien conserver". La bourgeoise française, si elle veut combattre la Révolution doit apprendre à ses fils le désintéressement. Il verrait bien une compagnie spirituelle et intellectuelle qui s’apparenterait aux grands ordres religieux du Moyen-Âge, le salut étant dans une élite de "semeurs d’idéal". Dans sa seconde "lettre" il avait paru défendre aussi l’inspiration de la "Commune de Paris", ce qui avait suscité des remous et des reproches160. C’est également ici qu’il essaie de préciser et de justifier les points de vue exprimés dans Pourquoi pas ? au début de 1927 au sujet d’une éventuelle collaboration avec les socialistes. On a chez lui l’idée fondamentale d’un pays qui se tourne vers la Gauche et de la nécessité d’abandonner les politiques négatives de l’insurrection et de l’opposition, les catholiques ayant suivi jusqu’ici des voies stériles. En décembre 1927 dans sa lettre "ni confessionnalisme, ni laïcisme", il parle de "l’étemel ferment révolutionnaire de l’Évangile", phrase qui lui sera souvent reprochée. Mais c’est à ce moment qu’il précise ses idées sur le mode d’action d’un parti comme le P.D.P. dans ses rapports avec le "confessionnalisme"161. C’est leur "idéalisme chrétien" que les Démocrates Populaires veulent mettre au service de la République, pour aboutir à des formules de "collaboration républicaine" dans le cadre d’un certain "déclassement des partis"162 et aussi à la solution de la "question religieuse" qui crée un faux clivage, et empêche de se tourner vers une "politique positive"163.

    65Les grandes lignes d’une doctrine, au-delà d’une certaine confusion étaient apparues, notamment l’idée d’une "démocratie populaire baignée de traditions chrétiennes, et françaises, orientée vers les réalisations les plus audacieuses d’art politique et social"164. C’est aussi une synthèse que Cornilleau veut réaliser entre la Tradition et la novation, voire la Révolution. Ses modèle sont ceux à la fois d’un peuple chrétien médiéval un peu idéalisé dans ses corporations et ses communes, d’une monarchie bienveillante et également d’un certain jacobinisme autoritaire et nationaliste. Par certaines de ses idées, Cornilleau restera d’ailleurs parfois un peu en marge du P.D.P. et cela en dehors même de son Pourquoi pas ?. Cet idéologue a toujours eu des idées s’intégrant de façon personnelle à celles de son Parti. La richesse de sa pensée peut aussi être illustrée par l’intérêt qu’il a porté à certains romanciers du XIXe siècle. En 1925 il publie son Balzac, écrivain social qu’il n’est pas loin de classer parmi les précurseurs du "Catholicisme Social". Il est pour lui de ces "écrivains traditionalistes qui ont le plus largement contribué à mettre en lumière l’utilité et la bienfaisance sociale du Catholicisme"165. Il admire en lui le "clinicien social" qui a analysé les organes de la société, et y retrouve son thème du foisonnement du vivant social.

    66Cornilleau n’a pas seulement admiré les grands romanciers sociaux, il a également amorcé une œuvre romanesque d’un caractère original dans ses trois romans sociaux influencés aussi par Georges Fonsegrive. Dans Le Champ de ronces sous le pseudonyme de Jacques Hardanges, Le Vicaire de Gennevilliers, sous celui de Jean Courtarvel, Le Navire sans Capitaine, il met en scène plusieurs personnages représentatifs de dirigeants démocrates d’inspiration chrétienne, mais en qui il est difficile de chercher des portraits précis : Jacques de Villeneuve, jeune aristocrate idéaliste et Folletière, plus plébéien et réaliste. Il montre en De Villeneuve "un enfant de la tradition et de l’esprit nouveau", qui rêve de constituer l’armature morale de la démocratie en s’appuyant sur toutes les forces organisées du pays. Le Père Bertin, jésuite est son directeur de conscience dans le "cercle Léon XIII" avec la "Revue intellectuelle de la Démocratie". "Le Champ de Ronces" raconte surtout une candidature de J. De Villeneuve à la fois face aux conservateurs, aux révolutionnaires et aux royalistes de "l’Ordre National". Pour Le Navire sans Capitaine, il admet qu’il n’a eu qu’à recueillir "dans l’expérience prodigieusement intéressante d’action politique et parlementaire que poursuit le P.D.P." les principaux éléments de personnalité des figures évoquées166. A la Chambre le groupe des "Démocrates Sociaux" se veut au Centre et le ferment de la majorité gouvernementale. Il souhaite se rapprocher des "Travaillistes", mais "l’Ordre national” poursuit les Démocrates de sa haine. Le roman se termine sur une sorte d’adieu à la politique et Cornilleau affirme : "la politique ne suffit pas. Non seulement elle n’est pas tout, mais elle n’est pas d’abord"167. Il établit sous une forme romancée un constat d’échec de son mouvement en 1931 et dans Le Vicaire de Gennevilliers en 1936, il aborde surtout le problème des difficultés de l’apostolat en "banlieue rouge"168. Dans ces romans il a pu laisser sans doute apparaître plus librement certaines de ses idées et même sur son propre Parti, débouchant sur un certain scepticisme à l’égard de l’action spécifiquement politique.

    67Enfin, Cornilleau a fait œuvre d’historien et présenté dans Chronique d’une Génération le rappel de l’action de la Démocratie Chrétienne, du Catholicisme Social, du Sillon, de l’A.C.J.F. en élaborant une histoire "de l’intérieur" des origines du P.D.P. qui était pour lui l’aboutissement d’un mouvement séculaire d’efforts et le milieu le plus favorable à la "synthèse" qu’il souhaitait. Le directeur du Petit Démocrate a été aussi en définitive une des "têtes pensantes" du Parti, même s’il a été le type de l’idéologue un peu indépendant du milieu même et de la tendance auxquels il se rattachait. Par sa "synthèse doctrinale" personnelle qu’il présentait plus ou moins adaptée à l’actualité aux lecteurs du Petit Démocrate, il a enrichi et en même temps parfois un peu compliqué une tentative de recherche doctrinale qui n’était déjà pas simple.

    III – LA RÉFORME DE L’ÉTAT – DE LA THÉORIE A LA PRATIQUE

    68Politique est resté, à côté des Cahiers le principal centre de réflexion doctrinale dans la mouvance du P.D.P. Ses promoteurs, Flory et Prelot en particulier espéraient certainement en faire un laboratoire intellectuel fournissant les éléments généraux d’une doctrine que le P.D.P. en tant que parti pourrait ensuite essayer de transposer sur le plan politique. Cependant la revue n’a pas été uniquement un organe de réflexion doctrinale. Elle suivait l’activité politique et sociale, les problèmes extérieurs, mais c’était bien l’organe de réflexion politique mensuel, alors que les Cahiers étaient dans le cercle de la réflexion philosophique générale. C’est dans Politique que Paul Archambault a défini "les éléments d’une politique démocratique" et le "réalisme démocratique". En 1938 il s’y interroge sur la "peur" qui surgit dans les démocraties et en 1940 il constate ce qu’il appelle "la colère des pacifiques". Il a été une des "composantes" doctrinales de Politique avec son "Personnalisme Démocratique" et de la synthèse qu’elle a tenté d’élaborer. En tout cas "Personnalisme Démocratique" et "Popularisme Démocratique" y furent essentiels, aux côtés de l’influence de la philosophie de M. Blondel dont la collaboration fut partielle mais signifiante. La rubrique "la vie intellectuelle" est animée par Pierre Demagny, J. Nanteuil, G. Bidault, M. Prelot, ce dernier tentant d’élaborer une synthèse difficile autour de tous ces éléments doctrinaux.

    69Cette synthèse va être essentiellement tournée vers un thème qui sera un des principaux défendus par Politique, celui de la "Réforme de l’État” et dont le Personnalisme Démocratique, le Popularisme Démocratique, la Théorie de l’Institution, les apports blondéliens constitueront comme le soubassement. Ce thème devient un de ceux du P.D.P. lui-même qui le mettra à son ordre du jour à son Congrès de 1929. En 1936 un bilan est fait par Politique elle-même qui constate qu’elle a été un aboutissement intellectuel de tout un mouvement historique dans la France de l’après-guerre169. On montre comment Sturzo a donné dès 1928 avec le "Popularisme" une synthèse très claire des idées sur lesquelles veut s’appuyer la revue. Mais on remarque qu’en 1936 se dire démocrate est se situer en position défensive. Face à ces menaces l’année suivante Prelot s’interroge sur "les conditions présentes d’un régime de liberté"170. Il se prononce en faveur d’un "révisionnisme libéral" et parle de la possibilité d’établir "un pluralisme social dans une manière de démocratie corporative". Cet aboutissement des idées de Prelot est assez significatif des complexités de la revue qui, si elle a été dès 1927 à la recherche d’une doctrine n’est peut-être pas arrivée aussi facilement que le pensait Prelot à la synthèse qu’elle cherchait à élaborer. Dès l’origine il y avait déjà la jonction des thèmes classiques des démocrates chrétiens modérés et des "catholiques sociaux démocrates" et de plus une forte tendance intellectuelle issue du Libéralisme Catholique. C’est ensuite que le "Popularisme Démocratique" fut un temps présenté comme la synthèse recherchée elle-même, appuyée par le "Personnalisme Démocratique" et les thèmes "institutionnalistes". C’est cette synthèse que Prelot présentait en particulier en 1932 par son article de La Revue des Vivants. Mais on peut se demander si elle a été celle de l’ensemble de la revue, et encore plus de l’ensemble du P.D.P. De plus certaines contradictions relatives peuvent être trouvées entre ses constituants. Des disparates apparaissent dans les thèmes de la revue où il est parfois assez difficile de reconnaître effectivement une ligne doctrinale directrice. D’autre part au cours des années 1930 d’autres éléments sont venus s’ajouter et essentiellement une certaine influence des thèmes corporatistes, le corporatisme en lui-même n’ayant cependant jamais été accepté171. L’histoire doctrinale de Politique est assez significative des complexités, voire des contradictions d’une recherche d’une doctrine précise autour d’une tendance comme le P.D.P. De la Démocratie Chrétienne au corporatisme traditionaliste, il y a en fait un vaste prisme idéologique, même si on a aussi des interférences nombreuses. Celles-ci ont été bien saisies par Prelot qui en revanche n’a peut-être pas perçu suffisamment les hétérogénéités.

    70Ce n’est pas sur le plan d’une synthèse doctrinale complète qu’il faut rechercher les résultats principaux de l’effort de Politique et de ce qu’elle a pu apporter au P.D.P. lui-même. Les résultats peuvent être envisagés surtout au niveau d’un des thèmes centraux de Politique et du Parti, celui de la réforme de l’État : c’est dans ce domaine que la synthèse a le mieux joué, avec des résultats pratiques et une progression des thèmes visibles dans la revue. Celle-ci consacre dès 1927 des études au "renforcement de l’autorité", la Semaine Sociale à Lyon en 1925 ayant été consacrée à la "crise de l’autorité”. E. Giraud analyse la faiblesse de l’exécutif et la nécessité de le renforcer172 tandis qu’A. Boissard pose le problème du "statut des fonctionnaires" et de la "grave crise des services publics"173. Pour G. Renard le problème doit trouver sa solution dans la philosophie de l’Institution174 et Archambault estime que l’on pourrait s’appuyer sur la formule d’Hauriou : "la trilogie de l’ordre, du pouvoir et de la liberté"175. Cette série d’études en 1927 peut être considérée comme une première approche du problème de l’État et de sa réforme. Une pléiade de juristes s’était donc manifestée dans la revue y témoignant de l’influence des thèmes institutionnalistes. C’est en 1929 que le problème central est réellement abordé à Politique avant qu’il ne soit posé au Congrès du Parti, et après que Sturzo ait présenté ses thèses sur le "Popularisme" en 1928. Marcel Prelot entame le débat par son étude "la crise de l’État, sur une révision démocratique de la constitution". S’il dit son choix fait face à un régime autoritaire, ce n’est pas que rien ne soit à changer. L’effort doctrinal s’orientant depuis quelques années vers une idée de réforme de l’État Démocratique, celle-ci doit être d’abord une réforme de la Constitution et des Institutions. Ces idées vont dans le sens du "révisionnisme modéré" du programme de 1924, mais avec un accent plus vigoureux en faveur du relèvement de l’exécutif. A propos du législatif il récuse cependant un "sénat professionnel" et se dit en faveur de solutions intermédiaires, pour la représentation des intérêts économiques et professionnels, sociaux et moraux176

    71A côté de ces thèmes sur la réforme des institutions, le problème de la réforme de l’État est posé de façon plus ample par F.L. Ferrari avec "État corporatif et État populaire"177. Il reprend les thèses "popularistes" de Sturzo au sujet de l’État et précise "notre conception de l’État organique" contre l’État tout puissant issu en fait de l’État libéral. Si les corps intermédiaires ne peuvent diriger l’État, ils doivent concourir à son organisation. Il montre également les différences profondes entre "l’État corporatif” sur le modèle italien et "l’État organique" qui s’appuie réellement sur la volonté des individus et des masses. L. Coirard pose de son côté la question du "rôle de l’association dans l’État moderne" et de son insertion nécessaire dans la vie de la nation178. Cet ensemble de réflexions de 1929, important et cohérent réunit des idées sur la réforme des institutions et une réforme plus organique de l’État qui se veulent inspirées du "Popularisme" et aussi de la théorie de l’Institution : renforcement de l’exécutif, intégration des corps intermédiaires et des syndicats dans une nouvelle forme d’État en sont les lignes directrices. Une suite immédiate à ces thèmes est donnée par le P.D.P. lui-même à son Congrès de 1929 qui aborde à Nancy le problème de la "Réforme de l’État". Marcel Prelot avait établi le rapport préliminaire en reprenant les idées principales émises par Politique. Le P.D.P. est en contact sur ces questions avec ce que l’on appelle alors les "Jeunes équipes" qui discutent essentiellement de l’intégration du syndicalisme179. Cependant le "Popularisme" dépasse le syndicalisme en ne réduisant pas les collectivités intermédiaires aux seuls groupements professionnels. Il faut donner une place dans l’État à tous les groupes, à toutes les institutions, sans aboutir à un État corporatif, et aussi parvenir à des réformes administratives guidées par le principe d’un "désencombrement" de l’État qui ne serait pas un "dessaisissement” à la fois sur le plan économique et administratif. Dans ces conditions, est adoptée au Congrès une résolution concernant la réforme de l’État, sur les bases établies par une commission de la réforme de l’État et son rapporteur Prelot. On veut compléter les termes du programme de 1924 pour "donner au gouvernement plus de stabilité, aux organismes sociaux et professionnels plus d’influence dans la nation". Sur le plan politique il s’agit de revenir à un véritable régime parlementaire. Dans le domaine social l’intervention des organismes sociaux et professionnels, familiaux et moraux devra se traduire par leur association à l’œuvre législative et gouvernementale. L’État devra se décharger des tâches qui l’accablent par une décentralisation administrative et organique180. Le P.D.P. se dote donc en 1929 d’une doctrine complète de la "Réforme de l’État” en utilisant les idées présentées par Politique, et synthétisées par Prelot et le "Bureau d’Études". Les apports doctrinaux trouvent ici leur point d’application principal181.

    Réforme Administrative et Régionalisme

    72Dans le cadre général de la Réforme de l’État et en liaison directe avec ce thème dont elles furent des éléments essentiels, application directe de sa doctrine, le P.D.P. a adopté aussi des positions originales dans cette période sur certains problèmes comme les réformes administratives et le régionalisme. Le programme de 1924 était assez clair et s’affirmait partisan d’une réforme allant dans le sens d’une décentralisation. Le Manuel de 1928 évoque un régionalisme qui la parachèverait. Il faudrait tout d’abord délimiter les régions autour de grandes villes qui pourraient exercer une influence (20 ou 25) et organiser un véritable pouvoir régional, économique, social et scolaire. La doctrine régionaliste, ainsi conçue dans un sens de décentralisation administrative, économique et sociale, et non politique a été un axe important de la doctrine générale du Parti, et peut être un de ses aspects les plus originaux. Elle s’inscrivait dans sa théorie de la Réforme de l’État et également dans la doctrine générale de la Démocratie Chrétienne. Comme a pu le montrer J.M. Mayeur : "il ne serait pas difficile d’énumérer les programmes et les déclarations qui, de l’Avenir à l’Aube, de Lamennais au M.R.P. affirment la nécessité et les vertus de la décentralisation"182. Mais c’est largement dans la doctrine des "corps intermédiaires" et de la "société organisée" remontant au traditionalisme qu’il faut chercher les origines de ce régionalisme, la "région" étant à placer aux côté de la "profession" et de la "famille". Par ailleurs un mouvement régionaliste était apparu à partir de la fin du XIXe siècle, s’était concrétisé par la formation en 1900 autour de Charles-Brun de la Fédération régionaliste de France qui avait manifesté des connexions avec le Catholicisme Social. On a pu dire que dans cette période "sur le plan parlementaire le régionalisme n’a eu de contacts réels qu’avec le P.D.P."183, ce qui paraît un peu excessif, même si Charles-Brun avait établi des relations du côté des milieux catholiques sociaux et démocrates chrétiens autour de "l’Âme Française". Il reste en contact avec le "Jeune République" et établit des liens étroits avec Raymond-Laurent184. De même Pierre Trémintin collabore aux Cahiers Régionalistes. Il demande que l’on n’ajourne pas indéfiniment tout essai de réforme, un régionalisme bien conçu devant avoir le sens d’une réaction contre la centralisation étouffante185. A L’Ouest Éclair Desgrées du Lou affirme que "régionalistes" et "syndicalistes" mènent le même combat en faveur des corps intermédiaires186

    73Pour le P.D.P., le problème se posait à la fois par ses origines doctrinales et les conditions de sa formation, du fait de la présence et du rôle des Alsaciens-Lorrains qui ont pu accentuer la note régionaliste, en faisant une des conditions de leur adhésion sur le plan parlementaire187. Mais il y avait de même le problème des Bretons et le P.D.P. marqué par le poids de ces deux régions ne pouvait pas négliger la question. Malgré tout la "Fédération Régionaliste" a toujours déclaré qu’elle se tenait "en dehors et au-dessus de toute question politique" et d’ailleurs elle comptait dans son comité d’honneur Louis Marin aux côtés de Paul-Boncour. Pour le P.D.P. c’est aussi une certaine prudence pratique qui guide ses déclarations au niveau des Congrès et c’est de façon partielle que le problème est examiné plus à fond par Raymond-Laurent au "Collège libre des Sciences Sociales" sur la "réforme administrative". Le Congrès de l’A..C.J.F. en 1926 est consacré à "la vie régionale" et y interviennent des éléments proches du Parti188. Le mouvement général continue pour les milieux démocrates chrétiens et catholiques sociaux. Louis Rolland fait le point dans les Cahiers de la Nouvelle Journée et estime que s’il y a beaucoup à retenir du mouvement régionaliste, la "décentralisation" est plus susceptible de développements importants189 ce qui paraît être une idée assez largement partagée. Mais en fait le P.D.P. en tant que parti continue à aborder la question assez timidement. A son Congrès de 1928 un "programme municipal" est adopté, pouvant constituer la première étape d’une réforme régionaliste d’ensemble190. En 1929 la réforme administrative et régionale est replacée dans le cadre général de la Réforme de l’État qui doit se décharger en particulier sur les collectivités locales des charges qui l’accablent. Mais concrètement sur le plan du "régionalisme", on n’ira guère plus loin que le programme de 1924, malgré les contacts maintenus avec la Fédération Régionaliste. Le P.D.P. a pu hésiter à mettre en avant une réforme qui conservait encore à cette époque une certaine tonalité idéologique. Par ailleurs le problème alsacien a pu être facteur de prudence à cause des connexions "autonomistes", même si le P.D.P. a toujours affirmé soutenir les revendications "régionalistes" de l’U.P.R. Il y avait aussi le problème de la Bretagne, l’émergence dans l’entre-deux-guerres d’un "mouvement breton" régionaliste, ou de mouvements comme le Parti Autonomiste Breton qui prend parfois contact avec les autonomistes alsaciens. Les parlementaires bretons du Parti, Simon et Tremintin défendent surtout les revendications régionalistes sur le plan de la langue bretonne. Tremintin déclare à la Chambre qu’il y a en Bretagne une question linguistique analogue à celle de l’Alsace191. Cette question s’intégrait pour le Parti à un ensemble de problèmes pouvant le gêner, ce qui peut expliquer sa relative réserve au sujet de l’application pratique du régionalisme auquel il a préféré le terme de décentralisation. Cette réforme régionale ou administrative restait malgré tout conçue comme un élément essentiel de la Réforme de l’État, et cela aux côtés de la représentation professionnelle192.

    La Réforme du Suffrage Universel

    74On peut ajouter à l’ensemble des éléments rattachés à la Réforme de l’État un thème cher au P.D.P., celui de "l’intégralisation du suffrage universel". Le programme de 1924 insistait déjà fortement sur la représentation proportionnelle, le vote familial, le vote des femmes. L’attachement à l’idéologie proportionnaliste caractérise le P.D.P. et en fait une des tendances favorables à ce type de scrutin. Il est défendu en tant que scrutin de justice et de vérité qui introduit la netteté dans les consultations et constitue un facteur de stabilité politique en protégeant les minorités de l’écrasement Cette raison pouvait jouer de façon fondamentale pour une petite force comme le P.D.P. Celui-ci dénonce également les compromis nécessaires pour le partage des circonscriptions et les désistements au second tour dans le scrutin uninominal. On a ici l’expression d’une tendance profonde au-delà de l’intérêt électoral à souhaiter une expression exacte de la force des partis, témoignant de l’attachement sincère au rôle des partis politiques dans la Démocratie. Le groupe démocrate se manifeste assez vite en ce sens contre le retour au scrutin d’arrondissement, par la proposition de loi de mars 1926 sur le scrutin proportionnel dans le cadre régional. Ce retour est considéré comme une injustice et une faute politique. Les thèmes sur le suffrage et son organisation sont repris dans la déclaration sur la réforme de l’État en 1929. On pense dès lors qu’il faudrait au minimum réagir contre les injustices actuelles par la péréquation des circonscriptions.

    75Pour le P.D.P. la réforme du suffrage universel implique aussi le vote des femmes et le vote familial malgré certaines contradictions qui vont se révéler. Le vote féminin était une revendication originelle du Parti, soutenue par les milieux féminins y adhérant et par certains milieux catholiques sociaux comme l’Union Féminine Civique et Sociale. Germaine Chapuis, avocate au barreau de Marseille explique ainsi dans un des Cahiers de la Démocratie Populaire, "pourquoi nous sommes partisans du suffrage féminin" : conception sincère du suffrage universel, rôle de plus en plus grand de la femme dans la vie économique et sociale193. Raymond-Laurent et Prelot dénoncent du reste en ce domaine l’hostilité permanente à gauche. Le suffrage familial figure également dans le programme initial du Parti et il est constamment repris par ses déclarations. C’était aussi un thème traditionnel du Catholicisme Social, visant à donner des voix supplémentaires au chef de famille : proposition Roulleaux-Dugage dans la Chambre du Bloc National. Celui-ci expose en 1925 les raisons du vote familial auquel est lié selon lui l’avenir du pays194. Mais Raymond-Laurent s’en fait alors le défenseur ardent, avec des arguments à la fois politiques : nécessité de représenter les mineurs, et sociaux ; insuffisance de la représentation de la famille195. Le groupe démocrate dépose en 1926 en même temps que la proposition sur le scrutin proportionnel, celle sur le suffrage féminin et le suffrage familial qui accorde une voix par enfant au père de famille. Il y avait ici la volonté de concilier deux tendances qui commençaient à diverger même chez les catholiques sociaux entre les "familiaux" et les "féministes". Dans la mouvance démocrate des hommes comme Jean Lerolle196 et André Toulemon notamment se font les défenseurs de cette idée. Mais Toulemon met bientôt directement en cause le mouvement féministe comme responsable des difficultés. Pour lui le suffrage féminin sans le suffrage familial ne constitue qu’une réforme partielle et insuffisante, et il y aurait danger à séparer les deux questions197. La césure déjà ouverte se révèle publiquement par une polémique dans Le Petit Démocrate en 1933. Germaine Chapuis critique l’ouvrage de Toulemon sur le suffrage familial en voyant dans ses propositions un "vote plural en faveur du chef de famille" et l’expression d’une conception qui absorbe l’individu au sein de la famille. Pour elle le suffrage individuel est le seul dans la ligne de la Démocratie Populaire198. Toulemon réplique en affirmant au contraire que seul le suffrage familial est dans la ligne démocratique.199. Ce conflit de tendances a traversé le P.D.P. Il a marqué l’émergence d’une conception plus individualiste du suffrage et bien reflété un affrontement plus large entre une conception anti-individualiste et organiciste de la démocratie et une conception individualiste plus moderne qui faisait des progrès dans le Parti.

    Notes de bas de page

    1 Le Parti Démocrate Populaire. C.R. de l’Assemblée Générale Constitutive des 15-16 novembre 1924, p. 84.

    2 R.-LAURENT, Manuel politique et social. Le programme des Républicains Démocrates. Paris, SPES, 1924, 264 p.

    3 R.-LAURENT – M. PRELOT, Manuel Politique, SPES, 1928, 340 p.

    4 ibid., p. 28.

    5 ibid., op. cit., p. 35.

    6 ibid., op. cit., p. 55.

    7 R.-LAURENT – M. PRELOT, op. cit.. p. 34.

    8 R.-LAURENT, op. cit., p. 50.

    9 R.-LAURENT -M. FRELOT, op. cit., p. 84.

    10 R.-LAURENT – M. PRELOT, p. 218.

    11 R.-LAURENT – M. PRELOT, p. 222.

    12 R.-LAURENT – M. PRELOT, op. cit., p. 234.

    13 ibid., op. cit., p. 61.

    14 R.-LAURENT – M. PRELOT, op. cit., p. 259.

    15 ibid., op. cit., p. 161.

    16 R.-LAURENT – M. PRELOT, op. cit., p. 40.

    17 ibid., op. cit., p. 281.

    18 ibid., op. cit., p. 283.

    19 voir plus bas, p. 225.

    20 R. LAURENT – M. PRELOT, op. cit., p. 198.

    21 R. LAURENT, op. cit., p. 131.

    22 R. LAURENT – M. PRELOT, op. cit., pp. 93-111.

    23 Des points communs pourraient être trouvés entre ce programme et celui du Parti Populaire Italien (P.P. I. de 1919, lui aussi Parti non confessionnel, mais s’inspirant de la doctrine catholique : défense de la famille, liberté d’enseignement, décentralisation, représentation proportionnelle, législation sociale. Le P.D.P. a eu ici une sorte de "précurseur" à l’étranger, posant le problème d’une éventuelle source d’inspiration – voir plus bas, p. 270.

    24 R. CORNILLEAU, Pourquoi les Démocrates Populaires ont formé un Parti nouveau, 2e édition, 1929, 48 p.

    25 R. CORNILLEAU, Union et Loyauté. Mais où est l’idéal commun ? 1931.

    26 G. HOURDIN, Année Politique, avril 1932.

    27 M. PRELOT, Démocratie Populaire et Réforme de l’État, Éditions des Vivants, 1932, 14 p.

    28 Voir plus bas, 2e et 3e parties.

    29 E. PEZET, Chrétiens au service de la cité, op. cit., p. 101.

    30 Petit Démocrate, 28 novembre 1926.

    31 Petit Démocrate, 27 novembre 1927.

    32 Année Politique, avril 1932.

    33 M. PRELOT, article cité in Scritti di Sociologia...

    34 Témoignage Charles FLORY.

    35 Petit Démocrate, 9 janvier 1927.

    36 Archives Ch. FLORY. Note confidentielle... s.d.

    37 ibid., correspondance 1926-1927.

    38 Archives Ch. FLORY. Lettre THELLIER DE PONCHEVILLE, 1926. Dans cette correspondance apparaissent les noms de quelques uns des principaux leaders du P.D.P., mais aussi d’individualités catholiques sociales ou autres.

    39 Archives Ch. FLORY. Lettre Ch. FLORY à Paul RENAUDIN, 16 février 1927.

    40 Archives Ch. FLORY. Lettre Ch. FLORY à H. BEUVE-MERY, 4 février 1939.

    41 A ce sujet J. M. MAYEUR in HENRI IRENÉE MARROU, Crise de notre temps et réflexion Chrétienne, Paris, Beauchesne, 1975, p. 14.

    42 Archives G. TESSIER. Dossier "Revue Politique”.

    43 Archives Semaines Sociales. Lyon. Lettre DUTHOIT à GONIN, 21 février 1927.

    44 Voir plus bas, p. 370.

    45 On décide alors de constituer une association qui garderait la propriété de la revue et traiterait avec les Éditions S.P.E.S.

    46 Politique, 15 janvier 1927.

    47 M. PRELOT, Le Libéralisme Catholique, op. cit., p. 390.

    48 Voir plus bas.

    49 Voir plus bas, p. 260.

    50 M. VAUSSARD, Histoire de la Démocratie Chrétienne, op. cit., p. 244.

    51 Voir plus bas, p. 270.
    Sur STURZO et son œuvre, entre autres : G. DE ROSA, L’Utopia politica di Luigi Sturzo, Brescia, 1973, SANTO BELLIA, Chiesa e Stato nel pensiero di L. Sturzo, Societa Editrici Internationale.

    52 Politique, 15 juin 1927.

    53 Politique, 15 août 1928.

    54 Cahiers de la Nouvelle Journée, n° 32.

    55 ibid., n° 40.

    56 M. PRELOT, article cité in Scritti...

    57 M. PRELOT, Démocratie Populaire et Réforme de l’État, 1932.

    58 F. L. FERRARI. Le Régime fasciste italien, Paris, SPES, 1928.

    59 Politique, 15 août 1928, 15 avril 1931.

    60 Res Publica, février 1933.

    61 André LAURENCEAU, op. cit., p. 16.

    62 Respectivement, Cahiers n° 1, 6, 11.

    63 Respectivement Cahiers n° 14, 15, 17, 19, 39.

    64 Respectivement Cahiers n° 12, 20, 33.

    65 Respectivement Cahiers n° 17, 32, 40.

    66 Cahiers n° 4 et 13.

    67 Cahiers n° 31, 37, 34, 27.

    68 Cahiers n° 10.

    69 Cahiers n° 13, 25.

    70 Archives Paul ARCHAMBAULT. Lettre CHAMPETIER à ARCHAMBAULT, 15 Mars 1928.

    71 ibid., Lettre FLORY à ARCHAMBAULT, 1928-1929.

    72 ibid., note 25 juillet 1930.

    73 ibid., Lettre M. COQUELIN à ARCHAMBAULT, 20 avril 1932.

    74 Le tirage semble avoir atteint un point moyen autour de 1 800 exemplaires (avec 400 invendus, la pointe ayant été à 2 450 pour le cahier sur "L’Action Française"). Archives Paul ARCHAMBAULT.

    75 Petit Démocrate, 3 juillet 1927.

    76 Petit Démocrate, 24 avril 1927.

    77 Petit Démocrate, 3 août 1930.

    78 Petit Démocrate, 3 septembre 1933.

    79 C.N.J. n° 18.

    80 C.N.J. n° 19, 34.

    81 C.N.J. n° 27.

    82 Après l’échec de LEBECQ dans le 5e arrondissement.

    83 C.N.J. n° 21.

    84 C.N.J. n° 38.

    85 Petit Démocrate, 3 septembre 1933.

    86 C.N.J. n° 24.

    87 C.N.J. 1933.

    88 Nouvelle Journée, 1er août 1921.

    89 P. ARCHAMBAULT, Réalisme Démocratique, Paris, SPES, 1930.

    90 ibid., p. 9.

    91 ibid.

    92 Politique, 15 août 1928.

    93 ibid.

    94 ibid., 15 avril 1929.

    95 Politique, 15 mai 1929.

    96 P. ARCHAMBAULT, Pierres d’attente pour une cité meilleure. C.N.J. n° 29.

    97 Pierres d’attente pour une cité meilleure, p. 121.

    98 C.N.J., n° 19, p. 205.

    99 C.N.J. n° 23.

    100 C.N.J. n° 7.

    101 C.N.J. n° 24.

    102 A ce sujet : William Rauch, Politics and Belief in Contemporary France. Mounier and French Democracy, La Haye, 1972, p. 114.

    103 L’Aube, 21-22 janvier 1934.

    104 L’Aube, 25 janvier 1934.

    105 L’Aube, 25 février 1934.

    106 L’Aube, 28 février 1934.

    107 Préface au C.N.J. n° 32.

    108 C.N.J. n° 4.

    109 Petit Démocrate, 6 décembre 1927.

    110 C.N.J. n° 23.

    111 C.N.J. n° 19, p. 205.

    112 G. RENARD, L’Institution, fondement d’une rénovation de l’ordre social, Paris, Flammarion, 1973.

    113 C.N.J. n° 20, p. 207.

    114 C.N.J. n° 23, préface.

    115 G. RENARD, op. cit.

    116 Voir plus bas, p. 370.

    117 C.N.J. n° 23.

    118 C.N.J. n° 27.

    119 Sur Maurice BLONDEL, en dehors de ses ouvrages philosophiques : Jacques PALIARD, Maurice Blondel ou le dépassement Chrétien, Julliard, 1950, 302 p. L’Itinéraire philosophique de Maurice Blondel. Propos recueillis par Frédéric Lefèvre, SPES, 1928, 283 p.
    Pour notre propos : Carnets Intimes, CERF, 1969 et toute une immense Correspondance : Henri BREMOND, Auguste VALENSIN, Teilhard de CHARDIN, etc...

    120 L’Itinéraire philosophique... op. cit.

    121 C.N.J. n° 12, p. 120.

    122 Petit Démocrate, 29 avril 1928.

    123 Petit Démocrate, 24 février 1929.

    124 C.N.J. n° 20.

    125 Politique, mars 1934.

    126 Sur MARITAIN et la politique :
    Henri BARS, La Politique selon J. Maritain, Paris, Éditions Ouvrières, 1961, 248 p.
    Recherches et débats (C.C.I.F. 19) J. Maritain, Fayard, 1959.
    Paul SERANT, Les Dissidents de l’Action Française, 1978, Copernic, 323 p. ch. II.
    Sur les principaux écrits de MARITAIN sur le plan politique voir bibliographie.

    127 Petit Démocrate, 17 octobre 1926.

    128 ibid., p. 87.

    129 ibid., p. 176.

    130 ibid., p. 209.

    131 C.N.J. n° 24.

    132 Lettre sur l’Indépendance, p. 14.

    133 ibid., p. 35.

    134 voir plus bas p. 309.

    135 Petit Démocrate, 19 janvier 1936.

    136 J. MARITAIN, Humanisme intégral, p. 319.

    137 Sur MOUNIER et "Esprit", entre autres :
    W. RAUCH, op. cit. Michel WINOCK, Histoire politique de la Revue "Esprit". 1930 – 1950, Paris, Seuil, 1975, 448 p. et voir bibliographie.

    138 Mounier et sa Génération, Paris, Seuil, 1956, 420 p., p. 248.

    139 ibid., p. 286.

    140 ibid., p. 330.

    141 ibid., p. 339.

    142 Court traité de la Mystique de Gauche, in "Carnets de Route", p. 87.

    143 W. RAUCH, op. cit., p. 100.

    144 ibid., p. 146.

    145 W. RAUCH, op. cit., p. 130.

    146 Options sur demain, p. 15.

    147 Paul SERANT, Les Dissidents de l’Action Française, op. cit., p. 143.

    148 ibid., p. 148.

    149 G. BERNANOS, La Grande Peur des Bien-Pensants, Paris, Grasset, 1931, p. 20, p. 366.

    150 G. BERNANOS, Nous autres Français, Paris, N.R.F., 1939, p. 62, p. 106.

    151 Politique, 15 juillet 1931.

    152 En particulier : R. CORNILLEAU, Souvenirs et Témoignages, op. cit.

    153 Cahiers Catholiques, mars 1930.

    154 Ouest Éclair, 8 septembre 1931.

    155 G. HOURDIN, Dieu en Liberté, op. cit., p. 94.

    156 R. CORNILLEAU, Souvenirs et Témoignages, p. 71.

    157 Démocratie Populaire et Réforme de l’État, op. cit., p. 13.

    158 R. CORNILLEAU, Souvenirs et Témoignages, p. 177.

    159 Lettres à un Jeune sur la Démocratie Populaire.

    160 ibid., III, p. 23.

    161 ibid., VI, p. 43.

    162 ibid., VII, p. 49.

    163 ibid., VIII, p. 55.

    164 Lettres à un Jeune. Conclusion.

    165 R. CORNILLEAU, H. de Balzac, Ecrivain Social, Paris, SPES, 1925, p. 38.

    166 R. CORNILLEAU, Le Navire sans Capitaine, p. 6.

    167 ibid., p. 195.

    168 J. COURTARVEL, Le Vicaire de Gennevilliers, Paris, Sorlot, 1936.

    169 Politique, janvier 1936.

    170 ibid., octobre 1937.

    171 voir plus bas p. 370.

    172 Politique, 15 février 1927.

    173 ibid.

    174 ibid., 15 septembre 1927.

    175 ibid., 15 juin 1927.

    176 Politique, 15 janvier, 15 décembre 1929.

    177 ibid., 15 septembre 1929.

    178 ibid.

    179 Voir plus bas, p. 164.

    180 Petit Démocrate, 17 novembre 1929.

    181 Politique, 15 février 1930.

    182 J. M. MAYEUR, Démocratie Chrétienne et Régionalisme in "régions et régionalisme en France du XVIIIe à nos jours", Paris, P.U.F., 1977, 594p.

    183 Thiebault FLORY, Le Mouvement Régionaliste Français, F.N.S.P., 1969.

    184 T. FLORY, op. cit., p. 93.

    185 Cahiers Régionalistes, décembre 1927. Ouest Éclair, 12 février 1926.

    186 Ouest Éclair, 22 septembre 1926 – 18 décembre 1927.

    187 Voir plus haut, p. 26.

    188 Annales de l’A.C.J.F., 25 mai 1926.

    189 Cahiers de la Nouvelle Journée, n° 4.

    190 Petit Démocrate, 25 novembre 1928.

    191 J.O. Débats. Chambre, 2 décembre 1924.

    192 Voir plus bas sur les problèmes économiques et sociaux, p. 235.

    193 G. CHAPUIS, La Femme dans la Vie Sociale, Éditions du "Petit Démocrate", 33 p.

    194 Petit Démocrate, 29 juillet 1925.

    195 Petit Démocrate, 1926.

    196 J. LEROLLE, Le Vote Familial, Paris, SPES, 1929, 20 p.

    197 A. TOULEMON, Le Suffrage Familial, Sirey, 1933, 270 p.

    198 Petit Démocrate, 6-20 août 1933.

    199 Petit Démocrate, 20 août-15 octobre 1933.

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    1 Le Parti Démocrate Populaire. C.R. de l’Assemblée Générale Constitutive des 15-16 novembre 1924, p. 84.

    2 R.-LAURENT, Manuel politique et social. Le programme des Républicains Démocrates. Paris, SPES, 1924, 264 p.

    3 R.-LAURENT – M. PRELOT, Manuel Politique, SPES, 1928, 340 p.

    4 ibid., p. 28.

    5 ibid., op. cit., p. 35.

    6 ibid., op. cit., p. 55.

    7 R.-LAURENT – M. PRELOT, op. cit.. p. 34.

    8 R.-LAURENT, op. cit., p. 50.

    9 R.-LAURENT -M. FRELOT, op. cit., p. 84.

    10 R.-LAURENT – M. PRELOT, p. 218.

    11 R.-LAURENT – M. PRELOT, p. 222.

    12 R.-LAURENT – M. PRELOT, op. cit., p. 234.

    13 ibid., op. cit., p. 61.

    14 R.-LAURENT – M. PRELOT, op. cit., p. 259.

    15 ibid., op. cit., p. 161.

    16 R.-LAURENT – M. PRELOT, op. cit., p. 40.

    17 ibid., op. cit., p. 281.

    18 ibid., op. cit., p. 283.

    19 voir plus bas, p. 225.

    20 R. LAURENT – M. PRELOT, op. cit., p. 198.

    21 R. LAURENT, op. cit., p. 131.

    22 R. LAURENT – M. PRELOT, op. cit., pp. 93-111.

    23 Des points communs pourraient être trouvés entre ce programme et celui du Parti Populaire Italien (P.P. I. de 1919, lui aussi Parti non confessionnel, mais s’inspirant de la doctrine catholique : défense de la famille, liberté d’enseignement, décentralisation, représentation proportionnelle, législation sociale. Le P.D.P. a eu ici une sorte de "précurseur" à l’étranger, posant le problème d’une éventuelle source d’inspiration – voir plus bas, p. 270.

    24 R. CORNILLEAU, Pourquoi les Démocrates Populaires ont formé un Parti nouveau, 2e édition, 1929, 48 p.

    25 R. CORNILLEAU, Union et Loyauté. Mais où est l’idéal commun ? 1931.

    26 G. HOURDIN, Année Politique, avril 1932.

    27 M. PRELOT, Démocratie Populaire et Réforme de l’État, Éditions des Vivants, 1932, 14 p.

    28 Voir plus bas, 2e et 3e parties.

    29 E. PEZET, Chrétiens au service de la cité, op. cit., p. 101.

    30 Petit Démocrate, 28 novembre 1926.

    31 Petit Démocrate, 27 novembre 1927.

    32 Année Politique, avril 1932.

    33 M. PRELOT, article cité in Scritti di Sociologia...

    34 Témoignage Charles FLORY.

    35 Petit Démocrate, 9 janvier 1927.

    36 Archives Ch. FLORY. Note confidentielle... s.d.

    37 ibid., correspondance 1926-1927.

    38 Archives Ch. FLORY. Lettre THELLIER DE PONCHEVILLE, 1926. Dans cette correspondance apparaissent les noms de quelques uns des principaux leaders du P.D.P., mais aussi d’individualités catholiques sociales ou autres.

    39 Archives Ch. FLORY. Lettre Ch. FLORY à Paul RENAUDIN, 16 février 1927.

    40 Archives Ch. FLORY. Lettre Ch. FLORY à H. BEUVE-MERY, 4 février 1939.

    41 A ce sujet J. M. MAYEUR in HENRI IRENÉE MARROU, Crise de notre temps et réflexion Chrétienne, Paris, Beauchesne, 1975, p. 14.

    42 Archives G. TESSIER. Dossier "Revue Politique”.

    43 Archives Semaines Sociales. Lyon. Lettre DUTHOIT à GONIN, 21 février 1927.

    44 Voir plus bas, p. 370.

    45 On décide alors de constituer une association qui garderait la propriété de la revue et traiterait avec les Éditions S.P.E.S.

    46 Politique, 15 janvier 1927.

    47 M. PRELOT, Le Libéralisme Catholique, op. cit., p. 390.

    48 Voir plus bas.

    49 Voir plus bas, p. 260.

    50 M. VAUSSARD, Histoire de la Démocratie Chrétienne, op. cit., p. 244.

    51 Voir plus bas, p. 270.
    Sur STURZO et son œuvre, entre autres : G. DE ROSA, L’Utopia politica di Luigi Sturzo, Brescia, 1973, SANTO BELLIA, Chiesa e Stato nel pensiero di L. Sturzo, Societa Editrici Internationale.

    52 Politique, 15 juin 1927.

    53 Politique, 15 août 1928.

    54 Cahiers de la Nouvelle Journée, n° 32.

    55 ibid., n° 40.

    56 M. PRELOT, article cité in Scritti...

    57 M. PRELOT, Démocratie Populaire et Réforme de l’État, 1932.

    58 F. L. FERRARI. Le Régime fasciste italien, Paris, SPES, 1928.

    59 Politique, 15 août 1928, 15 avril 1931.

    60 Res Publica, février 1933.

    61 André LAURENCEAU, op. cit., p. 16.

    62 Respectivement, Cahiers n° 1, 6, 11.

    63 Respectivement Cahiers n° 14, 15, 17, 19, 39.

    64 Respectivement Cahiers n° 12, 20, 33.

    65 Respectivement Cahiers n° 17, 32, 40.

    66 Cahiers n° 4 et 13.

    67 Cahiers n° 31, 37, 34, 27.

    68 Cahiers n° 10.

    69 Cahiers n° 13, 25.

    70 Archives Paul ARCHAMBAULT. Lettre CHAMPETIER à ARCHAMBAULT, 15 Mars 1928.

    71 ibid., Lettre FLORY à ARCHAMBAULT, 1928-1929.

    72 ibid., note 25 juillet 1930.

    73 ibid., Lettre M. COQUELIN à ARCHAMBAULT, 20 avril 1932.

    74 Le tirage semble avoir atteint un point moyen autour de 1 800 exemplaires (avec 400 invendus, la pointe ayant été à 2 450 pour le cahier sur "L’Action Française"). Archives Paul ARCHAMBAULT.

    75 Petit Démocrate, 3 juillet 1927.

    76 Petit Démocrate, 24 avril 1927.

    77 Petit Démocrate, 3 août 1930.

    78 Petit Démocrate, 3 septembre 1933.

    79 C.N.J. n° 18.

    80 C.N.J. n° 19, 34.

    81 C.N.J. n° 27.

    82 Après l’échec de LEBECQ dans le 5e arrondissement.

    83 C.N.J. n° 21.

    84 C.N.J. n° 38.

    85 Petit Démocrate, 3 septembre 1933.

    86 C.N.J. n° 24.

    87 C.N.J. 1933.

    88 Nouvelle Journée, 1er août 1921.

    89 P. ARCHAMBAULT, Réalisme Démocratique, Paris, SPES, 1930.

    90 ibid., p. 9.

    91 ibid.

    92 Politique, 15 août 1928.

    93 ibid.

    94 ibid., 15 avril 1929.

    95 Politique, 15 mai 1929.

    96 P. ARCHAMBAULT, Pierres d’attente pour une cité meilleure. C.N.J. n° 29.

    97 Pierres d’attente pour une cité meilleure, p. 121.

    98 C.N.J., n° 19, p. 205.

    99 C.N.J. n° 23.

    100 C.N.J. n° 7.

    101 C.N.J. n° 24.

    102 A ce sujet : William Rauch, Politics and Belief in Contemporary France. Mounier and French Democracy, La Haye, 1972, p. 114.

    103 L’Aube, 21-22 janvier 1934.

    104 L’Aube, 25 janvier 1934.

    105 L’Aube, 25 février 1934.

    106 L’Aube, 28 février 1934.

    107 Préface au C.N.J. n° 32.

    108 C.N.J. n° 4.

    109 Petit Démocrate, 6 décembre 1927.

    110 C.N.J. n° 23.

    111 C.N.J. n° 19, p. 205.

    112 G. RENARD, L’Institution, fondement d’une rénovation de l’ordre social, Paris, Flammarion, 1973.

    113 C.N.J. n° 20, p. 207.

    114 C.N.J. n° 23, préface.

    115 G. RENARD, op. cit.

    116 Voir plus bas, p. 370.

    117 C.N.J. n° 23.

    118 C.N.J. n° 27.

    119 Sur Maurice BLONDEL, en dehors de ses ouvrages philosophiques : Jacques PALIARD, Maurice Blondel ou le dépassement Chrétien, Julliard, 1950, 302 p. L’Itinéraire philosophique de Maurice Blondel. Propos recueillis par Frédéric Lefèvre, SPES, 1928, 283 p.
    Pour notre propos : Carnets Intimes, CERF, 1969 et toute une immense Correspondance : Henri BREMOND, Auguste VALENSIN, Teilhard de CHARDIN, etc...

    120 L’Itinéraire philosophique... op. cit.

    121 C.N.J. n° 12, p. 120.

    122 Petit Démocrate, 29 avril 1928.

    123 Petit Démocrate, 24 février 1929.

    124 C.N.J. n° 20.

    125 Politique, mars 1934.

    126 Sur MARITAIN et la politique :
    Henri BARS, La Politique selon J. Maritain, Paris, Éditions Ouvrières, 1961, 248 p.
    Recherches et débats (C.C.I.F. 19) J. Maritain, Fayard, 1959.
    Paul SERANT, Les Dissidents de l’Action Française, 1978, Copernic, 323 p. ch. II.
    Sur les principaux écrits de MARITAIN sur le plan politique voir bibliographie.

    127 Petit Démocrate, 17 octobre 1926.

    128 ibid., p. 87.

    129 ibid., p. 176.

    130 ibid., p. 209.

    131 C.N.J. n° 24.

    132 Lettre sur l’Indépendance, p. 14.

    133 ibid., p. 35.

    134 voir plus bas p. 309.

    135 Petit Démocrate, 19 janvier 1936.

    136 J. MARITAIN, Humanisme intégral, p. 319.

    137 Sur MOUNIER et "Esprit", entre autres :
    W. RAUCH, op. cit. Michel WINOCK, Histoire politique de la Revue "Esprit". 1930 – 1950, Paris, Seuil, 1975, 448 p. et voir bibliographie.

    138 Mounier et sa Génération, Paris, Seuil, 1956, 420 p., p. 248.

    139 ibid., p. 286.

    140 ibid., p. 330.

    141 ibid., p. 339.

    142 Court traité de la Mystique de Gauche, in "Carnets de Route", p. 87.

    143 W. RAUCH, op. cit., p. 100.

    144 ibid., p. 146.

    145 W. RAUCH, op. cit., p. 130.

    146 Options sur demain, p. 15.

    147 Paul SERANT, Les Dissidents de l’Action Française, op. cit., p. 143.

    148 ibid., p. 148.

    149 G. BERNANOS, La Grande Peur des Bien-Pensants, Paris, Grasset, 1931, p. 20, p. 366.

    150 G. BERNANOS, Nous autres Français, Paris, N.R.F., 1939, p. 62, p. 106.

    151 Politique, 15 juillet 1931.

    152 En particulier : R. CORNILLEAU, Souvenirs et Témoignages, op. cit.

    153 Cahiers Catholiques, mars 1930.

    154 Ouest Éclair, 8 septembre 1931.

    155 G. HOURDIN, Dieu en Liberté, op. cit., p. 94.

    156 R. CORNILLEAU, Souvenirs et Témoignages, p. 71.

    157 Démocratie Populaire et Réforme de l’État, op. cit., p. 13.

    158 R. CORNILLEAU, Souvenirs et Témoignages, p. 177.

    159 Lettres à un Jeune sur la Démocratie Populaire.

    160 ibid., III, p. 23.

    161 ibid., VI, p. 43.

    162 ibid., VII, p. 49.

    163 ibid., VIII, p. 55.

    164 Lettres à un Jeune. Conclusion.

    165 R. CORNILLEAU, H. de Balzac, Ecrivain Social, Paris, SPES, 1925, p. 38.

    166 R. CORNILLEAU, Le Navire sans Capitaine, p. 6.

    167 ibid., p. 195.

    168 J. COURTARVEL, Le Vicaire de Gennevilliers, Paris, Sorlot, 1936.

    169 Politique, janvier 1936.

    170 ibid., octobre 1937.

    171 voir plus bas p. 370.

    172 Politique, 15 février 1927.

    173 ibid.

    174 ibid., 15 septembre 1927.

    175 ibid., 15 juin 1927.

    176 Politique, 15 janvier, 15 décembre 1929.

    177 ibid., 15 septembre 1929.

    178 ibid.

    179 Voir plus bas, p. 164.

    180 Petit Démocrate, 17 novembre 1929.

    181 Politique, 15 février 1930.

    182 J. M. MAYEUR, Démocratie Chrétienne et Régionalisme in "régions et régionalisme en France du XVIIIe à nos jours", Paris, P.U.F., 1977, 594p.

    183 Thiebault FLORY, Le Mouvement Régionaliste Français, F.N.S.P., 1969.

    184 T. FLORY, op. cit., p. 93.

    185 Cahiers Régionalistes, décembre 1927. Ouest Éclair, 12 février 1926.

    186 Ouest Éclair, 22 septembre 1926 – 18 décembre 1927.

    187 Voir plus haut, p. 26.

    188 Annales de l’A.C.J.F., 25 mai 1926.

    189 Cahiers de la Nouvelle Journée, n° 4.

    190 Petit Démocrate, 25 novembre 1928.

    191 J.O. Débats. Chambre, 2 décembre 1924.

    192 Voir plus bas sur les problèmes économiques et sociaux, p. 235.

    193 G. CHAPUIS, La Femme dans la Vie Sociale, Éditions du "Petit Démocrate", 33 p.

    194 Petit Démocrate, 29 juillet 1925.

    195 Petit Démocrate, 1926.

    196 J. LEROLLE, Le Vote Familial, Paris, SPES, 1929, 20 p.

    197 A. TOULEMON, Le Suffrage Familial, Sirey, 1933, 270 p.

    198 Petit Démocrate, 6-20 août 1933.

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