• Contenu principal
  • Menu
OpenEdition Books
  • Accueil
  • Catalogue de 15529 livres
  • Éditeurs
  • Auteurs
  • Facebook
  • X
  • Partager
    • Facebook

    • X

    • Accueil
    • Catalogue de 15529 livres
    • Éditeurs
    • Auteurs
  • Ressources numériques en sciences humaines et sociales

    • OpenEdition
  • Nos plateformes

    • OpenEdition Books
    • OpenEdition Journals
    • Hypothèses
    • Calenda
  • Bibliothèques

    • OpenEdition Freemium
  • Suivez-nous

  • Lettre d’information
OpenEdition Search

Redirection vers OpenEdition Search.

À quel endroit ?
  • Éditions de la Sorbonne
  • ›
  • Histoire de la France aux XIXe et XXe si...
  • ›
  • Chrysalides. Volumes I et II
  • ›
  • Chapitre 3. La ménagère et les tâches do...
  • Éditions de la Sorbonne
  • Éditions de la Sorbonne
    Éditions de la Sorbonne
    Informations sur la couverture
    Table des matières
    Liens vers le livre
    Informations sur la couverture
    Table des matières
    Formats de lecture

    Plan

    Plan détaillé Texte intégral « Géographie » et « sociologie » des substrats ménagers L’ère des ménagères ? Sphère féminine et hiérarchie des priorités ménagères Notes de bas de page

    Chrysalides. Volumes I et II

    Ce livre est recensé par

    Précédent Suivant
    Table des matières

    Chapitre 3. La ménagère et les tâches domestiques

    p. 101-205

    Texte intégral « Géographie » et « sociologie » des substrats ménagers L’habitat rural : rénovation et diversité régionale Les abords de la maison« La visite d’une grosse truie n’est pas impossible pendant le dîner »Taille de la maison et volume du travail ménagerLes progrès des matériaux La très lente évolution de l’habitat populaire urbain L’équipement des ménages Vers l’armoire à glace pour tous« Je nai seulement plus de drap pour mettre sur le lit de mes enfants. Je ne peux seulement leur changer, je n’en est plus »Le matériel de la ménagère Tâches ménagères et normes de propreté Les normes proposées par les hygiénistes : draconiennes« Les gens du Nord, ça brique » ou la France de la propretéLa France de la saleté invisible L’ère des ménagères ? La ménagère entre la profession et le devoir Le ménage : un devoir pour les femmes de la familleLa ménagère entre profession et statutMénagères ou femmes au foyer ? Le ménage secondaire, refusé ou négligé Le ménage secondaire face à la contrainte professionnelleLe ménage refuséLe ménage négligé et les mauvaises ménagèresLes mauvaises ménagères « aisées »La ménagère incompétenteFléaux sociaux et ménagère du sous-prolétariat Les pressions exercées sur les ménagères Exigences et réprimandes du mariLes pressions extérieures Sphère féminine et hiérarchie des priorités ménagères Nourrir la famille ou l’« honneur de la ménagère » Les courses : contrainte ou distraction ?Les corvées d’eau et de chauffageLa paysanne : cuisine simple et gros travauxLe pain : une lourde responsabilitéLa confection des repasLa cuisine des citadines : cuisine « vite faite » et « petits plats »Servir à table et desservir Entretenir le linge « Jai coulez la lessive aujourd’hui »Rythme des lavages et changement du lingeGrandes et petites lessivesModes de vie, revenus et blanchissageDiversité des intervenantesLe raccommodage : « moi, Pistou, il saurait pas seulement cordurer un bouton »La ménagère et la confection des vêtementsLe déclin des fabrications traditionnelles à la campagne« Les femmes bretonnes ont toujours un tricot à la main »La ménagère-couturière « Faire le ménage » « Elle fait les lits, elle balaye la maison et la met en ordre »Nettoyages hebdomadaires et saisonniers Notes de bas de page

    Texte intégral

    1Reconstruire, pour la IIIe République et surtout pour les milieux populaires, un budget-temps à l’instar des sociologues, s’avère une entreprise impossible faute de documents. En effet, les tâches ménagères qui constituent la trame du quotidien sont à ce point intégrées à l’environnement que les protagonistes omettent de les mentionner. Le plus souvent, on ne trouve dans les archives que des indications données au détour d’une phrase pour situer une action, fixer un moment. Aussi n’ai-je recueilli pour 2399 femmes mariées que 1020 informations pour les cinq tâches codifiées de façon très large afin d’englober l’essentiel des travaux domestiques, soit un taux de réponses oscillant, selon les questions, entre 6,3 % et 18,8 % de l’échantillon1. Dans 596 dossiers – soit une épouse sur quatre –, les renseignements sont plus étoffés. Les matériaux recueillis concernent alors, pour les deux-tiers, le tout venant des femmes mariées et dans un cas sur trois, des femmes expressément désignées comme mauvaises ménagères. Ce sous-ensemble valorise l’entre-deux-guerres avec 45 % des données en raison de la montée en puissance des nouveaux délits liés à la vie familiale2. L’opinion s’intéresse en effet surtout aux travaux domestiques en cas de mésentente du couple – on en recherche alors les causes dans les qualités et défauts de chaque conjoint – ou lorsque l’absence d’hygiène met en péril la santé des enfants3. J’ai donc dû compléter les sources manuscrites par des enquêtes et témoignages.

    2 Une fois sorties de l’oubli, les tâches ménagères sont délicates à analyser. L’anachronisme menace si l’on néglige les facteurs extérieurs qui les déterminent. L’habitat impose ses contraintes comme l’équipement des familles : ainsi, la rareté ou l’abondance du linge dictent le rythme des lessives. Le goût de la propreté et, mieux, la maîtrise de l’hygiène affectent également les pratiques. D’où la nécessité d’esquisser une « géographie » et une « sociologie » des substrats ménagers avant de définir, de façon plus détaillée que dans les stéréotypes, la « ménagère » puis les travaux qu’elle effectue. Bien que le « ménage » soit dévolu à l’épouse, en pratique, les intervenants sont divers : d’abord, dans la gent féminine, la première concernée de la grand-mère à la fille ou à la domestique, mais le fils, l’époux peuvent mettre la main à la pâte. S’esquisse alors un clivage grossier entre tâches qualifiées ou faciles, nobles ou ingrates qui sont ventilées en fonction de l’âge et du sexe. Si les sources ne permettent pas de quantifier, elles autorisent, au moins, un tableau hiérarchisé des travaux, des normes en vigueur à un moment donné et des facteurs d’évolution.

    « Géographie » et « sociologie » des substrats ménagers

    3Pour l’étude de l’habitat, de l’équipement ménager et de l’hygiène, j’ai eu principalement recours aux sources imprimées, confrontées aux archives : souvenirs, enquêtes telles les grandes études sur l’habitat. J’ai, en outre, dépouillé toutes les monographies des Ouvriers des deux mondes dont 44, de 1878 à 1908, portent sur la France : ce sont les seuls documents, en effet, qui chiffrent les coûts et font un inventaire détaillé des possessions domestiques. Il faut, toutefois, les manier avec quelques précautions : à quatre ou cinq exceptions près, les paysans et surtout, les ouvriers décrits appartiennent à la fraction la plus aisée de leur catégorie socio-professionnelle. J’ai utilisé ponctuellement des travaux de seconde main sur l’hygiène, l’objet de cette étude excluant un travail exhaustif sur ce thème4. Les caractères sociologiques de la base de données m’ont conduite à me limiter au cas des milieux populaires, en ville comme à la campagne.

    4La remarque d’un conseiller général, quoique moralisatrice, souligne le lien, souvent observé, entre qualité du logement et propreté : « au cours des fréquentes visites que j’ai faites, j’ai remarqué que la bonne tenue et la bonne distribution de l’immeuble avait une réelle influence sur la manière d’être de la famille ; les enfants et les parents aussi étaient bien tenus ; les objets du mobilier et du ménage étaient propres et bien rangés » 5. La ménagère, en effet, face à un habitat dégradé, a la tentation de baisser les bras alors qu’un cadre moderne peut l’inciter à récurer.

    L’habitat rural : rénovation et diversité régionale

    5La IIIe République est une période de transition en matière d’habitation rurale. Certaines régions connaissent une modernisation accélérée, surtout dans le Bassin parisien et l’Est. D’autres évoluent plus lentement comme le Massif central et l’Ouest. Enfin, il est des « pays », en Bretagne, dans les Alpes ou les Pyrénées qui restent à l’écart de ces mutations. Ajoutons qu’à un moment donné et dans un lieu donné, les écarts opposant riches et pauvres restent importants, entraînant la coexistence de logements modernes et de fermes insalubres. Le ménage est largement déterminé par l’état des abords, la présence d’animaux en liberté, le nombre des pièces et des étages, les matériaux de construction utilisés.

    Les abords de la maison

    6La géographie joue un rôle non négligeable, les sols argileux et un climat humide pouvant se conjuguer pour alourdir le nettoyage comme le dégel en montagne. Charles Géniaux souligne, pour la Bretagne intérieure, le sol spongieux des ruelles, la boue envahissante que l’on tente d’endiguer en épandant des ajoncs6. Les paysans en sont conscients qui tentent parfois, ainsi en Béarn, d’isoler la maison par une bordure de cailloux7.

    7Les paysans aggravent, cependant, la situation en entassant le fumier au seuil de leur ferme. Comme le note A. de Foville, « le fumier (...) est une richesse qui rejouit trop la vue des paysans pour que leur odorat s’inquiète. Ils l’étalent volontiers sous leurs fenêtres » 8. A Chamboulive (Corrèze), « les tas de fumier envahissent les dépendances, les abords et quelquefois la rue » 9. En 1919, un observateur décrit encore les énormes amas de fumier de six mètres sur deux qui trônent devant les maisons du Finistère10. En Oisans et dans les années 1920, les rues « sont encombrées de fumier et immondices » 11. S’ajoutent, en effet, les ordures et les matières fécales : « elles sont rarement enfouies, on les jette n’importe où, sur le tas de fumier principalement, à peu de distance de la ferme »12.

    8Certaines régions ont, toutefois, rapidement accompli l’assainissement des abords. En Morvan, le mouvement s’amorce dès 1870 et il est achevé avant la guerre : les paysans « ont nettoyé la cour et relégué le fumier dans un coin », constate Jacques Levainville13. En Normandie, l’amélioration va de pair, dès le début de la IIIe République, avec la modernisation des étables14. Dans l’entre-deux-guerres, le progrès est quasi général à l’exception de quelques régions15. Les survivances commencent alors à être jugées inadmissibles : les gendarmes de Saint-Genis (Rhône) qui découvrent dans une ferme de Chaponost, fumier, immondices, débris d’abattoirs maladorants, l’assimilent à un « taudis »16. Délimitation du fumier, enfouissement des excréments et création de lieux d’aisances, en améliorant l’état des cours, favorisent la propreté des rez-de-chaussée et surtout de la salle.

    « La visite d’une grosse truie n’est pas impossible pendant le dîner »17

    9La remarque du romancier anglais Stevenson, traversant les Cévennes en 1875, n’a rien d’exceptionnel et vaut jusqu’en 1914. Dans les maisons rurales les plus modestes, la taille réduite de la fenêtre, voire son absence, le mauvais tirage des cheminées expliquent que beaucoup de paysans vivent la porte ouverte, même l’hiver18. A Bethmale (Ariège), « pas de cheminées. Deux pierres forment le foyer sur lequel brûle le bois ; la fumée (...) emplit la pièce. Pas de vitres. Si l’on veut y voir pendant le jour, il faut que la fenêtre reste ouverte » 19. Dans ces conditions, les animaux domestiques peuvent investir la cuisine. En Savoie, « les volailles, c’est l’habitude, picorent sous la table »20. En Limousin, combien de cuisines « où les poules et les porcs se promènent comme chez eux » 21. En 1939 encore, dans les montagnes des Pyrénées-Orientales, « chiens et poules circulent pendant les repas »22. Adopter la porte munie d’un vantail supérieur amovible constitue un premier effort. Agrandir les fenêtres, améliorer le tirage des cheminées permet, en fermant la porte, d’interdire la maison aux incursions animales, partant, incite à un ménage plus minutieux.

    10Il va de soi qu’il faut également supprimer, là où elle existe, la cohabitation entre bêtes et gens, ce qui est difficile, le paysan ne souhaitant pas, l’hiver, s’exposer aux intempéries pour soigner ses animaux. Cet usage est surtout répandu en montagne et dans l’Ouest. Ailleurs, soit les paysans ont installé, dans les fermes à cour ouverte, des étables et écuries séparées, soit les animaux vivent au rez-de-chaussée et les hommes aux étages supérieurs, comme en Capcir, dans les Cévennes ou au pays basque. Là où l’habitude est solidement ancrée, elle présente trois variantes. Un même corridor peut desservir la salle et l’étable : la proximité de celle-ci, rarement nettoyée elle aussi, entraîne une salissure des sols. Dans le deuxième cas, la cuisine et l’étable sont contiguës, séparées par une mince cloison. En 1885, en Bretagne, la nuit mais non le jour, les bêtes seraient déjà reléguées derrière une cloison de bois23. Mais en 1912, l’« habitation » du Morbihan avec son unique « salle » ne connaît pas encore cette innovation : « d’un côté les animaux (...) sont parqués. De l’autre côté, les lits-clos et les armoires sont dressés parallèlement à une table, une huche et à ses bancs » 24. Dans le Massif Central, le régime de la cohabitation reste également très répandu. Les fermes isolées du Béage du Monestier (Haute-Loire) ne comprennent « qu’un seul compartiment ; hommes et bêtes vivent fraternellement : les uns mangent les autres »25. Cette pratique disparaît en Auvergne peu avant 191426. Et après la Guerre, elle ne résiste plus qu’en Haute-Loire où elle est mentionnée jusqu’en 193327. Ailleurs, en revanche, la séparation de l’habitat animal et humain est lié aux revenus, plus tardive chez les pauvres28.

    11Le cas des Alpes méridionales reste alors la seule exception. Si en 1873, les maisons savoyardes sont de « véritables écuries où habitants et animaux vivent pêle-mêle », vingt ans plus tard, l’enquête de Foville relève « un progrès visible (...) sous une double influence : d’une part, beaucoup d’étrangers visitent la Savoie et s’y installent, apportant avec eux, des habitudes nouvelles ; d’autre part, les Savoyards qui émigrent dans les grandes villes reviennent et se montrent plus difficiles que leurs ancêtres dans l’aménagement de leur logis »29. En revanche, à la même date, à Molines-en-Queyras ou à Saint-Véran, « l’écurie est habitée toute l’année » 30. La disposition des lieux est analogue à celle décrite à l’époque dans le Briançonnais : « pendant l’hiver, c’est-à-dire de la seconde quinzaine d’octobre à la première quinzaine d’avril (...), la famille entière (...) quitte les chambres et habite l’écurie voûtée en même temps que les animaux (...). Une partie de l’écurie est particulièrement réservée à l’habitation : dans un coin, une aire de terre battue avec une table, un banc et des chaises en bois ; un dressoir contient quelques assiettes, un ou deux verres (...) ; un poêle brûle nuit et jour (...) ; des lits où l’on couche plusieurs enfants ensemble (...). On utilise l’espace existant entre ces lits en y enfermant les moutons ou les chèvres ; un coin est spécialement réservé au porc ; enfin, l’espace du milieu sera occupé par les veaux ou par une chèvre » 31. A la fin du xixe siècle, le fait commence à être ressenti comme un archaïsme par les montagnards eux même : le maire de Vallouise affirme alors contre l’évidence, que « l’habitude de coucher avec les bestiaux tend à se perdre » 32. En 1939, la tradition survit, le jour au moins ou en hiver, dans quelques communes du Briançonnais, du Queyras et du Haut-Champsaur33. Le géographe Raoul Blanchard s’est, du reste, interrogé sur son caractère très circonscrit puisqu’à quinze kilomètres de Saint-Véran, Maurin en haute Ubaye l’ignore ou l’a oubliée et il conclut à de « vieilles habitudes héritées d’un indiscernable passé », indépendantes de toute justification économique ou matérielle34.

    12La IIIe République a donc vu disparaître, en deux générations, la cohabitation des paysans et de leurs animaux, ce qui pousse les femmes à mieux nettoyer la salle commune.

    Taille de la maison et volume du travail ménager

    13Le nombre de pièces et d’étages dicte également le temps consacré à l’entretien de l’habitation. En dehors des régions où, depuis longtemps, les fermes comptent deux étages au moins, les maisons de plain-pied avec la cour l’emportent largement au début de la période35. Jusqu’en 1940, les paysans les plus pauvres s’en contentent et elles résistent dans les aires géographiques où les matériaux utilisés, les traditions architecturales l’imposent. Les fermes sans étages peuvent être, au demeurant, vastes et coquettes comme en Normandie, en Lorraine, en pays basque ou dans les Landes36. En Bretagne ou dans le Massif central, en revanche, elles sont souvent frustes. Dans le Finistère, le penn-ti, avec sa grande mais unique pièce de 30 pieds sur 15, domine jusque dans l’entre-deux-guerres37. Les journaliers solognots habitent des « masures » jusqu’en 1914 et les petits propriétaires jusqu’à la fin du xixe siècle mais la maison enterrée a disparu dans les années 186038. En Confolentais, les métayers qui vivent dans des « communautés de huit à douze membres, sont entassées dans une pièce unique » 39. Elle est également répandue dans le reste du Massif Central40. Elle règne sur les Alpes et se prolonge dans la « Bresse pauvre »41. Ces maisons ont l’inconvénient de communiquer avec les cours malpropres et l’étable, ce qui rend leur entretien malaisé mais rapide, car leur surface excède rarement 30 m2.

    14Lorsque l’habitation possède deux niveaux, la surface à nettoyer double mais, inversement, l’escalier favorise la propreté. « Le paysan monte en grade dans la hiérarchie sociale lorsqu’il met un intervalle de vingt à trente marches d’escalier entre son lit et les multiples servitudes d’un rez-de-chaussée ouvert à la poussière, à la boue, aux mauvaises odeurs, aux allées et venues des passants et des bêtes » 42. De plus, le premier étage, obligatoirement planchéié ou carrelé, offre un sol d’entretien plus aisé que la terre battue qui peut régner au rez-de-chaussée. Quoique certaines ménagères rechignent, car « monter et descendre aussi souvent l’escalier serait une perte de temps et, pour beaucoup de femmes, un surcroît de fatigue réel », le mouvement est irrésistible43. Amorcé avant 1870 en Languedoc et dans les Cévennes, il s’accélère ensuite avec la hausse des revenus44. En Charente, dès 1880, « l’habitation de chétive apparence, basse, mal éclairée » cède la place à « la grande maison de deux ou trois étages, percée de larges fenêtres » 45. La modernisation de l’habitat s’amorce en Limousin dès la fin du xixe siècle « notamment par la construction d’un étage en partie habitable »46. En Béarn, c’est chose faite pour les plus aisés avant 190047.

    15Quand bien même les paysans ont conservé la ferme à un étage, ils l’ont souvent agrandie. Désormais, le Béarnais exige de disposer d’un « salou » à coté de la cuisine. A Aulhat (Puy-de-Dôme) en 1912, beaucoup possèdent plusieurs chambres et un salon de parade, rarement ouvert il est vrai48. En 1929, même le haut Forez est touché49. En Morvan, les nouvelles constructions comptent deux pièces en 1870 et trois en 190050. A la fin du xixe siècle, le journalier tourangeau a abandonné sa pièce unique et un observateur juge les Vendéens « aujourd’hui bien logés. Toujours deux pièces intérieures, cuisine et chambre à coucher, assez vastes et tenus très proprement » 51. En revanche, la Bretagne ne commence à rénover l’habitat rural que dans l’entre-deux guerres.

    16J’ai volontairement insisté sur la modernisation des régions retardataires. La situation est bien meilleure dans la France du Nord et de l’Est ainsi que dans le Bassin parisien. En 1914, par exemple, l’ouvrier agricole de l’Oise loue une maison comportant, sur un niveau certes, une salle à manger, une à trois chambres, une cave, un grenier et même des W.C. intérieurs considérés toutefois comme « un luxe inutile » 52. Dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais, il dispose de deux pièces au moins53. Les reconstructions après la Grande Guerre ont accentué cette avance avec l’introduction du confort moderne : eau courante, électricité, le chauffage central central parfois et même dans quelques riches fermes de Seine-et-Marne, un revêtement « de carreaux de céramique sur un mètre de hauteur afin de faciliter les lavages de propreté » 54. L’enquête de la S.D.N. confirme également la qualité satisfaisante des fermes de la région rhodanienne et du Sud-Ouest55.

    17La multiplication des pièces d’habitation augmente, à l’évidence, le volume du travail ménager. Inversement, l’assainissement des abords, la séparation des bêtes et des gens, la rénovation des sols facilitent le nettoyage. La modernisation entraîne donc des effets contradictoires. Il est certain, cependant, qu’elle a fortement contribué aux progrès de la propreté, ne serait-ce qu’en flattant l’orgueil des maîtresses de maison, soucieuses de mettre en valeur les innovations architecturales du logis.

    Les progrès des matériaux

    18Pendant longtemps la rareté et le prix du verre ont limité le nombre et la taille des fenêtres. Jusqu’en 1914, on utilise encore le papier huilé, voire « des feuilles de papier, des draps ou des bouchons de paille » 56. A Lagraulet (Landes), les fenêtres sont simplement closes par des volets57. Jusque dans les années 1920, dans les maisons pyrénéennes les plus pauvres, « une grossière toile remplace la vitre absente » 58. Avec la multiplication des ouvertures et leur agrandissement de deux ou quatre carreaux à six, la corvée de vitre apparaît.

    19Le recul de la terre battue favorise également un ménage plus minutieux. Elle présente, certes, de nombreux avantages comme le relève Pierre-Jakez Hélias : elle absorbe la boue, l’eau renversée et, bien tassée, peut devenir lisse et brillante chez une ménagère méticuleuse59. Elle permet surtout un nettoyage succinct en masquant la saleté. En 1938, tel couple de journaliers bretons vit dans une masure dont le sol de terre est « recouvert d’une épaisse couche de boue » 60. Avant 1880, la terre battue est répandue dans toute la France mais ensuite, les paysans les plus ouverts commencent à cimenter, planchéier ou carreler tout ou partie de leur habitation61. Puis le mouvement s’accélère au tournant du siècle et gagne après la Guerre la Bretagne et le Massif Central longtemps réfractaires62. La rénovation des carrelage sfacilite également le nettoyage. Les vieilles dalles, en effet, peuvent être cassées ou disjointes, poreuses : en Margeride, elles « s’imbibent des débris de laiterie et de cuisine »63.

    20L’habitat introduit ainsi une chronologie implicite du nettoyage. On peut dire qu’avant 1890 pour toutes, avant 1914 pour beaucoup, la plupart des paysannes qui vivent encore dans des maisons rudimentaires, avec une pièce principale, voire unique, se bornent à un ménage rapide d’autant que la maison, de plain-pied avec une cour jonchée d’immondices et mal drainée, voisine de l’étable, est salie dès que nettoyée. Autour de 1890, s’esquisse une première inflexion : les pièces et les étages se multiplient, l’environnement s’assainit, circonscrivant la saleté mais augmentant le nettoyage. Les paysans des régions pauvres ou montagneuses restent, toutefois, à l’écart des innovations. Dans l’entre-deux-guerres enfin, les campagnes sont emportées dans un mouvement général de rénovation de l’habitat auquel n’échappent que de petits « pays »64. Néanmoins, juqu’en 1939, le sous-prolétariat rural peut vivre dans des conditions précaires comme ce couple d’ouvriers agricole qui loge à Triel-sur-Seine (Seine-et-Oise) dans une roulotte et couche sur la paille65.

    La très lente évolution de l’habitat populaire urbain

    21Il est de médiocre qualité et très exigu jusqu’en 1940. Jacques Bertillon, le premier, a évalué à 14 % en 1891 le nombre de logements parisiens surpeuplés66. En 1905, 25 000 à 30 000 familles de cinq à six personnes disposeraient, à Paris toujours, d’une seule pièce67. La situation est identique dans les villes de province : dans le Cantal, la pièce unique peut même être privée d’aération68. A Rouen et au Havre, quoique coûteuse, elle est souvent humide, mal éclairée, avec un sol défoncé69. A Marseille, les ouvriers disposent d’une salle de 6 à 12 m2 et d’un « chambroun » pour les enfants dépourvu de fenêtre70. A Valenciennes, « on trouve encore au fond d’impasses ou de cours humides d’anciens bâtiments subdivisés en logements ne comprenant qu’une seule pièce. Là sont entassées les familles nombreuses » 71. La situation perdure après la guerre, s’aggrave même avec le blocage des loyers qui freine la construction d’immeubles de rapport. Les villes de plus de 50 000 habitants compteraient 31 % de logements surpeuplés, dont 227 000 très délabrés72. Jacques Vaidour dénonce alors le garni « avec des lits d’enfants placés tout contre le lit des parents et le repas de la famille placé dans un coin de la chambre encombrée »73. En 1920, la Cité Jeanne d’Arc à Paris, réservée en théorie aux employés célibataires de la Compagnie d’Orléans, abrite désormais des familles de quatre ou cinq personnes dans une « chambre de deux mètres sur trois (...) sans chauffage, sans “commodités” » 74. Une Lyonnaise qui vit avec ses trois enfants et son amant, un manœuvre, dans un réduit de 10 m2 sans ouverture, minimise une situation banale : « il n’y a qu’une chose que Ion pourrai me trouver a redire le logement qui n’est pas très bon » 75. A Sablé en 1939, une famille de quatorze personnes s’entasse dans une pièce, un « taudis infect »76.

    22Dans les villes où la pénurie de logements locatifs ne se fait pas sentir, les ouvriers plus aisés disposent de deux pièces. Dans le Nord, les courées lilloises offrent une salle au rez-de-chaussée et une chambre au premier77. A Roubaix, la règle est d’une maison par famille mais les plus anciennes regroupées en « forts », entassées le long d’étroits passages, sont basses et humides78. L’habitat dans les bourgs et petites villes est souvent meilleur. Dès 1885, les ouvriers d’Elbeuf ont plusieurs chambres et les logements de la vallée de l’Andelle ont « un bon aspect »79. En Brie champenoise, les habitations ouvrières « se font remarquer non pas toujours mais souvent par un degré de confort, de luxe relatif supérieur » aux fermes80. Si certains logements décrits dans les Ouvriers des deux mondes sont dans la norme comme la vieille maison où le mineur de la Loire dispose d’une cuisine et d’une chambre humide ou le deux pièces de l’ébéniste parisien, malgré son « aspect propre et décent d’un appartement de la très petite bourgeoisie » 81, en revanche, certains sont d’une taille inusitée pour les milieux modestes. En 1892, une mouleuse en cartonnages parisienne a loué pour elle et ses deux enfants cinq pièces, certes petites. Un serrurier, parisien également, dispose de trois chambres, d’une antichambre, d’un débarras et d’un W.C. Que dire du métallurgiste de Commentry qui possède en 1888 une maison de six pièces et de la corsetière du Raincy qui s’est fait construire, en 1900, un pavillon de quatre pièces, ancêtre des pavillons Loucheur82. Ce sont là des exceptions, car dans l’entre-deux-guerres, le deux-pièces reste la règle pour les ouvriers à Paris comme à Saint-Etienne83.

    23De plus, comme à la campagne, les immeubles souffrent souvent d’un environnement négligé et de matériaux dégradés. A Roubaix, les passages sont boueux. A Paris, cité Jeanne d’Arc, on jette « des ordures de tous les logements de chaque étage » comme dans les courées lilloises84. Les eaux usées sont également vidées devant le seuil : rappelons qu’en 1940, dans les villes de plus de 30 000 habitants, 20 % seulement des logements sont raccordés au tout à l’égout85. Les carreaux sont disjoints ou cassés, le sol est fait de terre battue dans les forts roubaisiens86. En 1890, rue du Château des Rentiers à Paris, « les bêtes et les gens vivaient en commun dans la plus horrible et plus complète intimité » 87. En 1921 encore, une fille soumise et son concubin lyonnais sont installés « au milieu des ordures (...) avec des chiens, des lapins, des cobayes »88.

    24Si les ouvriers plus aisés vivent dans des appartements de meilleure qualité, ceux-ci sont toujours petits, sans qu’on s’en offusque. Pendant longtemps, on estime, comme à Saint-Etienne, « ne pas devoir dépenser plus d’un mois de loyer » 89. Les familles préfèrent consacrer leur argent à d’autres biens de consommation, au grand dam des autorités sociales. Une assistante sociale s’offusque, ainsi, des choix opérés par une famille ouvrière de Saint-Germain-en-Laye qui vit dans une seule pièce mais où « nous remarquons un poste de T.S.F., un phonographe avec de nombreux disques »90. Pendant toute la IIIe République, le logement populaire compte en ville une ou deux pièces seulement. Le ménage y est donc rapide quoique rendu malaisé par l’entassement des meubles et l’encombrement du linge mis à sécher dans la cuisine91. Dans certains cas, de plus, la lutte contre la saleté extérieure complique la tâche de la ménagère.

    25Il ne faut pas oublier, enfin, que jusqu’en 1939, une partie des citadins – le sous-prolétariat et une frange de la classe ouvrière – vit dans un habitat précaire ou dangereusement insalubre. A Paris, le Dr du Mesnil dénonce dans les années 1880 les « cités », bidonvilles avant la lettre, comme la cité des Kroumirs dans le xiiie où sur un vrai « cloaque », des squatters ont bâti des cabanes « mi partie en plâtre, mi partie en terre, couvertes de carton bitumé ». Des ouvriers pourtant pourvus d’un emploi sont réduits à cet expédient, car « beaucoup de propriétaires refusaient de louer aux familles nombreuses d’ouvriers » 92. La « zone » sur les anciennes fortifications est colonisée jusque dans les années 1920 par un habitat spontané de même nature93. Paris n’a, cependant, par l’exclusivité des taudis. A Suippes (Marne), en 1894, une veuve n’a trouvé pour elle et ses trois enfants qu’une écurie à lapins de 1,5 mètre sur 3 et 1,6 mètre de hauteur de plafond, « refuge de la misère, fruit de la paresse et de l’ivrognerie », fustige un voisin moralisateur94. Après la Guerre, les affaires de déchéance parentale offrent, surtout dans le Rhône et la Seine-et-Oise, des situations aussi lamentables. Un seul exemple : un chiffonnier de Saint-Germain-en Laye, père de huit enfants, dont quatre décédés en bas âge, est expulsé en 1939 d’une étable qui lui tient lieu de logement95. Les archives témoignent plus souvent de la persistance d’un habitat insalubre que de l’existence des cités ouvrières.

    26Je ne ferai que de rapides remarques sur les logements vastes et sains que proposeraient le patronat et les H.B.M. Sur 6250 dossiers, je n’ai rencontré qu’une vingtaine de cas, localisés dans le bassin de Béthune et la Lorraine sidérurgique, soit 1 % de l’échantillon urbain. Quoique les logements ouvriers décents soient un peu sous-représentés dans la base de données, ce pourcentage me semble conforme à la réalité96. Bien que de nombreuses études aient été consacrées à partir de 1970 aux cités ouvrières et au logement social, il ne faut pas surestimer leur importance97. A la veille de la IIIe République, 70 000 ouvriers seulement logent dans des cités98. Au reste, même les Houillères et les entreprises sidérurgiques, les premières concernées, sont loin de loger la totalité de leur personnel99. Par ailleurs, les ouvriers boudent souvent les cités comme à Carmaux ou la Ciotat, préférant leur liberté aux avantages matériels. Quant aux H.B.M., elles connaissent un développement très lent. La loi du 30 novembre 1894 ne commence à être appliquée qu’à la veille de 1914 lorsque le financement, de privé, devient public100. L’office parisien gère ainsi 16 000 logements seulement dans l’entre-deux-guerres et l’office grenoblois 3 000101. De même, la loi Loucheur votée en 1928 se propose de construire au mieux 200 000 maisons. Au demeurant et malgré les bonnes intentions des philanthropes, le logement social ne supprime pas toujours la surpopulation. D’une part, les appartements édifiés dans ce cadre sont souvent exigus : 30 m2 pour deux pièces, rue Henri Becque à Paris (IIIe), sans eau courante ni W.C. D’autre part, malgré les interdictions, les ouvriers, par exemple à Mulhouse, prennent des pensionnaires à qui ils sous-louent une ou deux pièces102. Ajoutons encore que ces habitations à bon marché excluent, le plus souvent, le sous-prolétariat chargé de famille, lui préférant une clientèle sûre d’ouvriers qualifiés, voire d’employés103. Aussi l’habitat populaire urbain échappe-t-il pour les neuf dixièmes aux interventions tant publiques que patronales et reste-t-il médiocre pendant toute la IIIe République.

    L’équipement des ménages

    27Il influence le nettoyage et le blanchissage familial. Le nombre et le style des meubles alourdit éventuellement le ménage cependant que le trousseau détermine l’espacement des lessives.

    Vers l’armoire à glace pour tous

    28En dehors des Ouvriers des deux mondes, personne n’a tenté avant 1940 un inventaire complet et une évaluation du mobilier104. De nombreux observateurs le décrivent, toutefois, de façon impressionniste. Le mobilier dépend du nombre de pièces, des revenus et surtout d’une conception du confort qui, souvent, est plus culturelle que financière. La IIIe République voit ainsi se généraliser les règles de l’ameublement bourgeois, en ville comme à la campagne. La multiplication des meubles exige un entretien plus poussé mais leur achat même révèle un souci de mieux vivre, toujours lié à une propreté accrue : toutes les monographies de l’école de Le Play témoignent des soins apportés par les ménagères jouissant d’un abondant mobilier. Pour autant, il ne faut pas négliger les écarts subsistant entre régions et entre familles. La valeur du mobilier s’échelonne, en moyenne, entre un et six à la campagne, un à sept pour les ouvriers105.

    29Le mobilier est un peu plus abondant au village qu’en ville mais il est très succinct en montagne. En Savoie, dans les années 1870, « à l’exception d’une longue table qui sert de pétrin et de bancs de bois, ces maisons sont dépourvues des objets mobiliers les plus nécessaires. Les lits sont renfermés dans une espèce d’armoire à double ou triple étage où chaque rayon est disposé en forme de caisse » 106. Il en est de même dans les hautes Pyrénées ou chez les paysans les plus déshérités107. A Saint-Cormier-des-Landes (Orne), la maison de tisserands villageois « se compose d’une seule pièce au rez-de-chaussée servant de cuisine et de chambre à coucher. Le mobilier qui la garnit se compose de deux mauvais lits, de deux armoires, d’une table et de quelques chaises » 108. Dans le Cher, en 1940, la pièce unique d’une famille modeste est ornée de « quelques meubles tenant à peine debout, de grabas en désordre » 109. En général, cependant, le mobilier de la salle comporte la table et ses bancs, la maie, un lit, un fauteuil à sel, une ou plusieurs armoires, dont la facture peut même être recherchée comme en Normandie ou en Bourgogne. L’enrichissement des exploitants conduit à compléter cet équipement. En Charente et avant la crise du phylloxéra, « les vieux lits à quenouille et à rideaux de toile rousse, les chaises en bois blanc garnies d’un jonc grossier, les tables boiteuses et vermoulues, l’éclairage à la chandelle de résine (...) ou à l’huile de noix dans le 3chaleuil (...) ont été changés en lits somptueux à rideaux de damas, en chaises de noyer garnies de paille fine, en tables rondes et cirées (...), en lampes lumineuses »110. Ailleurs, les paysans, voire les journaliers du Nord, achètent le vaisselier, l’horloge, la table ronde, puis la table de nuit, la descente de lit dont l’absence à Lagraulet (Landes) en 1910, signe la misère, l’armoire à glace enfin, fruit éclatant de la réussite111. En Morvan, « longtemps, le lit neuf et l’armoire bourrée de linge, voire l’armoire à glace, signalent la rentrée des nourrices enrichies à Paris » 112. Certains propriétaires conservent par goût les meubles ancestraux : le bouilleur de cru charentais possède une console et un secrétaire Louis XV ainsi que des faïences de vieux Nevers, dont s’émerveille l’enquêteur bourgeois... mais son fils a acheté un mobilier moderne, « copie de faux luxe bourgeois »113. Après la Guerre, le phénomène s’accélère, ainsi en Normandie où « le vaisselier ne se voit plus guère, remplacé par des meubles modernes » et où « les belles armoires en chêne sculptées [sont] raflées dans les vendues par les antiquaires » 114. Les paysans ont donc investi tout au long de la IIIe République dans des meubles plus nombreux, exigeant un entretien accru, mais aussi plus hygiéniques : les bahuts de cuisine laqués, les lits de fer, la toile cirée, introduite en Touraine par les cabaretiers dès le second empire, attestée en 1881-1885 chez le résinier landais ou le maraîcher de Deuil (Seine-et-Oise) et avant 1914 en Auvergne, sont autant d’incitation à un nettoyage plus poussé115.

    30En ville, l’évolution est analogue bien que la taille des logements freine les achats. Le mobilier peut être limité, pour les plus pauvres, au strict nécessaire : lit, table et buffet pour les mineurs du Cantal116. A Armentières, les ouvriers n’y ajoutent qu’une commode et une armoire117. Certains, faute de place et de ressources, n’ont même pas de meubles : « la nuit, les matelas couvrent le plancher, le matin, on les entasse dans un coin » et boulevard de la Gare à Paris, « plus de deux-tiers des locataires n’ont pas de lit ou bien un lit pour cinq ou six personnes » 118. En 1939, tel taudis lyonnais n’est meublé que d’un « grabas infect », composé de chiffons119. Dans les familles menacées de déchéance en raison de leur misère, on trouve des enfants dormant sur des sacs, dans des caisses à savon, des tiroirs de commode. Lorsque le mobilier est suffisant, il est souvent pauvre : en bois blanc pour le mineur du Pas-de-Calais, d’occasion pour le mineur de la Loire ou l’allumeur de réverbères nancéen120. Toutefois, l’aspiration au confort se généralise comme à la campagne. La tendance est très précoce chez les ouvriers qualifiés. A Guise, « le luxe de l’ameublement » frappe l’enquêteur et « on cite comme preuve de ces dispositions un ménage qui, pour une somme assez élevée, a fait faire son portrait » 121. A Paris, l’armoire à glace fait fureur à la fin du siècle. Quelques ouvriers aisés ont même acheté un mobilier exceptionnel tel le poseur de persiennes qui a dépensé 2 700 francs pour un buffet-vitrine bourré de bibelots, une armoire à glace, des tables de nuit et de toilette, des cheminées surmontées de glaces, une statue de la République etc.122. Le pavillon de la corsetière du Raincy est décoré de rideaux de guipure et de doubles rideaux, d’un Voltaire, d’une pendule et de flambeaux « empire »123. Le cantonnier-poseur de rail parisien a une salle à manger « comme l’on dit dans le monde des travailleurs “à la mode” c’est-à-dire dans le style Henri II » 124. A la veille de la guerre, le deux pièces de l’ouvrier moyen ressemble plutôt, cependant, à la description qu’en donne Simone Bodève : « il y aura la chambre où couchent les petits dans un lit-cage près du grand lit des parents, ou le long de l’armoire à glace d’acajou ou de noyer plaqué. Elle ne vaut pas cher, cette armoire, elle est bien laide mais une Parisienne ne peut s’en passer. Il y aura la salle à manger, une table, un buffet à étagères, pas Joli non plus, et les lits-cages des aînés » 125. Ce raffinement relatif n’atteint Saint-Etienne qu’après la guerre et, pour la salle à manger Henri II, dans les années 1930 seulement126. Le garni classique n’est alors meublé que d’un lit de fer, d’une table, de deux chaises et d’une commode127. Les citadines, toutefois, utilisent plus tôt les matériaux modernes. La toile cirée est répandue dès le début de la IIIe République, fixée parfois à la table de cuisine par une baguette, le linoléum qui sert d’abord de tapis, recouvre ensuite tout le parquet : « ce fut un progrès inouï qui simplifia le travail de la ménagère »128.

    31Jusque vers 1900, la plupart des ménagères vivent au milieu de meubles peu nombreux, vieux ou d’occasion, partant négligés. Dès que les familles investissent des revenus accrus, dans du mobilier moderne, les femmes se sentent tenues de mieux l’entretenir. En ville, la multiplication des objets et bibelots dans un espace toujours exigu, complique même beaucoup les tâches ménagères cependant qu’inversement, peinture laquée et revêtements enduits facilitent le ménage.

    « Je nai seulement plus de drap pour mettre sur le lit de mes enfants. Je ne peux seulement leur changer, je n’en est plus »129

    32Cette remarque d’une journalière agricole de l’Yonne, datée de 1937, montre le lien entre propreté, lavage et réserve de linge. Je me limiterai, ici, au « blanc », linge de maison, chemises et dessous, objets des lessives périodiques. Comme pour le mobilier, la tendance est à la diversification. Le xixe siècle est bien « le grand siècle du linge »130.

    33Rappelons que longtemps, hommes et femmes ont porté comme seuls dessous une chemise et des bas, ainsi que des jupons pour les femmes. Mais, à partir de 1880, l’usage du pantalon se répand chez les bourgeoises. Les Ouvriers des deux mondes le mentionnent dès 1879-1885 pour les milieux populaires alors que les historiens situent sa diffusion entre 1900 et 1920131. Après la Guerre, les fillettes et jeunes femmes lui préfèrent les culottes132. Au pantalon, les femmes ajoutent, peu à peu, la serviette hygiénique dont le plus ancienne allusion remonte à 1889 mais qui s’impose, avec plus de 80 % des mentions, seulement dans l’entre-deux-guerres133. Pour les hommes, Guy Thuillier considère qu’ils ignoreraient, au xixe siècle, l’usage du caleçon mais il est cité dès les années 1870 dans les Ouvriers des deux mondes 134. En même temps, les femmes des milieux populaires se mettent à porter, le dimanche au moins, des corsets et des cache-corset : en 1879, pour la femme du pêcheur de Martigues, dès 1881 pour de jeunes paysannes landaises135. La complication des dessous multiplie d’autant les pièces à laver. Mais, parallèlement, les coiffes reculent très vite. La mode urbaine, le caractère malcommode de la coiffe qui ne supporte ni vent ni pluie, son coût surtout expliquent ce déclin : une femme à cheval sur leur propreté en possède dix à trente pour un prix moyen de 3 à 25 francs pièce selon la façon136. En Normandie, la grande coiffe est remplacée, dès 1830, par le bonnet amidonné puis « les bonnets furent à leur tour détrônés par de simples bonnets ronds, ornés de rubans » 137. Ces remarques sont confirmées par les cartes postales de la Belle Epoque qui nous présentent de nombreuses paysannes « en cheveux », en foulard ou avec un chapeau de paille138. Seuls le Massif Central et surtout la Bretagne prolongent la tradition parfois jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. L’abandon de la coiffe allège beaucoup le travail de la ménagère ou des repasseuses spécialisées dans cet ouvrage long et délicat139.

    34En ce qui concerne le linge de maison, on assiste à la même multiplication des pièces. Les mouchoirs longtemps inconnus se répandent au xixe siècle, comme les nappes et les serviettes, mais restent rares dans les milieux modestes jusqu’en 1900 et en 1930, « d’un usage exceptionnel » en Quercy140. Certains n’utilisent pas de draps comme les habitants de l’île de Sein qui, en 1892, dorment tout habillés, « couverts d’une espèce de sac de balle, très peu se servent d’une couverture en laine » 141. Les serviettes de toilette font une apparition tardive à la campagne où les torchons ont des usages multiples mais les rideaux accompagnent l’embourgeoisement de l’ameublement142. Bref, le volume du linge blanc n’a cessé de croître, surtout entre 1890 et 1914, alourdissant la corvée de blanchissage. Toutefois, l’écart entre riches et pauvres reste très marqué.

    35En règle générale, les paysans disposent d’un linge plus abondant143. En 1890, le « strict nécessaire » comporte à la campagne six à huit paires de draps et dix à douze torchons144. Un bon trousseau compte 18 à 45 paires de draps, 3 à 6 douzaines de torchons, 30 à 72 serviettes, une nappe au moins et jusqu’à 48 chemises de femmes145. L’armoire bourrée de linge reste « l’orgueil de la ménagère » 146. Aussi, avec l’aide de leur mère et de leur marraine, les jeunes filles commencent-elles leur trousseau dès l’âge de quinze ans en pays de Sault147. A moins de six paires de draps et dix chemises, c’est l’indigence. Au début du siècle, se souvient une fille d’ouvriers agricoles de la Seine-Inférieure, « on n’avait qu’une robe, nous les filles ! Une blouse. Ma mère devait les laver et les raccommoder le dimanche »148.

    36En ville, les ouvriers sont un peu moins bien pourvus. Les plus modestes possèdent, au mieux, six paires de draps, six serviettes ou torchons, six chemises, une nappe parfois. Le linge est, en effet, coûteux, les ouvriers ne disposant pas de matière première gratuite : 90 francs pour dix draps achetés à crédit par l’allumeur de réverbères de Nancy149. L’ouvrier moyen aligne douze paires de draps, douze torchons et autant de serviettes150. Après 1914, l’aisance aidant, les ouvrières possèdent de plus en plus de linge. A Saint-Etienne, les jeunes filles qui consacrent une partie de leur salaire à la toile ou à l’achat de leur trousseau, ne sauraient se marier sans apporter douze paires de draps, dix taies, deux douzaines de serviettes et trois nappes151. A la même époque, une pupille de l’Assistance Publique, en prévision de son mariage avec un porcelainier de Suze (Drôme), s’est constitué un trousseau de 1 000 francs qu’elle veut récupérer lors de son divorce152. En 1934, une femme de chambre de Romans a investi 12 000 francs en linge de maison : douze torchons de fil, douze serviettes de toilette, une nappe, ses douze serviettes de table et « plus de deux douzaines de draps en fil pur (...) dont la toile m’avait coûté 5 000francs » 153. Seul le sous-prolétariat est très démuni. Mémé Santerre ne dispose que d’une paire de draps lors de son mariage en 1909 et attend huit mois pour pouvoir en acheter une seconde154. Divorcée avec six enfants, une ouvrière de Renault avoue que ceux-ci ne portent pas de bas « sauf en hiver » et que « [ses] filles n’ont pas de chemises », car leur unique chemise est au sale comme les draps155. En 1939, un couple de Lyon-Vaise, sans ressource en raison de la maladie du mari, a pour tout meuble deux lits et une paillasse sur lesquels « il n’y a pas de draps et une seule couverture »156.

    37Toutefois, la majorité des paysannes et des ouvrières ont un trousseau suffisant pour assurer le rechange aisé du linge blanc. Les vêtements de couleur, en revanche, peuvent être moins abondants.

    Le matériel de la ménagère

    38Les ustensiles utilisés pour le ménage sont rarement décrits. Les paysans fabriquent le lourd balai de genêts. En Artois, le balai en cambre, rond et inadapté au nettoyage des coins, subsiste dans l’entre-deux-guerres157. Assez vite, cependant comme à Mazières, au début du siècle, les ménagères préfèrent acheter le balai de sorgho, plus fin, et qui permet un ménage plus méticuleux158. Je n’ai trouvé trace, en sus du balai, que de brosses à habits et d’un plumeau, cités dans les Ouvriers des deux mondes.

    39Les témoignages sont, en revanche, plus nombreux pour les techniques de lavage et leur coût. L’équipement de base est bon marché. Rares sont les ménagères à ne pas posséder baquets, brosses, battoir et, surtout à la campagne, le cuvier, soit une dépense inférieure à 30 francs159. Si l’on désire un fourneau à lessive, il faut débourser 100 francs de plus mais moins de 20 pour une chaudière en fonte160. Quelques ménages urbains disposent parfois d’un cuvier avec une chaudière161. Cependant, le plus souvent, faute de place surtout, l’équipement est modeste jusqu’à l’introduction de la lessiveuse en milieu ouvrier dans les années 1890162. Après 1918, la lessiveuse se généralise et dans le Nord, la batteuse à main, « comme en possède tous les ménages roubaisiens », est même mentionnée jusque chez un homme de peine163. Quant aux produits de lavage, ils peuvent être gratuits comme les cendres, ce qui explique la faveur dont jouit longtemps dans les villages le cuvier164. La grande dépense concerne le savon dont le prix varie en fonction de la qualité et de l’approvisionnement local165. Les paysans en utilisent selon leur degré de propreté de 3 à 50 kilos pour une dépense annuelle de 7 à 25 francs166. Aussi ne faut-il pas s’étonner que certains répugnent à la dépense comme ce cultivateur de la Valette (Var) qui « vivait absolument comme un cochon » et « ne voulait pas de propreté parce que cela gaspillait de l’argent » 167. En ville, les ouvriers utilisent entre 3 et 31,20 francs de savon mais certaines ménagères achètent en sus l’eau de lessive au lavoir168. De même, jusqu’à la Guerre, seules les citadines emploient les nouveaux produits chimiques, surtout l’eau de Javel, dont les Parisiennes peuvent consommer jusqu’à quatre ou cinq litres par semaine, soit une dépense de 5,40 à 18,40 francs par an169. Ajoutons, plus rarement, le bleu, la potasse et les cristaux de soude également utilisés pour la vaisselle170. Les achats de produits d’entretien peuvent être ainsi beaucoup plus élevés pour les ouvrières que pour les paysannes mais la dépense s’allège au tournant du siècle avec la chute des prix.

    40Je dirai peu de choses des appareils ménagers modernes, car je n’en ai retrouvé aucune trace tant dans les archives que dans les témoignages. Seules exceptions, la machine à coudre, très répandue avant 1914 mais aux usages divers à la fois familiaux et professionnels, ainsi que le fer et le fourneau électriques, adoptés dès les années 1920 dans le Nord et l’Est, régions traditionnellement propres et ouvertes aux progrès ménagers171. Quant aux autres appareils, ils restent cantonnés à la bourgeoisie aisée : « les patrons y avaient des aspirateurs », note Emestine, femme de ménage à Paris en 1935-1940172. Il ne faut donc pas se fier aux magazines tels Marie-Claire qui vantent leurs mérites ni surestimer, malgré leur succès, l’impact des salons ménagers173. Leur percée limitée n’a rien d’étonnant. D’une part, malgré de gros progrès dans les années 1930, la desserte électrique reste inachevée dans les campagnes et l’eau courante fait encore défaut à 42 % des logements en 1954174. D’autre part, le prix de ces appareils excède les ressources de 90 % des Français : une machine à laver vaut 700 francs en 1929, un réfrigérateur coûte 7 000 francs alors qu’une domestique ne gagne que 4 500 francs par an175. Enfin, la conception même des appareils, le refus par les constructeurs d’un fonctionnement automatique reflètent ce que Yves Stourdzé appelle « une “architecture" sociale d’accueil et de refus, spécifique de la société française ». La machine « n’est en fait pas du tout destinée à faire gagner du temps, de la place ou de l’argent », elle renforce les privilèges de classe et surtout, elle exige qu’« une femme reste à sa disposition » 176. L’élite économique et politique, par sa conception du prototype industriel et la position ancillaire assignée aux femmes dans le foyer, a donc interdit une diffusion « grand public » et à l’américaine de l’appareillage ménager. Les classes populaires ont avalisé cet état esprit puisque en 1942, la paysanne la plus moderne rencontrée dans le Cher par Paule-Marie Weyd a des ambitions limitées : elle veut un poêle à charbon, « il lui faut l’eau dans la cuisine et l’évier, et quoi encore », grincent les voisines jalouses177. Aussi, malgré quelques améliorations, les tâches ménagères restent-elles manuelles et imperméables à l’allègement promis par les adeptes de la taylorisation domestique. Il faut attendre la « société de consommation » des années 1960 pour que l’équipement ménager, proposé aux Etats-Unis dès 1900 et qui connaît une percée fulgurante dans les années 1920, atteigne enfin la France.

    Tâches ménagères et normes de propreté

    41La périodicité et la minutie du nettoyage comme du lavage doivent beaucoup aux normes d’hygiène que se fixent les ménagères. Celles-ci sont régionalement plus que socialement contrastées. S’opposent, ainsi, avant toute croisade médicale, une France de la propreté revendiquée et une France de la saleté, invisible à ses habitants.

    Les normes proposées par les hygiénistes : draconiennes

    42Les préceptes des manuels d’économie domestique et le Diktat des médecins et architectes imposent à toutes les femmes un idéal bourgeois.

    43Les manuels, dont le premier exemple achevé est celui de Mme Gacon Dufour, évoqué plus haut, ont popularisé la planification hebdomadaire des tâches, effectuées, certes, par les domestiques mais supervisées par la maîtresse de maison178. Le travail est à la fois quotidien : balayer, épousseter, faire les lits, cuisiner, et hebdomadaire : chaque pièce doit être faite à fond une fois par semaine, cependant qu’une après-midi est dévolue aux tâches complémentaires : lavage, repassage, raccommodage, astiquage des cuivres et de l’argenterie179. Ces conseils sont largement diffusés dans les milieux populaires par les manuels des écoles primaires : un emploi du temps, fort strict, y est également édicté mais qui, économie oblige, élargit le temps consacré à la cuisine et à l’entretien du linge180. Rappelons, cependant, que seul l’enseignement de la couture est obligatoire depuis 1887 et que l’économie domestique reste une matière facultative. L’impact de l’enseignement dans l’inculcation des normes hygiéniques est donc difficile à mesurer.

    44Les conseils des hygiénistes concernant la salubrité et la propreté des logements sont plus tardifs mais se multiplient à partir de 1875 lorsque leurs congrès deviennent bisannuels. Avant la généralisation de la révolution pastorienne en 1890, les médecins luttent principalement contre le manque de lumière, l’air vicié et, surtout dans l’Ouest, l’humidité de l’habitat181. La préoccupation perdure : en 1905, le Dr Dumont insiste sur l’aération matinale et nocturne des chambres182. L’enquête agricole de 1929 note que, dans le Puy-de-Dôme, « on n’aère pas assez les appartements, les chambres à coucher en particulier »183. Les architectes préconisent un bon ensoleillement et des courants d’air épurateurs : Henri Provensal, l’architecte de la fondation Rothschild, installe des ventilations hautes et basses dans les penderies, le débarras et le coffre à linge (une nouveauté)184. La délicatesse accrue de l’odorat dont Alain Corbin a évoqué les prémisses, s’étend à partir de 1870 au reste de la population : ainsi, les gendarmes, les policiers et infirmières, visitant les taudis, soulignent toujours, en termes devenus stéréotypés, l’odeur « nauséabonde » ou « pestilentielle »185. A partir de 1890, les hygiénistes traquent les microbes et la poussière qui les véhiculerait. Le Dr Dumont propose de remplacer les angles par des arrondis afin d’assurer un balayage plus efficace. Le Dr Schatzmann recommande de mastiquer les plinthes, d’obturer les rainures du parquet à l’encaustique et il condamne rideaux et tentures comme autant de nids à poussières186. E. Guillot et H. Provensal préfèrent aux parquets traditionnels, les parquets dépourvus de joints, en aggloméré ou cimentés187. Tous prônent le linoléum. Parallèlement, ils édictent des régies strictes de ménage : « le balayage à sec doit être proscrit ainsi que l’époussetage au plumeau, il faut utiliser des produits agglutinant la poussière comme la sciure mouillée » 188. E. Guillot recommande l’essuyage avec des linges humides ou mieux, le vide pneumatique, l’aspirateur, et exige de battre les tapis quotidiennement189. A défaut de les raser, « on époussetera les corniches et les plafonds toutes les semaines » 190. Si H. Provensal prévoit un balcon pour chaque appartement, c’est afin d’y brosser les vêtements à l’air libre ! Tous vantent également le mobilier dépourvu de sculptures et moulures, laqué ou métallique pour le « laver à grande eau », expression consacrée. « Plus de papier peint qui se souille facilement et ne se prête à aucun nettoyage sérieux », il faut donc « imperméabiliser le plus possible les parois » par la peinture à l’huile ou les papiers lavables191. Enfin, les microbes sont pourchassés dans l’eau, dans le linge qu’il faut faire bouillir et dans les sources de contamination privilégiées (W.C., ordures)192. L’eau de Javel devient la panacée193. Architectes et médecins élaborent, au nom de l’hygiène, un emploi du temps de facto encore plus contraignant pour la ménagère que celui des manuels bourgeois. La transformation du ménage en « croisade sanitaire » suppose implicitement que la femme reste au foyer. Après 1918, ces préoccupations sont intégrées par les nouveaux offices d’hygiène sociale194. Les premières infirmières visiteuses tentent de les appliquer en imposant des emplois du temps bourgeois qu’elles connaissent bien par leur milieu. L’une d’elle note, ainsi, à propos d’une famille ouvrière d’Argenteuil que « le ménage n’est pas méticuleusement tenu, des objets traînent, la chambre n’est pas rangée à plus de 11 heures »195.

    45En revanche, la propagande en faveur du ménage « scientifique » reste limitée à des milieux étroits, liés à l’industrie électrique, à la recherche et à l’enseignement ménager. Esquissé aux Etats-Unis dès 1899 et y triomphant dans les années 1920, le « domestic science movement » a des objectifs analogues à ceux des hygiénistes : croisade antimicrobienne et repli de la femme au foyer, mais il veut aussi séduire les ménagères en transformant par le « management » les tâches traditionnelles en un « travail industriel » taylorisé196. En fait, il aboutit, en rationalisant les gestes et l’aménagement de l’habitat, à augmenter les exigences domestiques. La ménagère « modernisée » de Pauline Bernège ne dispose que de deux après-midi libres par semaine. Néanmoins, ces prescriptions imposent des investissements trop lourds – appareils électriques, cuisine aménagée – pour qu’elles puissent être appliquées, même dans les familles aisées. Qui plus est, dans la bourgeoisie, la tendance est à l’allègement des tâches ménagères en raison de la crise de la domesticité et du travail féminin. Certes, les magazines ont tenté, après la Guerre, un impossible retour au passé surtout en matière culinaire197. Mais dès 1921, Augusta Moll-Weiss proscrit dentelles et broderies, faute de temps198. La Revue Familiale préconise l’élimination des bibelots, des nappes et vêtements trop salissants, des casseroles de cuivre qu’il faut astiquer et elle conseille même de ne plus repasser le linge de maison199.

    46Dans les années 1930, la presse féminine emboîte le pas : repas limités à trois plats, recours aux conserves, disparition des hors d’œuvre et entremets doivent permettre d’économiser du temps. En 1937, Marie-Claire propose de s’« organiser » mais afin de limiter à deux heures par jour les travaux domestiques200.

    47La lecture des manuels, des hygiénistes et des journaux féminins confirme que les normes proposées aux ménagères dès le début de la IIIe République sont draconiennes. On voit mal comment une femme mariée pourrait ne pas y consacrer sa journée entière, surtout en y ajoutant l’éducation des enfants. En fait, il s’agit d’un idéal, inconnu pour la plupart, totalement inapplicable pour les nombreuses Françaises qui travaillent et inaccessible financièrement en ce qui concerne le ménage scientifique. Il faut, là encore, attendre les années 1960, pour que ces règles se banalisent. Toutefois, bien avant cette propagande insistante, des ménagères n’avaient pas attendu de doctes architectes pour faire reluire leur logement.

    « Les gens du Nord, ça brique » ou la France de la propreté201

    48L’exemple régional le plus proche de l’idéal des hygiénistes est celui du Nord. A Armentières dans les années 1890-1920, les témoins évoquant leurs mères disent : « le ménage c’était leur passion » et ils énumèrent le cycle des travaux ménagers, journaliers, hebdomadaires et saisonniers, calqués sur les manuels bourgeois202. L’épouse d’un brocanteur de Waterdal, qui porte plainte contre un mari violent, souligne en ces termes ses vertus domestiques, « Vou pouvé venire visite ma maison insi mes enfant ge sui toujoure propre » 203. A la même date, l’enquête de la S.D.N. remarque qu’en Flandre « la ménagère est fière de maintenir en parfait état la maison, le plancher, le mobilier et les dépendances » 204. Le Bassin parisien appartient au même ensemble. Dès 1902, un observateur relève qu’en Beauce, « la ménagère est soigneuse (...) et si le mobilier est modeste, la propreté tient lieu de luxe » 205. La Normandie, de même, est souvent citée en exemple. En 1907, Raoul de Felice est « frappé de la propreté qui règne dans les maisons » du Bocage206. La France de l’Est aime aussi les maisons pimpantes. En haute Moselle, meubles et ustensiles sont « toujours frottés et luisants, c’est le luxe de la ménagère »207. Le midi méditerranéen, à l’exception des régions montagneuses, apparaît également épris d’une propreté attestée, dès le xixe siècle, chez les ouvriers comme chez les agriculteurs d’où l’« on sort convaincu des bonnes qualités ménagères de la paysanne provençale de la plaine, de son amour de l’ordre, de l’économie, de la propreté »208.

    49Certaines régions, toutefois, offrent un tableau contrasté comme la région rhodanienne, voire le Sud-Ouest et surtout la France de l’Ouest. En bas Cotentin, par exemple, « on ne retrouve pas toujours dans les pauvres demeures le même luxe de propreté » que dans le bocage normand209. L’exemple breton, cependant, est le plus intéressant, car il témoigne de la cohabitation, dans une même aire géographique, de deux normes d’hygiène opposées. Dès le début de la IIIe République, tous les témoins s’accordent sur la propreté du littoral ainsi chez les paludiers de Guérande ou les Vendéens210. A la Belle Epoque en Bretagne, « les villages de pêcheurs soigneusement blanchis à la chaux réjouissent par leur aspect coquet. Leurs intérieurs sont tenus comme des navires de guerre » mais à l’intérieur des terres, « l’hygiène n’est pas soupçonnée »211. Dans l’entre-deux-guerres, cependant, cette cartographie est en train de s’effacer, dans le Finistère comme dans les Côtes-du-Nord : « la légende a montré le paysan breton comme peu soucieux de propreté et d’hygiène. Dans ce domaine, une évolution notable s’est faite. Le marin a communiqué peu à peu le goût, qui va presque jusqu’à l’obsession, de la propreté » 212 En revanche, jusqu’en 1939, la propreté laisse à désirer en Morbihan et en Grande Brière213. Dans le Sud-Ouest, à cette date, alternent également départements propres comme l’Aveyron ou le Lot-et-Garonne, et départements hétérogènes comme les Landes et le Tarn-et-Garonne. En Sologne, de même, la lamentable hygiène « des fermes isolées » s’oppose à la « propreté et l’excellence des maisons de village » 214. En haute Ardèche, « les principes d’hygiène les plus élémentaires sont méconnus » alors que l’habitat du Vivarais est coquet215. Dans le Rhône, les contrastes se font à une échelle encore plus petite puisque dans ce département globalement propre, on peut rencontrer « un groupe de maisons (...), un quartier (...) un hameau » négligés, ce qui prouve l’influence déterminante de l’imitation en la matière216.

    50La France septentrionale prolonge la méticuleuse Europe germanique. La France méditerranéenne et rhodanienne constitue un second môle, ignoré des stéréotypes. Puis, se dessine une marquetterie de départements, voire de villages, propres et sales. Le milieu – paysan ou pêcheur par exemple –, l’aisance, l’isolement surtout qui favorise la perpétuation de traditions insalubres ou, inversement, la contagion de la propreté expliquent, en partie, ces contrastes.

    La France de la saleté invisible

    51A la différence de la propreté, l’enracinement de la saleté est, à la fois, régional et social. La propreté est médiocre dans les montagnes pendant tout le xixe siècle. Elle laisse beaucoup à désirer dans le Massif Central où les observateurs bourgeois ont tendance à juger la saleté atavique comme le Dr Francus pour la Haute-Loire : « nous avons vu en certains endroits la malpropreté érigée en système » 217. En 1909, les Morvandeaux sont victimes des mêmes préjugés : « leur réputation de malpropreté est parfaitement justifiée », et en 1930 encore, un observateur se permet d’écrire que « la propreté et (...) l’ordre ne sont pas les qualités dominantes des installations auvergnates » 218. Au delà de ces jugements « ethniques », le manque d’hygiène est souvent patent. L’instituteur de Chasseradès (Lozère) fait une description horrifiée mais criante de vérité d’un intérieur paysan à l’aube du xxe siècle : « litières en loques, grabas immondes où gisent pêle-mêle les sabots des marmots, les rubans de la demoiselle ou les instruments de cuisine qui ne sont dégraissés que de loin en loin » 219. La situation est identique dans les Alpes ou les Pyrénées. En 1895, « la plus grande malpropreté » règne dans les fermes du Queyras, aggravée par « la buée nauséabonde du linge qui sèche » 220. Progressivement, cependant, apparaissent dans ces régions, des îlots de propreté. Dès le début de la IIIe République, le Dr Bogros relève « l’heureuse transformation » de l’habitat en Morvan : « à l’intérieur, la propreté, la coquetterie même pénètrent chaque jour avec un bien-être inconnu naguère et à l’existence duquel il faut bien le dire, l’industrie nourricière n’est pas étrangère » 221. Un demi siècle plus tard, l’enquête agricole de 1929 sur le Puy-de-Dôme décrit des exploitations pimpantes comme la ferme du coutelier de Saint-Rémy-sur Durolle dont « le mobilier, bien ciré, reluisant, fait songer aux pays du nord » 222. En revanche, jusqu’en 1939, les progrès sont très limités en Limousin, dans les Hautes-Alpes ou dans les Hautes- Pyrénées223.

    52La saleté est, par ailleurs, liée au milieu et à l’époque. Sa perception a beaucoup évolué en soixante-dix ans. Je n’ai, ainsi, retrouvé dans les archives aucune mention de la saleté domestique avant 1900. Sur une soixantaine de cas y faisant allusion, l’écrasante majorité porte sur les années 1930224. Les archives confirment les témoignages des instituteurs qui considèrent la bataille sanitaire enfin gagnée225. C’est, alors, que se creuse le fossé entre ceux qui maîtrisent et ceux qui ignorent l’hygiène. Ceux-là ne voient même pas la saleté environnante comme en témoigne ce dialogue entre un policier et un manœuvre de Tarare :

    « – Pourquoi ne nettoyez vous pas votre logement puisqu’étant chômeur, vous avez des loisirs ?
     – Parce que ce n’est pas sale. »226.

    53Même dualité des normes entre une ménagère de Solesmes (Nord) qui soutient que « [sa] maison est bien tenue », et sa voisine qui la juge « d’une saleté repoussante »227.

    54Indifférence à l’hygiène et saleté invisible caractérisent une partie, résiduelle, de la population qui regroupe, pour trois-quarts, des citadins. La faiblesse de l’encadrement social, l’indulgence du voisinage et des exigences moins sévères expliquent que les paysannes soient rarement dénoncées, sauf les plus pauvres228. Pourtant, les enquêtes sociales ou géographiques prouvent qu’ils restent beaucoup à faire à la campagne, surtout dans les régions montagneuses. En ville, ce sont les familles d’ouvriers, le plus souvent non qualifiés qui sont sur la sellette229. Le triptyque indigence-taudis-saleté, longtemps passé inaperçu, devient inadmissible pour les autorités administratives ou médicales mais aussi pour l’opinion publique. De nombreuses procédures d’insalubrité trouvent leur origine dans la plainte du propriétaire, la pétition des voisins comme celle qui dénonce, à Quimper, un couple de manœuvres qui néglige ses enfants et chez qui « les principes d’hygiène (...) ne sont pas du tout observés », l’utilisation des lieux d’aisance faisant, par exemple, l’objet de litiges répétés230. Soulignons au passage que les techniques de biopolitique que Michel Foucault voyait à l’œuvre dès le premier xixe siècle, dont Isaac Joseph et Philippe Fritsch situent l’apogée entre 1860 et 1870, ne prennent leur essor que dans l’entre-deux-guerres231. Et encore trouvent-elles de puissants obstacles dans la dégradation de l’habitat et la misère. Pionnière du travail social au Havre, Céline Lhotte fait un constat désabusé : « Prêcher l’hygiène ? La noble croisade, et comme on est fière d’être une visiteuse quand on aborde ces taudis ! Je parle, oui, mais comme elles sont bonnes celles à qui je parle de m’écouter en silence avec leur pauvre sourire lassé, au lieu de mettre tout simplement dehors la porteuse de belles paroles que je suis ! Soleil, air libre ; tout à l’égout, biftek, etc. Où et comment ?... Ouvrez les fenêtres (sur la cour ?), lavez mieux votre linge (dans la cuisine ?), séchez le (...) (où vous pourrez !) »232.

    55Ce rapide tour de France laisse de nombreuses questions en suspens. Il permet, toutefois, de rectifier quelques jugements hâtifs. Tout d’abord, il convient de manier avec précaution les stéréotypes régionaux : la Bretagne ou l’Auvergne dites traditionnellement crasseuses et opposées à la coquette Normandie, car chaque domaine géographique souffre de nombreuses exceptions. A tout le moins, il faut vérifier, dans le temps et au sein de chaque région, la concordance entre réputation et réalité. Mais, se pose alors un deuxième problème : comment expliquer la propreté quasi obsessionnelle du Nord « hollandais », des pêcheurs bretons ou des Provençales ? Certes, des explications partielles peuvent être fournies touchant souvent au métier. Le travail minutieux de la soie est avancé pour les Cévenols ou les ouvriers champenois : « c’est bien souvent là auprès des machines confiées à leur surveillance qu’ils ont appris le soin et la propreté dont ils font preuve dans leur intérieur » 233. La dispersion de l’habitat freine la diffusion de l’hygiène, plus précoce dans les bourgs et les villages, comme en Sologne. Le rôle de l’imitation est également avancé. En Bretagne, l’enquête de la S.D.N. souligne que le marin « a communiqué aux paysans le goût de la propreté » et en Roussillon, c’est l’« émulation » qui explique que « toutes [les maisons] au moins soient propres » 234. Encore faut-il qu’un médiateur, imité ensuite, introduise ces nouveaux principes. Bogros fait des nourrices les vecteurs de la modernité en Morvan et Foville attribue la même fonction aux Savoyards migrants. Jacques Léonard a très bien analysé le rôle des religieuses soignantes, intermédiaires entre le médecin et les ménagères, écoutées car femmes et religieuses235. D’une façon plus générale, l’apprentissage ménager des jeunes paysannes venues se placer en ville a dû favoriser la divulgation des règles d’hygiène. Or, rappelons-le, une Française sur quatre avant 1914 a exercé, un temps au moins, le métier de domestique236. Je suis, en revanche, plus sceptique sur les résultats en profondeur de la propagande à l’américaine, impulsée après la Guerre par la mission Rockefeller et fondée sur le film, l’affiche, les expositions ou les conférences237.

    56Reste que la modernité bute sur ces antiques habitudes aux origines obscures dont parle R. Blanchard pour les Hautes-Alpes. Elles pèsent lourd dans les travaux ménagers. Certes, on peut devenir une bonne ménagère, mais on l’est aussi par reproduction d’un modèle familial et local. Certes, une aisance minimale, un habitat sain à défaut d’être confortable, permettent d’appliquer les règles sanitaires nouvelles. Mais l’habitat médiocre de la France du Nord n’empêche pas la propreté ouvrière. Inversement, emménager dans un logement moderne ne conduit pas nécessairement à un bouleversement des pratiques comme le remarque une assistante sociale parisienne, Melle Lannebit : « elle avait suivi quelques-uns de ses “clients” dans les H.B.M. du xixe arrondissement, et elle constatait leur incapacité à transformer, même en changeant de cadre, le foyer familial désordonné qui redevenait vite un taudis »238.

    L’ère des ménagères ?

    57Il est incontestable que le poids des tâches ménagères retombe sur les femmes. Les Français des deux sexes considèrent ce partage comme normal. Les femmes qui se soustraient à ce devoir sont condamnées et poussées par des pressions diverses à s’y soumettre. Toutefois, plusieurs conceptions de la ménagère cohabitent : statut social, profession, devoir, absorption par l’image de la femme au foyer qui s’épanouit, après la Guerre, dans la presse et le roman.

    La ménagère entre la profession et le devoir

    58La IIIe République se situe à l’apogée de l’exaltation de la ménagère. Le mot même, de création récente, jouit durant toute la période et surtout dans les milieux populaires, d’une faveur inébranlée239.

    Le ménage : un devoir pour les femmes de la famille

    59La conviction que l’exécution des tâches ménagères incombe aux épouses et aux filles subsiste longtemps, dans la France entière et dans tous les milieux. Pour les femmes mariées, le thème du devoir émerge surtout lorsqu’elles sont défaillantes. La condamnation est dans ce cas sans appel. Si l’épouse d’un marin cannois est victime d’un conjoint brutal, elle n’est pas à plaindre selon les policiers attendu que « Finconduite de la fe R. et l’extrême négligence qu’elle a apportée dans l’accomplissement de ses devoirs d’épouse ont créé (...) la situation dont elle a eu maintes fois à supporter les pénibles conséquences »240. Un cultivateur de Vinça (Pyrénées-Orientales) va jusqu’à justifier un concubinage adultérin par les carences de son épouse : « si ma femme (...) avait rempli ses devoirs d’épouse, jamais je n’aurais eu la pensée de prendre une maîtresse. C’est parce que ma femme n’a pas voulu remplir ses obligations, parce qu’elle a refusé de me rejoindre, ne s’occupant pas de moi ni de mon ménage (...) ni de mon linge que j’ai dû prendre une autre femme qui remplirait auprès de moi le rôle qu’elle délaissait » 241. Ces devoirs sont au nombre de trois : entretien du linge, cuisine et nettoyage, souvent résumés dans l’expression commode de « ménage ». Un domestique de Troyes croit même séduire une jeune fille en limitant ses exigences domestiques : « il me disait que je serais très heureuse avec lui, que je n’aurais qu’à lui tenir son linge et à lui faire son manger »242Certains conçoivent les devoirs ménagers dans le cadre d’un partage sexuel des responsabilités : à l’homme le travail productif, à la femme le travail domestique, comme en témoigne la lettre d’un gazier de Firminy à sa femme, une dévideuse qui multiplie les séjours dans sa famille : « cher épouse (...) Si tu croit que je t’est épousé pour te tenir chez toi, tu te trompe car voille huit moi que nous sommes marié tu na pas seullement rester trois moi avec moi, s’il faut avoir une femme et puis faire son ménage ce n’est pas la peine den avoir »243. Un demi-siècle plus tard, un ouvrier de Cormeilles (Seine-et-Oise) exprime une conviction inchangée : accusé de laisser ses enfants croupir dans la fange, il se défend en mettant son épouse en cause, « je n’aide pas ma femme dans les soins du ménage, car j’estime que mon travail terminé j’ai le droit de me reposer »244.

    60Les devoirs ménagers pèsent également sur les filles et sont mentionnés dans trois situations : lorsque la jeune fille tient le ménage dans une famille monoparentale, lorsque sa mère s’absente, lorsque ses parents exigent sa collaboration. Aider ses parents va de soi. La fille d’un régisseur des Pyrénées-Orientales décrit en ces termes ses activités après qu’elle a quitté l’école : « on ne m’a appris aucun métier, j’aidais ma mère à faire le ménage » 245. Telle autre se fait tancer par sa tante pour sa paresse alors que sa mère est placée comme bonne d’enfants au Havre : « Tu me dis que tu n’as rien à faire ; cela m’étonne beaucoup. (...) Dans tous les cas, ne pourrais-tu pas t’ingénier pour trouver de l’ouvrage sérieux (...), est-ce que tu ne pourrais pas te raccommoder ainsi qu’entretenir les affaires de tes frères et avec un peu de courage (...) raccommoder aussi les habits de ton père ? (...) A seize ans, une jeune fille doit être capable d’aider ses parents » 246. De même, soulager le parent qui seul, travaille, va de soi. Son père malade, sa mère contrainte de reprendre son métier de porcelainière à Limoges, une fille est ainsi retirée, à dix ans, de l’école « pour faire le ménage » 247. Georgette D., aînée de six enfants et fille d’un pareur du Houlme (Seine-Inférieure), n’a que huit ans lorque sa mère meurt : « elle avait cessé d’aller en classe pour garder ses jeunes sœurs et faire le ménage » puis, à treize ans, elle entre à la fabrique mais « après sa journée, elle s’occupe du ménage même le dimanche » 248. La mère de Pierre-Jakez Hélias joue le même rôle auprès de son père sabotier dès l’âge de onze ans249. L’obligation faite à la fille renvoie au devoir des épouses et les manquements sont tout aussi vivement fustigés. De la fille, âgée de quatorze ans, d’un manœuvre veuf de Salbris (Loir-et-Cher), une voisine dit que « cette dernière au lieu de s’occuper de son ménage et de ses petits frères est continuellement à traîner dans les rues »250.

    La ménagère entre profession et statut

    61La notion de devoir coexiste longtemps avec celles de statut et de profession251. Je n’ai certes, trouvé que deux citations, postérieures à la Guerre, assimilant le titre de ménagère à une profession, la plus intéressante, dans la bouche d’une femme et fille d’ouvriers stéphanois qui déclare : « j’exerce la profession de ménagère » 252. Toutefois, dans de nombreux cas, le terme est utilisé, implicitement, dans cette acception.

    62J’en veux pour preuve la propension à qualifier de ménagères des femmes dont le travail est attesté. Comme je l’ai noté plus haut et comme le confirme l’enquête sur la société française au xixe siècle initiée par Jacques Dupâquier et Denis Kessler, la moitié des paysannes est noyée dans cette rubrique253. De plus, dans 40 dossiers, les femmes ou les témoins confirment que la « ménagère » exerce une activité rémunérée. Ce sont les régions agricoles les plus traditionnelles du Midi et de l’Ouest qui sont les plus enclines à occulter le travail des épouses. La raison réside moins dans un refus de principe que dans la nature des métiers exercés. Sur les 40 « ménagères » salariées, douze sont des paysannes, en général saisonnières agricoles, huit exercent une activité de service payée à la journée (femmes de ménage, laveuse), sept tiennent un petit commerce et trois sont ouvrières à domicile254. Ces métiers qui peuvent être modulés en fonction des exigences familiales et qui sont ressentis comme un prolongement de l’activité domestique, sont néantisés par les autorités. Les femmes elles-mêmes trouvent plus honorable de se définir ainsi plutôt que d’avouer une profession subalterne ou une sujétion ancillaire. Ainsi, l’épouse d’un charbonnier de Mansat (Creuse) « se dit ménagère » mais « elle fait quelques journées en dehors de son domicile » 255. Dans la France rurale, surtout au sud de la Loire, être contrainte de gagner sa vie chez autrui, humilie les femmes qui dissimulent cette nécessité sous le statut de ménagère que le mariage leur accorde.

    63Je n’ai, en revanche, jamais trouvé d’ouvrière qui ne se définisse ou ne soit définie par son emploi, voire sa qualification. Pour celles-ci, les tâches ménagères constituent bien un devoir mais non une profession, encore moins un statut qui définirait la femme mariée. Le discours des militants ouvriers n’a, semble-t-il, pas influencé le langage quotidien ni, sans doute, la vision de la ménagère en milieu ouvrier256.

    Ménagères ou femmes au foyer ?

    64Les deux expressions recouvrent parfois le même concept. Comme je l’ai indiqué dans le chapitre précédent, l’œuvre de propagande conduite par les médecins et les hygiénistes, popularisée par la presse et la littérature, visait durant les années 1870 à effacer la « ménagère-productrice » au profit de la « femme au foyer » ou « sans profession »257.

    65Pour autant, l’intériorisation du modèle par tous et toutes n’est nullement attestée. Elle gagne assez vite la bourgeoisie comme en témoigne, dans les familles d’industriels du textile du Nord entre 1850 et 1880, le repli des épouses de la sphère productive à la sphère domestique258. Elle ne touche pratiquement pas les campagnes où le concept de ménagère rend bien compte des activités polyvalentes des paysannes. En ville, la pénétration en milieu ouvrier est lente. Pendant longtemps, ouvriers et petits bourgeois fustigent la femme paresseuse, entendons, qui ne contribue pas aux ressources familiales, et félicitent l’épouse « active », déjà évoquée dans le stérotype vécu. J’ai relevé dans les archives 31 affaires où les témoins et le mari soulignent le devoir qu’ont les femmes mariées d’exercer un métier contre deux dossiers où les conjoints s’opposent au travail de leur épouse259. Et seul un ouvrier agricole de Busigny (Nord) présente une défense classique de la femme au foyer : « travaillant régulièrement et gagnant assez pour élever ma famille, je tenais à ce que ma femme reste à la maison pour soigner mes enfants » 260. Toutefois, 19 femmes ont choisi, une fois mariées, l’inactivité professionnelle. Telle jeune fille, domestique de son état, s’empresse de l’abandonner dès son mariage avec un caoutchoutier clermontois en 1874 : « elle se borna à faire son ménage », mais elle subit de vives pressions de son entourage qui la pousse à travailler261. Un emballeur lyonnais s’indigne également que sa femme, une épinceteuse, veuille rester à la maison : « j’espérais que ma femme se mettrait au travail ; mais il n’en a rien été ; elle m’a dit plusieurs fois qu’elle ne s’était pas mariée pour travailler » 262. Les femmes qui exercent des professions peu gratifiantes trouvent là un argument pour y renoncer avec bonne conscience mais elles sont peu nombreuses. Après la guerre de 1914, de telles situations semblent se multiplier d’après les témoignages. Lingère dans un hôtel de Rouen, Adrienne Dailly se marie en 1928 à vingt-six ans et évoque les conflits latents suscités par ces choix :

    « – Moi, je voulais continuer une fois mariée mais mon mari n’a pas voulu. Il me voulait à la maison.
     – Est-ce que ça vous semblait normal qu’une femme reste au foyer ?
     – Oui. J’aurais bien aimé travailler mais enfin... » 263. Bertie Albrecht note à la fin de son stage aux Galeries Lafayette en 1939 qu’« être “administratrice des casseroles” c’est-à-dire rester chez, soi à s’occuper de son intérieur paraît être l’ambition, le rêve cher et impossible de toutes les ouvrières et vendeuses que j’ai rencontrées »264.

    66Cependant, je n’ai trouvé que deux textes sur ce thème dans les rapports d’élèves surintendantes, présentés par Annie Fourcaut265. Les autres se lamentent, au contraire, sur le refus des ouvrières mariées d’abandonner leur travail. Employée dans une teinturerie parisienne, une jeune femme, mère d’un jeune enfant et enceinte d’un second, soutient néanmoins : « Oh ! moi, le mien (c’est ainsi qu’elles désignent leur mari) gagnerait assez pour nous deux mais tant qu’on peut je préfère continuer »266. La caisse familiale du textile à Lille constate que l’ouvrière mère de famille travaille « par ses goûts, par ses habitudes, par son désir de bien-être matériel, par la nécessité souvent », ne reculant pas devant une dépense de 150 à 210 francs par mois de nourrice267. A Saint-Etienne, une enquête sur les années 1900-1950 a montré, à la fois, la pression masculine en faveur de l’assignation domestique des épouses et les regrets qui découlaient du retrait professionnel268. Ces quelques exemples montrent les réticences des salariées à adhérer à la vocation de femme au foyer lorsque le choix est possible, car pour beaucoup, la nécessité absolue d’un second salaire rend vaines ces discussions.

    67Les statistiques peuvent, du reste, masquer ces réactions en milieu ouvrier. Certes, beaucoup de femmes mariées sont ménagères. Dans la base de données, la moitié sont recensées comme telles. Mais si les épouses d’artisans plus que d’ouvriers, semblent ralliées à un mode de vie petit-bourgeois, pour les autres, le problème est plus complexe269. Une partie d’entre elles vit dans des régions où l’emploi féminin est rare, ainsi les épouses de mineurs et de métallurgistes, au demeurant suffisamment payés pour que, malthusianisme aidant, un salaire suffise270. D’autre part, les documents sont muets sur les métiers exercés avant le coup de projecteur judiciaire qui permet de les situer. Or, rares sont les femmes d’ouvriers qui n’ont jamais travaillé même si leur participation à la production varie selon les besoins et la taille de la famille. Certains auteurs, comme Louise Tilly, insistent sur le va-et-vient entre le foyer et l’usine271. Toutefois, la possibilité qu’ont les ouvrières de gérer de façon souple leur travail, en arguant de leur devoir maternel pour se consacrer à leurs enfants, mais aussi se reposer, explique que la séparation rigoureuse entre femmes mariées au foyer et jeunes célibataires à l’usine n’a pu s’imposer en France à la différence de l’Angleterre272. Au reste, bien que les statistiques sous-estiment le travail des femmes mariées, elles confirment son enracinement : en 1901, 40 % exercent une profession, en effet, contre 10 % dans le reste de l’Europe. L’importance du travail à domicile explique peut-être cette « anomalie » avant 1914. Mais après la guerre, la montée du salariat ne corrige pas la tendance, au contraire : en 1920, la moitié des salariées sont mariées et 13,5 % sont veuves et chargées d’enfants. En 1936, leur part a encore augmenté avec respectivement 55 % et 14,5 % des femmes au travail273. La distorsion entre discours bourgeois et pratique féminine en milieu ouvrier, est même telle que bien des associations populationnistes minorent ces chiffres.

    Le ménage secondaire, refusé ou négligé

    68Toutes les femmes, cependant, n’adhèrent pas à l’image de la ménagère-gestionnaire, a fortiori, à l’idéal de la femme au foyer. Certaines relèguent les tâches domestiques au second rang de leurs préoccupations. D’autres les rejettent. Beaucoup, enfin, montrent le faible intérêt porté à ce travail et l’indifférence à ce « devoir ».

    Le ménage secondaire face à la contrainte professionnelle

    69Pour beaucoup de femmes, le ménage passe après un travail vital. Or, ces protagonistes regroupent la moitié des femmes mariées, à la ville comme à la campagne.

    70Le travail productif des paysannes a toujours été minimisé. Aujourd’hui encore, le décompte à une demie U.H.T. est sujet à discussion274. Pendant la IIIe République, la participation des femmes à la production agricole est fonction des spécialisations culturales, de la taille de l’exploitation, des traditions locales, enfin, qui leur réservent ou leur interdisent certaines tâches. Mais, en général, les travaux des champs pèsent lourd dans leur emploi du temps. Pour rester à la maison, il faut être une propriétaire aisée qui délègue aux servantes la basse-cour, l’étable, le binage, la moisson : c’est le cas des grands domaines du Bassin parisien où l’épouse dirige sans mettre la main à la pâte. Dans les familles de journaliers agricoles dont les enfants apportent leur écot, la femme peut également travailler à temps partiel275. En revanche, sur les exploitations familiales, de loin les plus nombreuses, il faut que l’épouse puisse se faire remplacer par ses enfants les plus âgés et dans les familles polynucléaires, par la bru276. En dehors de ces exceptions, il n’est pas une paysanne qui ne soit contrainte de participer à la production. Les archives présentent ces activités comme normales. Or, elles peuvent être très prenantes. Dans les régions viticoles, le travail s’étale sur l’année entière. Dans les exploitations vouées à l’élevage laitier, c’est l’activité de l’épouse qui assure la majeure partie des revenus familiaux277. A Miremont, dans la montagne de Riom, incombent à la femme « la traite des vaches matin et soir, les travaux de la laiterie, chaque jour, le pressurage du fromage, le mardi le barattage du beurre, l’élevage de la volaille, les soins à donner aux brebis mères et aux jeunes agneaux, l’engraissement des porcs » 278. C’est là un exemple extrême. L’élevage des moutons relève des responsabilités masculines bien que les bergères soient nombreuses en plaine mais ce sont des jeunes filles. Il en est de même de l’élevage bovin transhumant. A Huez toutefois, hommes et femmes montent ensemble dans les alpages279. Après 1918, cependant, le développement des troupeaux exige une participation croissante des hommes à la traite, qu’ils méprisaient jusqu’ici280. Partout, en revanche, la basse-cour et la porcherie relèvent des attributions féminines comme le potager, toujours bien tenu et même fleuri à Minot ainsi qu’en Normandie où « la ménagère met sa fierté à avoir un beau courtil » 281. De fait, dans de nombreuses régions, à l’instar de la Champagne pouilleuse, « les femmes ne sont pas seulement des ménagères mais aussi des ouvrières » 282. Elles « sont travailleuses à l’égal des hommes » et le plus souvent « hors du logis », se souvient un paysan du Revermont283.

    71Certains maris imposent du reste à leurs épouses une énorme charge de travail284. Une fermière de Saint-Laurent de Cerdan (Pyrénées-Orientales) décrit, en ces termes, sa vie laborieuse : « il ne me permettait aucun repos et je travaillais de 4 heures du matin jusqu’à la nuit aux travaux des champs »285. Quoique aisé, un cultivateur de Born (Dordogne) force sa femme « à travailler plus que son état de santé le permettait » 286. Dernier exemple, navrant, ce fermier malchanceux de la Sarthe, devenu ouvrier agricole, exige que sa femme travaille autant que lui... bien qu’elle soit paralysée d’une jambe287. Quelques protagonistes se déchargent même complètement de l’exploitation sur les épaules de leur épouse. Un paysan d’Ondres (Loir-et-Cher) est décrit comme « peu courageux et c’est sa femme qui faisait en partie tout le travail de la ferme » 288. Un jardinier de Charvieu (Isère) a l’habitude de « laisser à sa femme seule la charge de durs travaux des champs tels que labours, battage, chargement du foin, enlèvement du fumier », lui même se bornant à la culture de sa vigne289. En bref, beaucoup de paysannes ne sont pas traitées en ménagères mais comme des « mercenaires » selon le mot d’un juge, « an esclave » s’indigne l’oncle d’une cultivatrice290. Ces citations, toutes postérieures à 1915, attestent une intolérance accrue des observateurs face à l’exploitation économique des femmes par leurs maris mais aussi une aggravation de la condition féminine. En effet, l’enquête agricole de 1929 révèle que « la femme, par suite de la crise de main d’œuvre, remplace, le plus souvent, un ouvrier agricole »291.

    72Quand bien même les maris ne sont pas des tyrans, la charge des travaux agricoles librement assumés empiète nécessairement sur le ménage. Les observateurs bourgeois s’en émeuvent. Dans la plaine des Vosges, note Foville, « d’ordinaire la propreté laisse fort à désirer. Si l’on s’étonne, la ménagère répond qu’elle a bien autre chose à faire ; et vraiment lorsqu’on pense aux occupations qui lui incombent on n’a pas le courage de lui en vouloir »292. Quarante ans plus tard, l’enquête de la S.D.N. ne relève pas d’amélioration dans le Loiret : « dans la région de Beauce et dans le pays de vignoble, la femme travaille aux champs presque autant que l’homme, il lui incombe, de surcroît, les soins de l’étable et de la basse-cour ; elle n’accorde qu’un minimum de temps aux soins du ménage » 293. Qui plus est, bien des paysannes préfèrent travailler à l’extérieur plutôt que se claustrer à la maison. Une journalière du pays de Caux s’enorgueillit de gagner autant que son mari, 2 francs par jour en 1908, car « elle travaillait comme un homme » 294. Et une viticultrice de l’Aude s’exclame : « Moi, à la vigne, je me régalais »295.

    73Parfois, cependant, les couples se déchirent sur le choix des priorités comme ces paysans de Cormeilles (Seine-et-Oise). Le mari se plaint d’être seul à travailler : « j’ai dit à ma femme de m’aider à transporter la paille, elle n’a pas voulu, elle m’a répondu qu’elle ne voulait rien faire et que je serai obligé de la nourrir quand même », alors que son épouse avance d’autres arguments : « Il me reproche jamais que je fais rien. Je fais ce que je peux, j’ai un enfant, plusieurs vaches à soigner et mon ménage à faire, je ne puis guère aller travailler dans les champs » 296. Une cultivatrice de Lempdes (Puy-de-Dôme) exprime la même dualité des devoirs : « il me disait souvent : si tu venais aux champs avec moi je travaillerais mieux mais je ne pouvais abandonner mon ménage pour aller aux champs » 297. Dans l’entre-deux-guerres, le dilemme reste identique pour cette paysanne de Seine-Inférieure : « il est certain que mon ménage n’était pas tenu avec tout le soin désirable (...). Mais mon mari n’aimait pas me voir rester à la maison pour m’occuper de mon intérieur. Pour lui le travail consistait dans les travaux des champs (...). C’est ce qui m’obligeait à passer au second plan de mes préoccupations les travaux intérieurs » 298. Deux standards opposent même ville et campagne. Un cultivateur du Poët (Hautes-Alpes) critique implicitement sa voisine pour consacrer trop de temps aux soins domestiques – « elle ne faisait pas grand chose en dehors du ménage » – alors qu’un professeur de gymnastique qui a vécu avec elle à Grenoble, la loue pour ses qualités d’intérieur : « elle s’acquittait très bien de son travail de ménage »299.

    74Pour de nombreuses paysannes, grosses travailleuses par goût et par nécessité, il n’est de travail qu’agricole. Les plus favorisées peuvent se partager entre le foyer et le « dehors » : « j’ai travaillé, comme d’habitude, le matin aux champs et l’après-midi à la maison », raconte une jeune fille de l’Yonne300. Mme d’Abbadie d’Arrast souligne cette dualité quotidienne en pays basque301. Dans certaines régions, la participation des femmes aux travaux agricoles est seulement saisonnière : de mai à la Sainte Catherine en Artois, puis à nouveau l’hiver, pour l’épandage du fumier302. Mais dans l’entre-deux-guerres où la paysanne modèle de l’enseignement ménager agricole en plein essor se dévoue d’abord au foyer, la situation empire pour les plus modestes, les conduisant, pour la survie de l’exploitation, à sacrifier le « dedans ». Même si l’épouse n’est pas considérée seulement comme une ouvrière, elle joue, au moins, le rôle d’un travailleur polyvalent gérant les aléas climatiques, familiaux et saisonniers de l’exploitation. Comme on le dit à Minot, « une femme doit tout faire » 303. Dans ces conditions ce sont les tâches ménagères qui sont les premières sacrifiées jusqu’à la motorisation agricole qui allège leur participation aux travaux des champs.

    75Certaines épouses ont des activités tout aussi prenantes mais à cheval sur plusieurs domaines. C’est souvent le cas des femmes de pêcheurs qui cultivent seules la terre et complètent leurs revenus dans les conserveries. A Gravelines, en outre, « elles allaient “à vers” » à Zuydcoote, soit 30 kilomètres à pied, en portant des charges de 20 à 30 kilos : « c’était les femmes surtout qui étaient des esclaves, elles n’arrêtaient pas de travailler au point qu’il leur fallait souvent compter sur leurs mères pour assumer la cuisine, voire d’autres tâches ménagères »304.

    76En ce qui concerne les ouvrières, la situation est analogue. Je rappelle que sur 100 épouses d’ouvriers, 50 restent à la maison et 50 travaillent dont 30 ouvrières et 8 à 9 femmes de service ou domestiques. Le travail est longtemps et pour la plupart, une absolue nécessité. A Roubaix en 1872, compte tenu des bas salaires en vigueur dans l’industrie textile, il faut deux actifs pour assurer les 22 à 24 francs nécessaires chaque semaine à une famille de cinq personnes si bien que 83 % des ouvrières ont pour conjoint un manœuvre ou un ouvrier semi-qualifié305. A Armentières, la situation est identique au point que les mères de deux enfants travaillent plus souvent que les femmes mariées sans enfant, afin de faire face à des charges accrues306. Barberet, pourtant acquis à l’idéal de l’épouse « ministre de l’intérieur » du foyer, convient que « sans doute, il vaudrait mieux que les femmes ne travaillassent pas dans les ateliers, qu’elles restassent dans leur ménage pour y maintenir la propreté possible, toute l’hygiène voulue ; pour soigner leurs enfants, pour leur donner l’éducation qui trop souvent leur fait défaut. Mais il faut compter aussi avec le budget, avec la nécessité » 307. En 1913, lorsque la journaliste Marcelle Capy demande à une ouvrière bronchitique pourquoi elle n’abandonne pas son dur travail à l’usine de lampes Osram, elle s’attire une réponse désabusée : « C’est facile à dire. J’ai quatre enfants, mon mari gagne à peine cinq francs par jour. Que deviendrons-nous sans mon salaire ? »308.

    77Lorsque les gains du mari permettent d’assurer le minimum vital, beaucoup de femmes considèrent, néanmoins, leur appoint comme essentiel pour atteindre la toute petite aisance qui rend la vie agréable. Une mécanicienne parisienne travaille pour payer le loyer mais aussi le mobilier acheté « à tempérament » et, dans l’ordre de ses priorités, le ménage vient après le métier et les loisirs. Ainsi lorsqu’un soir, son époux lui propose une sortie, elle accepte mais à deux conditions : achever la paire de bottines en cours et être remplacée par son mari pour la vaisselle, attitude qui suscite la réprobation voilée des policiers qui, inaccessibles à ses motivations, concluent banalement : « elle s’occupait peu de son ménage » 309. Un observateur note que dans le Doubs, « chez les femmes, les fanfreluches sont devenues indispensables. Un salaire double est à peine suffisant pour payer ce confort relatif » 310. Fille de charron, une jeune Parisienne qui devient décoratrice et se fait « une vraie profession », y trouve de nombreuses satisfactions : « elle aime vraiment son métier », « elle y excelle » même et surtout, cette activité « assure à Mme S., outre l’indépendance pécuniaire, une situation moins inférieure dans son ménage » 311. Certains maris espèrent, d’ailleurs, trouver dans leur épouse moins une ménagère qu’un second salaire comme ce postier parisien : « je m’étais marié dans l’espoir que, travaillant de son état de couturière, son gain, ajouté au mien aurait ajouté un peu de bien-être dans mon intérieur » 312. Un halleur de Roanne ouvre un débit « pour occuper le temps de ma femme et me procurer quelques bénéfices », précise-t-il313.

    78L’argent gagné, le plaisir de travailler et la liberté conquise jouent donc un rôle important. Ces mobiles se développent beaucoup dans l’entre-deux-guerres. Une surintendante d’usine, stagiaire dans une entreprise vosgienne, note que les ouvrières travaillent, car « leur gain leur paraît très avantageux, calcul en réalité très faux, du moins pour les femmes mariées qui doivent entretenir elles mêmes leur intérieur » 314. Ces remarques moralisatrices qui sont alors légion, laissent froides les femmes qui gèrent, à leur façon, leurs priorités. Pour certaines ouvrières, leur travail est leur raison d’être. Une vernisseuse, loin de profiter de son renvoi pour se consacrer à son foyer, en souffre : « C’était pas mon tempérament d’être au chômage » 315. Pour les employées des Comptoirs de Montrouge, « le seul intérêt pour elles est de sortir de chez elles, d’avoir de l’argent » 316. La sociabilité professionnelle a un rôle également important : « la vie d’atelier leur plaît avec les potins, les incidents, la camaraderie et les distrait ». Bref, « pas de goût pour le ménage et au fond, attrait pour cette vie d’atelier, plus gaie, moins sacrifiée que la vie d’intérieur », tels sont les mobiles des salariées317. Enfin, l’assimilation entre travail et liberté progresse, Paris se situant à l’avant-garde : la mécanicienne parisienne se marie mais « aurait voulu continuer sa vie indépendante d’ouvrière » 318. Les ouvrières de Panhard, en 1918, considèrent que « leur travail leur donnait une certaine indépendance vis-à-vis de leur mari » 319. D’où le conseil de cette modiste parisienne à son employée : « elle m’avait dit : “Mais faut jamais quitter son travail pour un mari. Jamais. Le travail, c’est important’’. A cette époque là, je m’en foutais pas mal »320. Ajoutons qu’une partie des salariées, par tradition familiale, ne conçoivent pas une vie sans métier. Un directeur d’une usine textile du Nord doute que les ouvrières mariées rentrent à la maison en raison de leur « mentalité », car elles « aiment mieux leur métier »321.

    79Dans ces conditions, rares sont les conflits entre exercice d’une profession et ménage d’autant que les ouvrières considèrent qu’« elles ont peu à faire chez elles » 322. Je n’ai rencontré que six épouses qui expliquent leurs carences ménagères par un métier trop prenant comme cette dévideuse de Saint-Dié ainsi excusée par sa sœur : « elle n’est pas paresseuse, elle aurait bien tenu son ménage avec un autre mari qu’un ivrogne et un paresseux mais, obligée de travailler pour vivre et nourrir ses enfants (...), elle s’est épuisée et fatiguée, a quelque peu négligé son ménage » 323. Tout aussi exceptionnelle, la protestation du mari d’une tisseuse en soie de l’Isère : « furieux de voir le dîner pas prêt depuis plusieurs jours (...), je lui ai dit que si cela continuait, je fermerai la porte de son cabinet où se trouvait son métier », admonestation vaine au demeurant puisque sa femme poursuit son ouvrage en le narguant ouvertement324.

    80Les ouvrières compriment donc les tâches ménagères. Une mouleuse de jouets en carton parisienne néglige le ménage, achète ses repas tout prêts lorsque le travail presse et fait « un raccommodage rapide » 325. La situation reste inchangée après la Guerre : les ouvrières achètent toujours « très vite et très cher » et pour les vêtements, « faute de temps, on achète, on renouvelle souvent à grands frais au lieu (...) de faire durer » 326. Les femmes refusent donc les pratiques économiques mais dévoreuses de temps. L’enquête de 1947 sur le budget-temps des femmes mariées en apporte une dernière preuve a posteriori : en ajoutant le travail extérieur aux tâches ménagères, il ressort que la femme salariée et mère d’un enfant travaille seulement 9 heures de plus par semaine que la femme au foyer, car elle consacre 20 heures de moins à son intérieur327. Enfin, les ouvrières bénéficient de l’appui de leur conjoint, plus disposé que dans d’autres milieux, à accepter un certain partage des tâches domestiques. Une tapissière parisienne s’indigne parce que son mari ayant dîné dehors, il n’ait rien fait à la maison : « pendant que j’arrivai de mon travail, rien à manger pour moi et mes enfants » 328. Une débitante, épouse d’un cheminot de La Brionne (Creuse), exige que son mari aille puiser l’eau de la lessive puis le tance : « le voyant préparer un hachis pour garnir une poule, je lui fis observer qu’au lieu de s’occuper de gourmandise, il valait mieux s’occuper de la lessive » 329. Un mari au chômage juge normal de remplacer sa femme qui, elle, travaille : « quand je rentrais, je trouvais tout prêt, la maison, le repas, je n’avais qu’à mettre les pieds sous la table » 330. Les ouvrières de Panhard vivent pareillement dans des couples égalitaires : « on se traitait en bons camarades, partageant les besognes domestiques ; le premier rentré prépare le dîner et fait la vaisselle » 331. Comme le notent, vingt ans plus tard, les enquêteurs à Nouville, « il y a à l’intérieur des familles ouvrières une indifférenciation des tâches » dont la répartition est « plus de fait » que « d’intention » 332

    81Si l’on ajoute que les règles d’hygiène ont longtemps été méconnues, on peut conclure que les femmes productrices, à la ville comme à la campagne, ne se sont pas rendues esclaves de leur ménage. Faute de temps et de goût, elles ont comprimé au maximum les travaux domestiques. Beaucoup refusent d’être seulement des ménagères et leurs époux insistent plus souvent sur la nécessité du travail féminin que sur la fonction « naturelle » de femme au foyer. Dans l’entre-deux-guerres, et dès le xixe siècle dans la capitale, on assiste à deux mouvements contradictoires. D’une part, les femmes mariées semblent de plus en plus attachées à leur métier, pour des motifs tant financiers que psychologiques, cependant que leur participation aux travaux agricoles s’accroît souvent à la campagne, faute de main d’œuvre. D’autre part, un certain nombre de salariées – mais combien ? – se rallient à l’idéal de la femme au foyer. Elles succombent à l’idéologie officielle mais elles savent aussi exploiter l’air du temps pour échapper aux contraintes et fatigues de l’usine.

    Le ménage refusé

    82Le rejet des activités ménagères est ouvert et même violent dans 44 cas, soit 2 % des couples mariés. C’est peu mais les mobiles invoqués sont révélateurs de l’insatisfaction cachée de nombreuses ménagères. Plus de la moitié des données se concentre après 1914 où la pression idéologique se renforce. Dans trois cas sur quatre, c’est une citadine qui s’insurge contre le partage des rôles qu’on lui impose333.

    83Trois motifs inspirent cette attitude : la paresse, la mésentente conjugale, le refus du travail ménager. Dans un dossier sur cinq, c’est la paresse qui est seule invoquée et qui affecte le plus souvent le métier comme le ménage. Ainsi pour cette ménagère de Beauvais qui, selon son mari, « ne veut se livrer à aucun travail, pas même entretenir le ménage, faire la cuisine et entretenir les vêtements » 334. Une autre, journalière au Bosc-Renoult (Orne), « était si paresseuse qu’elle ne lavait pas son mari » 335. Quelques femmes s’en défendent, se disant débordées. Cette gérante de magasin toulonnaise prétend « qu’elle avait beaucoup de travail avec ses enfants et qu’elle n’avait pas le temps de raccommoder » 336. A son mari, journalier à Saint-Hippolyte-du-Fort (Gard) qui se plaint de son pantalon troué, ajoutant : « tu aurais pu y faire quelques points », son épouse réplique vertement « qu’ elle n’ avait pas quatre bras »337.

    84Le refus du ménage en tant que tâche est plus fréquent : un cas sur quatre. Il peut se manifester tôt. Une jeune fille de dix-huit ans, apprentie tailleuse en Isère, refuse d’abord, comme l’espérait son oncle, « de rester à la maison, faire un peu de gants et nous soigner » puis, ayant perdu son emploi, elle s’y résigne mais « depuis elle a toujours fait le ménage avec dégoût » 338. Epouse d’un boucher à Saint-Denis, une jeune femme répugne à faire la cuisine : « elle faisait cela avec sa mauvaise grâce habituelle en m’invectivant (...). Elle me disait qu’elle était tout le temps en train défaire la vaisselle et faire à manger à toute heure », apostrophant même violemment son mari : « Si tu veux manger, tu n’as qu’à le faire, tu me fais ch... » 339. Une ouvrière agricole de la Mayenne explique à une voisine que « dans sa maison, elle faisait le strict nécessaire, alléguant qu’elle n’aimait pas cela » 340. Certaines femmes assimilent même les tâches domestiques à un travail ancillaire donc humiliant. Une ancienne domestique regrette son mariage avec un veuf, marchand de volaille à Vireux (Ardennes) et « souvent elle disait qu’elle n’était pas ma femme et qu’elle n’était chez moi qu’une vulgaire servante » 341. L’épouse d’un voiturier de Perpignan, qui s’est hissé au rang d’entrepreneur de transport, refuse les travaux ménagers en raison de la désunion qui mine le couple : « ma femme m’a dit que, du moment que nous n’étions plus d’accord, elle ne voulait plus me servir de domestique »342. Cette dernière citation reflète à la fois la perception du ménage comme une activité subalterne et le double rejet de l’époux et du ménage dont il est le premier bénéficiaire.

    85En effet, les femmes lient affection et travaux domestiques. Lorsque l’attachement n’existe plus, le devoir s’éteint. La moitié des refus ménagers apparaît ainsi d’ordre affectif343. Jugements de divorce et plaintes en adultère révèlent ce phénomène. L’épouse s’abstient alors, en général, de laver et de cuisiner. Aubergiste à Lannion (Morbihan), un mari cocu comprend son infortune devant la négligence ménagère inusitée de sa femme : « jusqu’au jour où j’ai reçu C. chez moi, (...) ma femme avait été le modèle des épouses (...). Bientôt après l’arrivée de cet homme perfide, ma femme se refroidit peu à peu à mon égard (...), elle avait même cessé de me préparer mes repas » 344. Tel autre, journalier agricole à Heudebonville (Eure), écrit : « ainsi, la femme du soussigné blanchissait-elle son amant et laissait pourrir le linge de son mari » 345. Ces comportements subsistent après la Guerre. Epouse adultère d’un journalier de Vouvray-sur-Loir (Sarthe), « Mme B. était très souvent partie de son domicile (...), les repas n’étaient pas prêts et le ménage pas fait » 346. Je terminerai par un cas rarissime, celui d’une débitante lilloise qui, toute à sa liaison avec une pensionnaire, refuse de préparer les repas de son époux347.

    86L’absence d’amour a des conséquences voisines. A vingt-quatre ans, une jeune veuve qui a épousé par intérêt un propriétaire de Vauvert (Gard) de quarante ans son aîné, se vante de le détester et « refusait défaire son ménage »348. De même, la femme d’un fileur de Châteauroux se plait à l’humilier et « ne se donnait pas la peine de préparer ses repas » 349. Entre ce fermier de l’Orne et son épouse, « l’animosité était telle que, depuis un mois, elle ne le blanchissait plus et ne lui faisait plus ses repas » 350. Certaines femmes utilisent parfois l’arme ménagère pour se défendre comme l’épouse d’un papetier de Lancey (Isère) qui victime d’un mari jaloux et brutal, décide qu’« elle ne voulait plus travailler et ne faisait plus le ménage » 351. Il est même des cas où les rôles sont inversés. La femme d’un maquignon du Doubs le bat... quand il ne cuisine pas : « Aimée m’a dit qu’il ne fesait pas cuire son dîner assez vite », souligne sa belle-mère effarée352.

    87Ces dossiers confirment bien qu’hommes et femmes font des tâches ménagères un devoir de l’épouse mais que les femmes rejettent ce devoir lorsque le mari n’est pas ou n’est plus aimé. Après la guerre de 1914 de plus, quelques femmes refusent en soi une tâche qu’elles jugent fastidieuse et dépourvue d’intérêt, manifestant ainsi une révolte sans théorisation, peut-être un féminisme inexprimé. Il ne faut pas confondre, cependant, ces rebelles avec la cohorte beaucoup plus nombreuse des mauvaises ménagères.

    Le ménage négligé et les mauvaises ménagères

    88La base de données compte 199 ménagères négligentes pour 2 399 femmes mariées, soit près d’une sur dix. Pour 140 d’entre elles, nous disposons de dossiers nourris qui permettent une étude plus fouillée de leurs motivations, de leur environnement, en bref de leur profil353 . 62 % des données sont postérieures à 1914 en raison d’une montée de l’intolérance face aux mauvaises ménagères, plus marquée dans la France du Nord et la France méditerranéenne – la France de la propreté – qui réunissent deux-tiers des dossiers. Trois fois sur quatre, les ménagères négligentes sont issues des classes populaires mais les femmes relativement aisées représentent 26 % de l’échantillon, les maris exprimant dans ce cas leurs griefs lors d’un divorce354. L’étude qualitative de la négligence ménagère montre le rôle joué par le milieu et la situation familiale. En revanche, le travail des femmes, incriminé par les hygiénistes, n’aggrave pas la situation puisque les mauvaises ménagères ne travaillent pas plus fréquemment que les femmes irréprochables355.

    Les mauvaises ménagères « aisées »

    89Elles appartiennent au salariat du tertiaire ou au monde des travailleurs indépendants. Leur négligence s’apparente beaucoup au refus ménager et peut même constituer un signe avant-coureur d’un malaise conjugal. Les témoins incriminent, dans ce cas, deux « défauts » : la paresse et le désir de s’amuser. Une demoiselle de magasin parisienne, mariée depuis cinq ans et sans enfant, « fait la 400 » selon son mari, c’est-à-dire sort, boit des liqueurs, va au bal avec des camarades de travail, et manifeste « son indifférence pour le ménage » : « elle ne me raccommodait jamais rien »356. Rentière et femme d’un entrepreneur d’Alès, telle autre « paresseuse, nonchalante et désordonnée, ne s’est jamais occupée des soins du ménage » et sollicitée par son époux de nettoyer la maison, s’exclame : « je n’ai jamais travaillé, je ne veux pas commencer »357. Mariée à un dentiste grenoblois, « la de A. était une mauvaise ménagère, paresseuse et dépensière, ayant toujours besoin d’une femme de ménage malgré la situation modeste de son mari »358.

    90Dans les milieux populaires, les explications sont d’une autre nature. La paresse ou la mauvaise volonté ne sont plus en cause mais l’incompétence, la misère et son cortège de fléaux.

    La ménagère incompétente

    91Un quart des mauvaises ménagères relèvent de cette catégorie : elles ignorent la propreté et « manquent » d’ordre. Les paysannes ne sont pas à l’abri de ce reproche, assez rarement formulé, néanmoins, dans les archives. Une cultivatrice aisée de Vertaizon (Puy-de-Dôme) passe pour n’avoir « ni ordre chez elle ni propreté dans ses vêtements » mais les témoins minimisent les faits, car « c’est une imbécile que son mari a épousée par intérêt » 359. Ce sont surtout les observateurs bourgeois qui soulignent l’incompétence des agricultrices. En 1890, en Auvergne, « la ménagère n’avait aucune notion de cuisine » 360. Il en est de même en Limousin, où la « ménagère coud et raccommode peu car elle ignore tout de cet art domestique » 361. Cette ignorance perdure jusque dans les années 1940 puisqu’une assistante rurale cherche toujours à la combattre dans le Cher : « devant l’incapacité des fillettes pour le ménage et il faut avouer que, sous ce rapport, bien des mères sont également incapables, j’ai pensé faire des sortes de journées ménagères », rapporte-t-elle362.

    92La plupart des jugements négatifs, véhiculés sous une forme stéréotypée, concernent, cependant et très précocement les ouvrières. Etudiant un mineur du Pas-de-Calais, un enquêteur relève qu’« à l’inverse de ce qu’on observe chez la plupart des mineurs [l’épouse] entretient son ménage avec soin », sous-entendant que dans ce milieu, les femmes sont toutes de mauvaises ménagères363. La famille du mineur de la Loire peut, toutefois, conforter ses préjugés : « la femme est bien la ménagère du peuple, négligée, surchargée d’enfants et ayant renoncé depuis longtemps à lutter dans son intérieur contre l’influence noircissante de l’air ambiant » 364. Dans l’entre-deux-guerres, ces a priori sociaux restent vivaces. Une surintendante note ainsi que l’ouvrière « ne sait pas faire la cuisine, encore moins coudre et elle doit si mal faire le ménage », allant jusqu’à imaginer la malpropreté du logement365. Pour moralisatrice qu’elle soit, la remarque contient une certaine part de vérité : dans le Nord, les ouvrières du textile qui vont à l’usine dès le plus jeune âge, « n’ont pas de formation ménagère, car depuis plusieurs générations, les mères travaillent à la filature »366. En revanche, les femmes plus éduquées sont rarement dénoncées pour leur incurie comme cette postière strasbourgeoise qui désespère son mari : « Berthe ne pouvait pas faire la cuisine puisqu’on ne le lui avait pas appris »367.

    Fléaux sociaux et ménagère du sous-prolétariat

    93Dans 64 dossiers, fléaux sociaux et pauvreté se conjuguent pour expliquer la négligence des ménagères. Pourtant, deux sur trois restent à la maison contre une sur deux dans les familles normales, ce qui devrait favoriser le travail domestique. En fait, la faiblesse des revenus dans ces foyers d’ouvriers travaillant dans l’agriculture ou l’industrie, disposant d’un seul salaire, médiocre de surcroît, rend difficile le respect des normes d’hygiène et de propreté. Dans quelques cas même, neuf en tout, la maladie ou le chômage privent la famille de toute ressource, sans inciter, pour autant, l’épouse à chercher un emploi. Aussi la moitié des femmes de manœuvres et de chômeurs, le tiers des épouses de journaliers agricoles sont-elles rangées dans la catégorie des mauvaises ménagères. De plus, ces femmes sont débordées par leurs responsabilités éducatives, plus lourdes que pour les bonnes ménagères. Une sur trois élève au moins quatre enfants alors que 15 % seulement des femmes étudiées dans la base de données sont dans ce cas. Inversement, deux sur trois sont à la tête d’une descendance classique de un à trois enfants à charge contre plus de 82 % des ménagères368. Faiblesse des ressources et charges familiales se conjugent pour limiter le temps et l’argent consacré aux tâches domestiques. Qui plus est, ces femmes ont souvent une vie privée agitée : 41 % ont ou ont eu récemment au moins une liaison extraconjugale, 17 % ont des enfants illégitimes369. Fécondité incontrôlée, complexité des structures familiales, pauvreté situent sociologiquement ces ménagères que les services sociaux repèrent en priorité après 1920 pour les contrôler, les moraliser, alors que les autorités étaient indifférentes jusqu’au début du xxe siècle aux conséquences domestiques de la misère.

    94Les explications des protagonistes rendent plus concrètes ces situations de marginalité. Elles imputent souvent à l’alcoolisme, au taudis et à la pauvreté l’échec ménager. De fait, 37 mauvaises ménagères sont des ivrognesses invétérées. Une Bretonne, épouse d’un marin de Douarnenez, se saoûle au point de rouler par terre avec son bébé et « leur logement est repoussant de saleté car la fe G. ne le nettoye ni ne le lave » 370. Mariée à un vitrier châlonnais, une mère de sept enfants « néglige son intérieur, ne lave pas », le mari reconnaissant, d’ailleurs, ses torts : « j’ai toléré la paresse et l’ivrognerie de ma femme » 371. Chez un gazier d’Oullins (Rhône), « le ménage est mal tenu par la fe B. qui a plus de souci pour s’occuper de commérage et boire que pour son intérieur » 372. Même quand l’alcoolisme est partagé, c’est l’ivrognerie de l’épouse qui est, seule, invoquée pour expliquer la négligence ménagère. Ainsi, un voisin qui dénonce un couple d’ouvriers agricoles du Nord en raison de leur penchant pour la boisson – « tous deux aiment tellement à boire qu’ils placent du vin sous l’oreiller pour boire la nuit » –, constate que « la maison n’est pas entretenue, manque d’hygiène et ressemble à un taudis » et que la femme « n’a pas de goût pour entretenir son intérieur » 373. Si la paresse et le caractère des mauvaises ménagères appartenant au sous-prolétariat sont également dénoncés, ils sont attribués à des tares sociales ou des carences génétiques et non au refus raisonné des travaux ménagers. Ce type d’interprétations fleurit surtout dans les affaires de déchéances parentales qui lient intelligence déficiente « par nature » et dérive sociale. Une famille du Cateau-Cambrésis, signalée par « des personnes s’intéressant aux œuvres sociales », est décrite comme cumulant tous les handicaps sociaux : la femme avec deux enfants naturels et trois légitimes est sans profession, le mari est chômeur, « les époux C. mènent une vie misérable » et vivent « dans une seule pièce très mal tenue et très sale », négligence principalement imputée à l’épouse, « peu intelligente, paresseuse et insouciante » 374. La femme d’un maçon de Chanteloup-les-Vignes (Seine-et-Oise), « repoussante de malpropreté », flâne dehors, « laissant ainsi son semblant d’intérieur dans un état de saleté repoussante », car « il lui manque ce que beaucoup d’autres possèdent, le goût du travail et une bonne mentalité » 375. Telle infirmière visiteuse qui peint avec dégoût le logement d’une famille de Saint-Germain-en-Laye comptant dix personnes, les parents, chiffonniers, et leurs huit enfants, – « tout paraît crasseux » –, donne une explication méprisante de cette démission ménagère : « femme rustre, malpropre, mal embouchée et encore apathique et profondément débile. Elle paraît une pauvre “loque humaine” » 376. Dans ces familles que nous classerions aujourd’hui dans le quart-monde, les difficultés matérielles liées à une faible qualification professionnelle, aggravées par la présence de nombreux enfants, sont imputées aux failles de la volonté individuelle, et d’abord féminine. Le Dr Hazemann, inventeur avec Louis Boulonnois de la « doctrine de Suresnes », a théorisé cette analyse : « si l’urbaniste et l’hygiéniste assainissent une cité en recherchant ses causes d’insalubrité et la dotent d’un plan de ville, le travailleur social recherche dans la famille les causes individuelles du malaise économique et physiologique et la dote d’un plan de vie » 377. Toutefois, les témoins pressentent les dimensions sociales d’un problème abordé par le bout de la lorgnette ménagère, puisqu’ils glissent des défauts de l’épouse à la mise en cause des couples, de la mauvaise ménagère aux familles frappées d’incapacité et mises sous tutelle administrative. Les maris, alors, sont également dénoncés comme ivrognes, parasites vivant des allocations familiales, « chômeurs professionnels » dès lors que le chômage est, même faiblement, indemnisé.

    95Les contemporains espèrent pourtant que les pressions exercées surtout par l’entourage suffiront à faire rentrer dans le rang les plus rebelles, voire les apathiques.

    Les pressions exercées sur les ménagères

    96En dehors des pressions exercées par les époux, censeurs et bénéficaires des travaux domestiques des femmes, elles sont difficiles à détecter.

    Exigences et réprimandes du mari

    97Les pressions matrimoniales s’expriment souvent de façon indirecte : les conjoints réclament certains services à leurs épouses, critiquent la façon dont elles les accomplissent et s’emportent enfin, quand elles faillissent à leur tâche. Nous disposons, ainsi, de 65 dossiers qui révèlent, à l’occasion de conflits parfois graves, les attentes des maris378. Si les ménagères mises en cause ne se distinguent pas des épouses rebelles, les conjoints bourgeois et petits-bourgeois sont surreprésentés avec plus d’un dossier sur trois, sans doute en raison de leurs exigences accrues, à la fois parce que leurs épouses restent plus souvent au foyer et parce que l’idéal de la bonne ménagère a largement pénétré ce milieu379.

    98Les maris peuvent ordonner d’être servis, parfois avec brutalité. L’épouse d’un voiturier gardois s’avoue du reste blessée par le comportement autoritaire de son mari : « il m’humiliait devant sa fille, disant que je devais le servir et lui laver le linge » 380. La femme d’un concierge marseillais doit même se plier aux désirs de son mari et de sa maîtresse : « tu te rappelles que tu me fesais faire les petits plats pour faire manger ta vieille putain de S. » 381. Tous ne sont pas obéis pour autant comme ce cultivateur de la Drôme : « C. ayant besoin de quelque chose qui se trouvait dans le buffet, le demanda à sa femme qui refusa, absolument, malgré l’insistance de son mari de se lever et de la servir »382.

    99La plupart des conjoints se bornent à critiquer la tenue de la maison ou la cuisine. Un granger drômois explique ainsi : « nous ne sommes pas riches et, malgré les représentations fréquentes, ma femme laissait dépérir la maison, elle n’entretenait pas son intérieur » 383. Un cultivateur creusois juge normal de guider sa femme, de treize ans sa cadette : « comme elle était jeune, elle ne savait pas s’y prendre au travail (...) alors je lui faisais des observations » 384. Un charron de village cantalien est abandonné par son épouse « à la suite de certaines observations que je lui avais faites parce qu’elle ne me préparait pas mes repas », raconte-t-il385. Cantinier militaire à Saint-Etienne et époux d’une plieuse, tel autre raconte ses déconvenues : « huit jours après mon mariage j’ai pu constater que ma femme ne s’occupait pas de son ménage et les repas n’étaient pas prêts. Je lui fis des reproches mérités » 386. Le chef de contentieux des Minoteries lyonnaises obtient même le divorce parce que sa femme « ne s’occupait pas des soins du ménage, le domicile étant dans un état de malpropreté excessif malgré les observations réitérées du mari » 387. Les termes utilisés, qui perdurent pendant toute la IIIe République, révèlent l’état d’esprit de nombreux maris : les « reproches », surtout s’ils s’avèrent « mérités », les « remontrances », les « observations » s’apparentent au vocabulaire de l’admonestation réservé aux enfants. Ils témoignent de l’attachement masculin au droit de critique et à l’intangibilité des devoirs ménagers. Néanmoins, ces époux, pourtant sûrs de leur droit, sont rarement écoutés. Nombreuses sont les femmes à répliquer, bouder, puis à se séparer d’un conjoint trop sévère en la matière. Un fumiste de Villiers-sur-Marne (Seine-et-Oise) qui critique la viande servie par sa femme, déclenche l’ire de cette dernière : « elle m’a répondu : “mange ce qu’il y a” [et elle] m’a fait la tête » 388. Le dialogue, tenu en présence du juge, entre un journalier agricole de Maretz (Nord) et sa femme, rend bien compte de la dialectique entre reproches masculins et résistance féminine :

    « – La femme : je prétends que ma maison a toujours été bien tenue (...). Je suis partie parce mon mari s’amusait.
     – Le mari : Dis plutôt que je t’ai fait des observations » 389. Epoux exigeants et ménagères rebelles peuvent aller de pair.

    100Enfin, dans les milieux populaires, les litiges ménagers peuvent engendrer disputes et coups. Un manœuvre de Rive-de-Gier qui « ne trouvant pas son repas prêt à son retour, (...) injuria grossièrement sa femme en présence de ses pensionnaires et lui porta un coup violent au visage », photographie pour nous la scène avec son épouse, il est vrai avinée : « elle déparlait (...). Je lui dis de me donner à manger. “Il y a des pois sur le fourneau”, me dit-elle. “Ce n’est pas sur le fourneau qu’il les faut”, lui dis-je, “il faut que tout soit prêt quand un homme arrive du travail, ce n’est pas à moi de faire la cuisine” » 390. Un charron de Fontenay (Seine-et-Oise) analyse le même enchaînement de la violence : « j’ai commandé à ma femme de me faire déjeûner, elle m’a répondu par des injures, alors je me suis mis en colère et je l’ai frappée » 391. Chez ce couple bizontin, la scène s’étale sur deux journées : le soir, le mari cherche « chicane » à son épouse « sous le prétexte que le repas n’était pas prêt » ; le lendemain, raconte celle-ci, « il m’a reproché que mon ménage n’était pas tenu en ordre, que mon linge était en désordre, que la chemise que je lui avais donnée n’avait pas de bouton de col », puis il la bat392. Un poseur de rail de Pontarlier agit à l’identique : « il m’a demandé à manger. Je lui ai donné de la soupe. Il a trouvé qu’elle était trop chaude. Cela l’a indisposé. Il s’est mis à m’injurier, me traitant de vache, putin etc. » 393. Les scènes peuvent aussi opposer le père et la fille adulte à qui incombent certaines tâches ménagères394. La violence peut aller jusqu’au meurtre, ainsi pour ce tonnelier lyonnais qui avoue avoir tué sa femme par « emportement (...) parce que je lui reprochais de me faire mauvaise mine quand je lui demandais si le repas était prêt. A cette question, en effet, elle m’a répondu : "Cours devant si tu es pressé" » 395. Mais en fait, ces maris brutaux qui ont souvent en face d’eux des épouses soumises, cherchent moins à imposer à leurs femmes le respect de leur devoir ménager qu’à signer ainsi leur domination conjugale.

    101L’exécution du travail domestique est donc surveillée par les conjoints. Il est significatif, toutefois, que toutes les tâches n’ont pas à leurs yeux la même importance. Lorsque les exigences sont précisées, l’emporte la cuisine avec 23 citations, la propreté et le blanchissage étant loin derrière396. Les hommes expriment même des idées arrêtées sur la qualité et la présentation de la nourriture. Il s’agit, en effet, pour eux d’une fonction vitale qu’ils acceptent d’assumer lorsqu’ils se retrouvent seuls. En revanche, la propreté du logement les laisse froids. Tout au plus, sont-ils agacés par le désordre. Dans les milieux populaires, ce contrôle qui s’exprime de façon immuable tout au long de la IIIe République, a une efficacité qui, même limitée, s’avère bien supérieure aux interventions extérieures.

    Les pressions extérieures

    102Elles sont difficiles à repérer et ne peuvent être quantifiées. On peut dégager quatre types d’ingérence : par la famille, les voisins, les autorités locales, les autorités sanitaires.

    103Quoique difficile à mesurer, le rôle du voisinage et de la parentèle, fait de regards réprobateurs et remarques acerbes, est sûrement important mais il repose sur l’incitation, l’émulation, l’imitation qui laissent des traces ténues. Lorsqu’elles apparaissent, exceptionnellement, dans les archives, les pressions familiales relèvent plus du conseil que de l’injonction. Ainsi, la mère d’une postière strasbourgeoise dont le gendre est très difficile pour la nourriture, lui recommande « de lui demander quels plats il préférait et de les lui faire » 397. Ces observations peuvent être mal reçues ainsi qu’en convient la tante d’une jeune mariée indolente : « j’avais cru lui faire quelques observations qui avaient été trop mal prises (...) pour que j’essayasse de recommencer » 398. Les critiques de sa belle-mère agacent également cette journalière parisienne : « sa mère me faisait des reproches sur la manière dont je m’occupais de mon intérieur » 399. La femme d’un jardinier d’Istres (Bouches-du-Rhône) s’irrite des accusations véhémentes de sa belle-mère : « A son arrivée rien n’était fait de son ménage (...). Ce malheureux n’avait jamais un cache-col de propre ni de pantalon de travail raccomoder »400. Certains membres de la famille préfèrent les pressions indirectes comme cette cultivatrice normande qui demande au curé de chapitrer sa belle-sœur, non sans succès, note l’intermédiaire : « lafe M. me promit d’être plus soigneuse et, en effet, pendant quelques semaines, elle lava son linge très exactement »401.

    104Quelques voisins critiquent mezzo voce la saleté des logements, voire font des pétitions contre une famille malpropre. Mais ils osent rarement interpeller une mauvaise ménagère comme cette veuve, plus âgée il est vrai, qui se permet de dire à une journalière : « Restes à la maison, fais à manger » 402. Les notabilités locales interviennent plus fréquemment. Une institutrice catholique de Salbris (Loir-et-Cher) se permet d’admonester une ancienne élève : « plusieurs fois, je suis allée voir cette jeune fille, lui faire des reproches sur sa vie et lui donner des conseils qui n’ont servi à rien. Je lui ai fait même nettoyer à plusieurs reprises sa maison qui était d’une malpropreté répugnante ainsi que les enfants mais, quelques jours après, je retournais, c’était la même chose »403. Les édiles ne se privent pas de faire des commentaires désobligeants. A Savigné (Sarthe), le maire se félicite de son action : « mon opinion est beaucoup meilleure sur la tenue du ménage P. Je crois que notre intervention a été salutaire » 404. Juges de paix et policiers font de même, voire menacent les ménagères récalcitrantes. Le commissaire de Poissy écrit ainsi que « la fe L. ne donne pas l’impression de s’occuper plus soigneusement de son ménage et de ses enfants. Nous lui en faisons l’observation (...) si elle veut qu’une mesure soit prise contre elle »405. Les patrons n’hésitent pas non plus à exercer des pressions sur les femmes de leurs ouvriers. Dans le bassin de Longwy après les grèves de 1905, la reprise en main s’effectue à la fois par la menace du retrait du logement, désormais loué au mois et non plus à l’année, et par le contrôle des ménagères sommées de respecter de strictes normes de propreté, d’appliquer un programme de nettoyage planifié et vérifié par une visite hebdomadaire du garde406.

    105Enfin, après la guerre de 1914, les assistantes sociales multiplient les visites à domicile qui s’accompagnent souvent de conseils insistants. Elles s’intéressent à l’hygiène du logement d’abord pour assurer aux enfants un cadre de vie sain. Leurs interventions, toutefois, sont souvent considérées dans le prolétariat ouvrier comme une intrusion agressive dans la vie privée et peuvent susciter une vive résistance dont témoigne, par exemple, ce couple de Jouy-en-Josas : le père, chômeur « prend très mal mes visites, me met à la porte en m’injuriant », cependant que la mère « mauvais esprit me reçoit avec impertinence », « toute leur attitude dénote une indifférence absolue à notre intervention, ils n’ont manifesté qu’un seul désir, c’est que l’on ne s’occupe pas de leurs affaires et qu’on s’en aille au plus vite » 407. Ces pressions, accompagnées en l’occurrence de menaces de déchéance parentale, sont pourtant inopérantes. L’infirmière du dispensaire de Cormeilles, responsable d’une famille miséreuse dont le père est chômeur, « est allée plusieurs fois donner des conseils à la mère qui n’en tient aucun compte » 408. Un autre dossier familial de la Seine-et-Oise dénonce le comportement, en termes quasi identiques, d’une femme mise sous tutelle et qui « n’a fait aucun effort malgré l’aide et les encouragements qui lui ont été prodigués : paresse, malpropreté, incurie totale » 409. L’échec des admonestations et des sanctions sanitaires s’explique par le passif familial qui empêche toute modification rapide des comportements ménagers.

    106Si les classes dirigeantes ont tenté d’imposer sans relâche l’image de la femme au foyer, vouée aux tâches domestiques, ce stéréotype pénètre lentement les classes populaires quand bien même les leaders s’y rallient. Nombreuses sont les femmes qui refusent, plus ou moins consciemment, de se laisser définir par leurs aptitudes à la cuisine ou à la lessive. Les paysannes qui choisissent de privilégier l’exploitation, sacrifient le ménage ou bien se définissent comme ménagères mais entendent par là une bonne gestionnaire du domaine. Les ouvrières mariées doivent souvent travailler par nécessité et alors, faute de temps, parent au plus pressé d’autant que les logements sont petits et les services commerciaux de commodes palliatifs, surtout pour l’alimentation. Il en est, de plus, qui veulent et aiment travailler, qui s’ennuient chez elles. Favorisé sans doute par la réduction de temps de travail, leur nombre semble croître dans l’entre-deux-guerres, ainsi que l’atteste la poussée des salariées, alors même que la presse, les discours officiels, les mesures législatives ne reconnaissent et ne favorisent que les mères « sans profession ». Le hiatus entre norme théorique et vécu est donc considérable mais nié par les élites, toutes tendances politiques confondues. Toutefois, si quelques épouses d’avant-garde rejettent, en soi, des tâches ménagères jugées aliénantes, la plupart les considèrent, dès leur plus jeune âge, comme un devoir, mais un devoir parmi d’autres, souvent moins important que la contribution aux ressources familiales. Aussi, malgré les aspirations bourgeoises et un vocabulaire ambigu si on n’analyse pas les pratiques, la IIIe République ne peut-elle être assimilée à l’ère de la bonne ménagère triomphante. Les exceptions sont trop nombreuses, les situations sociales trop diverses pour qu’il en soit ainsi. Reste que toutes les femmes sont aussi des ménagères et ont à charge des travaux qui peuvent être très prenants.

    Sphère féminine et hiérarchie des priorités ménagères

    107Quelques remarques préliminaires sur les sources s’imposent. L’apport des archives est inégal, comme je l’ai noté dans le chapitre I et comme le précise le tableau ci-dessous. Aussi ai-je dû recourir aux documents imprimés. J’ai utilisé, là encore, les monographies des Ouvriers des deux mondes qui sont les seules à évaluer le temps passé à la plupart des activités domestiques. Il faut néanmoins savoir que les consommations y sont estimées selon les règles des hygiénistes et que l’autoconsommation est évaluée en termes monétaires, ce qui fausse les perspectives, surtout pour les paysans410. Ces études sont néanmoins précieuses, ne serait-ce qu’à titre de comparaison. Les lacunes archivistiques traduisent l’inégale attention portée par les témoins à chaque tâche. La trilogie cuisine-lavage-ménage caractérise, pour la plupart, le travail domestique. L’importance, relative, de la rubrique « ménage » tient en partie, à l’impossiblité de trancher entre les deux acceptions du mot : nettoyage ou ensemble du travail de la ménagère.

    Les tâches ménagères dans la base de données

    TâchesCas connus% par rapport aux femmes mariées
    Courses733
    Cuisine28112
    Lavage1657
    Couture753
    Ménage37316

    108Le rôle de la gent féminine est écrasant. Certes, il est connu mais il peut être ici quantifié. Femmes et filles, grands-mères et parentes, servantes et journalières assurent 92 % des travaux codifiés pour le traitement informatique et plus de 95 % si l’on inclut les ménagères négligentes. Les maris et les fils ont une participation marginale, de l’ordre de 5 % à 8 % contre 13 % à 18 % selon les enquêtes sociologiques réalisées dans les années 1960 et 1970411. Les folkloristes et les ethnologues du monde rural insistent sur les interdits qui régissent la répartition des rôles entre sexes. A Minot, l’homme qui cuisinerait ou ravauderait serait traité de « fanoche » 412. En Franche-Comté, « un homme du vieux temps n’aurait pas voulu en rentrant du travail déboucher la marmite pour voir ce qui cuisait dedans. Il lui était interdit de traire les vaches, d’aller à l’eau, de laver la vaisselle, de pétrir, d’enfourner etc., toutes choses qui sont œuvres essentiellement féminines. Il aurait été bafoué et traité de quenillot, de fouille au pot, de coque fredouille et il serait devenu la risée des femmes elles-mêmes » mais les choses ont évolué depuis ce bon vieux temps qui se situe dans la première moitié du xixe siècle413. De plus, les usages locaux sont divers : en Queyras, les hommes font le pain et dans les vallées pyrénéennes, ils confectionnent les vêtements de la famille, tâches jugées généralement féminines. En milieu ouvrier, les archives montrent que les hommes acceptent de faire les courses et de cuisiner. Quant à leur aide ponctuelle, elle ne peut être chiffrée mais elle transparaît au détour d’une phrase414. J’ai même retrouvé quelques hommes au foyer. Un tisserand de Compaiville (Seine-Inférieure) dit de son épouse habile ouvrière : « c’est elle qui travaillait au métier tout le temps, moi, je ne m’occupais guère que du ménage » 415. Un peintre parisien qui se laisse entretenir par sa femme, « devient la ménagère, balaye le petit appartement, se charge du marché, veille à la cuisine »416.

    Répartitions des tâches ménagères entre hommes et femmes

    TâchesMénagèresMénagères négligentesHommes
    Courses5320
    Cuisine1975623
    Lavage115500
    Couture44301
    Ménage2061569

    109A l’intérieur du cercle féminin, la répartition est également instructive. Ce sont les épouses qui dans 80 % des foyers assurent, bien ou mal, les tâches ménagères alors que les domestiques interviennent seulement dans 12 % des cas, les filles dans 6 % et les parentes, grands-mères surtout, dans 2 % des familles. La part réduite des aides rémunérées, alors que l’étude porte principalement sur les milieux populaires, ne doit pas étonner. Comme on le verra plus loin, l’emploi d’une « femme qui aide », laveuse ou couturière à la journée, est normale même dans les familles ouvrières. Toutefois, ce sont les commerçantes qui y recourent le plus volontiers : elles regroupent moins de 8 % des femmes mariées mais 25 % des dossiers où la main d’œuvre ancillaire est utilisée. Ce sont ensuite les paysannes qui se font le plus volontiers remplacer par une servante. Mais un colon de la Haute-Vienne renvoie sa domestique puisque, explique-t-il, « ayant marié un de mes fils, ma bru (...) a fait le service de la servante » 417. La place limitée de la grand-mère s’explique par une espérance de vie encore faible et l’occultation d’une aide, morcelée et jugée naturelle au point de l’oublier418. Son appui est important lorsque veuve, elle s’installe chez les enfants, la fille le plus souvent, mais il peut être également précieux quand elle ne vit pas au foyer : elle peut laver le linge, nourrir périodiquement la famille, apporter un plat tout préparé.

    110L’intervention des filles est, en revanche, quotidienne. En Limousin, « très jeunes, on leur apprend à tricoter, à filer la quenouille, à laver, à faire cuire la soupe, à préparer la nourriture des porcs » 419. Certaines remplacent même complètement leur mère. La chose va de soi lorsque le foyer ne compte aucune femme adulte : à neuf ans, la fille d’un journalier de Billy (Pas-de-Calais), séparé de sa femme, « suppléait sa mère absente et agissait en bonne petite ménagère » 420. Mais bien des mères exigent le même service, en général parce qu’elles travaillent hors de la maison. Une danseuse parisienne, pourtant entretenue généreusement par un riche protecteur, remplace sa bonne par sa fille : « sa mère se servait d’elle exclusivement pour faire le ménage » 421. A douze ans, la fille d’un marin de Plogoff (Finistère) « faisait tout à la maison », selon son frère cadet422. De sa fille de huit ans, une couturière de Sainte-Savine (Aube) dit : « il est vrai que Simonne s’occupait des soins du ménage, lavait le carrelage de la cuisine et du corridor. L’enfant allait chercher le charbon à la cave avec une pelle » 423. Toutefois, la contribution des fillettes décroît peu à peu, surtout après la Guerre en raison de la poussée scolaire et de l’évolution des mentalités qui allonge le temps de liberté enfantine424. A Aulhat (Puy-de-Dôme) dès 1912, les filles « laissent à leur mère les soin du ménage si bien qu’elles se marient parfois sans savoir faire la soupe ni la lessive »425.

    111Certains parents mettent à contribution les enfants des deux sexes comme l’expose une ouvrière en chaussures de Limoges : « mon mari a frappé souvent notre enfant Roger quand il n’a pas fait les commissions que je lui ai demandées » et il bat leur fille aînée « parce que le repas n’est pas prêt à l’heure ou autre chose de ce genre » 426. Fils d’une lingère et d’un docker marseillais, un écolier de quatorze ans « fait tout le ménage puisque sa mère travaille à la clinique », transgression des rôles sexuels exceptionnelle, du reste, qui choque l’assistante sociale : « sa mère [l’] emploie comme une fille pour l’aider au ménage »427.

    112De fait, l’assignation précoce du deuxième sexe au ménage ne souffre pas de discussion. Les femmes, néanmoins, peuvent hiérarchiser leurs activités domestiques.

    Nourrir la famille ou l’« honneur de la ménagère »428

    113Travail quotidien, ce devoir, jugé primordial, englobe de nombreuses tâches annexes qui l’alourdissent.

    Les courses : contrainte ou distraction ?

    114Occupation secondaire et rarement contestée, car liée à des promenades appréciées, limitée dans la France rurale et jusqu’en 1914 au moins par l’autarcie alimentaire, c’est une tâche occultée dans les archives et surtout dans les témoignages imprimés429. De plus, c’est l’une des occupations les plus facilement déléguées puisque moins de la moitié des épouses l’accomplit dans les 73 dossiers qui mentionnent le sujet.

    115A la campagne, les femmes vont à l’épicerie ou à la boulangerie. Elles s’approvisionnent aussi chez les voisins. L’épouse d’un coutelier de Taverny (Seine-et-Oise) trouve même là l’occasion de tromper son mari avec le paysan qui lui vend des légumes430. En ville, les femmes font les courses tous les jours par souci de morceler les dépenses et faute de réfrigérateur. Quand elles travaillent, les citadines y consacrent de brefs moments comme cette piqueuse de bottines parisienne qui « n’a pas le temps d’aller au marché » ou cinquante ans plus tard, cette ouvrière vosgienne qui « fait ses achats le soir à la sortie de l’atelier, achète par conséquent très vite et très cher sans pouvoir combiner les acquisitions avantageuses » 431. Le temps affecté aux courses d’après l’enquête de 1947 – trois-quarts d’heure – semble supérieur à celui dont disposent les travailleuses pendant la IIIe République432.

    116Les femmes envoient souvent les enfants – 23 cas, et un garçon pour deux filles – faire de petites commissions. A sept ans, la fille d’une couturière du Dorât (Haute-Vienne) va acheter au bourg des « chandelles de résine » 433. Le fils d’un ébéniste parisien assure « quelques commissions » 434. Ce phénomène résiste jusque dans les années 1970 puisque, à Grand Fraud en Lorraine, les enfants font les courses dès l’âge de quatre ans435. Parfois, cette tâche leur incombe en totalité ainsi chez l’allumeur de réverbères nancéen dont l’épouse « ne sort guère que par nécessité, préférant envoyer ses enfants en commission »436. C’est principalement à la boulangerie et à l’épicerie, neuf fois citées, qu’on dépêche les enfants : la marchandise « standardisée » n’exige pas, en effet, de choix compliqué. Mais, le plus souvent, les témoins restent dans le vague. Les courses constituent même une des rares occasions où les jeunes filles sont autorisées à sortir seules, au point que 80 % des affaires mentionnant le rôle des filles en la matière, concernent des viols, attentats à la pudeur et détournements de mineure. Comme l’explique leur père, un bijoutier parisien, ses filles « ne sortent jamais que pour faire des commissions » 437. Agée de quinze ans, une jeune fille de Malaucène (Vaucluse) évoque ainsi ses occasions de rendez-vous avec son amant : « nous nous rencontrions quand j’allais à la messe ou en commission » 438. Cultivatrice en Seine-Inférieure, la mère d’une jeune fille infanticide défend la vertu de sa fille en ces termes : « elle ne sortait jamais sinon pour faire des courses » 439. Au reste, les enfants ne rechignent pas à faire les commissions et y voient plus une distraction qu’une corvée.

    117Il en est de même des maris. Plus d’un sur quatre, dans les cas qui nous sont connus, acceptent de s’en charger, au moins partiellement440. Ils rapportent volontiers la viande, le vin et l’épicerie. Epoux d’une riche rentière, un mécanicien marseillais, malgré la présence d’une bonne, fait une partie des commissions : « j’acheté le pain le vin le fromage charcuterie » 441. Néanmoins, certains jugent ce comportement indigne d’un homme. Sa belle-mère traite avec mépris son gendre, mécanicien agricole à Salon (Bouches-du-Rhône), pour cette raison : « c’est lui qui allait faire les provisions du ménage au lieu d’aller travailler » 442. C’est dans le midi méditerranéen que les hommes sont les plus réticents : « comme disait l’ouvrier : c’est ma bourgeoise qui fait les courses » 443, se souvient un témoin. Enfin, les employés peuvent être utilisés à ces travaux comme l’apprenti d’une ouvrière en cartonnage parisienne qui « joue le rôle de la bonne et est chargé des achats »444.

    Les corvées d’eau et de chauffage

    118Certes, l’eau et le feu ne sont pas requis à des fins seulement culinaires. Toutefois, c’est leur usage premier. Là encore, les données archivistiques sont pauvres : les femmes n’en font jamais état lorsqu’elles sont conduites à décrire leur emploi du temps d’où l’utilité des sources iconographiques et des souvenirs pour compléter les dossiers judiciaires.

    119Le ravitaillement en eau incombe aux femmes. Dans la série U, je n’ai retrouvé qu’un cas où le mari, cheminot dans la Creuse, s’en charge : « elle faisait la lessive et son mari l’avait aidée en allant puiser de l’eau à une fontaine voisine » 445. Henri Napias évoque, cependant, « l’ouvrier qui rentre de son travail le soir, tandis que sa femme allume le feu, [qui] prend un seau et descend ses cinq ou six étages, traverse la cour et attend son tour de haler la corde du puits ou de tendre son seau au robinet ; puis il remonte péniblement, les pieds lourds de la fatigue du jour » 446. En Limousin où la collecte s’effectue en portant deux seaux de huit à dix litres sur une perche, c’est un travail d’adultes, « hommes et femmes » 447. Toutefois, et quoique les ouvriers acceptent de donner un coup de main, il s’agit d’une tâche jugée à ce point féminine que par exemple, en 1873, un charron de Villenave (Landes) qui jaloux, accompagne sa femme à la source, ne songe pas pour autant à porter le seau448. Aussi la fontaine est-elle décrite comme un lieu de sociabilité féminine. Intitulée « A la fontaine », l’une des seynettes de La Sinse, auteur de théâtre prisé des ouvriers toulonnais, met en scène un bavardage entre femmes, interrompu par un mari mécontent : « As pas encoro rempli aquello dourgo (...). L’a douas houros que blagués d’à bas (...), lou pichoun vau téta » 449. A Armentières, Thierry Leleu rapporte que son arrière-grand-père, exaspéré, avait apporté à sa femme une chaise à la fontaine, jugeant qu’elle s’y attardait trop longuement450. Ce sont donc des femmes adultes – épouses, filles et servantes – qui en raison des poids transportés, assument cette corvée, plus ou moins éprouvante selon l’éloignement du point d’eau. Ce travail fait partie des fonctions que les jeunes filles se doivent d’assumer et il est même interprété comme source de divertissement. Le stéréotype des amours ébauchées à la fontaine, présent dans le vocabulaire comme dans l’iconographie, en témoigne. L’expression provençale « casser la cruche » en est un bon exemple comme les cartes postales « régionales » consacrées au sujet451. Le Musée des Arts et traditions populaires en a conservé plusieurs séries. Dans L’Auvergne pittoresque, « l’Idylle au logis » peint un jeune paysan transportant son foin et en arrêt devant une porteuse d’eau. Dans L’amour en Bretagne, trois cartes sont consacrées à ce thème : dans la première, « un père pas content » surprend les deux amoureux, la jeune fille la cruche à la main ; dans la deuxième, « une bonne action », la paysanne tend le récipient au jeune homme pour étancher sa soif et la troisième, « la récompense », montre le couple s’embrassant à la fontaine ! Si ce folklore vulgarisé ne peut être pris au pied de la lettre, il révèle, au moins, la participation générale des jeunes filles à la corvée d’eau.

    120A l’exception des archives, les sources sont, en revanche, muettes, sur le portage d’eau par les enfants. Jusqu’en 1914, je n’ai trouvé aucun témoin pour s’indigner de ce travail très dur bien que Victor Hugo ait fustigé cette pratique dans Les Misérables. Peu à peu, cependant, l’opinion se met à dénoncer une tâche « excédant les forces d’un enfant », l’expression s’impose. J’ai trouvé la première mention d’une telle réticence à Paris sous la plume de policiers à propos de l’épouse d’un employé qui « imposait des travaux au dessus de ses forces » à sa belle-fille, tels que chercher l’eau452. Dans l’entre-deux-guerres, la réprobation devient générale si bien que cette seule corvée peut être avancée comme preuve de sévices. Entre autres exemples, une ménagère s’apitoye sur la fille d’un maçon d’Auxerre, âgée de neuf ans, qui « exécutait des travaux peu en rapport avec son âge tels que porter des brocs d’eau » 453. Au fur et à mesure que l’eau courante allège la tâche de tous et que régresse le travail des enfants, disparaît une fonction longtemps traditionnelle pour les filles dès dix ou douze ans.

    121L’entretien du feu pèse également sur les femmes. « C’était une corvée », se souvient une Stéphanoise454. En effet, une fois par semaine, « il fallait monter le charbon de la cave, faire plusieurs voyages et c’était lourd ». En ville, il suffit de transporter au logement le bois ou le charbon commandés et livrés dans la cour ou la cave puis il faut allumer et nettoyer le foyer : ces tâches, toujours occultées, sont évaluées à 9 h. 72 par semaine455. A la campagne, il faut de plus couper les arbres, faire des fagots et débiter le bois, ramasser le bois mort. L’abattage des arbres est un travail masculin souvent accompli l’hiver mais dans les Baronnies, toute la famille s’active sur la coupe que le sort lui a allouée456. Par ailleurs, les femmes transportent le bois comme en témoignent, pour le Limousin ou le Sud-Ouest, les cartes postales457. Chez les paysans de Bastelica (Corse), la mère « se rend à la forêt le matin, fait le fagot de bois mort » 458. Les femmes peuvent également débiter le bois en bûchettes quoique les hommes s’en chargent le plus souvent459. Les enfants apportent leur aide. Les plus pauvres, filles et garçons, ramassent le bois mort en Lorraine et dans les Vosges, même les ouvriers envoient volontiers leurs enfants dans le bois voisin460. Le fils d’un paysan et d’une passementière du Hainaut prépare le « mortier » pour le feu461. En 1926, la fille d’ouvriers agricoles du Finistère, âgée seulement de neuf ans, est toujours envoyée « chercher du bois mort de très bonne heure le matin, à peine vêtue », ce qui scandalise une voisine462. Il faut également acheminer quotidiennement le bois entreposé au bûcher : toute la maisonnée est mise à contribution, et plus particulièrement, la servante si la famille est assez aisée463.

    122Allumer le feu est une tâche délicate faute de matériel adéquat : pour ne mentionner que l’exemple du Béarn, on n’y dispose pas de papier pour faire « partir » le feu et jusqu’en 1918, les allumettes sont un luxe, ce qui oblige les femmes à conserver les braises ou à les quémander auprès du voisinage464. Ce travail est réservé le plus souvent à la maîtresse de maison, car elle chargée de la confection du premier repas. Un aubergiste de Plouray (Morbihan) se plaint ainsi de sa femme : « le souper n’était pas prêt, il n’y avait pas même de feu allumé » 465. Les filles peuvent, cependant, remplacer leurs mères à titre occasionnel en cas de maladie ou d’absence puis comme une charge normale dès l’âge d’une douzaine d’années466. Une ouvrière de filature du Nord s’en plaint, du reste : « je dois me lever tôt (...). J’allume le feu »467. Quelques hommes, enfin, aident leurs épouses. Un accordeur de pianos parisien, aveugle, « aide souvent sa femme dans les soins du ménage, c’est lui qui allume le feu le matin »468. « Vers midi, je chauffais mon four pour y cuire mon pain », raconte un cultivateur du Lot, ce qui est une rude tâche, car il y faut jusqu’à dix fagots469.

    123Ces menus travaux sont souvent oubliés, néanmoins, car la tâche ménagère privilégiée par tous les témoins, hommes et femmes, reste la confection des repas. La ménagère est d’abord une cuisinière. Le rythme et la composition des repas opposent longtemps villes et campagnes mais partout, c’est une tâche effectuée dans 95 % des cas par les femmes adultes470.

    La paysanne : cuisine simple et gros travaux

    124L’alimentation rurale repose, malgré des différences régionales qu’il n’y a pas lieu de détailler ici, sur quelques mets : pain, soupe, bouillies et crêpes, ragoûts enfin. Elle exige, sauf exceptions, des préparations simples qui mettent en valeur céréales et légumes domestiques.

    Le pain : une lourde responsabilité

    125Le pain est la base de l’alimentation : sa consommation journalière ne tombe jamais en dessous de 300 grammes par tête mais peut atteindre un kilo471. Aussi, sa fabrication est-elle prioritaire. Certes, les hommes y participent en allumant le four. Certains pétrissent même la pâte, privilège du maître en Normandie comme en Aubrac où le maître-valet peut le remplacer jusque dans les années 1890472. En pays de Sault, certains maris apportent également leur aide, sauf en montagne où ce n’est pas l’usage473. En Haute-Vienne, le grand-père de Fernand Dupuy se charge de la cuisson474. En Oisans, le village rémunère quatre hommes pour la fournée collective475. Mais, en général, comme le relève un témoin, « ça, c’était un travail de femmes (...), les hommes n’aimaient pas se lever [car] il fallait se lever tôt »476. En Béarn, à la fin du xixe siècle, « en toute maison, on cuit au four et bien que pénible, ce travail est fait par les femmes ; ce sont elles qui font tout : charrier les sacs de farine, tamiser, pétrir, chauffer le four ; les hommes se contentent de porter les fagots de bois. »477. Rappelons qu’il faut pétrir la pâte jusqu’à ce qu’elle soit lisse, pendant un bon quart d’heure, ce qui est très fatigant478. En Ardèche, de plus, les femmes portent les miches au four communal, soit des charges de 30 à 40 kilos479. La servante peut assurer ce travail dans les grandes fermes, ainsi en Sologne480. Il en est de même des filles adultes comme à Lagraulet (Landes) où elles pétrissent sous la surveillance de la daoune481. Néanmoins pour les épouses, c’est « une obligation à laquelle nulle femme ne peut se soustraire sans critique », au point que dans la vallée de la Roya (Alpes-Maritimes) où la nourriture est constituée de pain, tourtes et pâtes, un mari peut interpeller ainsi sa femme : « une voisine pétrissait tous les jours. Un jour, elle n’avait pas pétri, son mari lui disait : “Tu as eu peur de te salir les mains” »482.

    126Toutefois, selon les habitudes régionales, le nombre de fournées annuelles varie et, avec elles, le travail fourni. Pendant longtemps, les Alpins n’en ont connu qu’une ou deux par an. En Savoie au début de la IIIe République, « dans certaines localités, on ne peut cuire le pain que deux fois par an ; il acquiert la dureté de la pierre : il faut le casser à coups de hâche et le laisser tremper dans l’eau pour pouvoir le manger » 483. En 1890, l’inspecteur d’Académie Gustave Derennes, rencontrant à Vallouise (Hautes-Alpes) au mois de juillet, une vieille femme, l’interroge sur le pain grisâtre que mangent ses petits-enfants et reçoit la réponse suivante :

    « – Il est cuit de l’automne dernier, me dit-elle
     – Mais, vous avez du bois, repris-je, vous avez du blé, vous pouvez chauffer le four, le feu à votre guise ! Pourquoi ne faites-vous pas votre pain comme on fait ailleurs ?
     – ... Oh ! Monsieur, on en mangerait trop !

    127Cette réponse m’explique la Vallouise » 484. Les choses évoluent lentement. En 1928, à Saint-Véran, « le printemps venu, on fait du pain tous les mois » seulement485. En 1930, à Névache, on cuit tous les trois mois l’hiver et tous les mois l’été486. Au début du siècle, on fait à Huez une fournée tous les deux mois487. A la même époque, les fournées en Aubrac s’effectuent tous les 45 jours488. Toutefois, en dehors des montagnes, le rythme le plus fréquent est hebdomadaire ou bimensuel. Chez les paludiers de Batz, en 1883, ou chez les paysans de Bastelica, on cuit tous les huit jours489.

    128De plus, peu à peu, les femmes s’affranchissent de ce travail dur et contraignant. Le recul de la panification à domicile s’échelonne du début de la IIIe République aux années 1950. Le mouvement est rapidement amorcé dans la France septentrionale, dès 1 850 en Touraine, avant 1890 dans le Nord mais aussi en Picardie, en Lorraine, dans la plaine des Vosges, la Normandie et l’Ile-de-France490. Il gagne, à la veille du xxe siècle, l’Orléanais, le Mâconnais, le Beaujolais491. A Mazières-en-Gâtine (Charente), le premier boulanger s’installe en 1886 et en 1900, le village en compte deux. En Provence, l’enquête de Foville relève que « les maisons dans lesquelles on pétrit le pain sont rares aujourd’hui dans nos contrées. C’est là un exercice fatigant » 492. Pourtant, « il n’était pas de bon ton naguère de manger du pain pétri par des mains étrangères » 493. Dans l’entre-deux-guerres, l’usage survit seulement en montagne, dans les Hautes-Alpes et l’Isère, dans le Jura, dans quelques cantons du Limousin ou du Morvan ainsi que dans la vallée de la Roya où le premier boulanger s’établit en 1920. Plusieurs raisons expliquent ce déclin d’une tradition millénaire. La première réside dans la pression des ménagères, soucieuses de simplifier leur travail quotidien comme en plaine des Vosges : « on n’y pétrit plus le pain, pénible besogne dont la femme est maintenant dispensée » 494. La deuxième repose sur la hausse du niveau de vie qui permet, désormais, d’acheter le pain au lieu de transformer la farine. Seuls les paysans les plus pauvres s’interdisent ce luxe comme le métayer de la Haute-Loire dont l’exploitation dégage un revenu monétaire de 112,56 francs seulement, consacré aux impôts : comment un boulanger s’installerait-il dans ces régions déshéritées dont la clientèle est insolvable495 ? La commercialisation du pain progresse aussi avec le désenclavement des villages : l’abbé Berge date de 1854 pour Saint-Véran, c’est-à-dire de l’ouverture du chemin de la Grand Combe, la possibilité d’aller acheter son pain à Guillestre. Enfin, un nombre croissant de paysannes fait un calcul de rationalité économique. « La famille P. trouve avantageux de prendre son pain chez le boulanger », explique l’enquêteur chargé d’interroger un vigneron-tailleur de silex de l’Orléanais, aux revenus pourtant modestes. La cultivatrice de Deuil y renonce pour la même raison : en effet, la culture du blé est moins rentable que la spécialisation maraîchère ; de plus, dit-elle, le meunier la vole sur la farine et enfin, compte tenu du temps passé, le prix de revient du pain domestique est supérieur au prix d’achat496. D’après les calculs des Ouvriers des deux mondes, on peut conclure que la mort de l’autarcie agricole allège l’emploi du temps des ménagères d’une demie journée à un jour par semaine selon que les femmes font deux ou quatre fournées par mois.

    La confection des repas

    129Le temps passé à cuisiner varie selon le nombre et la composition des repas. A la campagne, on ne s’attable pas moins de trois fois, au déjeuner, au dîner et au souper497. S’ajoute, dans certaines régions et en toutes saisons, un goûter vers 16 heures498. L’été, l’allongement de la journée et l’augmentation du temps de travail s’accompagnent d’une démultiplication des repas. Les paysans coupent alors volontiers l’après-midi par un goûter comme en Sologne ou en Béarn. En Bretagne, les plus aisés passent de trois à six collations. En Auvergne et Velay, entre la Pentecôte et septembre, on compte cinq repas : la « soupe » après les premiers travaux du matin, la collation à « neuf » ou « dix » prise dans les champs, le « midi », les « esparties » ou les « quatre », le « souper » enfin499. En Normandie, la règle est de cinq repas toute l’année mais le souper est succinct. Bien que les paysans mangent plus lors des gros travaux, les en-cas exigent, en général, des préparatifs rapides. Le goûter de l’agriculteur du Pas-de-Calais, peint dans les Ouvriers des deux mondes, se compose de pain beurré et sauge au lait cependant que le maraîcher de Deuil se régale de pain et fruits et se contente au premier déjeuner de pain et fromage500. En Sologne, on appelle collation une trempée de vin accompagnée d’une beurrée mais à Bracieux en 1880, elle est plus abondante : restes de viande, fromage, miettes au lait et salade501.

    130Dans l’ensemble, la ménagère doit préparer trois repas, voire deux, car elle se contente souvent de servir des restes le soir502. Le plat principal, jusqu’en 1914 surtout, reste la soupe, au point que c’est le seul mets mentionné dans les archives par les paysans et qu’elle devient un symbole des tâches domestiques, voire de la vie conjugale, comme s’en plaint une cultivatrice ardéchoise, ulcérée de l’indifférence de son époux : « celle-ci disait souvent que son mari (...) ne l’avait prise que pour faire sa soupe et laver son linge »503. « Faire sa soupe était l’expression consacrée pour définir l’essentiel des tâches ménagères en Périgord » 504. Soupe maigre chez les pauvres ou le vendredi, soupe « grasse » le plus souvent, c’est un plat complet avec le pain : « je suis venue couper le pain pour la soupe qui avait été faite par elle avec la viande rapportée par son mari », raconte une paysanne de Treboul (Finistère) qui aide une voisine souffrante505. Sa préparation est longue : il faut éplucher les légumes, les faire mijoter parfois comme en Périgord, surveiller la cuisson. Lorsqu’elle constitue l’essentiel du premier repas, ce qui fut longtemps la règle, la ménagère doit se lever tôt. En haut Forez, le métayer mange à 7 heures la « soupe que l’on a posée sur le feu d’écorce dès le lever à 5 heures » 506. Les maris exigeants la veulent fraîche, en effet. Les plus complaisants ou ceux dont la femme est rétive l’acceptent réchauffée507. Dans les grosses fermes, la maîtresse de maison s’en décharge souvent sur une servante : à Salbris (Loir-et-Cher) en 1914, la jeune domestique la prépare dès la veille au soir, amorce la cuisson mais doit se lever à 3 heures pour qu’elle puisse être servie à 5h. 30508. Aussi, lorsque le travail agricole presse, certaines épouses font-elles une soupe vite faite comme cette cultivatrice de Sardent (Creuse) qui ajoute au bouillon de la veille du pain et du lait : « je l’ai taillée, ma mère l’a trempée », précise sa fille509. Les paysannes peuvent aussi y renoncer : « ma femme avait été glaner, elle n’avait pas fait de soupe (...), elle s’était contentée de préparer un pot de choux et de salé que j’avais mis sur le feu avant de partir », note un paysan nivernais510. Le ragoût longtemps mijoté apparaît ainsi comme un mets plus rapidement élaboré que la soupe et un palliatif fréquent des villageoises.

    131Les ménagères confectionnent aussi des bouillies et des crêpes qui remplacent avantageusement le pain. Les bouillies, vite faites, sont surtout l’apanage des régions riches en céréales secondaires ou défavorisées comme les montagnes et la Bretagne511. Tout au long du xixe siècle, néanmoins, elles restent également prisées des campagnes riches. En 1887, un observateur normand relève que « la bouillie de sarrazin est devenue d’un usage moins général dans le Bocage » mais qu’on s’y régale toujours des poults à la farine d’avoine512. Quelques préparations exigent, toutefois, un travail important, collectif même pour le milhas, consommé deux fois par semaine en pays de Sault jusque dans les années 1940513. Les crêpes et galettes exigent de la ménagère un tour de main professionnel. D’un emploi très répandu jusqu’en 1890, ainsi en Normandie où « la galette de sarrazin n’a rien perdu de sa saveur », la galette recule ensuite rapidement sauf en Bretagne où elle reste à l’honneur jusqu’en 1939514. « A midi, plusieurs fois par semaine, nous mangions une épaisse galette de froment », toujours bien beurrée, sauf chez les indigents, raconte P.-J. Helias et une fois par semaine la ménagère prépare le « repas de crêpes », repas de gala pour lequel « beaucoup d’hommes tiennent à préparer soigneusement à leur femme le petit bois qui doit chauffer la tuile (pillig) » : « c’est une pénible besogne » qui dure une bonne heure pour nourrir quatre ou cinq personnes, « les hommes ne soufflent mot sinon pour faire des compliments (...). Une de nos voisines a cassé deux fois sa spanell sur l’échine de son mari qui n’avait fait pourtant que respirer trop fort quand elle était en difficulté et toutes les autres femmes lui ont donné raison » 515. En Bretagne, en effet, « l’honneur de la ménagère, ce n’est pas de réussir un ragoût ou un rôti mais de faire des crêpes sans défaut ».

    132Ajoutons à ces cinq plats de base – pain, crêpes, bouillies, soupe et ragoût –, les pommes de terre, le plus souvent bouillies avec la peau, donc vite prêtes. En Morvan, « en dehors de la soupe on ne mange que des pommes de terre »516. Elles figurent également à tous les repas en Limousin. Quant aux fruits, ils sont consommés crus ou secs, sans plus.

    133S’il est difficile d’évaluer le temps passé par les paysannes à cuisiner, il convient de noter qu’il est bref, une fois la soupe de la journée mise sur le feu. Les ménagères ne sont donc pas enchaînées à leurs casseroles. En Limousin, « faute d’un peu de science culinaire et surtout par suite d’insouciance et même de paresse à cet endroit, l’alimentation reste la même : soupes à la minute, pain mêlé, oignons et châtaignes, en hiver, en sont la base ordinaire » 517. Les plus pauvres ne cuisinent pas faute d’argent. En 1895 aux îles d’Houat et Holdic « où les mœurs ont conservé jusqu’à aujourd’hui leur caractère primitif », les hommes mangent à midi un hareng ou une sardine, les femmes et les enfants se contentant de restes518. Charles Géniaux précise que la somme allouée en 1912 à la nourriture atteint, dans une famille d’ouvriers agricoles de six personnes, 0,80 franc par jour et que la gigourdène du matin, une panade à l’eau, revient à deux centimes la part519. En 1873, une domestique agricole de Seine-et-Oise, nourrie comme son mari par son patron, cuisine pour ses enfants des pommes de terre et des haricots qui composent tous les repas avec du pain et du fromage : « je ne puis leur donner de la viande, nos moyens ne me le permettent pas »520. En 1924 encore, la fille de fermiers de l’Indre doit se contenter, à midi, de pain et de fromage521. Dans certaines régions, une honnête aisance, en revanche, peut s’accompagner de repas frugaux, ainsi en Provence où « la soupe de pomme de terre avec un oignon à la croque au sel et un verre de piquette forme l’ordinaire »522

    134Mais la IIIe République a vu se développer, en deux étapes et sous la poussée des revenus, de nouvelles habitudes de consommation alimentaires qui rejaillissent sur le travail de la ménagère. De 1875 à 1895, la viande joue un rôle croissant dans les repas et les produits d’épicerie apparaissent, qui diversifient les menus (pâtes, riz, poisson salé et conserves). Roger Thabault date leur généralisation à Mazières des années 1882-1914523. Elle est attestée en Limousin à la veille de la Guerre, au moins pour les propriétaires moyens : « le paysan use de la viande plusieurs fois par semaine, sinon tous les jours, c’est un fait acquis et incontesté aujourd’hui » 524. A partir de 1918, le mouvement s’accélère. En Béarn, ce sont les soldats revenus du front qui exigent désormais de la viande fraîche525. Une cultivatrice du Lot s’estime alors en droit de se plaindre d’une nourriture jugée pauvre : « mon mari ne me fournit pas depuis mon mariage le nécessaire (...) ni même la nourriture qui, depuis trois mois, ne se composait que de soupe et de betterave sans vin ni piquette » 526. La diversification des denrées simplifie et alourdit tout à la fois la préparation des repas. Ainsi, le café au lait matinal remplace avantageusement pour la ménagère la soupe : c’est chose faite dans le Nord avant 1900 mais seulement en 1930 dans la vallée de la haute Clarée (Hautes-Alpes)527. Inversement, la variété des denrées et l’introduction de la viande exigent de nouveaux préparatifs. Comme le note Daniel Bernard, au xixe siècle l’idéal de la ménagère est limité : « le manger devait cuire tout seul et sans surveillance » mais à partir de la Belle Epoque, la ménagère fait des plats plus raffinés : « les paysannes, imitant peut-être le savoir-faire des aubergistes et la cuisine bourgeoise, commencent à cuisiner », confectionnant rôti et bœuf à la ficelle, hors d’œuvre et entremets528. L’apprentissage par le service domestique a sûrement joué un rôle aussi important que pour la mode ou l’ameublement mais aussi le désenclavement des campagnes et l’équipement des ménages529. La cuisinière « rend possible la cuisson de plusieurs aliments grâce à une série de foyers » et son four permet le développement de la pâtisserie domestique530. Sans oublier l’influence des écoles ménagères. Dans le Puy-de-Dôme, vers 1890, « la ménagère (...) n’avait aucune notion de cuisine et la confection des aliments (...) n’était pour elle que le résultat d’une cuisine locale qui se transmettait de génération en génération ». Trois décennies plus tard, l’enquête agricole croit déceler les prémices du changement, « les jeunes filles apprennent les principes de cuisine dans les écoles ménagères et les relations extérieures incitent à mieux vivre » 531. Dès lors, les paysannes renoncent à fabriquer leur pain et abandonnent peu à peu leurs mets traditionnels, leur préférant des plats plus raffinés. La cuisine exige désormais de la minutie. Elle peut mobiliser un temps croissant dans les travaux féminins sans que les femmes s’en plaignent, car la préparation des repas peut être assimilé à un plaisir, voire un art. L’ère des petits plats est inaugurée à la campagne dans l’entre-deux-guerres et remplace, en partie au moins, la cuisine traditionnelle. Les ménagères, sans abandonner le bouilli et le mijoté qui caractériseraient, selon les ethnologues, la cuisine féminine, investiraient aussi le domaine masculin du rôti et du grillé532.

    135La cuisine est, certes, une affaire de femmes. Mme d’Abbadie d’Arrast y décèle même une forme de pouvoir féminin : « fidèle à son rôle de ménagère, elle fait manger la famille d’abord » et Pierre-Jacquez Hélias y situe l’honneur de la ménagère, fière d’un plat réussi533. Pourtant, le partage me semble moins rigoureux que dans l’analyse des témoins bourgeois et des ethnologues. J’ai retrouvé, grâce à la série U, des paysans qui font le café, surveillent la cuisson d’un plat, voire remplacent l’épouse défaillante. Un cultivateur des Hautes-Alpes accepte même une confusion des rôles : « ma femme s’occupait, en partie, du ménage, mais je faisais la plus grosse part, même la soupe » et lorsque son épouse quitte le logis après une querelle, elle vient néanmoins prendre « ses repas que je préparais à la maison » 534. Nous voilà loin du fanoche bourguignon mais il faut souligner qu’il est « venu en gendre » chez son épouse. Ce n’est pas le cas, en revanche, d’un jardinier de Champigny (Seine) qui, alors que sa femme ramasse des pommes de terre, précise : « j’ai fait ma soupe moi même » 535. Un journalier de l’Orne dont la femme travaille à l’extérieur, fait une remarque identique : « je préparais mes repas moi même » 536. Un manouvrier de Laversines (Oise), il est vrai négligé par une épouse volage, signale : « j’ai préparé mon manger pour emporter le lendemain à mon travail » 537. Les ménagères imposent également cette tâche à leurs fils. Le fils d’un garde-chasse solognot, dont la mère est retenue au château comme cuisinière, doit la remplacer : « ma mère m’avait appris un peu à cuisiner pendant la guerre »538.

    136De même, j’ai trouvé plus de belles-mères « aidant » leurs brus ou leurs filles que d’impérieuses daounes. Certes, le Sud-Ouest où la cohabitation entre générations survit, est sous-représenté dans l’échantillon mais le partage entre femmes de la maisonnée semble souvent se faire à l’amiable et en fonction des aptitudes. A Lagraulet où la grand-mère débonnaire « avait le privilège de faire la cuisine et, de ce fait, ne participait qu’exceptionnellement aux travaux extérieurs », transparaît surtout l’opposition entre travaux de force et tâches moins pénibles pour une femme âgée539. En Béarn, « d’ordinaire, la maîtresse de maison cède la place à sa belle-fille pour tout ce qui concerne le travail au dehors et ne s’occupait plus que de la cuisine et de la volaille » 540. Dans les archives, rares sont les grands-mères cuisinières – cinq en tout – et souvent, elles dépannent plus qu’elles ne commandent. Quelques couples, tout en ayant logis séparé, se font ainsi nourrir par commodité chez les parents : « ils viennent manger tous les jours à notre table », relève un cultivateur de la Nièvre541.

    137De même, je n’ai pas rencontré pour les filles l’interdit culinaire relevé à Minot où elles se bornent à faire de la pâtisserie. Au contraire, les archives les montrent, dès le plus jeune âge, requises d’abord pour de petits travaux : laver la salade, éplucher les légumes. Puis, les parents exigent qu’elles assument la confection totale des repas. Selon une écolière de dix ans, son père, un domestique agricole du Cantal, souvent « me disait de lui préparer un peu de soupe » 542. Agée de onze ans, la fille de paysans d’Echevis (Drôme) souligne sa contribution aux travaux domestiques : « je me suis occupée à faire la soupe » 543. Signalons, au passage, que la soupe, apanage théorique des femmes mariées, est souvent préparée par les filles, voire les maris. Une fois adultes, les célibataires aident leurs mères à la confection des repas et peuvent se substituer à elle comme la fille aînée des jardiniers de Casseras (Tam-et-Garonne), âgée, il est vrai, de trente ans544.

    La cuisine des citadines : cuisine « vite faite » et « petits plats »

    138Elle nécessite en apparence un travail plus succinct. En effet, le pain est toujours acheté. Ensuite, le nombre des repas n’excède jamais trois. Qui plus est, beaucoup d’ouvriers et même d’ouvrières ne mangent pas à la maison : ils grignotent à l’atelier et à Paris, ils vont manger chez le marchand de vins. Les Ouvriers des deux mondes ont même chiffré la dépense, de 1,60 à 2,25 francs par jour pour un homme. Les ménagères sont donc souvent dispensées du copieux repas de midi pour un ou plusieurs adultes lorque les enfants travaillent à l’extérieur. L’ébéniste parisien et son fils sculpteur mangent au restaurant tous les jours545. Les grisettes parisiennes vont volontiers à la « crémerie », voire dans les restaurants « pour dames » qui se multiplient, après 1850, autour du Palais Royal546. Dans l’entre-deux-guerres, les cantines font leur apparition et offrent des repas bon marché547. Néanmoins, en province où les distances sont plus courtes et les salaires plus bas, beaucoup de salariés préfèrent manger à la maison548. Il en est de même pour les ouvriers à domicile.

    139Le petit déjeuner est réduit au minimum puisque le café, la chicorée et le pain, voire le chocolat et le lait pour les enfants, constituent l’ordinaire. Dès les années 1870, les enquêteurs confirment cet usage dans les grandes villes. Née en 1891, Mémé Santerre, fille de pauvres tisserands d’Avesnes, n’a rien connu d’autre549. Seules exceptions : les ouvriers stéphanois avant 1914, en raison de la résistance dans le département de la Loire d’habitudes rurales, et parmi les Ouvriers des deux mondes, outre le mineur de la Loire, l’ébéniste parisien qui en 1891, consomme parfois de la soupe réchauffée550. Mais en ville aussi, c’est l’épouse qui se lève la première pour préparer le petit déjeuner. Ainsi, un ouvrier employé dans une fabrique de produits alimentaires de minuit à 18 heures, raconte à un camarade que « plus d’une fois, lorsqu’il venait à minuit prendre son travail sa femme s’était levée pour lui faire du café » 551. Il en est de même pour les mineurs de la première équipe auxquels la ménagère remet le « briquet », un casse-croûte de pain, œuf et fruits552.

    140Les citadines peuvent également recourir, à la différence des paysannes, aux services de fournisseurs spécialisés. Jeanne Gaillard a souligné que l’achat de plats tout préparés chez le charcutier et le marchand de vins était même une nécessité pour les Parisiens qui ne possédaient ni poêle ni cheminée ou ne disposaient que d’un petit fourneau553. Beaucoup d’ouvrières s’en servent aussi pour économiser leur temps, leur argent ou échapper à une corvée. Chez l’ébéniste parisien dont la femme est une habile couturière à façon, « au moment de presse, on va chercher un repas tout préparé dans un restaurant du voisinage, coutume assez fréquente dans les ateliers domestiques de Paris » 554. Chez la mouleuse de jouets en cartons, « une forte proportion de la viande consommée est achetée tout cuite chez un restaurant voisin ; c’est une conséquence du sweating System et de la désorganisation des soins domestiques qu’il entraîne » mais aussi du peu de goût que semble manifester cette ouvrière pour le travail ménager, car elle fait faire les courses par son apprenti, donne le linge à laver et raccommoder555. Dans une famille de porcelainières limougeaudes, composée de la mère et de ses deux filles, l’été quand on ne fait pas de feu, « on va chercher la soupe dans une maison voisine ; pour 0,20 franc, on en a pour toute la famille. C’est une grande économie et un usage très répandu à Limoges » et l’hiver, on achète pour le repas du soir « des châtaignes que les marchandes vendent toutes blanchies » 556. Certains couples renoncent même à manger chez eux comme ces ouvriers en chaussures de Romans : « nous mangions midi et soir chez Mr B., hôtel de la Poste »557. Je n’ai, cependant, relevé que six cas de cette nature dans les archives. On voit enfin quelques femmes utiliser les nouveaux services sociaux comme cette ménagère de Lunery (Yonne) qui « plutôt que de faire la cuisine », envoie ses enfants à la mairie « obtenir des bons du fourneau économique qui donne des repas tout faits »558.

    141Les ouvrières et employées sont également des adeptes de la cuisine rapide. « Un morceau de lard dans la marmite, voila le fond de l’alimentation populaire, écrit Jules Vallès dans L’insurgé » 559. Dès que les revenus s’élèvent, le « beefsteak rapidement cuit à la poêle » et les côtelettes font l’unanimité comme le pot-au-feu qui mijote sur la cuisinière560. A Toulon, La Sinse nous livre une recette de bonne femme pour préparer un repas en un tournemain :

    142« – Misé Pebroun : Moun hommé va faire un mourre quand trouvou ren sur la taoulo.

    143– Fine : Faites-y de soupe de vermicelles, des fins... un peu d’eau... deux gourades d’huile (...), vous donnez un bouï le temps de dire un Pater et un Ave et c’est cuit » 561. Chez les gantières à domicile de Saint-Junien, « le repas mijote (...) avec ou sans soin suivant que l’ouvrage presse » et « on fait réchauffer le soir, avec une petite lampe à alcool la soupe faite à midi » 562. Tailleuse à domicile, l’épouse d’un poseur de rails parisien fait à midi « un plat de viande préparée à la hâte ou de la viande bouillie la veille » 563. A Briey, « une femme de mineur (...) qui, sans avoir sans cesse recours aux trop faciles expédients de la charcuterie et des conserves, prépare une nourriture substantielle (...), cette femme là fait l’exception » et en général, le mari « emporte pour son casse-croûte, une boîte de confit d’oie ou de pâté de lapin au lieu de quelque morceau de viande bien cuit, plus nourrissant et moins coûteux », s’indigne un observateur, imperméable à la gestion économe du temps féminin564. Dans les années 1920 encore, une postière strasbourgeoise « faisait la cuisine quand elle pouvait, c’est-à-dire le soir, le lendemain midi, elle faisait réchauffer les restes »565.

    144Enfin, il ne faut pas oublier que les ouvriers, faute de moyens, sont souvent contraints de manger, comme les paysans, de façon très frugale. La famille du mineur de Monthieux fait les mêmes repas que le métayer du haut Forez : pain, soupe, lard, fromage, un « ragoût de légumes avec une livre de viande » à midi566. L’allumeur de réverbères qui nourrit sur son seul salaire huit personnes, consomme surtout du pain (4 kilos par jour), des légumes, de la soupe, beaucoup d’œufs, mais rarement du pot-au-feu. La cuisine du pauvre est donc rapide.

    145Dans les milieux populaires et chez les employés, les femmes ont souvent la possibilité de limiter le temps consacré à la cuisine. Mais inversement, les exigences alimentaires des ouvriers les plus aisés s’élèvent, plusieurs décennies avant que le phénomène n’atteigne les campagnes. Dès le second empire, sous l’influence des restaurants qui offrent un potage, trois plats au choix et un dessert, la composition des repas se complique : « le prix fixe a puissamment contribué à l’unification des habitudes alimentaires de la capitale »567. Les Ouvriers des deux mondes confirment cette remarque. En 1891, le « menu ordinaire » d’un ouvrier qualifié se compose le soir de « la soupe (le pot-au-feu est mis toutes les semaines), un plat de viande avec légumes, une salade, un dessert »568. Le charpentier de Paris mange, à midi, un beefsteak, des légumes, un dessert569. En province, les papetiers d’Angoulême consomment viande, légumes et soupe deux fois par jour570. Une partie des ouvriers et, a fortiori, des employés exigent trois services, ce qui allonge beaucoup les préparatifs culinaires. Hommes et femmes deviennent, en même temps, des gourmets. Un maçon de Sainte-Savine (Aube) reproche à sa femme « qu’elle ne savait pas faire la cuisine » 571. Une domestique placée à Paris et courtisée par un aubergiste nivernais, vante ses talents au fourneau : « je ces faire la cuisine », et exprime ses inquiétudes sur le retard de la province : « tout le monde me dit que jai tort de quite Paris pour aller dant ce pays ou Ion madit que Ion ne peut pas me trouvai un biftèque »572. Ces exigences se prolongent jusque dans l’entre-deux-guerres. L’épouse d’un mécanicien de Haubourdin (Nord) le reproche à son mari : « nous n’avons pu faire d’économies car il était très difficile pour la nourriture »573.

    146Trois comportements féminins, bourgeoisie exclue, peuvent être définis en ville. Les épouses d’ouvriers bien payés et d’employés concentrent leurs efforts sur le déjeuner et le dîner qui tendent à s’aligner sur les normes bourgeoises et exigent beaucoup plus de temps qu’à la campagne. Quand elles travaillent elles mêmes, ces femmes, souvent difficiles sur la qualité des mets, recourent aux plats tout préparés, à la cuisine vivement sautée et non plus mijotée, et accommodent des restes. Elles tendent à ne confectionner qu’un repas. Elles se font, de plus, souvent aider par leur famille. Certains maris acceptent, en effet, de manier les casseroles : sur les 21 époux marmitons recensés dans les archives, la moitié sont des ouvriers. La ségrégation des tâches domestiques est, nous l’avons déjà noté, plus floue en milieu ouvrier et les conjoints sont très respectueux du travail de leur épouse. Il en est ainsi dans la famille du cantonnier-poseur de rails parisien : « bien souvent, lorsque la femme s’occupe à un travail de confection, c’est au mari qui possède, paraît-il, quelques notions d’art culinaire, qu’incombe le soir le repas » 574. Une tailleuse stéphanoise apostrophe ainsi son mari, un armurier : « soigne le pot-au-feu, je vais consulter la femme S. » 575. Les ménagères peuvent également solliciter l’aide d’une parente plus âgée. La grand-tante d’une giletière parisienne « pourvoit à l’achat des provisions chez les boutiquiers du voisinage et assure presque seule le soir la préparation et la cuisson des aliments » 576. Les filles, bien sûr, sont les premières mises à contribution. Une blanchisseuse stéphanoise dicte à sa fille de douze ans son emploi du temps : « j’ai dit à ma fille Marie : tu resteras à la maison pour faire la soupe » 577. Même fonction pour le fils et la fille, âgés de douze et quatorze ans, d’une laveuse de Naveil (Loir-et-Cher) : « on préparait le dîner, ma mère étant en journée n’était pas présente » 578. Un jeune marin breton aide également sa mère : « le 23 novembre, (...) j’ai préparé le repas parce que ma mère travaillait » 579. Le troisième groupe de femmes appartient à des familles provinciales pauvres et chargées d’enfants, vivant souvent sur une paye unique. Si ces citadins mangent un peu mieux que les ouvriers agricoles, la nourriture est peu variée et très simple : pain, soupe, café. Les ménagères se débarrassent vite de cette tâche, moins prenante que l’entretien du linge, rare et donc précieux.

    147Malgré le fossé des habitudes qui sépare paysannes et citadines, une évolution commune les rapproche pendant la IIIe République. L’élévation du niveau de vie a développé l’aspiration à une nourriture plus raffinée et créé le cordon bleu, aligné sur les canons bourgeois. La ménagère, devenue cuisinière, abandonne, surtout à la campagne, les plats traditionnels, souvent longs à préparer. Dès lors, les femmes se fatiguent moins mais restent plus longtemps dans leur cuisine. La bonne épouse ne doit plus seulement nourrir son monde mais aussi flatter son palais. L’évolution s’achève avec l’un des dix commandement de la parfaite épouse, illustrés par une carte de 1936 :

    « A la cuisine, veilleras
    Pour recevoir des compliments »580.

    148A la veille de la seconde guerre mondiale, un nouveau décalage commence à s’esquisser puisque Marie-Claire propose aux bourgeoises dans le vent crudités et repas allégés ! Désormais, au nom de la diététique, les contempteurs des petits plats et sauces vont s’en donner à cœur joie alors que les plus modestes en rêvent encore.

    Servir à table et desservir

    149Ces deux tâches annexes ne sont presque jamais évoquées dans les archives. Je ne dispose que de 15 cas, concernant 6 épouses et 9 filles. Un certain nombre de maris exercent des métiers qui exigent de les servir sur leur lieu de travail, aux champs ou à l’usine, surtout pour les ouvriers travaillant en feu continu. « Moi, ma mère elle portait le dîner aux champs comme ça avec un panier sur la tête, elle tricotait », se souvient une paysanne du pays de Sault581. Les femmes à la campagne peuvent se faire remplacer par leur fille ou leur servante582. En ville, ce sont les épouses qui s’en chargent le plus souvent, voire les fils, car cette tâche peut être assimilée à une commission. A Aubenas, un témoin peint les « femmes d’ouvriers portant le dîner du mari recouvert d’une serviette et dans la petite marmite en fer blanc » 583. Lorsque le repas est pris à la maison, la ménagère distribue la nourriture. J’ai noté plus haut que certains maris refusent de bouger de leur place même pour prendre un ustensile dans le buffet. Dans les fermes pourvues d’un nombreux personnel, répartir les parts entre les domestiques est une responsabilité importante. Si dans le Bassin parisien, c’est le privilège de la maîtresse de maison, le maître, voire en son absence le maître-valet, peut s’en charger comme dans l’Aubrac. Dans certaines régions, la femme, non contente de servir, ne mange pas à table. Les folkloristes soulignent tous à l’envie cet usage jugé choquant et qui n’est pas limité, comme on le croit souvent, au Midi. En 1888, en Confolentais, « les hommes s’asseoient, les femmes mangent en servant », comme à Mazières-en-Gâtine où avant les années 1880, « l’épouse était un peu considérée comme une servante » 584. A la même époque, en Sologne bourbonnaise, « les hommes seuls se mettent à table, les femmes mangent à l’écart, près du foyer en hiver, près de la porte ouverte l’été » 585. En Provence, « les femmes servent le repas, ne sont pas admises à prendre place à table avec le maître, mangent debout ou assises sur la pierre du foyer » mais il ne faut pas que cet usage engendre de « malentendu », insiste Joseph d’Arbaud. En effet, « dans le train de vie rustique, préparer le repas, le servir fait partie des attributions de la femme ; il n’y a pour elle aucune marque d’infériorité (...). En ne prenant pas sa place à table, elle obéit à l’usage et n’y voit que commodité » 586. Avec quelques décennies de recul, P.-J. Helias donne la même explication : si la ménagère ne s’assied pas, c’est « non point comme on pourrait le croire parce qu’elle est esclave mais précisément parce qu’elle est maîtresse, qu’elle doit dominer son chantier pour avoir l’œil à tout » 587. En revanche, Paul Cazin hésite sur son interprétation : « règles ancestrales de l’hospitalité » 1 ou infériorité de la Bourguignonne : « il est hors de doute qu’il faut y voir aussi un vestige de l’ancienne sujétion qui, du reste, va s’atténuant » 588. La bourgeoisie qui voit dans la table un lieu de sociabilité bisexuée, condamne la ségrégation paysanne qu’elle interprète en termes ancillaires. Il est vrai que cet usage peut renforcer un patriarcat traditionnel, ainsi dans les Pyrénées où même après 1918, « les hommes seuls s’asseyent à table. La femme, restée debout, le servira car le mari est toujours le maître » 589. Toutefois, la pratique disparaît bien avant 1914 dans les régions les plus ouvertes d’autant que « la table ronde supprime le problème de préséance » 590. Dans l’entre-deux-guerres, la pression du modèle urbain entraîne le déclin général d’une habitude que les paysans jugent, désormais, ainsi en Berry et en Sologne, archaïque591.

    150Faire la vaisselle est une tâche ingrate, faute de détersifs efficaces, et longtemps négligée. Rappelons que dans certaines régions au début de la IIIe République, les tables creusées d’écuelles, essuyées d’un coup de torchon, sont encore en vigueur592. En Gévaudan, un observateur note, en 1898, que « les ustensiles de cuisine (...) sont dégraissés de loin en loin » 593. En pays de Sault, on récure une fois par an, à fond, les chaudrons avec du sable et des cendres. Les femmes ne disposent pas toujours d’une bassine pour la vaisselle et n’utilisent pas forcément l’évier : à Mérilheu (Hautes-Pyrénées), elles rincent la vaisselle dans un chaudron posé par terre594. Les adultes se débarrassent volontiers de cette besogne sur les servantes et les enfants. Les archives m’ont livré une quinzaine de cas concernant ces derniers, à raison d’un garçon pour quatre filles. Cette aide est demandée dès le plus jeune âge et pendant toute la période. Une cuisinière de Malakoff bat même sa fille « pour des motifs futiles, parce qu’une assiette ou des verres ne sont pas lavés » 595. La fille d’une bonnetière de Troyes est assujettie à cette tâche à sept ans : « je faisais la vaisselle tous les jours »596. En revanche, dans les archives, deux hommes seulement acceptent de faire la vaisselle, contrairement aux témoignages d’ouvrières ou aux enquêtes postérieures à 1945597.

    151Nourrir la famille implique donc de nombreux travaux annexes et mobilise longtemps les femmes bien que les tâches, morcelées, soient difficiles à comptabiliser en terme d’horaire. Le temps passé à préparer les repas est néanmoins supérieur au temps consacré à l’entretien du linge, quoique les femmes soulignent plus souvent les contraintes des lessives.

    Entretenir le linge

    152Les ménagères parlent volontiers du lavage et du raccommodage. Elles oublient, en général, le repassage, pourtant délicat avant la percée du fer électrique. Dans certaines familles, de plus, les femmes doivent confectionner tout ou partie des vêtements de la maisonnée, voire fabriquer les tissus. Les hommes acceptent, tout au plus, de donner un coup de main pour la manutention de la lessive mais ils se refusent à savonner en raison d’un interdit sexuel beaucoup plus fort que pour toute autre tâche ménagère. S’ils ne cousent pas, sauf dans les régions où c’est l’usage, c’est en revanche plutôt par maladresse et faute d’apprentissage. L’entretien du linge est donc la tâche féminine par excellence, bien plus que la cuisine où par nécessité et gourmandise, les hommes peuvent collaborer.

    « Jai coulez la lessive aujourd’hui »598

    153J’ai réuni les deux opérations de lavage et de repassage, car les femmes les associent dans leurs témoignages et les Ouvriers des deux mondes dans leurs statistiques. Le premier, Guy Thuillier s’est intéressé en historien à un travail quotidien, longtemps étudié par les seuls folkloristes et ethnologues ou évoqué avec nostalgie, dans des livres de souvenirs599. Il insiste, avec raison, sur la nécessaire prise en compte des techniques, de leur coût et du linge possédé qui modifient le travail.

    Rythme des lavages et changement du linge

    154Le rythme des lavages dépend de la périodicité avec laquelle on change le linge. Celle-ci est difficile à évaluer. La description des sous-vêtements, toujours faite dans les cas d’attentats à la pudeur, de viols et d’infanticides, révèle un état de saleté pour nous apocalyptique et donne à penser qu’à la campagne surtout, on change rarement de linge600 Les commentaires des protagonistes confirme cette impression. Une agricultrice de Sainte-Colombe (Lot-et-Garonne) avoue : « je ne lave jamais que le pied de mes jupons et rarement le fond »601. Une paysanne corse qui « craint l’eau » selon l’enquêteur, entasse six à sept jupons « ayant souvent un long usage »602. En 1894, on utilise dans le Briançonnais des draps de grossière étoffe de laine qu’on ne lave pas de l’hiver603. Jusqu’en 1900, les draps sont changés tous les mois et demi ou tous les deux mois604. L’épouse d’un voiturier de Cruzy-le-Châtel (Yonne) suit ce rythme et ajoute : « je changeai de chemise tous les quinze jours » 605. En 1897, en Ille-et-Vilaine, on renouvelle les draps tous les deux mois mais la chemise tous les huit jours606. Dès le début de la IIIe République, beaucoup de femmes à la ville comme à la campagne, adoptent pour les sous-vêtements, principalement les chemises, une périodicité hebdomadaire. Une journalière agricole nivemaise fait de même pour ses enfants : « ma fille change de chemises tous les huit jours »607. Les plus méticuleuses, comme certaines Tourangelles, changent de bonnets tous les jours608. Dans l’entre-deux-guerres, la norme est bien définie par une modeste fermière normande : « le linge de corps, on en changeait une fois par semaine, les draps une fois par mois » 609. La règle est à ce point intériorisée qu’un manœuvre du Doubs, père d’un enfant vêtu de haillons crasseux, soutient contre l’évidence qu’« il était changé de linge comme nous tous les huit jours » 610. Les progrès en soixante-dix ans sont donc assez faibles mais je me suis limité aux milieux populaires611. Pour une famille de six personnes disposant de trois lits, ce sont au plus, six draps et 24 chemises qu’il faut laver tous les mois. Pour les autres vêtements, je n’ai trouvé aucune indication sur la périodicité des lavages.

    Grandes et petites lessives

    155Certaines paysannes ne lavent pas le linge mais le rincent seulement comme en IIIe-et-Vilaine avant les grandes lessives ou en Corse pour les vêtements d’homme qu’« on se contente de passer au foulon » 612. D’autres se bornent à laver la partie salie, comme nous l’avons vu. Le plus souvent, alternent grandes et petites lessives. L’épouse déjà citée d’un voiturier de l’Yonne décrit bien la hiérarchie des lavages : « il m’est arrivé défaire de petites lessives pour le linge des enfants [car] je n’ai pas un assez grand nombre de chemises pour attendre les grandes lessives qui ont lieu à des périodes éloignées » 613. Une cultivatrice du Puy-de-Dôme fait de même : « ma fille a très peu de chemises, je les lave au fur et à mesure qu’elle les salit » 614. Une jeune lingère bretonne et sa mère qui savonnent des coiffes, des bonnets et des mouchoirs, précisent : « nous avons lavé sans faire de lessive » 615. Les femmes lavent donc chaque semaine à l’eau froide – au ruisseau, à la mare – les petites pièces délicates et surtout les dessous et les vêtements des enfants dont les trousseaux sont limités par souci d’économie616. Les paysans les plus pauvres font de rares lessives et chez les métayers du haut Forez, « il n’y a pas lieu à des lessives proprement dites mais à de simples savonnages hebdomadaires », sans doute sommaires puisque la famille consomme seulement trois kilos de savon par an617.

    156En sus de ces lavages, prennent place quelques grandes lessives. Si on possède beaucoup de linge blanc, on peut même s’en contenter. La grande lessive mobilise plusieurs femmes pendant plusieurs jours. A Huez, à la fin du xixe siècle, « il fallait trois jours pour faire la lessive ! On avait puis des 30, 40 draps »618. C’est un rude labeur comme en témoigne la lettre d’une cultivatrice nivemaise qui raconte à son mari absent les évènements marquants de la semaine : « jai fait mettre du fumier un peu partout (...). Jai coulez la lessive aujourd’hui, aussi je suis bien fatiguée demain on va la laver il y a un grant enterremant » 619. De très nombreuses descriptions de la lessive au cuvier ayant été déjà faites, je n’y reviendrai pas620. Je préfère insister sur la périodicité et le caractère collectif du travail. Les hommes apportent une aide précieuse mais marginale : à Lagraulet, ils dressent le cuvier et apportent le bois. En Limousin, ils versent l’eau dans le cuvier ou la chaudière et ils récurent la charette pour porter le linge au lavoir ou à la rivière. La participation des voisines est plus importante. Elles viennent à la rescousse, et à charge de revanche, à Huez, en Beauce blésoise, en Limousin. En Méconnais avant 1914, la lessive mobilise jusqu’à dix femmes, donne même lieu à un repas collectif, la marande, et chaque ménage se doit d’annoncer à l’avance : « je vins vous dère pour la bûye » 621. A cette occasion, en effet, les ménagères peuvent apporter un petit paquet de linge à laver622. La maîtresse de maison, même modeste, n’hésite pas, enfin, à embaucher une « femme qui aide » selon l’expression en vigueur à Minot, il est vrai, chichement payée entre 0,60 et 1,25 franc la journée avant 1900623. Le rythme des lessives varie selon les régions. Avant 1914, certaines familles aisées font une lessive annuelle624. Elle est le plus souvent bi- ou trisannuelle et se situe en général au sortir de l’hiver et à la fin de l’automne625. Une paysanne du Loir-et-Cher qui expose : « je fais la lessive tous les trois ou quatre mois », s’est interrompue de la Toussaint à avril626. Toutefois, certaines ménagères la font tous les mois, souvent par manque de linge comme les pauvres à Minot ou la Cévenole Augustine Rouvière627.

    157Avec l’introduction des lessiveuses, le rythme et la nature du travail évoluent profondément. La tâche s’allège : la ménagère laisse bouillir le linge sur le feu au lieu de verser à la main le lessif dans le cuvier. Elle se morcèle aussi, car la lessiveuse, plus petite que le cuvier, pousse à laver à la demande. Comme le dit une habitante d’Huez, « après quand les lessiveuses sont venues, eh bien, on faisait au fur et à mesure » 628. Dès lors, la corvée de blanchissage se fait mensuelle, voire bimensuelle quand on a peu de rechange ainsi en Artois, hebdomadaire enfin629. On ne stocke désormais plus le linge, ce qui évite les moisissures et autres salissures occasionnées par le séjour au grenier. Les Ouvriers des deux mondes permettent d’estimer à 11 jours de travail par an le gain de temps dont ont bénéficié les ménagères grâce à la lessiveuse : le nombre de journées dévolues aux lessives passent ainsi de 30 à 19630. La lessiveuse fait une apparition timide dans les campagnes au début du siècle, suscitant au début la méfiance propre aux nouveautés. A Mérilheu, « les lessiveuses n’étaient pas connues (...) . L’usage du savon était encore un luxe. Les lessiveuses ne furent acceptées qu’après beaucoup de réticences. On ne voulait pas “faire cuire le linge” » 631. A partir de 1914, leur généralisation est cependant rapide et dans l’entre-deux-guerres, villes et campagnes se rejoignent avec des lavages plus fréquents et plus faciles qui favorisent les progrès de l’hygiène632.

    158Jusqu’en 1914, en effet, le lavage en ville obéit à des rythmes et des pratiques différents sauf dans les petites villes et dans les familles bourgeoises qui maintiennent les usages campagnards633. Dans les milieux populaires urbains, la lessive est, en général, hebdomadaire pour diverses raisons : réserves limitées de linge, exiguïté des logements qui rend impossible le séchage d’un cuvier entier, impossibilité pour la femme qui travaille d’y consacrer plus d’une demie journée par semaine. Au Familistère de Guise, la femme de l’ajusteur dispose d’une buanderie gratuite mais dans les grandes villes, les ménagères vont au lavoir où elles payent la place, à la fin du xixe siècle, cinq centimes de l’heure634. De plus, elles peuvent s’y approvisionner en eau chaude et en eau de lessive. A Paris, la piqueuse de bottines consomme en 1878 six seaux d’eau chaude par semaine, à 5 centimes le seau, et la femme de l’accordeur de pianos dépense en lessive plus de 10 francs par an en 1899635. Enfin, les citadines, surtout à Paris, utilisent plus de produits chimiques qui accélèrent le nettoyage sans qu’on ait besoin de faire bouillir le linge636. Dans l’entre-deux-guerres, l’utilisation de la lessiveuse réduit encore le temps consacré au lavage mais, à Saint-Etienne, si on fait bouillir le blanc, le reste du linge est lavé manuellement : « on mettait le lingotier une nuit avec des copeaux de savon et des “cristaux” dans un besson Le lendemain, on décrassait, opération consistant à frotter [avec une brosse], taper le linge avec une maluche »637. Les ouvrières les mieux payées peuvent également se décharger de cette tâche sur une laveuse dont la rémunération est inférieure à la leur638.

    Modes de vie, revenus et blanchissage

    159Les modes de vie entraînent plusieurs attitudes face au blanchissage qui déterminent techniques, coût et temps passé. Avant 1914, ce sont les paysans qui dépensent le moins pour le lavage du linge : les cendres et le soleil remplacent avantageusement les cristaux de soude et l’eau de Javel, l’entraide évite d’embaucher une journalière et nourrit une sociabilité féminine appréciée. La dépense est faible : elle peut tomber à 7 francs par an mais la moyenne se situe entre 15 et 25 francs, soit rarement plus d’un pour cent du budget familial639. Le temps consacré au lavage semble plus faible qu’en ville, en raison de la technique du cuvier, à la vaste capacité, de l’abondance du linge et d’une conception indulgente de la saleté. Les monographies des Ouvriers des deux mondes évaluent le nombre de journées consacrées à l’entretien du linge, repassage inclus, entre 30 et 52 par an en moyenne640. Font exception les plus pauvres qui lavent souvent et mal, mais dépensent très peu, ainsi que les riches propriétaires comme les bouilleurs de crus charentais qui, pour quatre personnes, ont besoin de 102 journées de travail par an dont 52 fournies par une laveuse641.

    160En ville, pour les familles de quatre à six personnes, le nombre total de journées de travail oscille entre 26 et 52 par an, selon que l’épouse est seule, aidée par une fille ou une journalière. Le plus souvent, les ouvrières sacrifient au lavage le dimanche matin, soit une demie journée par semaine642. Les plus modestes sont encore plus expéditives, faute de linge et d’argent. Dans les familles chargées d’enfants, en revanche, les ménagères y consacrent beaucoup plus de temps. Deux jours par semaine à Armentières en incluant le repassage et la couture, 166 jours par an pour l’épouse du tisseur de Saint-Quentin et sa mère, au service de onze personnes643. La femme du charron de Montataire qui blanchit huit personnes, « comptait la valeur de deux journées entières pour le lavage du linge avant que sa mère, blanchisseuse de son état, ne l’en décharge en partie » 644. Il en est de même pour les femmes de milieu populaire mais adeptes d’une hygiène moderne et d’une méticulosité toute bourgeoise comme la piqueuse de bottines parisienne citée pour les dépenses exceptionnelles qu’elle consent645. La diversité des choix transparaît dans les dépenses consacrées au blanchissage : de 12 à 137 francs par an, de 0,5 % à 5 % du budget familial646. Ce rapport de un à dix sépare le mineur de la Loire chargé d’enfants et la mouleuse de jouets en cartons parisienne, ouvrière bien payée qui délègue la tâche à une laveuse. L’écart entre ménagères assumant seules cette tâche oscille de un à sept. Il traduit dans ce cas l’hétérogénéité des normes d’hygiène dans un milieu donné mais où les conditions de vie et les mentalités varient en fonction du lieu de résidence, du métier exercé, de la taille de la famille enfin. Toutefois, les dépenses de lavoir excédant les ressources du sous-prolétariat, la propreté du linge est surtout accessible aux ouvriers jouissant de revenus moyens.

    161Après la guerre, les comportements s’homogénéisent. Les coûts diminuent mais non le temps passé, car malgré la lessiveuse et les détergents modernes, on change un peu plus souvent de linge. Une enquête réalisée en 1947 dans les agglomérations urbaines en apporte une confirmation a posteriori : le lavage exigerait, selon le nombre d’enfants, de 0,4 à 0,9 heure par jour, soit 15 à 40 jours par an647. En ville, les ménagères consacreraient donc depuis 1870 un nombre de jours de travail inchangé mais la tâche s’est simplifiée et a permis une propreté accrue. Seule l’introduction de la machine à laver bouleversera vraiment cette tâche féminine.

    Diversité des intervenantes

    162C’est un travail, en effet, exclusivement féminin. Seule exception dans les couples mariés, un commis parisien qui pallie la négligence féminine : « la plupart du temps je lavais les couches de l’enfant moi même quand je voyais que ma femme les laissait accumuler et pourrir dans un coin » 648. Le plus souvent, le travail incombe à l’épouse, ne serait-ce que par la force exigée. Toutefois, dès que les filles sont assez âgées, elles prennent en charge tout ou partie du blanchissage : sur les 23 cas recensés dans les archives, 15 jeunes filles ont plus de seize ans. Celles-ci lavent, au moins, leurs vêtements. Une paysanne de Colpo (Morbihan), interrogée sur la façon dont elle a réussi à dissimuler sa grossesse explique : « comme je lavais mon linge, ma mère elle même ne s’en est pas aperçue » 649. Parfois, le partage des tâches leur confie la besogne en totalité, surtout à la campagne. Archives et enquêtes sont, ici, parfaitement concordantes. Parlant de sa fille, âgée de vingt-deux ans, une cultivatrice de Rustrel (Vaucluse) dit : « ma fille faisait elle même la lessive et lavait le linge seule »650. Les Ouvriers des deux mondes font un constat analogue : se spécialisent l’aînée, la plus compétente, voire la plus solide comme la fille cadette de la corsetière du Raincy dont la sœur est de santé fragile651. Il en est ainsi pendant toute la IIIe République. En 1930, une Bretonne, vivant en Dordogne, le souligne encore : « c’est ma fille qui lave le linge de toute la maison »652.

    163En revanche, les observateurs ignorent la charge, non négligeable, assurée par les fillettes dès leur plus jeune âge. A treize ans, la fille de chiffonniers de Blussans (Doubs) est chargée de lourdes responsabilités : « j’avais mis tremper deux seilles de linge que je voulais laver le lendemain » 653. Situation inchangée deux décennies plus tard : « j’étais au ruisseau à laver un torchon », signale une petite paysanne, ardéchoise encore et du même âge654. Comme pour d’autres activités ménagères, l’opinion publique ne commence à s’en offusquer qu’au xxe siècle. Une directrice d’école parisienne s’apitoye ainsi sur les mains violettes d’une élève, âgée de dix ans et fille de cadre mais contrainte de laver tout le linge de la maison, et une voisine assimile ce travail à de mauvais traitements : « j’ai vu fréquemment la jeune L. lessiver des tas énormes de linge »655. En 1939, une lettre anonyme dénonce à Boussois (Nord) « la famille Eugène L. » pour ce motif : « ils on au moins sept enfants. Dans cette maison c’est le plus âgé des enfants qui fait tout la lessive et tout le gros travaille de la maison ». Or, l’aînée qui a dix-sept ans, n’est plus une enfant656. L’aide apportée par les mères et belles-mères est toujours appréciée. Je l’ai signalée pour les familles nombreuses des Ouvriers des deux mondes 657. Je l’ai également rencontrée dans les archives. Une paysanne de l’Oise précise ainsi : « c’est moi qui allait d’ordinaire aider ma belle-fille à aller couler le linge » 658. La tante célibataire joue souvent ce rôle dans les familles élargies, par exemple chez le pêcheur de Martigues659. Enfin, journalières et servantes apportent une contribution beaucoup plus importante que pour la cuisine.

    164Je n’ai pas isolé le repassage, car je n’ai trouvé que deux allusions dans les archives et nulle part, le temps passé à ce travail n’est décompté. Les hommes n’en parlent jamais et les femmes rarement parce que c’est une activité jugée secondaire. Les quelques mentions rassemblées permettent de penser qu’elle relève des mêmes responsabilités que le lavage. Les filles s’y initient très tôt. Les ménagères font également appel aux repasseuses, surtout à la campagne où la coiffe doit être tuyautée et amidonnée. Comme le dit P.-J. Helias de sa mère qui possède toujours huit à dix coiffes d’avance, « des coiffes mal repassées mollissent. Peut-être pas beaucoup mais assez pour que l’on dise :

    – elle a des coiffes saoûles sur la tête.

    165Déshonneur. » 660. Aussi, même pauvres, les Bretonnes payent-elles une spécialiste. La mère des gantières de Saint-Junien qui, à la différence de ses filles, porte encore la coiffe, y consacre dix francs par an661. En ville, les ouvrières débordées sous-traitent le repassage comme le lavage662.

    Le raccommodage : « moi, Pistou, il saurait pas seulement cordurer un bouton »663

    166La Sinse, dans un savoureux français mâtiné de provençal, montre bien le désarroi des hommes face aux travaux d’aiguille. Certes, la fiancée de Pistou ne désespère pas d’éduquer son mari : « aussi, quand nous serons mariés, il faudra que je le boulègue si je veux en tirer quelque chose », mais la tâche relève des savoir-faire féminins et exigent des compétences « techniques ». Les hommes qui n’ont pas appris comme toutes les écolières l’art de la pièce, du surjet et de la boutonnière, s’en estiment incapables664. Comme le dit un ouvrier de Houilles (Seine-et-Oise), abandonné avec ses six enfants par son épouse, « le soir je prépare le manger » mais « il est évident qu’ils sont déguenillés car leurs effets ne sont pas raccommodés étant donné qu’il n’y a pas de ménagère à la maison et que je ne sais pas le faire moi même » 665. En effet, c’est un travail beaucoup plus lourd que de nos jours. Afin d’économiser, on reprise soigneusement les vêtements. A la campagne, les paysans coquets le dimanche portent en semaine, pour travailler, des habits rapiécés. La garde-robe du vigneron-tailleur de silex de l’Orléanais, fort modeste, est composée de vêtements « raccommodés jusqu’à l’usure complète » 666. Les ménagères n’hésitent pas, non plus, à retailler les habits pour leur redonner, sous une autre forme, une seconde jeunesse.

    167Toutefois, il convient de signaler que certaines femmes ne sont guère plus capables que les hommes. Ainsi, en Limousin, la paysanne « coud et raccommode peu, car elle ignore tout de cet art domestique et considère comme perdu le temps consacré à repriser et rapiécer ; aussi, les habits restent-ils déchirés ; hommes et enfants sont négligés et si ces derniers ont parfois une tenue honnête et suffisante, le mérite en revient le plus souvent à l’effort et l’action du maître d’école » 667. La remarque d’une domestique villageoise de la Haute-Vienne l’atteste, qui répond au juge qu’elle n’a pas confectionné de trousseau pour l’enfant à naître : « je ne sais pas travailler et notamment je ne sais pas faire les bonnets » 668. Dans certaines régions industrielles, les ouvrières qui travaillent à l’usine de mère en fille ne savent pas coudre non plus. A Briey dans les familles de mineurs, « le linge et les vêtements restent là sans être raccommodés : quand ils sont déchirés, on les remplace ; c’est plus cher, sans doute mais c’est plus tôt fait. Il y a bien une machine à coudre, achetée d’ailleurs à crédit, mais la maîtresse de maison, faute de quelques notions de couture, ne sait pas s’en servir »669. A Nouville, à la fin des années 1940, les enquêteurs observent que les cultivatrices font bien la cuisine et la couture, « à l’inverse des femmes d’ouvriers qui n’ont jamais appris à le faire » 670. Cette incompétence féminine semble répandue puisque sur 74 dossiers évoquant les activités de couture, 30 portent sur des ménagères négligentes.

    168Là encore, en dehors des Ouvriers des deux mondes, je n’ai trouvé aucune évaluation du temps consacré à cette tâche. D’après les monographies chiffrées, aucune épouse n’y passe moins de 10 jours par an671. Le travail moyen se situe plutôt autour de 20 à 30 jours pour quatre personnes672. La présence de nombreux enfants gonfle rapidement le fardeau : la femme du tisseur de Saint-Quentin et sa mère y travaillent 111 jours par an pour onze personnes. Dans 80 % des cas, c’est l’épouse qui assume cette tâche, souvent à temps perdu comme cette aubergiste de Rix (Nièvre) qui s’occupe en gardant la vache : « je raccommodais des bas » 673. A la campagne, les femmes cousent à la veillée comme en Bresse674. Les grands-mères contribuent largement à ce travail sédentaire et elles en sont officiellement chargées en Artois675. Les filles effectuent souvent les travaux les plus simples. A treize ans, la fille de fermiers de Cruzy-le-Châtel (Yonne) raconte au juge qu’elle emporte toujours aux champs, lorsqu’elle garde les moutons, du fil et une aiguille pour repriser676. A Minot, les enfants ne filent plus depuis 1850 mais ravaudent et tricotent aux champs. Les jeunes filles remplacent d’autant plus aisément leurs mères que beaucoup ont été apprenties couturières et que leurs compétences sont solides.

    169Enfin, certaines ménagères utilisent les services d’une couturière à la journée677. Il en est même ainsi pour des professionnelles de la couture comme la tailleuse de jaquettes parisienne ou la piqueuse de bottines qui, « pour ce qui concerne les menus ravaudages, (...) trouve souvent avantage à les faire exécuter par une ouvrière dont le temps a moins de valeur que le sien »678. Certaines ménagères qui détestent cet ouvrage préfèrent même travailler pour rémunérer une journalière : une couturière à domicile parisienne, femme d’un ébéniste, qui ne gagne que 406 francs par an, dépense 233 francs pour faire laver et raccommoder679.

    La ménagère et la confection des vêtements

    170La confection des vêtements obéit selon le milieu à des considérations diverses : autarcie domestique, esprit d’économie, désir d’exploiter un talent, plaisir même.

    Le déclin des fabrications traditionnelles à la campagne

    171Dans certaines régions comme les Pyrénées, l’on fabrique les tissus, coud et tricote toute la garde-robe familiale jusqu’à la Belle Epoque. Jusqu’en 1900 au moins, les paysannes des Baronnies travaillent le lin : après rouissage, elles le font « cuire » au four, puis le hachent avec un battoir pour en séparer les fibres, dur travail collectif effectué par trois ou quatre femmes, elles le filent enfin680. Jusqu’à la Guerre de même, toutes les exploitations en pays de Sault possèdent une chenevière. Dans les hautes vallées pyrénéennes, où le maintien des modes locales refléterait le particularisme des populations pendant le xixe siècle, l’autarcie vestimentaire résiste sans doute jusqu’en 1914681. A Bethmale (Ariège), elle suscite un original partage des tâches : « la femme file le lin et la laine ; l’homme tisse, coupe et confectionne » les vêtements682. En vallée d’Ossau, ce sont les ménagères qui filent et tissent la laine, le lin et le chanvre puis cousent les habits, consacrant à toutes ces opérations jusqu’à 64 jours par an683. Ailleurs en revanche, le recul de ces pratiques est déjà très avancé au début de la IIIe République. Certes, le filage est attesté jusqu’à la fin des années 1880 dans les Alpes, les Vosges et le Massif Central, en Charente, dans la Loire-Inférieure ainsi qu’en Sologne684. En Normandie, toutefois, seules les paysannes âgées maintiennent la tradition comme en Bretagne, les femmes d’ouvriers agricoles685. En Mâconnais, le recul s’effectue de 1870 à 1914 avec la disparition progressive des veillées consacrées à cette tâche686. Quant au Limousin, l’érosion de l’usage peut être datée avec précision. En 1896, l’abbé Gorse le mentionne encore et une cultivatrice de Genouillac (Creuse) signale : « j’étais aller chercher du chanvre dans ma grange pour fder », mais en 1913, Coissac peut écrire que « le paysan trouve plus commode d’acheter un pantalon tout fait que de filer, teindre et tisser sa laine » 687. Après 1918, il s’agit d’une survivance presque folklorique : Bernard Edeine a encore vu en 1937 une paysanne solognote filer. Jusqu’en 1930, les montagnardes à Saint-Véran, en Oisans et dans la vallée de la haute Clarée font de même688. C’est dans les régions montagneuses et pauvres que les femmes ont le plus longtemps effectué cette activité d’autant que le temps réservé au filage est un temps généralement dérobé : on file en marchant, en gardant les bêtes, en devisant à la veillée. Aussi, cette tâche n’est-elle pas vécue comme un travail sauf pour la préparation du chanvre ou du lin. Lorsque le filage meurt, le tricot prend sa place. En Valgaudemar après la Guerre, à la veillée, « les femmes tricotent, autrefois elles filaient »689.

    « Les femmes bretonnes ont toujours un tricot à la main »690

    172En effet, le tricot s’insère aussi dans les trous d’un emploi du temps chargé. Les fillettes apprennent à tricoter dès sept ou huit ans. Jusqu’en 1914, femmes et enfants tricotent la laine des troupeaux familiaux et font presque exclusivement des bas que l’on porte en semaine pour le travail, car les femmes préfèrent acheter des bas fins pour le dimanche691. En Revermont, les femmes reviennent lors des moissons « de lourds fardeaux sur la tête et les aiguilles à tricoter à la main » 692. Beaucoup, du reste, ne voient pas dans le tricot une corvée mais une distraction et Charles Géniaux, pour dénoncer la paresse des femmes de marins bretons, explique qu’« on les aperçoit, un éternel tricot aux doigts, rôdant sur les quais ou dans les rues » 693. Les jeunes filles d’Huez qui, dans les années 1920, vont s’employer dans les ateliers de tissage à Bourg d’Oisans, se dis-trayent en travaillant, le soir, dans leurs dortoirs : « on tricotait ou on brodait, on faisait de la dentelle (rires). Mais c’était toujours le bon temps parce qu’on chantait dans ce dortoir » 694. Signalons également que dans les régions d’élevage (Alpes, Pyrénées), les hommes et surtout les bergers peuvent tricoter sans déroger.

    173Mais on se met également à tricoter en ville, surtout dans les milieux ouvriers. Le tricot s’y apparente à la confection de vêtements puisque les femmes achètent la laine. Comme à la campagne, les fillettes s’y livrent toutes jeunes : « je faisais mon bas devant la porte », explique la fille d’un armurier stéphanois695. Les adultes s’y adonnent dès qu’elles ont un moment libre : telle, épouse d’un facteur de la Flèche, accompagne son mari à la pêche et tue le temps en tricotant696. « Maria est économe », dit-on de la femme d’un typographe toulousain parce qu’elle coud et tricote tous les habits de ses filles697. Dans l’entre-deux-guerres, cependant, le souci d’économie n’est plus seul en jeu. Suzanne, femme d’ouvrier et mère au foyer, explique bien le rôle croissant accordé à la couture et au tricot : « toute la soirée, j’étais en train de laver, tricoter, je ne m’arrêtais jamais (...). J’étais centrée sur mon foyer (...). J’étais actionnée toujours à faire des tricots et tout ça »698.

    La ménagère-couturière

    174Les travaux d’aiguille sont l’apanage des femmes même si certains usages locaux, dans les Pyrénées ou en Bretagne, autorisent les hommes à faire ce travail réputé féminin, preuve, s’il en faut, que la répartition sexuée des tâches est affaire d’habitudes et non de prédestination biologique. Les particularités régionales ne survivent pas, cependant, à l’uniformisation des comportements puisqu’à Plougastel par exemple, le dernier tailleur se retire en 1910, remplacé par des couturières et tailleuses699.

    175Le plus souvent, la confection des vêtements obéit jusqu’en 1914 à un souci d’économie. Toutefois, rares sont les ménagères qui, telle l’épouse de ce percepteur de la Haute-Marne « fait elle même toute sa besogne et presque tous ses vêtements et ceux de son mari » ou la femme du charron de Montataire qui « confectionne tous les vêtements de la famille », soit huit personnes, pour ménager de maigres ressources700. Précisons qu’il y faut une habileté quasi professionnelle. Ainsi la métayère du haut Forez « a retenu de son service dans une famille de la classe supérieure, une certaine habileté de tailleuse » qui lui permet d’éviter de coûteux achats701. En général, les femmes se contentent de fabriquer certaines pièces, le plus souvent les vêtements d’enfants, plus rapidement faits et souvent taillés dans de vieux habits d’adultes comme en Bretagne, où les journaliers refusent d’acheter un vestiaire aux enfants702. En Limousin, la mère s’y consacre bien qu’« elle soit loin d’être une habile ouvrière » et n’hésite pas à utiliser quatre tissus différents pour faire un tablier703. Les femmes fabriquent également les chemises d’hommes et de femmes, voire les jupons et les caracos même quand elles doivent acheter le tissu. Le serrurier Gaston Lucas note qu’en 1930 encore, « jamais on ne se permettait le moindre achat inutile. Jeanne confectionnait elle même ses vêtements et ceux des petits » 704. Mais à cette date, les progrès de la confection libèrent un nombre croissant de femmes actives. Eve Baudouin, une catholique adepte de la femme au foyer, s’en afflige : « si la mère de famille ne trouve pas le temps de raccommoder, à plus forte raison, ne saurait-on lui demander de confectionner. C’est le règne du “tout fait" qui s’abat sur la maison. Passé le temps des robes d’enfant taillées par la mère (...), des vêtements pour les petits tirés habilement de ceux des grands après usage »705.

    176En revanche, les femmes qui ont appris le métier de couturière se refusent à confier à d’autres la tâche d’habiller leur famille, comme cette tailleuse à domicile, épouse d’un garde républicain parisien, qui coud elle même la plus grande partie de ses vêtements et ceux de ses enfants : « le bénéfice résultant de la confection (...) est sensiblement moindre que celui qu’elle obtiendrait en consacrant le temps qu’elle y emploie à confectionner des vêtements pour une clientèle ; mais elle préfère que ses enfants et elle même soient habillés de ses propres mains » 706. De même, les corsetières du Raincy, font leurs chemises et pantalons, leurs peignoirs et corsets, mais non les jaquettes et les costumes réalisés par un spécialiste707. Cette attitude rejaillit, à la campagne, sur les jeunes filles qui ont fait un apprentissage de couture, ne serait-ce que pour les « dégrossir » comme à Minot ou en pays de Sault. De plus, l’école diffuse certaines connaissances techniques. L’aisance aidant, les femmes d’ouvriers et de la petite bourgeoisie achètent même une machine à coudre, souvent à crédit. A Saint-Etienne, elle trône dans la cuisine, devant la fenêtre avec la table à ouvrage, preuve de l’importance qu’on lui accorde. Dès la Belle Epoque et à la différence de l’Angleterre, par exemple, les femmes des milieux populaires se piquent d’excellence dans les travaux d’aiguille, symboles incontournables des qualités ménagères. L’on passe de la couture économique des pauvres au plaisir et à la fierté d’un talent féminin qui décalque, en milieu populaire et en plus utilitaire, les ouvrages de dames bourgeois. Savoir coudre révèle une féminité idéale alors que le raccommodage relève d’un devoir ménager trivial.

    177Il en est de même pour la broderie, jamais mentionnée dans les archives et rarement dans les souvenirs. Les témoins insistent sur le rôle de l’école dans l’apprentissage de la marquette. En pays de Sault, de plus, « on achetait des journaux de broderie et avec du papier calque, on tirait le motif » 708. A Minot, les broderies sur blanc, plus rares, sont considérées comme une œuvre raffinée, réservée au loisir. A Huez, c’est une distraction après le travail comme à Saint-Etienne où les femmes sont fières de leurs dessus de cheminée brodés. L’art de la broderie rejoint alors celui de la décoration.

    « Faire le ménage »

    178Je ne reviendrai pas, ici, sur la répartition géographique de la propreté qui dicte les rythmes de nettoyage. J’insisterai, en revanche, sur la nature des travaux et leur périodicité, révélatrices, car le coût du nettoyage étant pratiquement nul, il est accessible à toutes en théorie.

    « Elle fait les lits, elle balaye la maison et la met en ordre »709

    179C’est le minimum requis des ménagères et la règle officielle dans les campagnes. Il convient d’abord pour les paysans de dissimuler à autrui une intimité que révèlent les lits ouverts, les dessous éparpillés. Comme le souligne un Béarnais, en semaine, « faire le ménage, c’est plutôt cacher ce qui choquerait le regard : récipients, cruches, écuelles, vaisselle (...) s’en vont au four plutôt qu’au vaisselier » 710. Un autre témoin, décrivant une ferme cantalienne dans les années 1890, relève que « de linge, on charge les ciels [de lit] » et « on relègue dessous les objets disparates » 711. Pour le rangement qui « n’a jamais beaucoup préoccupé les ruraux », on pend à des clous, on jette dans des corbeilles712. L’apparence d’ordre suffit aux visiteurs, même critiques. En ville, l’entassement des logements populaires où atelier et cuisine peuvent partager la même pièce, où les matelas et le linge pendu encombrent l’espace, le désordre est presque inévitable et souligné par les témoins. Toutefois, l’expression « en ordre » est ambiguë, certains l’employant au sens élargi de ménage bien fait, alliant rangement et propreté. D’autres distinguent, en revanche, les deux volets ménagers : l’épouse d’un jardinier d’Istres est louée, car « propre et ordonnée » et en Normandie, dit-on, « il fallait que tout y fût propre et bien rangé » 713. L’opinion juge également nécessaire de jeter les ordures et vider les pots de chambre.

    180Le rangement inclut la réfection des lits. Pour la paysanne, c’est la première, voire l’unique tâche ménagère, ainsi à Minot ou en Bretagne. La mère de P.-J. Helias remet en ordre les lits clos tous les jours et en ouvre les portes pour bien le montrer. C’est du reste une tâche délicate en raison de la disposition des lits-armoires et une bonne ménagère doit utiliser un « bâton de lit » pour lisser les draps et les couvertures. La Normande « “remouve” soigneusement tous les matins la paillasse des lits » 714. Mais souvent, « si le lit est un peu dans l’obscurité, couverture et matelas ne sont pas secoués, ils sont juste rabattus ; on appelé cela en riant un “enterrement” »715. A Villeneuve-lès-Avignon, on « baptise » le lit716. En ville et dans les milieux populaires, la norme est moins stricte, les ménagères font souvent les lits tardivement, voire oublient cette corvée, suscitant l’indignation des infirmières-visiteuses dans l’entre-deux-guerres. Partout, cette tâche peut être partagée entre la mère et les filles. Telle paysanne de la Loire, âgée de dix-neuf ans, s’en charge même pour tous, car elle juge que sa mère et sa sœur y sont maladroites717. Une cultivatrice du Morbihan déclare tout ignorer de l’infanticide commis par sa fille n’ayant pas vu l’état de son lit puisque « chacun fait le sien » 718. Toutefois, lorsque les jeunes filles travaillent à l’extérieur, il est tacitement convenu que la mère les libère de cette corvée. « Comme elle part de bonne heure pour sa journée, je fais habituellement son lit », explique la mère d’une lingère du Morbihan719. Il en est de même en ville comme le note une caoutchoutière clermontoise à propos de sa mère : « c’est elle qui fait mon lit tous les jours, le dimanche excepté, à cause de l’heure matinale de mon départ à l’usine » 720. C’est peut-être la raison pour laquelle les hommes, tôt partis, ne font jamais ce travail, en principe quotidien.

    181Dernière touche pour les bonnes ménagères : le balayage. Au xixe siècle, il est normalement accompli tous les jours en Bretagne, en Limousin, au pays basque, en Touraine ou dans la Manche mais c’est loin d’être le cas dans le reste de la France rurale721. En Béarn, c’est seulement le dimanche que « les recoins sont nettoyés » 722. A Merilheu (Hautes-Pyrénées), vers 1900, « on balayait de temps et temps (...) mais, le plus souvent, le sol était suffisamment nettoyé par le chien de berger et les poules » 723. En plaine des Vosges, « la cuisine n’est jamais nettoyée à fond qu’ une fois par an pour la fête du village (...). Quant au sol, il est couvert de terre et de fumier que le balai n’enlève que très imparfaitement » 724. Dans l’entre-deux-guerres encore, une écolière des Pyrénées-Orientales, fille d’un ouvrier agricole, chargée par son père du ménage, ne balaye la maison que le jeudi725. En ville, le rythme dépend du degré d’hygiène familiale. Le balayage semble quotidien dans le Nord. A Avesnes, la mère de Mémé Santerre, pourtant tisserande à domicile, nettoye le plancher tous les jours puis y jette de la sciure. L’héroïne d’une piécette picarde, Mme Zacharie, est encore plus minutieuse, « au matien, en mel’vant, ej fais mon lit avec eusse. Al balaient, après j’essuie, dans la crainte ed la crasse ; et pi moi ej vais da tous les coins » 726. En revanche, dans les milieux très modestes, vivant de surcroît dans un habitat insalubre, les rythmes s’espacent par découragement, négligence.

    182Lorsqu’il est quotidien, le ménage ne saurait, sous la forme succincte que j’ai décrite, excéder une demie heure alors qu’une femme peut consacrer près de 10 heures par semaine à s’occuper du feu et 2 h 30 à remplir et nettoyer les lampes à pétrole727. Au reste, les témoins signalent que le ménage passe après les autres travaux domestiques. La gantière de Saint-Junien « dérobe à son métier le temps qu’elle consacre à son ménage » 728. La métayère du pays d’Horte « donne aux travaux intérieurs et aux travaux ménagers les heures que ne prennent pas les occupations et les nécessités de la culture » 729. Lorsque les paysannes et les salariées n’ont pas le temps de faire le ménage, elles concentrent sur la fin de semaine ces travaux négligés.

    Nettoyages hebdomadaires et saisonniers

    183« Laver le sol à grande eau », selon l’expression toujours utilisée, cirer les planchers, faire reluire les cuivres et les meubles sont des tâches dont la périodicité est plus espacée. Quelques ménagères très méticuleuses lavent leur carrelage tous les jours. En Berry, où « la propreté de nos paysans, du moins celle des choses qui se voient, est proverbiale (...), à n’importe quelle heure, vous trouverez la maison en ordre, les meubles cirés et époussetés, les carreaux lavés »730. En Beauce, « le carrelage est souvent lavé à grande eau » 731. L’opinion considère, en ville comme à la campagne, qu’il convient de laver le sol une fois par semaine. A Lagraulet, ce travail est accompli le dimanche matin. Les ouvrières y consacrent le samedi ou le dimanche matin. Selon son fils, une passementière du Hainaut va même plus loin : « chaque samedi, ma mère faisait le nettoyage de la maison. Elle lavait à grande eau les portes, les vitres, le carrelage qu’elle saupoudrait de sable blanc » 732. A Saint-Etienne, dans l’entre-deux-guerres, « le parquet de la cuisine était lavé chaque fin de semaine à la brosse, à genoux. On mettait un bon peu d’eau de Javel dans l’eau pour qu’il soit bien blanc »733.

    184Cirer le parquet est beaucoup plus rare. Je n’en ai retrouvé aucune trace dans les archives. L’habitat rural, avec ses nombreux va-et-vient, s’y prête mal. Toutefois, certaines vigneronnes auvergnates cirent parfois leur cuisine, lavée toutes les semaines734. En ville, c’est un luxe qui témoigne d’aspirations bourgeoises en milieu populaire. Les femmes d’ouvriers provençaux cirent, après lavage, les tomettes une à deux fois par semaine735. Les corsetières du Raincy qui se sont fait construire un pavillon, ont « un parquet soigneusement encaustiqué » 736. Mme Zacharie s’y refuse par principe : « on ne cire pas à la maison, c’est si dangereux, j’ai toujours peur ed m’étaler ; c’est un rude travail de moins » 737. En effet, comme le raconte une Stéphanoise, « on cirait [le parquet] de la chambre que l’on avait auparavant passé à la paille de fer. On faisait briller avec une brosse qu’on passait au pied »738.

    185Les paysannes aiment, en revanche, astiquer leur mobilier. Ainsi, les métayers du pays d’Horte, qui consacrent peu de temps au ménage, possèdent de beaux meubles qu’« on nettoie toutes les semaines en les frottant avec du vinaigre »739. Les témoins évoquent, à l’envie, le front des armoires bretonnes reluisant, l’armoire berrichonne ou normande, « orgueil de la ménagère qui la frotte avec un soin méticuleux » 740. En Beauce, « les meubles et la batterie de cuisine reluisent » 741. En Limousin, c’est seulement à la fin du xixe siècle que, les travaux agricoles s’allégeant, la femme découvre l’encaustique742. Mais, dans les régions pauvres, et surtout en montagne, « les meubles ne reçoivent jamais de cire » 743. En ville, cirer les meubles est également étranger aux classes populaires d’autant qu’on achète volontiers des meubles vernis ou de pin blanc. Les femmes qui font les cuivres sont encore plus rares. En Flandre, cependant, les ménagères font reluire les plats et les poignées de porte métalliques744. A Armentières, la cuisinière doit être « briquée » de même que chez cet inspecteur parisien d’Hutchinson qui impose, entre autres, ce travail à son fils : « j’étais chargé de nettoyer et faire briller la cuisinière, (...) faire la vaisselle et frotter le parquet » 745. En Bretagne, les cuivres font l’objet de soins minutieux d’autant que le goût des armoires cloutées de cuivre date du xixe siècle. En revanche, les femmes qui lavent souvent les vitres – quand elles existent – sont des exceptions. Elles s’y intéressent au mieux lors des grands nettoyages annuels et dans de nombreuses fermes comme celle où Toinou fut élevé en Auvergne, « la vitre (...) ne connaissait que le lavage des pluies » 746. En 1942, une assistante sociale, visitant une pauvre ferme dans le Cher, note que « la fenêtre laisse à peine filtrer le jour tant les carreaux sont sales » 747. Toutefois, la mode des rideaux a progressivement incité à plus de propreté.

    186Tous ces travaux ont une périodicité hebdomadaire pour les bonnes ménagères. Ils ne sauraient dépasser deux à trois heures d’autant que les ouvrières lavent également leur linge le samedi ou le dimanche. Si l’on ajoute, à la ville comme à la campagne, les grands nettoyages avant Pâques ou à la veille de la fête patronale, une évaluation grossière du temps passé à nettoyer et ranger la maison n’excède pas, dans les milieux populaires, une heure par jour, voire une demie heure748. C’est beaucoup moins que l’évaluation faite par Stoetzel en 1947 – 1,9 à 2 heures dans les agglomérations – mais il est vrai, toutes catégories sociales confondues. Le « ménage » est donc une tâche peu prenante. Quand elles en ont les moyens, les femmes abandonnent volontiers ces travaux à une servante – une dizaine d’exemples dans les archives en témoigne – ou à leurs filles, dans une vingtaine de cas, voire à leurs fils. Lorsque la mère travaille, la fille, quel que soit son âge, l’aide mais elle n’assume en totalité le ménage qu’à quatorze ou quinze ans749. Je n’ai trouvé aucune grand-mère pour assurer ce travail. Aussi, quoique légère, cette tâche incombe-t-elle essentiellement aux femmes mariées. Si les techniques de nettoyage évoluent peu pendant la IIIe République, le volume du travail a cru avec l’amélioration de l’habitat. Inversement, l’introduction du linoléum, de la toile cirée, des carrelages, des meubles laqués la facilite. La propagande hygiéniste pousse également à un ménage de plus en plus méticuleux : cuivres et parquets brillants, poussière sans cesse traquée, mais de nombreuses femmes sont restées imperméables à ses arguments. Le goût d’un intérieur coquet, la diffusion des normes bourgeoises d’ameublement ont plus contribué aux progrès de la propreté que les pressions médicales. Il est évident, toutefois, qu’avant 1940, le ménage est la tâche domestique à laquelle les femmes consacrent le moins de temps, car elle n’est pas vitale comme la cuisine ou économique comme la couture.

    187Les tâches ménagères incombent d’abord à la femme mariée dans la force de l’âge. Lorsqu’elle se fait aider, c’est par d’autres femmes : servantes, journalières, mères et surtout ses filles. Elle leur abandonne les travaux faciles – laver les légumes, éplucher la salade, aller chercher le bois ou l’eau, s’approvisionner chez l’épicier...– ou ceux qu’elle ne veut pas faire, par manque de temps pour les ouvrières, par manque de compétence pour la couture ou le repassage fin, par manque de goût enfin. Il est rare qu’elle ne se réserve pas la préparation des mets, car l’image de la femme nourricière reste fortement ancrée au début de la IIIe République puis se conjugue avec celle du cordon bleu. Les maris considèrent que ce partage des rôles va de soi. Les plus exigeants veulent trouver le repas prêt à l’heure et la chemise repassée, un semblant d’ordre au logis mais le ménage les laisse plus indifférents. Lorsque l’épouse refuse d’accomplir ces travaux ou les néglige, ce sont les maris qui exercent les pressions les plus fermes pour retrouver leur confort familial. Les femmes acceptent ces responsabilités domestiques tant que le conjoint se montre bon travailleur et affectueux. Le partage s’apparente à un contrat de réciprocité qui exploite les talents de chacun. Par formation familiale, puis scolaire, les femmes maîtrisent l’art d’entretenir le linge et de faire la soupe. Les hommes sont exclus partiellement de cette transmission des savoirs mais ils peuvent parer au plus pressé. Ainsi, ils sont capables de remplacer leur femme à la cuisine, de faire la vaisselle et les courses, d’allumer le feu mais non de repriser et ils se refusent à laver, en raison d’antiques interdits. En ville et en milieu ouvrier, le travail salarié des femmes conduit à une indifférenciation plus poussée des rôles et à l’utilisation massive des services commerciaux (restaurants, traiteurs...).

    188Le train-train quotidien absorbe une faible partie de la journée de travail. L’essentiel se résume dans un coup de balai, le feu, la soupe ou le ragoût. Mais pendant toute la IIIe République, les femmes accomplissent périodiquement de gros travaux ménagers : fournées de pain et lessives, rares mais énormes à la campagne, dimanche ménager des ouvrières en ville, récurages annuels ou bisannuels. Ces coups de feu sont très fatigants mais espacés, voire collectifs ce qui les rend plus supportables. Les progrès économiques les ont partiellement effacés : le boulanger, la lessiveuse, l’épicerie, le marchand de vins, accessibles à presque tous grâce à la hausse des revenus, ont diminué l’effort physique demandé aux ménagères. En revanche, l’émiettement des tâches domestiques quotidiennement répétées, objectifs des hygiénistes, le raffinement tout bourgeois de la cuisine ou de la couture ont mobilisé un temps croissant. L’émulation née du voisinage et l’imitation des médiateurs sociaux conduisent une fraction des ménagères modestes, difficilement mesurable, à s’enfermer dans le « ménage » jugé longtemps secondaire par rapport aux travaux des champs, à l’usine ou à la boutique.

    189Je m’interrogeais au chapitre précédent sur le contenu de l’expression « bonne ménagère ». L’étude des tâches réellement accomplies montre deux attentes dans l’opinion. La majeure partie des contemporains juge qu’une femme qui fait la cuisine, à défaut d’être bonne cuisinière, qui lave et reprise son linge, nettoye les déjections et les salissures les plus voyantes de sa maison, est digne de respect. La bourgeoisie et les autorités sanitaires attendent que les femmes appliquent à leur intérieur les normes d’hygiène et d’économie domestiques : le ménage devient prioritaire, la cuisine se doit d’être saine donc familiale, le rejet des plats tout prêts étant général. Dans ces conditions, elles demeurent étrangères aux pratiques populaires qui visent à économiser du temps et de la fatigue plus que de l’argent. Enfin, le poids des contraintes matérielles, la force des choses jouent un rôle décisif bien que sous-estimé par les observateurs. Il ne peut y avoir de bonne ménagère sans revenus décents qui permettent de composer de vrais repas, de disposer de linge en suffisance pour le changer souvent et de vivre dans un logement de bonne qualité qui donne envie de le nettoyer. Partant, les familles nombreuses et complexes, vivant du seul salaire d’un manœuvre ou d’un ouvrier agricole, très menacées par le chômage dans les années 1930, produisent rarement de bonnes ménagères. Débordées par les enfants, découragées par la faiblesse de leurs ressources et un environnement ingrat si ce n’est insalubre, ces femmes baissent les bras. De plus, dans ce sous-prolétariat où l’instruction fait défaut, les normes d’hygiène n’ont pas été intériorisées. Le système de valeurs qui leur est propre – hédonisme et fatalisme, découragement et espoir d’aide extérieure –, les isole de l’opinion, et surtout des autorités. La mauvaise ménagère des classes populaires qui échappe longtemps à l’opprobre dans un environnement où misère et exclusion sont la règle, est mise en lumière au xxe siècle dès lors que la vie des classes laborieuses s’améliore et, fait significatif, souvent à égalité avec son mari. Son existence ne renvoie plus aux défauts de l’individu mais à une pathologie sociale. Elle reflète l’incapacité d’une partie du prolétariat à profiter d’une modernisation inégalitaire. Le S.M.I.C., les H.L.M., la Sécurité sociale, les sigles barbares des trente glorieuses, permettront seuls son éradication.

    Notes de bas de page

    1 Cuisine, lavage, courses, couture, ménage.

    2 Il s’agit des divorces (1884), des déchéances paternelles (1889 et 1912) et des abandons de famille (1924). Il y a peu à dire de la répartition géographique des données bien que le Midi et la région parisienne soient un peu surreprésentés.

    3 Un tiers des ménagères appartient à la paysannerie. Un tiers est issu de la classe ouvrière : pour être précis, 34 % des maris sont ouvriers et 18,2 % des épouses sont elles-mêmes ouvrières. En ajoutant domestiques et journaliers agricoles, 47,4 % des maris et 32 % des épouses peuvent être classés dans le prolétariat rural ou urbain. Employés et travailleurs indépendants regroupent une épouse sur dix, un mari sur cinq, à savoir 1,5 % d’employées et 6,5 % pour les maris, 8 % de travailleurs indépendants pour les femmes et 13,5 % pour les hommes.

    4 Avec des dépouillements dans les séries M etc. Voir tout particulièrement les travaux pionniers de G. Thuillier, Pour une histoire du quotidien en Nivernais, Paris-Genève, 1977, Mouton.

    5 G. Beer, Le logement de l’ouvrier, conférence faite à Rueil en 1897, Paris, 1897, imprimerie des orphelins apprentis.

    6 C. Géniaux, La Bretagne vivante, Paris, 1912, Honoré Champion.

    7 J.– J. Cazaurang, Scènes de la vie rurale en Béarn, Saint-Etienne, 1983, Horvath.

    8 Foville, t. 1, P- XXXI. Préfacée par A. de Foville, il s’agit de la première grande enquête sur l’habitat rural : Enquête sur les conditions de l’habitation en France. Les maisons-types, Paris, 1894-1899, E. Leroux.

    9 G.M. Coissac, Mon Limousin, Paris, 1913, J. Lahure, p. 60.

    10 H. Roger, Le Finistère. Ses habitants. Leurs mœurs. Les richesses du pays, Montpellier, 1919, imprimerie de Roumégous et Déhan.

    11 A. Allix, Un pays de haute montagne. L’Oisans. Etude géographique, Paris, 1929, H. Champion, p. 371.

    12 Citation du Dr Thomas, à propos du canton d’Eymoutiers en 1886, reprise par A. Corbin, Archaïsme et modernité en Limousin, Paris, 1975, M. Rivière, t. 1, P- 77.

    13 J. Levainville, Le Morvan, étude de géographie humaine, Paris, 1909, A. Colin, p. 227. « Il n’y a pas longtemps existaient des cloaques », signale le Dr Bogros au début des années 1870 (Dr Bogros, A travers le Morvand. Mœurs. Types. Scènes et paysages, Château-Chinon, 1873, Dudrague-Bordet et Buteau, p. 95).

    14 Voir J. Lecœur, Esquisses du bocage normand, Brionne, 1887, Montfort.

    15 Marie-France Weyd, assistante sociale dans le Cher, lutte encore en vain pour que le fumier soit cantonné. Voir le Journal d’une aide assistante rurale, Paris, 1944, éd. des loisirs.

    16 Procès-verbal de gendarmerie de Saint-Genis : 1er août 1933, A.D., Rhône, 3U 1204.

    17 R.L. Stevenson, Journal de route en Cévennes, Toulouse, 1978, Privat, p. 48.

    18 Ce qui explique, au reste, la fréquence des maladies pulmonaires.

    19 H. Duhaurif, Un village paradoxal : mœurs, coutumes, histoire de Bethmale (1909), cité par J.-F. Soulet, Les Pyrénées au xixe siècle, Toulouse, 1988, Eché, t. 1, p. 294.

    20 Foville, t. 2, p. 247. En Morvan, le fait est également signalé par le Dr Bogros ainsi que par G. Thuillier, op. cit. En Lozère, l’instituteur de Chasserades relève même, à la fin du siècle, la présence d’excréments animaux (Voir E. Claverie et P. Lamaison, L’impossible mariage. Violence et parenté en Gévaudan, xviie, xviiie, xixe siècles, Paris, 1982, Hachette).

    21 G. Coissac, op. cit., p. 209.

    22 Enquête S.D.N., t. 2, p. 416. Il s’agit de la seconde grande enquête sur l’habitat rural : Enquête sur l’habitation rurale en France, S D.N., 1939.

    23 H. Baudrillart, Les populations agricoles de la France. Normandie et Bretagne, Paris, 1885, Hachette.

    24 Et « un certain nombre de fermes » seulement ont édifié « une cloison [qui] sépare l’étable de la salle ». C. Géniaux, op. cit., p. 7-8.

    25 Dr Francus, Voyage fantaisiste et sérieux à travers l’Ardèche et la Haute-Loire, Le Puy, 1895, A. Prades-Freydier, t. 2, p. 40. « J’ai vu (...) dans les cantons d’Allanche et de Marcenat, de pauvres paysans cohabitant avec les animaux ; une simple barrière de bois les sépare », note Alphonse Aymar à propos du Cantal (Foville, t. 2, p. 299).

    26 Voir P. Roux, Monographie d’une commune rurale d’Auvergne, La réforme sociale, septembre-octobre 1912.

    27 Mentionnée par U. Rouchon, La vie paysanne dans la Haute-Loire, Le Puy, 1933, imprimerie de la Haute-Loire, mais non plus dans l’enquête de la S.D.N.

    28 Dans le Nord, très avancé, le phénomène ne touche les ouvriers agricoles qu’à la fin du xixe siècle. Voir R. Hubscher, L’agriculture et la vie rurale dans le Pas-de-Calais du milieu du xixe siècle à 1914, Arras, 1980, commission départementale des monuments historiques.

    29 A. Roverat, « Caractères du peuple savoyard », 1873, dans La Savoie vue par les écrivains et les artiste, Paris, 1913, Louis Michard, p. 254 et Foville, t. 2, p. 298.

    30 Souligné par moi. Foville, t. 2, p. 173.

    31 Foville, t. 2, p. 187.

    32 Foville, t. 2, p. 171.

    33 Voir l’enquête S.D.N.

    34 Cité par A. Guillaume, Le Queyras, Gap, 1968, société d’étude des Hautes-Alpes, p. 111.

    35 Par exemple, les mas provençaux ou les maisons montagnardes bloc en hauteur.

    36 En Normandie, la maison de torchis l’emporte en raison de l’absence de belle pierre ; en plaine de Caen, en revanche, où l’on dispose de calcaire, les maisons comptent le plus souvent deux niveaux. Voir Foville, t. 2. Pour la Lorraine, voir Foville, t. 2, p. 18, un plan-type : la ferme classique compte trois chambres, la « maison », la salle et des débarras.

    37 Pour le Finistère, voir A. Mahé de la Bourdonnais, Voyage en Basse Bretagne chez les Bigoudens de Pont-l’Abbé, Paris, 1892, Jouve, et H. Roger, op. cit. Dans les Côtes-du-Nord, selon l’enquête S.D.N., le penn-ti reste dans l’entre-deux-guerres l’habitat des ouvriers agricoles.

    38 La meilleure description a été faite par Foville, t. 1, p. 339. Je cite ce texte dans son intégralité, car il a été souvent démarqué sans que la source soit citée et surtout sans que la datation soit respectée ; il est alors indûment employé pour la IIIe République. « Les masures en bois et en pisé, couvertes de chaume que nous avons connues en Sologne, il y a trente ans, ont disparu. Elles étaient enfoncées à un mètre de profondeur (...), l’aire de la maison était en terre nue ; le solivage était à 1,70 m. du sol, reposant sur une poutre de 0,50 m. qui coupait la pièce en deux, ne laissant qu’une hauteur de 1,20 m. La seule fenêtre était un carreau de 0,15 par 0,25 ».

    39 Monographie sur les métayers en communauté du Confolentais, 1880, Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. II.

    40 Cantal, Haute-Loire, Auvergne surtout. Voir Dr Francus, op. cit., et Foville, t. 2, p. 299.

    41 Foville, t. 1 pour la Bresse et t. 2 pour le Dauphiné.

    42 A. de Foville, t. 1, p. XXX.

    43 L’exemple ici choisi concerne la Brie champenoise mais vaut pour la France entière. Foville, t. 2, p. 110.

    44 Où l’élevage du ver à soie entraîne la répartition des activités sur trois étages : écurie, logement, magnanerie. Voir R. Nelli, Le Languedoc et le comté de Foix, Paris, 1958, N.R.F.

    45 H. Pissot, Nos vignes. Souvenirs et actualité, Saintes, 1882, « chez les principaux libraires de nos Charentes », p. 40-43. Le Confolentais « sous développé » est exclu de ce tableau qui concerne, au premier chef, le vignoble charentais alors très prospère.

    46 A. Goursaud, La société rurale traditionnelle en Limousin. Ethnologie et folklore du haut Limousin et de la Basse Marche, Paris, 1976, Maisonneuve et Larose, p. 68.

    47 Voir J.-J. Cazaurang, op. cit.

    48 P. Roux, op. cit.

    49 Les populations du Puy-de-Dôme. Monographies réalisées à l’occasion de l’enquête de 1929, Clermont, 1933, Imprimerie générale.

    50 Dr Bogros, op. cit. et J. Levainville, op. cit.

    51 A. Schweitz, « De la salle commune à la chambre à coucher », Inventaires après décès et vente de meubles. Apports à une histoire de la vie économique et quotidienne (xvie-xixe siècles), Berne, 1987, Academica, et Foville, t. 2, p. 310.

    52 Enquête sur les conditions de la vie ouvrière et de la vie rurale : le département de l’Oise, Beauvais, 1915, imprimerie départementale.

    53 R. Hubscher, op. cit. ; F. Bear, Le travail agricole et la condition des ouvriers agricoles dans le département du Pas-de-Calais, Arras, 1907, Librairie E. Boileux ; A. Joppé, Conditions de salaire et de travail des ouvriers agricoles dans le département du Nord, Lille, 1910, imprimerie C. Robbe.

    54 Le chauffage central est signalé dans l’Aube, le Loiret, la Marne par l’enquête S.D.N. de même que les carreaux de céramique (t. 2, p. 241).

    55 Surtout dans le Gers, les Landes, le Tarn et le Tam-et-Garonne.

    56 Comme en Limousin, Coissac, op. cit., p. 209. Le papier huilé est attesté en Lozère (E. Claverie et P. Maison, op. cit.), en Savoie (P. Roverat, op. cit.) et en Dauphiné selon L. et M. Sage, Un village du Bas Dauphiné. Saint-Jean d’Avelasne, Grenoble, 1949, rééd. 1976, Centre alpin et rhodanien d’ethnologie.

    57 P. Leshauris, Ceux de Lagraulet. La vie quotidienne d’une famille de paysans landais (1870-1914), Toulouse, 1984, Eché.

    58 J. Poueigh, Chansons populaires des Pyrénées françaises. Traditions. Mœurs. Usages, Paris, 1926, H. Champion.

    59 P.-J. Hélias, Le cheval d’orgueil, Paris, 1975, Plon.

    60 Procès-verbal de gendarmerie de Rochefort-en-Terre : 29 janvier 1938, A.D., Morbihan, U 5711.

    61 Le mouvement est amorcé dès cette date à Mazières-en-Gâtine selon R. Thabault, 1848-1914. L’ascension d’un peuple. Mon village, 1943, Paris, rééd. Presses de la F.N.S.P.A partir de 1890, le Berry est touché. En Béarn, on carrelle d’abord le « salou ».

    62 Limousin, Haut Vivarais, Auvergne, Margeride, Haute-Loire.

    63 En 1898. Cité par P. Bonnin, M. Perrot, M. de la Soudière, L’ostal en Margeride, Paris, 1978, C.O.R.D.A.

    64 Hautes-Pyrénées, Alpes, haute Ardèche, Cantal, Bretagne intérieure.

    65 A.D., Seine-et-Oise, 1161 W, 1936.

    66 J. Bertillon, Essai de statistique comparée du surpeuplement dans les habitations à Paris et dans les grandes capitales européennes, Paris, 1894, imprimerie Chaix.

    67 Selon le Dr Dumont, Les habitations ouvrières dans les grands centres indutriels et particulièrement dans la région du Nord, Paris, 1905, Masson. Soit un chiffre voisin des ménages secourus par l’Assistance Publique.

    68 A. Aymar, Conditions de l’industrie et de l’habitation ouvrière dans le Cantal, Aurillac, 1898, R. Terrisse.

    69 Enquête sur l’habitation ouvrière dans le département de la Seine-Inférieure en 1896, Rouen, 1897, Vagniaud. L’enquête de Foville fait des conclusions analogues pour Dieppe où sont recensés 85 mauvais et 85 très mauvais logements. Les loyers sont de 18 à 20 francs par mois.

    70 L. Gaillard, La vie quotidienne des ouvriers provençaux au xixe siècle, Paris, 1981, Hachette.

    71 Foville, t. 2, p. 53. A Dunkerque, « on voit encore dans beaucoup de rues au centre (...) des familles habiter le sous-sol ou cave qui, d’ailleurs, est sain mais où la lumière fait défaut » (Foville, t. 1, P- 13).

    72 Voir Histoire de la France urbaine, t. 4, Paris, 1983, Seuil. A Bordeaux, par exemple, les logements surpeuplés passent de 11 % en 1911 à 23,6 % en 1926.

    73 J. Vaidour, De la popinque à Ménilmuche, Paris, 1924, Spes, p. 111.

    74 Cité dans Nous les assistantes sociales. Naissance d’une profession, témoignages présentés par Y. Knibiehler, Paris, 1980, Aubier, p. 131.

    75 Lettre au procureur de Lyon, s. d., 1931, A.D., Rhône, 3U 1202.

    76 Jugement de déchéance du tribunal de Mamers : 1939, A.D., Sarthe, 18 W 99.

    77 Selon une enquête menée à l’instigation de l’industriel catholique Féron-Vrau qui souligne que 80 % des familles secourues par la société Saint-Vincent de Paul disposent en général de deux pièces. Citée par le Dr Dumont, op. cit. Il en est de même à Douai selon le Dr Dumont.

    78 Dr Dumont, op. cit.

    79 H. Baudrillart, Les populations agricoles de la France. Normandie et Bretagne, Paris, 1885, Hachette, p. 14.

    80 Foville, t. 2, p. 118.

    81 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 5 pour le mineur et 2e série, t. 4 pour l’ébé niste. Voir aussi le logement médiocre de l’allumeur de réverbères de Nancy, 2e série, t. 4.

    82 Serrurier parisien, 2e série, t. 4 ; ouvrière mouleuse en carton, 2e série, t. 4 ; étameur de fer-blanc de Commentry, 3e série, t. 1 ; corsetière du Raincy, 3e série, t. 1.

    83 J. Valdour, Ateliers et taudis de la banlieue parisienne. Observations vécues, Paris, 1923, Spes. Le titre est trompeur, la majeure partie des logements décrits étant petits mais normaux. Les vrais taudis, à Levallois par exemple, sont « réservés » aux Algériens. Voir également La vie quotidienne à Saint-Etienne entre les deux guerres, sous la direction de C. Chatelard, Saint-Etienne, 1985, Centre d’études foréziennes.

    84 Sise Boulevard de la gare (XIIIe) et construite en 1869-1872, cette cité se dégrade si vite que la commission d’insalubrité est saisie dès 1879 et des travaux ordonnés en 1890. O. du Mesnil, L’hygiène à Paris. L’habitat du pauvre, Paris, 1890, J.-P. Baillière, p. 107.

    85 Voir Histoire de la France urbaine, t. 4, op. cit.

    86 Voir pour Paris, O. du Mesnil, op. cit. ; pour la Seine-Inférieure, Enquête sur l’habitation ouvrière, op. cit.

    87 O. du Mesnil, op. cit., p. 38. Il s’agit là d’un habitat précaire.

    88 Procès-verbal de police de Lyon : 28 juin 1921, A.D., tribunal correctionnel de Lyon, audience du 13 août 1921.

    89 La vie quotidienne, à Saint-Etienne, op. cit., p. 7.

    90 Rapport de l’assistante sociale : janvier 1939, A.D., Seine-et-Oise, 1161 W.

    91 Ainsi à Saint-Etienne.

    92 O. du Mesnil, op. cit., p. 124 et 138.

    93 Pour les garnis voir O. du Mesnil pour les années 1880, et Nous les assistantes sociales. Voir également M. Fernandez, La ceinture noire de Paris, Histoire de la Zone, thèse de 3e cycle, 1983, Université de Paris VII. Une photo d’Atget, prise en 1913 à la cité Trébert, porte d’Asnières, et reproduite dans Histoire de la vie privée, t. 4, Paris, 1987, Ed. du Seuil, p. 358, rend bien compte de l’aspect de la Zone.

    94 Procès-verbal du juge de paix de Suippes : 9 novembre 1894, A.D., Marne, 6U 686.

    95 Enquête sociale, janvier 1939, A.D., Seine-et-Oise, 1161 W.

    96 En raison du poids des déchéances parentales fréquemment prononcées pour éviter le taudis aux enfants.

    97 Outre le pionnier, R.H. Guerrand, Les origines du logement social en France, Paris, 1966, éd. ouvrières, voir les ouvrages cités plus loin ainsi que L. Murard et P. Zylberman, Ville – Habitat – Intimité – L’exemple des cités minières au xixe siècle. Naissance du « Petit travailleur infatigable », Paris, 1976, C.E.R.F.I., qui insiste sur les objectifs moralisateurs de l’habitat patronal ; Le Familistère de Guise ou les équivalents de la richesse, Bruxelles, 1976, Archives d’architecture moderne ; J. Taricot et M. Villars, Le logement à bon marché. Chronique. Paris (1850-1930), Paris, 1982, Apogée ; B. Marrey, Un capitalisme idéal (Menier à Noisiel), Paris, 1984, Clancier-Guénaud ; sous la direction de K. Burlen, La banlieue oasis. Henri Sellier et les cités-jardins (1900- 1940), Paris, 1987, P.U. de Vincennes ; S. Kott, « La haute Alsace : une région modèle en matière d’habitat ouvrier (1853-1914) », Revue de l’économie sociale, janvier 1988.

    98 Voir M. Mérignas, « Travail social et structures de classe. A propos de la Police des familles de Donzelot », Travail, Famille, Etat, Critiques d’économie politique, avril-juin 1978.

    99 A Carmaux, en 1892, elles ne logent que 6,9 % des mineurs (R. Trempé, Les mineurs de Carmaux, t. 1, Paris, 1971, éd. ouvrières). Au Creusot, pourtant cité comme un modèle de paternalisme patronal, Schneider ne possède avant 1914 que 10 % des logements et 14,3 % seulement des ouvriers sont propriétaires de leur habitation mais les propriétaires privés, peut-être par imitation, ont multiplié les maisons sur le modèle des corons, offrant des logements décents de 2 à 4 pièces (C. Devilliers et B. Huez, Le Creusot. Naissance et développement d’une ville industrielle (1782-1914), Paris, 1981, Champ Vallon). En Lorraine, les patrons sidérurgistes ont misé sur une stabilisation de la main d’œuvre qualifiée française en louant des logements agréables et en offrant des services gratuits, mais ce noyau dur est entouré d’un cercle de manœuvres, souvent étrangers, logeant dans des baraquements ou chez l’habitant (G. Noiriel, « Du “patronage11 au “paternalisme11 : la restructuration des formes de domination de la main-d’œuvre ouvrière dans l’industrie métallurgique française », Le mouvement social, Paternalismes d’hier et d’aujourd’hui, juillet-septembre 1988). A Rosières où Roussel a fondé une cité avec ses œuvres sociales, un ouvrier sur trois seulement y habite en 1891 malgré un loyer attractif de 18,40 francs par mois (M. Pigenet, « L’usine et le village : Rosières (1869- 1914 »), Le mouvement social, avril-juin 1982).

    100 Voir R.H. Guerrand dans Histoire de la vie privée, t. 4, op. cit. Ce n’est qu’en 1913 que Paris organise le premier concours pour la construction de H.B.M.

    101 R. Chagny, op. cit.

    102 Voir D. Rancière, « Le philanthrope et sa famille », Révoltes logiques, 1979, n° 8/9.

    103 A Lyon, la société des logements économiques, créée à l’initiative de la grande bourgeoisie, en 1888, privilégie les ménages simples dont 71,9 % ont un enfant au plus (P. Cayez, « Les petits logements dans les grandes villes », Le mouvement social, octobre-décembre 1986). A Grenoble, dans l’entre-deux-guerres, les H.B.M. ne sont pas réservées, loin de là, aux plus défavorisés, qui s’entassent dans les vieux quartiers insalubres, mais aux ouvriers qualifiés des industries modernes, aux fonctionnaires de l’Etat et des collectivités locales (R. Chagny, « Le logement social à Grenoble dans l’entre-deux-guerres : l’Office public des habitations à bon marché de 1921 à 1938 », Le mouvement social, octobre-décembre 1986).

    104 Pour citer deux exemples, le mobilier du maçon creusois qui dépasse 1 000 francs est jugé à peine suffisant et celui du résignier de Lévignac, d’une valeur de 1 600 francs, est « suffisant mais peu recherché ».

    105 Un à dix pour les cas extrêmes à la campagne où la valeur moyenne est de 1 012 francs. Les paysans corses (1869-1887) possèdent pour 200 francs de vieux meubles mais le mobilier du bouilleur de cru charentais (1897-1899) est estimé à 3 464 francs. L’écart est de un à treize pour les cas extrêmes en ville, entre 200 francs pour les gantières de Saint-Junien (1904-1905) et 2 706 pour le serrurier-poseur de persiennes parisien (1897).

    106 A. Roverat, « Caractères du peuple savoyard », 1873, op. cit., p. 254.

    107 J. Poueigh, op. cit.

    108 Procès-verbal du juge d’instruction de Domfront : 1er août 1878, A.D., Orne, Assises, 1878.

    109 P.M. Weyd, Journal d’une assistante rurale, op. cit., p. 42.

    110 H. Tissot, op. cit., p. 43-44. Et le mouvement commence alors à toucher les ouvriers agricoles.

    111 Sur le mobilier des journaliers du Nord, voir A. Joppé, op. cit. Pour le reste, voir P. Leshauris, Ceux de Lagraulet, op. cit., et les Ouvriers des deux mondes. On retrouve la table ronde jusque chez les fermiers du haut Forez pourtant très pauvres (Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 4). En Touraine, la table ronde s’impose dès 1860 (A. Schweitz, L’espace domestique en Touraine septentrionale (1850-1930). Les archives notariales et leur apport documentaire, thèse de 3e cycle, 1984, E.H.E.S.S.).

    112 J. Levainville, op. cit., p. 226. Les communes où l’industrie nourricière est le plus développée, comme Aligny, Saint-Aignan, sont les premières touchées.

    113 Armoire à glace incluse bien sûr. Ouvriers des deux mondes, 3e série, t. 1.

    114 Abbé J. Bouët, Nos villages hier et aujourd’hui, Paris, 1928, Bloud et Gay, p. 21 et Dr S. Chauvet, La Normandie ancestrale, Paris, 1921, Boivin et compagnie, préface. Tous se débarrassent « des vieux meubles de famille », leur préférant « un ameublement moderne », note également l’enquête de la S.D.N. (t. 2, p. 235).

    115 Les lits de fer seraient commercialisés, selon G. Thuillier, à compter de 1830- 1850, et pour les sommiers métalliques, en 1860-1870. Ils sont attestés dès 1885 chez le cultivateur de Deuil (Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 1). Pour la toile cirée, voir A. Schweitz, « Changer de cuisine en Touraine », Cuisines, régionalismes, espaces régionaux, Nancy, 1989, P.U. de Nancy, Ouvriers des deux mondes, 1re série, t. 5 et 2e série, t. 4, et pour l’Auvergne, P. Roux, op cit.

    116 A. Aymar, op. cit.

    117 T. Leleu, La vie quotidienne des femmes dans la région d’Armentières (1894- 1920), mémoire de maîtrise, 1979, Université de Lille III.

    118 Dr Dumont, op. cit., p. 47 et O. du Mesnil, op. cit., p. 39.

    119 Procès-verbal de police de Villeurbanne : 10 mars 1931, A.D., Rhône, 3U 1202.

    120 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 5 et 4.

    121 Ajusteur de Guise, 1884-1890, Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 4.

    122 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 5.

    123 Ouvriers des deux mondes, 3e série, t. 1.

    124 Ouvriers des deux mondes, 3e série, t. 1.

    125 S. Bodève, Celles qui travaillent, Paris, 1913, Ollendorff, p. 21.

    126 La vie quotidienne à Saint-Etienne, op. cit.

    127 J. Valdour, Ateliers et taudis, op. cit.

    128 La vie quotidienne à Saint-Etienne, op. cit., p. 8. La toile cirée coûte 5 francs chez le cordonnier de Malakoff (Ouvriers des deux mondes, 1re série, t. 5) et chez l’ajusteur de Guise, en 1884-1890, elle vaut 52 francs (2e série, t. 4). Le linoléum est placé sous la table chez la corsetière du Raincy.

    129 Lettre du 10 février 1937, A.D., Yonne, 3U2 216.

    130 A. Corbin, « Le grand siècle du linge », Ethnologie française, 1986, n° 3.

    131 Epouse du pêcheur de Martigues (1879) et maraîchère de Deuil (1885), 2e série, t. 1 ; épouse du charpentier indépendant de Paris (1889), 2e série, t. 3. Rappelons que le pantalon fut d’abord réservé aux fillettes.

    132 Ainsi qu’attestent les dossiers de viols et attentats à la pudeur. J’ai retrouvé quelques femmes, en Morbihan et dans le Bas-Rhin, qui ignorent jusque dans les années 1930, cette pièce d’habillement.

    133 La première mention concerne une journalière agricole varoise qui porte « deux objets particuliers dont les femmes font usage lors de leurs menstrues » (examen médical : 2 juillet 1889, A.D., Var, 8U 58/3). En 1895, le juge d’Orange qui questionne une domestique sur l’usage pendant les règles que les femmes « les absorbent au moyen d’une serviette spongieuse. Pourquoi n’avez-vous pas employé ce procédé qui est d’un usage général ? », s’attire cette réponse : « je porte des pantalons et je n’ai pas de tout ça » (Procès-verbal du juge d’instruction d’Orange : 14 octobre 1895, A.D., Vaucluse, 3 U4 768). La troisième allusion vise la fille du juge de paix de Pont-Croix qui, selon sa blanchisseuse, porte un pantalon et « une petite bande de coton de la largeur de deux doigts et de la longueur de 25 à 30 ans, ayant deux boutonnières de chaque côté et à chaque extrémité. Les femmes mettent, ici, ces bandes dans leur pantalon à l’époque de leurs règles » (Procès-verbal du juge d’instruction de Quimper : 8 juin 1911, A.D., Finistère, 10 U6 121).

    134 Le serrurier-forgeron parisien possède, en 1878, un vieux pantalon comme « vêtement de dessous » et le cordonnier de Malakoff a de vrais caleçons (Ouvriers des deux mondes, 1re série, t. 5).

    135 En 1891, pour l’épouse d’un ébéniste parisien (Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 4 et 5).

    136 La fille du paludier de Batz en possède 30 dont 10 pour les jours fériés (Ouvriers des deux mondes, 1883, 2e série, t. 1). Dans la Creuse, une coiffe de tulle ou de mousseline brodée vaut 20-25 francs (Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 2). En Charente, une simple coiffe est évaluée à 3 francs (Ouvriers des deux mondes, 3e série, t. 1). La mère de P.-J. Hélias, peu fortunée pourtant, en aligne dix dans son armoire (P.-J. Hélias, Le cheval d’orgueil, op. cit.).

    137 La luxueuse coiffe normande peut atteindre 1 000 à 1 500 francs. Voir S. Chauvet, La Normandie ancestrale, op. cit., p. 151.

    138 Pour ne citer qu’un exemple, voir M. Cabaud et R. Hubscher, 1900, la femme au quotidien, Paris, 1985, A. Colin, où les résinières landaises, les paysannes du Gâtinais, les trieuses de chasselat à Port-Sainte-Marie (Lot-et-Garonne), les paysannes de la Côte d’Or, les vendangeuses champenoises ont visiblement renoncé à la coiffe.

    139 Qui exige amidonnage, tuyautage. Il faut, de plus, les conserver sur des formes pour éviter de les abimer.

    140 Ils sont inconnus en Bretagne jusqu’en 1914 (C. Géniaux, op. cit.). E. Sol, Le vieux Quercy, Paris, 1929, E. Nourry, p. 58. En revanche, dans le pays d’Othe (Landes), on compte huit nappes en 1900, deux douzaines de serviettes dès 1816 et jusqu’à 15 douzaines en 1914. Voir aussi M.– T. Larroque, « Le linge de maison dans les trousseaux du pays d’Othe au xixe siècle », Ethnologie française, n° spécial sur Linge de corps et linge de maison, 1986, n° 3.

    141 A. Mahé de la Bourdonnais, Voyage en basse Bretagne chez les « Bigoudens » de Pont l’Abbé, Paris, 1892, éd. Jouve, p. 80-81.

    142 Le maraîcher de Deuil en possède en 1885 mais c’est une exception même chez les Ouvriers des deux mondes (2e série, t. 2). En pays d’Othe, les torchons font leur apparition vers 1880 mais en nombre réduit (6 à 12) et les serviettes de toilette en 1900 (M.-T. Larroque, op. cit.).

    143 La valeur moyenne, dans les monographies des Ouvriers des deux mondes, est de 360 francs pour les paysans et 215 pour les ouvriers.

    144 Chez le tailleur de silex et vigneron de l’Orléanais et le métayer du haut Forez soit entre 67 et 138 francs (Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 2).

    145 C’est le cas du maraîcher de Deuil et du métayer d’Horte (Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 2). La valeur oscille entre 342 et 960,76 francs, car elle dépend de la qualité des tissus : toile fine de lin, chanvre tissé à la maison. Le trousseau d’une bourgeoise est, cependant et à titre de comparaison, bien plus important : en 1910, 12 draps, 36 torchons dont 24 essuie-main, 3 douzaines de serviettes, 3 nappes pour 6 personnes et une pour 12, 24 serviettes éponge, 24 mouchoirs, 24 paires de bas, 6 chemises brodées, 6 chemises en percale et 12 en toile, 12 pantalons (6 en percale, 6 en finette), 6 cache-corset, 24 serviettes hygiéniques, 3 jupons, 6 tabliers blancs, 6 tabliers fantaisie, 6 de cuisine, soit 668 francs (A. Martin-Fugier, La bourgeoise, Paris, 1983, Grasset). M. Perrot mentionne des trousseaux coûtant 2 000 à 2 500 francs : dans ce cas, chaque pièce va par trois à six douzaines (M. Perrot, Le mode de vie des familles bourgeoises, Paris, 1961, F.N.S.P.).

    146 J. Lecœur, Esquisses du bocage normand, op. cit., p. 113. Voir aussi le Morvan et J. Levainville, op. cit.

    147 G.’ Charuty, A. Fine, C. Fabre-Vassas, Gestes d’amont. Les femmes racontent leur travail, Villelongue d’Aude, 1980, Atelier du gué. Voir aussi A. Fine, « A propos du trousseau : une culture féminine », Une histoire des femmes est-elle possible ?, Marseille, 1984, Rivages. La confection du trousseau s’effectue après la communion chez les pêcheurs de Martigues (Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 1).

    148 Les grands-mères ont la parole, Rouen, 1981, C.R.D.P., p. 130.

    149 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 4.

    150 C’est le cas des ouvriers provençaux (J. Gaillard, op. cit.). Voir aussi le cordonnier de Malakoff qui possède, en sus, 8 nappes, et l’ajusteur de Guise (Ouvriers des deux mondes, 1re série, t. 5 et 2e série, t. 5). Mais le trousseau d’une ouvrière aisée peut compter 14 à 30 paires de draps, 12 taies, deux douzaines de serviettes de tables, autant de serviette de toilette, 48 torchons, soit 294 francs dans le cas du fileur de Val-des-Bois et de son épouse (Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 4).

    151 La vie quotidienne à Saint-Etienne, op. cit.

    152 Procès-verbal de gendarmerie de Marzas : 16 février 1926, A.D., Drôme, UP 1010.

    153 Procès-verbal de police de Romans : 6 novembre 1934, A.D., Drôme, UP 1045.

    154 S. Grafteaux, Mémé Santerre, Verviers, 1975, Marabout.

    155 Procès-verbal de police de Versailles : 16 juillet 1924, A.D., Seine-et-Oise, Assises, audience du 30 juillet 1925.

    156 Procès-verbal de police de Vaise : 24 août 1939, A.D., Rhône, tribunal correctionnel de Lyon, audience du 20 octobre 1939.

    157 M.-C. Allait, « Les femmes dans trois villages de l’Artois. Travail et vécu quotidien », Revue du Nord, juillet-septembre 1981.

    158 R. Thabault, op. cit.

    159 Voir le métayer du haut Forez (Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 4).

    160 Voir le paysan résinier de Lévignacq (Ouvriers des deux mondes, 1re série, t. 5). Le bouilleur de cru charentais avec 140 francs fait l’investissement le plus élevé (3e série, t. 1). Le cuvier en bois, le dorc en terre du pays de Sault sont utilisées surtout par les paysannes.

    161 Le mineur du Pas-de-Calais possède un cuvier (Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 4) comme les gantières de Saint-Junien (3e série, t. 1). L’étameur de fer de Commentry possède en 1887 un cuvier, une chaudière, trois baquets, une boîte à laver, trois fers, un appareil à gaufrer etc. (2e série, t. 1). Dans le coron de mémé Santerre, à Avesnes, le cuvier est collectif.

    162 C’est-à-dire le baquet, une ou deux brosses, le battoir comme les femmes du poseur de rail parisien ou du tisseur de Saint-Quentin (Ouvriers des deux mondes, 3e série, t. 1). Dès 1893, l’allumeur de réverbères de Nancy, pourtant modeste mais chargé d’enfants possède une lessiveuse, soit une quinzaine d’années après la bourgeoisie nivemaise, étudiée par G. Thuillier.

    163 Procès-verbal de police de Roubaix : 2 avril 1928, A.D., Nord, 2U 155/291. Faute d’orthographe originale.

    164 Le résinier landais en utilise 3 hectolitres par an (Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 3).

    165 Un kilo coûte, ainsi, 2,50 francs en haut Forez et 0,80 en Confolentais (Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 3 et 4).

    166 3 pour le métayer du haut Forez, 10 pour les paysans du Confolentais, 30 pour le résinier des Landes, 50 pour le bouilleur de cru charentais. Le métayer du haut Forez y consacre 1 % seulement de ses revenus.

    167 Procès-verbal de police de Toulon : 27 août 1911, Var, 4U4 459.

    168 4 kilos pour le mineur du Pas-de-Calais mais il possède un cuvier ; 12 pour le mineur de la Loire, ablutions comprises ; 31,2 pour la piqueuse de bottines parisienne dont la propreté est exceptionnelle (1re série, t. 5).

    169 Seule exception rurale, le bouilleur de cru charentais achète 2 litres d’eau de Javel par an. La piqueuse de bottines consomme quatre à cinq litres d’eau de Javel par semaine.

    170 8 francs par an de bleu pour la piqueuse de bottines, enragée de propreté. 2 kilos et 3,60 francs de cristaux de soude pour la femme du mineur du Pas-de-Calais.

    171 Selon Pauline Bemège, animatrice des salons ménagers et divulgatrice du « domestic science Movement ». Selon l’enquête de la S.D.N., en 1939, en Saône-et-Loire, 63,4 % des foyers disposeraient de l’un au moins de ces appareils électriques : fer, cuisinière, chauffe-eau, bouilloire. A Paris en 1939, la quasi totalité des foyers dispose du fer électrique cependant que le chauffe-eau électrique effectue une percée, passant de 790 exemplaires en 1930 à 32 931 en 1939 (A. Beltran, « Du luxe au cœur du système ; électricité et société dans la région parisienne (1880-1939) », Annales E.S.C., septembre-octobre 1989).

    172 C. Rhein, Jeunes femmes au travail dans le Paris de l’entre-deux-guerres, thèse de 3e cycle, 1977, Université de Paris VII, p. 182.

    173 C’est Jules-Louis Breton, ingénieur et sous-secrétaire d’Etat aux inventions militaires pendant la Guerre, qui favorise, comme ministre de l’hygiène, de l’assistance et de la prévoyance sociale, la recherche sur les appareils ménagers électriques. Le salon des appareils ménagers est créé en 1923 à Paris par l’Office national de la recherche (rattaché au ministère de l’instruction publique) et soutenu par l’industrie électrique. Puis, sous l’influence de Pauline Bernège, le salon devient moins un lieu d’exposition de prototypes qu’un salon du ménage rationalisé. Voir F. Wemer, « Du ménage à l’art ménager. L’évolution du travail ménager et son écho dans la presse française de 1919 à 1939 », Le mouvement social, octobre-décembre 1984.

    174 Certes, la loi du 15 février 1902 sur l’hygiène publique a accéléré les travaux d’adduction mais beaucoup de ménagères doivent encore faire la corvée d’eau et l’utilisent avec parcimonie tant pour le ménage que pour le lavage. Sur ces questions, voir J.-P. Goubert, La conquête de l’eau (Paris, 1986, R. Laffont).

    175 Selon M. Martin, Femme et société. Le travail ménager (1919-1939) (thèse de 3e cycle, 1977, Université de Paris VII) et « Ménagère, une profession ? », Le mouvement social, juillet-septembre 1987 ; M. Martin y étudie tout particulièrement le mouvement en faveur du ménage taylorisé et mécanisé. Voir aussi F. Wemer, op. cit. Les ménages bourgeois ont même financièrement intérêt à conserver une main d’œuvre ancillaire plutôt qu’à la remplacer par des esclaves électriques.

    176 Y. Stourdzé, « Autopsie d’une machine à laver. La société française face à l’innovation grand public », Le débat, décembre 1981. Dans ce remarquable article, l’auteur souligne également les causes et les conséquences économiques qu’engendre le refus d’une consommation de masse bon marché. Les fondeurs et les ingénieurs ont imposé une machine lourde, à la fois pour trouver un débouché et produire un objet sérieux, car supposé solide ; elle est donc scellée et apparaît comme un objet mobilier et non de consommation. Ces a priori expliquent la faiblesse de l’électronique grand public mais aussi, en raison du rejet des automatismes, le retard des systèmes de relais, lacunes qui ont lourdement grevé la balance commerciale à partir de 1960.

    177 M.-P. Weyd, Journal d’une assistante rurale, op. cit., p. 122.

    178 Voir chapitre II sur Mme Gacon Dufour, Manuel complet de la maîtresse de maison et de la parfaite ménagère, Paris, 1826, Roret.

    179 A. Martin-Fugier, La place des bonnes. La domesticité féminine à Paris en 1900, Paris, 1979, Grasset, cite trois emplois du temps extraits d’un manuscrit rédigé en 1914 par la femme d’un petit industriel, Mme Davoine, et de deux manuels, Le manuel des bons domestiques (1896) et Les gens de maison par A. Moll-Weiss (1927).

    180 Voir M. Martin, op. cit., et L.L. Clark, Schooling the Daughters of Marianne. Textbooks and the Socialisation of Girls in Modem french Primary Schools, Albany, 1984, State University of New York Press, qui donne la liste des manuels.

    181 L’histoire médicale du xixe siècle a beaucoup progressé avec les travaux de J. Léonard, Les médecins de l’Ouest au xixe siècle, Lille, 1978, H. Champion ; La France médicale au xixe siècle, Paris, 1978, coll. Archives ; Archives du corps. La santé au xixe siècle, 1986, Ouest-France. Voir également La médicalisation en France du xviiie siècle au début du xxe siècle, n° spécial des Annales de Bretagne, 1979, n° 3 ; Colloque sur l’histoire de la sécurité sociale, Paris, 1984, Association pour l’étude de la sécurité sociale. On peut comparer avec l’étude faite sur la Suisse, assez décevante cependant, de G. Heller, « Propre en ordre ». Habitation et vie domestique, 1850-1940 : l’exemple vaudois, Lausanne, 1979, éd. d’En bas.

    182 Dr Dumont, op. cit. Il recommande même une aération permanente par des vitres percées de trous.

    183 Les populations du Puy-de-Dôme, op. cit., p. 242

    184 H. Provensal, L’habitation salubre à bon marché, Paris, 1908, C. Schmidt. Pour la fondation Rothschild, voir R.H. Guerrand, Histoire de la vie privée, op. cit., t. 4.

    185 A. Corbin, Le miasme et la jonquille, Paris, 1982, Aubier.

    186 Dr Schatzmann, Conditions hygiéniques nécessaires dans l’habitation des enfants, Paris, 1911, Vigot frères.

    187 E. Guillot, La maison salubre, Paris, 1914, Dunod et E. Pinat.

    188 Dr Schatzmann, op. cit., p. 130.

    189 E. Guillot critique « le déplacement imposé à la poussière par la plume ou le chiffon », op. cit., p. 410.

    190 Dr Schatzmann, op. cit., p. 39-40.

    191 Dr Dumont, op. cit., p. 112. D’où de longs développement chez E. Guillot sur les mérites comparés des papiers vernissés, du lincrusta ou de la métoxine (soie artificielle).

    192 H. Provensal et Schatzmann exigent l’installation de trémies à ordures et E. Guillot d’une boîte à ordures close sous l’évier. Ce dernier invente même un garde-manger hygiénique muni d’une ventilation haute et basse et d’un filtre épurateur.

    193 Comme le montre J. Léonard, Les médecins de l’Ouest, op. cit.

    194 Entre autres, celui de Seine-et-Oise qui paraît très exigeant au travers des dossiers de déchéance parentale exceptionnellement nombreux et bien conservés pour ce département.

    195 Dossier familial n° 955, 1938, A.D., Seine-et-Oise, 1161 W.

    196 Voir B. Ehrenreich, D. English, « La science, le travail et la ménagère. L’“organisation scientifiqueˮ du travail domestique dans l’Amérique des années 1900 », L’haleine des faubourgs, Recherches, décembre 1977. Ce mouvement est codifié dans le livre de C. Frederick, Efficiency Studies in Home Management (1913), traduit en 1920 sous le titre : Le taylorisme chez soi. Pour la diffusion, voir M. Martin, op. cit. Henri Le Châtelier, traducteur de Taylor, a fait connaître le mouvement en France. Pauline Bemège le popularise par son Institut d’organisation ménagère, qui compte de nombreux professeurs d’enseignement ménager, ainsi que par un journal. Les salons ménagers participent à la croisade : dès 1928, ils présentent des cuisines aménagées en fonction du taylorisme domestique.

    197 Comme en témoignent les menus cités par E Wemer, op. cit. :
     – œufs farcis aux champignons, dorade au four, escalope de veau, purée de chicorée, pudding aux pommes (Modes et travaux, 15 novembre 1919)
     – ou ce dîner de vacances « vite fait » : potage à l’oseille, pains russes, bitokes de bœuf haché à la hongroise, salade, balancé au chocolat (La Mode illustrée, 14 août 1927).

    198 A. Moll-Weiss, La vie domestique d’après guerre, Paris, 1921, Rousseau.

    199 H. Viollet, « De l’excellence des occupations ménagères et de la dignité du raccommodage », La Revue familiale, déc. 1926 et janvier 1927, Archives de l’Assistance Publique, Fonds Fosseyeux, liasse 586, « Œuvre Grancher ».

    200 Voir M. Martin, op. cit.

    201 Témoignage d’Hélène, élevée dans le Nord par un grand-père ferblantier, cité par C. Rhein, Jeunes femmes au travail, op. cit., p. 70.

    202 T. Leleu, La vie quotidienne à Armentières, op. cit. Tous les jours, la ménagère range, allume le feu, fait le petit déjeuner et les courses, confectionne le repas et le goûter, prépare le dîner, fait la vaisselle, éteint le feu. Le lundi, elle nettoie les vêtements du dimanche ; le mardi, elle fait la lessive ; le mercredi, elle repasse ; le jeudi, elle fait le marché ; le vendredi, elle fait le grand nettoyage ; le samedi, on fait sa toilette. A Pâques et avant la Ducasse, les femmes font un grand nettoyage.

    203 Lettre au Procureur : 2 février 1938, A.D., Pas-de-Calais, 3U5 XVII.

    204 Enquête S.D.N., t. 2, p. 189.

    205 F. Chapiseau, Le Folklore de la Beauce et du Perche, Paris, 1902, Maisonneuve, p. 34. Et ce, quoique le sol ne soit pas toujours carrelé. L’enquête de la S.D.N. confirme cet état de chose à la veille de la Seconde Guerre mondiale, surtout dans l’Aisne, la Meuse, l’Oise, la Seine-et-Oise, la Seine-et-Mame, la Somme.

    206 R. de Felice, La Basse-Normandie, étude de géographie régionale, Paris, 1907, Hachette, p. 414.

    207 L. Jouve dans La Lorraine illustrée, Paris, 1886, Berger-Levrault, p. 272.

    208 L. Gaillard, op. cit. et Foville, t. 2, p. 212-213. L’enquête de la S.D.N., près d’un demi siècle plus tard, souligne le fait pour les Alpes-Maritimes, l’Hérault et les Pyrénées-Orientales (montagnes exclues).

    209 R. de Felice, La Basse-Normandie, étude de géographie régionale, op. cit., p. 416.

    210 Chez les paludiers de Guérande, « l’intérieur de la maison, bien meublé, est tenu avec une propreté hollandaise, propreté que l’on remarque sur leurs vêtements » (J. Mahé de la Bourdonnais, op. cit., p. 110-111). En Vendée, de même, les maisons sont « tenues très proprement » (Foville, t. 2, p. 310).

    211 C. Géniaux, op. cit., p. 76 et H. Roger, Le Finistère, op. cit., p. 24.

    212 Enquête S.D.N., t. 2, p. 110.

    213 Enquête S.D.N., t. 2.

    214 Enquête S.D.N., t. 2, p. 373.

    215 Enquête S.D.N., t. 2, p. 257.

    216 Enquête S.D.N., t. 2, p. 316.

    217 Dr Francus, Voyage... à travers l’Ardèche et la Haute-Loire, op. cit., t. 2, p. 50.

    218 J. Levainville, op. cit., p. 226 et Les populations du Puy-de-Dôme, op. cit., p. 237.

    219 E. Claverie et P. Lamaison, L’impossible mariage, op. cit., p. 36.

    220 Foville, t. 1, p. 173.

    221 Dr Bogros, op. cit., p. 101.

    222 Les populations du Puy-de-Dôme, p. 286.

    223 Selon l’enquête S.D.N., ils sont notables, en revanche, en Ariège où « la propreté des habitations est en général satisfaisante » (t. 2, p. 175).

    224 36 cas font une description précise : 3 de 1900 à 1915, 2 de 1915 à 1929, et 31 à partir de 1930.

    225 Voir J.-P. Goubert, op. cit.

    226 L’épouse, impotente, ne peut assumer aucune tâche ménagère et le mari a laissé les ordures s’entasser dans le logement. Procès-verbal de police de Tarare : 12 septembre 1934, A.D., Rhône, 3U corr. d. 200.

    227 Procès-verbaux du juge d’instruction de Cambrai : 8 décembre et 20 novembre 1937, A.D., Nord, 4 U2 428.

    228 Sur 8 cas, 7 concernent des familles de journaliers.

    229 Sur 27 cas, on compte 8 ménages où le mari est manœuvre et 6 où il est chômeur.

    230 Pétition de juin 1933, A.D., Finistère, 16 U6 190.

    231 M. Foucault, Histoire de la sexualité, t. 1 : La volonté de savoir, Paris, 1976, N.R.F., et I. Joseph, P. Fritsch, « Disciplines à domicile, l’édification des familles », Recherches, novembre 1977. Voir pour une mise au point sur l’application du biopolitique, A.-M. Sohn, « Histoire de la famille, histoire de la sexualité sous la IIIe République », communication à la société d’histoire moderne, Bulletin de la société d’histoire moderne, 1984, n° 2.

    232 C. Lhotte, Ma mère Riquet (1928), citée dans Nous les assistantes sociales. op. cit., p. 126-127.

    233 Foville, t. 1, p. 118.

    234 Enquête S.D.N., t. 2, p. 417.

    235 Léonard, « Femme, religion et médecine. Les religieuses soignantes en France au xixe siècle », Annales (E.S.C.), septembre-octobre 1977.

    236 C’est la théorie de T. McBride, The domestic Révolution. The Modernisation of Household Service in England and France (1820-1920), London, 1976, Croom Helm.

    237 En 1932, une tournée a été faite dans le Lot, le Tarn, la Haute-Garonne, l’Hérault, pour démontrer le bon usage de l’eau saine. En 1936, une campagne a été menée dans huit départements sur l’hygiène, l’agriculture. Voir Enquête S.D.N., t. 1.

    238 Nous les assistantes sociales, op. cit., p. 164.

    239 Rappelons que l’expression « travaux ménagers » n’apparaît que dans la première moitié du xixe siècle et que la diffusion du mot « ménagère » lui est postérieure (selon M. Martin : Femme et société, op. cit.). Les bourgeoises préfèrent souvent se désigner comme rentières.

    240 Renseignements de police de Cannes : 6 juillet 1912, A.D., Alpes-Maritimes, 14136.

    241 Procès-verbal du juge d’instruction de Prades : 8 novembre 1919, A.D., Pyrénées-Orientales, U 1662.

    242 Procès-verbal du juge d’instruction de Troyes : 8 avril 1876, A.D., Aube, 5U 280.

    243 Lettre du 15 septembre 1874, A.D. Loire, Assises, 4e trimestre 1874.

    244 Procès-verbal de police d’Argenteuil : 26 mars 1938, A.D., Seine-et-Oise, 1161 W.

    245 Procès-verbal du juge d’instruction de Perpignan : 25 janvier 1910, A.D., Pyrénées-Orientales, U 3204.

    246 Lettre du 19 décembre 1895, A.D., Seine-Inférieure, U 1110.

    247 Ouvriers des deux mondes, 3e série, t. 1. L’événement est daté de 1877.

    248 Procès-verbal de gendarmerie du Houlme : 18 août 1903, A.D., Seine-Inférieure, U 1028.

    249 P.J. Hélias, Le cheval d’orgueil, op. cit.

    250 Procès-verbal de gendarmerie de Salbris : 16 avril 1934, A.D., Loir-et-Cher, 2U 175.

    251 Sur la survivance du devoir ménager, voir une enquête menée en 1978 dans la région parisienne, à Nancy et Marseille, à l’aide de 337 entretiens par J. Froger, J. Peyraud, « Le couple et la répartition des tâches domestiques ou l’utopie égalitaire », Femmes, féminisme, recherches, Toulouse, 1984, Université de Toulouse-Le Mirail.

    252 Procès-verbal de police de Saint-Etienne : 30 septembre 1930, A.D., Loire, U 2039. La seconde sous la plume d’un magistrat dans un acte d’accusation, daté de 1920 (A.D., Pyrénées-Orientales, U 3180).

    253 Voir chapitre I. On compte 21,2 % seulement d’agricultrices alors que 42,4 % des femmes sont des villageoises et 41,4 % sont filles de paysans. Voir sous la direction de J. Dupâquier et D. Kessler, La société française au xixe siècle, Paris, 1992, Fayard. Cette enquête aboutit à des conclusions voisines : 60,42 % des femmes de cultivateurs se disent ménagères. Seule différence, si l’Ouest apparaît comme une des régions où cette habitude est bien ancrée (avec 22,89 % des dénominations pour les filles), si le Midi et le Sud-Ouest sont assez bien représentés, la région Rhône-Alpes occupe dans leur échantillon une place de premier plan (avec 41,66 % des dénominations) que je n’ai pas retrouvée dans la série U.

    254 Les commerçantes tiennent un étal de marché, un débit de boissons, une échoppe de brocante. Les ouvrières sont couturières et gantières. On compte une seule ouvrière d’usine.

    255 Bulletin de renseignements du tribunal d’Aubusson, 1913, A.D., Creuse, ZE/U2 /684.

    256 Voir chapitre II et M. Perrot, « L’éloge de la ménagère dans le discours des ouvriers français au xixe siècle », Romantisme, 1976, n° 13-14.

    257 Cette dernière dénomination est bourgeoise et administrative. Je l’ai rencontrée, pour la première fois, en 1872, en Seine-Inférieure dans un acte d’accusation où le magistrat désigne comme « sans profession particulière » une femme que les gendarmes définissent toujours comme une ménagère (Acte d’accusation : 1er mai 1872, A.D., Seine-Inférieure, U 2302). Elle ne s’impose, toutefois, dans les actes officiels qu’à partir des années 1930.

    258 Voir B. Smith, Ladies of the Leisure Class. The bourgeoise of Northern France in the XIX Century, Princeton, 1981, Princeton University Press. C’est un des points les plus intéressants de cet ouvrage qui cède trop, par ailleurs, aux digressions sur une féminité reconstruite et psychanalytique.

    259 Une enquête, réalisée dans les écoles primaires du Nord en 1899 pour connaître les goûts des élèves, confirme ces convictions et montre qu’ils sont très voisins pour les deux sexes et que les filles rejettent comme inintéressantes les matières liées à la vie domestique. 4 % seulement des filles s’intéressent à l’enseignement ménager. Cité par L. Clark, Schooling the Daughters of Marianne, op. cit.

    260 Procès-verbal de gendarmerie de Busigny : 10 juin 1936, A.D., Nord, 3 U2 428. Le second, un bonnetier de Joigny (Yonne), explique que sa femme, une couturière l’a quitté « sous prétexte que je lui refusais d’aller travailler en journées. Je considérais qu’il était peu convenable que ma femme allât en journée alors que sa présence à la maison était nécessaire pour faciliter mon métier » mais sa motivation est surtout professionnelle (Procès-verbal du juge d’instruction de Joigny : 2 février 1926, A.D., Yonne, 3U3 104).

    261 Procès-verbal du juge d’instruction de Clermont : 12 février 1874, A.D., Puy-de-Dôme, U 010820.

    262 Procès-verbal du juge d’instruction de Lyon : 22 juin 1906, A.D., Rhône, Assises, session du 1er décembre 1906.

    263 Les grands-mères ont la parole, op. cit., p. 59.

    264 A. Fourcaut, Femmes à l’usine dans l’entre-deux-guerres, Paris, 1982, Maspero, p. 239.

    265 Le second texte concerne les usines Gillet à Lyon, en 1928 où selon l’élève surintendante, aucune ouvrière « n’admet qu’une femme mariée ayant des enfants soit obligée de travailler ; sa place est à la maison pour tenir son intérieur et élever ses enfants. Le salaire du mari doit être suffisant pour élever la famille » (A. Fourcaut, op. cit., p. 72).

    266 A. Fourcaut, op. cit., p. 68-69. Une jeune imprimeuse bordelaise hésite : « il est bien entendu qu’elle restera chez elle après son mariage mais cela lui a donné à réfléchir. “ Que fera-t-elle toute la journée à la maison ? ” » (op. cit., p. 119).

    267 Rapport de la caisse familiale du textile de Lille. Service d’hygiène, février 1923, A.N., F22 444.

    268 J.-P. Burdy, M. Dubesset, M. Zancarini-Fournel, « Rôles, travaux, et métiers de femmes dans une ville industrielle : Saint-Etienne (1900-1950) », Le mouvement social, juillet-septembre 1989 ainsi que M. Dubesset et M. Zancarini-Fournel, Parcours de femmes, Réalités et représentations Saint-Etienne (1880-1950), Lyon, 1993, P.U.L.

    269 Les maréchaux-ferrants, les menuisiers, etc.

    270 Entre un tiers et la moitié des mineurs et métallurgistes ont des épouses sans profession.

    271 L. Tilly, « Structure de l’emploi. Travail des femme et changement démographique dans deux villes industrielles : Anzin et Roubaix, 1872-1906 », Le mouvement social, octobre-décembre 1978. Voir chapitre IV sur le travail des mères.

    272 Alain Cottereau a montré que les femmes gèrent mieux que les hommes, sur le long terme, l’usure au travail. Si les travaux exercés par les jeunes filles, par exemple dans les moulinages, sont plus éprouvants que les travaux masculins, d’où une surmortalité des femmes au travail avant trente ans, la maternité leur permet d’y échapper en arrêtant ce type de travail alors que les hommes n’ont pas cette possibilité, d’où la surmortalité des ouvriers après trente ans. Le patronat en est bien conscient qui compte sur cette alternance entre travail et foyer pour surexploiter la force de travail des jeunes filles. Voir « Usure au travail. Destins masculins et destins féminins dans les cultures ouvrières en France au xixe siècle », Le mouvement social, juillet-septembre 1983. Sur l’Angleterre, voir A.-M. Sohn, « Entre-deux-guerres. Les rôles féminins en France et en Angleterre », Histoire des femmes. Le xxe siècle, Paris-Bari, Laterza-Plon, 1992. 10 % seulement des ouvrières anglaises sont mariées dans l’entre-deux-guerres.

    273 Voir pour les chiffres, F. Thébaud, Donner la vie. Histoire de la maternité en France dans l’entre-deux-guerres, thèse de 3e cycle, 1982, Université de Paris-VII et M. Martin, op. cit., ainsi que S. Zemer, « De la couture aux presses : l’emploi féminin entre les deux guerres », Le mouvement social, n° spécial, Métiers de femmes, juillet-septembre 1987.

    274 Voir M. Berlan, « Mode d’organisation du travail familial et gestion des aléas : le rôle spécifique de la main d’œuvre familiale féminine dans la région Provence-Côte d’Azur », colloque de Toulouse, Femmes, féminisme, recherches, Toulouse, 1984, Université de Toulouse-Le Mirail.

    275 80 jours par an seulement pour une épouse et mère de valets d’Avesnes selon A. Joppé, Condition de salaire et de travail des ouvriers agricoles, op. cit.

    276 Aussi, le privilège des daounes du Sud-Ouest réside-t-il autant, à mon avis, dans la possibilité d’éviter des travaux fatigants que dans le contrôle de la louche et des clés, symboles de leur pouvoir domestique.

    277 Voir l’exemple du pays d’Auge analysé par M. Segalen, Mari et femme dans la société paysanne, Paris, 1980, Flammarion, et l’Eure-et-Loir dans l’enquête S.D.N., t. 2.

    278 Les populations du Puy-de-Dôme, op. cit., p. 179.

    279 M. Le Châtelier, Huez autrefois, Grenoble, 1980, imprimerie Guirinand.

    280 Sauf en pays basque où l’usage l’interdit aux femmes. Voir l’enquête réalisée dans les années 1880 sur Saint-Etienne de Baïgorry (Pyrénées-Atlantiques) par Mme d’Abbadie d’Arrast, Causeries sur le pays basque. La femme et l’enfant, Paris, 1909, A.R. de Rudeval. Après la Guerre, les hommes mettent la main à la pâte en Artois par exemple (M.-C. Allard, « Les femmes dans trois villages de l’Artois : travail et vécu quotidien », op. cit.).

    281 F. Zonabend, La mémoire longue, op. cit. et Abbé J. Bouët, Nos villages hier et aujourd’hui, Paris, 1928, Librairie Bloud et Gay, p. 22.

    282 P. Descamps, « Etude sur la famille instable en Champagne », La science sociale, 1913.

    283 P. Carru, En Bresse aujourd’hui. Souvenirs d’un paysan en Revermont, Bourg-en-Bresse, 1924, Syndicat d’initiative et de tourisme, p. 13. Cette paysanne normande note également que, dans l’entre-deux-guerres, « dans une petite ferme comme la nôtre, le mari et la femme travaillent pareil » (C. Germain et C. de Panafieu, op. cit., p. 126).

    284 Dans 10 dossiers judiciaires, cette démesure suscite même une vive réaction de l’opinion.

    285 Procès-verbal du juge d’instruction de Saint-Céret : 8 décembre 1938, A.D., Pyrénées-Orientales, U 3756.

    286 Procès-verbal du juge d’instruction de Périgueux : 26 juillet 1937, A.D., Dordogne, 2U 243.

    287 1937, A.D., Sarthe, 1U 205.

    288 Procès-verbal de gendarmerie d’Ondres : 2 septembre 1926, A.D., Loir-et-Cher, 2U 316..

    289 Jugement du tribunal de Grenoble : 15 novembre 1928, A.D., Isère, 4U 829.

    290 Lettre du 4 avril 1933, A.D., Marne, 9U 209.

    291 Les populations du Puy-de-Dôme, op. cit., p. 110.

    292 Foville, op. cit., t. 2,p. 214.

    293 Enquête S.D.N., t. 2, p. 369.

    294 Les grands mères ont la parole, op. cit., p. 41.

    295 C. Amiel, G. Charuty, C. Fabre-Vaissas, Jours de vigne. Les femmes dans les pays viticoles racontent le travail, Villelongue d’Aude, 1981, Atelier du Gué, p. 134

    296 Les gendarmes, quant à eux, semblent privilégier la fonction productive : « il est difficile de connaître lequel a le plus de tort (...) [mais] elle n’aime guère travailler ». Procès-verbaux de gendarmerie de Marines : 7 et 12 mai 1879, A.D., Seine-et-Oise, tribunal correctionnel de Pontoise, mai 1880.

    297 Procès-verbal du juge d’instruction de Clermont-Ferrand : 17 avril 1871, A.D., Puy-de-Dôme, U 010809.

    298 Procès-verbal du juge d’instruction du Havre : 23 mars 1929, A.D., Seine-Inférieure, U 979. Voir aussi une journalière agricole de l’Oise qui « était astreinte à travailler journellement » avec son mari qui « ne lui laissait pas le temps de laver son linge » (Procès-verbal de gendarmerie d’Auteuil : 19 février 1931, A.D., Oise, Assises, 2e trimestre 1931, liasse n° 2).

    299 Procès-verbal du juge de paix de Laragne : 19 février 1926 et procès-verbal de police de Grenoble : 3 juillet 1926, A.D., Hautes-Alpes, 1U 26.

    300 Procès-verbal du juge d’instruction d’Auxerre : 27 juin 1906, A.D., Yonne, 2U 250.

    301 Mme d’Abbadie d’Arrast, op. cit.

    302 M.-C. Allait, op. cit.

    303 F. Zonabend, op. cit.

    304 E. Dejonghe et J.-P. Thuillier, « Vivre à Gravelines : espaces, pouvoirs, société (1880-1890) », Revue du Nord, avril-juin 1882.

    305 Les salaires journaliers ne dépassent pas 2,60 francs pour les hommes et 1,80 francs pour les femmes. Voir Louise Tilly, « Structures de l’emploi... », op. cit.

    306 T. Leleu, Les femmes à Armentières, op. cit.

    307 Barberet, Le travail en France. Monographies professionnelles, Paris, 1886- 1890, Berger-Levrault, t. 2, p. 399.

    308 M. Capy, « L’usine de la Lampe Osram. Ce que j’ai vu », La Bataille Syndicaliste, 3 octobre 1913, cité dans M. Capy, A. Valette, Femmes et travail au dix-neuvième siècle, Paris, 1984, Syros. En 1934, une enquête de l’Union féminine civique et sociale, portant sur 35 femmes, conclut également que les deux-tiers travaillent par nécessité : pour la moitié, les gains du mari sont insuffisants cependant que deux d’entre elles travaillent, car leur mari les a abandonnées et deux autres, car il ne leur donne pas d’argent (Le travail industriel de la mère et le foyer ouvrier, Paris, 1934, U.F.C.S.). « Alors je travaillais mais ce n’était pas le plaisir (...) c’était un apport au budget du ménage », confirme la femme d’un manœuvre bordelais (C. Germain et C. de Panafieu, op. cit., p. 18).

    309 Procès-verbal de police de Paris (XXe) : 10 avril 1891, A.D., Seine, D2 U8 272.

    310 Foville, t. 1 p. 124.

    311 Rapport médical : 7 août 1911, A.D., Seine, D2 U6 173.

    312 « Rapport » du mari au juge d’instruction : février 1874, A.D., Seine-et-Oise, 0489.

    313 Procès-verbal de police de Clermont-Ferrand : 20 août 1883, A.D., Puy-de-Dôme, U 02332.

    314 Il s’agit de la fabrique de glace de Cirey-sur-Vezouze (Meurthe-et-Moselle). Voir A. Fourcaut, op. cit., p. 116.

    315 C. Rhein, La vie dure qu’on a eue, op. cit., p. 104.

    316 A. Fourcaut, op. cit., p. 103.

    317 Il s’agit, ici, encore des ouvrières de la glacerie de Cirey-sur-Vezouze, mais la remarque vaut pour toutes les salariées. A. Fourcaut, op. cit., p. 117.

    318 Rapport de police : 10 avril 1891, A.D., Seine, D2 U8 272.

    319 A. Fourcaut, op. cit., p. 103.

    320 C. Rhein, op. cit., p. 98.

    321 Le travail industriel de la mère et le foyer ouvrier, op. cit., p. 252.

    322 A. Fourcaut, op. cit., p. 46.

    323 Procès-verbal de police de Saint-Dié : 24 janvier 1913, A.D., Meurthe-et-Moselle, 2U 643.

    324 Procès-verbal du juge d’instruction de Grenoble : 21 décembre 1876, A.D., Isère, 4U 500.

    325 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 4.

    326 A. Fourcaut, op. cit., p. 103.

    327 J. Stœtzel, « Une étude du budget-temps de la femme dans les agglomérations urbaines », Population, janvier-mars 1948.

    328 Lettre au juge de la Seine : s. d., 1882, A.D., Seine, D2 151.

    329 Procès-verbal du juge d’instruction de Guéret : 1er septembre 1884, A.D., Creuse, ZE/U/9191.

    330 C. Germain et C. de Panafieu, op. cit., p. 191.

    331 A. Fourcaut, op. cit., p. 103.

    332 L. Bemod et R. Blanchard, Nouville, op. cit., p. 206.

    333 Près d’une épouse rebelle sur deux est issue de milieux ouvriers. Pour le reste, agricultrices et femmes relevant des activités tertiaires sont à égalité.

    334 Lettre du mari au Procureur : 22 février 1922, A.D., Oise, tribunal correctionnel de Beauvais, 1er et 2e trimestres 1922.

    335 Procès-verbal du juge d’instruction d’Argentan : 13 juin 1922, A.D., Orne, Assises, 1922.

    336 Le mari est maître d’hôtel sur un paquebot. Procès-verbal de gendarmerie de Toulon : 27 février 1930, A.D., Var, 4U4 359.

    337 Procès-verbal du juge d’instruction du Vigan : 3 octobre 1905, A.D., Gard, 5U2 303.

    338 La jeune fille, orpheline de mère, a été élevée par son oncle et son grand-père. Lettre de l’oncle au père : 19 octobre 1873, A.D., Drôme, 21U 189.

    339 Procès-verbal de police de Saint-Denis-Nord : 4 août 1909, A.D., Seine-et-Oise, Assises, 1910.

    340 Procès-verbal de gendarmerie d’Ambrières : 29 octobre 1939, A.D., Mayenne, tribunal correctionnel de Mayenne, 1939.

    341 Procès-verbal de gendarmerie de Vireux : 22 novembre 1910, A.D., Ardennes, 6U35 25.

    342 Procès-verbal du juge d’instruction de Perpignan : 6 janvier 1938, A.D., Pyrénées-Orientales, U 3754.

    343 J’ai ajouté les refus généraux et les refus opposés aux demandes des maris.

    344 Procès-verbal de gendarmerie de Muzillac : 13 mars 1870, A.D., Morbihan, U 1558.

    345 Lette au procureur de Louviers, s. d., 1882, A.D., Eure, tribunal correctionnel de Louviers.

    346 Jugement du tribunal de Saumur : 3 septembre 1927, A.D., Sarthe, 1U 2017.

    347 Il s’agit d’un des rares exemples d’homosexualité féminine retrouvé dans les archives. A.D., Seine-et-Oise, Assises, mars 1920.

    348 Réquisitoire du juge du tribunal civil de Nîmes : 13 juin 1920, A.D., Gard, 6U14 385.

    349 Jugement du tribunal de Châteauroux : 14 novembre 1930, A.D., Indre, tribunal correctionnel de Châteauroux, août-octobre 1931.

    350 Procès-verbal de gendarmerie de Mortrée : 4 juillet 1928, A.D., Orne, Assises, 1929.

    351 Procès-verbal du juge d’instruction de Domène : 10 avril 1895, A.D., Isère, 4U 680.

    352 Procès-verbal du juge de paix de Blamont : 1er octobre 1870, A.D., Doubs, U 3881.

    353 Ces cas sont connus, pour un cinquième, par des litiges familiaux (6 % par des divorces, 8 % par des adultères sans compter 6 % par un avortement), pour plus d’un cinquième, par des violences sur l’un des deux époux (coups dans 8 % des cas et meurtres pour 13,5 %), pour un quart par les déchéances parentales, enfin par des affaires très diverses.

    354 31 % des mauvaises ménagères sont ouvrières, domestiques et journalières mais 56,4 % ont des époux ouvriers ou journaliers agricoles. 14,5 % seulement sont des paysannes. Si l’on prend la profession de la femme, 10 % des mauvaises ménagères appartiennent à la bourgeoisie, même très petite, mais ce chiffre s’élève à 26 % si l’on prend en compte la profession du mari.

    355 52,2 % restent au foyer.

    356 Procès-verbal du juge d’instruction de la Seine : 11 août 1882, A.D., Seine, D2 U8 136.

    357 Jugement du tribunal civil de Nîmes : 12 juin 1929, A.D., Gard, 7U4 5.

    358 Jugement du tribunal civil de Grenoble : 10 février 1929, A.D., Isère, 2U 791.

    359 Procès-verbal du juge de paix de Vertaizon : 20 mars 1883, A.D., Puy-de-Dôme, U 02332.

    360 Les populations du Puy-de-Dôme, op. cit., p. 185.

    361 G.M. Coissac, Mon Limousin, op. cit., p. 178.

    362 P.M. Weyd, Journal d’une assistante rurale, op. cit., p. 99

    363 Ouvriers des deux mondes, 1893, 2e série, t. 5.

    364 Ouvriers des deux mondes, 1895, 2e série, t. 5.

    365 A. Fourcaut, op. cit., p. 103.

    366 Le travail industriel de la mère, op. cit., p. 252.

    367 Procès-verbal du juge d’instruction de Strasbourg : 12 janvier 1927, A.D., Bas-Rhin, AL 112. Ou l’épouse d’un agent militaire versaillais « ne sachant arranger elle même sa cuisine » (Procès-verbal de police de Versailles : 17 juin 1935, A.D., Seine-et-Oise, 1161 W).

    368 Nombre d’enfants des épouses et des mauvaises ménagères (en %)
    Nombre d’enfants
    mauvaises ménagères
    ensemble des ménagères
    0
    15,6
    22,3
    1
    20,4
    25,4
    2
    16,7
    20,8
    3
    14
    14,2
    4
    11,3
    7
    5
    11,3
    3,8
    Nombre d’enfants
    ensemble des ménagères
    mauvaises ménagères
    6
    2,6
    4,3
    7
    2,2
    1,3
    8
    2,7
    0,8
    9
    0,4
    0,5
    0,4
    0,5
    10 et plus
    nombre inconnu
    0,5
    1,2

    369 Ce sont souvent des mères célibataires qui ont trouvé un mari. Les maris ont rarement un enfant illégitime (6 %).

    370 Procès-verbal du juge d’instruction de Quimper : 24 août 1925, A.D., Finistère, 16U671.

    371 Procès-verbal de police de Châlons : 5 septembre 1930, A.D., Marne, 8U 217.

    372 Procès-verbal de police d’Oullins : 22 novembre 1937, A.D., Rhône, 3U 1204.

    373 Procès-verbal de gendarmerie de Busigny : 12 novembre 1936 et procès-verbal du juge d’instruction de Cambrai : 16 novembre 1936, A.D., Nord, 3U2 428.

    374 Réquisitoire : août 1939, A.D., Nord, 3U2 428.

    375 Procès-verbal de gendarmerie de Poissy : 19 novembre 1935, A.D., Seine-et-Oise, 1161 W.

    376 Enquête sociale, 1939, A.D., Seine-et-Oise, 1161 W. Chargé d’une expertise médico-sociale, un médecin utilise les mêmes arguments : « le logement est un taudis, (...) le niveau économique nettement insuffisant : 5,70 francs par jour et par personne (...) mais mal utilisés » ; certes, le mari est chômeur et la femme sans profession, car elle élève sept enfants, mais « ce qui domine chez elle, c’est la paresse, la malpropreté, l’incapacité d’efforts la rendant indocile aux conseils donnés » (Examen médico-psychologique par le directeur de l’Office d’hygiène sociale, 1939, A.D., Seine-et-Oise, 1161 W).

    377 Causerie à Radio-Paris, 27 septembre 1937, citée par R.H. Guerrand, « Henri Sellier et le service social », Henri Sellier et les cités-jardins (1900-1940), op. cit., p. 121.

    378 Ces pressions transparaissent, pour moitié, dans des affaires de divorces et d’adultères, pour moitié dans des affaires de coups et meurtres de conjoints, et surtout de conjointes (32 meurtres de la femme contre 4 meurtres du mari). La distorsion chronologique est plus faible que pour les ménagères avec, pour les trois tranches choisies, 21, 18 et 26 cas.

    379 On compte 12 paysannes, 27 ouvrières et 26 épouses appartenant à la bourgeoisie dont 23 sont des femmes au foyer.

    380 Procès-verbal du juge d’instruction de Nîmes : 19 octobre 1876, A.D., Gard, 6U10 211.

    381 Lettre, s. d., 1925, A.D., Bouches-du-Rhône, 208 U 22 /137.

    382 Procès-verbal de contre-enquête : 28 janvier 1882, A.D., Drôme, 15U 51.

    383 Procès-verbal du juge d’instruction de Valence : 21 août 1871, A.D., Drôme, 4U 261.

    384 Procès-verbal du juge d’instruction du Chambon : 4 février 1880, A.D., Creuse, ZE/U/5342.

    385 Procès-verbal du juge d’instruction d’Aurillac : 4 février 1910, A.D., Cantal, 38 U 333.

    386 Mais elle refuse d’obéir et quitte la maison. Procès-verbal de police de Saint-Etienne : 18 juin 1936, A.D., Loire, U 1889.

    387 Jugement du tribunal de Vienne : 5 mai 1927, A.D., Isère, 2U 792.

    388 Procès-verbal du juge d’instruction de Corbeil : 8 novembre 1929, A.D., Seine-et-Oise, Assises, audience du 2 au 7 juin 1930.

    389 Procès-verbal du juge d’instruction de Cambrai : 19 juin 1936, A.D., Nord, 3U2 428.

    390 Acte d’accusation : 8 juin 1882 et procès-verbal du juge d’instruction de Saint-Etienne : 19 mai 1882, A.D., Loire, Assises, 2e trimestre 1882.

    391 Procès-verbal du juge d’instruction d’Ecouen : 18 juillet 1881, A.D., Seine-et-Oise, tribunal de Pontoise, août 1881.

    392 Procès-verbal de police de Besançon : 19 janvier 1911, A.D., Doubs, U 2924.

    393 Procès-verbal de police de Pontarlier : 2 décembre 1920, A.D., Doubs, U 3144. Orthographe originale.

    394 Ainsi pour cet aubergiste dans un village du Cantal dont la femme décrit la scène classique entre son époux et sa fille : « mon mari est venu voir à la maison si la soupe était prête ; comme elle n’était pas encore faite, il s’est mis à crier après ma fille, en lui disant, tu pouvais bien te lever pour la faire ». Il s’agit de la soupe du « petit » déjeuner qui implique, pour être fraîche que la femme se lève à 4 ou 5 heures du matin (Procès-verbal du juge d’instruction d’Aurillac : 29 mai 1886, A.D., Cantal, 38U 284).

    395 Procès-verbal du juge d’instruction de Lyon : 30 juin 1892, A.D., Rhône, Assises, session du 28 novembre 1892.

    396 Avec 5 et 3 mentions.

    397 Procès-verbal du juge d’instruction de Strasbourg : 12 janvier 1927, A.D., Bas-Rhin, Assises, AL 112, 1927.

    398 Procès-verbal du juge d’instruction de la Seine : 16 octobre 1873, A.D., Seine, D2 U8 23.

    399 Procès-verbal de police de Saint-Denis : 6 juillet 1898, A.D., Seine, D2 U8 289.

    400 Lettre au Président des Assises : 1er décembre 1915, A.D., Bouches-du-Rhône, 208 U 20/47. Orthographe originale.

    401 Procès-verbal du juge d’instruction de Dieppe : 11 avril 1872, A.D., Seine-Inférieure, U 2302.

    402 Procès-verbal du juge d’instruction de Cambrai : 19 juin 1936, A.D., Nord, 3U2 428.

    403 Procès-verbal de gendarmerie de Salbris : 16 avril 1934, A.D., Loir-et-Cher, 2U 175.

    404 Procès-verbal de gendarmerie de Sablé : 25 juin 1939, A.D., Sarthe, 18W 99.

    405 Lettre adressée au Procureur de Versailles par le commissaire de Poissy : 22 janvier 1939, A.D., Seine-et-Oise, 1161 W.

    406 Il faut laver les revêtements muraux en carrelage une fois par mois, les murs et le plafond une fois par semaine, le seuil, le trottoir et les W.C. tous les jours. Voir G. Noiriel, « Du “patronage11 au “paternalisme11 », op. cit.

    407 Rapport de l’assistante de P.M.I. : 21 décembre 1938 et dossier de l’Office d’hygiène sociale : 7 janvier 1939, A.D., Seine-et-Oise, 1161 W.

    408 Enquête de l’Office d’hygiène sociale : 7 mai 1938, A.D., Seine-et-Oise, 1161 W.

    409 Dossier familial, 1939, A.D., Seine-et-Oise, 1161 W.

    410 Voir C. Dauphin et P. Pèzerat, « Les consommations populaires dans la seconde moitié du xixe siècle à travers les monographies de l’école de Le Play », Annales E.S.C., mars-juin 1975.

    411 Ces chiffres incluent le bricolage que je n’ai pas cherché à évaluer dans mon étude. P. Kende évalue la participation masculine à 12 % pour quatre enquêtes échelonnées de 1966 à 1974, soit 1,3 à 1,8 heure par jour, contre 3,9 à 5,5 pour les femmes actives et 8 à 9,2 heures pour les femmes au foyer. K. Walter évalue l’aide masculine aux Etats-Unis entre 14 % et 18 % du travail ménager. Voir Les femmes dans la production marchande, sous la direction d’A. Michel, Paris, 1978, PUF.

    412 Voir F. Zonabend, op. cit. et Y. Verdier, Façons de dire, façons de faire, Paris, 1979, N.R.F.

    413 Dr Perron, Les Francs-Comtois, op. cit., p. 87.

    414 Voir l’enquête réalisée par Andrée Michel en 1966 auprès de 450 familles bordelaises et 150 familles parisiennes : Activité professionnelle de la femme et vie conjugale, Paris, 1974, C.N.R.S. 44 % des maris de femmes actives aident leurs épouses pour les courses, la vaisselle, l’entretien du parquet et les petites réparations contre 19 % pour les femmes au foyer.

    415 Procès-verbal du juge d’instruction d’Yvetot : 7 janvier 1893, A.D., Seine-Inférieure, 2005 U.

    416 1892. La femme est mouleuse de jouets en carton. Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 4.

    417 Procès-verbal de gendarmerie de Rochechouart : 16 avril 1896, A.D., Haute-Vienne, 3U 366.

    418 En 1947, un couple sur quatre bénéficie, en ville, de l’aide matérielle des parents. Voir J. Stœtzel, « Une étude du budget-temps de la femme dans les agglomérations urbaines », Population, janvier-mars 1948.

    419 G.M. Coissac, Mon Limousin, op. cit., p. 184.

    420 Procès-verbal de gendarmerie de Billy-Montagny : 29 juin 1906, Pas-de-Calais, 3U2 133.

    421 Procès-verbal de police de La Muette-Auteuil : 10 septembre 1876, A.D., Seine, D2 U6 39.

    422 Procès-verbal du juge d’instruction de Quimper, avec interprète : 27 août 1913, A.D., Finistère, 16U6 46.

    423 Procès-verbal du juge d’instruction de Troyes : 5 mai 1926, A.D., Aube, versement 152, liasse 17757. Orthographe originale.

    424 Une enquête récente, réalisée en Lozère en milieu rural, montre que les fillettes aident moins leurs parents que leurs frères. Voir M.-J. Chombard de Lauwe, P. Bonnin, M. Mayeur, M. de la Sourdière, Enfant-en-jeu, Paris, 1976, C.N.R.S.

    425 P. Roux : « Monographie d’une commune... », op. cit.

    426 Procès-verbal de police de Limoges : 8 avril 1914, A.D., Haute-Vienne, 3U 771.

    427 Procès-verbal du juge d’instruction de Marseille : 8 juillet 1935 et rapport de l’assistante sociale, A.D., Bouches-du-Rhône, 406 U 362.

    428 P.-J. Hélias, Le cheval d’orgueil, op. cit., p. 397.

    429 On compte trois refus seulement.

    430 A.D., Seine-et-Oise, tribunal correctionnel de Pontoise, mai 1880.

    431 La piqueuse de bottines est mariée à un serrurier-forgeron et travaille à domicile. Ouvriers des deux mondes, 1878, 1re série, t. 5 et A. Fourcautt, op. cit., p. 116.

    432 Voir J. Stoetzel, op. cit.

    433 Acte d’accusation : 28 avril 1876, A.D., Haute-Vienne, 5U 255.

    434 Ouvriers des deux mondes, 1891, 2e série, t. 4.

    435 H. Lamarche, S. Rogers, C. Kamooh, Paysans, femmes et citoyens, Avignon, 1980, Actes-Sud.

    436 Ouvriers des deux mondes, 1893, 2e série, t. 4.

    437 Procès-verbal du juge d’instruction de la Seine : 29 août 1876, A.D., Seine, D2 U8 61.

    438 Procès-verbal du juge d’instruction de Malaucène : 23 août 1918, A.D., Vaucluse, 2U 645.

    439 Procès-verbal du juge d’instruction de Dieppe : 1er février 1929, A.D., Seine-Inférieure, U 982.

    440 Il en est toujours ainsi. Voir A. Michel, « Problématique de la production domestique non marchande », op. cit.

    441 Mémoire sur sa vie, 1926, A.D., Bouches-du-Rhône, 208 U 22/142.

    442 Procès verbal du juge de paix de Salon : 13 mars 1925, A.D., Bouches-du-Rhône, 208 U 22/139.

    443 C. Germain et C. de Panafieu, op. cit., p. 52.

    444 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 4.

    445 Acte d’accusation : 17 octobre 1884, A.D., Creuse, ZE/U/9191.

    446 Communication à l’Académie de médecine, citée par J. Léonard, Archives du corps, op. cit., p. 98.

    447 A. Goursaud, La société rurale traditionnelle en Limousin, Paris, 1976, Maisonneuve et Larose, t. 1, p. 77.

    448 A.D., Landes, 41 U 59.

    449 Cénès, dit La Sinse, La vie provençale. Scènes populaires, Toulon, 1874, Libraire-éditeur Rumède, p. 170. « Tu n’as pas encore fini de remplir cette gourde (...). Ça fait deux heures que tu bavardes en bas (...). Le petit veut têter ».

    450 T. Leleu, La vie quotidienne des femmes à Armentières, op. cit.

    451 Voir L. Gaillard, La vie quotidienne des ouvriers provençaux, op. cit.

    452 Procès-verbal de Préfecture de police de Paris : 25 août 1877, A.D., Seine, D2 U6 44.

    453 Procès-verbal du juge d’instruction d’Auxerre : 23 novembre 1936, A.D., Yonne, 3U1 340.

    454 La vie quotidienne à Saint-Etienne, op. cit., p. 10.

    455 Selon une estimation de l’Electrical Association for Women, faite en Grande-Bretagne en 1934. C. Davidson, A Woman’s Work is never Done. A History of Housework in the British Isles, London, 1986, Chatto and Windus. Je n’ai pas retrouvé de chiffrage équivalent pour la France à la même époque.

    456 Voir M. Segalen, Mari et femme, op. cit. et G. Augustins et R. Bonnain, Les Baronnies des Pyrénées, t. 1, Paris, 1981, E.H.E.S.S.

    457 M. Cabaud et R. Hubscher, 1900, La femme au quotidien, op. cit., voir p. 25.

    458 Ouvriers des deux mondes, 1869-1887, 2e série, t. 2.

    459 Voir, par exemple, p. 29 : 1900, la Française au quotidien, op. cit.

    460 G. L’Hôte, La Tankiotte, Nancy, 1984, Presses universitaires de Nancy. Ainsi pour une écolière, fille d’un métallurgiste de Meurthe-et-Moselle, chargée de ce travail en 1905. A.D., Meurthe-et-Moselle, 6U 243.

    461 Il s’agit d’un mélange de marne et de poussière de charbon. Voir R. Jouglet, Les paysans. Enfance et jeunesse, Paris, 1951, les éditeurs réunis.

    462 Procès-verbal du juge d’instruction de Quimper : 24 avril 1925, A.D., Finistère, 16U6 72.

    463 Ainsi, la bonne domestique charentaise doit « vaquer aux petits travaux du ménage : tirer un seau d’eau, aller chercher le bois dans le bûcher » selon H. Pissot, Nos vignes. Souvenirs et actualités, op. cit., p. 8. Voir aussi le travail d’Yvonne, bonne dès quatorze ans (P. Chabot, Jean et Yvonne, domestiques en 1900, Paris, 1977, Tema).

    464 J.J. Cazaurang, Scènes de la vie rurale en Béarn, Saint-Etienne, 1983, Horwath.

    465 Procès-verbal du juge d’instruction de Lorient, avec interprète : 8 décembre 1870, A.D., Morbihan, U 5265.

    466 J’ai rencontré deux filles d’agriculteurs pour accomplir ce travail banal.

    467 Procès-verbal de gendarmerie d’Iwy : 22 juillet 1936, A.D., Nord, 3U2 428.

    468 1899, Ouvriers des deux mondes, 3e série, t. 1.

    469 Procès-verbal de gendarmerie de Catus : 1er octobre 1916, A.D., Lot, tribunal correctionnel de Cahors, liasse 292. Il faut dix fagots en Berry selon D. Bernard, Paysans du Berry, Roanne, 1982, Horwath.

    470 70 % des ménagères font la cuisine normalement et 25 % négligent cette tâche.

    471 J.C. Toutain évalue la ration à 783 grs pour 1855-1904. Les monographies de Le Play atteignent un chiffre voisin de 734 grs selon C. Dauphin et P. Pézerat, op. cit. Après 1914, la consommation diminue mais reste supérieure à 300 grs par jour.

    472 Dr S. Chauvet, La Normandie ancestrale, t. 1, op. cit. et L’Aubrac, t. 2, op. cit.

    473 G. Charuty et al., Gestes d’amont, op. cit.

    474 F Dupuy, L’Albine, Paris, 1977, Fayard.

    475 G. Sentis, L’Oisans, histoire, traditions, légendes, Grenoble, 1976, à compte d’auteur.

    476 G. Charuty et al., op. cit., p. 17.

    477 S. Palay, Petite Bite et Bite bitante, Pau, 1961, Bibliothèque de l’Escole de Gaston Febus, p. 35.

    478 En Beauce blésoise, selon les indications de G. Boutet, Ils étaient de leur village. Le temps des traditions, Paris, 1979, Denoël.

    479 Dr Francus, Voyage dans le midi de l’Ardèche, 1880, rééd. Aubenas, 1965, Lienhardt.

    480 B. Edeine, La Sologne, t. 1, op. cit.

    481 P. Leshauris, Ceux de Lagraulet, op. cit.

    482 D. Musset, « Savoir pétrir une pâte : savoir féminin ? », mai 1984, n° 14.

    483 A. Roverat dans La Savoie vue par les écrivains et les artistes, op. cit.

    484 G. Derennes, A travers les Alpes françaises. Carnet d’un touriste, Paris, 1890, Gedalge jeune. L’enquête de Foville sur le Queyras livre une remarque analogue d’un paysan qui explique que « le pain dur est plus économe que le pain frais et que s’il cuisait du pain plusieurs fois par an, la récolte de grain ne suffirait pas pour nourrir sa famille » (t. 2, p. 180).

    485 Abbé Berge, Monographie de Saint-Véran, 1928, rééd. Marseille, 1980, J. Laffitte.

    486 H. Rostolland, Névache et la vallée de la haute Clarée, Gap, 1930, L. Blanc.

    487 H. Le Châtelier, Huez autrefois, op. cit.

    488 L’Aubrac, op. cit., t. 2.

    489 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 1 et 2.

    490 Je renvoie, pour la bibliographie, aux livres cités dans la première partie du chapitre et portant sur ces régions.

    491 A la veille de 1914, les Landes et le Béarn, le Berry et la Sologne, le Morvan comme l’Ardèche sont également touchés par la modernité.

    492 R. Thabault, Mon village, op. cit., Foville, t. 1, p. 213.

    493 F. Benoît, La Provence et le Comtat venaissin. Arts et traditions populaires, Avignon, 1975, Aubanel.

    494 Foville, t. 2, p. 207.

    495 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 4.

    496 Ouvriers des deux mondes, 1885 et 1887, 2e série, t. 2 et 4.

    497 Les métayers du Confolentais, en 1888, déjeunent à 9 heures le matin, goûtent à 16 h. et dînent à 19 h. ce qui est une répartition inusitée (Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 3).

    498 Attesté en Lorraine, en Limousin, en Haute-Loire, en Ardèche, dans les Landes, à Deuil (Seine-et-Oise) mais la liste n’est pas exhaustive.

    499 L. Gachon, L’Auvergne et le Velay, op. cit.

    500 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 5 et 4.

    501 B. Edeine, La Sologne, t. 1, op. cit.

    502 Ainsi dans les études déjà citées sur Deuil et le Confolentais.

    503 Procès-verbal du juge d’instruction de Toumon : 20 mars 1912, A.D., Ardèche, 1U 560/53.

    504 A. Sadouillet-Perrin, En Périgord de longue mémoire, Périgueux, 1979, P. Fanlac.

    505 Procès-verbal du juge de paix de Treboul : 22 mars 1882, A.D., Finistère, 16U6 16.

    506 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 4.

    507 Voir J.J. Cazaurang, Alimentation en Béarn, Pau, 1980, Musée béarnais, et G. L’Hôte, La tankiotte, op. cit.

    508 B. Edeine, op. cit.

    509 Procès-verbal du juge d’instruction de Bourganeuf : 17 juillet 1885, A.D., Creuse, ZE/U/9221.

    510 Procès-verbal du juge d’instruction de Cosne-sur-Loire : 16 août 1871, A.D., Nièvre, 2U 432.

    511 Il en existent une grande variété : poutilles à la farine de maïs en Queyras, pas-tet des Baronnies, gaudes de maïs bressanes, bouillies de froment ou d’avoine en pays bigouden, bouillies du Confolentais, escauton de millet dans les Landes dont les résiniers, étudiés dans les Ouvriers des deux mondes, consomment 250 grs par jour et par personne, broyé de blé et de seigle en Béarn etc.

    512 J. Lecœur, Esquisses du bocage normand, op. cit., p. 132.

    513 G. Charuty et al., Gestes d’amont, op. cit.

    514 J. Lecœur, op. cit., p. 132. La galette de sarrazin est mentionnée par les Ouvriers des deux mondes en 1882, en Confolentais et en 1893, en haut Forez. En 1900, les Morvandiaux mangent encore le grapiau de blé noir et les Bressans les matefaims.

    515 P.-J. Hélias, Le cheval d’orgueil, op. cit., p. 394-397.

    516 Levainville, Le Morvan, op. cit., p. 200.

    517 G. Coissac, Mon Limousin, op. cit., p. 178.

    518 L. Trébuchet, Etapes d’un touriste en France : Belle-Isle-en-Mer, Paris, 1895, A. Hennuyer, p. 122.

    519 C. Géniaux, La Bretagne vivante, op. cit.

    520 Notes d’audience du tribunal de Versailles : 7 août 1873, A.D., Seine-et-Oise, tribunal de Versailles, 0475.

    521 A.D., Indre, tribunal correctionnel du Blanc, versement 106, liasse 341.

    522 Le ragoût et le boudin sont réservés aux jours de fête. Foville, t. 1, P- 212.

    523 R. Thabault, Mon village, op. cit.

    524 Coissac, op. cit., p. 198.

    525 J.J. Cazaurang, L’alimentation en Béarn, op. cit.

    526 Procès-verbal de gendarmerie de Lauzet : 5 janvier 1916, A.D., Lot, tribunal correctionnel de Cahors, liasse 290.

    527 Voir A. Joppé et R Bear pour le Nord et le Pas-de-Calais, et H. Rostolland pour la Clarée.

    528 D. Bernard, Paysans du Berry, op. cit., p. 52.

    529 Elles sont peu nombreuses, toutefois, surtout avant 1920.

    530 A. Schweitz, L’espace domestique rural en Touraine septentrionale, op. cit., p. 182.

    531 Les populations du Puy-de-Dôme, op. cit., p. 185.

    532 Voir surtout Y. Verdier, Façons de dire, façons de faire, op. cit.

    533 Mme d’Abbadie d’Arrast, Causeries sur le pays basque, op. cit., p. 85.

    534 Procès-verbal du juge d’instruction d’Embrun : 15 mai 1921, A.D., Hautes-Alpes, 1U 21.

    535 Procès-verbal de police de Joinville : 30 janvier 1871, A.D., Seine, D2 U8 34.

    536 Procès-verbal du juge d’instruction de Mortagne : 19 février 1880, A.D., Orne, Assises, 1880.

    537 Procès-verbal de gendarmerie de Bresles : 24 octobre 1881, A.D., Oise, tribunal de Beauvais, 1881.

    538 R. Douché, Sologne de ma jeunesse, Paris, 1978, La Pensée Universelle, p. 126.

    539 P. Leshauris, op. cit., p. 105.

    540 S. Palay, op. cit., p. 23.

    541 Procès-verbal de gendarmerie de Corbigny : 14 mai 1896, A.D., Nièvre, 13 U7 1366.

    542 Procès-verbal du juge d’instruction d’Aurillac : 1er avril 1880, A.D., Cantal, 38 U2 531.

    543 Procès-verbal du juge de paix de Saint-Jean-en-Royans : 28 décembre 1871, A.D., Drôme, 4U2 381.

    544 Ouvriers des deux mondes, 3e série, t. 1.

    545 Ouvriers des deux mondes, série, t. 4.

    546 J. Maury-Guillais, Une histoire de la grisette, mémoire de maîtrise, 1980, Université de Paris VII.

    547 Il en coûte 2,80 F. chez Renault, 4,50 F. à l’usine d’amiante de Montferrand. A. Fourcaut, Femmes à l’usine, op. cit.

    548 C’est même obligatoire pour les papetiers d’Angoulême (Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 4).

    549 S. Grafteaux, Mémé Santerre, op. cit.

    550 La vie quotidienne à Saint-Etienne entre les deux guerres, op. cit. et Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 4 et 5.

    551 Procès-verbal du juge d’instruction d’Avesnes : 28 décembre 1881, A.D., Nord, 2 U 155/465.

    552 Ainsi pour le mineur du Pas-de-Calais, Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 5.

    553 7 % des indigents vivent dans des logements dépourvus de poêle et de cheminée. Voir J. Gaillard, Paris, la ville (1852-1870), Paris, 1977, H. Champion.

    554 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 4.

    555 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 4.

    556 Ouvriers des deux mondes, 3e série, t. 1.

    557 Procès-verbal du juge d’instruction de Valence : 17 juin 1917, A.D., Drôme, 4U 517.

    558 « Renseignements sur les parents » : 2 août 1934, A.D., Yonne, 3U2 2161.

    559 J. Gaillard, op. cit., p. 249.

    560 Ainsi chez la mouleuse de jouets en carton (Ouvriers des deux mondes, 2e série, t- 4)

    561 La Sinse, op. cit., p. 155. « Mon mari va faire la tête quand il ne trouvera rien sur la table ».

    562 Ouvriers des deux mondes, 3e série, t. 1, 1904-1905.

    563 Ouvriers des deux mondes, 3e série, t. 1, 1901-1902.

    564 G.-A. Hottenger, Le pays de Briey hier et ajourd’hui, Paris, 1911, Berger-Levrault, p. 174-175.

    565 Procès-verbal du juge d’instruction de Strasbourg : 12 janvier 1927, A.D., Bas-Rhin, AL 112, 1927.

    566 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 5.

    567 Gaillard, op. cit., p. 253.

    568 Ebéniste parisien (Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 4). Le repas du serrurier-poseur de persiennes est identique en 1897 et le forgeron parisien fait deux fois par jour ce repas (2e série, t. 5).

    569 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 2. L’enquêteur souligne, du reste, les progrès considérables de l’alimentation populaire depuis 1856, date à laquelle fut réalisée une première monographie de charpentier.

    570 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 4.

    571 Procès-verbal de police de Sainte-Savine : 16 janvier 1871, A.D., Aube, 4U 272.

    572 Lettre à son fiancé : 29 juillet 1889, A.D., Nièvre, 2U 580.

    573 Procès-verbal de police de Haubourdin : 22 mai 1929, A.D., Nord, 2U 155/592.

    574 Ouvriers des deux mondes, 3e série, t. 2.

    575 Procès-verbal du juge d’instruction de Saint-Etienne : 8 août 1882, A.D., Loire, Assises, 4e trimestre 1882.

    576 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 2.

    577 Procès-verbal du juge d’instruction de Saint-Etienne : 21 novembre 1882, A.D., Loire, Assises, 3e trimestre 1882.

    578 Procès-verbal du juge d’instruction de Vendôme : 2 septembre 1912, A.D., Loir-et-Cher, 2U3 141.

    579 Procès-verbal de gendarmerie de Pont-Croix : 3 décembre 1927, A.D., Finistère, 16U2 74.

    580 Déjà citée et conservée au Musée des A.T.P.

    581 G. Charuty et al., op. cit., p. 46.

    582 Ainsi en Normandie : J. Lecœur, op. cit. ; en Ardèche : Dr Francus, Voyage dans le midi de l’Ardèche, op. cit. ; en Sologne : R. Douché, Sologne de ma jeunesse, op. cit.

    583 J. Volane, En Vivarais, t. 1, Paris, 1897, Berger-Levrault, p. 48.

    584 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 3 et R. Thabault, op. cit., p. 114. A Mazières, l’usage a disparu en 1914. Dans les années 1880, la paysanne basque également « ne se met pas à table, elle se tient derrière le mari, va, vient, faisant le service » (Mme d’Abbadie d’Arrast, op. cit., p. 54).

    585 C. Rouleau, Essai de folklore de la Sologne bourbonnaise, Moulins, 1935, Crépin-Leblond, p. 70.

    586 J. d’Arbaud, La Provence. Types et coutumes, Paris, 1939, Horizons de France, p. 56.

    587 P.– J. Helias, Le cheval d’orgueil, op. cit., p. 408.

    588 P. Cazin, H. Forestier, R. Tisserand, Veillées de Bourgogne, Dijon, 1945, M. Jeanniard, p. 203.

    589 Poueigh, Chansons des Pyrénées françaises, op. cit., p. 21.

    590 A. Schweitz, L’espace domestique rural en Touraine septentrionale, op. cit., p. 159. J. Brissaud note, en 1900, « qu’il y a une cinquantaine d’années (...) l’usage pour la femme de ne pas s’asseoir à table pendant les repas était général dans les campagnes de l’Agenais » et vingt-cinq ans ans plus tôt dans l’Albigeois (« La couvade en Béarn et chez les Basques », Revue des Pyrénées, 1900).

    591 Voir C. Seignolle, Le Berry traditionnel, Paris, 1969, Maisonneuve et Larose, et B. Edeine, La Sologne, op. cit. En Sologne, la femme se lève, cependant, pour servir.

    592 Ainsi en Rouergue. Voir R. Béteille, La vie quotidienne en Rouergue au xixe siècle, Paris, 1973, Hachette.

    593 E. Claverie et P. Lamaison, L’impossible mariage, op. cit., p. 36.

    594 P. Manse, Mérilheu de mon enfance, op. cit.

    595 Procès-verbal du juge d’instruction de la Seine : 16 juin 1910, A.D., Seine, D2 U6 65.

    596 Procès-verbal du juge d’instruction de Troyes : 8 décembre 1930, A.D., Aube, versement 152, liasse 17856.

    597 Voir A. Fourcaut, op. cit. Selon une enquête de P Chombart de Lauwe, réalisée en 1956, la vaisselle arrive au 2e rang des tâches partagées par les hommes. Le mari de la mécanicienne en chaussures parisienne déjà citée accepte de faire la vaisselle et la fille d’un mouleur de Charleville souligne que son père V « aidait à faire la vaisselle » (Procès-verbal de gendarmerie de Charleville : 27 juin 1922, A.D., Ardennes, 4U 3194).

    598 Lettre d’une paysanne nivemaise à son mari : 18 avril 1894, A.D., Nièvre, 2U 580.

    599 G. Thuillier, « Pour une histoire de la lessive en Nivernais au xixe siècle », Annales, E.S.C., mars-avril 1969 ; « Note sur les sources régionales de l’histoire de la lessive au XIXe siècle », Revue d’histoire économique et sociale, 1970, n° 4.

    600 Les chemises de femmes sont souillées de terre, d’herbes écrasées, d’excréments, de sang menstruel, etc. La malpropreté des collectivités est encore plus accentuée mais je me borne à étudier le travail des ménagères au sein de la familles. P. Perrot note ainsi qu’au Bon Pasteur à Nancy, en 1903, les orphelines ne lavent pas pendant trois mois, le jupon utilisé pendant les règles (Les dessus et les dessous de la bourgeoisie, op. cit.).

    601 Procès-verbal du juge d’instruction d’Agen : 10 janvier 1873, A.D., Lot-et-Garonne, tribunal correctionnel d’Agen, 15 U 6.

    602 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 2.

    603 H. Thivot, La vie privée dans les Hautes-Alpes vers le milieu du xixe siècle, La Tronche-Montfleury, 1966, Cahiers de l’Alpe. En 1850, on les lavait une fois par an.

    604 La périodicité est un peu plus faible dans les collectivités. Un inspecteur des établissements industriels signale que dans les dortoirs d’usine de la Loire, « on ne renouvelle les draps que tous les deux mois au plus » (Inspecteur au ministère du commerce et de l’industrie : 3 mai 1891, Archives Nationales, F22 458).

    605 Procès-verbal du juge d’instruction de Tonnerre : 5 juin 1876, A.D., Yonne, 2U 143.

    606 A. Orain, Folklore de l’Ille-et-Vilaine. De la vie à la mort, Paris, 1897, Maisonneuve.

    607 Procès-verbal du juge d’instruction de Nevers : 10 juin 1876, A.D., Nièvre, 3U5 1970. Comme la fille d’une ouvrière stéphanoise en 1881 (A.D., Loire, Assises, 1881).

    608 A. Schweitz, L’espace domestique rural en Touraine, op. cit. Ces Tourangelles possèdent ainsi jusqu’à 18 bonnets.

    609 C. Germain et C. de Panafieu, op. cit., p. 127.

    610 Procès-verbal du juge d’instruction de Vesou 1 : 2 mai 1936, A.D., Doubs, 4U 186.

    611 Dans la bourgeoisie, en revanche, les femmes changent de dessous quotidiennement, car « la propreté du linge signale d’abord (...) que l’on a de quoi consommer sans vraiment produire ou épargner » (P. Perrot, op. cit., p. 232).

    612 O. Orain, op. cit. et Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 2.

    613 Procès-verbal du juge d’instruction de Tonnerre : 5 juin 1876, A.D., Yonne, 2U 143.

    614 Procès-verbal du juge de paix de Maringues : 7 juin 1882, A.D., Puy-de-Dôme, U 01850.

    615 Procès-verbal du juge de paix de La Gacilly : 26 juin 1878, A.D., Morbihan, U 1560.

    616 A Lagraulet où plusieurs générations et couples vivent sous le même toit, chaque couple lave son linge de corps toutes les semaines mais le linge blanc est lavé collectivement lors des grandes lessive. Le problème est ici différent, opposant communauté et famille conjugale. Voir P. Leshauris, op. cit.

    617 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 4.

    618 M. Le Châtelier, Huez autrefois, op. cit., p. 67.

    619 Lettre du 18 avril 1894, A.D., Nièvre, 2U 580.

    620 Je renvoie, entre autres descriptions : pour le Nivernais à G. Thuillier, op. cit. ; pour le Méconnais à E. Violet, Vignerons et fileuses, Mâcon, 1934, M. Renaudier ; pour le pays de Sault à G. Charuty et al., Gestes d’amont, op. cit. ; pour la Beauce à M. Robillart, Le folklore de la Beauce, t. 5 : Travaux et métiers paysans, Paris, 1971, Maisonneuve et Larose ; pour la Bourgogne à Y. Verdier, Façons de dire, façons de faire, op. cit. ; pour la Franche-Comté à A. Demard, Un homme et son terroir, t. 1 : Le bourg et le village, Paris, 1978, J. Guénod ; pour le Limousin à A. Goursaud, La société rurale traditionnelle en Limousin (1885-1905), t. 1, Paris, 1976, Maisonneuve et Larose ; pour la Sologne à B. Edeine, La Sologne, op. cit. ; pour la Bretagne à P.-J. Helias, op. cit. ; pour la Beauce blésoise à G. Boutet, Ils étaient de leur village, t. 1 : Le temps des traditions (1870-1914), Paris, 1979, Denoël ; pour la Touraine, à A. Schweitz, op. cit, etc.

    621 E. Violet, op. cit.

    622 Usage attesté à Minot, également.

    623 Selon les chiffres cités dans les Ouvriers des deux mondes. A Casseras (Tam-et-Garonne) elles ne touchent que 0,60 franc et ailleurs un franc, en général.

    624 Ainsi à Mérilheu, en Franche-Comté, dans les grandes fermes solognotes.

    625 A Minot, en Mâconnais, en Nivernais, en Beauce blésoise, en pays de Sault, à Plozévet, à Huez.

    626 Procès-verbal du juge d’instruction de Vendôme : 18 avril 1905, A.D., Loir-et-Cher, 2U3 130.

    627 R.A. Rey, Augustine Rouvière, Cévenole, Paris, 1971, J.-P. Delage.

    628 M. Le Châtelier, op. cit., p. 67.

    629 M.-C. Allart, « Les femmes dans trois villages de l’Artois », op. cit.

    630 Ce chiffre, le plus bas, concerne un ménage de trois femmes, corsetières au Raincy (Ouvriers des deux mondes, 3e série, t. 1).

    631 P. Manse, op. cit., p. 47.

    632 La généralisation se situe en 1900 dans la Nièvre et en Touraine ; en 1910 à Minot ; avant 1914 à Préjilbert dans l’Yonne selon J. Guilly, Guette-tison, chasseur de loups, poète paysan, Avallon, 1980, éd. de Civry ; après 1914 en pays de Sault.

    633 Voir pour les petites villes la famille du fileur de Val-des-Bois (Marne), Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 5. Les fonctionnaires périgourdins évoqués dans les souvenirs d’A. Sadouillet-Perrin (Le Périgord de longue mémoire, op. cit.) font en ville la lessive au cuvier.

    634 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 1.

    635 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 1 et 1re série, t. 5.

    636 Voir pour les produits chimiques employés, J. Barberet, Le travail en France. Monographies professionnelles, Paris, 1886-1890, Berget-Levrault, t. 1, P- 272-283.

    637 Le besson est un baquet et la maluche un battoir. La vie quotidienne à Saint-Etienne, op. cit., p. 24.

    638 La mouleuse de jouets en carton et la tailleuse parisiennes, les porcelainières de Limoges, étudiées dans les Ouvriers des deux mondes, en sont de bons exemples. Les laveuses parisiennes sont payées entre 1,50 et 2 francs par jour. Barberet donne également une liste des prix à la pièce pour les années 1886-1890 (op. cit., p. 271).

    639 7 francs pour le métayer du Confolentais, 7,50 F pour le métayer du Haut-Forez.

    640 30 pour les jardiniers du Tam-et-Garonne, 44 pour les paysans corses (8 personnes) et 52 pour la méticuleuse agricultrice du Pas-de-Calais.

    641 Ils dépensent, pour ce, 50 francs en fournitures et 104,40 en salaires.

    642 Ainsi à Armentières, de 1880 à 1920 (T. Leleu, La vie des femmes à Armentières, op. cit.) ; à Toulouse où les salariées se voient réserver, de fait, les deux lavoirs le dimanche (H. Soum, La basane, chronique des bords de Garonne, Toulouse, 1985, Eché).

    643 Ouvriers des deux mondes, 3e série, t. 1.

    644 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 1.

    645 31,20 francs par an. Ouvriers des deux mondes, 1re série, t. 5.

    646 12 francs pour le mineur de la Loire, soit 0,56 % du budget, 52 francs pour le serrurier de Picpus et 137 francs pour la mouleuse de jouets en cartons qui délègue ce travail.

    647 J. Stoetzel, « Etude du budget-temps de la femme dans les agglomérations urbaines », Population, janvier-mars 1948.

    648 « Rapport » du mari au juge : février 1874, A.D., Seine-et-Oise, 0489. J’ai, par ailleurs, retrouvé un mineur de Béthune, mais veuf, qui lave le linge de ses enfants (1908).

    649 Procès-verbal du juge d’instruction de Vannes : 24 janvier 1873, A.D., Morbihan, U 1559.

    650 Procès-verbal du juge d’instruction d’Apt : 23 mai 1884, A.D., Vaucluse, 2U 537.

    651 Chez les paysans de Bastelica, les trois-quarts de la besogne sont accomplis par deux des filles. La fille du jardinier de Gasseras en assume plus de la moitié et la fille aînée des résiniers de Lévignacq en est responsable. En ville, chez les porcelainières de Limoges, ce sont les filles, aidées d’une laveuse, qui s’occupent du linge.

    652 Elle est âgée de vingt-deux ans. Procès-verbal de gendarmerie de Nontron : 22 février 1930, A.D., Dordogne, 2U 221.

    653 Procès-verbal du juge d’instruction de Baume-les-Dames : 3 mars 1875, A.D., Doubs, 4U 618.

    654 Procès-verbal du juge d’instruction de Toumon : 20 juillet 1892, A.D., Ardèche, 1U 498.

    655 Procès-verbal de police de Paris : 19 décembre 1911, A.D., Seine, D2 176.

    656 Lettre du 19 mai 1939, A.D., Nord, 3U1 365.

    657 Charron de Montataire et tisseur de Saint-Quentin.

    658 Procès-verbal du maire de Ville : 11 février 1881, A.D., Oise, Assises, 1er-2e trimestres 1881.

    659 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 1.

    660 P.-J. Helias, op. cit., p. 420.

    661 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 4.

    662 Cas de la mouleuse de jouets en carton parisienne et des porcelainières de Limoges (Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 4 et 3e série, t. 1).

    663 La Sinse, Scènes de la vie provençale, op. cit. p. 207.

    664 Seuls les instituteurs syndiqués à la Fédération Unitaire de l’Enseignement ont tenté de promouvoir, dans le cadre de la coéducation des sexes, l’enseignement de la couture aux garçons mais leur influence reste limitée. Voir sur ce sujet, A.-M. Sohn, Féminisme et syndicalisme. Les institutrices de la Fédération Unitaire de F Enseignement de 1919 à 1935, thèse de 3e cycle, 1973, Université de Paris X.

    665 Procès-verbal de police de Houilles : 26 décembre 1934, A.D., Seine-et-Oise, 1161 W.

    666 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 4.

    667 G.M. Coissac, Mon Limousin, op. cit., p. 178.

    668 Procès-verbal du juge d’instruction de Bellac : 26 juin 1890, A.D., Haute-Vienne, 5U 304.

    669 G.A. Hottenger, op. cit., p. 175.

    670 L. Bernot, R. Blancard, Nouville, un village français, op. cit.

    671 11 chez le bouilleur de cru charentais, 13 chez le mineur du Pas-de-Calais et le fileur du Val-des-Bois, 16 pour la piqueuse de bottines parisienne.

    672 Ou il faut être peu minutieuse comme la femme de l’allumeur de réverbères de Nancy qui ne passe pas plus de temps pour huit personnes.

    673 Procès-verbal de gendarmerie de Clamecy : 24 septembre 1920, A.D., Nièvre, 12U231.

    674 L. Guillemaut, Bresse louhannaise, Louhans, 1907, rééd., Marseille, 1979, J. Laffitte.

    675 M.-C. Allait, op. cit.

    676 En 1871. A.D., Yonne, 2U 135.

    677 11 jours par exemple chez le bouilleur de cru, 25 pour la tailleuse de jaquettes à domicile, 16 pour la piqueuse de bottines, une « partie » du temps nécessaire pour les porcelainières de Limoges.

    678 Ainsi la piqueuse de bottines gagne 3,15 francs par jour contre 1,50 pour la simple raccommodeuse en 1878. En 1901-1902, cependant, le tarif s’est élevé à 3 francs et rend l’opération moins avantageuse.

    679 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 4.

    680 G. Augustins, R. Bonnain, Les Baronnies des Pyrénées, t. 1, op. cit.

    681 Selon J.-F. Soulet, op. cit., t. 2, ch. 5.

    682 D. Cau-Durban, Vallée de Bethmale (Ariège). Mœurs. Légendes et coutumes. Histoire. Courses pittoresques. Géologie, Toulouse, 1887, Régnault, p. 29.

    683 F. Butel, Une vallée pyrénéenne, la vallée d’Ossau, Pau, 1894, Société de publication catholique.

    684 En Charente, l’usage est mentionné pour le Confolentais par les Ouvriers des deux mondes ainsi qu’à Mazières-en-Gâtine par R. Thabault. Dans le Massif central, il est attesté en Limousin, en Auvergne, en Margeride et dans les Cévennes ; chez les maçons creusois, le linge de maison est en « toile de chanvre, récolté et filé à la maison, tissé dans les environs » (Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 2). En Sologne, les opérations de frappage et les préparatifs sont faites par des saisonniers, peu considérés et venus d’Auvergne (B. Edeine, op. cit.).

    685 Voir pour la Normandie, J. Lecœur, op. cit. et pour la Bretagne, H. Baudrillart, op. cit. Mais la mère de P.-J. Relias a encore filé le chanvre avant 1914.

    686 Voir E. Violet, Vignerons et fileuses, op. cit., et Les veillées en commun et réunions d’hiver, Mâcon, 1942, M. Renaudier.

    687 Voir abbé Gorse, Au bon pays de Limousin, op. cit. et procès-verbal du juge d’instruction du Chambon : 26 février 1896, A.D., Creuse, ZE/U/10592 et G.M. Coissac, op. cit., p. 221. A la même date, telle femme âgée à Saint-Yriex file devant sa porte (A.D., Haute-Vienne, 5U 364). En 1905, dans les dernières communautés familiales, les ménagères filent toujours mais ailleurs seules les grands-mères le font encore (A. Goursaud, La société rurale traditionnelle en Limousin (1885-1905), op. cit.).

    688 Depuis 1920 au moins. Voir A. Gibert, Le Valgaudemar, Revue de géographie alpine, 1923, p. 776.

    689 Op. cit., p. 776.

    690 D. Dergny, Usages, coutumes et croyances, 1885-1889, rééd. 1971, Brionne, Le Portulan, t. 1, P- 13.

    691 Comme les femmes des résiniers landais en 1881, Ouvriers des deux mondes, 1re série, t. 5.

    692 P. Carru, En Bresse autrefois. Souvenirs d’un paysan du Revermont, op. cit., p. 15.

    693 C. Géniaux, La Bretagne vivante, op. cit., p. 172. Voir aussi D. Dergny, op. cit., p. 14 : « Que les Bretonnes soient montées dans leurs charettes ou à cheval à califourchon sur un sac à blé, jeunes et vielles, toutes tricotent la laine de leurs moutons qu’elles ont fillée ».

    694 M. Le Châtelier, op. cit., p. 51.

    695 Procès-verbal du juge d’instruction de Saint-Etienne : 18 janvier 1876, A.D., Loire, Assises, 1er trimestre 1876.

    696 1923, A.D., Sarthe, 2U 597.

    697 H. Soum, La basane, op. cit., p. 38.

    698 C. Rhein, Jeunes femmes au travail dans le Paris de l’entre-deux-guerres, op. cit., p. 182.

    699 C. Le Goffic, L’âme bretonne, Paris, 1924, H. Champion.

    700 Procès-verbal du juge de paix de Dourlevant (Haute-Marne) : 2 décembre 1899, A.D., Meuse, 20 U 44 et Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 1. L’aide de sa mère pour l’entretien du linge lui permet de « donner plus de temps à la couture ».

    701 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 1.

    702 C. Géniaux, op. cit.

    703 Abbé Gorse, op. cit.

    704 Gaston Lucas, serrurier, Paris, 1976, Plon, p. 123.

    705 E. Baudouin, La mère au travail et le retour au foyer. Saint-Amand, 1931, librairie Bloud et Gay, p. 21.

    706 Ouvriers des deux mondes, 1878, 1re série, t. 5. En revanche, le mari achète ses habits en confection.

    707 Ouvriers des deux mondes, 3e série, t. 1.

    708 C. Charuty et al., op. cit., p. 74-75. Y Verdier, Façons de dire, façons de faire, op. cit., voit dans la « marque » du linge une estampille du sang féminin (hum !).

    709 Mme d’Abbadie d’Arrast, op. cit., p. 54.

    710 S. Palay, Petite Bite et Bite bitante, op. cit., p. 72.

    711 Foville, t. 2, p. 296.

    712 A propos du Limousin, A. Goursaud, op. cit., p. 116.

    713 Procès-verbal médical : décembre 1916, A.D., Bouches-du-Rhône, 208 U 22/ 192 et J. Bouet, Nos villages hier et aujourd’hui, Paris, 1928, Bloud et Gay, p. 121.

    714 J. Bouet, op. cit., p. 14.

    715 S. Palay, op. cit., p. 72.

    716 Comme me l’a signalé M. Agulhon.

    717 A.D., Loire, Assises, 2e trimestre 1884.

    718 Procès-verbal du juge d’instruction de Vannes : 28 juillet 1931, A.D., Morbihan, U 5694.

    719 Procès-verbal de gendarmerie de La Gacilly : 9 juin 1878, A.D., Morbihan, U 1560.

    720 Procès-verbal du juge d’instruction de Clermont : 3 décembre 1906, A.D., Puy-de-Dôme, U 010912.

    721 Pour la Bretagne, voir Y. Brekilien, La vie quotidienne des paysans en Bretagne au xixe siècle, Paris, 1966, Hachette. Pour le Limousin, au xixe siècle également, A. Goursault, op. cit. Pour le pays basque, Mme d’Abbadie d’Arrast, op. cit. Pour la Touraine, voir A. Schweitz, L’espace domestique rural en Touraine, op. cit. Pour la Manche, B. Humbaire, La société paysanne dans le département de la Manche au xixe siècle (1830-1900), observée par les notables locaux et les folkloristes, mémoire de maîtrise, 1980, Université de Paris I.

    722 S. Palay, op. cit., p. 73.

    723 P. Manse, op. cit., p. 23.

    724 Foville, t. 2, p. 214.

    725 M.J. Barrie, Quand les bananes donnent la fièvre, op. cit.

    726 « Avec eusse », c’est-à-dire avec la domestique. G. Baril, Les caquettes du baquet. Lessive amiénoise, Amiens, 1887, Petite bibliothèque picarde, p. 33.

    727 Toujours selon l’association britannique de promotion de l’électricité, citée par C. Davidson, A Woman’s Work is Never Done, op. cit.

    728 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 1.

    729 Ouvriers des deux mondes, 3e série, t. 1.

    730 H. Lapaire, Le Berry vu par un Berrichon, Paris, 1928, J. Gamber, p. 36.

    731 F. Chapiseau, op. cit.

    732 R. Jouglet, op. cit., p. 36.

    733 La vie quotidienne à Saint-Etienne, op. cit., p. 7.

    734 L. Gachon, L’Auvergne et le Velay. La vie populaire d’hier et d’avant-hier, Paris, 1975, Maisonneuve et Larose.

    735 L. Gaillard, op. cit.

    736 Ouvriers des deux mondes, 3e série, t. 1.

    737 G. Barril, op. cit., p. 33.

    738 La vie quotidienne à Saint-Etienne, op. cit., p. 7-8.

    739 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 1.

    740 J. Lecœur, Esquisses du bocage normand, op. cit., p. 113.

    741 F. Chapiseau, op. cit., p. 34.

    742 A. Goursaud, op. cit., p. 117.

    743 Comme dans la plaine des Vosges. Foville, t. 2, p. 214.

    744 A. Valabrègue, Au pays flamand, Tours, 1904, Marne.

    745 Procès-verbal de police de Paris : 19 décembre 1911, A.D., Seine, D2 U6 176.

    746 A. Sylvère, Toinou, le cri d’un enfant auvergnat, Paris, 1980, Plon, p. 2.

    747 M.-P. Weyd, op. cit., p. 42.

    748 Rituels à Armentières avant la ducasse, en pays de Sault, en Limousin, etc.

    749 Soit 5 cas sur 20.

    Précédent Suivant
    Table des matières

    Cette publication numérique est issue d’un traitement automatique par reconnaissance optique de caractères.

    Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

    Voir plus de livres
    Le Conseil municipal de Paris de 1944 à 1977

    Le Conseil municipal de Paris de 1944 à 1977

    Philippe Nivet

    1994

    La barricade

    La barricade

    Alain Corbin et Jean-Marie Mayeur (dir.)

    1997

    Paris dans l’imaginaire national de l’entre-deux-guerres

    Paris dans l’imaginaire national de l’entre-deux-guerres

    Évelyne Cohen

    2000

    Paris le peuple

    Paris le peuple

    XVIIIe-XXe siècle

    Jean-Louis Robert et Danielle Tartakowsky (dir.)

    1999

    Parcourir Paris du Second Empire à nos jours

    Parcourir Paris du Second Empire à nos jours

    Jean El Gammal

    2001

    Les conseillers municipaux de Paris sous la Troisième République (1871-1914)

    Les conseillers municipaux de Paris sous la Troisième République (1871-1914)

    Nobuhito Nagaï

    2002

    Métro, dépôts, réseaux

    Métro, dépôts, réseaux

    Territoires et personnels des transports parisiens au XXe siècle

    Noëlle Gérôme et Michel Margairaz (dir.)

    2002

    À Paris sous la Révolution

    À Paris sous la Révolution

    Nouvelles approches de la ville

    Raymonde Monnier (dir.)

    2008

    Policiers dans la ville

    Policiers dans la ville

    La construction d’un ordre public à Paris (1854-1914)

    Quentin Deluermoz

    2012

    Plaisance près Montparnasse

    Plaisance près Montparnasse

    Quartier parisien, 1840-1985

    Jean-Louis Robert

    2012

    Maurice Agulhon

    Maurice Agulhon

    Aux carrefours de l’histoire vagabonde

    Christophe Charle et Jacqueline Lalouette (dir.)

    2017

    Autonomie, autonomies

    Autonomie, autonomies

    René Rémond et la politique universitaire en France aux lendemains de Mai 68

    Charles Mercier

    2015

    Voir plus de livres
    1 / 12
    Le Conseil municipal de Paris de 1944 à 1977

    Le Conseil municipal de Paris de 1944 à 1977

    Philippe Nivet

    1994

    La barricade

    La barricade

    Alain Corbin et Jean-Marie Mayeur (dir.)

    1997

    Paris dans l’imaginaire national de l’entre-deux-guerres

    Paris dans l’imaginaire national de l’entre-deux-guerres

    Évelyne Cohen

    2000

    Paris le peuple

    Paris le peuple

    XVIIIe-XXe siècle

    Jean-Louis Robert et Danielle Tartakowsky (dir.)

    1999

    Parcourir Paris du Second Empire à nos jours

    Parcourir Paris du Second Empire à nos jours

    Jean El Gammal

    2001

    Les conseillers municipaux de Paris sous la Troisième République (1871-1914)

    Les conseillers municipaux de Paris sous la Troisième République (1871-1914)

    Nobuhito Nagaï

    2002

    Métro, dépôts, réseaux

    Métro, dépôts, réseaux

    Territoires et personnels des transports parisiens au XXe siècle

    Noëlle Gérôme et Michel Margairaz (dir.)

    2002

    À Paris sous la Révolution

    À Paris sous la Révolution

    Nouvelles approches de la ville

    Raymonde Monnier (dir.)

    2008

    Policiers dans la ville

    Policiers dans la ville

    La construction d’un ordre public à Paris (1854-1914)

    Quentin Deluermoz

    2012

    Plaisance près Montparnasse

    Plaisance près Montparnasse

    Quartier parisien, 1840-1985

    Jean-Louis Robert

    2012

    Maurice Agulhon

    Maurice Agulhon

    Aux carrefours de l’histoire vagabonde

    Christophe Charle et Jacqueline Lalouette (dir.)

    2017

    Autonomie, autonomies

    Autonomie, autonomies

    René Rémond et la politique universitaire en France aux lendemains de Mai 68

    Charles Mercier

    2015

    Accès ouvert

    Accès ouvert freemium

    ePub

    PDF

    PDF du chapitre

    Suggérer l’acquisition à votre bibliothèque

    Acheter

    Édition imprimée

    Éditions de la Sorbonne
    • amazon.fr
    • leslibraires.fr
    • lcdpu.fr
    ePub / PDF

    1 Cuisine, lavage, courses, couture, ménage.

    2 Il s’agit des divorces (1884), des déchéances paternelles (1889 et 1912) et des abandons de famille (1924). Il y a peu à dire de la répartition géographique des données bien que le Midi et la région parisienne soient un peu surreprésentés.

    3 Un tiers des ménagères appartient à la paysannerie. Un tiers est issu de la classe ouvrière : pour être précis, 34 % des maris sont ouvriers et 18,2 % des épouses sont elles-mêmes ouvrières. En ajoutant domestiques et journaliers agricoles, 47,4 % des maris et 32 % des épouses peuvent être classés dans le prolétariat rural ou urbain. Employés et travailleurs indépendants regroupent une épouse sur dix, un mari sur cinq, à savoir 1,5 % d’employées et 6,5 % pour les maris, 8 % de travailleurs indépendants pour les femmes et 13,5 % pour les hommes.

    4 Avec des dépouillements dans les séries M etc. Voir tout particulièrement les travaux pionniers de G. Thuillier, Pour une histoire du quotidien en Nivernais, Paris-Genève, 1977, Mouton.

    5 G. Beer, Le logement de l’ouvrier, conférence faite à Rueil en 1897, Paris, 1897, imprimerie des orphelins apprentis.

    6 C. Géniaux, La Bretagne vivante, Paris, 1912, Honoré Champion.

    7 J.– J. Cazaurang, Scènes de la vie rurale en Béarn, Saint-Etienne, 1983, Horvath.

    8 Foville, t. 1, P- XXXI. Préfacée par A. de Foville, il s’agit de la première grande enquête sur l’habitat rural : Enquête sur les conditions de l’habitation en France. Les maisons-types, Paris, 1894-1899, E. Leroux.

    9 G.M. Coissac, Mon Limousin, Paris, 1913, J. Lahure, p. 60.

    10 H. Roger, Le Finistère. Ses habitants. Leurs mœurs. Les richesses du pays, Montpellier, 1919, imprimerie de Roumégous et Déhan.

    11 A. Allix, Un pays de haute montagne. L’Oisans. Etude géographique, Paris, 1929, H. Champion, p. 371.

    12 Citation du Dr Thomas, à propos du canton d’Eymoutiers en 1886, reprise par A. Corbin, Archaïsme et modernité en Limousin, Paris, 1975, M. Rivière, t. 1, P- 77.

    13 J. Levainville, Le Morvan, étude de géographie humaine, Paris, 1909, A. Colin, p. 227. « Il n’y a pas longtemps existaient des cloaques », signale le Dr Bogros au début des années 1870 (Dr Bogros, A travers le Morvand. Mœurs. Types. Scènes et paysages, Château-Chinon, 1873, Dudrague-Bordet et Buteau, p. 95).

    14 Voir J. Lecœur, Esquisses du bocage normand, Brionne, 1887, Montfort.

    15 Marie-France Weyd, assistante sociale dans le Cher, lutte encore en vain pour que le fumier soit cantonné. Voir le Journal d’une aide assistante rurale, Paris, 1944, éd. des loisirs.

    16 Procès-verbal de gendarmerie de Saint-Genis : 1er août 1933, A.D., Rhône, 3U 1204.

    17 R.L. Stevenson, Journal de route en Cévennes, Toulouse, 1978, Privat, p. 48.

    18 Ce qui explique, au reste, la fréquence des maladies pulmonaires.

    19 H. Duhaurif, Un village paradoxal : mœurs, coutumes, histoire de Bethmale (1909), cité par J.-F. Soulet, Les Pyrénées au xixe siècle, Toulouse, 1988, Eché, t. 1, p. 294.

    20 Foville, t. 2, p. 247. En Morvan, le fait est également signalé par le Dr Bogros ainsi que par G. Thuillier, op. cit. En Lozère, l’instituteur de Chasserades relève même, à la fin du siècle, la présence d’excréments animaux (Voir E. Claverie et P. Lamaison, L’impossible mariage. Violence et parenté en Gévaudan, xviie, xviiie, xixe siècles, Paris, 1982, Hachette).

    21 G. Coissac, op. cit., p. 209.

    22 Enquête S.D.N., t. 2, p. 416. Il s’agit de la seconde grande enquête sur l’habitat rural : Enquête sur l’habitation rurale en France, S D.N., 1939.

    23 H. Baudrillart, Les populations agricoles de la France. Normandie et Bretagne, Paris, 1885, Hachette.

    24 Et « un certain nombre de fermes » seulement ont édifié « une cloison [qui] sépare l’étable de la salle ». C. Géniaux, op. cit., p. 7-8.

    25 Dr Francus, Voyage fantaisiste et sérieux à travers l’Ardèche et la Haute-Loire, Le Puy, 1895, A. Prades-Freydier, t. 2, p. 40. « J’ai vu (...) dans les cantons d’Allanche et de Marcenat, de pauvres paysans cohabitant avec les animaux ; une simple barrière de bois les sépare », note Alphonse Aymar à propos du Cantal (Foville, t. 2, p. 299).

    26 Voir P. Roux, Monographie d’une commune rurale d’Auvergne, La réforme sociale, septembre-octobre 1912.

    27 Mentionnée par U. Rouchon, La vie paysanne dans la Haute-Loire, Le Puy, 1933, imprimerie de la Haute-Loire, mais non plus dans l’enquête de la S.D.N.

    28 Dans le Nord, très avancé, le phénomène ne touche les ouvriers agricoles qu’à la fin du xixe siècle. Voir R. Hubscher, L’agriculture et la vie rurale dans le Pas-de-Calais du milieu du xixe siècle à 1914, Arras, 1980, commission départementale des monuments historiques.

    29 A. Roverat, « Caractères du peuple savoyard », 1873, dans La Savoie vue par les écrivains et les artiste, Paris, 1913, Louis Michard, p. 254 et Foville, t. 2, p. 298.

    30 Souligné par moi. Foville, t. 2, p. 173.

    31 Foville, t. 2, p. 187.

    32 Foville, t. 2, p. 171.

    33 Voir l’enquête S.D.N.

    34 Cité par A. Guillaume, Le Queyras, Gap, 1968, société d’étude des Hautes-Alpes, p. 111.

    35 Par exemple, les mas provençaux ou les maisons montagnardes bloc en hauteur.

    36 En Normandie, la maison de torchis l’emporte en raison de l’absence de belle pierre ; en plaine de Caen, en revanche, où l’on dispose de calcaire, les maisons comptent le plus souvent deux niveaux. Voir Foville, t. 2. Pour la Lorraine, voir Foville, t. 2, p. 18, un plan-type : la ferme classique compte trois chambres, la « maison », la salle et des débarras.

    37 Pour le Finistère, voir A. Mahé de la Bourdonnais, Voyage en Basse Bretagne chez les Bigoudens de Pont-l’Abbé, Paris, 1892, Jouve, et H. Roger, op. cit. Dans les Côtes-du-Nord, selon l’enquête S.D.N., le penn-ti reste dans l’entre-deux-guerres l’habitat des ouvriers agricoles.

    38 La meilleure description a été faite par Foville, t. 1, p. 339. Je cite ce texte dans son intégralité, car il a été souvent démarqué sans que la source soit citée et surtout sans que la datation soit respectée ; il est alors indûment employé pour la IIIe République. « Les masures en bois et en pisé, couvertes de chaume que nous avons connues en Sologne, il y a trente ans, ont disparu. Elles étaient enfoncées à un mètre de profondeur (...), l’aire de la maison était en terre nue ; le solivage était à 1,70 m. du sol, reposant sur une poutre de 0,50 m. qui coupait la pièce en deux, ne laissant qu’une hauteur de 1,20 m. La seule fenêtre était un carreau de 0,15 par 0,25 ».

    39 Monographie sur les métayers en communauté du Confolentais, 1880, Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. II.

    40 Cantal, Haute-Loire, Auvergne surtout. Voir Dr Francus, op. cit., et Foville, t. 2, p. 299.

    41 Foville, t. 1 pour la Bresse et t. 2 pour le Dauphiné.

    42 A. de Foville, t. 1, p. XXX.

    43 L’exemple ici choisi concerne la Brie champenoise mais vaut pour la France entière. Foville, t. 2, p. 110.

    44 Où l’élevage du ver à soie entraîne la répartition des activités sur trois étages : écurie, logement, magnanerie. Voir R. Nelli, Le Languedoc et le comté de Foix, Paris, 1958, N.R.F.

    45 H. Pissot, Nos vignes. Souvenirs et actualité, Saintes, 1882, « chez les principaux libraires de nos Charentes », p. 40-43. Le Confolentais « sous développé » est exclu de ce tableau qui concerne, au premier chef, le vignoble charentais alors très prospère.

    46 A. Goursaud, La société rurale traditionnelle en Limousin. Ethnologie et folklore du haut Limousin et de la Basse Marche, Paris, 1976, Maisonneuve et Larose, p. 68.

    47 Voir J.-J. Cazaurang, op. cit.

    48 P. Roux, op. cit.

    49 Les populations du Puy-de-Dôme. Monographies réalisées à l’occasion de l’enquête de 1929, Clermont, 1933, Imprimerie générale.

    50 Dr Bogros, op. cit. et J. Levainville, op. cit.

    51 A. Schweitz, « De la salle commune à la chambre à coucher », Inventaires après décès et vente de meubles. Apports à une histoire de la vie économique et quotidienne (xvie-xixe siècles), Berne, 1987, Academica, et Foville, t. 2, p. 310.

    52 Enquête sur les conditions de la vie ouvrière et de la vie rurale : le département de l’Oise, Beauvais, 1915, imprimerie départementale.

    53 R. Hubscher, op. cit. ; F. Bear, Le travail agricole et la condition des ouvriers agricoles dans le département du Pas-de-Calais, Arras, 1907, Librairie E. Boileux ; A. Joppé, Conditions de salaire et de travail des ouvriers agricoles dans le département du Nord, Lille, 1910, imprimerie C. Robbe.

    54 Le chauffage central est signalé dans l’Aube, le Loiret, la Marne par l’enquête S.D.N. de même que les carreaux de céramique (t. 2, p. 241).

    55 Surtout dans le Gers, les Landes, le Tarn et le Tam-et-Garonne.

    56 Comme en Limousin, Coissac, op. cit., p. 209. Le papier huilé est attesté en Lozère (E. Claverie et P. Maison, op. cit.), en Savoie (P. Roverat, op. cit.) et en Dauphiné selon L. et M. Sage, Un village du Bas Dauphiné. Saint-Jean d’Avelasne, Grenoble, 1949, rééd. 1976, Centre alpin et rhodanien d’ethnologie.

    57 P. Leshauris, Ceux de Lagraulet. La vie quotidienne d’une famille de paysans landais (1870-1914), Toulouse, 1984, Eché.

    58 J. Poueigh, Chansons populaires des Pyrénées françaises. Traditions. Mœurs. Usages, Paris, 1926, H. Champion.

    59 P.-J. Hélias, Le cheval d’orgueil, Paris, 1975, Plon.

    60 Procès-verbal de gendarmerie de Rochefort-en-Terre : 29 janvier 1938, A.D., Morbihan, U 5711.

    61 Le mouvement est amorcé dès cette date à Mazières-en-Gâtine selon R. Thabault, 1848-1914. L’ascension d’un peuple. Mon village, 1943, Paris, rééd. Presses de la F.N.S.P.A partir de 1890, le Berry est touché. En Béarn, on carrelle d’abord le « salou ».

    62 Limousin, Haut Vivarais, Auvergne, Margeride, Haute-Loire.

    63 En 1898. Cité par P. Bonnin, M. Perrot, M. de la Soudière, L’ostal en Margeride, Paris, 1978, C.O.R.D.A.

    64 Hautes-Pyrénées, Alpes, haute Ardèche, Cantal, Bretagne intérieure.

    65 A.D., Seine-et-Oise, 1161 W, 1936.

    66 J. Bertillon, Essai de statistique comparée du surpeuplement dans les habitations à Paris et dans les grandes capitales européennes, Paris, 1894, imprimerie Chaix.

    67 Selon le Dr Dumont, Les habitations ouvrières dans les grands centres indutriels et particulièrement dans la région du Nord, Paris, 1905, Masson. Soit un chiffre voisin des ménages secourus par l’Assistance Publique.

    68 A. Aymar, Conditions de l’industrie et de l’habitation ouvrière dans le Cantal, Aurillac, 1898, R. Terrisse.

    69 Enquête sur l’habitation ouvrière dans le département de la Seine-Inférieure en 1896, Rouen, 1897, Vagniaud. L’enquête de Foville fait des conclusions analogues pour Dieppe où sont recensés 85 mauvais et 85 très mauvais logements. Les loyers sont de 18 à 20 francs par mois.

    70 L. Gaillard, La vie quotidienne des ouvriers provençaux au xixe siècle, Paris, 1981, Hachette.

    71 Foville, t. 2, p. 53. A Dunkerque, « on voit encore dans beaucoup de rues au centre (...) des familles habiter le sous-sol ou cave qui, d’ailleurs, est sain mais où la lumière fait défaut » (Foville, t. 1, P- 13).

    72 Voir Histoire de la France urbaine, t. 4, Paris, 1983, Seuil. A Bordeaux, par exemple, les logements surpeuplés passent de 11 % en 1911 à 23,6 % en 1926.

    73 J. Vaidour, De la popinque à Ménilmuche, Paris, 1924, Spes, p. 111.

    74 Cité dans Nous les assistantes sociales. Naissance d’une profession, témoignages présentés par Y. Knibiehler, Paris, 1980, Aubier, p. 131.

    75 Lettre au procureur de Lyon, s. d., 1931, A.D., Rhône, 3U 1202.

    76 Jugement de déchéance du tribunal de Mamers : 1939, A.D., Sarthe, 18 W 99.

    77 Selon une enquête menée à l’instigation de l’industriel catholique Féron-Vrau qui souligne que 80 % des familles secourues par la société Saint-Vincent de Paul disposent en général de deux pièces. Citée par le Dr Dumont, op. cit. Il en est de même à Douai selon le Dr Dumont.

    78 Dr Dumont, op. cit.

    79 H. Baudrillart, Les populations agricoles de la France. Normandie et Bretagne, Paris, 1885, Hachette, p. 14.

    80 Foville, t. 2, p. 118.

    81 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 5 pour le mineur et 2e série, t. 4 pour l’ébé niste. Voir aussi le logement médiocre de l’allumeur de réverbères de Nancy, 2e série, t. 4.

    82 Serrurier parisien, 2e série, t. 4 ; ouvrière mouleuse en carton, 2e série, t. 4 ; étameur de fer-blanc de Commentry, 3e série, t. 1 ; corsetière du Raincy, 3e série, t. 1.

    83 J. Valdour, Ateliers et taudis de la banlieue parisienne. Observations vécues, Paris, 1923, Spes. Le titre est trompeur, la majeure partie des logements décrits étant petits mais normaux. Les vrais taudis, à Levallois par exemple, sont « réservés » aux Algériens. Voir également La vie quotidienne à Saint-Etienne entre les deux guerres, sous la direction de C. Chatelard, Saint-Etienne, 1985, Centre d’études foréziennes.

    84 Sise Boulevard de la gare (XIIIe) et construite en 1869-1872, cette cité se dégrade si vite que la commission d’insalubrité est saisie dès 1879 et des travaux ordonnés en 1890. O. du Mesnil, L’hygiène à Paris. L’habitat du pauvre, Paris, 1890, J.-P. Baillière, p. 107.

    85 Voir Histoire de la France urbaine, t. 4, op. cit.

    86 Voir pour Paris, O. du Mesnil, op. cit. ; pour la Seine-Inférieure, Enquête sur l’habitation ouvrière, op. cit.

    87 O. du Mesnil, op. cit., p. 38. Il s’agit là d’un habitat précaire.

    88 Procès-verbal de police de Lyon : 28 juin 1921, A.D., tribunal correctionnel de Lyon, audience du 13 août 1921.

    89 La vie quotidienne, à Saint-Etienne, op. cit., p. 7.

    90 Rapport de l’assistante sociale : janvier 1939, A.D., Seine-et-Oise, 1161 W.

    91 Ainsi à Saint-Etienne.

    92 O. du Mesnil, op. cit., p. 124 et 138.

    93 Pour les garnis voir O. du Mesnil pour les années 1880, et Nous les assistantes sociales. Voir également M. Fernandez, La ceinture noire de Paris, Histoire de la Zone, thèse de 3e cycle, 1983, Université de Paris VII. Une photo d’Atget, prise en 1913 à la cité Trébert, porte d’Asnières, et reproduite dans Histoire de la vie privée, t. 4, Paris, 1987, Ed. du Seuil, p. 358, rend bien compte de l’aspect de la Zone.

    94 Procès-verbal du juge de paix de Suippes : 9 novembre 1894, A.D., Marne, 6U 686.

    95 Enquête sociale, janvier 1939, A.D., Seine-et-Oise, 1161 W.

    96 En raison du poids des déchéances parentales fréquemment prononcées pour éviter le taudis aux enfants.

    97 Outre le pionnier, R.H. Guerrand, Les origines du logement social en France, Paris, 1966, éd. ouvrières, voir les ouvrages cités plus loin ainsi que L. Murard et P. Zylberman, Ville – Habitat – Intimité – L’exemple des cités minières au xixe siècle. Naissance du « Petit travailleur infatigable », Paris, 1976, C.E.R.F.I., qui insiste sur les objectifs moralisateurs de l’habitat patronal ; Le Familistère de Guise ou les équivalents de la richesse, Bruxelles, 1976, Archives d’architecture moderne ; J. Taricot et M. Villars, Le logement à bon marché. Chronique. Paris (1850-1930), Paris, 1982, Apogée ; B. Marrey, Un capitalisme idéal (Menier à Noisiel), Paris, 1984, Clancier-Guénaud ; sous la direction de K. Burlen, La banlieue oasis. Henri Sellier et les cités-jardins (1900- 1940), Paris, 1987, P.U. de Vincennes ; S. Kott, « La haute Alsace : une région modèle en matière d’habitat ouvrier (1853-1914) », Revue de l’économie sociale, janvier 1988.

    98 Voir M. Mérignas, « Travail social et structures de classe. A propos de la Police des familles de Donzelot », Travail, Famille, Etat, Critiques d’économie politique, avril-juin 1978.

    99 A Carmaux, en 1892, elles ne logent que 6,9 % des mineurs (R. Trempé, Les mineurs de Carmaux, t. 1, Paris, 1971, éd. ouvrières). Au Creusot, pourtant cité comme un modèle de paternalisme patronal, Schneider ne possède avant 1914 que 10 % des logements et 14,3 % seulement des ouvriers sont propriétaires de leur habitation mais les propriétaires privés, peut-être par imitation, ont multiplié les maisons sur le modèle des corons, offrant des logements décents de 2 à 4 pièces (C. Devilliers et B. Huez, Le Creusot. Naissance et développement d’une ville industrielle (1782-1914), Paris, 1981, Champ Vallon). En Lorraine, les patrons sidérurgistes ont misé sur une stabilisation de la main d’œuvre qualifiée française en louant des logements agréables et en offrant des services gratuits, mais ce noyau dur est entouré d’un cercle de manœuvres, souvent étrangers, logeant dans des baraquements ou chez l’habitant (G. Noiriel, « Du “patronage11 au “paternalisme11 : la restructuration des formes de domination de la main-d’œuvre ouvrière dans l’industrie métallurgique française », Le mouvement social, Paternalismes d’hier et d’aujourd’hui, juillet-septembre 1988). A Rosières où Roussel a fondé une cité avec ses œuvres sociales, un ouvrier sur trois seulement y habite en 1891 malgré un loyer attractif de 18,40 francs par mois (M. Pigenet, « L’usine et le village : Rosières (1869- 1914 »), Le mouvement social, avril-juin 1982).

    100 Voir R.H. Guerrand dans Histoire de la vie privée, t. 4, op. cit. Ce n’est qu’en 1913 que Paris organise le premier concours pour la construction de H.B.M.

    101 R. Chagny, op. cit.

    102 Voir D. Rancière, « Le philanthrope et sa famille », Révoltes logiques, 1979, n° 8/9.

    103 A Lyon, la société des logements économiques, créée à l’initiative de la grande bourgeoisie, en 1888, privilégie les ménages simples dont 71,9 % ont un enfant au plus (P. Cayez, « Les petits logements dans les grandes villes », Le mouvement social, octobre-décembre 1986). A Grenoble, dans l’entre-deux-guerres, les H.B.M. ne sont pas réservées, loin de là, aux plus défavorisés, qui s’entassent dans les vieux quartiers insalubres, mais aux ouvriers qualifiés des industries modernes, aux fonctionnaires de l’Etat et des collectivités locales (R. Chagny, « Le logement social à Grenoble dans l’entre-deux-guerres : l’Office public des habitations à bon marché de 1921 à 1938 », Le mouvement social, octobre-décembre 1986).

    104 Pour citer deux exemples, le mobilier du maçon creusois qui dépasse 1 000 francs est jugé à peine suffisant et celui du résignier de Lévignac, d’une valeur de 1 600 francs, est « suffisant mais peu recherché ».

    105 Un à dix pour les cas extrêmes à la campagne où la valeur moyenne est de 1 012 francs. Les paysans corses (1869-1887) possèdent pour 200 francs de vieux meubles mais le mobilier du bouilleur de cru charentais (1897-1899) est estimé à 3 464 francs. L’écart est de un à treize pour les cas extrêmes en ville, entre 200 francs pour les gantières de Saint-Junien (1904-1905) et 2 706 pour le serrurier-poseur de persiennes parisien (1897).

    106 A. Roverat, « Caractères du peuple savoyard », 1873, op. cit., p. 254.

    107 J. Poueigh, op. cit.

    108 Procès-verbal du juge d’instruction de Domfront : 1er août 1878, A.D., Orne, Assises, 1878.

    109 P.M. Weyd, Journal d’une assistante rurale, op. cit., p. 42.

    110 H. Tissot, op. cit., p. 43-44. Et le mouvement commence alors à toucher les ouvriers agricoles.

    111 Sur le mobilier des journaliers du Nord, voir A. Joppé, op. cit. Pour le reste, voir P. Leshauris, Ceux de Lagraulet, op. cit., et les Ouvriers des deux mondes. On retrouve la table ronde jusque chez les fermiers du haut Forez pourtant très pauvres (Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 4). En Touraine, la table ronde s’impose dès 1860 (A. Schweitz, L’espace domestique en Touraine septentrionale (1850-1930). Les archives notariales et leur apport documentaire, thèse de 3e cycle, 1984, E.H.E.S.S.).

    112 J. Levainville, op. cit., p. 226. Les communes où l’industrie nourricière est le plus développée, comme Aligny, Saint-Aignan, sont les premières touchées.

    113 Armoire à glace incluse bien sûr. Ouvriers des deux mondes, 3e série, t. 1.

    114 Abbé J. Bouët, Nos villages hier et aujourd’hui, Paris, 1928, Bloud et Gay, p. 21 et Dr S. Chauvet, La Normandie ancestrale, Paris, 1921, Boivin et compagnie, préface. Tous se débarrassent « des vieux meubles de famille », leur préférant « un ameublement moderne », note également l’enquête de la S.D.N. (t. 2, p. 235).

    115 Les lits de fer seraient commercialisés, selon G. Thuillier, à compter de 1830- 1850, et pour les sommiers métalliques, en 1860-1870. Ils sont attestés dès 1885 chez le cultivateur de Deuil (Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 1). Pour la toile cirée, voir A. Schweitz, « Changer de cuisine en Touraine », Cuisines, régionalismes, espaces régionaux, Nancy, 1989, P.U. de Nancy, Ouvriers des deux mondes, 1re série, t. 5 et 2e série, t. 4, et pour l’Auvergne, P. Roux, op cit.

    116 A. Aymar, op. cit.

    117 T. Leleu, La vie quotidienne des femmes dans la région d’Armentières (1894- 1920), mémoire de maîtrise, 1979, Université de Lille III.

    118 Dr Dumont, op. cit., p. 47 et O. du Mesnil, op. cit., p. 39.

    119 Procès-verbal de police de Villeurbanne : 10 mars 1931, A.D., Rhône, 3U 1202.

    120 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 5 et 4.

    121 Ajusteur de Guise, 1884-1890, Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 4.

    122 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 5.

    123 Ouvriers des deux mondes, 3e série, t. 1.

    124 Ouvriers des deux mondes, 3e série, t. 1.

    125 S. Bodève, Celles qui travaillent, Paris, 1913, Ollendorff, p. 21.

    126 La vie quotidienne à Saint-Etienne, op. cit.

    127 J. Valdour, Ateliers et taudis, op. cit.

    128 La vie quotidienne à Saint-Etienne, op. cit., p. 8. La toile cirée coûte 5 francs chez le cordonnier de Malakoff (Ouvriers des deux mondes, 1re série, t. 5) et chez l’ajusteur de Guise, en 1884-1890, elle vaut 52 francs (2e série, t. 4). Le linoléum est placé sous la table chez la corsetière du Raincy.

    129 Lettre du 10 février 1937, A.D., Yonne, 3U2 216.

    130 A. Corbin, « Le grand siècle du linge », Ethnologie française, 1986, n° 3.

    131 Epouse du pêcheur de Martigues (1879) et maraîchère de Deuil (1885), 2e série, t. 1 ; épouse du charpentier indépendant de Paris (1889), 2e série, t. 3. Rappelons que le pantalon fut d’abord réservé aux fillettes.

    132 Ainsi qu’attestent les dossiers de viols et attentats à la pudeur. J’ai retrouvé quelques femmes, en Morbihan et dans le Bas-Rhin, qui ignorent jusque dans les années 1930, cette pièce d’habillement.

    133 La première mention concerne une journalière agricole varoise qui porte « deux objets particuliers dont les femmes font usage lors de leurs menstrues » (examen médical : 2 juillet 1889, A.D., Var, 8U 58/3). En 1895, le juge d’Orange qui questionne une domestique sur l’usage pendant les règles que les femmes « les absorbent au moyen d’une serviette spongieuse. Pourquoi n’avez-vous pas employé ce procédé qui est d’un usage général ? », s’attire cette réponse : « je porte des pantalons et je n’ai pas de tout ça » (Procès-verbal du juge d’instruction d’Orange : 14 octobre 1895, A.D., Vaucluse, 3 U4 768). La troisième allusion vise la fille du juge de paix de Pont-Croix qui, selon sa blanchisseuse, porte un pantalon et « une petite bande de coton de la largeur de deux doigts et de la longueur de 25 à 30 ans, ayant deux boutonnières de chaque côté et à chaque extrémité. Les femmes mettent, ici, ces bandes dans leur pantalon à l’époque de leurs règles » (Procès-verbal du juge d’instruction de Quimper : 8 juin 1911, A.D., Finistère, 10 U6 121).

    134 Le serrurier-forgeron parisien possède, en 1878, un vieux pantalon comme « vêtement de dessous » et le cordonnier de Malakoff a de vrais caleçons (Ouvriers des deux mondes, 1re série, t. 5).

    135 En 1891, pour l’épouse d’un ébéniste parisien (Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 4 et 5).

    136 La fille du paludier de Batz en possède 30 dont 10 pour les jours fériés (Ouvriers des deux mondes, 1883, 2e série, t. 1). Dans la Creuse, une coiffe de tulle ou de mousseline brodée vaut 20-25 francs (Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 2). En Charente, une simple coiffe est évaluée à 3 francs (Ouvriers des deux mondes, 3e série, t. 1). La mère de P.-J. Hélias, peu fortunée pourtant, en aligne dix dans son armoire (P.-J. Hélias, Le cheval d’orgueil, op. cit.).

    137 La luxueuse coiffe normande peut atteindre 1 000 à 1 500 francs. Voir S. Chauvet, La Normandie ancestrale, op. cit., p. 151.

    138 Pour ne citer qu’un exemple, voir M. Cabaud et R. Hubscher, 1900, la femme au quotidien, Paris, 1985, A. Colin, où les résinières landaises, les paysannes du Gâtinais, les trieuses de chasselat à Port-Sainte-Marie (Lot-et-Garonne), les paysannes de la Côte d’Or, les vendangeuses champenoises ont visiblement renoncé à la coiffe.

    139 Qui exige amidonnage, tuyautage. Il faut, de plus, les conserver sur des formes pour éviter de les abimer.

    140 Ils sont inconnus en Bretagne jusqu’en 1914 (C. Géniaux, op. cit.). E. Sol, Le vieux Quercy, Paris, 1929, E. Nourry, p. 58. En revanche, dans le pays d’Othe (Landes), on compte huit nappes en 1900, deux douzaines de serviettes dès 1816 et jusqu’à 15 douzaines en 1914. Voir aussi M.– T. Larroque, « Le linge de maison dans les trousseaux du pays d’Othe au xixe siècle », Ethnologie française, n° spécial sur Linge de corps et linge de maison, 1986, n° 3.

    141 A. Mahé de la Bourdonnais, Voyage en basse Bretagne chez les « Bigoudens » de Pont l’Abbé, Paris, 1892, éd. Jouve, p. 80-81.

    142 Le maraîcher de Deuil en possède en 1885 mais c’est une exception même chez les Ouvriers des deux mondes (2e série, t. 2). En pays d’Othe, les torchons font leur apparition vers 1880 mais en nombre réduit (6 à 12) et les serviettes de toilette en 1900 (M.-T. Larroque, op. cit.).

    143 La valeur moyenne, dans les monographies des Ouvriers des deux mondes, est de 360 francs pour les paysans et 215 pour les ouvriers.

    144 Chez le tailleur de silex et vigneron de l’Orléanais et le métayer du haut Forez soit entre 67 et 138 francs (Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 2).

    145 C’est le cas du maraîcher de Deuil et du métayer d’Horte (Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 2). La valeur oscille entre 342 et 960,76 francs, car elle dépend de la qualité des tissus : toile fine de lin, chanvre tissé à la maison. Le trousseau d’une bourgeoise est, cependant et à titre de comparaison, bien plus important : en 1910, 12 draps, 36 torchons dont 24 essuie-main, 3 douzaines de serviettes, 3 nappes pour 6 personnes et une pour 12, 24 serviettes éponge, 24 mouchoirs, 24 paires de bas, 6 chemises brodées, 6 chemises en percale et 12 en toile, 12 pantalons (6 en percale, 6 en finette), 6 cache-corset, 24 serviettes hygiéniques, 3 jupons, 6 tabliers blancs, 6 tabliers fantaisie, 6 de cuisine, soit 668 francs (A. Martin-Fugier, La bourgeoise, Paris, 1983, Grasset). M. Perrot mentionne des trousseaux coûtant 2 000 à 2 500 francs : dans ce cas, chaque pièce va par trois à six douzaines (M. Perrot, Le mode de vie des familles bourgeoises, Paris, 1961, F.N.S.P.).

    146 J. Lecœur, Esquisses du bocage normand, op. cit., p. 113. Voir aussi le Morvan et J. Levainville, op. cit.

    147 G.’ Charuty, A. Fine, C. Fabre-Vassas, Gestes d’amont. Les femmes racontent leur travail, Villelongue d’Aude, 1980, Atelier du gué. Voir aussi A. Fine, « A propos du trousseau : une culture féminine », Une histoire des femmes est-elle possible ?, Marseille, 1984, Rivages. La confection du trousseau s’effectue après la communion chez les pêcheurs de Martigues (Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 1).

    148 Les grands-mères ont la parole, Rouen, 1981, C.R.D.P., p. 130.

    149 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 4.

    150 C’est le cas des ouvriers provençaux (J. Gaillard, op. cit.). Voir aussi le cordonnier de Malakoff qui possède, en sus, 8 nappes, et l’ajusteur de Guise (Ouvriers des deux mondes, 1re série, t. 5 et 2e série, t. 5). Mais le trousseau d’une ouvrière aisée peut compter 14 à 30 paires de draps, 12 taies, deux douzaines de serviettes de tables, autant de serviette de toilette, 48 torchons, soit 294 francs dans le cas du fileur de Val-des-Bois et de son épouse (Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 4).

    151 La vie quotidienne à Saint-Etienne, op. cit.

    152 Procès-verbal de gendarmerie de Marzas : 16 février 1926, A.D., Drôme, UP 1010.

    153 Procès-verbal de police de Romans : 6 novembre 1934, A.D., Drôme, UP 1045.

    154 S. Grafteaux, Mémé Santerre, Verviers, 1975, Marabout.

    155 Procès-verbal de police de Versailles : 16 juillet 1924, A.D., Seine-et-Oise, Assises, audience du 30 juillet 1925.

    156 Procès-verbal de police de Vaise : 24 août 1939, A.D., Rhône, tribunal correctionnel de Lyon, audience du 20 octobre 1939.

    157 M.-C. Allait, « Les femmes dans trois villages de l’Artois. Travail et vécu quotidien », Revue du Nord, juillet-septembre 1981.

    158 R. Thabault, op. cit.

    159 Voir le métayer du haut Forez (Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 4).

    160 Voir le paysan résinier de Lévignacq (Ouvriers des deux mondes, 1re série, t. 5). Le bouilleur de cru charentais avec 140 francs fait l’investissement le plus élevé (3e série, t. 1). Le cuvier en bois, le dorc en terre du pays de Sault sont utilisées surtout par les paysannes.

    161 Le mineur du Pas-de-Calais possède un cuvier (Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 4) comme les gantières de Saint-Junien (3e série, t. 1). L’étameur de fer de Commentry possède en 1887 un cuvier, une chaudière, trois baquets, une boîte à laver, trois fers, un appareil à gaufrer etc. (2e série, t. 1). Dans le coron de mémé Santerre, à Avesnes, le cuvier est collectif.

    162 C’est-à-dire le baquet, une ou deux brosses, le battoir comme les femmes du poseur de rail parisien ou du tisseur de Saint-Quentin (Ouvriers des deux mondes, 3e série, t. 1). Dès 1893, l’allumeur de réverbères de Nancy, pourtant modeste mais chargé d’enfants possède une lessiveuse, soit une quinzaine d’années après la bourgeoisie nivemaise, étudiée par G. Thuillier.

    163 Procès-verbal de police de Roubaix : 2 avril 1928, A.D., Nord, 2U 155/291. Faute d’orthographe originale.

    164 Le résinier landais en utilise 3 hectolitres par an (Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 3).

    165 Un kilo coûte, ainsi, 2,50 francs en haut Forez et 0,80 en Confolentais (Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 3 et 4).

    166 3 pour le métayer du haut Forez, 10 pour les paysans du Confolentais, 30 pour le résinier des Landes, 50 pour le bouilleur de cru charentais. Le métayer du haut Forez y consacre 1 % seulement de ses revenus.

    167 Procès-verbal de police de Toulon : 27 août 1911, Var, 4U4 459.

    168 4 kilos pour le mineur du Pas-de-Calais mais il possède un cuvier ; 12 pour le mineur de la Loire, ablutions comprises ; 31,2 pour la piqueuse de bottines parisienne dont la propreté est exceptionnelle (1re série, t. 5).

    169 Seule exception rurale, le bouilleur de cru charentais achète 2 litres d’eau de Javel par an. La piqueuse de bottines consomme quatre à cinq litres d’eau de Javel par semaine.

    170 8 francs par an de bleu pour la piqueuse de bottines, enragée de propreté. 2 kilos et 3,60 francs de cristaux de soude pour la femme du mineur du Pas-de-Calais.

    171 Selon Pauline Bemège, animatrice des salons ménagers et divulgatrice du « domestic science Movement ». Selon l’enquête de la S.D.N., en 1939, en Saône-et-Loire, 63,4 % des foyers disposeraient de l’un au moins de ces appareils électriques : fer, cuisinière, chauffe-eau, bouilloire. A Paris en 1939, la quasi totalité des foyers dispose du fer électrique cependant que le chauffe-eau électrique effectue une percée, passant de 790 exemplaires en 1930 à 32 931 en 1939 (A. Beltran, « Du luxe au cœur du système ; électricité et société dans la région parisienne (1880-1939) », Annales E.S.C., septembre-octobre 1989).

    172 C. Rhein, Jeunes femmes au travail dans le Paris de l’entre-deux-guerres, thèse de 3e cycle, 1977, Université de Paris VII, p. 182.

    173 C’est Jules-Louis Breton, ingénieur et sous-secrétaire d’Etat aux inventions militaires pendant la Guerre, qui favorise, comme ministre de l’hygiène, de l’assistance et de la prévoyance sociale, la recherche sur les appareils ménagers électriques. Le salon des appareils ménagers est créé en 1923 à Paris par l’Office national de la recherche (rattaché au ministère de l’instruction publique) et soutenu par l’industrie électrique. Puis, sous l’influence de Pauline Bernège, le salon devient moins un lieu d’exposition de prototypes qu’un salon du ménage rationalisé. Voir F. Wemer, « Du ménage à l’art ménager. L’évolution du travail ménager et son écho dans la presse française de 1919 à 1939 », Le mouvement social, octobre-décembre 1984.

    174 Certes, la loi du 15 février 1902 sur l’hygiène publique a accéléré les travaux d’adduction mais beaucoup de ménagères doivent encore faire la corvée d’eau et l’utilisent avec parcimonie tant pour le ménage que pour le lavage. Sur ces questions, voir J.-P. Goubert, La conquête de l’eau (Paris, 1986, R. Laffont).

    175 Selon M. Martin, Femme et société. Le travail ménager (1919-1939) (thèse de 3e cycle, 1977, Université de Paris VII) et « Ménagère, une profession ? », Le mouvement social, juillet-septembre 1987 ; M. Martin y étudie tout particulièrement le mouvement en faveur du ménage taylorisé et mécanisé. Voir aussi F. Wemer, op. cit. Les ménages bourgeois ont même financièrement intérêt à conserver une main d’œuvre ancillaire plutôt qu’à la remplacer par des esclaves électriques.

    176 Y. Stourdzé, « Autopsie d’une machine à laver. La société française face à l’innovation grand public », Le débat, décembre 1981. Dans ce remarquable article, l’auteur souligne également les causes et les conséquences économiques qu’engendre le refus d’une consommation de masse bon marché. Les fondeurs et les ingénieurs ont imposé une machine lourde, à la fois pour trouver un débouché et produire un objet sérieux, car supposé solide ; elle est donc scellée et apparaît comme un objet mobilier et non de consommation. Ces a priori expliquent la faiblesse de l’électronique grand public mais aussi, en raison du rejet des automatismes, le retard des systèmes de relais, lacunes qui ont lourdement grevé la balance commerciale à partir de 1960.

    177 M.-P. Weyd, Journal d’une assistante rurale, op. cit., p. 122.

    178 Voir chapitre II sur Mme Gacon Dufour, Manuel complet de la maîtresse de maison et de la parfaite ménagère, Paris, 1826, Roret.

    179 A. Martin-Fugier, La place des bonnes. La domesticité féminine à Paris en 1900, Paris, 1979, Grasset, cite trois emplois du temps extraits d’un manuscrit rédigé en 1914 par la femme d’un petit industriel, Mme Davoine, et de deux manuels, Le manuel des bons domestiques (1896) et Les gens de maison par A. Moll-Weiss (1927).

    180 Voir M. Martin, op. cit., et L.L. Clark, Schooling the Daughters of Marianne. Textbooks and the Socialisation of Girls in Modem french Primary Schools, Albany, 1984, State University of New York Press, qui donne la liste des manuels.

    181 L’histoire médicale du xixe siècle a beaucoup progressé avec les travaux de J. Léonard, Les médecins de l’Ouest au xixe siècle, Lille, 1978, H. Champion ; La France médicale au xixe siècle, Paris, 1978, coll. Archives ; Archives du corps. La santé au xixe siècle, 1986, Ouest-France. Voir également La médicalisation en France du xviiie siècle au début du xxe siècle, n° spécial des Annales de Bretagne, 1979, n° 3 ; Colloque sur l’histoire de la sécurité sociale, Paris, 1984, Association pour l’étude de la sécurité sociale. On peut comparer avec l’étude faite sur la Suisse, assez décevante cependant, de G. Heller, « Propre en ordre ». Habitation et vie domestique, 1850-1940 : l’exemple vaudois, Lausanne, 1979, éd. d’En bas.

    182 Dr Dumont, op. cit. Il recommande même une aération permanente par des vitres percées de trous.

    183 Les populations du Puy-de-Dôme, op. cit., p. 242

    184 H. Provensal, L’habitation salubre à bon marché, Paris, 1908, C. Schmidt. Pour la fondation Rothschild, voir R.H. Guerrand, Histoire de la vie privée, op. cit., t. 4.

    185 A. Corbin, Le miasme et la jonquille, Paris, 1982, Aubier.

    186 Dr Schatzmann, Conditions hygiéniques nécessaires dans l’habitation des enfants, Paris, 1911, Vigot frères.

    187 E. Guillot, La maison salubre, Paris, 1914, Dunod et E. Pinat.

    188 Dr Schatzmann, op. cit., p. 130.

    189 E. Guillot critique « le déplacement imposé à la poussière par la plume ou le chiffon », op. cit., p. 410.

    190 Dr Schatzmann, op. cit., p. 39-40.

    191 Dr Dumont, op. cit., p. 112. D’où de longs développement chez E. Guillot sur les mérites comparés des papiers vernissés, du lincrusta ou de la métoxine (soie artificielle).

    192 H. Provensal et Schatzmann exigent l’installation de trémies à ordures et E. Guillot d’une boîte à ordures close sous l’évier. Ce dernier invente même un garde-manger hygiénique muni d’une ventilation haute et basse et d’un filtre épurateur.

    193 Comme le montre J. Léonard, Les médecins de l’Ouest, op. cit.

    194 Entre autres, celui de Seine-et-Oise qui paraît très exigeant au travers des dossiers de déchéance parentale exceptionnellement nombreux et bien conservés pour ce département.

    195 Dossier familial n° 955, 1938, A.D., Seine-et-Oise, 1161 W.

    196 Voir B. Ehrenreich, D. English, « La science, le travail et la ménagère. L’“organisation scientifiqueˮ du travail domestique dans l’Amérique des années 1900 », L’haleine des faubourgs, Recherches, décembre 1977. Ce mouvement est codifié dans le livre de C. Frederick, Efficiency Studies in Home Management (1913), traduit en 1920 sous le titre : Le taylorisme chez soi. Pour la diffusion, voir M. Martin, op. cit. Henri Le Châtelier, traducteur de Taylor, a fait connaître le mouvement en France. Pauline Bemège le popularise par son Institut d’organisation ménagère, qui compte de nombreux professeurs d’enseignement ménager, ainsi que par un journal. Les salons ménagers participent à la croisade : dès 1928, ils présentent des cuisines aménagées en fonction du taylorisme domestique.

    197 Comme en témoignent les menus cités par E Wemer, op. cit. :
     – œufs farcis aux champignons, dorade au four, escalope de veau, purée de chicorée, pudding aux pommes (Modes et travaux, 15 novembre 1919)
     – ou ce dîner de vacances « vite fait » : potage à l’oseille, pains russes, bitokes de bœuf haché à la hongroise, salade, balancé au chocolat (La Mode illustrée, 14 août 1927).

    198 A. Moll-Weiss, La vie domestique d’après guerre, Paris, 1921, Rousseau.

    199 H. Viollet, « De l’excellence des occupations ménagères et de la dignité du raccommodage », La Revue familiale, déc. 1926 et janvier 1927, Archives de l’Assistance Publique, Fonds Fosseyeux, liasse 586, « Œuvre Grancher ».

    200 Voir M. Martin, op. cit.

    201 Témoignage d’Hélène, élevée dans le Nord par un grand-père ferblantier, cité par C. Rhein, Jeunes femmes au travail, op. cit., p. 70.

    202 T. Leleu, La vie quotidienne à Armentières, op. cit. Tous les jours, la ménagère range, allume le feu, fait le petit déjeuner et les courses, confectionne le repas et le goûter, prépare le dîner, fait la vaisselle, éteint le feu. Le lundi, elle nettoie les vêtements du dimanche ; le mardi, elle fait la lessive ; le mercredi, elle repasse ; le jeudi, elle fait le marché ; le vendredi, elle fait le grand nettoyage ; le samedi, on fait sa toilette. A Pâques et avant la Ducasse, les femmes font un grand nettoyage.

    203 Lettre au Procureur : 2 février 1938, A.D., Pas-de-Calais, 3U5 XVII.

    204 Enquête S.D.N., t. 2, p. 189.

    205 F. Chapiseau, Le Folklore de la Beauce et du Perche, Paris, 1902, Maisonneuve, p. 34. Et ce, quoique le sol ne soit pas toujours carrelé. L’enquête de la S.D.N. confirme cet état de chose à la veille de la Seconde Guerre mondiale, surtout dans l’Aisne, la Meuse, l’Oise, la Seine-et-Oise, la Seine-et-Mame, la Somme.

    206 R. de Felice, La Basse-Normandie, étude de géographie régionale, Paris, 1907, Hachette, p. 414.

    207 L. Jouve dans La Lorraine illustrée, Paris, 1886, Berger-Levrault, p. 272.

    208 L. Gaillard, op. cit. et Foville, t. 2, p. 212-213. L’enquête de la S.D.N., près d’un demi siècle plus tard, souligne le fait pour les Alpes-Maritimes, l’Hérault et les Pyrénées-Orientales (montagnes exclues).

    209 R. de Felice, La Basse-Normandie, étude de géographie régionale, op. cit., p. 416.

    210 Chez les paludiers de Guérande, « l’intérieur de la maison, bien meublé, est tenu avec une propreté hollandaise, propreté que l’on remarque sur leurs vêtements » (J. Mahé de la Bourdonnais, op. cit., p. 110-111). En Vendée, de même, les maisons sont « tenues très proprement » (Foville, t. 2, p. 310).

    211 C. Géniaux, op. cit., p. 76 et H. Roger, Le Finistère, op. cit., p. 24.

    212 Enquête S.D.N., t. 2, p. 110.

    213 Enquête S.D.N., t. 2.

    214 Enquête S.D.N., t. 2, p. 373.

    215 Enquête S.D.N., t. 2, p. 257.

    216 Enquête S.D.N., t. 2, p. 316.

    217 Dr Francus, Voyage... à travers l’Ardèche et la Haute-Loire, op. cit., t. 2, p. 50.

    218 J. Levainville, op. cit., p. 226 et Les populations du Puy-de-Dôme, op. cit., p. 237.

    219 E. Claverie et P. Lamaison, L’impossible mariage, op. cit., p. 36.

    220 Foville, t. 1, p. 173.

    221 Dr Bogros, op. cit., p. 101.

    222 Les populations du Puy-de-Dôme, p. 286.

    223 Selon l’enquête S.D.N., ils sont notables, en revanche, en Ariège où « la propreté des habitations est en général satisfaisante » (t. 2, p. 175).

    224 36 cas font une description précise : 3 de 1900 à 1915, 2 de 1915 à 1929, et 31 à partir de 1930.

    225 Voir J.-P. Goubert, op. cit.

    226 L’épouse, impotente, ne peut assumer aucune tâche ménagère et le mari a laissé les ordures s’entasser dans le logement. Procès-verbal de police de Tarare : 12 septembre 1934, A.D., Rhône, 3U corr. d. 200.

    227 Procès-verbaux du juge d’instruction de Cambrai : 8 décembre et 20 novembre 1937, A.D., Nord, 4 U2 428.

    228 Sur 8 cas, 7 concernent des familles de journaliers.

    229 Sur 27 cas, on compte 8 ménages où le mari est manœuvre et 6 où il est chômeur.

    230 Pétition de juin 1933, A.D., Finistère, 16 U6 190.

    231 M. Foucault, Histoire de la sexualité, t. 1 : La volonté de savoir, Paris, 1976, N.R.F., et I. Joseph, P. Fritsch, « Disciplines à domicile, l’édification des familles », Recherches, novembre 1977. Voir pour une mise au point sur l’application du biopolitique, A.-M. Sohn, « Histoire de la famille, histoire de la sexualité sous la IIIe République », communication à la société d’histoire moderne, Bulletin de la société d’histoire moderne, 1984, n° 2.

    232 C. Lhotte, Ma mère Riquet (1928), citée dans Nous les assistantes sociales. op. cit., p. 126-127.

    233 Foville, t. 1, p. 118.

    234 Enquête S.D.N., t. 2, p. 417.

    235 Léonard, « Femme, religion et médecine. Les religieuses soignantes en France au xixe siècle », Annales (E.S.C.), septembre-octobre 1977.

    236 C’est la théorie de T. McBride, The domestic Révolution. The Modernisation of Household Service in England and France (1820-1920), London, 1976, Croom Helm.

    237 En 1932, une tournée a été faite dans le Lot, le Tarn, la Haute-Garonne, l’Hérault, pour démontrer le bon usage de l’eau saine. En 1936, une campagne a été menée dans huit départements sur l’hygiène, l’agriculture. Voir Enquête S.D.N., t. 1.

    238 Nous les assistantes sociales, op. cit., p. 164.

    239 Rappelons que l’expression « travaux ménagers » n’apparaît que dans la première moitié du xixe siècle et que la diffusion du mot « ménagère » lui est postérieure (selon M. Martin : Femme et société, op. cit.). Les bourgeoises préfèrent souvent se désigner comme rentières.

    240 Renseignements de police de Cannes : 6 juillet 1912, A.D., Alpes-Maritimes, 14136.

    241 Procès-verbal du juge d’instruction de Prades : 8 novembre 1919, A.D., Pyrénées-Orientales, U 1662.

    242 Procès-verbal du juge d’instruction de Troyes : 8 avril 1876, A.D., Aube, 5U 280.

    243 Lettre du 15 septembre 1874, A.D. Loire, Assises, 4e trimestre 1874.

    244 Procès-verbal de police d’Argenteuil : 26 mars 1938, A.D., Seine-et-Oise, 1161 W.

    245 Procès-verbal du juge d’instruction de Perpignan : 25 janvier 1910, A.D., Pyrénées-Orientales, U 3204.

    246 Lettre du 19 décembre 1895, A.D., Seine-Inférieure, U 1110.

    247 Ouvriers des deux mondes, 3e série, t. 1. L’événement est daté de 1877.

    248 Procès-verbal de gendarmerie du Houlme : 18 août 1903, A.D., Seine-Inférieure, U 1028.

    249 P.J. Hélias, Le cheval d’orgueil, op. cit.

    250 Procès-verbal de gendarmerie de Salbris : 16 avril 1934, A.D., Loir-et-Cher, 2U 175.

    251 Sur la survivance du devoir ménager, voir une enquête menée en 1978 dans la région parisienne, à Nancy et Marseille, à l’aide de 337 entretiens par J. Froger, J. Peyraud, « Le couple et la répartition des tâches domestiques ou l’utopie égalitaire », Femmes, féminisme, recherches, Toulouse, 1984, Université de Toulouse-Le Mirail.

    252 Procès-verbal de police de Saint-Etienne : 30 septembre 1930, A.D., Loire, U 2039. La seconde sous la plume d’un magistrat dans un acte d’accusation, daté de 1920 (A.D., Pyrénées-Orientales, U 3180).

    253 Voir chapitre I. On compte 21,2 % seulement d’agricultrices alors que 42,4 % des femmes sont des villageoises et 41,4 % sont filles de paysans. Voir sous la direction de J. Dupâquier et D. Kessler, La société française au xixe siècle, Paris, 1992, Fayard. Cette enquête aboutit à des conclusions voisines : 60,42 % des femmes de cultivateurs se disent ménagères. Seule différence, si l’Ouest apparaît comme une des régions où cette habitude est bien ancrée (avec 22,89 % des dénominations pour les filles), si le Midi et le Sud-Ouest sont assez bien représentés, la région Rhône-Alpes occupe dans leur échantillon une place de premier plan (avec 41,66 % des dénominations) que je n’ai pas retrouvée dans la série U.

    254 Les commerçantes tiennent un étal de marché, un débit de boissons, une échoppe de brocante. Les ouvrières sont couturières et gantières. On compte une seule ouvrière d’usine.

    255 Bulletin de renseignements du tribunal d’Aubusson, 1913, A.D., Creuse, ZE/U2 /684.

    256 Voir chapitre II et M. Perrot, « L’éloge de la ménagère dans le discours des ouvriers français au xixe siècle », Romantisme, 1976, n° 13-14.

    257 Cette dernière dénomination est bourgeoise et administrative. Je l’ai rencontrée, pour la première fois, en 1872, en Seine-Inférieure dans un acte d’accusation où le magistrat désigne comme « sans profession particulière » une femme que les gendarmes définissent toujours comme une ménagère (Acte d’accusation : 1er mai 1872, A.D., Seine-Inférieure, U 2302). Elle ne s’impose, toutefois, dans les actes officiels qu’à partir des années 1930.

    258 Voir B. Smith, Ladies of the Leisure Class. The bourgeoise of Northern France in the XIX Century, Princeton, 1981, Princeton University Press. C’est un des points les plus intéressants de cet ouvrage qui cède trop, par ailleurs, aux digressions sur une féminité reconstruite et psychanalytique.

    259 Une enquête, réalisée dans les écoles primaires du Nord en 1899 pour connaître les goûts des élèves, confirme ces convictions et montre qu’ils sont très voisins pour les deux sexes et que les filles rejettent comme inintéressantes les matières liées à la vie domestique. 4 % seulement des filles s’intéressent à l’enseignement ménager. Cité par L. Clark, Schooling the Daughters of Marianne, op. cit.

    260 Procès-verbal de gendarmerie de Busigny : 10 juin 1936, A.D., Nord, 3 U2 428. Le second, un bonnetier de Joigny (Yonne), explique que sa femme, une couturière l’a quitté « sous prétexte que je lui refusais d’aller travailler en journées. Je considérais qu’il était peu convenable que ma femme allât en journée alors que sa présence à la maison était nécessaire pour faciliter mon métier » mais sa motivation est surtout professionnelle (Procès-verbal du juge d’instruction de Joigny : 2 février 1926, A.D., Yonne, 3U3 104).

    261 Procès-verbal du juge d’instruction de Clermont : 12 février 1874, A.D., Puy-de-Dôme, U 010820.

    262 Procès-verbal du juge d’instruction de Lyon : 22 juin 1906, A.D., Rhône, Assises, session du 1er décembre 1906.

    263 Les grands-mères ont la parole, op. cit., p. 59.

    264 A. Fourcaut, Femmes à l’usine dans l’entre-deux-guerres, Paris, 1982, Maspero, p. 239.

    265 Le second texte concerne les usines Gillet à Lyon, en 1928 où selon l’élève surintendante, aucune ouvrière « n’admet qu’une femme mariée ayant des enfants soit obligée de travailler ; sa place est à la maison pour tenir son intérieur et élever ses enfants. Le salaire du mari doit être suffisant pour élever la famille » (A. Fourcaut, op. cit., p. 72).

    266 A. Fourcaut, op. cit., p. 68-69. Une jeune imprimeuse bordelaise hésite : « il est bien entendu qu’elle restera chez elle après son mariage mais cela lui a donné à réfléchir. “ Que fera-t-elle toute la journée à la maison ? ” » (op. cit., p. 119).

    267 Rapport de la caisse familiale du textile de Lille. Service d’hygiène, février 1923, A.N., F22 444.

    268 J.-P. Burdy, M. Dubesset, M. Zancarini-Fournel, « Rôles, travaux, et métiers de femmes dans une ville industrielle : Saint-Etienne (1900-1950) », Le mouvement social, juillet-septembre 1989 ainsi que M. Dubesset et M. Zancarini-Fournel, Parcours de femmes, Réalités et représentations Saint-Etienne (1880-1950), Lyon, 1993, P.U.L.

    269 Les maréchaux-ferrants, les menuisiers, etc.

    270 Entre un tiers et la moitié des mineurs et métallurgistes ont des épouses sans profession.

    271 L. Tilly, « Structure de l’emploi. Travail des femme et changement démographique dans deux villes industrielles : Anzin et Roubaix, 1872-1906 », Le mouvement social, octobre-décembre 1978. Voir chapitre IV sur le travail des mères.

    272 Alain Cottereau a montré que les femmes gèrent mieux que les hommes, sur le long terme, l’usure au travail. Si les travaux exercés par les jeunes filles, par exemple dans les moulinages, sont plus éprouvants que les travaux masculins, d’où une surmortalité des femmes au travail avant trente ans, la maternité leur permet d’y échapper en arrêtant ce type de travail alors que les hommes n’ont pas cette possibilité, d’où la surmortalité des ouvriers après trente ans. Le patronat en est bien conscient qui compte sur cette alternance entre travail et foyer pour surexploiter la force de travail des jeunes filles. Voir « Usure au travail. Destins masculins et destins féminins dans les cultures ouvrières en France au xixe siècle », Le mouvement social, juillet-septembre 1983. Sur l’Angleterre, voir A.-M. Sohn, « Entre-deux-guerres. Les rôles féminins en France et en Angleterre », Histoire des femmes. Le xxe siècle, Paris-Bari, Laterza-Plon, 1992. 10 % seulement des ouvrières anglaises sont mariées dans l’entre-deux-guerres.

    273 Voir pour les chiffres, F. Thébaud, Donner la vie. Histoire de la maternité en France dans l’entre-deux-guerres, thèse de 3e cycle, 1982, Université de Paris-VII et M. Martin, op. cit., ainsi que S. Zemer, « De la couture aux presses : l’emploi féminin entre les deux guerres », Le mouvement social, n° spécial, Métiers de femmes, juillet-septembre 1987.

    274 Voir M. Berlan, « Mode d’organisation du travail familial et gestion des aléas : le rôle spécifique de la main d’œuvre familiale féminine dans la région Provence-Côte d’Azur », colloque de Toulouse, Femmes, féminisme, recherches, Toulouse, 1984, Université de Toulouse-Le Mirail.

    275 80 jours par an seulement pour une épouse et mère de valets d’Avesnes selon A. Joppé, Condition de salaire et de travail des ouvriers agricoles, op. cit.

    276 Aussi, le privilège des daounes du Sud-Ouest réside-t-il autant, à mon avis, dans la possibilité d’éviter des travaux fatigants que dans le contrôle de la louche et des clés, symboles de leur pouvoir domestique.

    277 Voir l’exemple du pays d’Auge analysé par M. Segalen, Mari et femme dans la société paysanne, Paris, 1980, Flammarion, et l’Eure-et-Loir dans l’enquête S.D.N., t. 2.

    278 Les populations du Puy-de-Dôme, op. cit., p. 179.

    279 M. Le Châtelier, Huez autrefois, Grenoble, 1980, imprimerie Guirinand.

    280 Sauf en pays basque où l’usage l’interdit aux femmes. Voir l’enquête réalisée dans les années 1880 sur Saint-Etienne de Baïgorry (Pyrénées-Atlantiques) par Mme d’Abbadie d’Arrast, Causeries sur le pays basque. La femme et l’enfant, Paris, 1909, A.R. de Rudeval. Après la Guerre, les hommes mettent la main à la pâte en Artois par exemple (M.-C. Allard, « Les femmes dans trois villages de l’Artois : travail et vécu quotidien », op. cit.).

    281 F. Zonabend, La mémoire longue, op. cit. et Abbé J. Bouët, Nos villages hier et aujourd’hui, Paris, 1928, Librairie Bloud et Gay, p. 22.

    282 P. Descamps, « Etude sur la famille instable en Champagne », La science sociale, 1913.

    283 P. Carru, En Bresse aujourd’hui. Souvenirs d’un paysan en Revermont, Bourg-en-Bresse, 1924, Syndicat d’initiative et de tourisme, p. 13. Cette paysanne normande note également que, dans l’entre-deux-guerres, « dans une petite ferme comme la nôtre, le mari et la femme travaillent pareil » (C. Germain et C. de Panafieu, op. cit., p. 126).

    284 Dans 10 dossiers judiciaires, cette démesure suscite même une vive réaction de l’opinion.

    285 Procès-verbal du juge d’instruction de Saint-Céret : 8 décembre 1938, A.D., Pyrénées-Orientales, U 3756.

    286 Procès-verbal du juge d’instruction de Périgueux : 26 juillet 1937, A.D., Dordogne, 2U 243.

    287 1937, A.D., Sarthe, 1U 205.

    288 Procès-verbal de gendarmerie d’Ondres : 2 septembre 1926, A.D., Loir-et-Cher, 2U 316..

    289 Jugement du tribunal de Grenoble : 15 novembre 1928, A.D., Isère, 4U 829.

    290 Lettre du 4 avril 1933, A.D., Marne, 9U 209.

    291 Les populations du Puy-de-Dôme, op. cit., p. 110.

    292 Foville, op. cit., t. 2,p. 214.

    293 Enquête S.D.N., t. 2, p. 369.

    294 Les grands mères ont la parole, op. cit., p. 41.

    295 C. Amiel, G. Charuty, C. Fabre-Vaissas, Jours de vigne. Les femmes dans les pays viticoles racontent le travail, Villelongue d’Aude, 1981, Atelier du Gué, p. 134

    296 Les gendarmes, quant à eux, semblent privilégier la fonction productive : « il est difficile de connaître lequel a le plus de tort (...) [mais] elle n’aime guère travailler ». Procès-verbaux de gendarmerie de Marines : 7 et 12 mai 1879, A.D., Seine-et-Oise, tribunal correctionnel de Pontoise, mai 1880.

    297 Procès-verbal du juge d’instruction de Clermont-Ferrand : 17 avril 1871, A.D., Puy-de-Dôme, U 010809.

    298 Procès-verbal du juge d’instruction du Havre : 23 mars 1929, A.D., Seine-Inférieure, U 979. Voir aussi une journalière agricole de l’Oise qui « était astreinte à travailler journellement » avec son mari qui « ne lui laissait pas le temps de laver son linge » (Procès-verbal de gendarmerie d’Auteuil : 19 février 1931, A.D., Oise, Assises, 2e trimestre 1931, liasse n° 2).

    299 Procès-verbal du juge de paix de Laragne : 19 février 1926 et procès-verbal de police de Grenoble : 3 juillet 1926, A.D., Hautes-Alpes, 1U 26.

    300 Procès-verbal du juge d’instruction d’Auxerre : 27 juin 1906, A.D., Yonne, 2U 250.

    301 Mme d’Abbadie d’Arrast, op. cit.

    302 M.-C. Allait, op. cit.

    303 F. Zonabend, op. cit.

    304 E. Dejonghe et J.-P. Thuillier, « Vivre à Gravelines : espaces, pouvoirs, société (1880-1890) », Revue du Nord, avril-juin 1882.

    305 Les salaires journaliers ne dépassent pas 2,60 francs pour les hommes et 1,80 francs pour les femmes. Voir Louise Tilly, « Structures de l’emploi... », op. cit.

    306 T. Leleu, Les femmes à Armentières, op. cit.

    307 Barberet, Le travail en France. Monographies professionnelles, Paris, 1886- 1890, Berger-Levrault, t. 2, p. 399.

    308 M. Capy, « L’usine de la Lampe Osram. Ce que j’ai vu », La Bataille Syndicaliste, 3 octobre 1913, cité dans M. Capy, A. Valette, Femmes et travail au dix-neuvième siècle, Paris, 1984, Syros. En 1934, une enquête de l’Union féminine civique et sociale, portant sur 35 femmes, conclut également que les deux-tiers travaillent par nécessité : pour la moitié, les gains du mari sont insuffisants cependant que deux d’entre elles travaillent, car leur mari les a abandonnées et deux autres, car il ne leur donne pas d’argent (Le travail industriel de la mère et le foyer ouvrier, Paris, 1934, U.F.C.S.). « Alors je travaillais mais ce n’était pas le plaisir (...) c’était un apport au budget du ménage », confirme la femme d’un manœuvre bordelais (C. Germain et C. de Panafieu, op. cit., p. 18).

    309 Procès-verbal de police de Paris (XXe) : 10 avril 1891, A.D., Seine, D2 U8 272.

    310 Foville, t. 1 p. 124.

    311 Rapport médical : 7 août 1911, A.D., Seine, D2 U6 173.

    312 « Rapport » du mari au juge d’instruction : février 1874, A.D., Seine-et-Oise, 0489.

    313 Procès-verbal de police de Clermont-Ferrand : 20 août 1883, A.D., Puy-de-Dôme, U 02332.

    314 Il s’agit de la fabrique de glace de Cirey-sur-Vezouze (Meurthe-et-Moselle). Voir A. Fourcaut, op. cit., p. 116.

    315 C. Rhein, La vie dure qu’on a eue, op. cit., p. 104.

    316 A. Fourcaut, op. cit., p. 103.

    317 Il s’agit, ici, encore des ouvrières de la glacerie de Cirey-sur-Vezouze, mais la remarque vaut pour toutes les salariées. A. Fourcaut, op. cit., p. 117.

    318 Rapport de police : 10 avril 1891, A.D., Seine, D2 U8 272.

    319 A. Fourcaut, op. cit., p. 103.

    320 C. Rhein, op. cit., p. 98.

    321 Le travail industriel de la mère et le foyer ouvrier, op. cit., p. 252.

    322 A. Fourcaut, op. cit., p. 46.

    323 Procès-verbal de police de Saint-Dié : 24 janvier 1913, A.D., Meurthe-et-Moselle, 2U 643.

    324 Procès-verbal du juge d’instruction de Grenoble : 21 décembre 1876, A.D., Isère, 4U 500.

    325 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 4.

    326 A. Fourcaut, op. cit., p. 103.

    327 J. Stœtzel, « Une étude du budget-temps de la femme dans les agglomérations urbaines », Population, janvier-mars 1948.

    328 Lettre au juge de la Seine : s. d., 1882, A.D., Seine, D2 151.

    329 Procès-verbal du juge d’instruction de Guéret : 1er septembre 1884, A.D., Creuse, ZE/U/9191.

    330 C. Germain et C. de Panafieu, op. cit., p. 191.

    331 A. Fourcaut, op. cit., p. 103.

    332 L. Bemod et R. Blanchard, Nouville, op. cit., p. 206.

    333 Près d’une épouse rebelle sur deux est issue de milieux ouvriers. Pour le reste, agricultrices et femmes relevant des activités tertiaires sont à égalité.

    334 Lettre du mari au Procureur : 22 février 1922, A.D., Oise, tribunal correctionnel de Beauvais, 1er et 2e trimestres 1922.

    335 Procès-verbal du juge d’instruction d’Argentan : 13 juin 1922, A.D., Orne, Assises, 1922.

    336 Le mari est maître d’hôtel sur un paquebot. Procès-verbal de gendarmerie de Toulon : 27 février 1930, A.D., Var, 4U4 359.

    337 Procès-verbal du juge d’instruction du Vigan : 3 octobre 1905, A.D., Gard, 5U2 303.

    338 La jeune fille, orpheline de mère, a été élevée par son oncle et son grand-père. Lettre de l’oncle au père : 19 octobre 1873, A.D., Drôme, 21U 189.

    339 Procès-verbal de police de Saint-Denis-Nord : 4 août 1909, A.D., Seine-et-Oise, Assises, 1910.

    340 Procès-verbal de gendarmerie d’Ambrières : 29 octobre 1939, A.D., Mayenne, tribunal correctionnel de Mayenne, 1939.

    341 Procès-verbal de gendarmerie de Vireux : 22 novembre 1910, A.D., Ardennes, 6U35 25.

    342 Procès-verbal du juge d’instruction de Perpignan : 6 janvier 1938, A.D., Pyrénées-Orientales, U 3754.

    343 J’ai ajouté les refus généraux et les refus opposés aux demandes des maris.

    344 Procès-verbal de gendarmerie de Muzillac : 13 mars 1870, A.D., Morbihan, U 1558.

    345 Lette au procureur de Louviers, s. d., 1882, A.D., Eure, tribunal correctionnel de Louviers.

    346 Jugement du tribunal de Saumur : 3 septembre 1927, A.D., Sarthe, 1U 2017.

    347 Il s’agit d’un des rares exemples d’homosexualité féminine retrouvé dans les archives. A.D., Seine-et-Oise, Assises, mars 1920.

    348 Réquisitoire du juge du tribunal civil de Nîmes : 13 juin 1920, A.D., Gard, 6U14 385.

    349 Jugement du tribunal de Châteauroux : 14 novembre 1930, A.D., Indre, tribunal correctionnel de Châteauroux, août-octobre 1931.

    350 Procès-verbal de gendarmerie de Mortrée : 4 juillet 1928, A.D., Orne, Assises, 1929.

    351 Procès-verbal du juge d’instruction de Domène : 10 avril 1895, A.D., Isère, 4U 680.

    352 Procès-verbal du juge de paix de Blamont : 1er octobre 1870, A.D., Doubs, U 3881.

    353 Ces cas sont connus, pour un cinquième, par des litiges familiaux (6 % par des divorces, 8 % par des adultères sans compter 6 % par un avortement), pour plus d’un cinquième, par des violences sur l’un des deux époux (coups dans 8 % des cas et meurtres pour 13,5 %), pour un quart par les déchéances parentales, enfin par des affaires très diverses.

    354 31 % des mauvaises ménagères sont ouvrières, domestiques et journalières mais 56,4 % ont des époux ouvriers ou journaliers agricoles. 14,5 % seulement sont des paysannes. Si l’on prend la profession de la femme, 10 % des mauvaises ménagères appartiennent à la bourgeoisie, même très petite, mais ce chiffre s’élève à 26 % si l’on prend en compte la profession du mari.

    355 52,2 % restent au foyer.

    356 Procès-verbal du juge d’instruction de la Seine : 11 août 1882, A.D., Seine, D2 U8 136.

    357 Jugement du tribunal civil de Nîmes : 12 juin 1929, A.D., Gard, 7U4 5.

    358 Jugement du tribunal civil de Grenoble : 10 février 1929, A.D., Isère, 2U 791.

    359 Procès-verbal du juge de paix de Vertaizon : 20 mars 1883, A.D., Puy-de-Dôme, U 02332.

    360 Les populations du Puy-de-Dôme, op. cit., p. 185.

    361 G.M. Coissac, Mon Limousin, op. cit., p. 178.

    362 P.M. Weyd, Journal d’une assistante rurale, op. cit., p. 99

    363 Ouvriers des deux mondes, 1893, 2e série, t. 5.

    364 Ouvriers des deux mondes, 1895, 2e série, t. 5.

    365 A. Fourcaut, op. cit., p. 103.

    366 Le travail industriel de la mère, op. cit., p. 252.

    367 Procès-verbal du juge d’instruction de Strasbourg : 12 janvier 1927, A.D., Bas-Rhin, AL 112. Ou l’épouse d’un agent militaire versaillais « ne sachant arranger elle même sa cuisine » (Procès-verbal de police de Versailles : 17 juin 1935, A.D., Seine-et-Oise, 1161 W).

    368 Nombre d’enfants des épouses et des mauvaises ménagères (en %)
    Nombre d’enfants
    mauvaises ménagères
    ensemble des ménagères
    0
    15,6
    22,3
    1
    20,4
    25,4
    2
    16,7
    20,8
    3
    14
    14,2
    4
    11,3
    7
    5
    11,3
    3,8
    Nombre d’enfants
    ensemble des ménagères
    mauvaises ménagères
    6
    2,6
    4,3
    7
    2,2
    1,3
    8
    2,7
    0,8
    9
    0,4
    0,5
    0,4
    0,5
    10 et plus
    nombre inconnu
    0,5
    1,2

    369 Ce sont souvent des mères célibataires qui ont trouvé un mari. Les maris ont rarement un enfant illégitime (6 %).

    370 Procès-verbal du juge d’instruction de Quimper : 24 août 1925, A.D., Finistère, 16U671.

    371 Procès-verbal de police de Châlons : 5 septembre 1930, A.D., Marne, 8U 217.

    372 Procès-verbal de police d’Oullins : 22 novembre 1937, A.D., Rhône, 3U 1204.

    373 Procès-verbal de gendarmerie de Busigny : 12 novembre 1936 et procès-verbal du juge d’instruction de Cambrai : 16 novembre 1936, A.D., Nord, 3U2 428.

    374 Réquisitoire : août 1939, A.D., Nord, 3U2 428.

    375 Procès-verbal de gendarmerie de Poissy : 19 novembre 1935, A.D., Seine-et-Oise, 1161 W.

    376 Enquête sociale, 1939, A.D., Seine-et-Oise, 1161 W. Chargé d’une expertise médico-sociale, un médecin utilise les mêmes arguments : « le logement est un taudis, (...) le niveau économique nettement insuffisant : 5,70 francs par jour et par personne (...) mais mal utilisés » ; certes, le mari est chômeur et la femme sans profession, car elle élève sept enfants, mais « ce qui domine chez elle, c’est la paresse, la malpropreté, l’incapacité d’efforts la rendant indocile aux conseils donnés » (Examen médico-psychologique par le directeur de l’Office d’hygiène sociale, 1939, A.D., Seine-et-Oise, 1161 W).

    377 Causerie à Radio-Paris, 27 septembre 1937, citée par R.H. Guerrand, « Henri Sellier et le service social », Henri Sellier et les cités-jardins (1900-1940), op. cit., p. 121.

    378 Ces pressions transparaissent, pour moitié, dans des affaires de divorces et d’adultères, pour moitié dans des affaires de coups et meurtres de conjoints, et surtout de conjointes (32 meurtres de la femme contre 4 meurtres du mari). La distorsion chronologique est plus faible que pour les ménagères avec, pour les trois tranches choisies, 21, 18 et 26 cas.

    379 On compte 12 paysannes, 27 ouvrières et 26 épouses appartenant à la bourgeoisie dont 23 sont des femmes au foyer.

    380 Procès-verbal du juge d’instruction de Nîmes : 19 octobre 1876, A.D., Gard, 6U10 211.

    381 Lettre, s. d., 1925, A.D., Bouches-du-Rhône, 208 U 22 /137.

    382 Procès-verbal de contre-enquête : 28 janvier 1882, A.D., Drôme, 15U 51.

    383 Procès-verbal du juge d’instruction de Valence : 21 août 1871, A.D., Drôme, 4U 261.

    384 Procès-verbal du juge d’instruction du Chambon : 4 février 1880, A.D., Creuse, ZE/U/5342.

    385 Procès-verbal du juge d’instruction d’Aurillac : 4 février 1910, A.D., Cantal, 38 U 333.

    386 Mais elle refuse d’obéir et quitte la maison. Procès-verbal de police de Saint-Etienne : 18 juin 1936, A.D., Loire, U 1889.

    387 Jugement du tribunal de Vienne : 5 mai 1927, A.D., Isère, 2U 792.

    388 Procès-verbal du juge d’instruction de Corbeil : 8 novembre 1929, A.D., Seine-et-Oise, Assises, audience du 2 au 7 juin 1930.

    389 Procès-verbal du juge d’instruction de Cambrai : 19 juin 1936, A.D., Nord, 3U2 428.

    390 Acte d’accusation : 8 juin 1882 et procès-verbal du juge d’instruction de Saint-Etienne : 19 mai 1882, A.D., Loire, Assises, 2e trimestre 1882.

    391 Procès-verbal du juge d’instruction d’Ecouen : 18 juillet 1881, A.D., Seine-et-Oise, tribunal de Pontoise, août 1881.

    392 Procès-verbal de police de Besançon : 19 janvier 1911, A.D., Doubs, U 2924.

    393 Procès-verbal de police de Pontarlier : 2 décembre 1920, A.D., Doubs, U 3144. Orthographe originale.

    394 Ainsi pour cet aubergiste dans un village du Cantal dont la femme décrit la scène classique entre son époux et sa fille : « mon mari est venu voir à la maison si la soupe était prête ; comme elle n’était pas encore faite, il s’est mis à crier après ma fille, en lui disant, tu pouvais bien te lever pour la faire ». Il s’agit de la soupe du « petit » déjeuner qui implique, pour être fraîche que la femme se lève à 4 ou 5 heures du matin (Procès-verbal du juge d’instruction d’Aurillac : 29 mai 1886, A.D., Cantal, 38U 284).

    395 Procès-verbal du juge d’instruction de Lyon : 30 juin 1892, A.D., Rhône, Assises, session du 28 novembre 1892.

    396 Avec 5 et 3 mentions.

    397 Procès-verbal du juge d’instruction de Strasbourg : 12 janvier 1927, A.D., Bas-Rhin, Assises, AL 112, 1927.

    398 Procès-verbal du juge d’instruction de la Seine : 16 octobre 1873, A.D., Seine, D2 U8 23.

    399 Procès-verbal de police de Saint-Denis : 6 juillet 1898, A.D., Seine, D2 U8 289.

    400 Lettre au Président des Assises : 1er décembre 1915, A.D., Bouches-du-Rhône, 208 U 20/47. Orthographe originale.

    401 Procès-verbal du juge d’instruction de Dieppe : 11 avril 1872, A.D., Seine-Inférieure, U 2302.

    402 Procès-verbal du juge d’instruction de Cambrai : 19 juin 1936, A.D., Nord, 3U2 428.

    403 Procès-verbal de gendarmerie de Salbris : 16 avril 1934, A.D., Loir-et-Cher, 2U 175.

    404 Procès-verbal de gendarmerie de Sablé : 25 juin 1939, A.D., Sarthe, 18W 99.

    405 Lettre adressée au Procureur de Versailles par le commissaire de Poissy : 22 janvier 1939, A.D., Seine-et-Oise, 1161 W.

    406 Il faut laver les revêtements muraux en carrelage une fois par mois, les murs et le plafond une fois par semaine, le seuil, le trottoir et les W.C. tous les jours. Voir G. Noiriel, « Du “patronage11 au “paternalisme11 », op. cit.

    407 Rapport de l’assistante de P.M.I. : 21 décembre 1938 et dossier de l’Office d’hygiène sociale : 7 janvier 1939, A.D., Seine-et-Oise, 1161 W.

    408 Enquête de l’Office d’hygiène sociale : 7 mai 1938, A.D., Seine-et-Oise, 1161 W.

    409 Dossier familial, 1939, A.D., Seine-et-Oise, 1161 W.

    410 Voir C. Dauphin et P. Pèzerat, « Les consommations populaires dans la seconde moitié du xixe siècle à travers les monographies de l’école de Le Play », Annales E.S.C., mars-juin 1975.

    411 Ces chiffres incluent le bricolage que je n’ai pas cherché à évaluer dans mon étude. P. Kende évalue la participation masculine à 12 % pour quatre enquêtes échelonnées de 1966 à 1974, soit 1,3 à 1,8 heure par jour, contre 3,9 à 5,5 pour les femmes actives et 8 à 9,2 heures pour les femmes au foyer. K. Walter évalue l’aide masculine aux Etats-Unis entre 14 % et 18 % du travail ménager. Voir Les femmes dans la production marchande, sous la direction d’A. Michel, Paris, 1978, PUF.

    412 Voir F. Zonabend, op. cit. et Y. Verdier, Façons de dire, façons de faire, Paris, 1979, N.R.F.

    413 Dr Perron, Les Francs-Comtois, op. cit., p. 87.

    414 Voir l’enquête réalisée par Andrée Michel en 1966 auprès de 450 familles bordelaises et 150 familles parisiennes : Activité professionnelle de la femme et vie conjugale, Paris, 1974, C.N.R.S. 44 % des maris de femmes actives aident leurs épouses pour les courses, la vaisselle, l’entretien du parquet et les petites réparations contre 19 % pour les femmes au foyer.

    415 Procès-verbal du juge d’instruction d’Yvetot : 7 janvier 1893, A.D., Seine-Inférieure, 2005 U.

    416 1892. La femme est mouleuse de jouets en carton. Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 4.

    417 Procès-verbal de gendarmerie de Rochechouart : 16 avril 1896, A.D., Haute-Vienne, 3U 366.

    418 En 1947, un couple sur quatre bénéficie, en ville, de l’aide matérielle des parents. Voir J. Stœtzel, « Une étude du budget-temps de la femme dans les agglomérations urbaines », Population, janvier-mars 1948.

    419 G.M. Coissac, Mon Limousin, op. cit., p. 184.

    420 Procès-verbal de gendarmerie de Billy-Montagny : 29 juin 1906, Pas-de-Calais, 3U2 133.

    421 Procès-verbal de police de La Muette-Auteuil : 10 septembre 1876, A.D., Seine, D2 U6 39.

    422 Procès-verbal du juge d’instruction de Quimper, avec interprète : 27 août 1913, A.D., Finistère, 16U6 46.

    423 Procès-verbal du juge d’instruction de Troyes : 5 mai 1926, A.D., Aube, versement 152, liasse 17757. Orthographe originale.

    424 Une enquête récente, réalisée en Lozère en milieu rural, montre que les fillettes aident moins leurs parents que leurs frères. Voir M.-J. Chombard de Lauwe, P. Bonnin, M. Mayeur, M. de la Sourdière, Enfant-en-jeu, Paris, 1976, C.N.R.S.

    425 P. Roux : « Monographie d’une commune... », op. cit.

    426 Procès-verbal de police de Limoges : 8 avril 1914, A.D., Haute-Vienne, 3U 771.

    427 Procès-verbal du juge d’instruction de Marseille : 8 juillet 1935 et rapport de l’assistante sociale, A.D., Bouches-du-Rhône, 406 U 362.

    428 P.-J. Hélias, Le cheval d’orgueil, op. cit., p. 397.

    429 On compte trois refus seulement.

    430 A.D., Seine-et-Oise, tribunal correctionnel de Pontoise, mai 1880.

    431 La piqueuse de bottines est mariée à un serrurier-forgeron et travaille à domicile. Ouvriers des deux mondes, 1878, 1re série, t. 5 et A. Fourcautt, op. cit., p. 116.

    432 Voir J. Stoetzel, op. cit.

    433 Acte d’accusation : 28 avril 1876, A.D., Haute-Vienne, 5U 255.

    434 Ouvriers des deux mondes, 1891, 2e série, t. 4.

    435 H. Lamarche, S. Rogers, C. Kamooh, Paysans, femmes et citoyens, Avignon, 1980, Actes-Sud.

    436 Ouvriers des deux mondes, 1893, 2e série, t. 4.

    437 Procès-verbal du juge d’instruction de la Seine : 29 août 1876, A.D., Seine, D2 U8 61.

    438 Procès-verbal du juge d’instruction de Malaucène : 23 août 1918, A.D., Vaucluse, 2U 645.

    439 Procès-verbal du juge d’instruction de Dieppe : 1er février 1929, A.D., Seine-Inférieure, U 982.

    440 Il en est toujours ainsi. Voir A. Michel, « Problématique de la production domestique non marchande », op. cit.

    441 Mémoire sur sa vie, 1926, A.D., Bouches-du-Rhône, 208 U 22/142.

    442 Procès verbal du juge de paix de Salon : 13 mars 1925, A.D., Bouches-du-Rhône, 208 U 22/139.

    443 C. Germain et C. de Panafieu, op. cit., p. 52.

    444 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 4.

    445 Acte d’accusation : 17 octobre 1884, A.D., Creuse, ZE/U/9191.

    446 Communication à l’Académie de médecine, citée par J. Léonard, Archives du corps, op. cit., p. 98.

    447 A. Goursaud, La société rurale traditionnelle en Limousin, Paris, 1976, Maisonneuve et Larose, t. 1, p. 77.

    448 A.D., Landes, 41 U 59.

    449 Cénès, dit La Sinse, La vie provençale. Scènes populaires, Toulon, 1874, Libraire-éditeur Rumède, p. 170. « Tu n’as pas encore fini de remplir cette gourde (...). Ça fait deux heures que tu bavardes en bas (...). Le petit veut têter ».

    450 T. Leleu, La vie quotidienne des femmes à Armentières, op. cit.

    451 Voir L. Gaillard, La vie quotidienne des ouvriers provençaux, op. cit.

    452 Procès-verbal de Préfecture de police de Paris : 25 août 1877, A.D., Seine, D2 U6 44.

    453 Procès-verbal du juge d’instruction d’Auxerre : 23 novembre 1936, A.D., Yonne, 3U1 340.

    454 La vie quotidienne à Saint-Etienne, op. cit., p. 10.

    455 Selon une estimation de l’Electrical Association for Women, faite en Grande-Bretagne en 1934. C. Davidson, A Woman’s Work is never Done. A History of Housework in the British Isles, London, 1986, Chatto and Windus. Je n’ai pas retrouvé de chiffrage équivalent pour la France à la même époque.

    456 Voir M. Segalen, Mari et femme, op. cit. et G. Augustins et R. Bonnain, Les Baronnies des Pyrénées, t. 1, Paris, 1981, E.H.E.S.S.

    457 M. Cabaud et R. Hubscher, 1900, La femme au quotidien, op. cit., voir p. 25.

    458 Ouvriers des deux mondes, 1869-1887, 2e série, t. 2.

    459 Voir, par exemple, p. 29 : 1900, la Française au quotidien, op. cit.

    460 G. L’Hôte, La Tankiotte, Nancy, 1984, Presses universitaires de Nancy. Ainsi pour une écolière, fille d’un métallurgiste de Meurthe-et-Moselle, chargée de ce travail en 1905. A.D., Meurthe-et-Moselle, 6U 243.

    461 Il s’agit d’un mélange de marne et de poussière de charbon. Voir R. Jouglet, Les paysans. Enfance et jeunesse, Paris, 1951, les éditeurs réunis.

    462 Procès-verbal du juge d’instruction de Quimper : 24 avril 1925, A.D., Finistère, 16U6 72.

    463 Ainsi, la bonne domestique charentaise doit « vaquer aux petits travaux du ménage : tirer un seau d’eau, aller chercher le bois dans le bûcher » selon H. Pissot, Nos vignes. Souvenirs et actualités, op. cit., p. 8. Voir aussi le travail d’Yvonne, bonne dès quatorze ans (P. Chabot, Jean et Yvonne, domestiques en 1900, Paris, 1977, Tema).

    464 J.J. Cazaurang, Scènes de la vie rurale en Béarn, Saint-Etienne, 1983, Horwath.

    465 Procès-verbal du juge d’instruction de Lorient, avec interprète : 8 décembre 1870, A.D., Morbihan, U 5265.

    466 J’ai rencontré deux filles d’agriculteurs pour accomplir ce travail banal.

    467 Procès-verbal de gendarmerie d’Iwy : 22 juillet 1936, A.D., Nord, 3U2 428.

    468 1899, Ouvriers des deux mondes, 3e série, t. 1.

    469 Procès-verbal de gendarmerie de Catus : 1er octobre 1916, A.D., Lot, tribunal correctionnel de Cahors, liasse 292. Il faut dix fagots en Berry selon D. Bernard, Paysans du Berry, Roanne, 1982, Horwath.

    470 70 % des ménagères font la cuisine normalement et 25 % négligent cette tâche.

    471 J.C. Toutain évalue la ration à 783 grs pour 1855-1904. Les monographies de Le Play atteignent un chiffre voisin de 734 grs selon C. Dauphin et P. Pézerat, op. cit. Après 1914, la consommation diminue mais reste supérieure à 300 grs par jour.

    472 Dr S. Chauvet, La Normandie ancestrale, t. 1, op. cit. et L’Aubrac, t. 2, op. cit.

    473 G. Charuty et al., Gestes d’amont, op. cit.

    474 F Dupuy, L’Albine, Paris, 1977, Fayard.

    475 G. Sentis, L’Oisans, histoire, traditions, légendes, Grenoble, 1976, à compte d’auteur.

    476 G. Charuty et al., op. cit., p. 17.

    477 S. Palay, Petite Bite et Bite bitante, Pau, 1961, Bibliothèque de l’Escole de Gaston Febus, p. 35.

    478 En Beauce blésoise, selon les indications de G. Boutet, Ils étaient de leur village. Le temps des traditions, Paris, 1979, Denoël.

    479 Dr Francus, Voyage dans le midi de l’Ardèche, 1880, rééd. Aubenas, 1965, Lienhardt.

    480 B. Edeine, La Sologne, t. 1, op. cit.

    481 P. Leshauris, Ceux de Lagraulet, op. cit.

    482 D. Musset, « Savoir pétrir une pâte : savoir féminin ? », mai 1984, n° 14.

    483 A. Roverat dans La Savoie vue par les écrivains et les artistes, op. cit.

    484 G. Derennes, A travers les Alpes françaises. Carnet d’un touriste, Paris, 1890, Gedalge jeune. L’enquête de Foville sur le Queyras livre une remarque analogue d’un paysan qui explique que « le pain dur est plus économe que le pain frais et que s’il cuisait du pain plusieurs fois par an, la récolte de grain ne suffirait pas pour nourrir sa famille » (t. 2, p. 180).

    485 Abbé Berge, Monographie de Saint-Véran, 1928, rééd. Marseille, 1980, J. Laffitte.

    486 H. Rostolland, Névache et la vallée de la haute Clarée, Gap, 1930, L. Blanc.

    487 H. Le Châtelier, Huez autrefois, op. cit.

    488 L’Aubrac, op. cit., t. 2.

    489 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 1 et 2.

    490 Je renvoie, pour la bibliographie, aux livres cités dans la première partie du chapitre et portant sur ces régions.

    491 A la veille de 1914, les Landes et le Béarn, le Berry et la Sologne, le Morvan comme l’Ardèche sont également touchés par la modernité.

    492 R. Thabault, Mon village, op. cit., Foville, t. 1, p. 213.

    493 F. Benoît, La Provence et le Comtat venaissin. Arts et traditions populaires, Avignon, 1975, Aubanel.

    494 Foville, t. 2, p. 207.

    495 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 4.

    496 Ouvriers des deux mondes, 1885 et 1887, 2e série, t. 2 et 4.

    497 Les métayers du Confolentais, en 1888, déjeunent à 9 heures le matin, goûtent à 16 h. et dînent à 19 h. ce qui est une répartition inusitée (Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 3).

    498 Attesté en Lorraine, en Limousin, en Haute-Loire, en Ardèche, dans les Landes, à Deuil (Seine-et-Oise) mais la liste n’est pas exhaustive.

    499 L. Gachon, L’Auvergne et le Velay, op. cit.

    500 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 5 et 4.

    501 B. Edeine, La Sologne, t. 1, op. cit.

    502 Ainsi dans les études déjà citées sur Deuil et le Confolentais.

    503 Procès-verbal du juge d’instruction de Toumon : 20 mars 1912, A.D., Ardèche, 1U 560/53.

    504 A. Sadouillet-Perrin, En Périgord de longue mémoire, Périgueux, 1979, P. Fanlac.

    505 Procès-verbal du juge de paix de Treboul : 22 mars 1882, A.D., Finistère, 16U6 16.

    506 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 4.

    507 Voir J.J. Cazaurang, Alimentation en Béarn, Pau, 1980, Musée béarnais, et G. L’Hôte, La tankiotte, op. cit.

    508 B. Edeine, op. cit.

    509 Procès-verbal du juge d’instruction de Bourganeuf : 17 juillet 1885, A.D., Creuse, ZE/U/9221.

    510 Procès-verbal du juge d’instruction de Cosne-sur-Loire : 16 août 1871, A.D., Nièvre, 2U 432.

    511 Il en existent une grande variété : poutilles à la farine de maïs en Queyras, pas-tet des Baronnies, gaudes de maïs bressanes, bouillies de froment ou d’avoine en pays bigouden, bouillies du Confolentais, escauton de millet dans les Landes dont les résiniers, étudiés dans les Ouvriers des deux mondes, consomment 250 grs par jour et par personne, broyé de blé et de seigle en Béarn etc.

    512 J. Lecœur, Esquisses du bocage normand, op. cit., p. 132.

    513 G. Charuty et al., Gestes d’amont, op. cit.

    514 J. Lecœur, op. cit., p. 132. La galette de sarrazin est mentionnée par les Ouvriers des deux mondes en 1882, en Confolentais et en 1893, en haut Forez. En 1900, les Morvandiaux mangent encore le grapiau de blé noir et les Bressans les matefaims.

    515 P.-J. Hélias, Le cheval d’orgueil, op. cit., p. 394-397.

    516 Levainville, Le Morvan, op. cit., p. 200.

    517 G. Coissac, Mon Limousin, op. cit., p. 178.

    518 L. Trébuchet, Etapes d’un touriste en France : Belle-Isle-en-Mer, Paris, 1895, A. Hennuyer, p. 122.

    519 C. Géniaux, La Bretagne vivante, op. cit.

    520 Notes d’audience du tribunal de Versailles : 7 août 1873, A.D., Seine-et-Oise, tribunal de Versailles, 0475.

    521 A.D., Indre, tribunal correctionnel du Blanc, versement 106, liasse 341.

    522 Le ragoût et le boudin sont réservés aux jours de fête. Foville, t. 1, P- 212.

    523 R. Thabault, Mon village, op. cit.

    524 Coissac, op. cit., p. 198.

    525 J.J. Cazaurang, L’alimentation en Béarn, op. cit.

    526 Procès-verbal de gendarmerie de Lauzet : 5 janvier 1916, A.D., Lot, tribunal correctionnel de Cahors, liasse 290.

    527 Voir A. Joppé et R Bear pour le Nord et le Pas-de-Calais, et H. Rostolland pour la Clarée.

    528 D. Bernard, Paysans du Berry, op. cit., p. 52.

    529 Elles sont peu nombreuses, toutefois, surtout avant 1920.

    530 A. Schweitz, L’espace domestique rural en Touraine septentrionale, op. cit., p. 182.

    531 Les populations du Puy-de-Dôme, op. cit., p. 185.

    532 Voir surtout Y. Verdier, Façons de dire, façons de faire, op. cit.

    533 Mme d’Abbadie d’Arrast, Causeries sur le pays basque, op. cit., p. 85.

    534 Procès-verbal du juge d’instruction d’Embrun : 15 mai 1921, A.D., Hautes-Alpes, 1U 21.

    535 Procès-verbal de police de Joinville : 30 janvier 1871, A.D., Seine, D2 U8 34.

    536 Procès-verbal du juge d’instruction de Mortagne : 19 février 1880, A.D., Orne, Assises, 1880.

    537 Procès-verbal de gendarmerie de Bresles : 24 octobre 1881, A.D., Oise, tribunal de Beauvais, 1881.

    538 R. Douché, Sologne de ma jeunesse, Paris, 1978, La Pensée Universelle, p. 126.

    539 P. Leshauris, op. cit., p. 105.

    540 S. Palay, op. cit., p. 23.

    541 Procès-verbal de gendarmerie de Corbigny : 14 mai 1896, A.D., Nièvre, 13 U7 1366.

    542 Procès-verbal du juge d’instruction d’Aurillac : 1er avril 1880, A.D., Cantal, 38 U2 531.

    543 Procès-verbal du juge de paix de Saint-Jean-en-Royans : 28 décembre 1871, A.D., Drôme, 4U2 381.

    544 Ouvriers des deux mondes, 3e série, t. 1.

    545 Ouvriers des deux mondes, série, t. 4.

    546 J. Maury-Guillais, Une histoire de la grisette, mémoire de maîtrise, 1980, Université de Paris VII.

    547 Il en coûte 2,80 F. chez Renault, 4,50 F. à l’usine d’amiante de Montferrand. A. Fourcaut, Femmes à l’usine, op. cit.

    548 C’est même obligatoire pour les papetiers d’Angoulême (Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 4).

    549 S. Grafteaux, Mémé Santerre, op. cit.

    550 La vie quotidienne à Saint-Etienne entre les deux guerres, op. cit. et Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 4 et 5.

    551 Procès-verbal du juge d’instruction d’Avesnes : 28 décembre 1881, A.D., Nord, 2 U 155/465.

    552 Ainsi pour le mineur du Pas-de-Calais, Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 5.

    553 7 % des indigents vivent dans des logements dépourvus de poêle et de cheminée. Voir J. Gaillard, Paris, la ville (1852-1870), Paris, 1977, H. Champion.

    554 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 4.

    555 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 4.

    556 Ouvriers des deux mondes, 3e série, t. 1.

    557 Procès-verbal du juge d’instruction de Valence : 17 juin 1917, A.D., Drôme, 4U 517.

    558 « Renseignements sur les parents » : 2 août 1934, A.D., Yonne, 3U2 2161.

    559 J. Gaillard, op. cit., p. 249.

    560 Ainsi chez la mouleuse de jouets en carton (Ouvriers des deux mondes, 2e série, t- 4)

    561 La Sinse, op. cit., p. 155. « Mon mari va faire la tête quand il ne trouvera rien sur la table ».

    562 Ouvriers des deux mondes, 3e série, t. 1, 1904-1905.

    563 Ouvriers des deux mondes, 3e série, t. 1, 1901-1902.

    564 G.-A. Hottenger, Le pays de Briey hier et ajourd’hui, Paris, 1911, Berger-Levrault, p. 174-175.

    565 Procès-verbal du juge d’instruction de Strasbourg : 12 janvier 1927, A.D., Bas-Rhin, AL 112, 1927.

    566 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 5.

    567 Gaillard, op. cit., p. 253.

    568 Ebéniste parisien (Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 4). Le repas du serrurier-poseur de persiennes est identique en 1897 et le forgeron parisien fait deux fois par jour ce repas (2e série, t. 5).

    569 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 2. L’enquêteur souligne, du reste, les progrès considérables de l’alimentation populaire depuis 1856, date à laquelle fut réalisée une première monographie de charpentier.

    570 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 4.

    571 Procès-verbal de police de Sainte-Savine : 16 janvier 1871, A.D., Aube, 4U 272.

    572 Lettre à son fiancé : 29 juillet 1889, A.D., Nièvre, 2U 580.

    573 Procès-verbal de police de Haubourdin : 22 mai 1929, A.D., Nord, 2U 155/592.

    574 Ouvriers des deux mondes, 3e série, t. 2.

    575 Procès-verbal du juge d’instruction de Saint-Etienne : 8 août 1882, A.D., Loire, Assises, 4e trimestre 1882.

    576 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 2.

    577 Procès-verbal du juge d’instruction de Saint-Etienne : 21 novembre 1882, A.D., Loire, Assises, 3e trimestre 1882.

    578 Procès-verbal du juge d’instruction de Vendôme : 2 septembre 1912, A.D., Loir-et-Cher, 2U3 141.

    579 Procès-verbal de gendarmerie de Pont-Croix : 3 décembre 1927, A.D., Finistère, 16U2 74.

    580 Déjà citée et conservée au Musée des A.T.P.

    581 G. Charuty et al., op. cit., p. 46.

    582 Ainsi en Normandie : J. Lecœur, op. cit. ; en Ardèche : Dr Francus, Voyage dans le midi de l’Ardèche, op. cit. ; en Sologne : R. Douché, Sologne de ma jeunesse, op. cit.

    583 J. Volane, En Vivarais, t. 1, Paris, 1897, Berger-Levrault, p. 48.

    584 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 3 et R. Thabault, op. cit., p. 114. A Mazières, l’usage a disparu en 1914. Dans les années 1880, la paysanne basque également « ne se met pas à table, elle se tient derrière le mari, va, vient, faisant le service » (Mme d’Abbadie d’Arrast, op. cit., p. 54).

    585 C. Rouleau, Essai de folklore de la Sologne bourbonnaise, Moulins, 1935, Crépin-Leblond, p. 70.

    586 J. d’Arbaud, La Provence. Types et coutumes, Paris, 1939, Horizons de France, p. 56.

    587 P.– J. Helias, Le cheval d’orgueil, op. cit., p. 408.

    588 P. Cazin, H. Forestier, R. Tisserand, Veillées de Bourgogne, Dijon, 1945, M. Jeanniard, p. 203.

    589 Poueigh, Chansons des Pyrénées françaises, op. cit., p. 21.

    590 A. Schweitz, L’espace domestique rural en Touraine septentrionale, op. cit., p. 159. J. Brissaud note, en 1900, « qu’il y a une cinquantaine d’années (...) l’usage pour la femme de ne pas s’asseoir à table pendant les repas était général dans les campagnes de l’Agenais » et vingt-cinq ans ans plus tôt dans l’Albigeois (« La couvade en Béarn et chez les Basques », Revue des Pyrénées, 1900).

    591 Voir C. Seignolle, Le Berry traditionnel, Paris, 1969, Maisonneuve et Larose, et B. Edeine, La Sologne, op. cit. En Sologne, la femme se lève, cependant, pour servir.

    592 Ainsi en Rouergue. Voir R. Béteille, La vie quotidienne en Rouergue au xixe siècle, Paris, 1973, Hachette.

    593 E. Claverie et P. Lamaison, L’impossible mariage, op. cit., p. 36.

    594 P. Manse, Mérilheu de mon enfance, op. cit.

    595 Procès-verbal du juge d’instruction de la Seine : 16 juin 1910, A.D., Seine, D2 U6 65.

    596 Procès-verbal du juge d’instruction de Troyes : 8 décembre 1930, A.D., Aube, versement 152, liasse 17856.

    597 Voir A. Fourcaut, op. cit. Selon une enquête de P Chombart de Lauwe, réalisée en 1956, la vaisselle arrive au 2e rang des tâches partagées par les hommes. Le mari de la mécanicienne en chaussures parisienne déjà citée accepte de faire la vaisselle et la fille d’un mouleur de Charleville souligne que son père V « aidait à faire la vaisselle » (Procès-verbal de gendarmerie de Charleville : 27 juin 1922, A.D., Ardennes, 4U 3194).

    598 Lettre d’une paysanne nivemaise à son mari : 18 avril 1894, A.D., Nièvre, 2U 580.

    599 G. Thuillier, « Pour une histoire de la lessive en Nivernais au xixe siècle », Annales, E.S.C., mars-avril 1969 ; « Note sur les sources régionales de l’histoire de la lessive au XIXe siècle », Revue d’histoire économique et sociale, 1970, n° 4.

    600 Les chemises de femmes sont souillées de terre, d’herbes écrasées, d’excréments, de sang menstruel, etc. La malpropreté des collectivités est encore plus accentuée mais je me borne à étudier le travail des ménagères au sein de la familles. P. Perrot note ainsi qu’au Bon Pasteur à Nancy, en 1903, les orphelines ne lavent pas pendant trois mois, le jupon utilisé pendant les règles (Les dessus et les dessous de la bourgeoisie, op. cit.).

    601 Procès-verbal du juge d’instruction d’Agen : 10 janvier 1873, A.D., Lot-et-Garonne, tribunal correctionnel d’Agen, 15 U 6.

    602 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 2.

    603 H. Thivot, La vie privée dans les Hautes-Alpes vers le milieu du xixe siècle, La Tronche-Montfleury, 1966, Cahiers de l’Alpe. En 1850, on les lavait une fois par an.

    604 La périodicité est un peu plus faible dans les collectivités. Un inspecteur des établissements industriels signale que dans les dortoirs d’usine de la Loire, « on ne renouvelle les draps que tous les deux mois au plus » (Inspecteur au ministère du commerce et de l’industrie : 3 mai 1891, Archives Nationales, F22 458).

    605 Procès-verbal du juge d’instruction de Tonnerre : 5 juin 1876, A.D., Yonne, 2U 143.

    606 A. Orain, Folklore de l’Ille-et-Vilaine. De la vie à la mort, Paris, 1897, Maisonneuve.

    607 Procès-verbal du juge d’instruction de Nevers : 10 juin 1876, A.D., Nièvre, 3U5 1970. Comme la fille d’une ouvrière stéphanoise en 1881 (A.D., Loire, Assises, 1881).

    608 A. Schweitz, L’espace domestique rural en Touraine, op. cit. Ces Tourangelles possèdent ainsi jusqu’à 18 bonnets.

    609 C. Germain et C. de Panafieu, op. cit., p. 127.

    610 Procès-verbal du juge d’instruction de Vesou 1 : 2 mai 1936, A.D., Doubs, 4U 186.

    611 Dans la bourgeoisie, en revanche, les femmes changent de dessous quotidiennement, car « la propreté du linge signale d’abord (...) que l’on a de quoi consommer sans vraiment produire ou épargner » (P. Perrot, op. cit., p. 232).

    612 O. Orain, op. cit. et Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 2.

    613 Procès-verbal du juge d’instruction de Tonnerre : 5 juin 1876, A.D., Yonne, 2U 143.

    614 Procès-verbal du juge de paix de Maringues : 7 juin 1882, A.D., Puy-de-Dôme, U 01850.

    615 Procès-verbal du juge de paix de La Gacilly : 26 juin 1878, A.D., Morbihan, U 1560.

    616 A Lagraulet où plusieurs générations et couples vivent sous le même toit, chaque couple lave son linge de corps toutes les semaines mais le linge blanc est lavé collectivement lors des grandes lessive. Le problème est ici différent, opposant communauté et famille conjugale. Voir P. Leshauris, op. cit.

    617 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 4.

    618 M. Le Châtelier, Huez autrefois, op. cit., p. 67.

    619 Lettre du 18 avril 1894, A.D., Nièvre, 2U 580.

    620 Je renvoie, entre autres descriptions : pour le Nivernais à G. Thuillier, op. cit. ; pour le Méconnais à E. Violet, Vignerons et fileuses, Mâcon, 1934, M. Renaudier ; pour le pays de Sault à G. Charuty et al., Gestes d’amont, op. cit. ; pour la Beauce à M. Robillart, Le folklore de la Beauce, t. 5 : Travaux et métiers paysans, Paris, 1971, Maisonneuve et Larose ; pour la Bourgogne à Y. Verdier, Façons de dire, façons de faire, op. cit. ; pour la Franche-Comté à A. Demard, Un homme et son terroir, t. 1 : Le bourg et le village, Paris, 1978, J. Guénod ; pour le Limousin à A. Goursaud, La société rurale traditionnelle en Limousin (1885-1905), t. 1, Paris, 1976, Maisonneuve et Larose ; pour la Sologne à B. Edeine, La Sologne, op. cit. ; pour la Bretagne à P.-J. Helias, op. cit. ; pour la Beauce blésoise à G. Boutet, Ils étaient de leur village, t. 1 : Le temps des traditions (1870-1914), Paris, 1979, Denoël ; pour la Touraine, à A. Schweitz, op. cit, etc.

    621 E. Violet, op. cit.

    622 Usage attesté à Minot, également.

    623 Selon les chiffres cités dans les Ouvriers des deux mondes. A Casseras (Tam-et-Garonne) elles ne touchent que 0,60 franc et ailleurs un franc, en général.

    624 Ainsi à Mérilheu, en Franche-Comté, dans les grandes fermes solognotes.

    625 A Minot, en Mâconnais, en Nivernais, en Beauce blésoise, en pays de Sault, à Plozévet, à Huez.

    626 Procès-verbal du juge d’instruction de Vendôme : 18 avril 1905, A.D., Loir-et-Cher, 2U3 130.

    627 R.A. Rey, Augustine Rouvière, Cévenole, Paris, 1971, J.-P. Delage.

    628 M. Le Châtelier, op. cit., p. 67.

    629 M.-C. Allart, « Les femmes dans trois villages de l’Artois », op. cit.

    630 Ce chiffre, le plus bas, concerne un ménage de trois femmes, corsetières au Raincy (Ouvriers des deux mondes, 3e série, t. 1).

    631 P. Manse, op. cit., p. 47.

    632 La généralisation se situe en 1900 dans la Nièvre et en Touraine ; en 1910 à Minot ; avant 1914 à Préjilbert dans l’Yonne selon J. Guilly, Guette-tison, chasseur de loups, poète paysan, Avallon, 1980, éd. de Civry ; après 1914 en pays de Sault.

    633 Voir pour les petites villes la famille du fileur de Val-des-Bois (Marne), Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 5. Les fonctionnaires périgourdins évoqués dans les souvenirs d’A. Sadouillet-Perrin (Le Périgord de longue mémoire, op. cit.) font en ville la lessive au cuvier.

    634 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 1.

    635 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 1 et 1re série, t. 5.

    636 Voir pour les produits chimiques employés, J. Barberet, Le travail en France. Monographies professionnelles, Paris, 1886-1890, Berget-Levrault, t. 1, P- 272-283.

    637 Le besson est un baquet et la maluche un battoir. La vie quotidienne à Saint-Etienne, op. cit., p. 24.

    638 La mouleuse de jouets en carton et la tailleuse parisiennes, les porcelainières de Limoges, étudiées dans les Ouvriers des deux mondes, en sont de bons exemples. Les laveuses parisiennes sont payées entre 1,50 et 2 francs par jour. Barberet donne également une liste des prix à la pièce pour les années 1886-1890 (op. cit., p. 271).

    639 7 francs pour le métayer du Confolentais, 7,50 F pour le métayer du Haut-Forez.

    640 30 pour les jardiniers du Tam-et-Garonne, 44 pour les paysans corses (8 personnes) et 52 pour la méticuleuse agricultrice du Pas-de-Calais.

    641 Ils dépensent, pour ce, 50 francs en fournitures et 104,40 en salaires.

    642 Ainsi à Armentières, de 1880 à 1920 (T. Leleu, La vie des femmes à Armentières, op. cit.) ; à Toulouse où les salariées se voient réserver, de fait, les deux lavoirs le dimanche (H. Soum, La basane, chronique des bords de Garonne, Toulouse, 1985, Eché).

    643 Ouvriers des deux mondes, 3e série, t. 1.

    644 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 1.

    645 31,20 francs par an. Ouvriers des deux mondes, 1re série, t. 5.

    646 12 francs pour le mineur de la Loire, soit 0,56 % du budget, 52 francs pour le serrurier de Picpus et 137 francs pour la mouleuse de jouets en cartons qui délègue ce travail.

    647 J. Stoetzel, « Etude du budget-temps de la femme dans les agglomérations urbaines », Population, janvier-mars 1948.

    648 « Rapport » du mari au juge : février 1874, A.D., Seine-et-Oise, 0489. J’ai, par ailleurs, retrouvé un mineur de Béthune, mais veuf, qui lave le linge de ses enfants (1908).

    649 Procès-verbal du juge d’instruction de Vannes : 24 janvier 1873, A.D., Morbihan, U 1559.

    650 Procès-verbal du juge d’instruction d’Apt : 23 mai 1884, A.D., Vaucluse, 2U 537.

    651 Chez les paysans de Bastelica, les trois-quarts de la besogne sont accomplis par deux des filles. La fille du jardinier de Gasseras en assume plus de la moitié et la fille aînée des résiniers de Lévignacq en est responsable. En ville, chez les porcelainières de Limoges, ce sont les filles, aidées d’une laveuse, qui s’occupent du linge.

    652 Elle est âgée de vingt-deux ans. Procès-verbal de gendarmerie de Nontron : 22 février 1930, A.D., Dordogne, 2U 221.

    653 Procès-verbal du juge d’instruction de Baume-les-Dames : 3 mars 1875, A.D., Doubs, 4U 618.

    654 Procès-verbal du juge d’instruction de Toumon : 20 juillet 1892, A.D., Ardèche, 1U 498.

    655 Procès-verbal de police de Paris : 19 décembre 1911, A.D., Seine, D2 176.

    656 Lettre du 19 mai 1939, A.D., Nord, 3U1 365.

    657 Charron de Montataire et tisseur de Saint-Quentin.

    658 Procès-verbal du maire de Ville : 11 février 1881, A.D., Oise, Assises, 1er-2e trimestres 1881.

    659 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 1.

    660 P.-J. Helias, op. cit., p. 420.

    661 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 4.

    662 Cas de la mouleuse de jouets en carton parisienne et des porcelainières de Limoges (Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 4 et 3e série, t. 1).

    663 La Sinse, Scènes de la vie provençale, op. cit. p. 207.

    664 Seuls les instituteurs syndiqués à la Fédération Unitaire de l’Enseignement ont tenté de promouvoir, dans le cadre de la coéducation des sexes, l’enseignement de la couture aux garçons mais leur influence reste limitée. Voir sur ce sujet, A.-M. Sohn, Féminisme et syndicalisme. Les institutrices de la Fédération Unitaire de F Enseignement de 1919 à 1935, thèse de 3e cycle, 1973, Université de Paris X.

    665 Procès-verbal de police de Houilles : 26 décembre 1934, A.D., Seine-et-Oise, 1161 W.

    666 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 4.

    667 G.M. Coissac, Mon Limousin, op. cit., p. 178.

    668 Procès-verbal du juge d’instruction de Bellac : 26 juin 1890, A.D., Haute-Vienne, 5U 304.

    669 G.A. Hottenger, op. cit., p. 175.

    670 L. Bernot, R. Blancard, Nouville, un village français, op. cit.

    671 11 chez le bouilleur de cru charentais, 13 chez le mineur du Pas-de-Calais et le fileur du Val-des-Bois, 16 pour la piqueuse de bottines parisienne.

    672 Ou il faut être peu minutieuse comme la femme de l’allumeur de réverbères de Nancy qui ne passe pas plus de temps pour huit personnes.

    673 Procès-verbal de gendarmerie de Clamecy : 24 septembre 1920, A.D., Nièvre, 12U231.

    674 L. Guillemaut, Bresse louhannaise, Louhans, 1907, rééd., Marseille, 1979, J. Laffitte.

    675 M.-C. Allait, op. cit.

    676 En 1871. A.D., Yonne, 2U 135.

    677 11 jours par exemple chez le bouilleur de cru, 25 pour la tailleuse de jaquettes à domicile, 16 pour la piqueuse de bottines, une « partie » du temps nécessaire pour les porcelainières de Limoges.

    678 Ainsi la piqueuse de bottines gagne 3,15 francs par jour contre 1,50 pour la simple raccommodeuse en 1878. En 1901-1902, cependant, le tarif s’est élevé à 3 francs et rend l’opération moins avantageuse.

    679 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 4.

    680 G. Augustins, R. Bonnain, Les Baronnies des Pyrénées, t. 1, op. cit.

    681 Selon J.-F. Soulet, op. cit., t. 2, ch. 5.

    682 D. Cau-Durban, Vallée de Bethmale (Ariège). Mœurs. Légendes et coutumes. Histoire. Courses pittoresques. Géologie, Toulouse, 1887, Régnault, p. 29.

    683 F. Butel, Une vallée pyrénéenne, la vallée d’Ossau, Pau, 1894, Société de publication catholique.

    684 En Charente, l’usage est mentionné pour le Confolentais par les Ouvriers des deux mondes ainsi qu’à Mazières-en-Gâtine par R. Thabault. Dans le Massif central, il est attesté en Limousin, en Auvergne, en Margeride et dans les Cévennes ; chez les maçons creusois, le linge de maison est en « toile de chanvre, récolté et filé à la maison, tissé dans les environs » (Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 2). En Sologne, les opérations de frappage et les préparatifs sont faites par des saisonniers, peu considérés et venus d’Auvergne (B. Edeine, op. cit.).

    685 Voir pour la Normandie, J. Lecœur, op. cit. et pour la Bretagne, H. Baudrillart, op. cit. Mais la mère de P.-J. Relias a encore filé le chanvre avant 1914.

    686 Voir E. Violet, Vignerons et fileuses, op. cit., et Les veillées en commun et réunions d’hiver, Mâcon, 1942, M. Renaudier.

    687 Voir abbé Gorse, Au bon pays de Limousin, op. cit. et procès-verbal du juge d’instruction du Chambon : 26 février 1896, A.D., Creuse, ZE/U/10592 et G.M. Coissac, op. cit., p. 221. A la même date, telle femme âgée à Saint-Yriex file devant sa porte (A.D., Haute-Vienne, 5U 364). En 1905, dans les dernières communautés familiales, les ménagères filent toujours mais ailleurs seules les grands-mères le font encore (A. Goursaud, La société rurale traditionnelle en Limousin (1885-1905), op. cit.).

    688 Depuis 1920 au moins. Voir A. Gibert, Le Valgaudemar, Revue de géographie alpine, 1923, p. 776.

    689 Op. cit., p. 776.

    690 D. Dergny, Usages, coutumes et croyances, 1885-1889, rééd. 1971, Brionne, Le Portulan, t. 1, P- 13.

    691 Comme les femmes des résiniers landais en 1881, Ouvriers des deux mondes, 1re série, t. 5.

    692 P. Carru, En Bresse autrefois. Souvenirs d’un paysan du Revermont, op. cit., p. 15.

    693 C. Géniaux, La Bretagne vivante, op. cit., p. 172. Voir aussi D. Dergny, op. cit., p. 14 : « Que les Bretonnes soient montées dans leurs charettes ou à cheval à califourchon sur un sac à blé, jeunes et vielles, toutes tricotent la laine de leurs moutons qu’elles ont fillée ».

    694 M. Le Châtelier, op. cit., p. 51.

    695 Procès-verbal du juge d’instruction de Saint-Etienne : 18 janvier 1876, A.D., Loire, Assises, 1er trimestre 1876.

    696 1923, A.D., Sarthe, 2U 597.

    697 H. Soum, La basane, op. cit., p. 38.

    698 C. Rhein, Jeunes femmes au travail dans le Paris de l’entre-deux-guerres, op. cit., p. 182.

    699 C. Le Goffic, L’âme bretonne, Paris, 1924, H. Champion.

    700 Procès-verbal du juge de paix de Dourlevant (Haute-Marne) : 2 décembre 1899, A.D., Meuse, 20 U 44 et Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 1. L’aide de sa mère pour l’entretien du linge lui permet de « donner plus de temps à la couture ».

    701 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 1.

    702 C. Géniaux, op. cit.

    703 Abbé Gorse, op. cit.

    704 Gaston Lucas, serrurier, Paris, 1976, Plon, p. 123.

    705 E. Baudouin, La mère au travail et le retour au foyer. Saint-Amand, 1931, librairie Bloud et Gay, p. 21.

    706 Ouvriers des deux mondes, 1878, 1re série, t. 5. En revanche, le mari achète ses habits en confection.

    707 Ouvriers des deux mondes, 3e série, t. 1.

    708 C. Charuty et al., op. cit., p. 74-75. Y Verdier, Façons de dire, façons de faire, op. cit., voit dans la « marque » du linge une estampille du sang féminin (hum !).

    709 Mme d’Abbadie d’Arrast, op. cit., p. 54.

    710 S. Palay, Petite Bite et Bite bitante, op. cit., p. 72.

    711 Foville, t. 2, p. 296.

    712 A propos du Limousin, A. Goursaud, op. cit., p. 116.

    713 Procès-verbal médical : décembre 1916, A.D., Bouches-du-Rhône, 208 U 22/ 192 et J. Bouet, Nos villages hier et aujourd’hui, Paris, 1928, Bloud et Gay, p. 121.

    714 J. Bouet, op. cit., p. 14.

    715 S. Palay, op. cit., p. 72.

    716 Comme me l’a signalé M. Agulhon.

    717 A.D., Loire, Assises, 2e trimestre 1884.

    718 Procès-verbal du juge d’instruction de Vannes : 28 juillet 1931, A.D., Morbihan, U 5694.

    719 Procès-verbal de gendarmerie de La Gacilly : 9 juin 1878, A.D., Morbihan, U 1560.

    720 Procès-verbal du juge d’instruction de Clermont : 3 décembre 1906, A.D., Puy-de-Dôme, U 010912.

    721 Pour la Bretagne, voir Y. Brekilien, La vie quotidienne des paysans en Bretagne au xixe siècle, Paris, 1966, Hachette. Pour le Limousin, au xixe siècle également, A. Goursault, op. cit. Pour le pays basque, Mme d’Abbadie d’Arrast, op. cit. Pour la Touraine, voir A. Schweitz, L’espace domestique rural en Touraine, op. cit. Pour la Manche, B. Humbaire, La société paysanne dans le département de la Manche au xixe siècle (1830-1900), observée par les notables locaux et les folkloristes, mémoire de maîtrise, 1980, Université de Paris I.

    722 S. Palay, op. cit., p. 73.

    723 P. Manse, op. cit., p. 23.

    724 Foville, t. 2, p. 214.

    725 M.J. Barrie, Quand les bananes donnent la fièvre, op. cit.

    726 « Avec eusse », c’est-à-dire avec la domestique. G. Baril, Les caquettes du baquet. Lessive amiénoise, Amiens, 1887, Petite bibliothèque picarde, p. 33.

    727 Toujours selon l’association britannique de promotion de l’électricité, citée par C. Davidson, A Woman’s Work is Never Done, op. cit.

    728 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 1.

    729 Ouvriers des deux mondes, 3e série, t. 1.

    730 H. Lapaire, Le Berry vu par un Berrichon, Paris, 1928, J. Gamber, p. 36.

    731 F. Chapiseau, op. cit.

    732 R. Jouglet, op. cit., p. 36.

    733 La vie quotidienne à Saint-Etienne, op. cit., p. 7.

    734 L. Gachon, L’Auvergne et le Velay. La vie populaire d’hier et d’avant-hier, Paris, 1975, Maisonneuve et Larose.

    735 L. Gaillard, op. cit.

    736 Ouvriers des deux mondes, 3e série, t. 1.

    737 G. Barril, op. cit., p. 33.

    738 La vie quotidienne à Saint-Etienne, op. cit., p. 7-8.

    739 Ouvriers des deux mondes, 2e série, t. 1.

    740 J. Lecœur, Esquisses du bocage normand, op. cit., p. 113.

    741 F. Chapiseau, op. cit., p. 34.

    742 A. Goursaud, op. cit., p. 117.

    743 Comme dans la plaine des Vosges. Foville, t. 2, p. 214.

    744 A. Valabrègue, Au pays flamand, Tours, 1904, Marne.

    745 Procès-verbal de police de Paris : 19 décembre 1911, A.D., Seine, D2 U6 176.

    746 A. Sylvère, Toinou, le cri d’un enfant auvergnat, Paris, 1980, Plon, p. 2.

    747 M.-P. Weyd, op. cit., p. 42.

    748 Rituels à Armentières avant la ducasse, en pays de Sault, en Limousin, etc.

    749 Soit 5 cas sur 20.

    Chrysalides. Volumes I et II

    X Facebook Email

    Chrysalides. Volumes I et II

    Ce livre est cité par

    • Pavard, Bibia. Rochefort, Florence. Zancarini-Fournel, Michelle. (2012) Les lois Veil. DOI: 10.3917/arco.pavar.2012.01.0185
    • (2016) La paix des ménages. DOI: 10.3917/anamo.vanne.2016.01.0338
    • (2022) Les visages de l’État social. DOI: 10.3917/scpo.zappi.2022.01.0351
    • (2002) Masculin/Féminin II. DOI: 10.3917/oj.herit.2002.01.0405
    • Perrot, Michelle. (2001) Sciences sociales et sociétés Masculin-Féminin questions pour les sciences de l'homme . DOI: 10.3917/puf.laufe.2001.01.0229
    • Foley, Susan K.. (2004) Women in France since 1789. DOI: 10.1007/978-0-230-80214-8_2
    • (2019) Au plus près des âmes et des corps. DOI: 10.3917/puf.mulle.2019.01.0353
    • Mortas, Pauline. (2021) Global Queer Politics Histories of Sexology. DOI: 10.1007/978-3-030-65813-7_10
    • Chanet, Jean-François. (2012) Mass Education and the Limits of State Building, c.1870–1930. DOI: 10.1057/9780230370210_6
    • Sauzon, Virginie. (2012) Histoire(s) de la médiatisation de l'amour chez les écrivaines françaises contemporaines. Le Temps des médias, n° 19. DOI: 10.3917/tdm.019.0172
    • Rollet, Catherine. (2008) Les enfants abandonnés : d'une histoire institutionnelle aux trajectoires individuelles. Annales de démographie historique, n° 114. DOI: 10.3917/adh.114.0007
    • Bourguignon, Mélanie. Brée, Sandra. Eggerickx, Thierry. Sanderson, Jean-Paul. (2020) Fécondité différentielle au début du XXe siècle selon la classe sociale des femmes. Les cas de la Belgique et de la France. Annales de démographie historique, n° 138. DOI: 10.3917/adh.138.0179
    • Vanneau, Victoria. (2006) Maris battus. Ethnologie française, Vol. 36. DOI: 10.3917/ethn.064.0697
    • Salmon, Aïcha. (2021) La nuit de noces comme cause de la séparation conjugale (second XIXe siècle, France). Annales de démographie historique, n° 140. DOI: 10.3917/adh.140.0195
    • Dauphin, Cécile. (2003) Ecriture de l'intime dans une correspondance familiale du XIXe siècle. Le Divan familial, N° 11. DOI: 10.3917/difa.011.0063
    • Huber, Karen E.. (2017) Punishing Abortion: Duty, Morality, and Practicality in Early 20th-Century France. American Journal of Economics and Sociology, 76. DOI: 10.1111/ajes.12176
    • Bracke, Maud Anne. (2022) Family Planning and Reproductive Agency in France. French Historical Studies, 45. DOI: 10.1215/00161071-9933021
    • Mouchet, Sophie. (2021) Hélène Guinepied (1883-1937), de l’École Nationale des Beaux-Arts au dessin libre. Spirale - Revue de recherches en éducation, N° 68. DOI: 10.3917/spir.068.0071
    • Prochasson, Christophe. (1999) Maurice Agulhon, Histoire vagabonde, t. 3 : la politique en France d'hier á aujourd'hui Paris, Bibliotheque des histoires Gallimard, 1996, 284 p.. Annales. Histoire, Sciences Sociales, 54. DOI: 10.1017/S0395264900042670
    • Sommier, Isabelle. (2020) Saisir les carrières affectives des militants. Propositions de protocole empirique. Recherches qualitatives, 39. DOI: 10.7202/1073510ar
    • Hiner, Susan. (2013) Becoming (M)other: Reflectivity inLe Journal des Demoiselles. Romance Studies, 31. DOI: 10.1179/0263990413Z.00000000037
    • Bracke, Maud Anne. (2022) Family planning, the pill, and reproductive agency in Italy, 1945–1971: From ‘conscious procreation’ to ‘a new fundamental right’?. European Review of History: Revue européenne d'histoire, 29. DOI: 10.1080/13507486.2021.1971628

    Chrysalides. Volumes I et II

    Ce livre est diffusé en accès ouvert freemium. L’accès à la lecture en ligne est disponible. L’accès aux versions PDF et ePub est réservé aux bibliothèques l’ayant acquis. Vous pouvez vous connecter à votre bibliothèque à l’adresse suivante : https://freemium.openedition.org/oebooks

    Suggérer l’acquisition à votre bibliothèque Acheter ce livre aux formats PDF et ePub

    Si vous avez des questions, vous pouvez nous écrire à access[at]openedition.org

    Chrysalides. Volumes I et II

    Vérifiez si votre bibliothèque a déjà acquis ce livre : authentifiez-vous à OpenEdition Freemium for Books.

    Vous pouvez suggérer à votre bibliothèque d’acquérir un ou plusieurs livres publiés sur OpenEdition Books. N’hésitez pas à lui indiquer nos coordonnées : access[at]openedition.org

    Vous pouvez également nous indiquer, à l’aide du formulaire suivant, les coordonnées de votre bibliothèque afin que nous la contactions pour lui suggérer l’achat de ce livre. Les champs suivis de (*) sont obligatoires.

    Veuillez, s’il vous plaît, remplir tous les champs.

    La syntaxe de l’email est incorrecte.

    Référence numérique du chapitre

    Format

    Sohn, A.-M. (1996). Chapitre 3. La ménagère et les tâches domestiques. In Chrysalides. Volumes I et II (1‑). Éditions de la Sorbonne. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.69232
    Sohn, Anne-Marie. « Chapitre 3. La ménagère et les tâches domestiques ». In Chrysalides. Volumes I et II. Paris: Éditions de la Sorbonne, 1996. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.69232.
    Sohn, Anne-Marie. « Chapitre 3. La ménagère et les tâches domestiques ». Chrysalides. Volumes I et II, Éditions de la Sorbonne, 1996, https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.69232.

    Référence numérique du livre

    Format

    Sohn, A.-M. (1996). Chrysalides. Volumes I et II (1‑). Éditions de la Sorbonne. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.69187
    Sohn, Anne-Marie. Chrysalides. Volumes I et II. Paris: Éditions de la Sorbonne, 1996. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.69187.
    Sohn, Anne-Marie. Chrysalides. Volumes I et II. Éditions de la Sorbonne, 1996, https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.69187.
    Compatible avec Zotero Zotero

    1 / 3

    Éditions de la Sorbonne

    Éditions de la Sorbonne

    • Mentions légales
    • Plan du site
    • Se connecter

    Suivez-nous

    • Facebook
    • X
    • Flux RSS

    URL : http://editionsdelasorbonne.fr/

    Email : edsorb@univ-paris1.fr

    Adresse :

    212, rue Saint-Jacques

    75005

    Paris

    France

    OpenEdition
    • Candidater à OpenEdition Books
    • Connaître le programme OpenEdition Freemium
    • Commander des livres
    • S’abonner à la lettre d’OpenEdition
    • CGU d’OpenEdition Books
    • Accessibilité : partiellement conforme
    • Données personnelles
    • Gestion des cookies
    • Système de signalement