Conclusion
p. 67
Texte intégral
1Issu d’une famille de bourgeoisie moyenne, le jeune étudiant en droit, Paul Ramadier, se passionne tôt pour le socialisme de Jaurès. Homme de racines, il choisit de militer dans son terroir. Il se fait donc une place dans le socialisme aveyronnais ; avocat de profession, il devient le défenseur des ouvriers du Bassin houiller d’Aubin-Decazeville et des instituteurs. Il mène avec vigueur les grandes batailles de la SFIO, peu appréciées dans ce département conservateur. Il est l’ami des dirigeants syndicaux, principaux relais du socialisme dans la classe ouvrière. Son implantation est assez réussie puisqu’il fait figure de « lieutenant » donc de dauphin du député socialiste de la circonscription de Villefranche II qui comprend « la tache rouge » du Bassin. Il est également introduit dans la société républicaine modérée en adhérent à la franc-maçonnerie et en ayant pour mentor son chef le plus influent. Cependant, à vingt-cinq ans, il « rate » son premier examen de passage devant l’électorat qui le situe, semble-t-il, encore assez mal.
2La guerre surprend cet antimilitariste qui cependant n’hésitera pas à défendre sa patrie. Blessé et démobilisé, il côtoie à « L’Humanité », encore plus étroitement qu’avant guerre, les dirigeants socialistes nationaux surtout Renaudel et Thomas, successeurs de Jaurès et défenseurs de l’Union Sacrée. Mais après 1917, l’unité du Parti est menacée, un courant révolutionnaire se renforce ; l’humanisme jauressien est malmené par le marxisme-léninisme. Dans le Bassin houiller aveyronnais avec lequel Ramadier a rétabli des liens dès 1916, un agitateur efficace éveille les contestations. L’électorat en sera-t-il profondément changé ? Ramadier bénéficiera-t-il du capital de confiance patiemment acquis par son militantisme avant 1914 ? Ou tout sera-t-il remis en question ?
3En 1919, la carrière politique de Ramadier, certes préparée, mais non vraiment entamée, devra se poursuivre au prix d’un ajustement. En effet les trois « pôles » du triangle que nous avons définis comme bases de notre réflexion théorique1, devront à nouveau se mettre en phases, car chacun d’eux est concerné par les choix idéologiques de l’année 20 : Ramadier lui-même, son parti et son électorat potentiel.
Notes de bas de page
1 Voir introduction.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Métro, dépôts, réseaux
Territoires et personnels des transports parisiens au XXe siècle
Noëlle Gérôme et Michel Margairaz (dir.)
2002
Policiers dans la ville
La construction d’un ordre public à Paris (1854-1914)
Quentin Deluermoz
2012
Maurice Agulhon
Aux carrefours de l’histoire vagabonde
Christophe Charle et Jacqueline Lalouette (dir.)
2017
Autonomie, autonomies
René Rémond et la politique universitaire en France aux lendemains de Mai 68
Charles Mercier
2015