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Casimir Perier

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Madeleine Bourset

Chapitre III. Le député libéral

Texte intégral

« Monsieur Casimir Perier voulait les Bourbons sans les Ultras ». Laffitte. Mémoires.

L’élection de 1817

  • 1 Ch. de Rémusat, Mémoires de ma vie, op. cit., T. II, p. 459.

1Quand, au printemps de l’année 1817, Casimir Perier annonce à son entourage son intention de se présenter à l’élection législative partielle de septembre, il n’éveille qu’inquiétude et suspicion. Venue d’Augustin ou de Camille, tous eux instruits, cette décision serait bien accueillie, mais Casimir est-il capable d’entrer au forum, avec un bagage culturel aussi léger ? Evoquant les doutes de la famille Perier, Rémusat écrit : « On s’inquiétait de le voir montrer sur un si grand théâtre. On était habitué et on s’obstinait à le regarder comme un jeune homme intelligent, vif, aimable, qui craignait la gêne et le travail, qui n’avait rien étudié, ni rien lu »1.

2Sa soudaine vocation pour la politique ajoute à la perplexité de ses proches.

3Comme tous les hommes d’affaires de son temps, Casimir Perier s’est rallié à la Restauration. Par intérêt d’abord, parce que le Roi ramène la paix indispensable à la reprise des affaires en souffrance depuis 1811. Par conviction aussi : à la différence de son père, ce n’est pas un opportuniste mais un royaliste sincère, persuadé que la Monarchie selon la Charte qui institue un régime représentatif sous la houlette des élites de la nation, est le meilleur de tous.

4Or, les débuts de la Restauration sont troublés par les excès des royalistes purs que leurs adversaires appellent « les ultra-royalistes ». Ce sont des « émigrés caducs » et de jeunes nobles, nés en exil, rentrés avec le Roi. Leur dévouement à Louis XVIII, frère du malheureux Louis XVI, n’a d’égal que leur amertume et leur zèle à vouloir retrouver leurs anciens privilèges. Aveugles aux changements survenus pendant vingt-cinq ans de Révolution et d’Empire, ils refusent d’admettre « qu’un abîme sépare la France de 1815 de celle de 1789 » (Casimir Perier). Une seconde Terreur blanche s’abat sur le pays, spontanée d’abord, puis légalisée par la Chambre Introuvable, élue en 1815 et composée d’une majorité d’Ultras. Avec bon sens et lucidité, Louis XVIII y met fin par la dissolution de l’Assemblée en septembre 1816. Mais l’alerte a été chaude pour les libéraux qui s’unissent sous l’étiquette de « constitutionnels », manifestant leur fervente adhésion à la Charte. Ils gagnent les élections de 1816.

5C’est la défense de la Charte qui conduit Casimir Perier à se porter candidat à Paris, lieu de sa résidence. Conscient de l’importance de l’enjeu, le combat contre le retour menaçant de l’Ancien Régime, il désire par cet engagement exprimer ses convictions libérales. Mais une deuxième raison, secrète celle-là, le motive. Par son beau-frère, Savoye de Rollin, député de l’Isère dès 1815, il a eu des échos des joutes oratoires qui se livrent dans l’hémicycle de la Chambre des Députés des Départements : il brûle d’y participer, d’entrer dans cette autre lice où se façonnent les destinées du pays. Sa fougueuse nature, son goût de la controverse le poussent à entrer en politique.

6Une circonstance, la politique financière du ministère Richelieu qu’il désavoue totalement, le décide à poser sa candidature à l’élection pour le renouvellement annuel de la Chambre, par cinquième. Pour payer l’indemnité de guerre due aux Alliés, Corvetto s’est adressé aux banques anglo-hollandaises, à leurs conditions et délais. N’écoutant que son patriotisme, Casimir Perier engage la polémique sur la soumission de l’emprunt libérateur du territoire à des « compagnies étrangères ». Il rédige trois brochures. Les deux premières publiées en 1817, « Réflexions sur le projet d’emprunt » et « Dernières Réflexions sur le projet d’emprunt » constituent sa campagne électorale. La troisième intitulée « Réflexions sur le projet d’emprunt de 16 millions » paraît l’année suivante. Maniant le paradoxe et l’ironie, il proteste contre les avantages consentis, dans un morceau d’éloquence qui donne un avant-goût de son art oratoire :

  • 2 Réflexions sur le projet d’emprunt, Paris, 1817, p. 4-6.

« Que nous prêtent ces généraux prêteurs qui viennent à notre secours ? De l’argent ? Non ! Les banquiers anglais ne nous prêtent qu’un délai ! Nous ne sommes pas solvables ? Je n’en veux pour d’autres preuves que les calculs de ceux qui veulent nous aider. Si nous le sommes, les ressources existent en nous-mêmes ! ». Puis il développe une idée qui lui est chère : « Persuadons-nous que notre libération est en nous, qu’elle ne peut-être effectuée que par nous ; toutes ces prétendues ressources ne font qu’aggraver nos charges et appauvrir nos moyens »2.

7Casimir Perier dénonce l’énorme coût de l’opération, mais il ignore que la Prusse a exigé la garantie de signatures étrangères et que les financiers français se sont dérobés, affaiblissant le crédit national aux yeux des Alliés. La solution choisie permet au Duc de Richelieu de négocier la libération anticipée du territoire dès 1818, au Congrès d’Aix-la-Chapelle.

8Les brochures font sensation d’autant que leur auteur est banquier. Madame de Staël lui adresse une lettre de félicitations, quelque temps avant de disparaître :

  • 3 ADI, (11 J.37120). Lettre de Madame De Staël à Casimir Perier.

« J’ai lu votre brochure avec le plus grand intérêt ; je ne m’entends pas en finance mais quand je trouve le langage de mon enfance et de ma jeunesse, mon cœur en est bien ému ; car à ce sentiment de probité qui respire dans vos écrits est jointe une grande pureté de style, c’est un mérite que je peux apprécier, quelqu’inférieur qu’il soit à la capacité des grandes affaires »3.

  • 4 Stendhal, l’ie de Henry Brulard, op. cit., p. 398.

9Le dernier compliment n’est pas mérité, Casimir ayant eu recours à un homme de plume pour rédiger ses brochures, mais cette femme sensible a eu l’intuition de la sincérité de l’homme qui ne mêlera jamais ses affaires privées à celles de l’Etat. Stendhal qui, frustré de n’avoir pu fonder sa banque, le qualifie de « Grand et sale coquin » ajoute aussitôt « je parle de coquinerie en affaires privées, non de l’Etat »4.

10Pourtant, d’aucuns reprochent à Casimir Perier d’exprimer une opinion de circonstance ou d’avoir cédé au dépit de ne pas avoir été pressenti pour la soumission d’un tiers de l’emprunt. Quoiqu’il en soit, il a su choisir et développer un thème de réflexion capable de mobiliser les électeurs censitaires parisiens. Rémusat devine les ambitions de son ami :

  • 5 Rémusat, op. cit., T. II, p. 458.

« Son patriotisme financier était fait pour plaire au commerce de Paris dont il flattait les intérêts et la vanité. Il donna sur le champ à Perier, une grande popularité sur la place (...). Il dépassa ainsi en peu de jours bien d’autres négociants que l’âge, la notoriété, la fortune désignaient avant lui aux suffrages du commerce parisien. Cette manière franche de procéder le plaça du premier coup dans la vie publique. Par son début-même, il se montra une homme politique »5.

  • 6 AN. F1-e III. Carton 8. Pièce 230.
  • 7 AN. F1-e III. Carton 6. Elections de 1817. Relevé général.

11Casimir Perier satisfait aux conditions financières d’éligibilité fixées par la Charte et reprises par la Loi Laîné du 5 février 1817. Soumis à la patente et à la contribution mobilière puisqu’il n’est encore que locataire de l’Hôtel de la rue Neuve-du-Luxembourg, il acquitte un cens légèrement supérieur aux 1 000 francs requis (1 089,20 francs)6. En revanche, son âge pose un problème car, le jour de l’élection, il n’a pas encore 40 ans. A ceux qui tentent de repousser sa candidature, il fait habilement valoir, qu’en cas de succès, il sera en règle avec la loi, le 5 novembre, jour d’ouverture de la session parlementaire. Et, le 25 septembre, il emporte résolument l’élection avec 3 463 suffrages, derrière Delessert et Laffitte, mais devant Manuel, Benjamin Constant et La Fayette7.

12Son passé politique est sans tache : on ne peut lui reprocher ni les antécédents de La Fayette, ni les récentes compromissions de Constant pendant les Cent Jours. C’est le début d’une belle carrière qui, démentant le pessimisme familial, ne s’achèvera qu’à sa mort, en 1832.

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13Le 5 novembre 1817, Casimir Perier fait sa première entrée à la Chambre, en compagnie de son frère Alexandre-Jacques, élu dans le Loiret. Ils vont s’asseoir sur les bancs de la Gauche, avec les « Indépendants ». Ecartant les « Constitutionnels » ou « Ministériels «, ils ont choisi le petit groupe des libéraux de Gauche unis par la haine de l’Ancien Régime, l’hostilité aux Ultras et la volonté de compléter la Charte par des mesures libérales. Casimir se sent peu d’affinités avec les – » Doctrinaires », Prosper de Barante, le Duc Victor de Broglie, François Guizot et Royer-Collard : il n’a pas leur culture et son tempérament politique l’incline plus vers l’action que vers la réflexion. Il les juge aussi trop modérés, notamment sur l’interprétation de la Charte qui est, pour lui, un véritable contrat à l’anglaise entre le Roi et son peuple. Avec les « Indépendants », il veut « plus que la Charte », en matière de libertés surtout.

14Le 13 décembre, les députés discutent d’un projet de loi sur la presse, question brûlante entre toutes après les années de silence de l’Empire. La monarchie a rétabli cette liberté d’expression mais la Charte laisse aux futurs législateurs le soin d’en préciser les limites, afin de prévenir toute licence. Le flou du texte constitutionnel comporte un risque, celui de l’introduction du délit d’opinion. Le 29 novembre 1815, les Ultras ont voté une loi sur les écrits séditieux qu’il convient d’abolir.

  • 8 Discours du 13 décembre 1817. Opinions et Discours de M. Casimir Perier. Paris, 1838, T. I, p. 14.

15Au cours du débat, l’un des deux plus jeunes députés de la Chambre demande la parole et monte à la tribune. Casimir Perier prononce son premier discours devant les représentants de la nation, sur un sujet qui lui est cher entre tous : « les journaux dont la liberté a causé tant d’alarme, je maintiens qu’il ne sont jamais si peu nuisibles que quand ils sont parfaitement libres ! Les passions s’aigrissent lorsqu’elles sont réduites au silence »8.

16L’idée maîtresse est lancée, on regarde l’orateur. L’homme a de l’élégance, de la noblesse ; sa silhouette élancée ne reste pas figée derrière le pupitre, le geste accompagne la parole, le regard parcourt des rangs de l’Assemblée. On l’écoute : il parle d’une voix forte et bien timbrée qui force l’attention. On suit l’exposé de la pensée : il séduit par la clarté, l’enchaînement logique des idées, le constant souci d’analyse. D’emblée, il propose un amendement au projet sur le cautionnement des journaux, manifestant son intention de participer activement aux travaux parlementaires.

17Casimir Perier regagne sa place. Il vient de réussir son examen de passage à la tribune. Ses amis politiques applaudissent cette belle prestation. Quant aux Ultras, ils trouvent en lui un nouvel adversaire.

18Comme Chateaubriand à la Chambre des Pairs, il est l’avocat fidèle de la presse chaque fois qu’elle est menacée. Ministre, il supporte les assauts des feuilles d’opposition mais refuse, contre l’avis de ses amis, d’attenter à leur liberté. Perier, c’est la constance des convictions.

La mission politique

19Séduit par la politique, Casimir Perier décide de se décharger d’une partie de ses obligations professionnelles, pour mieux y participer. Scipion est là qui administre avec compétence le Groupe Perier, mais il ne peut suffire à la tâche, d’autant qu’il n’a pas la robuste santé de son frère. Le 31 décembre 1818, Casimir rappelle du Havre, l’un de ses anciens commis, Henri Gisquet, et lui propose d’être son associé-gérant. Il connaît l’homme, sérieux, capable, dévoué. Après la disparition de Scipion en avril 1821, Gisquet dirige la Banque Perier avec Joseph. Bien entendu. Casimir continue d’être le décideur. Il n’empêche que ces heureuses dispositions lui permettent d’assister régulièrement aux séances de la Chambre.

20De 1817 à 1827 et au-delà, quatre principes relient les différents moments de sa carrière de député : le loyalisme monarchique, le scrupuleux respect de la légalité, la limpidité du langage et des actes et le patriotisme.

  • 9 Discours du 2 mai 1826. Opinions et Discours, op. cit., T. II, p. 472.

21Rien ne peut entamer son dévouement à la Monarchie des Bourbons jusqu’aux fatales Ordonnances de juillet 1830. Encore n’abandonne-t-il pas Charles X sans avoir tenté de le sauver. Sa droiture naturelle et son éducation d’inclinent au loyalisme à l’égard du Roi qui règne « De par la Grâce de Dieu » et le droit historique de ses ancêtres. Casimir Perier est un homme de fidélité. C’est à l’occasion du sacre de Charles X en mai 1825, qu’il exprime le mieux sa conception du dévouement à la Monarchie légitime. Alors que les libéraux dénigrent une cérémonie inutile et désuète, Casimir Perier les invite à réfléchir sur la signification du sacre, « cette cérémonie où la France a vu, pour la première fois, un roi constitutionnel lui garantir, à la face du ciel, le maintien de toutes ses libertés ». Il s’efforce de communiquer à ses amis libéraux sceptiques, sa propre confiance en l’engagement solennel du souverain : « Fions-nous au serment de notre Roi : pour les Français, la parole d’un roi de France prononcée au pied des autels, n’est-elle pas la parole de Dieu-même ? «9. En juillet 1830, le coup de force royal, un moment imputé à l’entourage de Charles X, est ressenti comme un parjure, une trahison, lorsque le Roi refuse, de son plein gré, avant qu’il ne soit trop tard, le renvoi de Polignac et le retrait des Ordonnances.

22En attendant, la seule opposition qu’il conçoive est celle des royalistes constitutionnels. Accusé de subversion par le Comte de Serre passé aux Ultras après le succès des libéraux aux élections partielles de 1819, il répond avec indignation :

  • 10 Discours du 3 février 1820. Opinions et Discours, op. cit., T. I, p. 210.

« Nous ne cherchons pas à détruire le gouvernement, nous agissons en royalistes constitutionnels, c’est-à-dire comme des hommes pleins de respect et d’amour pour la personne du monarque et pour celle de sa famille, mais décidés à combattre pied-à-pied, jusqu’au dernier moment, pour toutes les libertés concédées et garanties par la Charte »10.
En 1827, à l’heure des âpres débats sur la presse, il renouvelle sa profession de foi :
« Nous sommes ici, députés, défendant les intérêts du pays et du trône. Il ne peut y avoir qu’une opposition, celle des royalistes constitutionnels ».

23Député de l’opposition, il prend soin de se démarquer des républicains comme Manuel, des royalistes de façade tel que La Fayette et des bonapartistes. Il rejette également la République et le régime napoléonien. Vécue sous la Convention et le Directoire, la première n’est que tyrannie partisane ou impuissance et anarchie. Sous le masque du plébiscite, le second n’est qu’un despotisme.

  • 11 P. Thureau-Dangin : Le parti libéral sous la Restauration. Paris, 1876, p. 136.

24L’amitié de Casimir Perier pour le Général Sébastien Foy n’est entachée d’aucun soupçon sur le loyalisme dynastique de cet ancien soldat de Valmy et de Jemmapes, rallié à Bonaparte mais tombé en disgrâce en raison de ses opinions libérales. Certes, il diffèrent pas leur milieu social et leur passé : entre ce vaillant soldat couturé de blessures mais dépourvu de fortune et ce riche banquier insensible à la gloire militaire, qu’y a-t-il de commun ? Une adhésion sans failles à la monarchie constitutionnelle sous l’égide de la dynastie des Bourbons, une nature franche et loyale, une commune passion dans la défense de leurs principes, une ressemblance physique, non par la taille, mais par le port noble de la tête, le front large, le regard mobile, la voix éclatante. Bien que plus âgé que Casimir Perier, Maximilien-Sébastien Foy « escaladait la tribune avec la fougue qu’il eût mise à monter à l’assaut et lançait des paroles d’un air railleur et impérieux »11.

25L’assassinat du Duc de Berry, le 13 février 1820, ranime les passions partisanes. Sur l’insistance des Ultras, Louis XVIII renvoie Decazes et le groupe centriste des Constitutionnels éclate : les uns, comme Laîné et le Comte de Serre, rejoignent les Ultras ; les autres, notamment les Doctrinaires, renforcent l’opposition. La vie politique se bipolarisé, le débat parlementaire devient, selon l’expression de Casimir Perier, « une lutte de systèmes » entre deux groupes opposés par leur conception de la monarchie et leur vision de la société. Réconfortés par l’émotion sincère que le geste de Louvel a soulevée dans le pays, les Ultras élaborent une législation restrictive des libertés. En ces temps de combat, Casimir Perier et le général Foy ont l’occasion de démontrer leur fidélité au Roi.

26Découragés par les lois ultracistes, des libéraux et non des moindres, Manuel, Voyer d’Argenson et La Fayette, se laissent entraîner dans l’action clandestine par les bonapartistes. Une flambée de complots, ourdis par des vétérans de la Grande Armée, ébranle les trônes restaurés par le Congrès de Vienne. Le début des années 1820 est l’âge d’or des conspirateurs, à Madrid, Naples et Lisbonne. La Sainte Alliance des puissances conservatrices, l’Autriche, la Prusse et la Russie, s’effraie et se réunit en congrès pour organiser la répression contre ce que Metternich croit être une « Internationale révolutionnaire ». La France de Louis XVIII n’est pas épargnée : des demi-soldes dans les sociétés secrètes du Bazar Français et de l’Epingle Noire, des républicains engagés dans la Charbonnerie, conspirent contre la Monarchie restaurée. Mais elle a conservé l’ancienne police de Fouché qui infiltre ses espions partout. Les complots sont découverts et leurs auteurs arrêtés.

27Casimir Perier, dont l’absence de duplicité est bien connue, n’a pas été prévenu des intrigues. D’où sa fureur lorsque le Comte de Serre l’inclut dans « la minorité suspecte » qui sème le désordre en France. Le Garde des Sceaux a touché à un autre principe qui lui est cher, le scrupuleux respect de la légalité.

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  • 12 Guizot : Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps. Paris, 1858, p. 451.

28S’il récuse ces actions subversives, c’est au nom de la Charte dont il se proclame « la sentinelle ». Le gouvernement représentatif dont il comprend parfaitement les ressorts et les exigences, permet à tous les groupes politiques de s’exprimer par le discours et le débat à la Chambre, par la presse, en dehors d’elle. Ce sont les armes légales du combat politique et Casimir Perier n’en veut point d’autres. Il se distingue ainsi de La Fayette, devenu plus tard son parent par alliance. « Le héros des deux mondes » est, selon Guizot, « l’ornement de tous les complots »12. Mais ce conspirateur impénitent n’hésite pas à abandonner ses amis pour échapper à d’éventuelles poursuites judiciaires. L’irresponsabilité des « Messieurs » de la Charbonnerie, les Manuel, Voyer d’Argenson et la Fayette qui, en septembre 1822, laissent condamner les Quatre Sergents de La Rochelle, jeunes carbonari imprudents, indigne Casimir Perier ; alors au comble de l’émotion, il fustige en privé leur lâcheté avec brutalité : « Que faire avec des gens qui, après nous avoir conduits au bord de l’abîme sans que nous nous en doutions, f.... le camp et nous abandonnent ? ».

  • 13 Opinions et Discours de M. Casimir Perier. Préface de Rémusat, p. XXIV.

29Préfaçant les « Opinions et Discours de Monsieur Casimir Perier », Rémusat écrit avec justesse : « Il voulait la Charte (...), mais il ne voulait qu’elle et ne comprit jamais que la réforme des lois pût être cherchée hors de la loi-même »13.

  • 14 Séance du 1er août 1822. Opinions et Discours..., op. cit., T. II, p. 38.

30L’obstruction, courante sous la Convention déchirée par les luttes partisanes, n’a plus sa place dans un régime représentatif. Chaque député a le droit d’être entendu. Quand, le 1eraoût 1822, Ravez Président de la Chambre, lui refuse le droit de répondre à une attaque calomnieuse du Procureur Général qui essaie de le compromettre dans la conspiration du Général Berton, Casimir Perier se dresse de son banc et lance la célèbre réplique : « C’est un assassinat politique ! »14.

  • 15 Séance du 4 mars 1823. Opinions et Discours..., op. cit., T. II, p. 76.

31Il n’admet pas davantage, toujours au nom de la légalité constitutionnelle, qu’un représentant de la nation, dûment élu, soit sanctionné pour délit d’opinion. Le 4 mars 1823, il proteste contre l’expulsion de Manuel, accusé d’avoir fait l’apologie du régicide, non par sympathie pour l’homme, mais par principe. Avec courage, il invoque le pardon accordé par Louis XVI à ses bourreaux et s’écrie : « Prenez-y garde, c’est un représentant de la nation !15.

  • 16 D’après Opinions et Discours..., op. cit., Session de 1821, T.I.

32S’il manifeste en toutes circonstances, un attachement indéfectible à la Constitution, il utilise en revanche tous les moyens qu’elle permet, la tribune de la Chambre en premier lieu. De 1820 à 1824, il élargit le champ de ses interventions jusqu’alors réservé aux questions financières. Au cours de la session de 1821, il parle 41 fois à la tribune, dont 30 fois sur des sujets étrangers à sa spécialité16.

33Préparant leur retour en force au pouvoir, les Ultras votent avec l’appui d’anciens « Constitutionnels », une série de lois spoliatrices des libertés individuelle et d’expression et une nouvelle loi électorale, celle du 29 juin 1820, dite « du double vote », qui permet aux électeurs les plus imposés de voter deux fois. Ces lois réactionnaires donnent lieu à des discussions animées, mais malgré leurs efforts, les libéraux sont vaincus : leurs arguments, leurs références à la Charte, leurs amendements sont repoussés.

34Au cours de ces débats, Casimir Perier a maintes fois « croisé le fer » avec ses adversaires ultras. Les formes de son éloquence évoluent : sans renoncer aux discours dictés à Tissot, chroniqueur littéraire du Constitutionnel, principal journal d’opposition, il se lance dans de grandes improvisations ou décoche des traits acérés.

35L’homme est ardent, passionné mais dépourvu de rancune. Il n’attaque pas les personnes mais pourfend leur système. Assis au premier rang des bancs de Gauche, il écoute, concentré, prêt à relever l’erreur, à dénoncer la faute par quelque apostrophe cinglante. Il est alors « le lion furieux de l’opposition » selon l’un de ses collègues qui évoque ses démêlés avec le Président Ravez :

  • 17 Cl. Nicoullaud : Casimir Perier, Député de l’opposition. Paris, 1891, p. 174.

« Sa démarche, ses gestes, l’accent de sa voix de stentor, ses regards étincelants, la colère qui allait parfois jusqu’à déformer ses traits naturellement beaux, semblaient révéler une passion implacable. Il entrait dans la Chambre, la tête haute, le visage souriant, serrait affectueusement la main de l’aimable Ravez et, à peine redescendu en bas des marches, au premier geste, au premier mot du Président Ravez, il se levait avec fureur et l’apostrophait en termes durs »17.

36Ces bouillantes colères qui contrastent avec la modération de ses idées, ne sont pas appréciées de tous. Ses amis politiques admirent son courage et sa sincérité mais déplorent ses emportements. Quant à ses ennemis, ils l’accusent, non sans fondement, de transformer la vie parlementaire en une agitation brouillonne. Sa véhémence est affaire de tempérament : sa nature est entière, parfois excessive. En pleine vigueur de l’âge, il se laisse aller à ses fougueux élans.

  • 18 Baron de Fénilly : Souvenirs. Paris, 1908, p. 488.

37Les élections de 1824 laminent l’opposition libérale. Bénéficiant d’un regain de ferveur dû au succès de l’expédition d’Espagne qui efface le souvenir cuisant de Waterloo, les Ultras obtiennent 410 sièges à la Chambre dite « retrouvée » par Louis XVIII, par allusion à celle de 1815. Avec 19 sièges seulement, les libéraux récoltent les fruits amers de leurs aventures illégalistes : La Fayette, Manuel et Laffitte sont battus. Benjamin Constant et Casimir Perier qui n’ont pas cédé à la tentation du complot, retrouvent leur mandat de député18.

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38Casimir Perier, c’est aussi la transparence en politique. Les mots « franchise » et « clarté » reviennent constamment dans ses allocutions. Son horreur du mensonge et son sens de la responsabilité l’amènent à dénoncer sans relâche, les fraudes, les manœuvres irrégulières, les opérations secrètes, les insinuations, les mots mystérieux, le double-langage.

  • 19 Discours du 13 décembre 1817. Opinions et Discours..., op. cit., T. I, p. 14.

39Pour remplir leur mission, les mandatés de la nation doivent être loyalement informés. S’agit-il de finances, Perier affirme que « les affaires d’argent doivent être claires comme le jour ! »19. S’agit-il de négociations diplomatiques au Congrès d’Aix-la-Chapelle, il interroge :

  • 20 Discours du 11 mai 1819. Opinions et Discours..., op. cit., T. I, p. 89.

« Jusqu’à quand, Messieurs, procéderons-nous par voie d’insinuation ? Jusqu’à quand, à l’aide de mots mystérieux, présentera-t-on les fautes financières comme des conceptions diplomatiques, et les bévues diplomatiques comme des résultats financiers ? N’est-il pas temps d’aborder plus franchement d’aussi importantes questions ? »20.

40Ou bien, s’agit-il de la Congrégation, cette société secrète, catholique et royaliste, dont les libéraux dénoncent l’influence occulte dans l’Administration et l’Enseignement ? Alors Perier, prêtant son indignation à la France, s’écrie :

  • 21 Discours du 27 mai 1826. Opinions et Discours..., op. cit., T. III, p. 15.

« Ce qu’elle ne veut pas, ce qu’elle hait, Messieurs, c’est le mensonge ; ce qu’elle déteste, c’est l’hypocrisie ; ce qu’elle abhorre, c’est la fraude et la corruption ; ce qu’elle condamne et flétrit à jamais, ce sont ceux qui seraient tentés de se servir de semblables moyens comme instruments de pouvoir et de gouvernement »21.

41Sa franchise surprend et dérange par sa brutale spontanéité. S’adressant aux Ultras qui, au cours du débat sur la presse de janvier-février 1821, accusent les libéraux de vouloir une révolution, il rectifie :

  • 22 Discours du 12 février 1821. Opinions et Discours..., op. cit., T. 1, p. 387.

« Non, Messieurs, nous ne voulons pas de révolution. Mais il en est une qu’il nous sera sans doute permis de désirer, d’appeler de tous nos efforts : c’est celle qui renverserait le ministère actuel, s’il persévère dans la marche actuelle qu’il a adoptée ; et non seulement cette révolution est à désirer, mais elle est immanquable ! »22

42La clarté de son langage ne le cède en rien à celle de ses idées. Casimir Perier n’atteint jamais les sommets oratoires d’un Royer-Collard. Maîtrisant mal la syntaxe, il évite les longues périodes dans ses improvisations. Mais il sait trouver la formule concise, le mot juste, qui forcent l’adhésion de son auditoire. Par la netteté de ses idées et de ses paroles, il emporte l’estime des gens de bonne foi qui servent avec désintéressement la chose publique.

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43Tout au long de sa carrière politique, il n’a cessé de professer un patriotisme chaleureux mais sans exclusive. Sa préférence va aux pays libéraux, à l’Angleterre, aux Etats-Unis et aux peuples d’Amérique Latine, en lutte pour leur indépendance. Mais c’est d’abord à la France qu’il parle, d’une voix voilée d’émotion. Il peut paraître étrange à première vue que l’élu d’un pays légal limité à quatre-vingt dix mille électeurs sélectionnés par l’argent, se fasse l’avocat de la France entière. Mais pour Casimir Perier, les Notables jouent le rôle des Corps intermédiaires de Montesquieu. Par leurs capacités, ils sont les défenseurs naturels de la nation. C’est le sens des paroles qu’il prononce à la tribune, à l’issue du débat sur la loi du double-vote, en retrouvant les accents de Mirabeau, dans la « Lettre à mes Commettants » :

  • 23 Discours du 8 juin 1820. Opinions et Discours..., op. cit., T. 1, p. 170.

« On a comparé cette discussion à un combat ! Eh bien ! Nous ferons notre devoir dans cette bataille des élections. Nous disons à nos commettants : Français, ceux que vous avez chargés de l’insigne honneur de défendre vos droits, ont fait tous leurs efforts (...). Nous pourrions bien succomber dans l’enceinte sous le nombre des votes, au-dehors, sous les attentats des factions, mais nous ne nous rendons pas tant que les intérêts nationaux mis sous notre sauvegarde, ne sont pas à l’abri de tout danger »23.

44La France, après les tumultes révolutionnaires, il la sent faible, dépendante du crédit étranger, tenue en suspicion par les puissances, malgré son admission dans le concert des nations, menacée même, au moment où l’explosion des complots espagnol et napolitain laisse croire à une complicité française. C’est pourquoi les luttes partisanes qui déchirent la classe politique lui paraissent dangereuses. Il invite ses collègues à se montrer inaccessibles aux passions des partis « pour l’amour de la Patrie et du Roi ! ».

45Abordant la question de la soumission des emprunts d’Etat, il revient sans cesse sur le thème de la préférence nationale. On sait que son patriotisme financier lui a valu d’être élu en 1817. Banquier libéral, Casimir Perier n’entre dans aucune combinaison préalable à la négociation des emprunts d’État. Il a donc les mains et la conscience pures pour dénoncer la collusion entre le ministre des Finances et les banquiers autrichien et anglais (Rothschild et Baring), qu’une importante commission récompense de leurs bons offices. Dans son discours du 28 avril 1824, il révèle, sur le mode ironique, les tractations secrètes du Comte de Villèle avec la finance étrangère :

  • 24 Discours du 28 avril 1824. Opinions et Discours, op. cit., T. II, p. 116-117.

« Le ministre des Finances a traité avec les étrangers pour emprunter à 4 % en leur allouant une commission de 35 millions (...). Je ne peux me défendre d’un sentiment pénible en voyant cette espèce de cour assidue que font aux étrangers, M. le rapporteur et M. le ministre des Finances. Je croyais que nous devions être dispensés à jamais de payer le voyage de ces Messieurs qui, tous les deux ou trois ans, viennent faire leur tour de France, non pour satisfaire leur curiosité, mais pour présider à l’éducation de nos ministres qui ne croient pas payer trop cher le prix de leurs leçons, en leur permettant d’exploiter la fortune publique »24. Et de conclure aussitôt : « C’est un affront au patriotisme des Français ».

46C’est avec le même souci de l’intérêt national que Casimir Perier aborde les questions militaires. Au moment où les troupes de la Sainte-Alliance s’apprêtent à réprimer les complots du début des années 1820, il s’effraie de la réduction du budget de la guerre et invite les députés à ne pas affaiblir l’armée. Thème récurrent dans ses discours : ce pacifiste qui faillit devenir officier, ne conçoit pas la paix sans elle. D’où cette mise en garde :

  • 25 Discours du 19 février 1820. Opinions et Discours..., op. cit., T. I, p. 232.

« Je me joins aux collègues pour accuser la conduite mystérieuse des ministres ; je m’étonne de leur silence obstiné à notre égard, au milieu de ce cliquetis d’armes qui se fait entendre, et de l’espèce d’impassibilité qu’ils montrent en voyant mettre à exécution les sentences de ce tribunal qui s’est établi en Europe pour juger les peuples et les rois. Car enfin, Messieurs, vous êtes royalistes, vous êtes Français, quel est celui dont le sang ne bouillonne pas à l’idée (...) que ce tribunal puisse lancer un mandat d’amener contre l’auguste auteur de la Charte pour lui demander compte du bonheur de son peuple ? Ne serait-il pas affreux pour nous que, malgré la bravoure de quelques bataillons épars, nous ne puissions peut-être repousser un tel outrage que par un désespoir impuissant ? »25.

47Ainsi, au fil des sessions, Casimir Perier remplit-il sa mission politique avec conscience et solennité. Il satisfait son désir de servir la Patrie, non par le sabre, mais par ses conseils et son expérience financière.

Le comptable de la Nation

48A l’aube de sa carrière, sous le sage gouvernement des Constitutionnels, Casimir Perier se cantonne dans le registre qu’il maîtrise bien, celui des finances. Sept discours sur huit en 1817-1818, la totalité de ses allocutions l’année suivante, traitent des question financières.

49La Charte donne aux Chambres une prérogative essentielle, le vote du budget de l’Etat dont la loi de 1817 fixe les modalités. Les lois de finance sont d’abord présentées à la Chambre élue. Elle examine en premier lieu le chapitre des Dépenses, puis celui des Recettes et enfin, l’affectation des crédits aux différents ministères. Députés et Pairs disposent d’un important moyen de contrôle du gouvernement, dont ils ne mesurent pas clairement la portée. Au pouvoir jusqu’en Septembre 1816, les Ultras n’ont pas réduit les responsabilités financières des Chambres.

50Casimir Perier ne manque pas de le souligner pour mieux convaincre ses collègues de les exercer avec vigilance :

  • 26 Discours du 22 décembre 1817. Opinions et Discours..., T. I, p. 19.

« Nous devons être jaloux de conserver la portion de puissance législative qui est dans nos attributions ; et c’est principalement en matière de finance qu’il est permis d’affirmer que nous devons l’exercer dans toute son étendue »26.

  • 27 Discours du 11 mai 1818. Opinions et Discours..., op. cit., T. I, p. 96.

51Or, il constate avec surprise de singulières carences dans la formation financière de la classe politique. Les députés ont reçu une éducation essentiellement humaniste qui ne les prépare pas à leur tâche. Quant aux ministres, ils sont de compétence très inégale : en spécialiste, Casimir Perier fait l’éloge du Baron Louis mais critique « ceux qui, sans expérience, ont la funeste ambition de s’ingérer dans le maniement des affaires de l’Etat »27. Il s’agit notamment de Corvetto et du Comte Roy.

52La première tâche du Banquier Perier est d’ordre pédagogique : il explique les mécanismes financiers et s’impose assez vite comme le meilleur orateur financier de la Chambre. L’auditoire a du mal à suivre ce professeur brillant qui, écartant ses notes d’un geste de la main, ne consulte que les seules archives de sa mémoire. La légèreté des uns, la mauvais foi des autres troublent parfois « les cours ». Le 19 février 1820, les députés ayant demandé la clôture prématurée de la discussion d’une loi de finance, Perier se fâche et, bravant leur impatience, les apostrophe ironiquement :

  • 28 Discours du 19 février 1820. Opinions et Discours.... op. cit., T. I, p. 236.

« Messieurs, nous devons discuter des lois de finance d’après des lois et des calculs, et non d’après des prophéties. Nous devons raisonner d’après Barême et non d’après Nostradamus ! Il ne s’agit pas ici de conspirateurs mais de finances et de calculs. On peut tout dire, aucune révélation n’est à craindre ! »28.

53L’orateur descend de la tribune, pâle de colère, mais résolu à reprendre ses cours de gestion financière, le jour suivant.

54A la fin du Ministère Decazes, le ministre des Finances abuse les députés par divers artifices. Casimir Perier se fait un devoir d’initier ses naïfs collègues aux détours du vocabulaire ministériel :

  • 29 Discours du 12 février 1820. Opinions et Discours..., op. cit., T. I, p. 218-219.

« Ce n’est pas le gouvernement que je veux chercher à détromper, il sait mieux que moi à quoi s’en tenir sur le fond des choses ; mais il est bon, dans le sérieux de nos discussions, de ne pas prendre les apparences pour la réalité et de faire connaître nettement la valeur de quelques mots du vocabulaire ministériel où dégrèvement ne veut pas dire diminution mais déplacement de l’impôt ; où économie signifie dépense ; paiement, emprunt, libération des contribuables, continuation de leurs charges, extinction de la Dette, prolongation de la Dette ! »29.

55Cette action patiente, reconduite à chaque session, porte ses fruits au milieu des années 1820. Au lieu de voter le budget sans réserves, par solidarité d’idées avec le parti au pouvoir, les députés sont capables d’émettre des critiques fondées qui effritent la majorité des suffrages favorables. En 1827, de Villèle est obligé de retirer son budget.

*
* *

56Pendant dix ans, Casimir Perier surveille avec vigilance les comptes de l’Etat. Chaque examen des dépenses s’ouvre sur des propositions d’économies. Cette politique d’orthodoxie financière inaugurée par le Baron Louis au début de la Restauration, n’est pas sans plaire au Banquier Perier, à condition qu’elle ne soit pas préjudiciable aux intérêts de la France. Il introduit une importante distinction entre les économies salutaires et conformes à l’esprit de la Charte, et les autres, inspirées par l’esprit de parti.

57La suppression des régiments étrangers entre dans la première catégorie. Dans son discours du 2 avril 1818, Casimir Perier demande l’abandon des régiments suisses, vestiges du temps des mercenaires dont la présence est une insulte à la nation défendue par l’Armée et la Garde Nationale :

  • 30 Discours du 2 avril 1818. Opinions et Discours..., op. cit., t. I, p. 38.

« Comment oser dire à trente millions d’hommes qu’une poignée de troupes étrangères soit de garant indispensable de leur fidélité ? Comment oser dire à la Garde Royale, à l’Armée toute entière, qu’elle ne peut résister sans auxiliaires à quelques factieux désarmés ? Comment oser dire au Monarque qui nous a donné la Charte, que le gage de notre bonheur, ce monument de gloire, ne peut être protégé que par un rempart de baïonnettes qui ne sont pas françaises ? »30.

58Les économies raisonnables sont celles qui ne désorganisent pas l’administration et l’armée. Si l’on doit accroître et non réduire les crédits militaires pour les raisons déjà évoquées, le maintien d’une foule d’ambitieux dans les ministères, avec le système des dépouilles qui l’accompagne, doit être revu. Sur le mal français ancien, la pléthore des agents de l’Etat, l’opinion de Casimir Perier révèle l’homme de gouvernement, soucieux d’efficacité et d’ordre :

  • 31 Discours du 2 avril 1818. Opinions et Discours..., op. cit., T. I, p. 34.

« Un ministre, un chef d’administration a certainement le droit de placer sa confiance comme il lui plaît ; mais il n’est pas obligé de signaler son entrée en place par le désordre de tous les bureaux !... »31.

59Au chapitre des recettes, il dénonce le caractère pernicieux des taxes perçues par l’Etat sur les produits nationaux qui pénalisent l’économie, les revenus de la Loterie royale qui détourne des sommes importantes de l’épargne et de la consommation. Les attaques répétées des députés contre le jeu officialisé par l’Etat, aboutiront à une sévère réglementation de la Loterie, sous la Monarchie de Juillet.

60Farouche défenseur de la légalité constitutionnelle, partisan d’une moralisation de la politique financière, Casimir Perier s’ingénie à débusquer les comptes secrets qui échappent au contrôle de la Chambre, à des fins partisanes.

61Détenteur du portefeuille des Finances dans son Ministère formé le 14 décembre 1821, le Comte de Villèle présente un budget équilibré ou excédentaire, à l’aide de ruses qui n’échappent pas au Banquier Perier : les dépenses secrètes et les dépenses extraordinaires non comptabilisées. Les sommes affectées à l’entretien des régiments français en Espagne, gardiens du trône de Ferdinand VII, rétabli par l’intervention française en 1823, sont régulièrement « oubliées ». A cours de la discussion du budget prévisionnel pour l’année 1827, Casimir Perier dévoile à ses collègues cette violation manifeste de la loi :

  • 32 Discours du 23 mai 1826. Opinions et Discours..., op. cit., T. II, p. 325.

« En 1825, pendant que les Chambres étaient assemblées, on a dépensé 12 millions pour l’Espagne, qu’on n’est pas venu vous demander (...). Nous sommes aujourd’hui dans la même situation : les dépenses continuent et pas un mot à cet égard. Monsieur le Ministre des Finances passe sous silence cette somme dans les précisions pour 1827. D’un côté, figurent aux recettes les 58 millions qui sont dus à l’Espagne et de l’autre, les 12 millions qui viendront accroître les dépenses dont on n’a pas osé vous parler. C’est ainsi qu’on vous présente des recettes factices et qu’on dissimule les dépenses »32.

62Et, comparant « les sommes énormes pour l’Espagne » à l’aide dérisoire accordée « aux malheureux grecs » abandonnés, malgré la sympathie de l’opinion française, à « la férocité musulmane », il aborde la politique étrangère des Ultras favorable aux régimes absolutistes. Ainsi, par le biais de la finance, continue-t-il d’élargir le champ de ses interventions.

63Autre artifice du Comte de Villèle, les dépenses extraordinaires et les suppléments d’impôts décidés par ordonnance qui, n’apparaissant pas dans les comptes officiels de l’Etat, permettent de dégager un bénéfice justifiant les dégrèvements fiscaux pour le moins sélectifs !

  • 33 AN. F1-c III. Carton 9, 1822.

64Dans un pays légal étriqué, électeurs et éligibles se connaissent, surtout en province. En l’absence de vote secret, chacun connaît les opinions d’autrui. Il est facile de repérer les citoyens « mal pensants », les libéraux, et les fidèles du gouvernement. Sur les listes électorales, figurent « les bons », signalés par un « B », parfois triplé, et « les mauvais » dont le nom est suivi d’un « M »33. Casimir Perier appartient au second groupe. Les libéraux sont l’objet de la « sollicitude » du ministre qui, en abaissant leur cote fiscale au-dessous du cens fixé à 300 francs de contributions directes par an, les prive du droit de suffrage et conforte théoriquement sa majorité. Au lieu d’être ajusté à la hausse, le pays légal rétrécit comme une peau de chagrin, passant de 110 000 électeurs en 1817 à 89 000 dix ans plus tard. En diminuant la base déjà étroite du régime, les Ultras sacrifient la popularité de la monarchie à leur volonté de se maintenir au pouvoir.

65Mais, au milieu des années 1820, ils renversent les tendances de l’opinion par leurs excès. Avec d’autres libéraux, Casimir Perier, censeur impitoyable d’une politique désastreuse, a contribué à les diviser. Le duel qui, de 1824 à 1827, l’a opposé au Comte de Villèle, est la haute époque de sa carrière de député libéral.

Le duel Perier-De Villèle

66Les élections de 1824, la septennalité du mandat législatif qui annule le renouvellement annuel d’une partie de la Chambre et l’avènement de Charles X en septembre 1824, modifient la donne politique. Confiants en l’avenir, les Ultras s’efforcent de restaurer les deux piliers de l’ancienne monarchie, l’aristocratie et l’Eglise. Leurs porte-paroles sont le Président du Conseil, Joseph de Villèle et le Ministre de l’Instruction Publique et des Cultes, Monseigneur de Frayssinous, également nommé Grand Maître de l’Université.

67A la tête des Finances, de Villèle s’attache à régler l’épineuse question de l’indemnisation d’une minorité d’émigrés dont les biens ont été vendus comme propriétés nationales sous la Révolution. Titulaire d’une fonction jusque là réservée à un laïc, Monseigneur de Frayssinous tente de rétablir l’influence de l’Eglise dans l’enseignement afin de lutter contre les progrès de l’irréligion. Entreprises délicates qui suscitent l’inquiétude des acquéreurs de biens nationaux, rappellent les discordes civiles des temps révolutionnaires et réveillent l’anticléricalisme en France.

68Casimir Perier est résolument hostile à des mesures qui visent, sinon à revenir aux privilèges à tout jamais abolis, du moins à retarder la fusion des élites de la naissance, de la fortune et du talent et l’avènement de la société civile. Il n’est pas l’ennemi des nobles qu’il rencontre dans les salons et les réceptions, mais celui d’une aristocratie qui conserve ses préjugés. Aussi le quatrième fils de « Perier-Milord » combat-il le projet de rétablissement du droit d’aînesse même s’il ne vise que les propriétés nobiliaires menacées de démembrement par l’application du Code Civil. Il est l’avocat de la société libérale issue de la Révolution de 1789, fondée sur les principes chers aux philosophes du xviiie siècle, le mérite personnel et l’utilité publique.

69Les libéraux ne forment qu’une petite cohorte, unie et déterminée, mais numériquement dérisoire. Le nouveau rapport de forces entraîne une révision de la tactique : finis les harcèlements, les estocades, place au discours pondéré, à la critique argumentée de la politique villéliste sur les problèmes sensibles à l’opinion, l’indemnisation des émigrés, le rôle de l’Eglise dans l’Etat et les libertés.

70Dans la colonie libérale, désormais sur la défensive, une répartition des tâches s’effectue. Royer-Collard et François Guizot animent les débats idéologiques. Moins instruit qu’eux, Casimir Perier se limite aux discussions concrètes, voire techniques. Ainsi, tandis que Royer-Collard pose avec éloquence la question de la légitimité de l’indemnisation des émigrés qui ont abandonné la France de leur plein gré, Casimir Perier s’en tient à l’analyse de l’opération prévue pour les dédommager, la conversion des rentes.

71A bien des égards, c’est au cours des sessions parlementaires de 1825 à 1827, que se joue l’avenir de la Monarchie restaurée. Casimir Perier honore assidûment son mandat de député. Le matin, il s’occupe de la Banque et d’Anzin, parcourt la correspondance et dicte les réponses les plus urgentes mais, l’après-midi, il laisse à son frère le soin des écritures et des affaires courantes du Groupe Perier. Il quitte alors en calèche son hôtel de la rue Neuve-de-Luxembourg, traverse la Place de la Concorde, d’aspect paisible et rustique, et entre la tête haute, au Palais-Bourbon.

72L’hémicycle offre un aspect bien singulier : les bancs de gauche sont vides alors que les Ultras s’entassent sur ceux de droite. Le Président Ravez les invite à émigrer vers la gauche : sa proposition est froidement accueillie mais le confort oblige. Le baron de Frénilly raconte avec humour cet exode forcé :

  • 34 Baron de Frénilly, op. cit., p. 488.

« Les bancs de gauche se trouvèrent si tristement déserts et ceux de la droite si terriblement foulés que force nous fut de nous résoudre qu’une colonie serait envoyée sur ces terres inconnues. L’affaire n’était pas des plus faciles, enfin quelques flibustiers se dévouèrent et d’autres suivirent quand on vit la colonie prospérer. Je fus l’un des premiers et me logeai au premier rang d’en-bas où je me trouvai coudoyer Casimir Perier qui s’y cramponna seul, conne une colonne antique dans le désert (...). Je m’accommodai fort bien de ce voisinage, mais pour correctif de cette bonne fortune, je me trouvai avoir au dos, sur le second banc (...), la blême et hideuse face de Monsieur Benjamin Constant, toute saturée de cruauté et d’envie »34.

  • 35 Opinions et Discours..., op. cit., T. II, p. 331 à 337.

73Cette compagnie inattendue ne neutralise pas Casimir Perier. Il montre 27 fois à la tribune en 1824, 56 fois en 1825, 52 fois en 1826 et 43 fois en 182735. Presque quinquagénaire, il est encore au mieux de sa forme physique et a progressé dans l’art du discours. Avec Joseph de Villèle aux Finances, il a un adversaire à sa mesure. Opposés par leur passé, leur milieu social, leurs idées et leur apparence, ils ont en commun la lucidité politique et la compétence financière. Les deux hommes se réhaussent l’un par l’autre.

74Dans ce duel qui s’engage entre ces deux champions de la finance, la partie semble être inégale car le ministre dispose d’une écrasante majorité. Mais Perier ne redoute pas « ce caporal de l’armée ultracienne » car il connaît son point faible : sa solitude dans un parti dont il déplore les excès et craint les divisions qu’une fallacieuse sécurité ne manque pas de faire naître. Après les élections de 1824, il a lancé ce cri d’alarme : « Nous allons nous tirer dessus et nous perdre ! ». L’indemnisation des émigrés révèle les premières fissures dans le groupe ultra.

*
* *

75Pour indemniser les émigrés, de Villèle propose une opération de haute voltige financière qui échappe à la majorité des Pairs et des députés. Sans entrer dans les détails techniques, il faut l’évoquer pour comprendre les critiques de son principal adversaire.

76Jouant sur le bénéfice réalisé par les quelque 140 000 créanciers de l’Etat en 1822, le ministre compte effectuer une économie de 30 millions affectée au remboursement des émigrés sous la forme de bons du Trésor de 100 francs porteurs d’un intérêt de 3 %. La somme obtenue correspond à un capital fictif d’un milliard. Caricaturant le projet, la presse d’opposition dénonce « le milliard des émigrés », laissant croire à l’opinion que le gouvernement le prélève directement sur le Trésor Public.

77Sur le conseil des banquiers Rothschild, Laffitte et Baring, de Villèle propose aux créanciers de l’Etat l’alternative suivante : le remboursement immédiat, au pair, de leurs titres de rentes de 100 francs à 5 % ou la conversion de ces mêmes titres en rentes de 75 francs à 4 %. Dans le premier cas, les créanciers ne sont pas lésés puisqu’ils ont acheté leurs titres à un prix inférieur ; dans le second cas, l’état annule leur bénéfice mais ils restent ses prêteurs.

78Présenté le 5 avril 1824, le projet soulève un tollé aux deux Assemblées. Dans les rangs des Ultras, les émigrés concernés sont fortement déçus car ils espéraient un remboursement immédiat en numéraire. Quant aux libéraux, ils sont les porte-paroles d’une bourgeoisie qui s’estime trahie dans ses convictions et ses intérêts. Indemniser les émigrés, partisans de l’absolutisme royal et des privilèges, c’est contester le bien-fondé de la Révolution libérale de 1789 ; par ailleurs, les créanciers de l’Etat, des bourgeois pour la plupart, font les frais de l’opération.

79A la Chambre des pairs, le Duc de Pasquier et Chateaubriand mènent la fronde contre le projet mais l’opposition de l’illustre écrivain relève plus de la dissidence personnelle que de la contestation politique : il déteste le Comte de Villèle qui est à l’origine de son renvoi du Ministère des Affaires Etrangères, le 6 juin 1824.

  • 36 Archives parlementaires XL. Discours du 28 avril 1824, p. 152-159.

80Au Palais-Bourbon, Casimir Perier prononce un long discours sur le sujet, le 28 avril 182436. Il développe une critique en quatre points : le projet d’indemnisation des émigrés est « une pomme de discorde » entre la propriété foncière et la propriété mobilière, une insulte aux droits parlementaires de la Chambre par le caractère secret de sa préparation, un affront à notre patriotisme par l’intrusion des banquiers étrangers qui reçoivent une commission de 35 millions pour prix de « leurs leçons », une machination politique dont l’Etat ne retire aucun avantage. Et l’orateur de conclure :

  • 37 Archives parlementaires. XL Discours du 28 avril 1824, p. 158.

« Cessez donc de parler d’édits et de code ; votre droit, c’est la force, vos moyens, c’est la déception, vos auxiliaires, c’est l’étranger ; le résultat du projet, c’est l’appauvrissement de l’Etat et de ses créanciers ; votre but, la consolidation entre vos mains du despotisme ministériel »37.

  • 38 ADI. (11 J.37). Notes de Casimir Perier prises au cours des séances de la Chambre.

81Impassible, le Comte de Villèle a écouté le discours. Il se précipite à la tribune, contre-attaque, défend son œuvre. Mais Perier est là, tenace, qui prend des notes pour mieux préparer sa riposte et trouve dans son intelligence, une prodigieuse fécondité de ressources38.

82Les deux hommes se succèdent à la tribune, l’un petit et malingre, complexé par un visage ingrat, une voix nasillarde, l’autre superbe avec sa crinière de cheveux noirs, sa voix sonore, ses yeux enflammés par la passion de convaincre, un doigt accusateur pointé vers les Ultras. Le Gascon, plein d’astuces et de ruse, mais sceptique et dépourvu de passion, le Dauphinois, ardent, impétueux, fonçant droit sur l’adversaire pour remporter la victoire.

83Les Ultras se contiennent puis s’impatientent et contestent le « factieux » ; lorsqu’ils doutent de l’issue de la joute oratoire, ils déclenchent un vacarme assourdissant et réclament la clôture mais Perier est là qui répond aux insultes et, imperturbable, reprend le fil de son discours. Sans illusion ! Il sait que la rhétorique n’annulera pas l’effet du nombre et que la loi sera votée. Alors, se trouvant vers les bancs de droite, ce fils d’une dynastie bourgeoise, « inconnu » du Faubourg Saint-Germain, clôt ses interventions, le jour du vote, par ces paroles :

  • 39 Discours du 12 mars 1825. Opinions et Discours..., op. cit., T. II, p. 249.

« J’en appelle à vous, nobles chevaliers de l’ancienne France qui devez nous juger ! Il n’est pas besoin de vous rappeler que les lois de la victoire et de l’honneur de tous les pays sont de ne partager les dépouilles que de ceux qu’on a vaincus ! »39.

84Il provoque une vive agitation. Les libéraux ne l’ont pas quitté des yeux. Royer-Collard, qui relève parfois quelque incorrection dans la forme, admet que Perier est un redoutable bretteur. Constant savoure les combats de celui est à la fois son ami et son banquier.

85Repoussé par les Pairs, malmené par les Députés, le projet doit être remanié. Il est néanmoins voté à la session suivante, mais avec une majorité réduite. Un sérieux avertissement pour le Ministère dont la politique est impopulaire.

*
* *

  • 40 ADI. (II J.37). Lettre d’Amédée Perier à son frère, 29 septembre 1824, p. 2.
  • 41 ADI. (11 J.38126). Lettre de Chauvelin à Casimir Perier, 18 mai 1825. (41 bis) ADI. (11 J.39). Lett (...)

86Au milieu des années 1820, Casimir Perier a acquis une dimension nationale. L’âpre débat sur la conversion des rentes l’a projeté sur le devant de la scène politique. D’Alsace, son frère Amédée lui écrit le 29 septembre 1824 : » Tu es en grande renommée à Strasbourg, mon cher Casimir, et j’ai reçu à ton sujet, les compliments les plus flatteurs et les plus sincères »40. De Côte d’Or, Chauvelin, ex-député d’opposition, le remercie « pour tout ce qu’il dit de bon à la France » et il ajoute : « Je vous ai décerné avec joie la palme du courage, de l’habileté, de la promptitude et de l’à-propos, le public l’a jugé comme moi, si j’en crois tous les témoignages que j’ai pu recueillir dans mon coin »41. Enfin, en mars 1826, c’est à Casimir Perier qu’Henri Fonfrède, fils d’un Conventionnel girondin guillotiné sous la Terreur, adresse avec confiance une lettre-pétition de protestataires bordelais contre le projet de rétablissement du droit d’aînesse (41 bis).

87Le voyage de Casimir Perier à Vizille en juillet 1825 révèle les sentiments contrastés qu’il inspire : l’espoir et la sympathie des libéraux et l’inquiétude des Ultras qui surveillent ses moindres faits et gestes. Il dévoile en outre, la personnalité politique d’un opposant qui ne confond pas la lutte contre un système avec la subversion.

88Le mariage de Fanny Perier, fille d’Augustin, avec le Comte Charles de Rémusat réunit, à Grenoble et à Vizille, toute la famille Perier. C’est l’occasion pour Casimir, accompagné de sa femme et de ses fils, d’accomplir un pèlerinage sentimental aux lieux de son enfance qu’il a quittés depuis si longtemps. Les Grenoblois manifestent une certaine réserve à l’égard de l’enfant du pays que Rémusat se plaît à baptiser « Le Revenant », dans un poème composé pour la circonstance.

89Aux yeux des autorités, cette visite familiale revêt l’allure d’une tournée politique, dans des villes frondeuses, acquises aux idées libérales, Lyon qui, en 1817, a connu un début d’insurrection et Grenoble, siège de la conspiration de Didier en 1816 et de l’élection de l’Abbé Grégoire, Conventionnel régicide, en 1819. Le Préfet de l’Isère, Jules de Calvière, qui redoute de bruyantes manifestations, se montre vigilant.

  • 42 AN. F76719. Dossier 8. Rapport du Préfet du Rhône au Ministre de l’Intérieur, 9 juillet 1825. Pièce (...)
  • 43 AN. F76719. Dossier 8. Pièce 84. Rapport du Préfet de l’Isère au Ministre de l’intérieur, 11 juille (...)
  • 44 AN. F76719. Dossier 8. Pièce 79. Rapport du Préfet de l’Isère au Ministre de l’intérieur, 26 juille (...)

90Elles n’ont pas lieu. La visite de Casimir Perier ne provoque aucun incident. Au contraire de La Fayette, quatre ans plus tard, il ne souhaite pas se prêter aux ovations populaires ou attiser les passions partisanes. A Lyon où il séjourne le 8 juillet, ses amis politiques se contentent de donner, sous les fenêtres de son hôtel, l’habituelle sérénade aux visiteurs de marque42. Avertis de son arrivée à Grenoble le lendemain, ses parents et amis vont à sa rencontre et l’escortent, à cheval ou en cabriolet, jusqu’à la Porte de France43. Le soir, le banquet et le concert donnés dans le jardin illuminé des Teisseire se déroulent paisiblement. Même discrétion à Vizille où, le 13 juillet, Augustin célèbre avec faste, les noces de sa fille, avec tous les employés de la fabrique. Les rues de la bourgade sont décorées de banderoles portant cette inscription « A Casimir Perier, au Défenseur et Protecteur du Peuple »44. En remerciement, il offre un plantureux repas et un feu d’artifice aux Vizillois mais, par crainte de débordements regrettables, il annule le banquet que les libéraux de Grenoble ont prévu en son honneur dans une guinguette hors de la ville.

91Rassuré, le Préfet minore volontiers l’accueil de Grenoble à son hôte mais un journal ultraciste lui rend cet hommage :

  • 45 ADI. (11 J.3 644). Réception de Casimir Perier à Grenoble.

« Un cortège, des députations, une harangue, une sérénade, tout cela est fort légal. Nous ne sommes pas toujours de l’avis de Monsieur Casimir Perier mais la franchise et le talent qu’il déploie à la tribune doivent mériter l’estime de ses adversaires sur quels que bancs qu’ils soient assis »45.

  • 46 Victor Adam : Réception de Casimir Perier par les habitants de Vizille. Musée de la Révolution Fran (...)

92Le voyage de Vizille lui laisse un émouvant souvenir. En 1828, il commande à un artiste dauphinois une toile commémorative de l’événement. Elle montre son arrivée dans la ville décorée, au milieu des Notabilités en redingote noire venues le saluer et des paysans accourus dans les champs pour le voir46. Tableau de facture naïve, mais qui restitue bien l’ambiance joyeuse et sereine de ce pèlerinage sentimental.

93A Paris, d’autres rudes combats l’attendent avant de remporter la victoire.

La victoire de 1827

94Les Affaires Ecclésiastiques dominent les sessions des années 1825 et 1826. Dans un climat passionnel, deux conceptions de la société s’affrontent. Ardents catholiques, les Ultras, à l’exception d’une minorité gallicane, souhaitent rétablir l’union du Trône et de l’ Autel. La Charte a fait du catholicisme la religion d’Etat et une Ordonnance de Louis XVIII a autorisé le retour des Ordres monastiques en France. Enfin, le nombre des évêchés a été accru. A l’opposé, les libéraux sont les défenseurs d’une société civile et pluriconfessionnelle.

95A Paris, journalistes d’opposition, rédacteurs du Constitutionnel ou du Journal du Commerce, libellistes, pamphlétaires, chansonniers visent les mêmes cibles : les Jésuites, dont le nombre et l’influence sont outrés, la Congrégation et le « parti-prêtre ». Souhaitant réparer les funestes effets de la Révolution, des missions parcourent la France avec le concours zélé des curés et des autorités. A l’aide de grandioses mises en scène, elles obtiennent d’éphémères repentirs et des conversions purement émotionnelles. Mais elles provoquent aussi de brûlantes alarmes. Loin d’endiguer les progrès de l’irréligion signalés par Félicité de Lamennais dans son « Essai sur l’indifférence en matière de religion » paru en 1817, elles en précipitent le cours.

96Par principe, Casimir Perier est hostile à l’Eglise d’Etat, à l’intolérance dont le protestant Guizot, privé de sa chaire à la Sorbonne, a été victime et au cléricalisme dans l’enseignement. Il a dénoncé avec violence la politique scolaire des Ultras qui, avec Chateaubriand, allaient jusqu’à envisager la suppression de l’Université Impériale, foyer d’athéisme. Mais il condamne avec la même fermeté les outrances des anticléricaux qui, à Paris, à Lyon et à Rouen, dégénèrent en émeutes rappelant l’époque révolutionnaire. Dans le long débat sur la loi du sacrilège qui punit de mort les profanateurs de tabernacles et d’hosties, il s’abstient. L’année suivante, il n’intervient que pour suppléer à la défaillance de ses collègues. Encore s’entoure-t-il de précautions oratoires :

  • 47 Discours sur les Affaires Ecclésiastiques, 26 mai 1826. Opinions et Discours..., op. cit., T. III, (...)

« Il ne m’était pas permis de garder le silence, à défaut des plus capables, je parlerai comme je crois, comme je sais, comme je sens, car la franchise est aussi dans mon cœur, la mesure de mes paroles dans mes intentions »47.

97Deux raisons expliquent sa réserve. Elevé par une mère pieuse, éduqué par la Oratoriens, il respecte la religion. L’influence de sa femme qu’il accompagne chaque Dimanche à la messe en l’Eglise de la Madeleine, l’exemple de ses amis protestants de la Haute Banque qui fréquentent régulièrement le temple et enfin, « l’air du temps », une réaction spontanée des élites sociales au matérialisme qui règne à Paris, le conduisent à la modération dans l’examen des questions religieuses. Comme Stendhal qui s’irrite que l’on s’épuise à parler des Jésuites, l’homme est raisonnable, c’est-à-dire ennemi des excès. « Ni philosophe, ni prêtre » comme le souligne son ami Rémusat, Casimir Perier préfère laisser à d’autres plus capables que lui, le soin de diriger les débats. C’est Royer-Collard qui, à propos du sacrilège, dénie à la Chambre le droit de créer un nouvel ordre de crimes surnaturels. Quand Perier ose s’aventurer sur ces sujets délicats, il reste strictement sur le terrain juridique, la référence à la Charte.

98En 1826, c’est Monseigneur de Frayssinous qui lance la discussion en révélant imprudemment l’existence de la Congrégation. S’abandonnant un instant à la fougue de sa nature. Casimir Perier relève cet aveu :

  • 48 Discours du 26 mai 1826, p. 11.

« Là voilà reconnue officiellement cette Congrégation dont l’existence a été si souvent, si formellement niée à cette tribune et par des feuilles ministérielles (...). Ce n’est point un fantôme qu’il soit impossible de saisir, seulement il est difficile de l’atteindre »48.

99Mais, refusant la polémique qui fait le jeu des anticléricaux, il revient à une critique fondée de la politique ultraciste en matière de religion. C’est le royaliste constitutionnel, soucieux de l’avenir de la Monarchie, qui s’exprime lorsqu’il dénonce la collusion dangereuse des autorités et d’un clergé animé d’idées contre-révolutionnaires dans les missions qui parcourent les départements. Derrière le député libéral, se profile l’homme de gouvernement, réaliste et animé du bien public, qui n’hésite pas à donner ce conseil au ministre des Cultes :

  • 49 Discours du 26 mai 1826, p. 13.

« Attendez donc que leurs têtes soient plus froides, que leur expérience soit mûrie, attendez que leur instruction soit plus complète, et ne les envoyez pas prêcher au peuple ce qu’ils ne savent pas encore, d’après vos propres aveux »49.

100Ses analyses raisonnables lui valent l’approbation des partisans de la tolérance et du gallicanisme qui rejoignent, aux deux Chambres, le camp des libéraux. Aussi, lorsque le 12 février 1827, un nouveau débat s’engage sur la presse, ce n’est pas une poignée d’hommes qui se lève, mais un bloc uni contre le projet du Garde des Sceaux Peyronnet. Sans le secours d’élections nouvelles, par sa seule force combative et le soutien de la presse, l’opposition libérale s’est renforcée aux deux Chambres.

*
* *

101L’offensive contre « la loi vandale » sur la presse mobilise une bonne partie des séances de la session parlementaire de 1827.

102Au milieu des années 1820, la publication des journaux est une véritable course d’obstacles. Mais, en dépit des contraintes administratives et financières, les journaux d’opposition ont progressé en nombre et en abonnés. Avec 20 000 lecteurs, Le Constitutionnel dépasse largement le tirage global des feuilles ultracistes qui stagne autour de 14 500 exemplaires. Une jeune génération de journalistes a fondé Le Globe et Le Figaro, en 1824-1826, journaux officiellement littéraires pour déjouer la vigilance de l’Administration qui doit délivrer l’autorisation préalable. Et ce sont les banquiers parisiens qui, la plupart du temps, déposent le cautionnement exigé. Le Constitutionnel qui est le frère ennemi de, La Quotidienne, organe de la noblesse ultraciste, Le Globe, Le Figaro, Le Courrier Français, Le Journal du Commerce, touchent une clientèle variée et circulent dans les cabinets de lecture et les cafés où les attendent des lecteurs avides de nouvelles, mais trop pauvres pour s’abonner.

103Casimir Perier participe activement à l’édition, parfois à la rédaction des feuilles libérales. Le journal est un moyen d’action complémentaire de la tribune, plus influent qu’elle puisqu’il touche l’opinion. De février 1817 à Avril 1819, il soutient financièrement Le Censeur européen, publié par Auguste Comte et Charles Dunoyer. Dans les années 1820, il finance Le Journal du Commerce jusqu’à ce que ce quotidien censé promouvoir « les intérêts généraux de l’industrie et du commerce », se signale en 1825 par de violentes diatribes contre l’Eglise. Casimir Perier prend alors ses distances et précise à la Chambre qu’il est étranger au contenu. En revanche, il lui arrive d’écrire dans les colonnes du Courrier Français qui, en l’espace de dix ans, subit une vingtaine de procès et est condamné à 100 000 francs d’amende ! Ainsi, dans le nouveau débat sur la presse, Casimir Perier se sent-il doublement concerné.

  • 50 G. Bertier De Sauvigny : La Restauration. Paris, 1974, p. 389.

104A l’annonce de mesures qui étouffent les publication de moins de cinq pages, les plus influentes, Casimir Perier suggère de son banc, une formulation plus courte : « Autant proposer un texte de loi qui dise : l’Imprimerie Nationale est transférée en Belgique, au profit de l’étranger, dans les pays libres ! »50.

105Le débat est lancé, passionné et houleux : 46 orateurs de l’opposition affrontent 30 défenseurs du projet liberticide. Casimir Perier prononce une douzaine de discours qui expliquent les effets pernicieux du droit de timbre et de la hausse des tarifs de routage sur les journaux.

106Hors des Assemblées, l’action des Pairs et des Députés se conjugue à celle des imprimeurs et des libraires, victimes potentielles de la loi. L’Académie Française s’émeut et envoie une adresse au Roi, Lamennais fustige « ce monument d’hypocrisie et de tyrannie », Chateaubriand fonde la Société des Amis de la Presse et, dans l’un de ses majestueux discours, Royer-Collard prédit le retour à « l’heureuse innocence des brutes » ! Dans l’attente du « verdict » des Chambres, tout Paris est en effervescence. Les Pairs exigent un remaniement complet du projet. Le 17 avril 1827, le Garde des Sceaux Peyronnet le retire, bien qu’il ait été accepté au Palais-Bourbon. Le soir, Paris illumine en signe d’allégresse.

107Les libéraux viennent de remporter une belle victoire. Le 29 avril, sourd aux sages conseils de Chateaubriand, Charles X passe la Garde Nationale en revue. Des cris fusent : « Vive le Roi ! mais aussi « Vive la liberté de la presse » et, plus inquiétants : « A bas les Ministres ! ».

108Le Roi dissout sur-le-champ cette milice bourgeoise, familière aux Parisiens, intimement liée à leur histoire depuis 1789. Réaction brutale d’autorité à une manifestation spontanée de l’opinion, brimée dans ses droits d’expression et menacée dans sa vie matérielle par les effets de la crise économique.

  • 51 Discours du 25 mai 1827. Opinions et Discours.... op. cit., T. III, p. 227-229.

109Un mois plus tard, le 25mai 1827, Casimir Perier prononce l’un de ses plus brillants discours, incisif comme un pamphlet de Paul-Louis Courier. Interprétant avec panache les deux rôles d’un dialogue imaginaire entre le Comte de Villèle et un libéral, il condamne l’ensemble de la politique du ministère ultra51. Ce chef d’œuvre d’intelligence et de courage porte le coup de grâce à son adversaire qui doit retirer tous ses projets.

*
* *

110Casimir Perier sort vainqueur d’un duel qui a révélé son autorité, sa ténacité et son talent politique. En dix ans de carrière ininterrompue, il est devenu l’une des figures de proue de l’opposition. Le Général Foy est mort en 1825 et Manuel, deux ans plus tard. Thiers et Odilon Barrot ne sont pas encore entrés sur la scène politique. Sa personnalité s’est dessinée au fil des ans. Avocat infatigable des libertés, il n’en apparaît pas moins comme un ami de l’ordre, hostile à la complaisance, à la démagogie, à une popularité facile qui conduisent inévitablement au laxisme et au compromis.

111Ministre intelligent entouré de médiocres, le Comte de Villèle ne peut s’empêcher d’apprécier les qualités d’esprit de son rival qui, à grands coups de discours, a démoli des pans entiers de sa politique. Il ne peut s’empêcher de penser qu’un tel homme, étranger à une opposition systématique, serait plus utile à la Monarchie que ses amis ultras, englués dans leurs rivalités personnelles et leurs intérêts particuliers. A l’heure décisive, il prononcera devant le Roi, le nom de Perier. Pour le moment, au printemps 1827, le destin du ministère est gravement compromis.

112Quelques mois plus tard, en septembre, Charles X entreprend un voyage dans le nord du royaume. Il est partout accueilli avec des transports d’enthousiasme. Il en conclut un peu vite que « le cher Villèle » porte l’entière responsabilité de l’impopularité du Ministère et de la division des Ultras. Convaincu de la vertu curative d’élections anticipées, il dissout la Chambre le 6 novembre et convoque les collègues électoraux pour les 17 et 24 novembre.

113Les élections confirment le succès de libéraux et la déroute des Ultras divisés en trois groupes : les « villèlistes », les « ultras de la défection », amis de Chateaubriand, Pair de France, et les extrémistes autour du Comte de La Bourdonnaye. Dès le 6 décembre, Charles X décide de renvoyer son ministre.

114A Paris, les libéraux ont recueilli 80 % des suffrages. Tous leurs candidats sont élus. A l’annonce des résultats, les Parisiens illuminent pour célébrer leur joie mais, comme en avril, la liesse populaire dégénère en violence contre ceux qui refusent de s’y associer. Surpeuplée, insalubre et souffrante, la grande ville ne sait pas contenir ses colères. Autant d’avertissements qui doivent guider le Roi dans le choix d’un successeur au Comte de Villèle. La monarchie doit réussir son virage libéral. Mais Charles X « pétri des préjugés de son temps » peut-il considérer le peuple parisien autrement que comme un enfant capricieux, apaisé par quelques rassurantes paroles ?

  • 52 AN. F.1-CIII. Seine, Carton 10. Pièce 71 et Le Journal de l’Aube, 13 novembre 1827, p. 3.

115Casimir Perier remporte une double victoire électorale, à Paris où il est élu avec 1 127 voix sur les 1 204 du troisième collège et à Troyes, où il s’est également présenté, avec 197 voix sur 32452.

116Après ce triomphe, il observe une pause politique jusqu’aux Trois Glorieuses. A cinquante ans, il est au faîte de la fortune et de la célébrité. La crise économique l’invite à la prudence, à la consolidation de l’acquis, à la récolte des fruits de l’effort consenti. Par ailleurs, la nomination du Comte de Martignac à la Présidence du Conseil apaise le débat parlementaire et laisse espérer un succès décisif des idées libérales. Casimir Perier se montre loyal à l’égard de ce royaliste modéré et conciliant et s’abstient de toute critique même si Martignac le déçoit assez vite par son manque d’autorité.

117Il desserre donc le nœud de ses contraintes, abandonne le mandat parisien pour celui de l’ Aube et voyage à l’étranger. Une autre raison, l’altération de sa santé, l’oblige de se ménager. Il souffre de violentes douleurs à l’estomac provoquées par un ulcère. Les médecins lui intiment de se reposer. De Bâle, son frère Amédée insiste pour qu’il les écoute :

  • 53 ADI. (11 J.37). Lettre d’Amédée Perier, 23 juillet 1827, p. 4.

« Mon cher Casimir, ménage ta santé, ne te laisse pas trop absorber par les affaires qui ne te conviennent nullement dans ces moments-là, repose-toi, prends un peu de bon temps »53.

118Rentré de Plombières où il a pris les eaux, Casimir Perier s’éloigne temporairement de la scène politique. Il nous faut profiter de ce retrait passager de la vie publique pour décrire la vie mondaine de ce grand Notable Parisien.

Notes

1 Ch. de Rémusat, Mémoires de ma vie, op. cit., T. II, p. 459.

2 Réflexions sur le projet d’emprunt, Paris, 1817, p. 4-6.

3 ADI, (11 J.37120). Lettre de Madame De Staël à Casimir Perier.

4 Stendhal, l’ie de Henry Brulard, op. cit., p. 398.

5 Rémusat, op. cit., T. II, p. 458.

6 AN. F1-e III. Carton 8. Pièce 230.

7 AN. F1-e III. Carton 6. Elections de 1817. Relevé général.

8 Discours du 13 décembre 1817. Opinions et Discours de M. Casimir Perier. Paris, 1838, T. I, p. 14.

9 Discours du 2 mai 1826. Opinions et Discours, op. cit., T. II, p. 472.

10 Discours du 3 février 1820. Opinions et Discours, op. cit., T. I, p. 210.

11 P. Thureau-Dangin : Le parti libéral sous la Restauration. Paris, 1876, p. 136.

12 Guizot : Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps. Paris, 1858, p. 451.

13 Opinions et Discours de M. Casimir Perier. Préface de Rémusat, p. XXIV.

14 Séance du 1er août 1822. Opinions et Discours..., op. cit., T. II, p. 38.

15 Séance du 4 mars 1823. Opinions et Discours..., op. cit., T. II, p. 76.

16 D’après Opinions et Discours..., op. cit., Session de 1821, T.I.

17 Cl. Nicoullaud : Casimir Perier, Député de l’opposition. Paris, 1891, p. 174.

18 Baron de Fénilly : Souvenirs. Paris, 1908, p. 488.

19 Discours du 13 décembre 1817. Opinions et Discours..., op. cit., T. I, p. 14.

20 Discours du 11 mai 1819. Opinions et Discours..., op. cit., T. I, p. 89.

21 Discours du 27 mai 1826. Opinions et Discours..., op. cit., T. III, p. 15.

22 Discours du 12 février 1821. Opinions et Discours..., op. cit., T. 1, p. 387.

23 Discours du 8 juin 1820. Opinions et Discours..., op. cit., T. 1, p. 170.

24 Discours du 28 avril 1824. Opinions et Discours, op. cit., T. II, p. 116-117.

25 Discours du 19 février 1820. Opinions et Discours..., op. cit., T. I, p. 232.

26 Discours du 22 décembre 1817. Opinions et Discours..., T. I, p. 19.

27 Discours du 11 mai 1818. Opinions et Discours..., op. cit., T. I, p. 96.

28 Discours du 19 février 1820. Opinions et Discours.... op. cit., T. I, p. 236.

29 Discours du 12 février 1820. Opinions et Discours..., op. cit., T. I, p. 218-219.

30 Discours du 2 avril 1818. Opinions et Discours..., op. cit., t. I, p. 38.

31 Discours du 2 avril 1818. Opinions et Discours..., op. cit., T. I, p. 34.

32 Discours du 23 mai 1826. Opinions et Discours..., op. cit., T. II, p. 325.

33 AN. F1-c III. Carton 9, 1822.

34 Baron de Frénilly, op. cit., p. 488.

35 Opinions et Discours..., op. cit., T. II, p. 331 à 337.

36 Archives parlementaires XL. Discours du 28 avril 1824, p. 152-159.

37 Archives parlementaires. XL Discours du 28 avril 1824, p. 158.

38 ADI. (11 J.37). Notes de Casimir Perier prises au cours des séances de la Chambre.

39 Discours du 12 mars 1825. Opinions et Discours..., op. cit., T. II, p. 249.

40 ADI. (II J.37). Lettre d’Amédée Perier à son frère, 29 septembre 1824, p. 2.

41 ADI. (11 J.38126). Lettre de Chauvelin à Casimir Perier, 18 mai 1825. (41 bis) ADI. (11 J.39). Lettre d’Henri Fonfrède et Casimir Perier, mars 1826.

42 AN. F76719. Dossier 8. Rapport du Préfet du Rhône au Ministre de l’Intérieur, 9 juillet 1825. Pièce 85, p. 1.

43 AN. F76719. Dossier 8. Pièce 84. Rapport du Préfet de l’Isère au Ministre de l’intérieur, 11 juillet 1825, p. 1.

44 AN. F76719. Dossier 8. Pièce 79. Rapport du Préfet de l’Isère au Ministre de l’intérieur, 26 juillet 1825, p. 1.

45 ADI. (11 J.3 644). Réception de Casimir Perier à Grenoble.

46 Victor Adam : Réception de Casimir Perier par les habitants de Vizille. Musée de la Révolution Française. Vizille.

47 Discours sur les Affaires Ecclésiastiques, 26 mai 1826. Opinions et Discours..., op. cit., T. III, p. 11.

48 Discours du 26 mai 1826, p. 11.

49 Discours du 26 mai 1826, p. 13.

50 G. Bertier De Sauvigny : La Restauration. Paris, 1974, p. 389.

51 Discours du 25 mai 1827. Opinions et Discours.... op. cit., T. III, p. 227-229.

52 AN. F.1-CIII. Seine, Carton 10. Pièce 71 et Le Journal de l’Aube, 13 novembre 1827, p. 3.

53 ADI. (11 J.37). Lettre d’Amédée Perier, 23 juillet 1827, p. 4.

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