Voisins-La Vernière Étienne de 1813-1898
p. 489-490
Texte intégral
1Étienne de Voisins-Lavernière est né à Lavaur (Tarn) le 17 mai 1813. Par son père, il est issu d’une vieille famille catholique et royaliste, originaire de l’Albigeois, qui occupe depuis un siècle une place prépondérante dans la vie administrative et politique locale et qui a été anoblie par lettres patentes le 31 mai 1817. Son grand-père, avocat, né en 1744, fut président-trésorier au bureau des finances de Toulouse et s’est marié à la fille du marquis de Corn du Peyroux. Son père, Joseph (1786-1865), grand propriétaire, est maire de Lavaur, conseiller général du Tarn et député royaliste en 1830-1831. Étienne de Voisins-Lavernière complète, quant à lui, cette brillante ascendance par son mariage en mai 1851 avec la fille du baron de Puymaurin dont le père a été député au Corps législatif (1805-1814), chevalier de l’Empire, et dont un ancêtre a été Capitoul de Toulouse en 1721. Son unique fille, Adrienne, se mariera en juillet 1873 à un officier d’artillerie, héritier d’une vieille famille noble, Charles de Bodin de Galembert.
2Conformément aux traditions politiques de sa famille, Étienne de Voisins-Lavernière se présente en 1848 sur la liste conservatrice mais ne se prononce pas formellement contre la République. Élu député à la Constituante, il reste discret à la tribune mais vote fréquemment avec la droite. Non réélu aux législatives de 1849, il se tient désormais à l’écart de la vie politique. Ce silence se poursuit pendant tout le Second Empire dont il réprouve les procédés autoritaires. Ce libéral mène alors une existence de grand notable de province : propriétaire de deux châteaux tarnais (à Dûmes près de Lavaur où il mourra et à Rouzèges près de Saint-Sulpice), il possède une très importante fortune, composée aux trois-quarts de revenus fonciers. Il préside donc logiquement, depuis 1858, le comice agricole du canton de Lavaur où il défend des opinions protectionnistes afin de garantir le prix des céréales.
3Proche des paysans, Voisins-Lavernière est une personnalité bien intégrée à l’aristocratie régionale. Ainsi, l’importante Académie littéraire des Jeux Floraux de Toulouse l’appelle en son sein le 28 février 1858 ; il se spécialise alors dans l’étude de la poésie et de la critique contemporaines : estimant que l’"incontestable supériorité dans le domaine de la critique et de l’esthétique" se double d’ "une radicale impuissance d’invention et de production originale", il condamne pêlemêle Baudelaire, Flaubert ou les Parnassiens.
4C’est presque incidemment qu’Étienne de Voisins-Lavernière revient à la politique : élu conseiller général du canton de Lavaur en octobre 1871 puis président de l’Assemblée départementale du Tarn en 1877, il se contente de défendre l’agriculture de sa région et de se faire le porte-parole en milieu rural d’une République conservatrice à laquelle il s’est rallié, pragmatique, dès le 4 septembre. Il essaie notamment de convaincre les paysans des bienfaits d’un régime fondé sur le suffrage universel : " Ce gouvernement, vous pouvez le faire à votre gré et à votre image, aussi conservateur, aussi moral, aussi religieux, aussi paternel qu’il vous plaira” proclame-t-il en 1875.
5Ces convictions sagement républicaines lui valent d’être élu sénateur en 1876, puis inamovible en novembre 1881 grâce à la conjonction des voix de droite et des amis de Grévy. Siégeant au Centre gauche dont il représente l’aile conservatrice, il démontre à la fois son ralliement à la République en refusant la dissolution de la Chambre lors de la crise du 16 mai 1877, et ses inquiétudes face aux excès des Républicains de gauche : il vote notamment contre le divorce et les lois d’expulsion et dénonce la législation scolaire des opportunistes. Il prononce d’ailleurs son seul discours à la tribune le 24 février 1880 pour défendre la liberté de l’enseignement supérieur : refusant de reconnaître à l’État autre chose que des "attributions conservatrices et protectrices" et réaffirmant sa haine du jacobinisme, ce libéral s’étonne de voir la République adopter les "procédés du premier Empire et de la Restauration". Catholique mais non clérical, il reste un soutien fidèle du régime jusqu’à sa mort à Lavaur, le 20 janvier 1898.
Écrits de l’intéressé :
6Académie des jeux floraux. Semonce lue en séance publique, Toulouse, imp. Douladoure, 1862, 20 p. ; Discours aux Comices Agricoles de Lavaur du 11 nov.1865 et de 1875, Lavaur, imp. M. Vidal, 16 p.-8 p.
Bibliographie
Bibliographie :
Le Télégramme, 24 janv.1898 (nécrologie par Bernard Lavergne).
Auteur
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Mathias Bernard
Allocataire moniteur normalien, doctorant
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