1Né le 30 octobre 1815 à Paris, il est issu d’une famille anciennement établie en Martinique, mais venue provisoirement s’installer en France en 1810. Son père, Alexis Jean François Pothuau, possédait de vastes propriétés et avait assumé les charges de conseiller au conseil souverain de la Martinique, comme avant lui, son grand-père, lorsqu’il décida de venir à Paris en 1810 puis d’aller s’occuper d’affaires dans le royaume de Westphalie, alors sous domination française. Il avait épousé Claire Le Camus, fille aînée d’un très riche planteur martiniquais, qui avait été également notaire royal et avait eu deux autres filles dont l’une, mariée au comte de Morio, épousa en secondes noces l’amiral Duperré. Louis Pothuau eut par ailleurs un frère et deux sœurs dont l’une épouse Aristide Guilhelm, receveur général des finances. Les premières années de sa vie se passent en France, mais dès 1819, il repart avec ses parents en Martinique, avant de revenir seul à Paris en 1822, chez sa tante la comtesse Morio qui se charge de son éducation et le place dans une institution alors en vogue, à Fontenay-aux-Roses. Le jeune Pothuau, domicilié chez l’amiral Duperré, entre en 1831 à l’École navale. Aspirant à sa sortie en 1832, il commence les campagnes en mer et fait son premier tour du monde à bord de la "Bonite" de novembre 1835 à novembre 1837 ; c’est pendant cette campagne qu’il est promu enseigne de vaisseau le 10 avril 1837. Lorsque son oncle par alliance, l’amiral Duperré, devient ministre de la Marine, il choisit Pothuau comme officier d’ordonnance, ce qui lui offre l’occasion de s’initier à la vie mondaine. Il est alors promu lieutenant de vaisseau le 26 octobre 1840, puis reprend la mer en 1841 et participe à une expédition au Levant. Il est nommé chevalier de la Légion d’honneur en avril 1844, peu avant son départ pour le Mexique en juillet de la même année. Revenu en France en 1846, il est en poste à Cherbourg, à la division des Équipages de ligne, lorsqu’éclate la révolution de Février. Lors des journées de juin, il se joint à un bataillon d’infanterie de marine venu à Paris soutenir le gouvernement du général Cavaignac. Il est peu après appelé à prendre le commandement du "Sané" fin juin, puis du "Mutin" en janvier 1849. De nouveau en poste à Paris, à partir de septembre 1850, il est promu capitaine de frégate en décembre. Employé sur le vaisseau amiral de l’escadre de Méditerranée, le "Ville de Paris", il est bientôt fait officier de la Légion d’honneur. Il participe à la guerre de Crimée, à bord du "Caton", et met notamment à profit ses talents de canonnier, devant Odessa, mais aussi lors du siège de Sébastopol auquel il participe à terre. Il est du reste promu capitaine de vaisseau peu après, le 5 octobre 1855. A son retour en France, il demeure quelques mois au ministère de la Marine, avant de reprendre du service dans l’escadre de Méditerranée. Commandeur de la Légion d’honneur en août 1858, il participe l’année suivante à l’acheminement de troupes vers l’Italie, à bord du "Bretagne". Rappelé à Paris en 1860, il est nommé membre du conseil de l’Amirauté. En 1862, Pothuau prend le commandement de la division navale chargée de contrôler les opérations de pêche en Méditerranée. Mais, dans l’intervalle, il est envoyé à Civita-Vecchia contre Garibaldi. Promu contre-amiral en décembre 1864, il est nommé major général du port de Cherbourg en janvier 1865, puis, après un nouveau passage au ministère de la Marine de mars 1866 à avril 1867, il prend le commandement d’une des divisions de l’escadre de Méditerranée. Enfin en 1869 il retourne au Conseil de l’Amirauté.

2Il avait reçu le commandement des batteries flottantes de Cherbourg, destinées à porter la guerre en mer du Nord, lorsque les premières défaites françaises rendirent caducs les projets de guerre maritime. L’amiral Pothuau décide alors de conduire vers Paris ses canons pour les faire participer à la défense de la capitale. Il les place en effet dans les forts de Bicêtre, Montrouge et Ivry dont il est nommé commandant supérieur. Il appuie ainsi plusieurs sorties au sud de Paris, ce qui lui vaut d’être fait grand officier de la Légion d’honneur le 8 décembre 1870, puis promu vice-amiral le 24 janvier 1871. Après la guerre de 70, il délaisse en fait la marine pour la politique. Maintenu dans la première section du cadre de l’État-major général le 30 octobre 1880, il reçoit la grand-croix de la Légion d’honneur, avant d’être décoré de la médaille militaire le 10 janvier 1882.

3Sa participation à la défense de Paris lui a acquis une grande popularité qui explique son succès aux élections du 8 février 1871 à l’issue desquelles il est élu député de la Seine. Il est peu après choisi par Thiers comme ministre de la Marine et prend de ce fait une part active à la lutte contre la Commune. Il s’engage également dans un plan de réformes de la marine. Il quitte le gouvernement après la chute de Thiers, mais s’attache à l’Assemblée, notamment au sein de la commission du budget, à préserver les intérêts de son ancien ministère. Républicain modéré, il fait partie de l’état-major du groupe du Centre gauche. Favorable aux lois constitutionnelles, il est élu sénateur inamovible le 10 décembre 1875 et siège également dans le groupe du Centre gauche au Sénat. Au moment du 16 mai, il milite activement contre la dissolution de la Chambre des députés et lors des obsèques de Thiers, prend ostensiblement place près de son cercueil. Il retrouve de ce fait tout naturellement le ministère de la Marine, dans le cabinet Dufaure, en décembre 1877. Mais il refuse de figurer dans le gouvernement de Waddington. Il est alors nommé ambassadeur à Londres le 18 février 1879, puis rentre en France en avril 1880 et reprend sa place au Sénat.

4Pothuau avait épousé le 9 octobre 1861 à Paris, à la mairie du Ier arrondissement, Louise Emilie Sophie Malassis, née à Paris le 28 février 1840, fille de Charles Philippe Augustin Malassis, propriétaire, et de Delphine Julie Ferat. Ils eurent deux enfants, Maurice Georges Aristide, né à Paris le 22 juin 1862, et Delphine Adèle née le 24 décembre 1863, également à Paris, 13 rue Neuve-des-Capucines, c’est-à-dire chez son grand-père maternel où le couple Pothuau avait élu domicile. Plus tard la famille s’installe au 30, place de la Madeleine. C’est là que meurt la femme de l’amiral Pothuau le 25 avril 1879, puis l’amiral lui-même le 7 octobre 1882.