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Martel Louis 1813-1892

p. 421-422


Texte intégral

1Louis Martel est né à Saint-Omer le 13 septembre 1813. Son père, Jacques Martel, né dans cette même ville en 1778, y exerçait la profession de marchand. Sa mère, Francine Hermant, était alliée à la famille Lefebvre du Prëy par le mariage de Céleste Hermant avec Narcisse Lefebvre du Prëy, député guizotiste rallié ensuite à l’Empire. La famille devait posséder des biens fonciers importants, car en 1872 Louis Martel acquittait 9092 francs d’impôt foncier. Après des études à la Faculté de droit de Paris, Louis Martel s’inscrit au barreau de Saint-Omer puis entre peu après dans la magistrature en qualité de juge au tribunal de Saint-Omer. Il se marie avec Élise Charlet dont il eut une fille qui épousa un La Guéronnière, puis un colonel de souche noble. On fait appel à lui en 1849 pour figurer sur la liste du parti de l’Ordre et il est élu à l’Assemblée législative, le dixième sur dix, en raison d’une notoriété encore limitée. Il siège sur les bancs de la droite orléaniste, vote la loi Falloux, s’oppose à Louis-Napoléon et au coup d’État du 2 décembre. Il abandonne alors la politique et reprend à Saint-Omer son cabinet d’avocat jusqu’au tournant libéral des années soixante. En 1861, il est élu conseiller général du canton d’Audruicq (Pas-de-Calais) et en 1863 l’opposition fait appel à lui contre le député officiel sortant, Sergeant de Monnecove. Mettant à profit le mécontentement des électeurs après la partition de l’arrondissement de Saint-Omer et le soutien du clergé et des catholiques irrités par la politique italienne de Napoléon III, Louis Martel est élu avec 53 % des suffrages. Secrétaire du corps législatif de 1863 à 1870, proche de Thiers, il devient rapidement l’un des leaders du Tiers-Parti, favorable au pouvoir temporel du Pape et à la libéralisation des institutions. En 1868 il prend une part active à la discussion du projet de loi sur la presse, s’opposant à la suppression de plein droit des journaux condamnés pour crime et demandant la substitution du régime judiciaire au régime administratif. La position de Louis Martel est si forte à Saint-Omer que l’administration renonce à le combattre en 1869 et il est le seul élu de l’opposition dans le Pas-de-Calais. Satisfait des concessions impériales, il se rapproche du ministère en 1870. Mais, comme Thiers, il vote contre la guerre en juillet, cessant dès lors de vouloir concilier orléanisme et bonapartisme. Il retrouve naturellement sa place sur la liste conservatrice aux élections du 8 février 1871 et il est cette fois le premier élu du Pas-de-Calais. Aux élections départementales d’octobre 1871, il bat le bonapartiste Dussaussoy dans le canton de Calais.

2Louis Martel fut un des membres les plus actifs de la députation du Pas-de-Calais, bien que sa fonction de vice-président, exercée dès 1871 ait limité le nombre de ses interventions principalement consacrées aux questions juridiques. Siégeant au Centre droit, il présida la commission des grâces après la Commune, vota l’abrogation des lois d’exil, le pouvoir constituant de l’Assemblée, son maintien à Versailles et pour la prise en considération de la pétition des évêques sur le pouvoir temporel. Ce fut la seule fois où il se sépara de Thiers. Martel était resté en excellentes relations avec l’évêque d’Arras, Mgr Lequette. Il vote d’autre part toutes les grandes lois de réorganisation demandées par le Président de la République qui le nomme vice-président du conseil supérieur du Commerce et de l’Industrie. Il suit le chef de l’État dans son ralliement à une République conservatrice, prend une part importante aux débats qui suivent le message du 12 novembre 1872. Martel est élu alors membre de la première commission des Trente. Il reste fidèle à Thiers jusqu’au 24 mai 1873, vote contre le septennat, le ministère Broglie et les principales décisions du gouvernement de l’Ordre moral. Siégeant au Centre Gauche et au groupe Lavergne, il est le seul élu du Pas-de-Calais à voter l’amendement Wallon et les lois constitutionnelles de 1875. Il s’abstient lors du vote de la loi sur la liberté de l’enseignement supérieur, étant hostile à l’abandon par l’État du monopole de la collation des grades. Le 9 décembre, Martel est élu sénateur inamovible dès le premier jour de la procédure, au premier tour de scrutin avec d’Audiffret-Pasquier, le second des 75. Élu vice-président au Sénat, il soutient le ministère Dufaure et devient ministre de la Justice et des Cultes dans le ministère Jules Simon du 12 décembre 1876 au 16 mai 1877. On compte sur lui pour apaiser les tensions avec le clergé. La nouvelle majorité républicaine le porte à la présidence du Sénat le 15 janvier 1879 par 155 voix contre 81 à d’Audiffret-Pasquier. Il démissionne le 20 mai 1880 en raison de son état de santé mais aussi à cause des remous provoqués par le refus du Sénat de voter l’article 7 du projet Ferry visant à interdire l’enseignement aux congrégations non autorisées. Louis Martel s’était abrité derrière sa fonction de président pour ne pas prendre part au vote. Il s’abstient de même lors du vote sur le projet Ferry d’enseignement laïc et obligatoire le 12 juillet 1881, mais vote la loi Naquet sur le divorce le 24 juin 1884. Il se prononce le 29 mars 1889 pour la constitution de la Haute Cour.

3Malade depuis plusieurs années, Louis Martel s’était retiré dans son château de Navarres près d’Evreux et avait en fait cessé de participer activement à la vie politique. C’est là qu’il décède le 4 mars 1892.

Bibliographie

Bibliographie :

Yves-Marie Hilaire, Une chrétienté au XIXe siècle. La vie religieuse des populations du diocèse d’Arras (1840-1914), Lille, PUL, 1977, 2 vol. ; Jean-Marc Guislin, Le travail parlementaire à l’Assemblée nationale de 1871 à travers les représentants du Pas-de-Calais, Université de Nanterre-Paris X, Nouvelle Thèse de doctorat, 1991, 4 vol., dir. P. Levillain.

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