1François Jean Léon de Maleville naquit à Montauban le 8 mai 1803, au sein d’une famille noble et protestante (Charles de Rémusat). Il était le fils de Pierre de Maleville de Condat et de Marie Adrienne Sophie de Preissac, dont la mère appartenait à la vieille famille protestante montalbanaise des Garrisson. Son oncle maternel François Jean de Preissac (1778-1852) fut préfet du Gers en 1828, abandonna ses fonctions à l’arrivée de Polignac, devint préfet de la Gironde en 1830, pair de France en 1832, son fils Paul de Preissac (1819-1883), préfet en 1849, fut sénateur du Tarn-et-Garonne. Après des études de droit à Paris, Maleville fut reçu avocat et attaché au cabinet de l’avocat légitimiste Hennequin. En 1828, il devient secrétaire particulier de son oncle, devenu préfet du Gers. La même année, il publie, sans nom d’auteur, une comédie de moeurs politiques, Les tribulations de M. le préfet, scènes électorales. Lorsque son oncle, après la révolution de Juillet, devient préfet de Bordeaux, Léon de Maleville est nommé secrétaire général de la préfecture. Mais il démissionne en 1833 pour se faire élire l’année suivante député de la circonscription de Caussade dans le Tarn-et-Garonne. Il est le plus jeune des membres de la Chambre. Très vite, il se situe dans le sillage de Thiers, dont il soutient le gouvernement de février 1836. Il est ensuite dans l’opposition au gouvernement Molé. Dans le second ministère Thiers (1er mars-20 octobre 1840), il est sous-secrétaire d’État à l’Intérieur. Il s’oppose ensuite à la politique de Guizot, tout comme à la corruption électorale, au versement d’une indemnité au missionnaire britannique Pritchard expulsé de Tahiti. Il est élu vice-président de la Chambre en 1846. Il prend part à la campagne des banquets en faveur d’une réforme électorale.

2Il est élu à l’Assemblée constituante de 1848, premier des représentants du Tarn-et-Garonne. Il vote le bannissement de la famille d’Orléans, mais républicain fort tiède, il est favorable à la politique du Comité de la rue de Poitiers. Il est ministre de l’Intérieur le 20 décembre 1848 dans le premier ministère du Prince-Président Louis-Napoléon. Très vite un conflit éclate entre les deux hommes. Le 27 décembre le Président de la République dit son "mécontentement" de ne pas se voir communiquer les rapports adressés au préfet de police sur la diplomatie, demande les cartons relatifs aux affaires de Strasbourg et de Boulogne, c’est-à-dire aux tentatives de prise de pouvoir de Louis-Napoléon sous la Monarchie de Juillet. La lettre se terminait par l’affirmation du président de mener une politique personnelle : "je m’aperçois que les ministres que j’ai nommés veulent me traiter comme si la fameuse constitution de Sieyès était en vigueur, mais je ne le souffrirai pas". Les ministres donnèrent une démission collective, Louis-Napoléon refusa leur démission et les apaisa, mais Maleville maintint sa démission, suivi par le républicain Bixio. Maleville fut remplacé par Léon Faucher. L’affaire est importante, non seulement pour l’histoire générale : c’est le début du conflit entre le parti de l’Ordre et l’Élysée, mais parce qu’elle donne à Maleville une image d’homme de caractère, attaché au libéralisme parlementaire. Non réélu dans son département aux élections à l’Assemblée législative, il est élu dans la Seine à l’élection partielle du 13 juillet 1849. Il s’oppose à la politique de l’Élysée, proteste contre le coup d’État et rentre dans la vie privée jusqu’à la chute de l’Empire.

3Élu à l’Assemblée nationale par les Landes et le Tarn-et-Garonne, il choisit ce dernier département. Membre du Centre gauche, il signe la proposition donnant à Thiers le pouvoir exécutif le 16 février 1871, puis en août la proposition Rivet, organisant les pouvoirs de Thiers. Il est vice-président de l’Assemblée nationale de février 1871 à août 1871. Il appartient, avec Rivet, Marcère, Ricard, Bardoux, à l’aile gauche du Centre gauche, qui fonde le Bulletin conservateur républicain en août 1872. Il est surtout le fondateur au début de 1872 du "dîner des douze " qui réunit autour de lui onze élus des trois groupes de gauche à un dîner hebdomadaire secret. Les représentants du Centre gauche sont avec lui Cochery, Marcère, Bardoux. Les "douze apôtres", selon la formule de Léon de Maleville, exercèrent dans ces années une influence "très souvent décisive", au dire de Scheurer-Kestner. Succédant à Léon Say, il est président du Centre gauche du 9 décembre 1873 au 29 mai 1874. Dès son élection à cette fonction, il appelle à une politique de "résistance" face aux droites et aux tentatives de restauration. Le 23 juillet 1874, il dépose la proposition de loi signée par 301 députés invitant à la dissolution de l’Assemblée nationale et à de nouvelles élections.

4Figure remarquable de l’orléanisme parlementaire, venu au Centre gauche et à la République, il est le treizième élu des inamovibles le 10 décembre 1875, succès qui illustre son influence discrète au sein de la gauche. Son rôle au Sénat fut modeste. Il s’opposa à la dissolution de la Chambre des députés en 1877. Il mourut le 28 mars 1879, à Montauban. Son faire-part de décès atteste de sa fidélité au protestantisme. Il avait épousé le 21 avril 1847 au temple de l’Oratoire Jeanne Marie Sicard-Duval, originaire de l’île Maurice. Il en eut une fille, mariée à Henri Courtois, dont les enfants obtinrent en 1905 le droit de s’appeler Courtois de Maleville.