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Les immortels du Sénat, 1875-1918

 | 
Alain Corbin
, 
Jean-Marie Mayeur

Les cent seize inamovibles de la Troisième République

La Fayette Oscar Thomas Gilbert du Motier de 1815-1881

Dominique Parcollet Delille

Texte intégral

1Né le 20 août 1815 à Paris, Oscar de La Fayette est petit-fils, à la fois du général de La Fayette et du philosophe Destutt de Tracy. Son père, Georges Washington, démissionne de l’armée impériale en 1807, où il servait depuis la campagne d’Italie (l’antipathie de Napoléon pour le "Héros des Deux Mondes" poursuivait le fils), pour se consacrer à une carrière politique. Dans le sillage de son père, il est élu membre de la Chambre des représentants en 1815, puis député de Seine-et-Marne de 1827 à 1848.

2Ses trois sœurs, Natalie, Mathilde, et Clémentine, s’allient aux familles : Perier, Bureaux de Pusy, et de Beaumont. Une quatrième sœur, Émilie, meurt en bas-âge. Son frère, Edmond, exerce la profession d’avocat. En 1848, il est élu représentant de la Haute-Loire à l’Assemblée constituante. Retourné à la vie privée sous l’Empire, il échoue aux élections législatives de 1871 dans ce même département et se fait élire finalement sénateur de Haute-Loire, le 30 janvier 1876, il est réélu en 1879 et 1888 et siège avec la Gauche républicaine.

3Oscar de Lafayette épouse le 3 août 1848 à Paris, Nathalie Bureaux de Pusy, fille d’un colonel de cavalerie. Celle-ci décède en mettant au monde un fils, Georges qui ne vit pas. Il est également le beau-frère de Gustave de Beaumont, et de Maurice Poivre Bureaux de Pusy, puis cousin germain de Charles de Rémusat, de Francisque de Corcelle, et de Jules de Lasteyrie, tous les cinq également parlementaires.

4Elève à l’École polytechnique puis à l’École d’application de Metz, il est nommé officier d’artillerie en 1835. Capitaine après plusieurs campagnes en Algérie, il est décoré de la Légion d’honneur en 1841. Après le coup d’État du 2 décembre, il donne sa démission d’officier d’artillerie. Il est admis à la retraite comme officier, le 13 novembre 1871, avec le grade de chef d’escadron d’artillerie de l’état-major.

5Élu député de Seine-et-Marne le 1er août 1846, il prend place à gauche. Charles de Rémusat décrit ainsi les nouveaux venus à la Chambre : "Parmi les nouveaux députés, un certain nombre, avec des nuances diverses, signalaient l’avènement des gens du monde à la politique ; par exemple, dans l’opposition, Oscar de La Fayette conduit par une fidélité religieuse aux traditions de famille dans une âme humble, triste et désabusée. " Il se montre partisan de la réforme électorale et prononce un discours dans ce sens lors du banquet d’Anzin en 1847. "Imbu des idées de sa famille qui lui ont été transmises par le sang, (écrit M.C. Lesaulnier en 1848), M. (Oscar) Lafayette a toujours été républicain". Il adhère aux idées de la révolution de Février et devient commissaire général de la République dans le département de Seine-et-Marne. Le 23 avril 1848, il est élu représentant à l’Assemblée constituante pour ce même département (le second sur neuf, son père ayant été élu le premier), où il soutient le gouvernement de Cavaignac, et, réélu à l’Assemblée législative le 13 mai 1849, il marque une faible opposition à la politique de Louis-Napoléon Bonaparte. Après le 2 décembre, cependant, il se retire de la vie politique jusqu’en 1870.

6Le 8 février 1871, il est élu représentant de Seine-et-Marne à l’Assemblée nationale et s’inscrit au groupe de la Gauche républicaine, qu’il préside en 1872. Il appuie la politique "républicaine conservatrice" de Thiers. Il fait adopter, à titre d’amendement à la loi sur l’électorat municipal, une disposition fixant à vingt-et-un ans l’âge requis pour être électeur, au lieu de vingt-cinq, comme le proposait la commission.

7Lors de l’élection des 75 sénateurs inamovibles par l’Assemblée nationale, il est élu, le 13 décembre 1875, le 38ème par 349 voix sur 689 votants. Il continue de siéger, au Sénat, dans le groupe de la gauche modérée et soutient le ministère Dufaure ; il vote notamment pour les lois Ferry sur l’enseignement.

8Il meurt à Paris le 26 mars 1881, en son domicile, 90 rue du Bac. Ses obsèques se déroulent en l’église Sainte-Clotilde.

Bibliographie

Sources et bibliographie :

S.H.A.T., dossier d’officier d’artillerie ;

Le Figaro, 28 mars 1881, article nécrologique ; Dictionnaire biographique de Seine-et-Marne, Paris, H. Jouve, 1893 ; Charles de Remusat, Mémoires de ma vie, Paris, Plon, 1960, 5 vol. ; Arnaud Chaffanjon, La Fayette et sa descendance, Nancy, Berger-Levrault, 1976, 320 p. ; Philippe Soussan, Le personnel parlementaire de Seine-et-Marne (1870-1914), Paris IV, Maîtrise, 1988, dir. J-M. Mayeur.

Auteur

Docteur en histoire

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