1 Sébastien Jean-Baptiste Krantz est né à Dinozé, commune d’Arches (Vosges), le 17 janvier 1817. Élève de l’École polytechnique en 1836, il entre à l’École des ponts et chaussées en 1838. Nommé aspirant-ingénieur en 1841, il est affecté dans le département de la Dordogne, chargé d’un arrondissement routier et d’un service de navigation. L’année suivante, il est mis à la disposition du ministère de la Guerre et attaché aux travaux du port d’Alger. Nommé ingénieur ordinaire en 1843, il est affecté de 1844 à 1852 au service de la navigation de la Marne en résidence à Meaux. Tout en lui rendant hommage pour "les services signalés qu’il a rendus à la chose publique en 1848 par la manière dont il a dirigé les nombreux ouvriers déclassés envoyés sur les travaux", ainsi que pour son mérite et son dévouement, ses supérieurs critiquent les solutions originales qu’il adopte lors de l’étude des projets ainsi que sa confiance et sa générosité vis à vis de son personnel. En fait, c’est un réalisateur qui apprécie peu le travail de bureau. Aussi demande-t-il, en 1853, un congé illimité pour entrer à la Compagnie du chemin de fer du Grand Central puis, en 1856, à la Compagnie du chemin de fer d’Orléans. De 1853 à 1863, il construira avec succès, 650 kilomètres de lignes, dans des terrains accidentés, avec des ouvrages très importants, de Périgueux à Limoges, Agen, Montauban et Rodez. Devenu chevalier de la Légion d’honneur, il est réintégré sur sa demande dans le Tarn-et-Garonne, puis promu en 1864 ingénieur en chef et chargé du service ordinaire de l’Ardèche.

2En juin 1865, il est détaché auprès de la commission impériale de l’Exposition universelle de 1867 pour diriger l’exécution du palais de cette exposition. Il devient officier de la Légion d’honneur, et le 1er mai 1867, on lui confie la direction de la 3ème section du service de la navigation de la Seine. Il y restera jusqu’en août 1875, avec une interruption durant la guerre de 1870.

3Ayant publié en 1847 deux importantes études sur L’application de l’armée aux travaux d’utilité publique et sur La création d’une armée des travaux publics, il est mis en août 1870, à la disposition du ministère de la Guerre pour organiser les travaux de défense de Paris. Colonel des ouvriers auxiliaires d’artillerie, il est chargé de l’armement de l’enceinte et des forts ainsi que de la direction des moulins. A ce titre, il installe des moulins à vapeur pour réduire en farine les céréales disponibles dans la capitale. Lorsque l’armée de Paris, le 30 novembre 1870, tente vainement de percer les défenses des assiégeants en vue d’effectuer sa liaison avec l’armée de la Loire, il établit des ponts mobiles pour permettre aux troupes du général Ducrot de franchir la Marne. Il est promu, le 16 décembre 1870, commandeur dans l’ordre de la Légion d’honneur pour son concours dans ce domaine.

4En 1871, il se présente devant les électeurs du département de la Seine. Battu aux élections de février, il se représente aux élections complémentaires du 2 juillet suivant, avec une profession de foi dont la conclusion est que ne pouvant "opter raisonnablement qu’entre une monarchie très libérale ou une République fortement ordonnée" il se prononce pour cette dernière. Il est élu, siège à l’Assemblée nationale sur les bancs du Centre gauche et s’occupe spécialement des questions relatives aux travaux publics et voies navigables. Il présente divers rapports sur le projet de canalisation de la Moselle, la situation des voies navigables dans le département de la Seine, ainsi que dans les bassins de la Garonne, du Rhône, de la Loire, de la Charente, de la Sèvre mortaise et du littoral de la Méditerranée.

5Il soutient la politique de Thiers et combat le ministère Broglie ; en 1874, il vote pour la proposition Perier et, l’année suivante, pour l’ensemble des lois constitutionnelles.

6Il demande, en août 1875, sa mise en congé illimité comme ingénieur en chef des ponts et chaussées ; sa mise à la retraite comme inspecteur général honoraire est prononcée le 12 février 1877.

7Sa participation au succès de l’Exposition de 1867 le désigne au choix du gouvernement pour les fonctions de commissaire général de l’Exposition universelle de 1878. A cette occasion, il est promu grand officier de la Légion d’honneur.

8Élu sénateur inamovible le 10 décembre 1875, il siège au Centre gauche et, comme à l’Assemblée nationale, il consacre son activité aux questions intéressant les travaux publics et, en particulier, les chemins de fer. Membre de la commission des chemins de fer, il rapporte, en 1891, le projet de loi relatif à la section Cluses-le Fayet sur la ligne La Roche-Chamonix et le projet de loi tendant à l’incorporation du chemin de fer Alençon-Condé dans le réseau de l’Ouest. En 1897, il est rapporteur du projet de loi sur le chemin de fer d’intérêt local des Ardennes. Il continue à s’intéresser à l’amélioration des voies de communications jusqu’à son décès survenu, le 16 mars 1899, à son domicile, 47 rue La Bruyère à Paris.

Écrit de l’intéressé :

9Entretiens, Paris, imp. Chaix, 1892-1898, 6 vol.