1Paul Foubert est né le 21 mai 1812 à Entrammes (Mayenne) où son père, Joseph, était propriétaire et homme d’affaires. Sa mère, Perrine Gontier, était originaire de la Manche et c’est d’elle qu’il reçut en héritage le château de la Forêt, à Saint-Sauveur-le-Vicomte, où il devait passer une bonne partie de son existence. Sa famille l’envoya de bonne heure à Paris, auprès de son frère aîné qui y exerçait la profession d’avoué. Paul Foubert accomplit ses études au collège Stanislas, à Paris, où il se lia d’amitié avec Jules Barbey d’Aurevilly. Il fit ensuite son droit et embrassa la profession d’avocat au barreau de Paris, qu’il interrompit momentanément pour diriger quelques temps l’étude de son frère après le décès de celui-ci.

2Politiquement, Paul Foubert témoigne très tôt d’une certaine indépendance d’esprit et de sentiments libéraux. S’il est favorable au régime de Louis-Philippe, il ne s’en situe pas moins dans la mouvance de l’opposition constitutionnelle. Lors de la révolution de 1848, il se présente sans succès aux élections dans son département d’origine, la Mayenne. Cet échec le décide à abandonner sa carrière d’avocat parisien pour venir s’installer sur son domaine à Saint-Sauveur-le-Vicomte où il se consacre dès lors à la mise en valeur de son importante exploitation agricole (190 ha). Il n’a pourtant pas définitivement renoncé à l’action politique. Maire de Saint-Sauveur-le-Vicomte depuis 1853, il est élu conseiller général du canton voisin de Barneville en 1864 et le restera jusqu’à sa mort. Le préfet de la Manche ne le range pas parmi les hommes dévoués à l’empereur Napoléon III. Il est vrai que Paul Foubert est un proche de Léonor Havin, directeur du journal Le Siècle, leader – plus ou moins ferme – de l’opposition dans le département. Foubert lui apporta d’ailleurs son soutien lors des élections législatives de 1863 qui virent sa victoire contre le candidat officiel. A la mort d’Havin, en 1868, Foubert brigua sa succession. Bien qu’ayant affiché dans sa profession de foi son ralliement à la politique libérale de l’Empereur, il fut battu, n’obtenant que 17 % des suffrages.

3Il devait être plus heureux après la chute du Second Empire, aux élections de février 1871. Porté sur la liste conservatrice formée par le conseil général de la Manche, son nom figurait aussi sur une liste "libérale" où il voisinait avec ceux de quelques républicains. Il fut élu le 11ème et dernier avec 59 725 voix sur 88 856 votants. Il siégea d’abord au Centre droit, puis suivit Thiers dans son évolution en faveur de la République conservatrice. Il prit d’ailleurs vigoureusement la défense de ce dernier au cours de la séance du 24 mai 1873 qui devait voir sa chute. Dès lors, il joignit ses votes à ceux du Centre gauche et témoigna à plusieurs reprises son opposition caractérisée à la politique de l’Ordre moral. En 1874, il démissionna de son poste de maire de Saint-Sauveur-le-Vicomte, son collègue à la Chambre, le comte Hippolyte de Tocqueville, venant d’être révoqué de cette fonction à Nacqueville. La même année, il ne craint pas d’apporter son appui à son compatriote et ami – pourtant légitimiste – Barbey d’Aurevilly, poursuivi sur ordre du gouvernement Broglie pour "immoralité" après la parution de son livre Les Diaboliques, saisi par le Parquet. Son intervention dans cette affaire, jointe à celles d’autres parlementaires normands et de Gambetta, aboutit à l’abandon des poursuites contre l’écrivain en 1875.

4 En décembre 1875, Paul Foubert est élu sénateur inamovible, le 11ème sur 75. A la Chambre Haute, il combattit le ministère né de la crise du 16 mai puis, après la chute de Mac-Mahon, appuya de ses votes toutes les grandes lois républicaines, notamment celles proposées par le gouvernement de Jules Ferry. Il mourut le 19 janvier 1886 à son domicile parisien, rue de Varenne, et fut inhumé dans le cimetière de Tirepied, près de Saint-Sauveur-le-Vicomte, dont il était redevenu maire après les élections de 1878. Il laissa une fortune estimée à 400 000 francs.

5En 1844 il épousa Emilie Fourchon dont il eut trois enfants. Son fils aîné, Paul-Alfred entama une prometteuse carrière au ministère de l’Intérieur comme attaché puis chef de cabinet-adjoint sous Ricard, Marcère et Waldeck-Rousseau. Parallèlement il avait été élu conseiller général du canton de Saint-Sauveur-le-Vicomte en 1883. Compromis en 1887 dans un scandale, il se réfugia en Bretagne où il épousa la fille d’un modeste pêcheur et mourut dans l’oubli général en 1892. Son fils cadet, Pierre-Emile, le seconda à la tête de son exploitation agricole. Sa fille épousa un notable du Cotentin.