1Né le 5 mai 1816 à Valence (Drôme), dans une famille de la petite bourgeoisie, il est le fils de Jean-Jacques Faire et de Reine Françoise Albert. Son père, garde général des eaux et forêts à sa naissance, prend sa retraite comme inspecteur des eaux et forêts à Reims. Jean-Joseph Faire entre à l’École polytechnique en 1835. Il en sort premier en 1837 et intègre aussitôt, en octobre, l’École d’application d’artillerie et du génie, en qualité de sous-lieutenant. A l’issue de sa formation, après avoir été promu lieutenant en octobre 1839, il est affecté en avril 1840 au 2ème régiment du génie à Vincennes dont la tâche consiste à s’occuper des fortifications de Paris. Lui-même se voit confier l’année suivante la construction du fort de Nogent à laquelle il se consacre jusqu’en 1847. Entre temps, il a été muté en 1842 à l’État-major du génie, puis nommé capitaine en janvier 1843. En 1847, il est envoyé à Lyon pour travailler à l’enceinte de Fourvière et au fort du Petit-Sainte-Foy, d’abord au sein du 1er régiment du génie, puis en février 1852 à l’État-major de Lyon. Ses talents de constructeur sont très appréciés, mais ses supérieurs regrettent qu’il n’ait aucune expérience des campagnes militaires, ce qui les pousse à l’envoyer en Algérie en mai 1853, où il s’occupe également des fortifications de la ville d’Alger. Il est du reste très rapidement promu chef de bataillon, avant de participer en 1856 à l’expédition de Kabylie, sous les ordres du maréchal Randon ; il y gagne la croix de chevalier de la Légion d’honneur. De retour en France en février 1859, il est envoyé à Rome en mars pour diriger le génie à l’intérieur du corps d’occupation ; il conquiert alors la croix d’officier de la Légion d’honneur, en 1862, puis devient lieutenant-colonel en décembre 1863. Il rentre en France et devient chef du génie au Havre, avant d’être muté à Toulon où il est nommé en septembre 1867 directeur des fortifications. Mais dès le mois suivant, après Mentana, il repart pour Rome, à la tête du génie du corps expéditionnaire ; déjà commandeur de l’ordre de Saint-Grégoire-le-Grand depuis 1860, il est fait commandeur de l’ordre de Pie IX en juillet 1868, avant d’être promu colonel en septembre. Il revient alors en France et est affecté à Arras en qualité de directeur du génie, puis transféré à Lille, avec les mêmes fonctions le 9 juillet 1870.

2Après la défaite de Sedan, il participe à la reconstitution de l’armée du Nord. Il est nommé général de brigade en octobre et devient chef d’état-major du général Bourbaki qui, après son départ pour la Loire, lui confie le commandement supérieur du 22ème corps d’armée. Il tente de dégager Amiens avec les deux divisions qu’il a pu reconstituer, mais doit vite se retirer vers le nord. Après la nomination du général Faidherbe à la tête de l’armée du Nord, Faire devient son chef d’état-major général et participe de ce fait aux batailles de Pont-Noyelles le 23 décembre 1870, de Bapaume le 3 janvier et de Saint-Quentin le 19 janvier. Promu général de division le 19 février 1871, il est nommé chef d’état-major général du commandement supérieur des forces réunies dans la presqu’île du Cotentin, mais ne peut en fait prendre ce poste à cause de l’armistice. Il est du reste remis à son grade de général de brigade, par la commission de révision des grades, en septembre 1871. En disponibilité depuis avril 1871, il accepte de nouveau d’aller en Algérie, où il espère regagner rapidement ses galons de divisionnaire, en qualité de commandant supérieur du génie. Il est notamment chargé de réparer les ouvrages endommagés lors de l’insurrection kabyle, ainsi que d’aider à la construction de logements pour l’accueil des Alsaciens-Lorrains. Il reste en Algérie jusqu’en août 1875, non sans avoir auparavant été promu en décembre 1872 commandeur de la Légion d’honneur. A son retour en France, il est nommé au comité des fortifications, puis obtient finalement le 30 septembre 1875 sa promotion au grade de général de division. Il est également inspecteur général à partir de 1876, tout en conservant ses fonctions au comité des fortifications dont il devient le président en juin 1878, à la place du général Chabron récemment décédé. Puis en février 1879 il est placé à la tête du 14ème corps d’armée à Lyon et peu après, en juillet 1880, est promu grand officier de la Légion d’honneur. Atteint par la limite d’âge en 1881, il est maintenu dans la première section de l’État-major général pour avoir commandé en chef devant l’ennemi, puis il est nommé en 1883 président de la commission de défense des côtes, jusqu’à sa suppression en 1885. Il est enfin fait grand-croix de la Légion d’honneur en 1886.

3Mais auparavant, le général Faire était entré en politique. Farre appartient à l’entourage de Gambetta qui l’avait apprécié pendant les campagnes de 1870 et souhaitait le faire entrer au gouvernement. Dès janvier 1879, il est question de lui pour le ministère de la Guerre mais le maréchal Mac-Mahon s’oppose à sa nomination, le trouvant trop lié aux radicaux, et lui préfère le général Gresley. Il obtient finalement ce portefeuille en décembre 1879 et s’attache particulièrement à réorganiser l’armée et à la rendre plus opérante, en améliorant l’armement et la capacité de mobilisation. Il est également chargé de la conquête de la Tunisie. Ministre à poigne, ses interventions dans les affaires algériennes et tunisiennes suscitent cependant quelques critiques. Par ailleurs, alors qu’il est ministre, il est élu le 25 novembre 1880 sénateur inamovible et adhère au groupe de l’Union républicaine.

4Le général Farre avait épousé le 9 novembre 1842 à Saint-Symphorien-sur-Saône en Côte-d’Or Marie Julie Boudin, née en 1814 à Gray, fille de Jean Boudin, négociant, et de Françoise Julie Burais. Sa femme lui apporte en dot une rente annuelle de 1 200 francs, lui-même ne disposant pas de patrimoine. Ils eurent un seul enfant, Lucien, né en 1844. Après leur retour à Paris en 1875, les Farre s’installent boulevard Haussmann, au numéro 110. C’est là que meurt le général le 24 mars 1887.