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Dupuy de Lôme Stanislas Charles Henry Laurent 1816-1885
p. 318-320
Texte intégral
1Originaire d’Ecotay L’Olme, près de Montbrison, dans la Loire, la famille Dupuy fait partie des grands notables de la province du Forez. Une de ses branches adjoint à son patronyme celui de Lôme, du nom d’une terre acquise au début du XVIIème siècle. Henri Dupuy de Lôme naît cependant, le 15 octobre 1816, au château de Soye, à Ploemeur, petite localité du Morbihan, proche de Lorient. En effet, son père Claude Henry Dupuy de Lôme, lieutenant de vaisseau sous l’Empire, y a acheté une propriété après son mariage avec la fille d’un négociant de Lorient et ancien maire de cette ville anobli par Louis XVIII, Laurence Julienne Jeanne Marie Esnoul Deschatelets.
2Mis à la retraite d’office à la Restauration, amer, Claude Henry tente vainement de dissuader son fils d’embrasser la carrière maritime qui l’attire. Dès l’âge de quinze ans, Henry Dupuy de Lôme entre malgré tout à l’École navale. Cédant néanmoins aux injonctions de son père, il réussit en 1835 le concours d’entrée à Polytechnique dont il sort dixième, deux ans après. La passion pour la mer le fait choisir alors une École d’application, celle du génie maritime, établie à Lorient.
3Sous-ingénieur de 3ème classe, il entame désormais une remarquable carrière. Suivant la tradition, il embarque sur plusieurs bâtiments de guerre puis, est affecté à Toulon. Promu à la seconde classe de son grade, en 1841, il est envoyé l’année suivante en Angleterre afin d’y étudier la construction des navires en fer. Consignées en 1844 dans un rapport très apprécié, ses observations sont retenues pour la construction navale en France. De retour à Toulon, il épouse le 1er septembre 1846 Claire Dorothée Aubert, fille d’un médecin-chef de la marine.
4L’année suivante, il est chargé de construire le premier bâtiment de guerre à hélice de la flotte française, l’aviso le "Caton". Chef du service des navires à vapeur de Toulon, il parvient à mettre sur cale au début de 1848 un vaisseau doté d’une puissante machine afin d’atteindre une grande vitesse. Le navire est lancé sous le nom de "Prince de Joinville" le fils de Louis-Philippe, amiral commandant l’escadre de Toulon qui a contribué à l’aboutissement du projet. Les événements politiques qui se succèdent de 1848 à 1852 le font débaptiser à trois reprises. Le navire se dénomme successivement le "24 février", le "Président" et le "Napoléon". Dupuy de Lôme, nommé ingénieur de 2ème classe en septembre 1848, fait effectuer au Prince-Président, en 1852, un voyage aller et retour entre Marseille et Toulon à plus de treize noeuds sur le "Président". Cet exploit marque un tournant dans sa carrière qui s’accélère. Quelques jours en effet après cette mémorable croisière présidentielle, il est promu à la 1ère classe et reçoit la médaille d’honneur à l’Exposition universelle de 1855 et peut doter de paquebots à grande vitesse la Compagnie des messageries impériales. Il est nommé enfin directeur de deuxième classe des constructions navales et du matériel, au ministère de la Marine en 1857. Dans le cadre de la modernisation de la flotte de guerre, il fait notamment transformer les anciens bâtiments à voiles en navires à vapeur. Il lance enfin la construction des cuirassés. Conseiller d’État hors section en 1862, il est chargé de défendre le budget de la marine devant les chambres et est promu directeur de première classe des constructions navales. Comblé d’honneurs, il est élevé au grade de grand officier de la Légion d’honneur en 1863, élu à l’unanimité à l’Académie des sciences en 1866 et, couronnement de son exceptionnelle carrière, entre en 1867 à l’inspection générale du génie maritime. Deux ans plus tard, il démissionne pour prendre place aux conseils d’administration des Messageries Impériales et des Forges et Chantiers de la Méditerranée.
5Il entame alors tardivement une carrière politique. Candidat officiel du gouvernement, il est élu le 24 mai 1869 député de la circonscription de Lorient, dans son Morbihan natal. Au Corps législatif, il soutient le régime impérial et vote pour l’entrée en guerre contre la Prusse en 1870. Membre du comité de défense de Paris où il se trouve pendant le siège, il commence la confection d’un ballon dirigeable afin d’assurer des liaisons entre la capitale et le reste du pays. La capitulation intervient avant la réalisation du projet. Celui-ci aboutit en 1872 et il peut ainsi rallier en aérostat Paris et Noyon en deux heures. Infatigable, il élabore en 1875 les plans d’un nouveau port d’embarquement de chemins de fer à Calais. En 1876 il essaie de retrouver un siège de député aux élections législatives comme candidat bonapartiste dans la circonscription de Dunkerque. Le décès du général Changarnier laissant vacant un fauteuil de sénateur inamovible, Dupuy de Lôme, soutenu par les droites, est élu par 142 voix, battant de deux voix son adversaire républicain Alfred André. Au Sénat, il siège dans le groupe de l’Appel au peuple avec lequel il vote la dissolution de la Chambre après l’affaire du 16 mai. Hostile aux ministères républicains qui vont suivre, il contribue néanmoins, par une intervention favorable, à l’adoption en 1881 de la loi sur la marine marchande. En 1884, il vote en revanche contre la loi sur les syndicats professionnels.
6Un an après, le 1er février 1885, il décède en son domicile parisien du 1er arrondissement, 374 rue Saint-Honoré. Après ses obsèques célébrées en l’église de la Madeleine, il est inhumé à la Ciotat (Bouches-du-Rhône), localité peu éloignée de son château de Saint-Anne, au Beausset, dans le Var.
7Par son oncle, Claude Dupuy de Querezieux (1759-1824), député du Rhône-et-Loire pendant la Convention, il est le lointain parent de son collègue Charles Dupaquier (1804-1880), sénateur bonapartiste de la Savoie de 1876 à son décès.
8Outre son Mémoire sur la construction des bâtiments en fer, adressé à M. le ministre et des colonies, il est l’auteur d’une dizaines de rapports et de notices scientifiques et techniques.
Bibliographie
Sources et bibliographie :
État-civil de Lorient et de Paris 1er, actes de naissance et de décès ; A.M. Toulon, acte de mariage ; A.N. dossier de la Légion d’honneur 873/87 ; archives Napoléon 400 AP 186 ;
Jacques Gay, "Jalons de la carrière de Henry Dupuy de Lôme, ingénieur du génie maritime”, Bulletin de l’Académie du Second Empire, n 6, oct. 1992, p. 12-13 ; Christiane Demeullenaere-Douyere, "Henry Dupuy de Lôme à l’Académie des Sciences", ibid, p. 14-15 ; Étienne Taillemite, Dictionnaire des marins français, Paris, éd. maritimes et d’Outre-Mer, 1982, p. 106.
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Les immortels du Sénat, 1875-1918
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