1Né le 4 mai 1819 à Tonnerre (Yonne), dans une famille de la petite bourgeoisie, il est le fils de François Marie Edme Campenon, propriétaire, et de Catherine Suzanne Euphrasie Cottin. Il a un frère cadet, Sébastien Marie Auguste, né en 1824, qui suit comme lui la carrière des armes et prend sa retraite comme capitaine de frégate. Jean-Baptiste Campenon s’engage dans l’armée en novembre 1837 et sert dans le 32ème régiment de ligne comme simple soldat, avant d’entrer en novembre 1839 à l’École de Saint-Cyr. Il en sort cinquième en octobre 1840 et est affecté comme sous-lieutenant au 20ème régiment de ligne. Puis en janvier 1841, il intègre l’École d’application de l’état-major. Lieutenant à sa sortie en 1843, il fait son stage d’infanterie au 39ème régiment de ligne en 1843, puis son stage de cavalerie au 9ème régiment de hussards. A l’issue de cette période, il est promu capitaine en août 1846, avant d’être affecté en 1847 à l’État-major de la 16ème division militaire. Il est ensuite nommé aide de camp du général Golstheim en juin 1848, puis aide de camp du général Forey en octobre 1848. Il est alors en poste à Paris où il se signale par des idées républicaines avancées. Il est notamment dénoncé par le général Changarnier qui l’accuse de servir d’informateur à des députés démocrates socialistes, ce qui conduit le ministre à le muter en septembre 1849 à Rodez où il devient aide de camp du général de Gouvenain, mais sans cesser de professer des idées républicaines. Des accusations de voies de fait sur une jeune femme offrent un prétexte pour le mettre en disponibilité en juin 1850. Puis, comme il continue à "faire de la propagande socialiste à Rodez", les autorités militaires l’assignent à résidence dans sa famille à Tonnerre. Il n’est réintégré dans l’armée qu’en janvier 1852, après un rapport d’inspection favorable. C’est donc sous la République conservatrice et non au lendemain du coup d’État que Campenon est sanctionné, alors que certaines notices contemporaines accréditaient la seconde version. Il est vrai que la révocation au lendemain du 2 décembre seyait mieux à un général devenu un proche de Gambetta. En outre la nomination du capitaine Campenon à Tunis comme directeur de l’École militaire de la Régence, renforçait la thèse de l’exil. En réalité la mission officielle qu’il remplit à Tunis permet à Campenon de s’initier à la langue et aux moeurs arabes. Cette connaissance approfondie de l’Orient explique qu’il soit réclamé par le maréchal de Saint-Arnaud en 1854 pour prendre place dans l’État-major général, avec la mission de concourir à l’organisation des Bachi-Bouzouk. Il est ensuite attaché, en février 1855, à l’État-major du général de Salles, commandant le 1er corps, et pour ses faits d’armes, est cité à l’ordre de l’armée d’Orient et fait chevalier de la Légion d’honneur en avril 1855. A l’issue de la guerre de Crimée, il est envoyé en juin 1856 en Algérie, où il est mis à la disposition du gouverneur général. Puis il participe à la campagne d’Italie, à l’État-major du 2ème corps d’armée, et conquiert, après Magenta, ses galons de chef d’escadron ; il devient alors sous-chef d’état-major du corps d’armée de Mac-Mahon. Envoyé en Chine en 1860 dans l’État-major du général de Montauban, il devient lieutenant-colonel, puis est promu officier de la Légion d’honneur en février 1861. A son retour en septembre 1861, il est nommé chef d’état-major de la 3ème division d’infanterie du 11ème corps d’armée. Puis en février 1862, il retourne en Tunisie comme chef de la mission militaire envoyée par le gouvernement français auprès du bey. Il s’occupe essentiellement de conseiller le bey pour tout ce qui touche à l’organisation de l’armée, mais assure surtout une présence française face à la pénétration des agents anglais.

2Il revient en France en janvier 1865 pour être nommé chef d’état-major de la 10ème division militaire, puis en août 1867, il est affecté à l’État-major de la division de cavalerie du 11ème corps d’armée. Il est promu colonel le 16 juillet 1870 et se trouve attaché comme chef d’état-major à la 19ème division de cavalerie du 4ème corps de l’armée du Rhin, commandée par le général Legrand ; il est blessé lors de la bataille de Gravelotte, mais parvient à gagner Metz où il subit le sort de l’armée de Bazaine, c’est-à-dire qu’il est fait prisonnier le 29 octobre et n’est libéré que le 20 mars 1871. Il demeure en disponibilité jusqu’à sa nomination comme chef d’état-major de la 3ème division militaire en août 1871. Commandeur de la Légion d’honneur en 1872, il est nommé sous-chef d’état-major général du 1er corps d’armée en novembre 1873, avant d’être promu chef d’état-major du même corps en mars 1875. En novembre de la même année, il devient général de brigade et se voit affecté à la première section de l’État-major général. Puis les républicains le font général de division en octobre 1879, et après quelques mois de disponibilité, le chargent en mai 1880 du commandement de la 5ème division d’infanterie, basée à Paris. Il devient enfin inspecteur général des armées. Il est admis dans le cadre de réserve le 4 mai 1884.

3Remarqué par Gambetta qui lui demande de se préparer à le seconder en matière militaire, il est nommé ministre de la Guerre dans le grand ministère, le 14 novembre 1881. Il est donc responsable de l’émoi suscité à la Chambre par la désignation du général de Miribel comme chef d’état-major. Il s’était montré particulièrement hostile à l’expédition tunisienne qui selon lui affaiblissait la France en Europe et l’isolait diplomatiquement. Bon connaisseur de la Tunisie où il a passé cinq ans, il préconise en fait de la confier à l’Italie, et de constituer face à l’unité germanique une union latine qui s’affirmerait en Afrique du Nord par une répartition des territoires, le Maroc allant à l’Espagne, la Tunisie à l’Italie, et l’Algérie demeurant à la France. Malgré leur différend sur la question coloniale, Ferry le choisit à nouveau comme ministre de la Guerre en octobre 1883 et le charge à ce titre d’organiser l’expédition du Tonkin, ce qu’il accepte tout d’abord de faire, mais entré en conflit avec Ferry, il finit par démissionner le 3 janvier 1885 ; il est alors promu grand-croix de la Légion d’honneur. Il redevient ministre de la Guerre d’avril à décembre 1885, dans le cabinet Brisson, mais quitte le gouvernement avec l’ensemble du ministère le 28 décembre 1885. C’est alors qu’il était ministre de la Guerre qu’il est élu sénateur inamovible, en décembre 1883, en remplacement de Ferdinand Barrot. Il siège dans le groupe de l’Union républicaine. En 1887, il est décoré de la médaille militaire. Il est chargé en 1888 de rapporter la loi militaire à la préparation de laquelle il avait également contribué comme ministre, et se montre en 1889 très hostile au mouvement boulangiste. Il meurt à Neuilly-sur-Seine, le 16 mars 1891. Il était resté célibataire.