1Alfred Bertauld est né le 9 juin 1812 à Verson (Calvados). Son père, Jean Aimé, percepteur des contributions directes, avait épousé Onésime Julienne Philippe de Beaumont, fille d’un écuyer. Il est le second de cinq enfants. Deux d’entre eux moururent en bas âge. Son frère Rodolphe, docteur en droit, deviendra conseiller à la Cour impériale de Douai sous le Second Empire. Sa sœur, Eugénie Mathilde, se maria avec un avocat, Hippolyte Piquet, qui sera président de chambre à la cour d’appel de Caen avant d’être nommé à celle de Paris en 1879.

2Alfred Bertauld accomplit ses humanités au collège royal de Caen, qu’il couronne par un prix d’excellence en classe de rhétorique. Bachelier ès lettres en 1831, en droit en 1833, il poursuit ses études à la Faculté de droit de Caen. Muni de sa licence en droit, il s’inscrit au barreau de cette ville en 1834, tout en préparant un doctorat qu’il obtiendra en 1841. En 1836, il épouse une cousine par alliance, Pauline Anna Philippe de Beaumont, fille d’Augustin, écuyer, propriétaire foncier dans le Pays d’Auge, et de Marie-Louise de Recalde. Ils n’auront pas d’enfants.

3 Sous la Monarchie de Juillet et le Second Empire, Alfred Bertauld mène une double carrière professionnelle, au barreau et à l’université. Secrétaire du conseil à la Cour impériale de Caen de 1852 à 1854, il est bâtonnier de l’ordre des avocats entre 1854 et 1856 puis à nouveau entre 1868 et 1874. Parallèlement, il donne des cours à la Faculté de droit, comme suppléant depuis 1846 et comme professeur titulaire à partir de 1853, enseignant la procédure civile, la législation criminelle puis le Code civil et publiant par ailleurs de très nombreux ouvrages. Sa notabilité croissante lui vaut de recevoir la Légion d’honneur en 1859 et d’être admis au sein de plusieurs sociétés savantes comme l’Académie des arts, sciences et belles lettres de Caen ou la Société des antiquaires de Normandie.

4Pendant vingt ans, l’activité politique d’Alfred Bertauld s’exerce uniquement au sein de la municipalité de Caen. Candidat malheureux en 1843, il est élu pour la première fois conseiller en juillet 1848, et le sera constamment par la suite. Sa carrière prend une dimension nouvelle lorsqu’en février 1871, les électeurs du Calvados l’envoient siéger à l’Assemblée nationale. Figurant sur la liste conservatrice, élaborée et soutenue par le conseil général du Calvados, il est élu – le septième sur neuf – par 53 676 voix pour 86 564 votants. Le préfet lui prête alors des opinions orléanistes, d’ailleurs peu affirmées. Très tôt, il appartient au "parti" de Thiers, suit l’évolution politique de ce dernier et rejoint bientôt les rangs du Centre gauche dont il préside d’ailleurs le groupe parlementaire en 1872. Il soutient Thiers en mai 1873. Ses compétences juridiques l’entraînent à de fréquentes interventions à la Chambre, marquées par un esprit de répartie redouté de ses adversaires, comme par un certain libéralisme. Il prend une large part aux débats sur l’élaboration des lois constitutionnelles, qu’il approuve après avoir déposé plusieurs amendements.

5Au cours de l’année 1875, il reçoit une série de responsabilités nouvelles. Nommé maire de Caen en juin, il est élu en juillet conseiller général du canton de Caen-ouest, avant d’être choisi en décembre par ses collègues de l’Assemblée comme sénateur inamovible, le 36ème sur 75. A la Chambre Haute, il est vice-président, puis un temps président, du groupe du Centre gauche et continue de déployer une grande activité législative. Il s’oppose en mai 1876 à la dissolution de la Chambre des députés demandée par le président Mac-Mahon.

6Le 11 février 1879, un décret le nomme procureur général à la cour de cassation, ce qui le contraint à abandonner son poste de professeur et à renoncer pour raisons d’incompatibilité à ses fonctions de maire de Caen. Officier de la Légion d’honneur en juillet de la même année, il est promu commandeur en 1881. Il meurt le 8 avril 1882 d’une maladie de cœur et est inhumé au Père-Lachaise, non loin du caveau de Thiers. En 1907, la ville de Caen a donné son nom à une rue longeant les tribunaux, rendant ainsi hommage au grand juriste qu’avait été Alfred Bertauld.

Écrits de l’intéressé :

7Cours de code pénal et leçons de législation criminelle, Paris, Marescq aîné, 2ème éd.1859, 653 p. ; L’ordre social et l’ordre moral, le droit et le devoir, Paris, Didier, 1861, 352 p. ; Philosophie politique de l’histoire de France, étude critique sur les publicistes contemporains, Paris, Didier, 1861, 352 p. ; De la Philosophie sociale, études critiques, Paris, Garnier-Baillère, 1877, 170 p. ; Rapports et discours parlementaires, recueillis par H. Berthélemy, Paris, Marchai et Billard, 1885, 2 vol.