1Né le 9 janvier 1804 au château de Malzieu en Lozère, il appartient à une famille de très ancienne noblesse rouergate. Son père, Louis Michel d’Aurelle de Paladines, à sa naissance propriétaire foncier, avait épousé Marie Henriette Morel de la Colombe. Il eut un frère, Claude Michel Louis, né en 1805. Louis d’Aurelle de Paladines se dirige très tôt vers le métier des armes puisqu’il entre en 1815 à l’école royale militaire préparatoire de la Flèche où il effectue ses études secondaires. Il est reçu en 1822 à l’École de Saint-Cyr. Sorti sous-lieutenant en 1824, il est affecté au 64ème régiment de ligne. La révolution de Juillet n’entrave pas sa carrière puisque lieutenant depuis juin 1830, il est promu capitaine en 1834. Il suit son régiment en Algérie en septembre 1841 et y conquiert ses galons de chef de bataillon en 1843, tandis qu’il est fait la même année chevalier de la Légion d’honneur. Il reçoit également cinq citations pour ses actions au combat. Promu lieutenant-colonel en juin 1847, il rentre en France en juillet 1848, avec le 64ème régiment désormais caserné à Paris. Il est ensuite nommé colonel au 28ème régiment de ligne à Cherbourg en juin 1849. Mais, dès mars 1850, il retourne en Algérie où il remplace le colonel Canrobert à la tête du 1er régiment de zouaves, à Alger. Sa conduite au moment du coup d’État est particulièrement appréciée de ses chefs qui évoquent son " zèle remarquable". Il est donc promu général de brigade le 22 décembre 1851 et muté à l’État-major du gouverneur général de l’Algérie. Il reste à ce poste jusqu’en octobre 1852, puis rentre en France où on lui confie le commandement de la subdivision du Var à Toulon. Il participe ensuite à la guerre de Crimée, à la tête de la 2ème brigade d’infanterie de la division de réserve et prend part à la bataille de l’Alma, à l’issue de laquelle il est fait, le 21 octobre 1854, commandeur de la Légion d’honneur pour s’être emparé du plateau du Télégraphe. Puis, après la prise des bâtiments de la Quarantaine, lors de la bataille d’Inkerman, il est promu général de division le 17 mars 1855 et prend alors le commandement de la 2ème division d’infanterie du corps de réserve qui participe le 8 septembre à l’assaut final contre Sébastopol. De retour en France, en 1856, il est placé en disponibilité jusqu’en avril 1857, date à laquelle il obtient le commandement de la 1ère division d’infanterie de l’armée de Lyon, avant d’être nommé inspecteur général des armées. Il prend en mai 1858 le commandement de la 10ème division territoriale à Montpellier, et en avril 1859 celui de la 9ème division territoriale à Marseille, si bien qu’il est amené à superviser les opérations d’embarquement pour l’Italie lors de la guerre contre l’Autriche. Il est alors fait grand officier de la Légion d’honneur. Après la guerre d’Italie à laquelle il ne participe pas directement, il poursuit ses tournées d’inspection. En mai 1867, il est appelé à la tête de la 5ème division militaire à Metz, avant d’être promu en 1868 grand-croix de la Légion d’honneur. Enfin en janvier 1870, il est placé dans le cadre de réserve et se retire à Lyon.

2La guerre franco-prussienne conduit l’État-major à faire de nouveau appel à lui, et à le placer à la tête de la 9ème division militaire à Marseille. Après la défaite de Sedan et la proclamation de la République, il est chassé de Marseille par les républicains, mais il choisit de gagner Tours où Gambetta lui confie le 23 septembre, bien qu’il soit réputé catholique et légitimiste, le commandement supérieur des 15ème, 16ème et 18ème divisions territoriales de l’Ouest, avant de le mettre le 11 octobre à la tête du 15ème corps d’armée, ce qui suscite une vive réprobation des gardes nationaux de Marseille. Il parvient à repousser les Allemands en octobre, et à les battre à Coulmiers le 9 novembre, lors de l’offensive en direction de Pithiviers. Accueilli en libérateur à Orléans, il est ensuite nommé commandant en chef de la première armée de la Loire, le 14 novembre 1870. Malgré ces premières victoires, il reste sceptique sur l’issue des combats, effrayé qu’il est par l’inorganisation des troupes ; il faut toute l’énergie de Freycinet pour le pousser à agir. Cette relative inertie explique en partie les déboires du général d’Aurelle à compter de la fin novembre. Face à l’avancée des Prussiens, il refuse l’offensive, contrairement aux ordres de Gambetta. Après avoir finalement tenté de défendre Orléans, il est battu et se retire en abandonnant la ville, ce qui accentue le conflit avec le gouvernement provisoire. Gambetta décide en effet de lui enlever son commandement le 6 décembre 1870 et de le nommer commandant du camp stratégique de Cherbourg, poste qu’Aurelle refuse, avant de démissionner et de rejoindre sa famille à Belley. Il retrace dès la fin de la guerre toute l’histoire de son commandement, dans La première armée de la Loire, ouvrage qui se présente comme une réponse au livre de Freycinet La guerre en province. Pour le général d’Aurelle de Paladines, la cause de la défaite est due essentiellement "à l’ingérence de l’élément civil dans les opérations de la campagne". Son ouvrage révèle surtout son sens de l’ordre et de la discipline, que l’inorganisation de l’armée de la Loire a profondément heurté. Le soldat de carrière qu’était d’Aurelle n’a jamais pu accepter l’improvisation de la guerre en province et son grand regret fut que le gouvernement de la Défense nationale n’ait pas envoyé à Tours un officier général comme ministre de la Guerre. En même temps, au lendemain de la défaite, il en appelle lui aussi "à la réorganisation morale de l’armée".

3Après l’armistice, il est nommé le 3 mars 1871 commandant en chef de la Garde nationale de Paris, alors qu’il n’était guère populaire au sein de la population. C’est donc lui qui est chargé par Thiers de récupérer les canons entreposés à Paris le 18 mars. Ses fonctions à la tête de la Garde nationale prennent fin de facto à cette date. Le 13 juillet 1871, le général d’Aurelle de Paladines est décoré de la médaille militaire, puis il est envoyé à Bordeaux pour prendre le commandement de la 14ème division militaire. Il est ensuite, en septembre 1873, après l’organisation des corps d’armée, chargé de commander le 18ème corps d’armée, toujours à Bordeaux. Atteint par la limite d’âge en février 1874, il est mis en disponibilité, mais il est maintenu dans la 1ère section du cadre de l’État-major général pour avoir commandé en chef devant l’ennemi. Il reçoit en juillet 1877 la mission d’occuper les fonctions de gouverneur militaire de Lyon, en cas de mobilisation.

4Louis d’Aurelle de Paladines avait épousé en août 1835, en premières noces, une cousine éloignée, Geneviève Joséphine Euphrasie d’Aurelle des Cornais, née en 1816, appartenant à une famille anoblie au début du XVIIème siècle, fille d’Antoine d’Aurelle, propriétaire, et de Louise Berger. Ils eurent quatre enfants, parmi lesquels Yves Louis Sylvain, officier. Puis, plusieurs années après le décès de sa première femme, il se remarie, en avril 1862, avec Hortense Adèle Adrienne Blachette, fille d’Antoine Aimé Blachette, payeur du département du Rhône, et d’Hortense de Lesseps. Il eut de nouveau quatre enfants avec sa seconde femme. Lors de ce second mariage, Louis d’Aurelle dispose d’un patrimoine de 200 000 francs, sa femme lui apportant 4 000 francs de rentes. Le général d’Aurelle s’installe à partir de 1874 au château de Saint-Loup dans l’Allier, provenant de sa première femme. Par ailleurs, il avait pris l’habitude de séjourner rue de Lille à Paris, à l’époque des séances parlementaires.

5Il avait en effet été élu le 8 février 1871 député de la Gironde et de l’Allier, mais finalement avait opté pour ce dernier département. Dès la convocation de l’Assemblée nationale, il est désigné pour être un des dix-huit députés membres de la commission chargée des négociations de paix avec la Prusse. Il s’inscrit alors à la réunion Colbert, ainsi qu’à la réunion libre-échangiste, mais après son départ de Paris pour des raisons militaires, il ne participe guère aux travaux de l’Assemblée. Il vote cependant contre les lois constitutionnelles. Élu sénateur inamovible le 10 décembre 1875, il est choisi comme questeur le 13 août 1876, ce qui lui vaut de loger au palais de Versailles. C’est là qu’il meurt, en fonctions, le 16 décembre 1877 ; il est enterré à Notre-Dame de Versailles. Outre la Légion d’honneur, il avait reçu de nombreuses décorations étrangères.

Sources et bibliographie :