Adam Antoine Edmond 1816-1877
p. 197-199
Texte intégral
1Antoine Edmond Adam est né dans l’Eure, le 19 novembre 1816, au Bec-Hellouin. Son père, Aimable Adam, 36 ans, déclare alors exercer la profession de maréchal. L’adjoint au maire a omis de noter l’âge de sa mère, Thérèse Henriette Décadie-Michaux. Aux dires de ses familiers, Edmond Adam est né au sein d’une famille de cultivateurs.
2Après des études secondaires au lycée de Rouen puis supérieures à l’École de droit de Paris, il débute dans la vie active comme publiciste. Il assume la fonction de rédacteur en chef d’un journal d’Angers, lorsque Marrast l’a pressenti pour collaborer au National où il côtoie ceux qui seront, sa vie durant, ses amis tel Duclerc. A Paris il fréquente aussi des hommes plus avancés sur le plan politique : Ledru-Rollin, Louis Blanc. Après la révolution de Février, il est nommé, en mars 1848, adjoint de Marrast, maire de Paris et en avril 1849 ses amis siégeant à la Constituante le désignent comme membre du Conseil d’État. Républicain et libéral, il démissionne de cette fonction au lendemain du coup d’État du 2 décembre 1851 ; il s’éloigne alors de la politique et embrasse les affaires. Sous la pression de Bixio, Pagnerre, Garnier-Pagès il entre au Comptoir d’escompte en 1853. Il y assume la responsabilité de secrétaire général jusqu’en 1866.
3Edmond Adam se trouve alors à la tête d’une belle fortune et a acquis une notoriété. C’est un homme impulsif – il s’est souvent battu en duel – cultivé, qui fréquente le monde. C’est d’ailleurs à l’occasion d’une audition de Wagner chez Madame de Charnacé, amie de Madame d’Agoult (Daniel Stern) qui tient le salon célèbre où se retrouvent républicains et hommes de lettres, qu’il rencontre, pour la première fois, Juliette Lamber (sans t en littérature, avec un t pour l’état civil) protégée de Madame d’Agoult, elle-même proche amie d’Edmond Adam.
4Les notices biographiques sur Adam indiquent, en général, que celui-ci se retire des affaires et de la politique à la fin 1866 pour se réfugier à Golfe-Juan où il fait construire une propriété. En réalité les années 1866-1870 constituent un tournant dans sa vie privée et publique. En 1868 il épouse Juliette Lambert, mère d’une fille Alice, devenue libre après la mort de M. de la Messine avocat dans l’Oise, un mari dont elle vivait séparée. Par ailleurs Edmond Adam qui fréquente Nefftzer du Temps mais estimant le journal trop modéré, et renouant avec le militantisme politique, avance, ainsi que Duclerc, les fonds nécessaires à Peyrat pour lancer un quotidien du soir, franchement républicain, L’Avenir national auquel collabore, avant même son mariage, Juliette Lamber, républicaine avancée, fille d’un propriétaire… socialisant. Le journal a contribué à diffuser les idées radicales à la fin de l’Empire. De surcroît, en 1869, Adam est tenté de se présenter aux élections. Il mène campagne à Brionne mais au dernier moment se récuse, refusant de prêter serment à l’Empereur.
5Aux Bruyères dans le Midi ou au 23 boulevard Poissonnière, domicile d’Adam à Paris, le couple reçoit. Le salon de Juliette Adam devient "un centre d’influence" républicain. Gambetta le fréquente avec assiduité. Très patriote, le couple se désole des défaites essuyées en 1870 et, partisan de la démocratie, se réjouit de la proclamation de la République, le 4 septembre 1870.
6Le 11 octobre, Edmond Adam, à l’invite du gouvernement de la Défense nationale, prend la direction de la préfecture de Paris. A ce poste il doit faire face au soulèvement de Flourens, le 31 octobre. Refusant de renouveler la triste expérience de juin 1848, c’est-à-dire de procéder à une politique de réaction, il préfère démissionner le 1er novembre 1870. Bien qu’il réprouve l’armistice, Edmond Adam se présente dans la Seine et dans le Var aux élections du 8 février 1871. Les électeurs du département de la Seine, ayant apprécié son attitude le 31 octobre 1870, l’envoient les représenter à l’Assemblée où il siège à l’Union républicaine qu’il préside un temps. D’autre part, bien que n’ayant pas approuvé l’action des communards, il garde toute son amitié à Rochefort et, après l’arrestation de celui-ci, devient tuteur de ses enfants.
7Edmond Adam se réjouit du retour de Gambetta sur la scène politique et de son évolution vers plus de modérantisme. Le couple contribue, en avançant des fonds et en jouant de ses relations, à la naissance de la République française. Si, à l’Assemblée, Adam ne monte pas à la tribune, il exerce une réelle influence. Il se rallie à Thiers et vote contre le retrait du chef du pouvoir exécutif. Il se prononce contre Broglie et vote les lois constitutionnelles. En décembre 1875, il est élu sénateur inamovible. S’il n’intervient pas dans les débats au Sénat, en revanche, il continue de jouer un rôle occulte mais certain. Il siège à l’extrême gauche, c’est-à-dire à l’Union républicaine. La question de la succession du ministère Dufaure l’inquiète beaucoup. Au début de 1877, il subit les premières atteintes du mal qui devait l’emporter et il ne se rend plus guère au Sénat.
8Éclectique, il compte parmi ses amis aussi bien Thiers que Gambetta ou Spuller ou encore Challemel-Lacour et Pelletan. Le couple entretient des relations suivies avec George Sand et sa famille.
9L’anthrax à la nuque dont Adam souffre depuis plusieurs mois est la cause de son décès, survenu en son domicile le 14 juin 1877. Le lendemain, il était inhumé au Père-Lachaise (obsèques civiles). Le deuil est conduit par son épouse, sa belle-fille, mariée à Paul Segond interne en médecine, et suivi par ses nombreux amis. Emmanuel Arago et Victor Hugo prononcèrent quelques mots. Le poète républicain célébra "la fidélité aux engagements, le respect de la parole donnée, le dévouement sans réserve à la Liberté et à la République" d’Edmond Adam.
10Sa veuve est la légataire universelle d’une énorme fortune mobilière et immobilière. De santé fragile, elle n’en mourut pas moins centenaire en 1936. Après la mort de son époux, elle poursuit ses activités littéraires, crée la Nouvelle Revue et s’installe au 190 boulevard Malesherbes où elle continue à tenir salon (devenu le 29 rue Juliette Lamber).
Bibliographie
Sources et bibliographie :
A.M. Bec Hellouin, acte de naissance ; A.D. Paris, acte de décès ; DQ 7 110 142, 1043, acte de succession ;
Les mémoires en 7 tomes écrits par Juliette Adam (Juliette Lamber) peuvent être considérés comme une source. Paris, éd. A. Lemerre, 1902-1908.
Auteur
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Rosemonde Sanson
Maître de conférences. Université de Paris I
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