A la mémoire des « pères fondateurs » de la république
p. 167-190
Texte intégral
1La mort est un drame familial, mais qu’en est-il pour un homme public et particulièrement pour un sénateur en exercice ? Le deuil devient t-il un événement d’ordre privé ou public ? Cette " base granitique du Sénat républicain" 1bénéficie-t-elle des honneurs et de l’hommage de la nation, ou disparaît-elle dans une relative indifférence ? Ces interrogations ont servi de point de départ à un dépouillement de la presse de l’époque. En effet, les dictionnaires et biographies restent muets sur les circonstances de la mort et le deuil qui s’en suit. Rien n’y figure sur cette étape fondamentale qui est l’occasion de témoigner son affection, de rappeler l’influence des sénateurs à vie et de contribuer à leur "immortalisation" par des écrits et des commémorations.
Les pulsions de la mort
2Il y a une nécessité de "lieux" pour mourir et pour se rassembler autour de l’agonisant. Celui-ci meurt chez lui, entouré des siens, c’est alors un drame partagé par le mourant et son entourage2. L’hospitalisation est relativement rare, seul, Bérenger, décède dans une maison de santé à Paris.
3La maladie les éloigne de la vie politique, cependant ils meurent plus souvent dans leur résidence parisienne, moins dans leur propriété provinciale : Paris et banlieue 64,55 % dont seulement 5,17 % à Versailles ou en proche banlieue (le retour des Chambres à Paris en 1879 ayant peu de conséquences) ; province 35,34 %. Ce dernier pourcentage paraît assez fort pour des hommes exerçant une fonction politique prenante et parisienne. Les célibataires et les veufs meurent en-dehors de chez eux, Wolowski chez son gendre, Lanfrey chez la sœur du marquis de Moncade et Dupanloup chez des amis.
4Plus de 73 % meurent après 70 ans, et 42 % entre 70 et 79 ans. Ricard et Lanfrey décèdent avant 50 ans, sept dépassent les 90 ans. Cette moyenne d’âge très élevée est encore une nouvelle cause de leur éloignement des affaires3. La vieillesse est souvent synonyme de maladie et de souffrance. Montalivet ne siège qu’un seul jour et sa santé le retient dans son château de la Grange près de Sancerre4. Une santé ébranlée éloigne de la scène politique (Perier ou Léon Maleville), oblige à des séjours plus ou moins longs en province (Greffulhe)5. Martel se démet de ses fonctions de président du Sénat et se retire à Evreux où il s’éteint. Baragnon, ayant perdu la vue, se réfugie à Nîmes, son pays natal. Ou encore, le premier inamovible, d’Audiffret-Pasquier, meurt en juin 1905. Le Journal des Débats relate l’événement : "la génération présente a peu connu M. le duc…) qui vient de s’éteindre à quatre-vingt et un ans, elle n’a pas oublié le rôle considérable dans l’après guerre" (5 juin 1905). L’inamovibilité, c’est aussi la disparition de la scène politique. " Son portrait s’est peut être effacé de quelques mémoires, M. Duclerc avait quitté le pouvoir depuis 1883 et s’était renfermé strictement dans son mandat de sénateur inamovible ce qui était presque une disparition pour le public" 6.
5La cause du décès peut être une longue et cruelle maladie (seize cas), liée à des infections (quatorze cas), à une dégénérescence cérébro-vasculaire ou cardio-pulmonaire dont l’issue fatale est très rapide (quinze cas). La mort peut être provoquée par des accidents comme la chute de Chabaud-Latour dans un escalier, ou Frébault renversé par une voiture. Elle peut être précipitée par le chagrin de la perte de l’être cher (Crémieux)7, comme Lalanne cinq jours après sa femme, ou Berthelot, quelques minutes après son épouse depuis longtemps alitée8. La mort du conjoint est vécue comme une meurtrissure : très affecté par la mort de son épouse et de son fils Denis, en 1903 et 1904, d’Audiffret-Pasquier meurt l’année suivante. Le décès peut paraître étrange. Un simple verre de lait froid, pas même glacé, semble être à l’origine de la mort d’Auguste Casimir Perier le 6 juillet 18769, Chanzy meurt d’une apoplexie ou d’un grave empoisonnement à la suite d’un banquet, on pratique d’ailleurs une autopsie.
6Jusqu’à la loi du 10 décembre 1884, la vacance d’un siège de sénateur inamovible est réglée assez rapidement. La prière d’un journaliste du Petit Parisien résume parfaitement la situation après 1884, "Frères il faut mourir ! "10. L’inamovibilité disparaît dorénavant après leur mort, son siège devenant celui d’un sénateur ordinaire. En 1918, le dernier sénateur inamovible, Marcère, meurt à 90 ans, il est présenté comme " une curiosité, un étrange et curieux spécimen d’une constitution de 1875 due à l’Assemblée de Versailles" 11.
L’annonce du décès
7La mort, ou l’approche de la mort, est le moment où la parole devient singulièrement vivante. La mort peut être annoncée prématurément, un mois avant pour Wolowski12. Elle se prépare par des bulletins de santé communiqués à la presse, ils permettent de suivre jour après jour l’évolution de la maladie (Carnot) ; les symptômes y sont décrits avec force détails13. A l’opposé, elle peut passer presque inaperçue comme celle de Franclieu : "On prévoyait une séance (au Sénat) courte et sans importance. La salle est peu remplie et plus d’un sénateur assistait aux débats de l’autre chambre" 14. L’annonce par le Président du Sénat peut être qualifiée de "réglementaire", restant tout de même l’expression des regrets de perdre un "homme distingué", "un homme honorable" 15. Elle produit une surprise douloureuse. Le Président du Sénat retrace les traits saillants de la carrière du général d’Aurelle de Paladines16. Elle révèle parfois une profonde émotion comme l’annonce de la mort de Dufaure par le président Léon Say "Messieurs les sénateurs, je suis obligé d’interrompre la discussion sous le coup d’une profonde émotion. Je viens d’apprendre la mort de M. Dufaure (sensation prolongée de l’assistance). Ce grand honnête homme n’est plus (…). Il était la plus haute incarnation du régime parlementaire, il en avait tous les scrupules, et notamment celui du respect des minorités (…) je ne saurai songer à esquisser sa biographie. Je veux surtout rendre hommage au cœur de l’homme qui était excellent. Sous une enveloppe parfois un peu rude, il cachait des tendresses exquises (l’assistance : très bien, très bien)" tels sont relatés le discours à vif et les réactions de l’assistance17.
8A la lecture des journaux, il se dégage une certaine lassitude. " Cela devient une habitude, on a prononcé l’éloge funèbre d’un inamovible et puis on a repris la discussion du projet de loi relatif à la constitution des universités" 18. Il est vrai que Lalanne est le 77ème sénateur inamovible décédé.
9La mort est socialement reconnue par la déclaration à la mairie d’arrondissement, mais seulement un quart des actes de décès désigne le défunt comme sénateur inamovible. L’envoi de la lettre de faire-part et de cartes d’invitation fait partie des traditions, il est introduit dans les manuels de savoir-vivre avant le XIXème siècle. Le message est choisi dans l’urgence du deuil et pris dans la collection de faire-part proposée par les pompes funèbres. C’est le témoignage d’une peine et d’un regret. La formule générale : " ont l’honneur de faire part de la perte douloureuse qu’ils viennent de faire (ou d’éprouver) en la personne de", révèle une certaine neutralité et pudeur. Y est mentionné le cérémonial, avec une formulation assez sèche : " vous êtes priés d’assister", voire la spécificité religieuse, messe ou culte, la réunion à la maison mortuaire, l’inhumation après le transport du corps.
10Sur les soixante-dix faire-part (Ln1 77 B.N.), rassemblés par Michel Richard, neuf mentionnent l’inamovibilité du sénateur (Lavergne (en capitales), Foubert, Schérer, Baragnon, Krantz, Denormandie, Saisy, Billot, Gouin), un seulement comme "sénateur nommé par l’Assemblée nationale" (Fourcand). Le statut d’inamovible s’efface devant les autres distinctions honorifiques et dignités. A la fin d’un avis fort conventionnel, l’annonceur prend la parole de manière personnelle, exprimant ainsi la volonté du défunt. Le caractère religieux de l’événement est très accentué, cinquante-trois comportent des formules telles que "Priez Dieu pour lui" (six cas), "priez pour lui !" (seize cas), "de profundis" (six cas) ou "ils le recommandent à vos prières". Ceux de confession protestante y ajoutent des extraits d’épîtres de saint Paul, aux Hébreux, de l’Évangile selon saint Jean, "Jésus lui dit : Je suis la résurrection et la vie, celui qui croit en moi encore qu’il soit mort vivra", Chap XI, v.25 2, selon saint Matthieu, une citation de Pascal. La clôture de l’annonce par "ni fleurs ni couronnes" n’est pas l’indice d’une absence de pratique religieuse mais plutôt le désir d’une cérémonie dans la stricte intimité.
Deuils privés, deuils publics
11Les obsèques sont majoritairement religieuses, la plupart catholiques, dix avec une cérémonie au temple luthérien ou réformé : Broca, Chabaud Latour, Clamageran, Dietz-Monnin, Fourcand, Jauréguiberry, Maleville Léon, Pressensé, Roger du Nord, Wurtz, trois en présence d’un pasteur au chevet du défunt ou au cimetière : Macé, Pelletan, Le Royer, un en présence du rabbin : Crémieux. Les obsèques civiles sont plus difficiles à déterminer : Adam, Laurent-Pichat, Corbon, Campenon, Deschanel, Berthelot, Testelin, Schérer, Scheurer-Kestner. Ces enterrements civils peuvent constituer pour quelques républicains convaincus le moyen d’afficher et d’affirmer leur hostilité à l’Église (Laurent-Pichat)19. Le scandale des obsèques religieuses du franc-maçon Lanfrey démontre que les dernières recommandations d’un testament ne sont pas toujours respectées scrupuleusement.
12A l’inverse du lieu du décès, 67,25 % des services funèbres se déroulent en province, avec parfois le transport du corps directement en province (Chanzy, Frébault, Duclerc, Grandperret, Bérenger), seulement 32,75 % ont lieu dans des paroisses parisiennes (dont près de la moitié dans le VIIIème arrondissement) et de la proche banlieue20.
13La rareté des doubles services religieux, seulement cinq cas21, dénote un fort attachement au pays d’origine. Le transport du corps, accompagné des seuls membres de la famille, se fait souvent par voie ferrée. Le corps de Buffet, transporté de Paris à Mirecourt, est accompagné par sa veuve, ses fils, son gendre et sa fille, après il est vrai une cérémonie en l’église Saint-Louis d’Antin22.
Les funérailles nationales
14Sur les quatre-vingt deux funérailles d’État recensées par Avner Ben Amos23, six sénateurs inamovibles entrent officiellement dans la mémoire nationale (1876 Ricard, 1877 Changarnier, 1880 Crémieux, 1883 général Chanzy, 1896 Jules Simon, 1907 Berthelot), un seul est panthéonisé, Berthelot avec son épouse. Véritable "canonisation laïque", les restes de Schoelcher sont transférés au Panthéon en mai 1949.
15Traduisant "l’expression des sentiments du gouvernement et du peuple " 24, les funérailles nationales ne sont pas contestées, l’estime que méritent les défunts, en particulier pour leur courage militaire, n’est pas remise en cause. Cependant, lors de la séance du 15 février 1877 au Sénat, entièrement consacrée à la question des honneurs funèbres à rendre à Changarnier, le général Cissey demande au Sénat de voter par acclamation des obsèques aux Invalides et aux frais de l’État. Cette proposition "ex abrupto" cause une vive surprise puisque les intentions du gouvernement ne sont pas encore connues25. En effet, les funérailles dites "nationales" surviennent après que le gouvernement ait obtenu l’approbation des deux Chambres, et non l’inverse. La cérémonie destinée à ces "homme(s) de France" 26s’adresse au peuple parisien et à toute la nation, elle se veut une commémoration publique, combinée à une manifestation de rue.
16Pour ces grandes manifestations de deuil public, les figures républicaines choisies ont un caractère multiple : quarante-huitard, homme de droit et défenseur des juifs (Crémieux), jeune ministre en fonction au brillant avenir (Ricard), hauts dignitaires de l’armée lié à la conquête de l’Algérie ou ayant combattu en 1870 (Chanzy et Changarnier), personnification du monde de la politique, des lettres, des beaux-arts, de la finance et de la magistrature (Jules Simon), "une des gloires de la science française" (Berthelot)27 dont le projet de panthéonisation repose sur "un sentiment de haute convenance et pour rendre un nouvel hommage à la mémoire de ce grand citoyen" 28.
17Si "les éclatants services rendus par le général (Chanzy) au pays et à l’armée et ses hautes fonctions civiles méritent le témoignage de la reconnaissance nationale", l’influence de la famille Chanzy sur le déroulement de la cérémonie est décisive. Trois jours après son décès, le gouvernement décide que les funérailles seront célébrées par "les soins de l’État et aux frais du trésor public". Le choix des Invalides s’impose pour une telle démonstration publique et officielle, mais il s’efface devant le désir impérieux des proches d’une célébration au siège même du commandement exercé, à Châlons-sur-Marne, "même si la population parisienne qui a donné un si grand exemple hier est privée de rendre ses derniers devoirs à celui qui a contribué avec Léon Gambetta (…)" 29.
18Selon La Tribune médicale, Broca aurait dû bénéficier des funérailles nationales30. En 1889, les funérailles du ministre de la Marine Jaurès sont organisées aux frais de l’État pour un montant de 10 000 francs et son déroulement, aux Invalides, revêt un caractère aussi solennel que national31. En 1897, les funérailles du président Le Royer, payées par le Sénat, sont précédées d’une levée de la séance en signe de deuil. A Bordeaux, la municipalité prend en charge les funérailles de Fourcand.
Les funérailles institutionnalisées
19Les honneurs militaires sont rendus, lors des funérailles des membres de la Légion d’honneur, sans distinction entre l’ordre militaire et civil. Toute somptueuse cérémonie inclut une longue procession, une magnifique décoration et la participation des troupes, les tambours battant aux champs, accompagnés ou non de la musique. Le cérémonial pour Letellier-Valazé, en 1876, débute devant la maison mortuaire par les honneurs militaires rendus par deux bataillons du 24ème de ligne, un escadron de cuirassiers, le général Bouillé commandant le service. Pour Barrot, en 1883, c’est un détachement du 131ème ligne, un escadron du 4ème régiment de cuirassiers et deux batteries du 13ème régiment d’artillerie32.
20Gardienne de l’esprit national, l’armée rend hommage au soldat plus qu’au légionnaire en figurant dans les funérailles de Billot, Chadois, Farre, Chanzy, Letellier-Valazé, Tocqueville. C’est aussi un moyen pour la franc-maçonnerie et la libre pensée d’associer l’armée à des cérémonies civiles (Deschanel). C’est surtout le privilège des honneurs après une vie bien remplie (Lavergne, Perier, Barrot, Dupuy de Lôme, Wurtz, Bardoux, Le Royer, Pelletan, Ricard, Simon, Wallon).
21Le refus des honneurs militaires est difficile à rapprocher d’une attitude particulière. Pour le vice-amiral Fourichon en 1884, " On assure que la disposition testamentaire du défunt relative aux honneurs militaires exprimait le vœu patriotique que ces honneurs ne lui soient pas rendus tant que la France n’aurait pas repris l’Alsace et la Lorraine" 33. C’est peut être aussi le cas du vice-amiral Jauréguiberry en 1887. Pour la plupart, l’organisation des obsèques, où simplicité et intimité sont exigées, peut être une explication : le général Frébault, Corbon et Campenon en 1891, le vice-amiral Peyron en 1892, Barthélémy Saint-Hilaire en 1895, Chesnelong en 1899, Denormandie en 1902.
22Le Président de la République n’est jamais présent dans le cortège ou dans l’assistance, mais il peut se faire représenter par le général Pittié (Fourichon et Wurtz en 1884 ; Foubert en 1886), par le colonel Lichtenstein (Pelletan, 1884, Dupuy de Lôme, 1885, Faire, 1887), par le général Tournier et le commandant, officier de la maison militaire (Le Royer, 1897).
23A chaque décès est procédé un tirage au sort de la députation du Sénat qui assiste aux obsèques34. Sauf refus formulé clairement, comme Rampont-Lechin en 1888, ou pour certaines cérémonies provinciales, le Sénat est représenté par vingt-cinq de ses membres. Cette présence réglementaire laisse à chacun toute liberté d’action et le bureau du Sénat, avec en tête le président Le Royer, suivi des questeurs et des huissiers, assiste au service en mémoire de Dupuy de Lôme en 188535.
24La maison mortuaire est transformée en lieu de pèlerinage. Cette étape intermédiaire, où le corps est veillé par la famille et les amis, est l’occasion d’honorer le défunt en s’inscrivant sur les registres ouverts pour la circonstance : le commandant Legrand de la part du Président de la République, des ministres, le président du Sénat (Bardoux, 1897). Un défilé d’équipages et de voitures dépose des visiteurs au domicile d’Hippoyte Carnot, chacun vient remettre sa carte et inscrire son nom sur le registre, les présidents des deux Chambres, le préfet de la Seine36. Le Tout-Paris vient se recueillir sur la dépouille d’Haussonville en signant sur le registre : la princesse Louise de Broglie, le comte de Paris, La Rochefoucauld, le prince Murat, Casimir-Perier, Denormandie, toute l’Académie française37.
25Ce premier événement de théâtralisation est encore accentué par le décor funèbre, des tentures, des cartouches à initiales posés sur la façade de la maison du défunt, signalant qu’une réunion est prévue avant le départ du cercueil. La porte de la maison de Broca, les grilles de l’hôtel de Casimir Perier, l’entrée principale du Palais du Luxembourg, lors du décès de Pelletan, sont tendues de draperies noires avec les initiales du défunt brodées en argent.
26Le corps exposé revêt un décorum particulier, le militaire avec son uniforme et ses décorations, l’homme politique avec son costume noir. En 1876, le corps de Letellier-Valazé est placé sous un catafalque recouvert de velours noir bordé d’argent qui disparaît presque sous les fleurs, les bouquets, les insignes et les décorations du défunt. En 1884, le corps de Pelletan est exposé dans une chapelle ardente installée dans un grand vestibule du rez-de-chaussée, avec de nombreuses couronnes de fleurs autour du cercueil. Sur le cercueil de Jauréguiberry sont disposés ses décorations, son épée, son costume d’amiral38, de même pour Billot39. Le corps de Le Royer, disparaissant sous les fleurs et les couronnes, est exposé dans le grand salon du 3ème étage transformé en chapelle ardente, les murs tendus de noir et un catafalque surmonté d’un dais sur lequel sont placés les insignes de sénateur. Un pasteur protestant récite debout les prières d’usage, avant le départ au cimetière40, même cérémonie pour Pelletan, et une simple réunion à la maison mortuaire pour Adam et Testelin.
27A l’extérieur de l’église, l’espace de l’hommage signifie silence et recueillement. En 1876, le char funèbre de Perier se met en marche au milieu d’une foule recueillie, se découvrant respectueusement41. Pour saluer Agénor Bardoux, "la moitié de la population était dans l’église, l’autre moitié dans la rue" à Clermont-Ferrand42. La mort, avec son cortège funèbre dans la ville, entre dans le décor de la vie. Les fenêtres de toutes les maisons voisines du domicile du général Faire sont garnies de monde, la foule est massée aux abords de l’église Saint Augustin, l’industrie improvisée des loueurs de chaises et d’échelles fleurit, la circulation est interrompue, des curieux s’installent jusque sur les toits, c’est l’événement à suivre43.
28La procession renferme une hiérarchie, la famille, l’Église, l’armée, les personnalités s’y côtoient. Le deuil est toujours conduit par les membres de la famille. En 1876, la famille Perier précède les deux huissiers des deux Chambres, les sénateurs et les députés, de même pour la famille Barrot en 1883. Mais la députation du Sénat marche devant les deux fils de Foubert44. Le corbillard est suivi de la famille de Broca en 1880 puis de la députation dans un ordre convenu : le Sénat, la Faculté de médecine de Paris, celle de Lyon, l’Académie de médecine, les chirurgiens des hôpitaux, les internes, la Société d’anthropologie, les étudiants, les invités. En avant du char mortuaire de Wurtz disparaissant sous les fleurs, les étudiantes en médecine et les doctoresses forment un groupe avec une couronne "Au professeur Wurtz, souvenir de reconnaissance". Le char mortuaire est suivi des députations du Sénat et de la Chambre des députés, de l’Institut, de l’Académie de médecine, des sciences morales et politiques, la Faculté des sciences et médecine, la Société d’anthropologie45.
29Derrière le cercueil du général Billot, son cheval de bataille mené à la main par deux ordonnances, la famille conduit le deuil, précédant les officiers d’ordonnance, le secrétaire général de la présidence, le colonel Ebener représentant le Président de la République, le président du Sénat et le bureau46. Derrière un corbillard de 3ème classe, orné aux quatre angles de trophées multicolores, supportant le cercueil de Faire en 1887, suivent le colonel Lichstentein, le ministre de la Guerre et son État-major, un aide de camp du ministre de la Marine, le gouverneur de Paris, les officiers du général Farre, les députations du Sénat et de la Chambre.
30Certaines dispositions sont prises. Les cours sont suspendus pour permettre aux élèves et professeurs d’assister à l’enterrement de l’ancien doyen de la Faculté de médecine, Wurtz. En signe de deuil, l’Académie française ne tient pas sa séance hebdomadaire47. Un service d’ordre est placé autour du temple de l’Oratoire lors de la célébration pour Jauréguibérry, tant la foule est importante.
31La décoration de l’église, les tapis qu’on déroule, les couronnes et les arrangements floraux, les armoiries et les devises du char funèbre, tout doit refléter la position sociale du défunt et surtout le caractère religieux de la cérémonie. Toute une mise en scène théâtrale est en place, la décoration intérieure de l’église Saint-Philippe-du-Roule est très simple et l’ornementation sobre : pas de dais majestueux au-dessus du catafalque, pas de lampadaires à flamme verte pour les funérailles d’Hippolyte Carnot. A l’intérieur de l’église, les bas-côtés et le fond du choeur sont tendus de noir avec des écussons garnis en relief de l’initiale du général Letellier-Valazé. Le cercueil recouvert d’un drap noir, avec une croix d’argent repose sur un riche catafalque élevé sur quatre gradins, entourés de cierges et ayant aux quatre coins un immense candélabre. Des sièges, également tendus de noir sont réservés aux députations du Sénat, de la Chambre et de l’armée48.
32Le drap mortuaire joue comme tout "vêtement", révélant tout en masquant. Le drap funéraire, appelé poêle, est une grande couverture souvent brodée avec une croix et les instruments de la passion qu’on étend sur les cercueils, des cordons en pendent. Les cordons du poêle sont tenus par les amis du défunt désirant honorer le mort comme le suggère la présence du président de l’Assemblée nationale Jules Grévy (Picard, Tocqueville 1877), du président du Sénat Émile Loubet (Bardoux et Le Royer en 1897), du président du Conseil (Pelletan), du vice-président du Sénat (Broca, Perier, Foubert) de la Chambre (Pelletan) Béhic, représentant le Sénat impérial (Barrot 1883, Dupuy de Lôme 1885), des généraux et vice-amiraux (Fourichon 1884, Jauréguibérry, Dupuy de Lôme, Billot, Letellier-Valazé, Faire), des ministres de l’Instruction publique (Broca, Bardoux), garde des Sceaux (Le Royer), des Affaires étrangères (Bardoux) ; de l’Institut et de l’Académie (Broca, Lavergne, Perier, Bardoux), des sénateurs inamovibles (Picard, Tocqueville, Barrot, Pelletan), des sénateurs et députés (Perier, Foubert, Le Royer, Faire), des associations et sociétés.
Le deuil dans l’intimité
33Certaines conduites du chagrin et le travail de deuil conservent un caractère intime. Les choix des défunts sont exprimés clairement dans un testament ou auprès d’un membre de la famille, c’est "la fidélité au principe de toute sa vie" pour le général Frébault, "le suprême désir" de Peyron, "le désir exprimé dans son testament" pour Barthélémy Saint-Hilaire, "le désir de la famille" pour Corbon ou Tirard.
34Organiser une cérémonie dans l’intimité, en l’absence des honneurs militaires (Audiffret-Pasquier, Peyron, Barthélémy Saint-Hilaire, Wallon, Brun, Krantz), des discours officiels (Allou, Wallon, Lefebvre-Laboulaye, Campenon, Peyron, Chesnelong), des fleurs et couronnes (Audiffret-Pasquier, Brun, Krantz, Barthélémy Saint-Hilaire, Deschanel) ou des trois à la fois (Denormandie), permet à la famille d’exprimer ce qu’elle ressent devant la mort, loin du deuil ritualisé et socialisé, impersonnel et froid qui joue le rôle d’un écran entre la famille et le mort.
35Ce désir de privatiser le deuil passe par une provincialisation de l’événement, Magnin, un des derniers fondateurs de la République, un des quatre derniers inamovibles avec Bérenger, Cazot et Marcère, a pour seule cérémonie parisienne, l’inscription sur le registre, à son domicile parisien. Son corps placé dans un fourgon mortuaire est envoyé à Dijon49. Le corps du général Frébault enlevé de son appartement parisien est transporté à Saint-Julien-du-Sault50.
36Allou, célèbre avocat, exige le silence autour de sa tombe en 1888, comme Lefebvre-Laboulaye. "Il est de ces chrétiens qui veulent autre chose que des éloges au bord d’une tombe "51. Des hommages lui sont rendus dans les lieux où sa voix s’est fait entendre, au Collège de France, à la Société Franklin, à la Société de législation comparée, au Sénat. Le frère du général Campenon, capitaine de frégate, remercie en quelques mots l’assistance présente à ses obsèques civiles52. Les discours prononcés témoignent de l’estime portée au défunt : Deschanel par Chaumié au nom du gouvernement, au nom de l’Union républicaine, du Sénat, du Collège de France, de l’École Normale Supérieure, de la Société des gens de lettres ; Tirard, par Challemel au nom du Sénat, Dupuy au nom du gouvernement, et Jules Claretie, de ses amis53.
37La veillée mortuaire, la mise en bière et le transfert du corps hors de la maison constituent un processus de séparation, avec une cérémonie d’ordre privé, faite en présence de la famille et de quelques amis intimes, avec le seul frère du général Campenon, les fils de Wallon, la famille et les intimes de Deschanel.
38La cérémonie se doit d’être très simple. Pour Peyron, un catafalque s’élève au milieu de la nef de Saint-Sulpice, les murs ne sont pas tendus de noir54. Aucune couronne n’est déposée sur le corbillard de 4ème classe de Barthélémy Saint-Hilaire, de 5ème classe pour Corbon. Conformément aux vœux de la famille, les funérailles de Tirard sont d’une modestie et d’une simplicité, qualifiée de touchante par les observateurs de l’époque. Ni l’imposant attirail des grandes cérémonies funèbres, ni les chars superbement empanachés et luxueusement décorés mais seulement un corbillard de 3ème classe pour celui qui fut deux fois président du Conseil et plusieurs fois ministre55.
39Cette simplicité est en partie détournée en raison de la situation politique du défunt par l’organisation du convoi funéraire, la présence des attributs symbolisant le défunt, et surtout des personnalités désirant rendre un dernier hommage. Le registre déposé chez le concierge du domicile de Wallon reçoit pour premier signataire le Président de la République. Les autographes les plus prestigieux sont relevés sur le registre de condoléances de Deschanel, le Président de la République, Fallières président du Sénat, Brisson président de la Chambre, les ministres présents à Paris, les membres du parlement, de l’Institut et de l’Université56. L’envoi des dépêches au fils d’Ernest Denormandie par le duc d’Orléans, la comtesse de Paris, le duc de Chartres et les autres princes de la Maison de France sont autant de preuves de leur considération ultime57. Lors de la cérémonie funèbre de Peyron, le gouvernement se fait représenter par le ministre de la Marine et par Fallières, ministre de la Justice58. Le Président de la République est représenté par un capitaine de vaisseau pour Peyron, Barthélémy Saint-Hilaire, Wallon ; par le commandant Pittié pour Deschanel. Sur le cercueil du général Campenon sont déposées son épée, sa tunique et ses décorations, le char de Peyron ou de Deschanel est couvert de fleurs.
40L’intimité demandée par la famille de Tirard n’est qu’illusoire. Une foule attend aux abords de la maison mortuaire tendue d’un drap noir frangé argent. Le char traîné par six chevaux est littéralement couvert de couronnes, entre autres celle de l’ancien comité Bancel, de la délégation de la bijouterie, des membres du jury des Expositions universelles, de la délégation du commerce. Derrière, placée sur un brancard porté par des huissiers du ministère de l’Intérieur, une couronne entourée d’un grand noeud tricolore, avec l’inscription "le Conseil des ministres", une autre couronne portée par les huissiers de la présidence de la République avec l’inscription "le Président de la République" puis le corbillard de troisième classe avec deux couronnes de fleurs "à mon oncle" et "à P. Tirard ses attachés du cabinet au ministère des finances 1882-1887 et 1892", unissant dans la même douleur les intimes et les représentants de l’État59.
41L’affluence est considérable, non seulement la délégation réglementaire du Sénat assiste aux derniers hommages rendus à Barthélémy Saint-Hilaire, mais sont présents Casimir Perier, Challemel-Lacour, président du Sénat et des représentants des différents ministères, et, Billot, Cazot, Bardoux, Buffet, Chesnelong60. Pour les funérailles de Denormandie, une longue liste de personnalités est présente dont Casimir-Perier, les représentants des ministres des Finances, du Commerce et des Travaux publics. Malgré la simplicité voulue, "son existence fut celle d’un sage et d’un simple", les obsèques de Wallon constituent une imposante manifestation et derrière son cercueil sont réunies toutes les notabilités du monde de la politique, des arts, sciences et lettres61.
42Le désir de la famille Corbon est de limiter à quelques amis les convocations aux funérailles et de refuser les honneurs militaires. Les funérailles civiles réunissent derrière le corbillard un grand nombre de notabilités politiques, amis ou adversaires, le neveu du défunt, puis le bureau du Sénat et les délégués des nombreuses associations républicaines et philanthropiques, les anciens combattants de Février représentés par une délégation "officieuse " et les derniers saint-simoniens, offrande d’un suprême adieu au compagnon de Carnot et d’Enfantin62.
43Mourir en province c’est mourir loin du monde politique. Retiré du pouvoir depuis 1883, Duclerc meurt à Paris et demande à ce que la cérémonie ait lieu dans la petite église de Saint-Pierre-d’Irube (Basses-Pyrénées)63. L’assistance, nombreuse, ne comprend aucune délégation du Sénat mais des personnalités locales, du tribunal et de la chambre de commerce, de la municipalité de Bayonne. Un bataillon et la musique du 49ème de ligne, la direction des douanes, les gendarmes et les gardes de ville forment le service d’ordre. Les discours du préfet des Basses-Pyrénées, du directeur de la caisse des dépôts et consignations, et du sénateur Plantié donnent une pâle idée de ce qu’a été cet ancien ministre des finances et sénateur, bayonnais de cœur et d’adoption64. Les funérailles de Cazot à Alais, en 1912, ne semblent pas plus marquer le monde parisien. Le gouvernement délègue Reboul, directeur du personnel au ministère de l’Intérieur, un de ses compatriotes. La cérémonie rassemble des notabilités du parti républicain et les amis du défunt65.
44Après avoir reçu les honneurs militaires devant la maison mortuaire, le cercueil de Chadois est transporté à bras jusqu’à l’église de Bergerac. Le cortège réunit toutes les associations locales, de la société de gymnastique ou celle du secours mutuel en passant par les pensionnés de l’hospice, les élèves de l’école communale et la municipalité. Des discours sont prononcés devant le monument des mobiles, par le sous-préfet au nom du gouvernement, le 22ème régiment des mobiles, Pozzi au nom du Sénat, La Batut, au nom de la Chambre66.
Du corps et de l’âme
45Selon la volonté du défunt et de la famille, l’inhumation a lieu en province, généralement dans le caveau familial. C’est le retour à l’intime et aux racines de la famille, avec l’absence de discours sur la tombe et de défilé des personnalités. Seulement 31,03 % des sénateurs sont inhumés à Paris dont Berthelot et Schoelcher au Panthéon67. Seul, Clamageran est incinéré après une cérémonie à l’Oratoire du Louvre, et les cendres déposées dans le caveau de la famille Hérold.
46Véritable sublimation de certains défunts, des moulages sont réalisés dans la chambre mortuaire, empreinte du cerveau de Broca par Chudzinski68 ou du visage de Jules Simon par le sculpteur Enjalbert69. Très nombreux, les portraits et bustes exécutés parfois de leur vivant (Berthelot) ou après la mort, parfois plusieurs dizaines d’années après, les présentent dans leur fonction, Broca mesurant un crâne avec un crâniomètre de son invention ; Pelletan debout, la tête légèrement inclinée sur la poitrine, un livre à la main, dans une attitude méditative, le regard tourné vers la mer ou vers l’infini70.
47La commémoration, véritable "statuomania"71, sous toutes ses formes est traduite par des érections de bustes et de monuments, par des célébrations d’anniversaires, par des éloges publiés. L’immortalité n’est-elle pas un privilège accordé à ceux qui sont les plus aptes à survivre du point de vue politique ou spirituel ?
48L’inauguration du monument de Macé, sur la place Armand Carrel le 13 juillet 1900, est l’occasion d’un défilé d’enfants et d’adolescents affiliés aux amicales de la région parisienne, d’un dépôt de gerbes de fleurs par les jeunes filles du pensionnat de Beblenheim et de l’exécution de "l"hymne à la Science et à la Paix"72. Célébrité posthume venant de l’affaire Dreyfus plus que de sa vie militante, telle doit être considérée la statue de Scheurer-Kestner, confiée au ciseau de Dalou et Becker. Elle est inaugurée à Paris dans le jardin du Luxembourg, le 11 février 1908, jour anniversaire de sa naissance, en présence du Président du Conseil, Clemenceau. L’image consensuelle de la République incarnée par son portrait placé entre deux allégories féminines, la justice et la vérité fut souillée et même mutilée en 190973. Dans la galerie des grands hommes du Palais du Luxembourg, dite "galerie des bustes", se retrouvent Wallon, Tirard, Jules Simon, Le Royer, Jauréguibérry, Dufaure, Chanzy, Carnot.
49La tombe, la maison ou le monument commémoratif immortalisent la mémoire du défunt. Certains en font le lieu d’une présence physique, d’une vague survivance et viennent s’y recueillir. C’est l’entrée dans la mémoire nationale par la célébration des anniversaires et des pèlerinages. Un pèlerinage est organisé à la maison de Saint-George-de-Didonne, pour évoquer le souvenir de Jarousseau et de Pelletan, le 5 décembre 1909. Le 25ème anniversaire de la mort de Macé est célébré à l’instigation de la Ligue française de l’Enseignement par un dépôt de fleurs et de couronnes au pied du monument74. En juillet 1912, lors d’un déplacement à Beblenheim sur les traces du fondateur de la Ligue de l’enseignement, les ligueurs emportent avec eux quelques poignées de la terre d’Alsace pour les déposer à Saint-Dié sur sa tombe.
50La mort est silence et pourtant c’est l’occasion de prononcer de nombreux discours, allocutions, éloges, de retracer les traits des "grands hommes", et par conséquent de les immortaliser. Les discours de réception à l’Académie française, les notices de Georges Picot, lues en séance publique à l’Académie des sciences morales et politiques, les éloges nécrologiques lus à l’occasion des assemblées annuelles du Bâtonnat sont autant d’hommages rendus et publiés.
51L’oubli est le vrai linceul des morts. Certains ont voulu rappeler leur attachement en précisant le rôle assuré dans l’Institution républicaine par leur père ou grand-père : discours et plaidoyers de l’avocat de renom Allou, publié par son fils Roger, préface d’un recueil des discours prononcés à la cour de cassation par le petit-fils de Renouard, lui-même prix Nobel en 1913, mémoires de Chesnelong, mémoires d’Audiffret Pasquier publiées en 1938 par son petit-fils Etienne-Denis.
52Certaines rues portent le nom d’un sénateur inamovible, à Paris : Broca, Wurtz, Eugène Pelletan, Laurent-Pichat, Littré, Schoelcher, Changarnier, Chanzy, Corbon, Crémieux, Dietz-Monnin, Dupuy de Lôme, à Caen, une rue Bertauld, à Colmar, une place Scheurer-Kestner, à Bordeaux, une rue Carayon Latour, à Tours, l’hôtel Gouin transformé en musée, à Bordeaux, une rue Fourcand. Quelques-uns doivent leur renommée à la défense des projets de loi comme l’amendement Wallon, le décret Crémieux.
53Le point de vue privé ne rejoint pas forcément le miroir de l’Histoire. Le souvenir des grands hommes, de cette lignée des quarante-huitards et pères fondateurs de la Troisième République, des inspirateurs de la "tradition républicaine" prend une toute autre dimension qui rejoint parfois les souhaits de la famille. Mourir est un acte public dans lequel le mourant assume le premier rôle. Ses dernières paroles sont recueillies avec respect et sont publiées dans des journaux à grand tirage, ses œuvres sont publiées, sa mémoire reste vivante.
Annexe
Famille originaire de Veurdre-en-Bourbonnais
Source : F. Mayeur et C.R.H. du XIXe siècle
Notes de bas de page
1 Duclerc, L’Indépendant des Basses-Pyrénées, 24 juillet 1888.
2 Berthelot, L’Illustration, 23 mars 1907, p. 193 ; Carnot, Le Siècle, 15 mars 1888, Montalivet, L’Illustration, 10 janvier 1880, p. 22.
3 Nous ne disposons pas de chiffres comparables mais selon les démographes, l’espérance de vie est passée de 52 ans en 1920 à plus de 75 ans aujourd’hui : Histoire de la population française, Paris, PUF, t. 4, 1988, p. 234.
4 L’Illustration, n° 1924, 10 janvier 1880.
5 Le Temps, 10 avril 1879.
6 Le Figaro, 22 juillet 1888.
7 L’Ilustration, 13 février 1880, p. 132.
8 L’Illustration, 23 mars 1907, p. 193.
9 Jacques Wolff, Les Perier. La fortune et les pouvoirs. Paris, Economica, 1993, p. 301.
10 Le Petit Parisien, 16 décembre 1884.
11 Le Petit Parisien, 28 avril 1918.
12 Le Siècle, 16 août 1876.
13 Jaurès, Le Petit Parisien, 16 mars 1889 ; Audiffret-Pasquier, Journal des débats, 4 juin 1905.
14 Journal des Débats, 14 novembre 1877.
15 Picard (Journal des Débats, 15 mai 1877).
16 Journal des Débats, 18 décembre 1877.
17 Journal des Débats, 28 juin 1881.
18 Le Gaulois, 15 mars 1892.
19 voir les travaux de Jacqueline Lalouette, notamment "Les enterrements civils dans les premières décennies de la Troisième République", Ethnologie française, 1983, n° 2, p. 111-128 et " Funérailles civiles : d’un siècle à l’autre", Autrement, n° 128, "Deuils", mars 1992, p. 190-219.
20 1er : Saint-Germain-de-l’Auxerrois (Picard) ; 5ème : Saint-Etienne-du-Mont (Gresley) ; 6ème : Notre-Dame-des-Champs (Littré, Cordier) ; Saint-Sulpice (Chareton, Kolb-Bernard, Peyron, Brun) ; Saint-Germain-des-Prés (Tirard, Wallon) ; 7ème : Saint-Louis-des-Invalides (Changarnier, Pothuau, Jaurès) ; Sainte-Clotilde (Lafayette, Fourichon, Foubert) ; 8ème : La Madeleine (Letellier, Greffulhe, Lavergne, Dupuy de Lôme, Simon) Saint-Pierre-de-Chaillot (Bardoux, Audiffret) ; Saint-Augustin (Ricard, Tocqueville, Barrot, Lasteyrie, Farre, Chesnelong, Denormandie) ; Saint-Philippe-du-Roule (Carnot) ; 9ème : La Trinité (Krantz) ; Saint-Louis-d’Antin (Renouard, Bertauld, Buffet) ; 16ème : Saint Honoré d’Eylau (Barthélémy Saint-Hilaire) ; Notre-Dame de Versailles (Aurelle) ; Nanterre : (Morin) ; Rueil : (Dufaure).
21 Nantes et Assérac (La Rochette), Paris et Niort (Ricard), Paris et Taillepied (Manche) (Foubert), Paris et Mirecourt (Vosges) (Buffet), Paris et Tours (Gouin).
22 Journal des Débats, 10 juillet 1898.
23 Avner Ben Amos, "The Sacred Center of Power Paris and State Funeral : Paris and Republican State Funerals", Journal of interdisciplinary, XXII, I, 1991, p. 27-48 et "The other World of Memory : State funeral of the French Third Republic as Rites of Commémoration", History and Memory, vol. l, summer 1989, p. 85-108.
24 Avner Ben Amos, Molding. The national memory. State funerals in Modern France. University Berkeley, thèse de doctorat, 1989, t. 2, p. 296.
25 Journal des Débats, 16 février 1877.
26 Changarnier, Journal des Débats, 16 février 1877.
27 L’Illustration, 23 mars 1907.
28 Journal des Débats, 25 mars 1907.
29 Le Petit Parisien, 8 janvier 1883.
30 Francis Schiller, Paul Broca. Explorateur du cerveau, Paris, Odile Jacob, 1990, p. 364.
31 Le Petit Parisien, 17 mars 1889.
32 Clément de Royer, Souvenirs contemporains 1806-1883. Ferdinand Barrot. Paris, imp. Pillet et Dumoulin, 1884, p. 43.
33 Le Figaro, 27 novembre 1884.
34 Journal des Débats, 9 juillet 1880 ; Le Siècle, 16 novembre 1883.
35 Le Petit Parisien, 3 février 1885.
36 Le Siècle, 15 mars 1888.
37 Le Figaro, 29 mai 1884.
38 Le Petit Parisien, 23 oct 1887.
39 Journal des Débats, 5 juin 1907.
40 Le Petit Parisien, 26 février 1897.
41 Journal des débats, 9 juillet 1876.
42 Félix Bonafé, Jacques Bardoux, Tulle, Maugein et cie, 1977, p. 48.
43 Le Petit Parisien, 27 mars 1887.
44 Le Siècle, 22 janvier 1886.
45 Le Figaro, 17 mai 1884.
46 Journal des Débats, 5 juin 1907.
47 Haussonville, Le Figaro, 29 mai 1884.
48 Journal de Rouen, 4 octobre 1876.
49 Journal des débats, 24 novembre 1910.
50 Le Figaro, 7 février 1888.
51 H. Wallon, Notice sur la vie et les travaux de M. René Lefebvre-Laboulay, Paris, F. Didot et cie, 1887, p. 38.
52 Le Petit Parisien, 22 mars 1891.
53 Le Petit Parisien, 27 janvier 1904 et 5 novembre 1893.
54 Le Gaulois, 11 janvier 1892.
55 Le Petit Parisien, 8 novembre 1893.
56 Le Petit Parisien, 27 janvier 1904.
57 Le Gaulois, 2 février 1902.
58 Le Gaulois, 11 janvier 1892.
59 Le Petit Parisien, 8 novembre 1893.
60 Le Constitutionnel, 27 novembre 1895.
61 Le Petit Parisien, 17 novembre 1901.
62 Le Petit Parisien, 1er mars 1891.
63 Le Figaro, 22 juillet 1888.
64 L’Indépendant des Basses-Pyrénées, 27 juillet 1888.
65 Le Républicain du Gard, 1er décembre 1912.
66 L’Avenir de la Dordogne, 25 juillet 1900.
67 17 au Père Lachaise : Picard, Adam, Bertauld, Pothuau, Lasteyrie, Gauthier de Rumilly, Wurtz, Chabaud-Latour, Laurent-Pichat, Farre, Carnot, Tirard, Barthélémy Saint-Hilaire, Dietz-Monin, Le Royer, Clamageran, Lafayette ? ; 11 à Montparnasse : Crémieux, Broca, Baze, Littré, Pelletan, Jauréguibérry, Corbon, Krantz, Wallon, Cordier, Deschanel ; 5 à Montmartre : Letellier-Valazé, Lavergne, Pressensé, Simon, Denormandie ; Passy : Fourichon, Lemoinne.
68 Schiller, 1990, p. 363.
69 Le Petit Parisien, 10 juin 1896.
70 Edouard Petit, Eugène Pelletan 1813-1884. L’homme et son oeuvre, Paris, A. Quillet, 1913, p. 266.
71 Maurice Agulhon, "La statuomanie et l’histoire", Ethnologie française, 1978, (2-3), p. 145-172.
72 Jean-Paul Martin, La ligue de l’enseignement et la République des origines à 1914, Thèse de I.E.P., 1992, p. 339.
73 Sylvie APrile, Auguste Scheurer-Kestner (1833-1899) et son entourage. Université de Paris I, Thèse de doctorat, 1994, p. 705-706.
74 Petit, 1913, p. 267.
Auteur
Ingénieur d’études au CNRS
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