Les seigneuries de la noblesse champenoise pendant les guerres de Religion : crise ou prospérité ?
p. 99-108
Texte intégral
1Le 15 novembre 1572, Nicolas des Ayvelles rend au duc de Nevers l’aveu et dénombrement des biens fonciers qu’il possède à Vivier-au-Cours, Tumécourt, Belleveux et Tendrecourt. C’est l’occasion pour lui de faire état des déboires qu’il a subis depuis l’acquisition de ces terres en 1566. La maison seigneuriale, le colombier, le moulin, le four banal et les étangs sont « tout en ruine et de nulle valeur à raison que durant les guerres, les dits lieux sont abandonnés pour autant qui sont joignants et contigus des villages et pays de Luxembourg ». Le domaine est envahi par les friches et ne donne plus aucun revenu. Quant à la « petite taille », qu’il continue à percevoir chaque année sur les habitants, elle ne lui rapporte plus que 48 sous parisis, alors qu’elle « étoit de plus grande somme, le temps passé, que j’espère et proteste recouvrer, comme d’autres choses qui leur a été remise pour la perte qu’ils avoient eue des guerres passées ». Mais il aura sans doute du mal à prouver ses anciens droits devant la justice, car ses « titres et enseignements » ont été perdus1. Certaines seigneuries, moins atteintes par les troubles, en ont toutefois plus ou moins subi les conséquences, comme par exemple celle de Milly (châtellenie de Barsur-Aube), dont la halle n’est plus fréquentée par les marchands en 1572 « tant à cause des guerres que autrement »2, ce qui signifie le tarissement des taxes qu’y percevait Claude d’Orgemont, le seigneur du lieu. Bien après la fin des hostilités, les stigmates des conflits apparaissent encore çà et là dans le paysage champenois. Ainsi à Tigecourt, près de Château-Thierry, le pressoir et le moulin sont, encore en 1603, « de nulle valeur et en ruine à l’occasion des guerres »3. A Sexfontaines, en 1604, la majeure partie du domaine de Charles d’Amboise, marquis de Reynel, est toujours « de présent en frische et non admodiée à cause des guerres, comme aussy est ladite maison, toute en ruyne, desmolye et inhabitable »4.
2Même si certains documents, comme les aveux et dénombrements qui viennent d’être cités, peuvent avoir tendance parfois à noircir un bilan pour ne pas livrer à des regards indiscrets une trop grande impression de richesse, il n’en reste pas moins que de telles lamentations étaient beaucoup plus rares dans la première moitié du XVIe siècle sauf dans les quelques cas où les plaies de la guerre de Cent Ans n’avaient pas encore été cicatrisées. Elles pourraient donc laisser supposer que les guerres de Religion ont eu un impact assez puissant en Champagne, suffisant en tout cas pour déstabiliser à plus ou moins long terme les revenus d’une petite et moyenne noblesse rurale qui vit essentiellement du produit de ses terres. Cette interprétation serait d’autant plus crédible que la province de Champagne, du fait de sa situation frontalière, a été maintes fois piétinée par les belligérants, surtout au cours des années 1570 et 1580.
3Pourtant, d’autres documents, tout aussi fiables et abondants, conduisent à nuancer cette corrélation trop mécanique entre guerre civile et crise des revenus nobiliaires. Par exemple, dès 1586, Olivier de La Rouère déclare dans un aveu que son château de Saint-Sépulcre, dans le bailliage de Troyes, « estoit naguères en ruyne, n’y restant que quelques anciennes murailles, et [qu’il est] de présent encommencé à bastir »5. Deux ans plus tard, Anne d’Anglure fait état d’un « pressouer noeuf et de nouvel basty » à Boursault, non loin d’Epernay6. En 1604, Chrestien d’Artigoity décrit avec fierté la maison seigneuriale qu’il vient de se faire construire à Is-en-Bassigny, près du vieux château-fort dont il ne restait plus qu’une tour branlante : « un corps de logis à deux pants, et attenant iceluy des escuryes et granges, une court devant fermée de murailles, le verger et jardin après, qui peuvent contenir environ ung journal, ensembles toutes aultres aisances et appartenances d’icelles »7.
4Comment expliquer les indéniables succès de cet effort de reconstruction ? Où Claude de Joyeuse a-t-il pu trouver l’argent nécessaire pour construire à Grandpré, au début du XVIIe siècle, un château flambant neuf et au goût du jour à la place de sa vieille demeure familiale ? Comment peut-il concilier ces dépenses avec la centaine d’acquisitions que lui et son père ont pu effectuer depuis des années afin d’agrandir leur domaine8 ? D’où viennent les 13 000 écus qui servent en 1601 à Charles de Choiseul-Praslin pour acheter à Henriette de Clèves-Nevers la plupart des terres sises à Chaource, au sud de Troyes ? En 1614, il peut même débourser 4 566 livres supplémentaires pour arrondir ses nouvelles propriétés9… Pourquoi Antoine de Lenoncourt, seigneur de Maroles, près de Bar-sur-Seine, est-il capable en 1609 d’acheter non loin de là des terres à Polisy pour 6 500 livres ? Comment peut-il si facilement imiter son père Claude, qui avait déjà pu y acquérir, malgré les guerres, un domaine pour 3 065 livres en 156910 ?
5Trois solutions peuvent expliquer ce dynamisme. D’abord l’endettement. Pour entretenir leurs bâtiments d’exploitation, agrandir leurs terres et rénover leurs demeures, les nobles champenois auraient pu être conduits à emprunter de l’argent frais, en particulier par la constitution de rentes gagées sur leurs biens fonciers. Par exemple, le 4 juin 1577, un partage conclu entre Gaspard, Anne et Claude de Lantages, par lequel ils se répartissent les biens issus de la succession de leur père et de leur oncle, fait apparaître un passif de 48 269 livres, sous forme de dettes et de rentes impayées11. Des cas similaires peuvent être glanés dans les séries E des Archives départementales et au Cabinet des Titres de la Bibliothèque nationale, mais ils restent somme toute assez exceptionnels, beaucoup plus rares en tout cas que lors de la seconde moitié du XVIIe siècle, quand les dégâts provoqués par la Fronde et les conflits contre l’Espagne compromettront dangereusement la santé financière de nombreuses familles. Il est vrai que certaines lacunes de la documentation peuvent nous conduire à sous-estimer les déficits. Il est également vrai que les guerres de Religion ont entraîné le surendettement d’une partie de la très haute noblesse12. Mais il est tout aussi raisonnable de penser que les dépenses militaires et somptuaires des gentilshommes provinciaux étaient bien inférieures à celles que les Guise, les Nevers ou les Montmorency devaient sans cesse effectuer pour préserver leur influence politique.
6Peut-être faut-il alors chercher une autre source de revenus dans les bienfaits concédés par le souverain. En effet, nombreux sont les exemples pouvant illustrer le soutien financier du pouvoir central à l’égard de la noblesse champenoise. Ainsi, François des Essars, baron de Sautour, reçoit 1 250 livres en 156913. La même année, Henri de Lenoncourt obtient 3 000 livres de la part du roi « en considération des services qu’il lui avait rendus dans ses guerres près la personne du duc d’Anjou », puis 10 000 livres en 157714. En 1589, Germain Godet, le gouverneur de Sainte-Menehould, est gratifié de 3 000 écus15. Joachim de Baradat est récompensé de 1 000 écus en 159416. Charles de Choiseul-Praslin, en 1590, se voit accorder la remise de toutes les dettes qu’il avait contractées auprès d’individus passés à la Ligue (soit 30 800 écus) et, sept ans plus tard, une pension de 4 000 livres17. Néanmoins, si spectaculaires puissent-elles être, ces marques de faveur ne touchent qu’une minorité des gentilshommes, en particulier ceux qui ont délibérément choisi d’être loyaux à l’égard du souverain en relayant ses volontés dans la province. L’extension du clientèlisme pratiqué par la monarchie au sein de la noblesse de Champagne, sensible dès le début des années 1560, s’exprime bien davantage par la diffusion des charges de cour ou des distinctions honorifiques, infiniment moins coûteuses pour les finances de l’État, mais aussi moins rémunératrices pour leurs bénéficiaires.
7Reste donc une troisième solution : la persistance d’une certaine prospérité de la seigneurie champenoise, malgré les aléas du temps. Au cours de la première moitié du XVIe siècle, la hausse des prix agricoles avait incité de nombreux propriétaires à convertir en nature des droits seigneuriaux autrefois exprimés en argent, tout en accordant une attention soutenue à la gestion de leurs domaines. Ainsi, dans la seigneurie de Changy, près de Vitry, la part des revenus en nature dans le total des recettes était passée de 20,3 % en 1515 à 39,2 % en 1539 et à 56,8 % en 155018. A Charmoilles et Dampierre (châtellenie de Montigny-le-Roi), un taux de 68,7 % avait été atteint dès 150819. A Saint-Sépulcre, il était de 71,1 % en 153120 ; à Boursault, il dépassait 83 % en 154221 ; le froment, l’avoine ou le seigle assuraient même la quasi-totalité du revenu dans certaines seigneuries, comme par exemple à Blézy en 153022. Les ventes de grains avaient ainsi pu être accrues : grâce à elles, dans une seigneurie du Bassigny comme Rouécourt, les recettes, exprimées en argent fin, étaient passées de 3,3 Kg en 1532 à 10,3 Kg en 156023. Elles avaient permis des acquisitions de terres qui, à leur tour, avaient contribué à alimenter l’essor du revenu agricole. Les guerres de Religion avaient donc éclaté au moment où la conjoncture économique était particulièrement profitable à l’ensemble de la noblesse champenoise. Ont-elles provoqué de graves déséquilibres ?
8Bien que nous n’en possédions plus que des séries discontinues, les comptes de plusieurs seigneuries indiquent un net fléchissement des volumes engrangés. Ainsi, dans la baronnie d’Arzillières24, près de Vitry, les récoltes de froment baissent des deux tiers entre 1569 et la fin du siècle, tandis que celles d’avoine diminuent de 68 %. A Piney25, au sud de la Champagne sèche, la perte est de 61,8 % pour le froment et de 32,3 % pour l’avoine entre 1562 et 1580. Un peu plus au nord, à Ramerupt26, la récolte de seigle s’effondre de 88,3 % entre 1555 et 1601. Mieux lotie, la seigneurie de Vaudrémont27, dans le Bassigny, supporte néanmoins, de 1565 à 1586, une érosion sensible de sa production d’avoine (– 22,7 %). Ainsi, les passages de troupes, même ponctuels, un sentiment d’insécurité endémique, la désorganisation de certaines communautés d’habitants, ont parfois pesé sur les fluctuations du produit agricole. Pourtant, ces résultats ne sauraient être toujours interprétés comme une tendance irréversible à la baisse. Ainsi à Vaudrémont, dès 159128, les récoltes de froment sont supérieures de 36,2 % à ce qu’elles étaient en 1565. A Piney, l’apaisement des conflits permet une reconstruction rapide : en 160229, la production de froment est à 20,5 % au-dessus du niveau de 1562, l’avoine à 82,5 %. Les structures de ces propriétés ne semblent donc pas avoir été bouleversées en profondeur par la chute des récoltes : une indéniable souplesse leur a parfois permis de retrouver leur dynamisme d’antan. En outre certains gentilshommes, lorsqu’ils avaient la chance de posséder plusieurs seigneuries, pouvaient compenser les pertes subies quelque part grâce aux revenus que leur procuraient des terres moins touchées par les désordres. Ainsi, Pierre et Nicolas de Saint-Belin ont certes connu un passage difficile dans leur seigneurie de Vaudrémont entre 1578 et 1591 mais, à la même époque, ils ont continué à engranger de belles quantités d’avoine et de froment dans leurs seigneuries de Blézy et Jonchéry30.
9En fait, les mauvaises récoltes semblent avoir d’abord touché les seigneurs qui n’exploitaient pas leurs terres eux-mêmes. Face à la dégradation de la conjoncture, ils ont dû consentir de forts rabais sur les baux qu’ils étaient amenés à conclure avec leurs fermiers pendant cette période. Ainsi, à Villemaur, près d’Estissac, le bail général de la seigneurie, qui était de 1 000 livres en 1546 tombe à 576 livres en 1587, puis à 480 livres en 1596. Il ne remonte qu’avec la fin des troubles (550 livres en 1606) et ne retrouvera son plus haut niveau qu’en 1634 (1 100 livres)31. Les baux conclus pour la perception de certains droits seigneuriaux suivent souvent une pente similaire. Par exemple à Hauteville, à l’est de Saint-Rémy-en-Bouzemont, la faiblesse chronique de la production agricole contraint le seigneur à rabaisser le bail du four banal de 40 livres en 1580 à 30 livres en 1597. Quant aux droits perçus sur la production viticole, ils passent de 16 livres en 1579 à 14 livres en 1583 et 9 livres en 158732.
10Pourtant, même si ces chiffres laissent tous à penser que la dynamique de prospérité, générale dans la première moitié du siècle, aurait été brisée plus ou moins brutalement par les troubles civils, ils doivent être nuancés. En effet, la crise des récoltes a contribué à accélérer la hausse des prix agricoles sur les marchés urbains. L’évolution de la mercuriale de Langres (gr. 1), malgré une importante lacune entre 1560 et 1578, traduit bien ce phénomène33. Alors que l’émine de froment se vendait à moins de 6 livres au cours des années 1550, elle se situe presque toujours au-dessus de 7 livres dans les années 1580 (sauf en 1588) et de 8 livres dans les années 1590 (sauf en 1591 et 1599). La fin de la guerre fait disparaître les plus forts à-coups (ceux qui avaient marqué les années 1587, 1592 et 1596), mais ne fait pas diminuer les prix pour autant : de 1600 à 1615, ils sont à sept reprises supérieurs à 10 livres. La tendance est identique pour l’avoine, bien qu’elle soit un peu moins heurtée.
11Du coup, lorsque les seigneurs avaient la possibilité de vendre leur production, même amoindrie, ils pouvaient au moins atténuer leurs dommages en bénéficiant des tensions du marché. Dans la baronnie d’Arzillères par exemple, si les récoltes de froment fléchissent de 60 % entre 1570 et 1596/1601, l’essor de leur valeur marchande permet d’amortir ce choc : exprimées en argent, les pertes ne sont plus que de 20 %. A Piney, la production de froment perd 61,8 % de son volume entre 1562 et 1580, mais seulement 20 % de sa valeur. Grâce au retour de la paix, qui favorise le redémarrage de la production sans vraiment enrayer la hausse des prix, l’équilibre financier de Piney se rétablit : calculé sur la période 1562-1602, le produit des ventes a augmenté de 280 %, soit 7 % en moyenne chaque année.
12Il est vrai que, si la hausse des prix a favorisé la noblesse en tant que productrice de grains, elle a pu également l’affecter en tant que consommatrice, surtout si les récoltes n’étaient même plus capables d’assurer l’auto-consommation de la famille et de ses domestiques. Dans ce cas, il devenait indispensable de compléter les stocks en s’approvisionnant sur les marchés urbains, et donc en payant cher. Mais de tels cas semblent assez exceptionnels. La plupart des seigneurs peuvent compenser les pertes subies dans un secteur de la production à l’aide des bénéfices réalisés ailleurs. Par exemple à Vaudrémont, malgré une diminution de 18 % des moissons d’avoine entre 1578 et 1591, la simple stagnation des récoltes de froment permet d’augmenter les recettes totales de la seigneurie de 456 à 975 livres au cours de cette période, soit un gain moyen de 8,8 % l’an. Les propriétaires les plus chanceux peuvent ainsi spéculer à loisir sur les prix des grains. Dans les seigneuries de Blézy et Jonchéry34, par exemple, la stabilité relative des volumes engrangés favorise leur écoulement régulier sur les marchés urbains ce qui dynamise les recettes ; dans le même temps, la modération des frais d’exploitation permet un doublement du revenu net entre 1574 et 1591, soit une hausse moyenne de 5,9 % par an (gr. 2).
13Par conséquent, si les troubles civils ont parfois provoqué une certaine crise des récoltes, de nombreux gentilshommes champenois ont sans doute tiré leur épingle du jeu. A condition d’exploiter eux-mêmes leurs terres ou d’en confier la mise en valeur à un régisseur, ils ont pu bénéficier de la flambée des prix agricoles. La conjoncture a sans doute été moins favorable aux nobles, assez peu nombreux, qui pratiquaient le faire-valoir indirect, dans la mesure où l’insécurité des temps et la fluctuation des récoltes les ont contraints à diminuer le montant des baux qu’ils négociaient avec leurs fermiers. Mais globalement, les guerres de Religion ne semblent pas avoir systématiquement enrayé l’essor que la noblesse avait connu au cours de la première moitié du siècle. Il ne s’agit pas là d’une spécificité propre à la seigneurie champenoise. Dans le Hurepoix, Jean Jacquart a noté que les propriétaires parisiens savaient, à la même époque, remarquablement tirer parti de la conjoncture en spéculant sur les grains35. En Auvergne, Pierre Charbonnier a souligné la prospérité des nobles de la région, malgré les conflits, ce qui leur permettait d’acheter des terres, d’éponger les dettes qui grevaient souvent leurs budgets au début du siècle, voire de prêter de l’argent à leur tour36. En Navarre et Béarn, John Russel Major a montré que les Albret pouvaient toujours compter sur la bonne tenue de leurs revenus fonciers pour effacer rapidement quelques années noires37. Les guerres de Religion n’ont donc pas été obligatoirement synonymes de déclin économique pour les seigneurs.
14Mais le cas champenois a ceci de particulier qu’il se double d’une très faible mobilisation de la noblesse dans ces conflits. Jean-Marie Constant a ainsi pu calculer qu’en 1577, seuls 11 % des gentilshommes du bailliage de Chaumont-en-Bassigny participaient aux guerres, l’un des taux les plus bas de toute la France38. Plusieurs contemporains ont d’ailleurs été frappés par la diffusion de la neutralité nobiliaire, par exemple Jacques Carorguy, greffier de Bar-sur-Seine, qui dénonce dans ses Mémoires « aulcuns gentilshommes… [qui] se rendirent dèz lors neutres et se meirent en leurs maisons pour estre les rieux des ungs et des autres », ou cet auteur anonyme, qui se moque de ceux qui, « estans logés en maisons fortes, regardoient tomber la grêle »39. Le phénomène était tellement inquiétant pour la monarchie que les espions d’Henri IV lui avaient envoyé la liste d’une centaine de ces « rieurs » champenois en 1592, dont une majorité de petits nobles campagnards40. Peut-être est-il permis d’interpréter avec un oeil neuf cet attentisme. Sans doute s’explique-t-il entre autres par leurs hésitations, leur tiédeur ou leur réticence à payer un équipement militaire onéreux. Mais il pourrait aussi traduire la volonté de sauvegarder ou d’exploiter leur patrimoine foncier. Plutôt que de s’engager dans une lutte incertaine au risque de subir les représailles de l’un ou l’autre camp, de nombreux gentilshommes auraient senti à quel point il leur était plus avantageux de surveiller la mise en culture de leurs domaines, la perception de leurs droits seigneuriaux et la vente de leurs grains. Ainsi, au lieu de se battre pour la Cène, la Ligue ou le roi, certains auraient d’abord préféré défendre leur prospérité.
Gr.1 – Prix du froment et de l’avoine à Langres (1549-1559 et 1578-1615)

— Prix de l’émine de froment — Prix de l’émine d’avoine
(L’émine de froment fait 290 litres, celle d’avoine 490 litres).
Gr.2- Les revenus de Blézy et Jonchéry (1566-1568,1574-1580 et 1586-1591)

Notes de bas de page
1 – Arch. dép. Ardennes, 1E 155.
2 – Arch. nat., P 1761.
3 – Arch. nat., P 1802.
4 – Arch. nat., P 1753.
5 – Arch. nat., P 1722.
6 – Arch. nat., P 1811.
7 – Arch. nat., P 1754.
8 – M. de Sars, La ville et le comté de Grandpré, Laon, 1937, p. 52 et 33-36.
9 – Arch. dép. Marne, E 724.
10 – Arch. dép. Aube, E 42.
11 – Manuscrits de la Bibl. nat., Pièces originales [P.O.], 1647 (9).
12 – D. Crouzet, « Recherches sur la crise de l’aristocratie en France au XVIe siècle : les dettes de la maison de Nevers », Histoire, économie, société, 1982, p. 7- 50.
13 – Bibl. nat., Ms./ Fr. 32866 (531-532).
14 – Bibl. nat., Ms./ Fr. 32866 (503-504).
15 – É. de Barthélemy, « Notes généalogiques et historiques sur la famille Godet en Champagne », Revue de Champagne et de Brie, t. 4 (1877), p. 94.
16 – Bibl. nat., Ms./ P.O. 185 (2).
17 – Arch. dép. Marne, E 720, et Bibl. nat., Ms./ Fr. 18161 (112).
18 – Arch. nat., P 1792.
19 – Arch. nat., P 1762.
20 – Arch. dép. Aube, E 88.
21 – Arch. nat., P 1811.
22 – Arch. dép. Haute-Marne, 10 J 12.
23 – Arch. dép. Haute-Marne, 10 J 18.
24 – Arch. dép. Marne, E 334-338.
25 – Arch. dép. Aube, E 807 et 808.
26 – Arch. dép. Aube, E 848, 852, 855, 860.
27 – Arch. dép. Haute-Marne, 10 J 28 et 29.
28 – Arch. dép. Haute-Marne, 10 J 29.
29 – Arch. dép. Aube, E 809.
30 – Arch. dép. Haute-Manie, 10 J 14.
31 – Arch. dép. Aube, E490.
32 – Arch. dép. Marne, E 285.
33 – Ces graphiques ont été réalisés à partir des chiffres publiés par Daguin, Bulletin du comité des travaux historiques et scientifiques. Section des sciences économiques et historiques, 1894, p. 341-351. Ils ont permis d’évaluer la valeur-argent des volumes engrangés par les seigneurs, sauf entre 1560 et 1578, où il a été nécessaire de se reporter à la mercuriale de Paris, éditée par Jean Meuvret et Micheline Baulant.
34 – Arch. dép. Haute-Marne, 10 J 14.
35 – J. Jacquart, La crise rurale en Ile-de-France, 1550-1670, Paris, 1974, p. 241.
36 – P. Charbonnier, Une autre France. La seigneurie rurale en Basse-Auvergne du XIVeau XVIe siècle, Clermont-Ferrand, 1980, t. II, p. 977-978 et 988-989.
37 – J. Russel Major, « Noble Income, Inflation and the Wars of Religion in France », American Historical Review, n° 86, 1981, p. 21-48.
38 – J.– M. Constant, « Les barons français pendant les guerres de Religion », Avènement d’Henri IV. Quatrième centenaire de la bataille de Coutras. Actes du colloque de Coutras, 16-18 octobre 1987, Pau, 1989, p. 54.
39 – J. Carorguy, Mémoires (1582-1595), pub. par E. Bruwaert, Paris, 1880, p. 33, et Mémoires des choses plus notables advenues en Champagne (1585-1598), pub. par G. Hérelle, Reims, 1882, p. 78.
40 – « Estat des gentilshommes de la Champaigne qui sont demourez et demeurent oysifz en leurs maisons depuis les presents troubles », Bibl. nat., Fr. 4558 (35), pub. par Georges Hérelle, Documents sur la Réforme et la Ligue en Champagne, Paris, 1888-1892, t. II, p. 440-445.
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