Cédéroms, Art, Histoire, et Éducation
p. 169-177
Texte intégral
1Depuis 1995, nous assistons à une diffusion massive de cédéroms culturels. « Le Louvre, peintures et palais » conçu par Montparnasse multimédia a connu un succès commercial exceptionnel. Chaque nouvelle exposition artistique est l’occasion de plusieurs publications, malgré l’étroitesse du marché. Et les techniciens préparent, pour cette année 1997, le remplacement du cédérom par le DVD. Dans cette fuite en avant commerciale et technique, l’histoire a remplacé l’art sur les rayons : 2000 ans d’histoire de France (du baptême de Clovis au 18 juin 1940 !), Seconde guerre mondiale (d’après l’émission d’Arte « Histoire parallèle » de Marc Ferro), Histoires du ghetto de Varsovie.
2L’éducation a tenté d’intégrer l’usage des cédéroms au travail en classe dès leur apparition, alors que le premiers lecteurs coûtaient encore plus de 3000 F. Mais il semble que l’utilisation pédagogique des cédéroms reste très restreinte, pour plusieurs raisons : la dernière loi sur les droits d’auteur a engendré des difficultés insurmontables. Il n’est pas question de débattre ici de l’ensemble des enjeux, mais il parait urgent qu’une négociation raisonnable permette aux enseignants de travailler en toute légalité. Pour l’instant, les titres achetés par les établissements sont surtout consultés par les élèves dans les CDI, en marge de l’enseignement. L’éducation se préoccupe aujourd’hui beaucoup plus des applications pédagogiques de la mise en réseau des ordinateurs grâce à Internet. Enfin, soulignons que le développement du multimédia et l’essor des réseaux masquent le tarissement de la création dans le domaine des logiciels éducatifs, alors que les outils de programmation sont devenus plus accessibles.
3A partir d’une pratique en lycée, cet article se propose donc d’analyser les utilisations possibles d’un cédérom (exemple du cédérom sur la fondation Barnes), de repérer les avantages principaux d’un tel support, et d’identifier quelques obstacles, sources de la faible utilisation actuelle.
4 J’ai fait acheter par le lycée dans lequel j’enseigne, et mettre à disposition des élèves le cédérom Une passion pour l’art : Renoir, Cézanne, Matisse et le dr Barnes édité par Corbis publishing, une filiale de Microsoft.
5 Barnes a été diffusé quelques mois après l’exposition du musée d’Orsay (septembre-décembre 1993), d’abord dans une version anglaise : le marché du cédérom s’est développé plus tardivement en France. Ce titre, aujourd’hui francisé, fonctionne parfaitement sur les premiers 486, encore majoritaires dans de nombreux établissements.
6Le cédérom Barnes est conçu comme un parcours dans la Fondation installée à Mérion, près de Philadelphie : pour nous, Européens, une visite à la Fondation est plus difficile et moins habituelle qu’une visite du Grand Louvre ou du Musée d’Orsay.
7 Barnes va à l’essentiel : montrer les oeuvres, les mettre en situation.
8Quatre diaporamas présentent le docteur Barnes et sa collection, une visite guidée de la fondation (en 15 minutes 54 secondes !), le nu féminin dans l’histoire de la peinture, la « danse » de Matisse et les étapes de sa création.
9Pour une utilisation classe entière, ces diaporamas supposent un dispositif spécial : vidéoprojecteur (« Barco »), tablette couleur pour rétroprojecteur, boitier PC-TV (encodeur). L’avantage par rapport à la vidéo est la possibilité de gérer des parcours individualisés, de répondre plus aisément à une demande détaillée des élèves. Ce que faisait déjà le vidéodisque, mais de façon moins satisfaisante.
10Le premier diaporama présente le Docteur Barnes, un personnage surprenant : il fait fortune en vendant l’Argyrol, un médicament soignant les inflammations oculaires. Les bénéfices dégagés, son admiration pour la pensée de William James ou pour la philosophie de John Dewey le conduisent à réorganiser son usine, à réduire à 6 heures la journée de travail effective, à prévoir pour les ouvriers des activités culturelles. Un souci qui ne se rencontre plus guère dans les usines actuelles...
11Le dernier diaporama met en scène, de façon dramatique et très efficace, la conception de la danse. Les études successives publiées aussi dans le catalogue papier sont accompagnées d’un commentaire sonore. On y rappelle la découverte par Matisse, en février 1932, de son erreur sur les dimensions, et le travail considérable accompli sur la composition.
12Le cédérom permet de visiter la fondation, salle par salle : il présente l’ensemble du bâtiment, des images montrant salle par salle, mur par mur l’accrochage actuel des tableaux. Cette disposition est essentielle, puisque le docteur Barnes a voulu juxtaposer des oeuvres d’époques différentes, des sculptures africaines, des bijoux... (« Ce rapprochement aide les étudiants à comprendre bien des choses que les académies n’enseignent pas », Matisse).
13Il est possible de circuler en cliquant dans le plan sur un numéro de salle, ou en se déplaçant dans une salle à l’aide des flèches de direction. Dans certains cas, les tableaux sont accrochés sur deux niveaux. Pour Bames, comme pour Orsay d’Arborescence, ce cheminement est simplement reporté sur un plan disposé en bas ou à gauche de l’écran. Gageons que nous savons tous lire un plan...
14Du fait de sa date de création, et de sa conception, Barnes a échappé à la mode actuelle des « visites virtuelles ». Une telle flânerie est plus proche du déplacement réel du visiteur dans un musée que le tournis donné par le Quicktime-VR du Musée d’Orsay : visite virtuelle de Montparnasse Multimédia-R.M.N.
15La circulation virtuelle du Musée d’Orsay (suivez la flèche) est aussi mise en défaut car elle s’accompagne d’une plus faible qualité graphique pour la présentation générale des salles.
16Ainsi, certains concepteurs semblent rechercher plus la prouesse technique -celle-ci devenant le principal argument de vente – alors que l’essentiel devrait être dans la fidélité de la reproduction des oeuvres d’art ?
17Chaque tableau peut être visualisé avec la fiche permettant de l’identifier : peintre, titre, numéro d’inventaire, date, technique utilisée, parfois dimensions. Pas besoin comme dans le Louvre de mobiliser un écran pour comparer la taille de la Joconde et celle du Radeau de la Méduse
18Deux options de zoom permettent de voir des détails : c’est particulièrement intéressant pour le bonheur de vivre de Matisse peint en 1905-1906.
19Certains tableaux sont accompagnés d’un commentaire écrit, – le plus souvent il s’agit du jugement du Docteur Barnes –, et parfois d’un extrait sonore de la visite commentée.
20Tous peuvent être replacés dans la biographie de l’artiste (les tableaux majeurs notés en rouge donnent, par lien hypermédia, accès à une reproduction – vignette), ou dans un portfolio présentant par artiste tous les tableaux acquis par le Docteur Barnes (par exemple, 38 Matisse, dont le triptyque des 3 soeurs, peint en 1917).
21Enfin, un des intérêts majeurs pour le professeur d’histoire vient de la présence d’un fonds documentaire important reproduit sur le cédérom.
22 Des copies de lettres ou de factures montrent Barnes marchandant avec les Durand-Ruel le prix des tableaux, ou la reprise d’oeuvres qu’il ne veut pas garder (exemple lettre du 2 juin 1915) dans le chapitre Factures et relevés.
23Ou encore, une lettre du 26 juillet 1915 de Joseph Durand-Ruel lui apprend la mort de l’épouse de Pierre-Auguste Renoir, et l’hospitalisation de ses deux fils Claude et Jean (fracture à la cuisse pour Jean).
24Ces documents sont des reproductions des originaux, avec un résumé-analyse, et une traduction. Le plus souvent la qualité de la copie fait oublier l’absence d’une transcription de l’original.
25Les Archives sonores présentent neuf sujets, dont un enregistrement extraordinaire du discours du Docteur Barnes accueillant à New -York le 9 novembre 1939 Ambroise Vollard « l’homme qui a découvert Cézanne », « perhaps the most powerful painter since Rembrandt ».
26La encore, ces ressources complètent utilement les supports papier et la capacité du cédérom permet de mettre à disposition des élèves des documents rarement diffusés. Au delà de l’émotion suscitée par les oeuvres, voilà des outils permettant de mieux situer les artistes du début du siècle dans la société de leur temps.
27Quels regrets ?
28Ce cédérom ne comporte pas de séquence vidéo : la vidéo numérique est particulièrement gourmande en mémoire. Mais la mise en scène d’un tableau a-t-elle vraiment besoin du mouvement ? Sauf peut-être pour les oeuvres des futuristes italiens, il serait dommage de plaquer la mode des clips-vidéos sur ce type de création...
29La qualité graphique de la reproduction compte davantage : la numérisation des reproductions papier a encore des progrès à faire pour garantir la fidélité des couleurs. Il serait aussi souhaitable de pouvoir agrandir davantage certains détails.
30L’ordinateur ne remplacera jamais le contact réel avec les oeuvres, ni avec les artistes. Par contre, on pourrait demander aux cédéroms à venir de suggérer les liens entre un tableau et ceux qui l’ont inspiré (cf « l’Olympia » de Manet et « la Vénus d’Urbin » du Titien...) : en informatique, cela revient à des problèmes de fenêtre et de taille-écran.
31Ce cédérom n’est pas « interactif » : sous ce mot clinquant utilisé par les marchands, se cache l’illusion de la liberté créée par une multitude de cheminements prévus parfois par le concepteur. Illusion, car la vraie interactivité est celle de la conversation directe entre deux personnes, entre une classe et son professeur...
32Les liens hypermédia sont peu développés : nous avons signalé les vignettes accompagnant les biographies ; pour le reste, il y a surtout un index classé par artiste ou par titre, le déplacement de la souris faisant afficher une vignette montrant le tableau. Il serait intéressant de disposer en plus, comme dans l’Orsay d’Arborescence, d’un classement par thèmes (portrait, paysage...) voire d’une recherche plus poussée sur des mots-clés décrivant les oeuvres. Il manque aussi une indexation du fond documentaire.
33Les formats utilisés interdisent la reprise des oeuvres dans un logiciel graphique ; il n’y a pas comme dans le titre de Montparnasse Multimédia sur le Musée d’Orsay de mémorisation des parcours mais une simple sélection d’oeuvres à placer dans un portfolio personnel comme dans le produit d’Arborescence.
34Au total c’est un cédérom sobre, mais de qualité, dont la maîtrise par les élèves ne pose aucun problème.
35A la lumière de quelques autres titres, quels avantages les enseignants peuvent-ils attendre des cédéroms ? Le premier intérêt vient de la forme numérique commune au texte, à l’image, au son et à la vidéo. Les premières publicités vantaient le nombre de volumes disponibles sur un cédérom. Mais l’éducation repose moins sur une vision exhaustive que sur l’analyse de situations judicieusement choisies. Le cédérom donne accès à des extraits sonores ou vidéo. L’histoire au jour le jour ‘1939-1995) (publié par Le mondé) permet d’écouter des discours radiodiffusés et de suivre la transcription.
36L’encyclopédie New Grolier dans sa version 6 (en anglais) comporte quelques courtes séquences vidéo : l’incendie du dirigeable « Hindenburg », le discours d’investiture de J.F Kennedy, le discours de Martin Luther King (I have a dream), les premiers pas de l’homme sur la lune, . Dans les premières versions, l’image ressemblait à un timbre-poste, et ne convenait donc pas à une projection collective. Dans cette même encyclopédie, l’approche multimédia autorise aussi des animations, par exemple pour montrer la diffusion des idées et des droits : aux Etats-Unis, le Wyoming est le premier état à reconnaître le droit de vote des femmes (1869). Il est suivi par ses voisins de l’Ouest encore peu peuplés, et soucieux de rééquilibrer le sex-ratio.
37Le second intérêt tient aux moteurs de recherche en cours de conception. Dans les encyclopédies actuelles, il est possible de repérer toutes les occurrences d’un mot ou d’une expression. Dans New Grolier, « South Africa » apparaît 162 fois, et renvoie à apartheid, à Nelson Mandela, P.W de Klerk,... Cinémania (édité par Microsoft) a aussi été un pionnier dans une structuration des données par des hyperliens : 1 des 317 mentions de « kiss » renvoyant par exemple à une fiche « Cinéma Paradiso » qui renvoie à une fiche sur Philippe Noiret... Il ne manque à ce titre que des séquences vidéos : si les droits d’auteur l’autorisent, elles seront sans doute sur les prochaines version DVD du même titre.
38Mais cette recherche plein texte est déroutante pour les élèves : les résultats obtenus ne sont pas toujours pertinents. Il manque une indexation par thèmes, permettant d’aller du général au particulier. L’encyclopedia universalis a prévu les 2 démarches -recherche dans un index raisonné, recherche en plein texte-, mais l’écran normal affiche très peu de contenu par rapport à une page papier. Il faut recourir à une définition de 800*600, et le mode de protection du logiciel est archaïque et mal commode.
39En histoire, comme sur un cédérom, l’essentiel réside en effet dans la qualité du questionnement, bien plus que dans le volume exceptionnel des données. Les premiers logiciels de navigation, sous Dos, permettaient déjà de formuler des équations de recherche. Mais avec le développement du Web, des outils travaillant sur les cooccurrences, sur les réseaux de mots donnent des résultats impressionnants.
40Une des réussites dans ce domaine est le cédérom publié par le Monde diplomatique : outre qu’il montre une combinaison réussie de 3 supports – le papier, le cédérom, Internet-, il permet d’interroger la base par sujet, par date, par pays, par type d’article...
41Dans tous ces cas, le cédérom devient un moyen simple d’habituer des élèves à la recherche sur des données volumineuses, de préparer la voie à une exploration des ressources disponibles sur la « Toile ». Il serait possible de mettre les élèves en situation de recherche historique : du fait de la capacité des cédéroms, il faudrait concevoir et diffuser des dossiers documentaires à base de copies d’archives, de textes de contemporains ou d’historiens. Ces « travaux dirigés » nouvelle manière permettraient de simuler le travail réel de recherche.
42Il est surprenant que n’existent pas en France des logiciels d’apprentissage de techniques propres à l’histoire. Il existe de nombreux logiciels d’autoformation à l’emploi d’un tableur, d’un traitement de texte, etc... La société cd-training commercialise un cd très utile dans la présentation « offline » d’Internet, à partir de sites capturés. D’autres entreprises vendent des logiciels et des bases facilitant la recherche sur le réseau des réseaux..
43 Idées et créateurs ne manquent pas : de nombreux collègues ont élaboré des produits de soutien, d’approfondissement, efficaces pour leurs élèves. Mais aucune instance légère n’existe pour faire connaître et diffuser ces productions de type « shareware ».
44L’utilisation pédagogique des cédéroms suppose une culture informatique raisonnable : dans le cadre d’une composition (ex-dissertation), la possibilité de soutenir une argumentation par des citations judicieuses exige la maîtrise du copier/coller. Elle est aussi un moyen d’habituer à citer ses sources. Bien sûr, l’équipement informatique dans l’enseignement général reste très insuffisant pour permettre la généralisaton d’une telle démarche.
45Dernière piste à explorer : celle d’un « péri-manuel ». En seconde, les corpus documentaires des nouveaux manuels d’histoire s’appuient souvent sur les mêmes auteurs, sur les mêmes textes découpés différemment. Sur un cédérom, il serait possible de regrouper les documents les plus courants, dans leur version d’origine, chaque fois que les droits d’auteur le permettent. Cela permettrait à chaque enseignant de replacer les extraits, et souvent d’enrichir le commentaire.
46Cela serait aussi un moyen de diversifier la présentation d’un même manuel, sur le modèle utilisé par nos collègues britanniques pour répondre à l’hétérogénéité des élèves.
47Quels sont les obstacles à l’usage des cédéroms en classe ? L’obstacle le plus facile à identifier vient des aspects financiers : rares sont les établissements où une salle informatique est disponible pour l’enseignement général. Pus rares encore sont ceux dont les ordinateurs sont équipés pour le multimédia. Enfin, il faudrait disposer de 8 à 12 exemplaires pour chaque titre, ou disposer d’un réseau comportant un lecteur adapté... Ceci explique que l’usage le plus fréquent soit l’exploitation occasionnelle de quelques titres, au CDI, en dehors du travail en classe.
48Plus déterminant est la faiblesse voire l’absence de demande : en travaux de groupe, la plupart des documents nécessaires sont fournis par le manuel, ou par la photocopie. En classe entières, la vidéo s’intégre très bien dans un cours magistral, ou dans un cours dialogué. Son maniement exige moins de compétences techniques, et l’arrêt sur image sert beaucoup moins que le récit en images ou que la bande son. L’informatique a beaucoup plus de mal à se faire une place dans notre enseignement : l’absence de logiciels de qualité, en particulier dans le domaine des simulations en géographie, est pour beaucoup dans le désintérêt de nombreux enseignants. L’arrivée de jeunes collègues ayant utilisé l’ordinateur dans leurs études universitaires modifiera peut-être cette réalité.
49 Les cédéroms actuels visent plus un davantage un public cultivé et aisé que le monde de l’éducation : leurs titres n’ont souvent qu’un lien très faible avec le contenu des programmes officiels.
50Des réticences viennent de la modification du rapport au document. L’écran est moins agréable que l’imprimé pour étudier des textes longs. L’hypertexte peut introduire d’autres formes de lecture, utiles dans le cas du commentaire de documents, mais peu d’exemples mettent l’élève dans une situation d’activité.
51Parmi les critiques émises par de nombreux collègues, relevons aussi la dérive vers le zapping et la superficialité, le risque d’appauvrissement du message (à la façon des premières pages des journaux populaires anglais) où la crainte de plagiat dans les devoirs réalisés à la maison. L’édition sur cédérom incite au développement de l’image et du graphisme. Dans certains cas, cela est justifié et irremplaçable. Mais souvent, la reproduction est de qualité médiocre. Et nous avons vu que certains formats interdisent toute exploitation autre que la consultation.
52La solution de ces défauts ne s’appellerait-elle pas Internet ? Sur le plan documentaire, le Web offre de multiples avantages : la création n’est pas réservée à un petit nombre, les mises à jour sont possibles à tout moment, la publication peut-être multimedia, la consultation ne requiert que peu de compétences informatiques. Le Webmuseum de Nicolas Pioch, par exemple, est une vitrine particulièrement séduisante, autorisant un un accès instantané à un grand nombre de tableaux, quel qu’en soit le lieu de conservation.
53L’ennui, c’est que la consultation documentaire sur Internet est coûteuse : un ordinateur avec modem (environ 8 000 F), un abonnement mensuel à environ 100 F (les prix ont tendance à grimper...), et une facture de téléphone proportionnelle au temps de connexion (c’est à dire à la vitesse permise par France Telecom qui y gagne ses ressources...).
54Deux logiques concurrentes s’affrontent aujourd’hui : celles des géants du multimédia pour qui l’information est une marchandise, et donc une source de profits. Celle des chercheurs et des enseignants pour lesquels l’échange non-marchand est essentiel...
55Malgré ces incertitudes, l’éducation ne peut négliger ni l’accès en temps réel à une documentation qu’aucun établissement ne pourra jamais stocker, ni l’apprentissage du déplacement dans un univers sans limites. Le problème n’est plus d’apprendre à gérer la pénurie, mais de fournir aux élèves les moyens de s’orienter dans une documentation immense, inégale, et rarement conçue pour eux (cf les articles de Jean Michel, accessibles à http://wwwParis.enpc.fr/~michel-j/JM296.html). Encore un fois, les cédéroms, par la faiblesse de leur coût de production, auraient un rôle d’accompagnement à jouer.
56L’éducation n’a pas vraiment tiré parti des logiciels éducatifs, et la perspective n’est pas meilleure pour les cédéroms. Cela fait craindre pour l’usage d’Internet par les lycées et collèges le renouvellement des erreurs qui ont marginalisé les technologies nouvelles. Peut-être faudrait-il s’inspirer des voies explorées par le Québec qui semble avoir une avance décisive dans l’utilisation pédagogique de la « Toile », à la suite de ses voisins américains.
57Espérons seulement que les aspects conviviaux d’Internet survivront : un courrier électronique et des échanges rapides à l’échelle de la planète, des listes de diffusion sur un thème (cf la liste Clio@geonet.fdn.fr, animée par François Jarraud) et des groupes de discussion. Cela ne remplace pas la communication réelle entre individus, mais cela peut limiter les effets de la distance et permettre une vraie interactivité.
Auteur
Lycée Marie Curie
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