1Les quelques mots de bienvenue par lesquels il est convenable de commencer une telle réunion seront emprunts d’une gêne mêlée d’enthousiasme. Gêne, parce que des contretemps nous ont empêchés de préparer, malgré tous nos efforts, ce colloque comme il aurait dû l’être. Primitivement, il ne devait pas avoir lieu à Paris, mais en province, et ce n’est que relativement tard que nous avons été conduits à nous replier sur Paris où, il est vrai, nous nous trouvions au Centre de Recherches Historiques et Juridiques à la fois en pays de connaissance – c’est déjà là que nous avions pu organiser l’atelier international sur la place de l’informatique en histoire dans l’enseignement supérieur1 – et en terre amie : ici travaillent des équipes d’historiens expérimentées et familières avec l’outil informatique, qu’il s’agisse du groupe de travail sur le répertoire des militants du mouvement syndical de Jean Maitron au Centre d’Histoire du Syndicalisme, groupe dont Claude Pennetier a bien voulu se faire le représentant, ou de celui qu’anime Paul Benoît au Centre d’Histoire des Mines et de la Métallurgie sur les forges de Pampailly2. Grâce au Centre, grâce à tous nos amis de Paris I et de l’Association, nous savons que la rencontre sera un succès ; mais nous savons aussi que ce succès ne pourra égaler celui qu’obtinrent nos précédentes rencontres à Rennes en 1994 et à Nice en 1995, où Martine Cocaud et Alain Ruggiero avaient véritablement fait merveille. Qu’ils en soient encore une fois remerciés ! Au reste, la publication des actes de ces deux colloques est un témoignage éclatant de l’intérêt et de la valeur des travaux qui s’y étaient déroulés.3 Preuve est ainsi donnée de l’efficacité de la structure que nous avons voulu donner à l’International Association for History and Computing, avec d’un côté les grands colloques internationaux, et de l’autre, les activités propres des branches nationales, plus proches, si j’ose dire, du terrain4.

2Mais enthousiasme, aussi : car dans notre petit monde de l’histoire et de l’informatique, les choses évoluent, et toujours de plus en plus vite, si bien que nous sommes confrontés à une suite incessante de "challenges" auxquels nous devons nous mesurer. Cette année, dans la lignée de ce que nous avions déjà fait sur le multimédia, et avant de nous pencher sur l’internet, l’association française pour l’histoire et l’informatique a décidé de choisir comme axe principal de son troisième colloque annuel le CD Rom. Ce n’est évidemment pas le sujet unique du colloque : l’association est trop soucieuse de suivre d’aussi près que possible les recherches en cours, les aspirations et les problèmes des uns et des autres, pour bloquer les séances de son colloque annuel sur un seul sujet, si intéressant soit-il. Et nous avons ainsi la chance de pouvoir présenter une série cohérente de communications portant sur l’analyse des sources textuelles, avec les communications de Philippe Cibois, Philippe Muller et Jean-Louis Robert. Mais, malgré tout, c’est bien le CD Rom qui a fait l’objet du plus grand nombre de communications et des quelques démonstrations que nous avons été en mesure d’organiser grâce au Centre de Recherches Historiques et Juridiques de l’Université Paris I. Le CD Rom, dont bien des historiens ont pu faire la connaissance grâce au retentissant succès de Perseus,5 présente en effet à l’historien de nouvelles opportunités avec lesquelles il faudra pouvoir se familiariser rapidement, mais il pose aussi quelques problèmes.

3Tout d’abord, le CD Rom offre un accès commode et, au total, peu coûteux, à une information multimédia, incluant l’image (fixe ou mobile) et le son. C’est donc, dores et déjà, un formidable outil de vulgarisation, dont les usages pédagogiques sont multiples ; nous en verrons des preuves à travers les démonstrations et les interventions d’aujourd’hui. Il s’est dores et déjà généralisé dans le domaine des dictionnaires et des encyclopédies (le "Robert", l’Encyclopedia Universalis, l’Oxford English Dictionary etc.). L’immense succès remporté auprès d’un vaste public par les CD-Rom consacrés aux peintres et aux Musées (par exemple le Louvre ou la Fondation Bames), au fur et à mesure de leur en mise en valeur dans les grandes expositions (le CD-Rom Poussin, par exemple) le démontre amplement, comme la diffusion "grand public" de certains de ces produits6.

4C’est aussi, et d’une façon plus générale, un outil de documentation, à un degré plus ou moins grand d’érudition. Il donne accès, par ses capacités de stockage, à la fois à des informations mais aussi aux manières de faire de telle ou telle équipe de recherche : c’est aussi vrai pour le CD-Rom Rabelais présenté l’an dernier par Etienne Brunet que pour les produits développés par la maison Brepols pour les médiévistes du Cetedoc7 ou pour ceux de l’institut de Recherche et d’Histoire des Textes de Paris8. Un autre exemple est fourni par les CD-Rom (plutôt coûteux, cependant) développés par la firme anglaise Chadwyck-Healey, comme la Patrologia Latina9. Un groupe de chercheurs américains a mis en place une structure destinée à recueillir et à éditer sous forme de CD-Rom des bases de données, avec un logiciel d’exploitation assez simple d’utilisation10. D’autres produits indispensables pour le médiéviste que je suis sont dores et déjà disponibles sur le marché, comme le CD-Rom consacré à Saint Thomas d’Aquin, sans parler des CD-Rom sur les miniatures médiévales qui commencent à se multiplier, tels celui réalisé à la Bibliothèque Sainte Geneviève à Paris et celui des manuscrits de la Bibliothèque du Vatican. Bientôt, on peut penser que tous les musées offriront à côté des traditionnels catalogues "papier", ou, dans le cas des pièces les plus riches, des cartes postales et des diapositives, des CD-Rom. On peut parfois déjà partir d’une bibliothèque avec, si j’ose dire, son manuscrit dans la poche : la merveilleuse encyclopédie illustrée faite à l’abbaye du Mont-Cassin pour l’abbé Teobaldo (1022-1035) sur le texte du De rerum naturis de Raban Maur vient ainsi de faire l’objet d’un CD-Rom unique réalisé par l’Università degli Studi di Cassino11.

5Mais parler du CD-Rom, c’est aussi – et même surtout – parler des procédés qui ont été mis en oeuvre pour les concevoir et les réaliser ; un "art" (au sens du XVIII^e siècle) nouveau apparaît que l’historien, comme les autres scientifiques, va devoir maîtriser. Derrière les boutons, les liens, et derrière les liens, les concepts... Au fond, on peut reporter sur la conception du CD-Rom, mais avec des outils nouveaux – notamment des logiciels de conception et de réalisation – qu’il va bien falloir apprendre à connaître et à pratiquer ne serait-ce que pour bien les utiliser, tous les problèmes que l’on associait jusque là aux bases de données. L’objet principal de la réflexion doit ici être la notion de lien et d’hypertexte, et l’utilisation que l’on pourra être amené à en faire dans le domaine historique. En effet, le CD-Rom suppose, en fonction de l’objectif visé, un travail complexe de structuration. La richesse structurelle est même l’une des exigences primordiales du CD-Rom : à l’opposé des pages HTML de WWW, pour lesquelles il est recommandé d’utiliser des structures simples, le CD-Rom appelle des structures complexes qui sont la condition sine qua non d’une utilisation imaginative et novatrice du produit. La conception doit donc intégrer précisément le profil de l’utilisateur visé. Le CD-Rom Rabelais que j’ai déjà cité est une réalisation remarquable pour un chercheur en littérature, en histoire littéraire, ou en lexicométrie ; il est tout à fait aride pour le "grand public", comme l’on dit.

6Quels problèmes pose en effet à l’historien la réalisation des CD-Rom ? Je laisserai de côté les aspects techniques (à la base, les opérations indispensables sont la capacité de numériser d’une part, la capacité de compacter de l’autre) sans lesquels le CD-Rom n’existerait pas, ainsi que les aspects proprement logiciels pour lesquels je ne dispose pas encore d’une expérience personnelle suffisante, pour concentrer mon propos sur les nouvelles démarches qu’une telle technologie va sans nul doute imposer aux historiens. Il faut ici repartir de la notion de métasource, que l’apparition des bases de données informatisées et des SGBD m’a conduit à développer12. L’opération de constitution de la métasource, rappelons-le, substitue au "réel historique", une représentation particulière, un monde clos conçu en fonction d’une théorie locale. Dans la mesure où cette métasource prenait jusqu’ici généralement la forme d’une base de données, le travail essentiel portait à la fois sur la forme des données (codées, numériques, alphabétiques etc...) et sur leur définition, à partir à la fois de la détermination des variables utilisées, et de l’élaboration du sens précis (en fonction de la théorie locale) des vocables utilisés dans ce cadre. Mais ce cadre restait relativement statique, même si les SGBD ont évolué vers des structures plus souples, avec d’ailleurs des formules diverses (cas de 4D, cas d’ORACLE avec la possibilité presqu’infinie de génération de tables à partir de relations simples). Au contraire, la notion d’hypertexte (celle d’hypermédia n’en est que le prolongement logique, à partir du moment où le texte est totalement ou partiellement remplacé par du son ou de l’image fixe ou vidéo) est une notion dynamique, qui repose sur l’idée d’une lecture, d’un accès à l’information non séquentiel13. L’idée est bien sûr une vieille idée ; au fond, une bibliothèque et son catalogue est déjà en soi un hypertexte. Les vieux instruments médiévaux que sont les premières encyclopédies, les accesssus ad auctores, les concordances en sont des premières ébauches14. L’hypertexte est en effet un texte dont les composantes sont structurées en éléments reliés entre eux par des liens qui forment un réseau à l’intérieur duquel les parcours sont susceptibles de se faire dans tous les sens (et non seulement en séquentiel, comme dans un texte classique).

7Autrement dit, la structuration proprement dite de l’information doit prendre en compte les possibilités de "navigation" sur le réseau des liens ainsi constitué. C’est ce qu’ont fait toute une série de systèmes de structuration de l’information et de la connaissance développés après la guerre, tels le MEMEX de Vanevar Bush, le projet XANADU d’encyclopédie universelle de Theodor Nelson15, le système GUIDE de Peter Brown et bien d’autres encore. La base de données elle-même reste un outil de base indispensable à l’historien, ne serait-ce que parce qu’elle est toujours une étape préalable et indispensable à la pratique de la mesure et des analyses statistiques. Mais elle doit désormais, comme tous les ensembles textuels quels qu’ils soient, être pourvue des liens et des relations qui vont l’ouvrir à la navigation et permettre sa mise en relation avec d’autres unités textuelles. De ce point de la base de données n’est pas différente de n’importe quel autre objet textuel : à la "matrice" rectangulaire (variable/individus) qui est restée la structure fondamentale des bases de données jusqu’à l’émergence des structures relationnelles sous forme de table (ORACLE), se substitue désormais une structure en réseau, écheveau ou labyrinthe à moins que des routes, des avenues, des passages n’y guident le concepteur et l’utilisateur. L’infinité des combinaisons et des variations possibles a conduit à redouter le désordre, et a conduit les philosophes et les épistémologues à insister sur les classifications. L’hypertexte offre une possibilité de navigation contrôlée sur l’océan des informations ; mais encore faut-il fixer les règles de cette navigation : et c’est là une lourde tâche qui attend les historiens qui vont devoir passer de la base de données (sans la supprimer puisqu’il faut pouvoir continuer à bénéficier de ses avantages) au système d’information pourvu de liens hypertexte16.

8A ce problème de la maîtrise de l’hypertexte, des concepts de noeud, de lien et de navigation, s’ajoute un autre aspect, celui du multimédia proprement dit. Le multimédia révolutionne en effet la relation entre le texte et l’image : "en taillant textes et images dans la même étoffe numérique, il transforme ce qui n’était jusqu’à présent qu’une complémentarité en une véritable hybridation. Pendant que le texte perd sa linéarité et s’explore comme une carte, l’image vectorielle gagne en temporalité, expose des processus et devient discours. L’image virtuelle rejoint, renforce et diversifie la dynamique textuelle"17. Mutatis mutandis, la même observation peut être appliquée au son. C’est là toute une dimension nouvelle du travail historique qu’il va falloir développer, en collaboration étroite avec les historiens de l’art et les sémiologues, pour être capables de tirer le meilleur partie de ce potentiel nouveau. L’équipe du Centre de Recherche Historique qui travaille sur les miniatures de la Bibliothèque Vaticane travaille aussi avec Jean-Claude Schmitt sur les gestes et a entrepris une recherche sémiologique exemplaire sur l’image et sa signification : il y a là une complémentarité nécessaire entre les nouvelles technologies et la réflexion théorique qui ne devrait jamais être négligée.

9Ajoutons une dernière considération. La base de données était avant tout un outil de recherche : soit un outil de recherche documentaire, soit un outil de recherche heuristique. Au contraire, le CD-Rom, comme d’ailleurs tout instrument lié à l’hypertexte et, plus généralement, à un système d’information, obligeant à penser les règles de navigation en fonction de son utilisateur, selon une dialectique entièrement neuve du rapport auteur/lecteur, donne une place particulièrement importante – et délicate – à la pédagogie. On a souvent reproché à notre association de faire la part un peu trop belle à la recherche et de négliger les aspects pédagogiques ; le reproche ne me paraît pas totalement justifié, d’autant que nos amis et collègues de l’Association des Professeurs d’Histoire et de Géographie travaillent beaucoup sur ces aspects ; ils ont d’ailleurs voué l’un de leurs groupes de travail à l’évaluation des produits multimédias dans la perspective de l’enseignement secondaire et publient les résultats de leurs investigations dans le bulletin de l’association, Historiens & Géographes. La nécessité d’expliciter le rapport à l’élève, de définir exactement ce que l’on attend de lui, de prévoir des possibilités de contrôle des connaissances et d’évaluation des parcours navigationnels réalisés par lui font que les CD-Rom à finalité pédagogique offrent un immense éventail de possibilités à explorer et de problèmes à résoudre ; beaucoup plus que les CD-Rom de recherche pure, où les problèmes vont souvent être de purs problèmes de compactage et de maîtrise de l’espace, d’ailleurs techniquement difficiles à résoudre. Encore faut-il accepter de prendre au sérieux les lourdes responsabilités qu’implique un tel exercice : on sait à peu près ce qu’est apprendre à un élève, on sait l’inciter à lire un livre ; mais sa fréquentation du CD-Rom est en général aujourd’hui surtout ludique, et ce n’est qu’à partir d’une réflexion trés poussée sur la didactique et la pédagogie de l’histoire qu’une oeuvre réellement utile pourra être accomplie.

10J’ouvrirai ici une parenthèse un peu plus personnelle pour dire que je me sens aujourd’hui peut-être plus prêt à m’investir dans un travail de type pédagogique que dans une ixième transformation de mes données de recherche pour les adapter au nouveau support (bien que je n’abandonne pas encore cette perspective18). Nous venons d’ailleurs, avec un groupe de collègues, de jeter sur le papier les premières idées pour un CD-Rom sur la Méditerranée au XIIe siècle, l’une des "questions" figurant dans le nouveau programme de seconde19. Je crois aussi qu’au niveau de l’enseignement de l’informatique pour les historiens la réalisation d’un CD-Rom pédagogique peut être un excellent exercice, particulièrement formateur. C’est en tous cas l’une des pistes que nous comptons explorer dés l’année 1997-1998 avec Giulio Romero dans notre enseignement à Paris I, au niveau de la licence, en proposant à chacun des groupes d’étudiants de choisir un sujet, de préparer une structure, et de commencer la réalisation du CD, depuis le choix et la scannerisation des documents (textes et images) jusqu’à leur "gravure" sur le disque. La seule inconnue est encore pour nous le choix du logiciel, les logiciels présentant le meilleur rapport prix/performance étant des logiciels Mac alors que nous sommes équipés PC (vieille question presque réglée, mais pas tout à fait).

11Tout ceci nous amènera à poser aussi le problème des investissements de temps et d’argent nécessaires pour faire des CD-Rom. L’une des questions à laquelle il faut pouvoir répondre de façon urgente est la suivante : l’historien doit-il ici encore envisager de travailler seul, ou, sinon, de quel secours peut-il disposer ? Cela pose, nous l’avons vu, le problème de sa maîtrise des hypertextes et des hypermédias, mais cela dépend aussi beaucoup de l’objectif visé : le CD-Rom peut après tout être simplement utilisé comme une sorte de super-disquette... Mais si la visée est pédagogique ou vulgarisatrice, la nécessité presqu’incontournable d’introduire du graphisme (et un graphisme à la fois efficace et séduisant) exigera pratiquement l’intervention d’un spécialiste. De même, si l’on veut un produit "rapide" au niveau de l’utilisation – en particulier pour l’utilisation vidéo –, donc optimisé, et riche, c’est-à-dire incorporant une grande quantité de données, donc compactées, il va falloir collaborer avec des "hommes de l’art". On retrouve là le vieux problème, que le développement des microordinateurs avait un temps partiellement occulté, de la collaboration de l’historien et du programmeur. La fameuse boutade d’Emmanuel Leroy-Ladurie, qui souhaitait faire de tout historien un programmeur s’est révélée un peu utopique (encore que cela n’a jamais nui à personne de savoir programmmer au moins un peu !) : mais il est clair qu’ici aussi une culture spécifique et une pratique assidue seront nécessaires à l’historien qui voudra engager et poursuivre un dialogue fructueux.

12Encore les choix doivent-ils pouvoir être faits en connaissance de cause. Quels sont les autres moyens concurrents : faut-il, par exemple, choisir entre CD Rom et Internet ? Peut-on concilier les deux ou, si l’on veut présenter un même produit sur l’un et l’autre média, est-il suffisant de présenter deux adaptations spécifiques ? Il me semble que, dans notre communauté, l’ignorance sur ces questions est grande : des problèmes cruciaux de temps et de financement peuvent sans nul doute surgir dans une telle situation et provoquer de graves dégâts. In fine, se pose, une fois de plus, le problème de notre formation : il y a bientôt vingt ans, Robert Fossier et moi-même avons vu arriver un jeune historien désireux de faire un troisième cycle d’Histoire à partir du "Maitron". Sa seule exigence – apparemment modeste – était que le mot "informatique" apparaisse dans son diplôme : malgré notre approbation et tous nos efforts, nous n’avons pu lui garantir qu’il aurait un doctorat "d’histoire et informatique" ! Il s’agissait de Pierre Raiman, qui aurait dû être présent à ce colloque et qui, depuis, a fondé une maison d’édition et produit le CD-Rom sur le Louvre, un succès exemplaire... Il est triste de voir une institution chargée de former les hommes de l’avenir incapable d’accomplir sa mission et continuer à avancer, imperturbablement tournée vers l’arrière...

13Les lenteurs de l’équipement et de l’adaptation des disciplines "littéraires" dans l’enseignement en France, qu’il s’agisse du secondaire ou du supérieur, sont considérables. Mais, peu à peu, tout évolue, tout bouge : ainsi, la salle réservée à la formation des historiens à Paris I est entièrement multimédia depuis l’an dernier, et tous les centres de recherche de la vieille Sorbonne sont enfin branchés sur l’internet depuis la fin de l’année 1996 (cela ne peut tout de même passer pour un record de précocité !). Il est clair que c’est l’un des objectifs majeurs de notre association de pousser les feux au maximum pour que cette adaptation aux changements technologiques s’accélère : mais plus encore, ce que nous voulons, c’est aider, stimuler et provoquer toute l’évolution intellectuelle et scientifique qui seule permettra de bénéficier pleinement de ces transformations technologiques. Pour cela, il faut aider à l’apparition d’une nouvelle interdisciplinarité : à celle que la constitution des bases de données à entraîné avec les sociologues et les experts en analyse des données, à celle que les nouvelles approches du texte ont suscité avec les linguisticiens et les lexicologues, il faut cette fois ajouter une nouvelle interdisciplinarité avec les spécialistes des sciences de l’information et de la documentation, mais aussi avec les historiens d’art, les graphistes et les plasticiens. Cette table ronde y aidera certainement, du moins pouvons-nous l’espérer. Une chose est sûre en tous cas, c’est que cette réflexion doit pouvoir être poursuivie ; notre prochaine rencontre à Orléans en 1997 nous y aidera certainement.