Une foi de granit : les montagnes romaines du xixe siècle
p. 331-342
Texte intégral
Me voilà sur la montagne : population admirable, patriarcale, moyenâgeuse1.
1L’Église catholique s’est volontiers persuadée, au xixe siècle, que le Dieu des chrétiens, évidemment catholique, était campagnard et breton, ou vendéen, ou alsacien2. En réalité, il était plus probablement montagnard, et hantait les hauteurs de la Savoie, de l’Aubrac ou des Pyrénées basques. Que d’autres chrétiens l’aient plus volontiers prétendu protestant, et pleinement à domicile sur les serres déchiquetées des Cévennes lozériennes et gardoises ne nous retiendra pas ici : je n’entends m’intéresser qu’aux montagnes romaines, ces diocèses d’altitude pauvres en biens de la terre mais comblés des richesses de la foi, bourrés de vocations sacerdotales et missionnaires, directement reliés à Rome et au pape par une série de canaux (les zouaves pontificaux, les élèves du séminaire français, les conseillers des papes, ou dans l’autre sens les saints des catacombes...).
2Ces montagnes, du reste, ne sont rien de plus qu’une forme extrême du « rural profond » dans lequel l’Église aime alors à s’enfouir : les pages qui suivent vont décrire non pas quelque « religion des montagnes »– presque aussi insaisissable, sans doute, que la « religion populaire » –, mais la religion des chrétientés rurales chères au chanoine Boulard. Tout au plus relèvera-t-on un degré supplémentaire, comme le montre cette instructive comparaison des Lozériens et des Basques, à laquelle se livre la Semaine religieuse de Mende, en 1897, à l’occasion du croisement des deux pèlerinages à Lourdes : « Ce sont ses montagnes et la stérilité de ses plateaux calcaires qui ont protégé le Lozérien de la contagion de l’incrédulité. C’est grâce à ses montagnes et surtout à sa langue que le Basque est resté si profondément catholique. Parce qu’il ne parle comme personne au monde, son esprit et son cœur ont été à l’abri de toutes les impiétés et de toutes les vilenies qui s’impriment dans les langues qu’il ne comprend pas. »3 La vraie barrière montagnarde, la vraie « muraille de Chine »4, au-delà de l’altitude ou de la pauvreté, c’est bien la langue : face au plantureux français de la plaine voltairienne, les altiers patois religieux, retranchés dans les défilés et les pics d’un vocabulaire difficile.
3Les notices nécrologiques insistent volontiers, pour leur part, sur le lien entre la roche granitique, si répandue dans le sud-est du Massif central, de la Haute-Loire au Tarn, et la religion de leurs prêtres et missionnaires : c’est la foi de granit. Le comte Emmanuel de La Cases, sénateur de la Lozère, le dit nettement, en 1904 : « Sorti des entrailles du peuple, notre clergé a su rester peuple. Du peuple il a toutes ces qualités que certains même taxent de défauts. Il a la rudesse du granit et aussi le feu de ces vieux volcans dont les cratères éteints sillonnent encore notre sol. »5 Les pages qui suivent tentent une sorte de géologie de la foi montagnarde, puisqu’il semble que les beaux granits de Margeride ou d’Aubrac étaient reliés par des filons souterrains à la Rome pontificale, et qu’ils aient irradié, ou bien laissé s’écouler avec leurs sables, un catholicisme que les migrants religieux emportaient à la semelle de leurs souliers, après que des siècles de prière et les parcours de certains saints – Jean-Baptiste de La Salle, au premier chef – eurent retenti dans les profondeurs de la pierre6.
La chrétienne blancheur des montagnes
4Nous prendrons pour guides des évêques de Mende (Lozère) ou Viviers (Ardèche), ceux surtout qui venaient de la Provence ou de Paris, et entraient, proprement abasourdis, dans les montagnes comme dans une autre Galilée. En 1825, un jeune oblat de Marie Immaculée, Guibert, futur cardinal de Paris, prêche une mission à Saint-André de Majencoules et Notre-Dame de la Rouvière, dans les Cévennes catholiques du diocèse de Nîmes :
Il semble qu’on se disputait à qui approcherait de plus prés Notre Seigneur, et je ne crois pas que l’empressement fût plus grand autour de N.S. lorsqu’il parcourait la Judée [...]. Dans ces pays, les hommes ne sont pas comme chez nous [en Provence] ; là on ne dispute pas, on n’argumente pas ; le missionnaire parle, et on le croit par la seule raison qu’il est missionnaire ; les paroles du prêtre sont reçues avec le même respect que si elles sortaient de la bouche de Dieu. Par la simplicité de la foi, les habitants des Cévennes peuvent être comparés aux premiers chrétiens7.
5Devenu évêque de Viviers, Mgr Guibert accomplit sa première tournée pastorale en 1842-1843 :
C’était une sorte d’ivresse [...] C’est un enthousiasme qui va presque jusqu’au délire [...] Je n’ai jamais rien vu de semblable [...]. Nous sommes vraiment ici au temps des apôtres et de la primitive église. [...] Quand on habite certains pays, même notre Provence où il y a encore beaucoup de bien, on ne croirait pas qu’il restât encore tant de foi dans le monde. Il n’est pas rare que les curés ne puissent me signaler un seul habitant qui ne se présente pas à Pâques. Tous ces braves gens viennent communier à mon passage, et comme ils croient que nous avons hérité de tous les privilèges des apôtres, ils m’amènent leurs enfants malades pour que je les gué risse [...]. Je m’en tire en les envoyant à Saint François Régis8.
6Trente ans plus tard, en 1872, Mgr Saivet, né à Lectoure (Gers) en 1828, arrive à Mende, l’évêché « des neiges et des loups », selon son expression. On peut parler de coup de foudre de ce prélat légitimiste pour son diocèse, qu’il ne se décide à quitter que contraint par la tuberculose (il meurt en 1877). Déjà Mgr Guibert, fort de son expérience ardéchoise, lui a dit « des merveilles » de Mende. Sa correspondance trahit une intense jubilation, qui ne se démentit pas. Se rend-il à Rome en visite ad limina, en 1873 ?
Quand j’aurai eu mes audiences et dit mes sentiments, je reviendrai à mes neiges, à mes chers montagnards. Ce sera passer d’une blancheur à l’autre. Je ne me sens pas malheureux entre l’âme du Pape et les belles vertus de la Lozère. [...] Dans un temps pareil où les horizons sont chargés d’orages, je trouve infiniment douce ma vallée oubliée des hommes et si bien ouverte du côté du ciel (1873).
7Et cette lettre de 1874 :
Je suis le plus heureux des évêques du Globe. Il n’y a nulle part une population comparable à la mienne... Clergé et fidèles sont parfaits. Ils se feraient tous écharper, pour défendre une seule boucle de mes souliers ; et cela est bien quelque chose aujourd’hui !
8Il faudrait citer intégralement les pages du livre de raison que l’évêque a tenu du 25 janvier au 11 février 1874, avec « 25 pieds de neige sous [ses] fenêtres et 21 degrés de froid sur [son] seuil ». Le diocèse, cet « Eden hyperboréen », devient le lieu d’une expérience spirituelle dans une sorte de Trappe (« Je suis seul comme dans un désert »), conservatoire de chrétientés médiévales ou bibliques. « Je suis au bout du monde et ne sais plus rien de l’univers visible [...] J’ai des paroisses à 1 600 mètres d’altitude [...] Quel dommage qu’il y ait des ingénieurs par le monde, pour ouvrir des routes par où arrivent les soi-disant progrès à ces races innocentes. »9 Au même moment, l’abbé de Ligonnès, missionnaire diocésain, futur évêque de Rodez, trouve des accents voisins pour dire son enthousiasme : « On se croirait au treizième siècle, à voir l’aspect, la rudesse et la foi de ces populations perchées à douze ou treize cent mètres. »10
9Montagnes granitiques, mais chrétienté faite de saints sédiments, comme le calcaire des grands Causses : les clercs érudits savaient retrouver les strates successives des prières et des sacrifices accumulés dans une communion des saints réalisée ici et maintenant. Ainsi l’historien des religieuses de Saint-Joseph de Saint-Étienne de Lugdarès, dans les « cimes neigeuses du Vivarais », estime-t-il que le réveil religieux du xixe siècle est dû, en profondeur, à la trace des anciennes abbayes cisterciennes de la région, Mazan, les Chambons, Bonnefoy ou Mercoire : « Dieu permet aux âmes qui ont mené une telle vie de visiter les lieux témoins de leurs actes héroïques et d’y répandre de précieuses bénédictions. »11 Sur la strate cistercienne, par ailleurs réactivée à Notre-Dame des Neiges à partir de 1852, avant que n’y séjourne, dans l’une des étapes importantes de son cheminement vers la sainteté, le F. Albéric, ou Charles de Foucauld12, sont venus se déposer la vigoureuse résistance à la déchristianisation révolutionnaire, puis les prières et l’exemple de ces saints personnages issus du Vivarais au xixe siècle, dont Marie Rivier ou Thérèse Couderc. Dans la même région, aux frontières des principaux greniers à prêtres de la France (les diocèses de Mende, du Puy, de Viviers), le seul institut des Frères des Écoles chrétiennes a pu invoquer les pérégrinations de son fondateur, saint Jean-Baptiste de La Salle, en 1711 et 1713, qui auraient laissé des traînées de vocations, mais aussi la vie de saint Bénilde Romançon, un religieux mort à Saugues (Haute-Loire) en 1862, ou encore la naissance à Cubierettes, sur le versant nord du mont Lozère, du frère Pons, l’un des deux « martyrs » de la révolution anticléricale survenue au Mexique en 1914. Étonnant entrelacs de canonisations, de martyres et de réputations de sainteté, particulièrement dense le long de cette dorsale régordane, du Puy aux Vans par Saugues, Pradelles, Langogne, Notre-Dame-des-Neiges, Villefort. L’antique route reliant le Massif central à Nîmes semble avoir mené surtout à Rome : quelques-uns des grands défenseurs des papes et du dogme, dont la carrière s’est déroulée dans la capitale de la chrétienté, ont déboulé par elle des hautes terres chrétiennes.
La garde romaine
10Je prendrai ici l’exemple du diocèse de Mende (Lozère). Son clergé est d’autant plus romain que l’évêque envoie l’élite de ses jeunes prêtres13, dans la deuxième moitié du xixe siècle, parfaire sa formation intellectuelle et dogmatique au séminaire français de Rome, fondé en 1853. Les premiers sélectionnés sont Firmin Crouzet, qui entrera chez les Jésuites en 1876, Albert Nègre, futur archevêque de Tours, son cousin Paul Nègre, futur évêque auxiliaire de Rodez et de Viviers, et Alexis Solanet, futur directeur de la Semaine religieuse. Après l’expulsion des Jésuites (1880), les professeurs du Grand Séminaire de Mende sont tous d’anciens élèves des universités romaines : c’est le groupe des « Romains », selon une formule de la Semaine religieuse en 190814. Monseigneur a fait du grand séminaire un « petit collège romain », s’écrie le prédicateur de la retraite ecclésiastique de 1903, l’Aveyronnais Gély, futur évêque de Mende et lui-même ancien de Rome15. Les cartes publiées par Yves-Marie Hilaire sur les origines des étudiants montrent que de 1906 à 1914 les diocèses de Mende et Rodez sont les seuls, avec ceux de Cambrai et Saint-Brieuc, à envoyer plus de dix élèves au séminaire français16 ; il est vrai que leurs évêques sont d’anciens « romains », et de surcroît de la même promotion (1876-1877), une expérience qu’ils partagent avec les directeurs respectifs de leur Semaine religieuse. Il y a là des effets de mémoire et de solidarité que l’on ne saurait négliger.
11Le séjour dans la capitale du catholicisme crée entre prêtres diocésains des liens durables, qu’entretiennent par la suite des rencontres annuelles entre anciens, moins préoccupés de fastes amicalistes que de la mise au point des mots d’ordre sur les grandes questions du jour. En 1905, par exemple, elles réunissent les méridionaux au collège Saint-Gabriel de Saint-Affrique (Aveyron) ; en 1906, c’est au grand séminaire de Mende, les supérieurs des deux maisons étant des leurs17. La trentaine de présents à Mende, venus de cinq départements (Lozère, Aveyron, Gard, Hérault, Tarn-et-Garonne), ont mis à leur programme les points suivants : « Question loysienne, recrutement du clergé, œuvres militaires et de jeunesse, bonne presse. »« Il emporta de la ville éternelle et du contact avec les grands maîtres des sciences ecclésiastiques, cette pureté de doctrine, cette vivacité de la foi, ce zèle ardent à la défendre qui sont devenus comme la caractéristique de sa vie18 », écrit en 1908 Mgr Gély à propos de l’accession à l’épiscopat d’Albert Nègre.
12Œuvrent à Rome même, de la fin du xixe siècle à l’après-Seconde Guerre mondiale, quelques Lozériens qui se montrent des gardiens vigilants du dogme, tout particulièrement face au modernisme. Citons, en dépit d’un trop bref passage, le jésuite Louis Boussac (1846-1902), qui fut pendant une année, de 1899 à 1900, l’un des deux professeurs de dogme à l’Université grégorienne. Ou encore ce personnage mal connu, l’abbé Daurelle, docteur en théologie, prêtre de la chapelle de Mgr Cozza, au Vatican, membre en 1890 de l’Académie Religionis Catholicae, dont la Semaine Religieuse publie régulièrement des correspondances très combatives, et qui est l’auteur en 1883 d’un violent pamphlet, L’athéisme devant la raison humaine.
13Proche compatriote de l’abbé, le père Pie de Langogne (Blaise-Armand Sabadel, 1850-1914), fournit une brillante carrière. Ce capucin de la province de Lyon, bientôt appelé à Rome comme secrétaire général et membre du chapitre général de son ordre, est consulteur des Congrégations du Saint-Office, de l’Index, du Concile, des Évêques et Réguliers et membre de la commission de Codification du droit canon. Il est aussi le confesseur et un intime de Pie X qui le consacre lui-même archevêque de Corinthe, en 1911, et l’aurait promis au cardinalat.
Il aimait Pie X d’un amour pieux et violent. Il disait plaisamment : « Chaque soir je m’examine pour savoir si je ne commets pas des actes d’adoration envers le Pape ». [...] Il était la vivante antithèse du Modernisme. Ceux qui l’entendirent avant la condamnation de cette néfaste hérésie, retrouvèrent dans l’Encyclique ses idées, ses expressions, ses réfutations et les généreuses colères de son âme. Il était ferme, il était fort, et il aimait les forts, ceux que les faibles appellent exagérés, ceux que les prudents du siècle accusent de perdre l’Église. [...] Que de fois il demanda la résurrection de Louis Veuillot !19
14Mgr Gély a salué lui aussi « l’influence peut-être inégalée » du capucin sous Léon XIII et Pie X, et reconnu « ses idées et jusqu’à ses expressions favorites dans les documents pontificaux20 ». Aussi son nom fut-il avancé à deux reprises, après la parution de l’encyclique Pascendi, comme celui de l’un des auteurs du texte21. C’est dire assez l’influence, réelle ou supposée, de ce prêtre au moment d’une crise dogmatique majeure. Le Père Pie de Langogne n’a pas hésité à entrer avec fracas, sous couvert d’un pseudonyme, dans la vie politico-religieuse française, au moment de la loi d’abonnement imposée aux congrégations (16 avril 1895) : son violent pamphlet, Ni criminels, ni dupes, qualifiait la loi d’« infâme » et appelait les religieux à la résistance (« Ne donnez pas aux chrétiens du monde le scandale de la lâcheté et du servilisme devant les arrogances de l’iniquité. »22).
15Après 1945, le rôle de gardien de la tradition a été dévolu au jésuite Charles Boyer (1884-1980), originaire de Pradelles, un bourg de Haute-Loire voisin de la ville de Langogne. Le dictionnaire Catholicisme écrit de ce doyen de la faculté de théologie de l’Université grégorienne qu’il jouit « dans les milieux romains d’une influence indéniable, exercée dans un esprit de stricte défense de la Tradition23 ». Avec une tout autre orientation, on peut enfin citer le spiritain Marcel Martin (Villefort, 1911-1990), économe du séminaire français de Rome à partir de 1943, procureur des évêques de France à partir de 1954 : son poste en a fait une éminence grise, diplomate discret et supérieur. Il a été en outre le gardien de la mémoire et de la gloire de l’Église de France, comme postulateur de nombreuses causes de béatification et de canonisation (les martyrs d’Angers sous la Révolution, les spiritains Laval et Brottier, le père Chevrier, le jociste Marcel Callot, les pères Libermann et Cesnac, Charles de Foucauld).
16La crise du modernisme, au tournant du siècle, éclaire les choix dogmatiques. La mise à l’index des ouvrages d’Alfred Loisy, en décembre 1903, est annoncée par la Semaine Religieuse du 8 janvier 1904, et dès le mois suivant un élève du grand séminaire réfute une à une, dans une dissertation publique consacrée à « La science humaine de Jésus-Christ », les « erreurs modernes » résumées dans l’opuscule de Loisy, Autour d’un petit livre24. Les conférences ecclésiastiques de 1912 proposent aux prêtres de travailler, dans la section de Théologie dogmatique, sur « La Science humaine du Christ », nouvelle occasion de pourfendre les thèses modernistes25. Les jeunes prêtres pouvaient s’inspirer de leur maître, Albert Nègre, professeur de théologie dogmatique au grand séminaire de 1881 à 1906, et adversaire acharné des nouvelles doctrines, contre lesquelles les quatre volumes de son Cursus Theologiae dogmaticae (Mende, 1896-1902) ont entendu édifier un rempart durable. La Semaine religieuse, qui voit dans l’accession du professeur à l’épiscopat, en 1908, un signal doctrinal, met volontiers en exergue la fidélité romaine du jeune clergé lozérien, dûment informé de « la cause première de tous les maux dont nous souffrons et qui n’est autre qu’une crise doctrinale universelle26 ».
17Parmi les théologiens, dont les « Romains » de Mende conseillaient alors la lecture, se trouvait un compatriote, le jésuite Eugène Portalié (1852-1909). Professeur de théologie scolastique à l’Institut catholique de Toulouse de 1899 à sa mort, il a été appelé à jouer, en tant que proche collaborateur de Mgr Battifol, recteur de l’Institut, un rôle important dans la querelle contre le modernisme, dont à croire ses collègues il formula tôt, en privé, la condamnation que le pape allait officialiser dans l’encyclique Pascendi. Dans plusieurs articles confiés à la revue des Jésuites, Études, et à celle de l’Institut de Toulouse, le Bulletin de littérature ecclésiastique, notamment « Le dogme et l’histoire », en 1904, et « L’explication morale des dogmes », en 190527, Eugène Portalié développe une critique sans concession des thèses modernistes. Le point d’achoppement est clair : « Certes, son analyse de l’acte de foi ne méconnut jamais la part de la grâce et de la volonté dans l’assentiment intellectuel du croyant, ni les éléments multiples dont il reçoit l’influence ; mais il accentua avec insistance la motion formelle et déterminante qu’exercent sur cet assentiment le fait et l’autorité d’une révélation extérieure, fait dont la certitude historique, autorité dont la certitude philosophique sont requises, en thèse et en hypothèse, pour tout acte véritable de foi catholique. »
18Et son biographe de commenter les prises de position de l’intellectuel : « Contre des erreurs qui sapaient le christianisme et toute religion par la base, notre collègue fut intransigeant ; il ne comprenait pas qu’on gardât à cet égard une attitude timide ou indécise. [...] Sa clairvoyance lui fit voir tout de suite la grandeur des intérêts engagés. De là son ardeur, qui a parfois surpris des gens qui ne voyaient pas aussi clair que lui. De là même sa véhémence, qui faisait penser au coup de vent salubre et fort de ses chères montagnes lozériennes28. » C’était bien de la véhémence : Émile Poulat cite la lettre d’un étudiant ecclésiastique de l’Institut catholique de Toulouse à l’abbé Loisy, en 1907, dénonçant « les injures et les grossières imputations du P. Portalié. Ne pouvant y tenir, il m’est arrivé plus d’une fois de l’interrompre ; c’était alors un débordement de cris sur votre “impudence dans le mensonge”, votre “hypocrisie”, votre “mauvaise foi insigne” »29. Chez d’autres, moins familiers des complexités de la pensée, moins respectueux des idées, les mêmes traits sont grossis d’autant. Lors de la condamnation du Sillon, en 1910, Mgr Laurans, un Lozérien évêque de Cahors (1906-1912), n’hésite pas à retarder l’ordination de plusieurs de ses séminaristes proches du mouvement de Marc Sangnier30.
Des catacombes à Mentana... et aux Boers
19Après les évêques et les théologiens, d’autres liens restent à explorer entre la capitale de la chrétienté et les Romes montagnardes. Mende, Rodez, Le Puy..., sont à Rome, banalité de l’ultramontanisme ; mais Rome est aussi à Mende, avec les corps saints des catacombes qui aboutissent, au terme de longs voyages ferroviaires et routiers, dans les églises lozériennes. La chapelle de l’hospice du Malzieu possède ainsi, parmi huit cents reliques, trois corps découverts dans les catacombes, ceux de la jeune Candide, d’un saint Victor, et de saint Séverin, enfant martyr, dont les restes sont arrivés en février 186331. Le pape Grégoire XVI a donné à l’abbé lozérien Charles de Moré de Charaix, qu’il n’a pu retenir à son service, les restes d’une vierge et martyre romaine, sainte Amérine. Deux évêques et quarante prêtres ont accueilli les restes de la sainte et les ont accompagnés processionnellement à la chapelle du château de Cheminades, demeure des Moré de Charaix. « La piété et la dévotion furent grandes dans ces pays de foi, et plusieurs personnes ressentirent peu à peu les bienfaits signalés de Sainte Amérine. »32 En 1866, c’est un saint Pie qui arrive au petit séminaire de Chirac : en récompense de l’abandon par les élèves de la valeur de leurs prix et couronnes au bénéfice du denier de Saint-Pierre, Pie IX a donné son nom au corps d’un adolescent tiré des catacombes. Deux ans plus tard, c’est un capitaine de la légion romaine, Vazeille, vaillant combattant de Mentana, qui rapporte de Rome le corps de saint Félix, martyr, pour le donner à sa paroisse natale de Saint-Alban33. Un peu de la ville des martyrs gît ainsi en Lozère.
20Triomphe de l’ultramontanisme : le mot est faible pour dire la profondeur du sentiment qui lie le clergé des montagnes à la ville sainte et à son pape. À l’occasion de son deuxième voyage ad limina, en 1859, Mgr Foulquier publie sous la forme d’une lettre pastorale de soixante-cinq pages un Récit du voyage à Rome, qui se veut à la fois le guide de la ville chrétienne et son exaltation, et dont les mots et les images ont dû retentir dans chaque église de la montagne : « C’est Rome, cette ville éternelle, qui deux fois a présidé aux destinées du monde, et sur qui reposent les espérances de l’humanité pour la terre et pour le Ciel : Rome la cité terrestre du Dieu vivant, la demeure de son Vicaire, le centre et le foyer d’où rayonnent dans tout l’univers la lumière et la vie. » Et sur le chemin du retour : « Nous voyons encore la Croix radieuse qui couronne le dôme de St Pierre briller dans la nuit comme un phare, le phare de l’humanité voguant timide et incertain sur l’océan des opinions humaines, et qui ne peut trouver qu’au pied de la Croix, à Rome, un port tranquille et assuré. »34
21L’épiscopat de Mgr Foulquier baigne dans la romanité ; l’évêque fait cinq fois le voyage à Rome entre 1855 et 1869 (c’est un record régional35). Il fait joindre au nécrologe de l’année, jusqu’à la fin de 1860, la mémoire des volontaires du pape morts au combat, pour chaque dimanche et dans chaque église paroissiale. Le mandement de carême de 1867 espère que chaque doyenné aura le bonheur de fournir un zouave pontifical. Certes, ces brigades internationales de l’ultramontanisme rassemblent surtout des volontaires hollandais, belges, canadiens, ou bretons et vendéens. On y trouve tout de même quelques dizaines de Lozériens, Aveyronnais, Vellaves et Ardéchois36, la Haute-Loire leur donnant l’un de leurs deux lieutenants-colonels, Louis de Becdelièvre37, né au Puy-en-Velay en 1826. À côté de l’impôt du sang, on doit peser les sommes versées pour l’entretien d’un zouave (500 francs chacun) : la Lozère en entretient vingt et un, grâce aux collectes réalisées dans ses doyennés, à la générosité de prêtres ou de laïcs mendois et marvejolais restés anonymes, voire de couvents ou du collège de Langogne. À la fin de l’été 1867, le diocèse de Rodez se classait premier en termes de générosité relative (116 zouaves entretenus, un pour 3 422 habitants), Mende dix-septième38.
22Le premier Lozérien à s’être engagé, François Hugon (Belvezet), l’a fait dès la fin de 1860 dans la brigade des Franco-Belges, puis quelques jours plus tard parmi les zouaves pontificaux, sous le matricule 230. Le dernier, Édouard Delfour, originaire de la même commune, s’est engagé le 14 juillet 1870 (matricule 10504). Le contingent lozérien s’étoffe de plusieurs combattants dans la légion romaine, dite d’abord légion d’Antibes, et mise sur pied par le général lozérien Aurelles de Paladines (1804-1877) ; il comprend cinq membres de la « noblesse » locale, Eugène de Saint-Germain, Charles Brugerolles de Vazeille, M. de Limairac, Henri de Graverol, et surtout Alexandre de Retz (1843-1867), dernier représentant de son nom, neveu d’un cardinal, tombé à Mentana le 3 novembre 1867, dont la figure a tous les traits du héros romantique et du saint. Les autres Lozériens viennent du milieu paysan. Trois d’entre eux méritent une mention particulière : Théophile Monginoux, médaillé Bene Merenti, est le descendant direct de l’un des « martyrs » de La Malène, guillotiné sous la Révolution, en 1793 ; Xavier Sévène (Recoule-de-Fumas), élève du grand séminaire de Mende au moment de son engagement, en 1867, reprend par la suite ses études et se voit confier une paroisse de la montagne ; Augustin Enjalvin (1849), médaillé de Mentana, prendra la tête à la fin du siècle du Paris-Auvergne, l’hebdomadaire chargé d’apporter la bonne parole aux émigrants parisiens et de battre en brèche l’influence du trop anticlérical Auvergnat de Paris.
23La Revue religieuse paraissant alors à Rodez donne une large place à la bataille des zouaves pontificaux. L’amour du pape et l’acceptation du martyre s’expriment dans des lettres pleines d’un romantisme sacré : « Dieu m’a donné la vie, Mgr, et n’est-il pas juste que je la consacre à son service ? Quoi de plus agréable à ses yeux que de sacrifier son propre sang à la défense de son Épouse qui combat sans cesse sur la terre ? [...] J’ai entendu raconter les maux de l’Église et j’en ai frémi. Et j’ai dit : “Quoi ! l’Église est notre mère, et ses enfants qu’elle nourrit de son propre lait lui refusent leurs bras !” Non, je ne puis sans douleur voir fondre tant de maux sur notre tendre Pie IX, le soleil et la gloire du xixe s. Je volerai à la défense de son trône ; oui, je volerai aux combats de la justice, et, s’il faut mourir, je mourrai avec joie », s’exclame le jeune Enjalvin en juin 1867. En décembre, de Rome, il décrit l’assaut d’un repaire adverse, les profanations d’églises et les viols dont les révolutionnaires se seraient rendus coupables. Le séminariste Sévene, pour sa part, bouscule un gendarme pour tomber aux pieds de Pie IX, riant de l’audace du buono zuave : « [le pape] me donna sa main que je pressai amoureusement sur mes lèvres. Après avoir béni toutes mes armes, c’est-à-dire mon crucifix et mon épée, il me bénit. Dieu soit loué, je ne désire plus rien sur cette terre. Arrive la guerre, arrivent les garibaldiens, arrive la mort, je suis prêt à tout, j’ai vu Pie IX, et mon cœur n’a plus d’autres désirs que de s’immoler pour lui. »39
24Ultime écho de ce service militaire de l’Église, à l’extrême fin du xixe siècle, l’engagement d’une poignée de catholiques français, derrière le colonel de Villebois-Mareuil, aux côtés des Boers. Une liste des engagés, malheureusement incomplète et sans indications d’origine, comporte, à côté de trois Charette et d’un Vogüé, des noms qui renvoient aux montagnes du Midi, le vicomte A.-M. de Framond, A. Couderc, H. Viala40, etc. Si en 1890 le P. Monginoux, un Lozérien supérieur des missions des Oblats de Marie en Afrique du Sud, voit dans les Boers calvinistes des « ennemis invétérés de l’Église catholique41 », un éditorial d’octobre 1901 du Paysan Lozérien et Aveyronnais, organe de l’Action catholique en milieu rural, révèle les raisons d’une sympathie nouvelle :
Nous admirons sans mesure et sans réserve cette vaillante petite nation de l’Afrique australe, qui tient tête depuis deux ans au colosse britannique [...] Les héros du Transvaal sont les fils des paysans hollandais qui sont allés coloniser cette vaste région au xviiie siècle, comme la belle et féconde race du Canada descend de nos vieux paysans normands et beaucerons. Ah ! comme la vie rurale est favorable à la conservation des races, à la vigueur des tempéraments ! [...] C’est l’agriculture qui conserve dans un peuple le meilleur de la race. [...] Donc, soignons, conservons et encourageons ce qui nous reste de paysans, sauvons nos Boers français ! Les fermiers et les ouvriers de la Lozère et de l’Aveyron ce sont nos Boers à nous. Aidons-les, c’est le meilleur de notre race42.
25Paradoxale comparaison des catholiques lozériens et des Boers calvinistes ! Mais on voit bien ce qui fascine le rédacteur : la paysannerie comme butte témoin, la religion comme reste.
26Religion montagnarde ou simplement rurale ? L’Église du xixe siècle a vu dans la montagne l’ultime rempart de l’orthodoxie et de la générosité chrétienne, capable de lui donner des prêtres, des soldats, des missionnaires, des gardiens du dogme. Alors que la montagne a pu si longtemps inquiéter, alors que les hérésies ont su y trouver leurs refuges et nids d’aigle, des vaudois de Fraissinières, dans les Alpes, à ceux du Lubéron, des cathares de Montségur aux protestants des Cévennes, voici une autre montagne, blanche de neige et de sainteté. La foi de granit... Le risque, bien sûr, tenait moins dans les lignes de chemin de fer lancées à l’assaut des diocèses hercyniens, contre le gré de leurs évêques, que dans l’émigration des hommes et la désertification de l’Aubrac, de la Margeride ou du Velay. Le granit lui-même s’use : il donne alors cette arène qu’emportent les crues des torrents. Devient-il pour autant le limon fertile des plaines régulièrement inondées ? L’Église aurait aimé le croire, sans doute ; mais ni les chrétiens ni les prêtres descendus des montagnes n’ont vraiment transformé les bas pays. L’incastallemento montagnard de l’Église, aux lendemains de la Révolution française, n’aura fait que retarder une sécularisation dont il est facile, mais assez juste, d’écrire qu’elle est venue éroder le granit des fois anciennes.
Notes de bas de page
1 Mgr Nègre, Charles de Ligonnès, évêque de Rodez et de Vabres, 1845-1925, Paray-le-Monial, Rodez, 1936, passim.
2 Cf. la thèse de C. Muller, Dieu est catholique et alsacien. La vitalité du diocèse de Strasbourg au xixe siècle (1802-1914), Strasbourg, 1986.
3 Semaine religieuse de Mende [SR], 1897, p. 435.
4 « Il n’y a pas de muraille de la Chine qui nous mette à l’abri de l’invasion de l’erreur », Mgr Costes, Lettre pastorale sur les examens de jeunes prêtres pour l’année 1881, Mende, 1881.
5 E. de Las Cases, « Les élections et la paix sociale », extrait de La Réforme sociale, 1er février 1904, Paris, 1904, p. 13.
6 La base de ce travail est ma thèse, Les cadets de Dieu. Vocations et migrations religieuses en Gévaudan, xviiie-xxe siècle, Paris, 1997.
7 J. Paguelle de Follenay, Vie du cardinal Guibert archevêque de Paris, Paris, 1896, vol. 1, p. 176 et 179.
8 Ibid., vol. 2, passim et p. 22.
9 E. Rous, Mgr Saivet évêque de Mende (1872-1876) et de Perpignan (1876-1877) d’après sa correspondance et ses écrits, 2 vol., Lille et Paris, 1899, passim. Le mont Lozère culmine à 1 699 mètres, mais les plus hauts villages alors habités ne se trouvent qu’à 1 200 mètres !
10 Mgr Nègre, Charles de Ligonnès..., op. cit. (mission prêchée à La Fage-Montivernoux en 1880).
11 Abbé Zéphyrin Gandon, Une fleur éclose sur les cimes neigeuses du Vivarais ou Histoire des religieuses de Saint-Joseph de Saint-Étienne de Lugdarès, Le Puy, 1933, p. 6.
12 P Mauger, Le P de Foucauld et la Trappe de Notre-Dame des Neiges, Lyon, 1946.
13 Appelés à enseigner au grand séminaire, à prêcher les missions diocésaines ou à occuper divers postes de direction ; plusieurs devaient accéder à l’épiscopat.
14 SR, 1908, p. 419.
15 SR, 1903, p. 565.
16 Yves-Marie Hilaire, « Note sur le recrutement des élèves du Séminaire français de Rome (1853-1914) », Archives de Sociologie des Religions, t. 23, 1967, p. 135-140.
17 Revue religieuse du diocèse de Rodez, 3 août 1906, p. 4.
18 SR, 1908, p. 420.
19 Une noble figure franciscaine. Mgr Blaise-Armand Sabadel, Marseille, 1914.
20 Lettre (préface) de Mgr Gély à l’abbé Delaloy, chargé de la publication posthume des poésies du P. Pie, publiée dans SR, 1918, p. 640-643. Recueil paru sous le titre À Marie Immaculée, petit bouquet de fleurs, fleurettes et brindilles, Paris, 1918.
21 Allégations (fondées au moins en partie, on le voit depuis les sources lozériennes) rapportées par J. Rivière dans Le modernisme dans l’Église, Paris, 1929, p. 350-351, d’après Catholici, Lendemains d’encyclique, p. 36, et J. R. Slattery dans l’American Journal of Theology (1909, p. 556). Dans les deux cas, le nom du P Pie voisine avec ceux du jésuite Billot ou d’un autre franciscain, Marrani.
22 P. A. Adelante [P Pie de Langogne], Ni criminels, ni dupes, Paris, s. d. [1895],
23 Jean-Marie Mayeur et Yves-Marie Hilaire (dir.), Dictionnaire du Monde religieux dans la France Contemporaine, 1. Les Jésuites, Paris, 1985, p. 54-55. Voir aussi Catholicisme, vol. II, Paris, 1948, col. 227. Citons encore le P. Auguste Marie Félix Boudinhon (Le Puy 1858, Rome 1941), professeur de droit canon à l’Institut catholique de Paris, recteur en 1916 de Saint-Louis-des-Français (Rome), consulteur des congrégations des sacrements, du concile, directeur de la revue Le canoniste contemporain à partir de 1890, etc., G. Joubert, Dictionnaire biographique de la Haute-Loire, Yssingeaux, 1982.
24 SR, 1904, p. 23 et 120 : « Le dissertateur a pris, une à une, les paroles de M. Loisy et a fait toucher du doigt la fausseté historique et doctrinale de chacune de ses affirmations. »
25 Conférences ecclésiastiques du diocèse de Mende, 1912, p. 198-238. Les anciens de Santa – Chiara réunis au Grand Séminaire de Mende, en août 1906, y avaient formé le voeu « de répandre parmi le clergé et le monde laïque instruit des antidotes contre le loysisme » (Revue religieuse du diocèse de Rodez, op. cit.).
26 SR, 1908, p. 417.
27 Bibliographie dans « M. Eugène Portalié », Bulletin de littérature ecclésiastique de l’Institut catholique de Toulouse, 1909. Biographies dans Dictionnaire de théologie catholique, Paris, col. 2590-2593, et J.-M. Mayeur et Y.-M. Hilaire (dir.), Les Jésuites, op. cit.
28 Bulletin de littérature ecclésiastique..., op. cit., p. 8-9 et 11. L’abbé Jory, archiprêtre de Marvejols, déclare pareillement, lors d’une retraite sacerdotale : « Nous autres, montagnards, nous aimons à mettre de la simplicité, de l’énergie et de l’élan en toutes choses : dans nos témoignages d’affection comme dans nos luttes religieuses. J’oserai dire que nous sommes des soldats habitués au pas de charge », SR, 1902, p. 574.
29 É. Poulat, Histoire, dogme et critique dans la crise moderniste, Paris, 1979, p. 365, note 2.
30 Clément Nastorg, « Aspects de la vie et de la pratique religieuse dans le diocèse de Cahors de 1910 à 1914 », dans Cahors et le Quercy, Cahors, 1978, p. 103.
31 Abbé Philip, Le Malzieu et ses environs, s. l., s. d.
32 Notes sur Mr l’Abbé de Charaix et sa famille, manuscrit, p. 8 (Arch. Dép. de la Lozère, 4 J 58, fonds Moré de Charaix).
33 Revue religieuse de Rodez et de Mende, 1866 et 1868.
34 Mgr Foulquier, Lettre pastorale à l’occasion de la visite « ad limina », Récit du voyage à Rome, Mende, 1859, passim.
35 Gérard Cholvy, « Les sources de l’histoire religieuse des diocèses du Midi au xixe siècle : les archives du Vatican », Annales du Midi, 1969, p. 216-229.
36 Matricule des zouaves pontificaux officiers et hommes de troupe de 1 à 4 000 et des Volontaires de l’Ouest officiers, 2 vol., Lille, 1910 et 1920.
37 Voir ses Souvenirs de l’armée pontificale, Paris-Lyon, 1867, et J. Delmas de Cambacérès, Le colonel de Becdelièvre, Paris, 1883.
38 Selon un tableau publié dans la Revue religieuse de Rodez et de Mende, 1867, p. 443.
39 Ibid., 1867, p. 298 et 1868, p. 59.
40 Bernard Lugan, Huguenots et français : ils ont fait l’Afrique du Sud, Paris, 1988 et Villebois-Mareuil : le La Fayette de l’Afrique du Sud, Monaco, Paris, 1991.
41 SR, 1890, p. 530.
42 Le Paysan Lozérien et Aveyronnais, octobre 1901, p. 1. Souligné par l’auteur.
Auteur
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Patrick Cabanel
Université Toulouse II-Le Mirail
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