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Clergés, communautés et famille des montagnes d’Europe

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Serge Brunet
, 
Nicole Lemaitre

Partie III. Service ou contrôle des communautés d’habitants ?

Le clergé des Pyrénées-Orientales et la montée de l’anticléricalisme (1800-1830)

Michel Brunet

Texte intégral

1En 1789, trois cantons languedociens furent rattachés à la province du Roussillon pour former le département des Pyrénées-Orientales. Les prêtres de ce petit pays des Fenouillèdes avaient, dans une large proportion, adhéré à la Constitution civile du clergé et prêté le serment. Le clergé proprement catalan, après quelques hésitations (nombreuses prestations avec réserves), refusa massivement. On peut penser que curés et vicaires réfractaires avaient dans l’ensemble reçu l’appui de leurs paroissiens qui accueillirent très mal les quelques « intrus » que l’évêque Deville (lui-même languedocien) eut beaucoup de difficultés à recruter et plus encore à maintenir en poste. L’ultramontanisme d’un clergé catalan qui n’était pas rattaché au clergé de France s’accordait à la piété d’une population à la sensibilité encore très baroque.

2Ce fut la première et peut-être la plus grave des causes du « désamour » des Roussillonnais vis-à-vis d’une Révolution qui apporta, dans l’immédiat, plus de souffrances que de satisfactions. Il convient de ne pas oublier que le pays servit de champ de bataille et subit une double occupation par l’armée française et par l’armée espagnole. Tout était donc en place pour qu’en 1815 le département, à l’instar de ce qu’il est convenu d’appeler la Vendée militaire, s’inscrivît dans le courant de conservatisme politique qui devait marquer durablement les régions de forte fidélité catholique. Tel ne fut pas le cas et, de façon apparemment paradoxale, un puissant courant d’opinion vint s’opposer, dès les débuts de la Restauration, au légitimisme qui pourtant ne manquait pas d’ancrage populaire. Les républicains triomphèrent des Blancs et le pays bascula en 1848 dans la vaste zone du Midi rouge. Dans ce retournement, surprenant par sa rapidité et sa puissance, l’anticléricalisme joua un rôle moteur.

3Il faut cependant souligner que le phénomène connut des intensités diverses suivant les zones géographiques très contrastées d’un département qui va du littoral méditerranéen aux massifs montagneux du Canigou et du Carlit qui frôlent les 3 000 mètres d’altitude. Dans la mesure où l’on peut interpréter le silence des archives, la montagne semble avoir été relativement épargnée par les querelles entre les curés et leurs ouailles. Ce n’est qu’après 1830 que les preuves de fracture se multiplièrent dans les hauts cantons. Nous voudrions analyser ce qui, dans le comportement du clergé catholique de la première moitié du siècle a pu impulser ou amplifier le phénomène.

Le Concordat ne parvint pas à réparer le tissu déchiré de l’Église

4Les deux clergés ne se réconcilièrent jamais et la mise en œuvre d’un Concordat bien mal nommé ne fit qu’approfondir le fossé des haines, des rancœurs et des mépris. Chaque camp eut son champion : le général-préfet Martin, outrageusement partial en faveur du clergé constitutionnel et sans doute sourdement hostile à l’Église elle-même, s’opposa violemment à l’évêque de Carcassonne que l’on chargea de gérer l’ancien diocèse de Perpignan. Mgr de Laporte, réfractaire, autoritaire et très « talon rouge », n’avait rien appris lors de son émigration à Londres (si ce n’est la langue anglaise) et rien oublié.

  • 1 Arch. dép. Pyrénées-Orientales, 3M1-5. État du département en l’an X.

5Le préfet, tout en reconnaissant leur caractère très minoritaire, ne tarissait pas d’éloges pour les jureurs et rejetait sur leurs adversaires le climat de guerre civile larvée1 :

Les prêtres qu’on appelle constitutionnels ne manquaient pas parmi eux d’hommes recommandables par leur moralité et leurs lumières ; ils avaient d’ailleurs l’esprit de tolérance et de désintéressement qui pouvait leur attirer des titres à l’estime. Les prêtres rentrés par la bienveillance du gouvernement comptent parmi leurs adhérents les ennemis de l’ordre des choses qui avait été introduit depuis dix ans, l’orgueil s’associa au scrupule vrai ou faux. La scission fut fortement prononcée : elle devint même quelquefois inquiétante. En vain des esprits conciliateurs essayèrent-ils des rapprochements, en vain détermina-t-on les prêtres constitutionnels à des démarches, elles furent inutiles. On rebaptisa, on remaria, on divisa enfin de plus en plus et tout ce que put faire l’autorité, ce fut de contenir les haines qui menaçaient chaque jour d’une explosion prochaine.

6Les premières propositions du général-préfet pour établir le clergé concordataire éclairent, mieux que tout discours, son attachement à la religion catholique : il préconisait l’établissement de 17 curés cantonaux assistés de 15 succursalistes, alors que le ministère des Cultes en accorda finalement 111, ce qui, par rapport aux 250 paroisses de l’Ancien Régime, représentait encore un sérieux recul.

  • 2 Michel Brunet, Le Roussillon, une société contre l’État, 1780-1820, Perpignan, 1990.
  • 3 Eugène Cortade, « Registre des prêtres des Pyrénées-Orientales », Bulletin de la Société agricole, (...)

7De son côté, monseigneur de Laporte éliminait du nouvel organigramme, autant qu’il le pouvait, tous les anciens jureurs et poursuivait de sa vindicte les quelques rescapés qui refusaient de se rétracter et qu’il considérait comme des schismatiques endurcis2. La querelle ne s’arrêtait pas aux porches des églises ou aux seuils des presbytères mais traversait tout le corps social. Une église constitutionnelle exsangue avait trouvé tardivement des partisans chez les acheteurs de biens nationaux ou chez ceux qui voyaient revenir avec dépit des curés parfois insupportables que la Révolution avait transformés en émigrés. L’évêque lui-même reconnaissait par exemple qu’il n’était pas souhaitable que le sieur Quéra, curé de Rivesaltes, rentre dans son ancienne paroisse : « Il n’était pas aimé dans sa paroisse qui est très exaltée et où il n’a pas pu rentrer. Il est encore en Espagne. Son caractère est dur, il est accusé d’avarice, il est grossier dans ses manières, du reste très instruit. Il serait important de le changer. »3 Ayant porté une semblable appréciation, l’évêque nomma Martin Quéra à l’importante cure de Céret, petite ville et sous-préfecture, ce qui donne à penser.

  • 4 Arch. dép. Pyrénées-Orientales, 3M1-5.

8La brève cohabitation des prêtres restés et des prêtres rentrés, de 1800 à 1802 releva plus d’une veillée d’armes que d’une réconciliation dans les quelques paroisses intéressées. Il fallut symboliquement diviser la petite église de Formiguères (en Capcir) en deux parties séparées par une grille pour permettre une coexistence qui ne fut guère pacifique4. Si l’on garde à l’esprit que ces deux factions antagonistes étaient rejetées par une troisième, celle des « puristes », une cinquantaine de prêtres qui refusaient avec obstination toute concorde organisée sous les auspices de l’usurpateur Bonaparte, on a une idée des déchirures d’un clergé qui ne faisaient d’ailleurs que refléter en les amplifiant les furieuses divisions du corps social. Nul doute que les querelles, les mépris hautement proclamés, les avanies que l’on fit subir aux uns ou aux autres contribuèrent à désacraliser le corps sacerdotal : on jaugeait et on jugeait désormais les qualités et les défauts, les attitudes, le zèle, les orientations de prêtres qui n’étaient plus que médiocrement protégés par leurs soutanes et leurs fonctions.

Un clergé vieillissant, clairsemé et de qualité fort inégale

  • 5 Cf. note 3. Registre publié en 1994.

9Les considérations précédentes nous amènent à nous pencher sur les « ressources humaines » d’une église, vaille que vaille, réunifiée. Porter un jugement d’ensemble sur un corps de plusieurs centaines d’individus, sur lesquels nous ne savons au total pas grand-chose, est toujours aventureux. Nous disposons cependant en la matière d’un document exceptionnel. L’abbé Eugène Cortade a retrouvé, il y a quelques années, au presbytère de Prades, un petit registre rédigé par Mgr de Laporte et portant une appréciation succincte sur 327 prêtres, presque tous réfractaires, rentrés d’Espagne ou sur le point de rentrer5. Ce vademecum devait servir à l’évêque pour la mise en place du Concordat et pour la gestion ultérieure du personnel ; les informations initiales furent sans doute fournies par le chanoine de Laboissière qui avait été vicaire général du diocèse pendant quarante ans, mais elles furent parfois complétées ou corrigées ultérieurement par l’évêque qui aggrava généralement l’appréciation initiale en rédigeant ses observations en anglais pour plus de confidentialité.

10On aurait pu s’attendre, de la part de deux ecclésiastiques réfractaires et d’origine nobiliaire, à un préjugé favorable envers des confrères qui avaient connu comme eux les durs chemins de l’exil. En réalité le jugement semble marqué par un froid réalisme et formulé en des termes sans complaisance. Si l’on élimine la trentaine de prêtres qui sont simplement mentionnés, il nous reste 300 notices. Ce qui frappe dès l’abord, en parcourant le registre, c’est le pourcentage important de prêtres inaptes au service pour des raisons de santé. Soixante-six d’entre eux sont décrits comme infirmes, cassés par l’âge ou aliénés : Mossen Cavaller qui a soixante ans est « absolument caduc et sourd ». Le clergé réfractaire a vieilli en exil, mais plus inquiétants sont les 40 prêtres classés comme ignares, bons à rien, de mœurs suspectes ou de caractère impossible comme les deux frères Codine, de la communauté des prêtres de la cathédrale, que l’évêque décrit comme « incapables, ignorants et ne doutant de rien ». Dans 40 cas supplémentaires, on peut parler de médiocrité : la mention « peu instruit » ou « peu de ressources » est fréquente, l’avarice, la légèreté ou le manque de zèle reviennent également assez souvent. Seule donc une grosse moitié de ces prêtres réfractaires sont jugés acceptables, bons ou très bons. Plusieurs d’entre eux ne sont, hélas, pas rentrés, quelques-uns ne souhaitent pas reprendre le saint ministère, beaucoup sont âgés, et la mortalité sera considérable entre 1802 et 1805.

11Les survivants furent parfois maintenus en fonction bien au-delà de la décrépitude : l’évêque ne trouvait pas de remplaçants et les curés n’avaient pas de retraite. La reconstruction de l’église reposait donc sur des épaules bien fragiles. Quant au tiers des ecclésiastiques jugés médiocres, catastrophiques ou scandaleux, il est peu probable que leur présence fut capable de susciter l’estime et de ranimer les fois vacillantes. On pourrait objecter qu’ils étaient déjà en poste sous l’Ancien Régime et donc qu’il n’y avait rien de bien nouveau sous le soleil. En fait, une analyse attentive découvre une aggravation de la situation. Bon nombre de ces prêtres, classés comme bons à rien ou à pas grand chose, étaient auparavant membres des nombreuses communautés ou chapitres et avaient pour fonction principale de célébrer des messes obituaires ou de faire de la figuration dans les cérémonies liturgiques ; lors des enterrements ou des honneurs funèbres, la présence de trois prêtres était un minimum indispensable pour ne pas être enterré comme un chien. Les notables pouvaient en exiger (et en payer) une douzaine ou davantage. Les titulaires de ces aimables sinécures furent appelés à desservir des paroisses propter penuriam, comme l’écrivait l’évêque, mais certains gardèrent leurs habitudes de nonchalance pour ne rien dire des ignares qui n’étaient plus en âge de faire des progrès. L’abbé Avignon qui avait été autrefois membre de la communauté d’Argelès était suffisamment instruit, mais léger, tracassier et chasseur. Nommé successivement aux Bains d’Arles puis à Villelongue-dels-Monts, « il continue à s’occuper presque exclusivement de la chasse ».

12La distribution du blâme et de l’éloge est cependant fort inégale suivant les secteurs géographiques : le paysage du chapitre cathédral est franchement désolant mais les 30 prêtres cerdans constituent en revanche un bloc de vertu sans fissures. Le chanoine de Laboissière avait une très piètre opinion de la plupart de ses confrères : du chanoine Anglès, « dangereux dans son peu de réflexion », au chanoine Costa, de mœurs scandaleuses, de Raimond Maurell, bon garçon mais peu instruit et « menteur professionnel », à Montferrer, difficile à vivre et à Terrène « tracassier, plein de lui-même, très dangereux », on se demande à qui accorder la palme. À François Desprès peut-être, présenté comme un véritable caractériel, « inquiet, insociable, ne peut vivre avec personne pas même avec sa famille, insoumis, turbulent, tracassier, sans réflexion ; colère et capable de tout dans cet état ». Il est à croire que les bonnes familles de Perpignan utilisaient le chapitre cathédral pour se débarrasser de leurs rejetons encombrants.

  • 6 Cf. Marcel Launay, Le bon prêtre (le clergé rural au xixe siècle), Paris, 1986.

13À l’inverse, les prêtres de montagne de la Cerdagne semblent former une cohorte nombreuse, solide et d’une rare qualité. Non seulement il n’y a parmi eux aucune brebis galeuse mais au-delà de leur zèle et de leurs bonnes mœurs plusieurs sont loués pour leur haut degré d’instruction, ce qui contraste étrangement avec leur méconnaissance du français, la plupart ne parlant que le catalan. En 1789, la Cerdagne bénéficiait d’un encadrement ecclésiastique très serré avec une quarantaine de prêtres, chiffre d’autant plus remarquable qu’il n’y avait pas de communauté de prêtres, côté français, la seule et puissante « révérende communauté » se trouvant à Puigcerda, bourgade qui était et restera longtemps « la Ville » pour tous les Cerdans malgré la partition et la frontière établie au traité des Pyrénées. Dès 1803, on retrouve 31 ecclésiastiques en poste ce qui donne encore une densité d’un prêtre pour 201 habitants alors que la moyenne nationale était de un pour 9136. Ces prêtres sont tous cerdans, tous anciens réfractaires et déportés (sauf trois vicaires ordonnés après le Concordat), la plupart retrouvent dans les années 1804-1810 le poste qu’ils occupaient avant la Révolution ou un poste très proche. Cette homogénéité doctrinale, cette stabilité et cette reconstitution à l’identique sont tout à fait exceptionnelles.

  • 7 Arch. dép. Pyrénées-Orientales, AM 3/6.
  • 8 Arch. dép. Pyrénées-Orientales, 2V 58.
  • 9 Ibid., lettre du sous-préfet de 1833.

14La géographie peut expliquer pour partie la survivance de ce curieux isolat ecclésiastique : le haut plateau cerdan était mal relié à la plaine du Roussillon proprement dit, car la route carrossable s’arrêtait à Olette, mais la singularité de l’Église cerdane tient aussi à son histoire : elle relevait encore, en 1789, de l’évêché de la Seu de Urgel où les aspirants à la prêtrise, bien que « régnicoles », devaient aller se former. La haute montagne n’implique pas automatiquement l’isolement intellectuel et culturel, les facteurs historiques et institutionnels venant interférer avec les facteurs géographiques. Certes les 17 prêtres du Haut – Vallespir (cantons d’Arles et de Prats-de-Mollo) présentent beaucoup d’analogies avec les prêtres cerdans : tous réfractaires, tous bénéficiant d’une mention plutôt favorable ou très favorable, presque tous maintenus dans leur ancien poste. On peut noter dans le même sens que si le renouvellement du corps sacerdotal fut, durant la période étudiée, très lent et très insuffisant, le sang neuf venait de la montagne : en 1810, il n’y eut que huit conscrits à être autorisés à continuer leurs études ecclésiastiques mais sept d’entre eux venaient des hauts cantons (trois de Cerdagne, trois du Haut-Vallespir et un du Capcir)7. Cependant, le contre-exemple vient précisément du Capcir, bassin montagneux plus élevé encore et plus sauvage que la Cerdagne, mais qui, ayant longtemps relevé de l’évêché d’Alet, avait été fortement pénétré par les influences françaises (et par les querelles liées au jansénisme) : les querelles entre prêtres jureurs et prêtres rentrés y furent violentes. Mossen Sans, curé de Formiguères et ex-émigré, était capable à lui tout seul d’incendier tout ce petit pays. Selon le substitut de l’arrondissement de Prades en l’an xi8, il déclare dans ses sermons « que ceux qui recevaient des sacrements de certains prêtres étaient damnés » et le magistrat ajoute : « Je suis plus tracassé de ce seul canton que de tous les autres ensembles de mon arrondissement. » Trente ans plus tard, toujours vert malgré ses quatre-vingts ans, Mossen Sans insulte le maire et le pousse à la démission9.

  • 10 Arch. dép. Pyrénées-Orientales, IV 5.

15De ce tableau très contrasté, on peut conclure que le clergé concordataire est resté, durant l’essentiel de la période, insuffisant en nombre et de qualité fort inégale. Un état dressé en 1820 estime à 388 le nombre des prêtres nécessaires pour assurer les services religieux et à 254 le nombre des prêtres effectivement en service10. Ce déficit était d’autant plus inquiétant que 122 de ces derniers avaient dépassé l’âge de soixante ans. Cette troupe hétéroclite n’était pas de taille à affronter victorieusement des circonstances difficiles.

L’Église et l’argent

16Voltaire se penchait avec une apparente commisération sur les curés de campagne qui étaient obligés pour survivre de disputer une maigre provende à des paysans aussi misérables qu’eux. On aurait pu penser que la fonctionnarisation du clergé et la disparition de la dîme allaient apaiser « les querelles continuelles qui avilissent l’âme autant qu’elles l’agressent ». En fait, les rapports financiers entre les desservants et leurs ouailles soulevèrent de nouvelles difficultés à partir du Concordat.

  • 11 Michel Brunet, Les pouvoirs au village, aspects de la vie quotidienne dans le Roussillon du xviiie  (...)
  • 12 Archives municipales d’Ille, registre des délibérations, 2 juin 1840.

17Le problème du logement des curés n’était pas nouveau dans la région. Depuis le xviie siècle, la construction ou les grosses réparations constituaient une très lourde charge pour les petites communautés aux budgets exigus et l’occasion d’une multitude de contestations. En 1776 le viguier de Cerdagne souligne qu’il s’agit de dépenses considérables et que le délabrement de nombreux presbytères était provoqué par la négligence des curés qui ne faisaient aucune dépense d’entretien11. Au début du xixe siècle, ces querelles classiques entre propriétaires et locataires étaient dépassées : les prêtres paroissiaux étaient souvent sans logement de fonction car la plupart des presbytères avaient été vendus ou affectés à d’autres usages. La vente des maisons curiales avait constitué une véritable dilapidation du patrimoine immobilier des communes et elle empoisonna pendant des dizaines d’années les relations entre des curés sans toit, des acheteurs qui s’étaient enrichis à peu de frais et des municipalités désargentées. Pour donner un seul exemple, la municipalité d’Ille se disait très endettée en 1840 car elle avait acheté simultanément une mairie pour 6 000 francs et pour 7 000 un presbytère, qui nécessitait en outre des réparations12.

  • 13 Cité par Pierre Pierrard, Histoire des curés de campagne de 1789 à nos jours, Paris, 1986.

18Plus aigu encore fut le problème du traitement des prêtres. Au départ, la loi accordait aux desservants une maigre pension de 500 francs par an qui pouvait être abondée par les budgets communaux, mais Mgr de Laporte craignait, à juste titre, les réticences des conseils municipaux. Il écrivait à Portalis en 1803 : « Si les habitants des campagnes continuent à refuser de payer leurs prêtres sous le prétexte que la nation les salarie, avant six mois d’ici il n’y aura pas la moitié des paroisses secourues pour la raison qu’un prêtre ne peut pas y subsister, souvent sans maison et plus souvent encore sans la plus petite ressource pour vivre. Dans ces pays de montagne, pays affreux où il faut un zèle plus qu’ordinaire pour aller s’y exiler, le paysan est singulièrement attaché à l’argent. Il ne se soucie pas de payer son prêtre s’il n’y est obligé. »13 Les inquiétudes de l’évêque étaient fondées mais témoignaient cependant d’une méconnaissance des différences de sensibilité entre la plaine et la montagne. L’origine urbaine et aristocratique de ce prélat bordelais le préparait peut-être mal à apprécier le charme des sommets. Nous savons que c’est en Cerdagne et dans le Haut-Vallespir que la reconstitution concordataire fut la plus facile et la plus accomplie, grâce à la qualité du clergé que nous avons évoquée mais peut-être aussi parce que la cure était une affaire de famille, transmise de frère aîné en frère cadet ou d’oncle à neveu et que, probablement, beaucoup de prêtres vivaient en fait chez des parents. D’ailleurs ces montagnes étaient loin d’être uniformément misérables.

  • 14 Archives municipales de Rodès, registre de délibérations de 1817.

19En plaine ou en moyenne montagne les affaires d’argent furent plus fréquentes et plus conflictuelles. Du coup l’évêque put se livrer à une sorte de chantage. Point d’argent, point de suisse ni de desservant. Le gros village de Rodès désirait remplacer son vieux curé tout à fait égrotant mais se faisait tirer l’oreille pour payer un succursaliste. L’évêque leur signifia que sans une décision préalable de subvention, il ne nommerait personne14. La correspondance atteste d’un affrontement âpre et traînant en longueur. Les conseillers municipaux de Rodès, nommés par le gouvernement, étaient de petits notables de village et des paysans aisés qu’on ne peut confondre avec des sectataires de Robespierre, mais ils étaient aussi les principaux contribuables auxquels les centimes additionnels inspiraient une horreur sacrée.

  • 15 Arch. dép. des Pyrénées-Orientales, section des manuscrits : « Épiscopologie inédite de Mathieu. »
  • 16 L’abbé Mathieu fait probablement allusion au catéchisme impérial dont le succès fut en réalité très (...)

20En réalité, le statut des prêtres de campagne avait subi une réelle détérioration. Les desservants en particulier, ces espèces d’auxiliaires que l’évêque pouvait déplacer ad nutum sur l’échiquier diocésain étaient rabaissés au rang de salariés : dans les campagnes traditionnelles, le salarié était considéré comme un pauvre homme qui ne pouvait pas « vivre du sien » et le salarié de l’État comme un parasite. C’est sans doute ce qui poussa nombre de prêtres rentrés à réclamer, contre toute espérance, la restitution des biens du clergé et la restauration de la dîme. C’est du moins ce qu’affirme le curé Mathieu, un des rares rescapés de l’Église constitutionnelle dans une curieuse « épiscopologie » qui est surtout une apologie des assermentés15 : « Je déclare, même en 1818, que rien ne me porte à croire son retour comme facile. Il a été beaucoup plus facile d’enseigner un catéchisme uniforme dans tous les diocèses de France que de rétablir la dîme dans un seul. »16

  • 17 Arch. dép. des Pyrénées-Orientales, 1V 10.

21Dans sa quête de moyens financiers, l’évêque (et ses successeurs) introduisit un procédé dont nous ne savons pas comment il fut accueilli par le peuple chrétien mais qui heurte quelque peu les sensibilités actuelles. Le mandement pour le carême de 1811 est un long texte sur les mérites de la pénitence et du jeûne17. On lit cependant que tous les croyants peuvent bénéficier d’une exemption partielle (« les dimanches, mardis et jeudis du Carême excepté les quatre premiers jours et toute la Semaine Sainte ») mais cette exemption n’est pas gratuite : « Article IV, tous les chefs de famille qui profiteront des permissions portées par les articles précédents ou du moins un des membres de la famille, au nom des autres, remettront au curé ou desservant de leur paroisse leur aumône pour l’entretien du séminaire. »

L’Église et l’ordre moral

22La hiérarchie ecclésiastique a lutté pendant des siècles pour réglementer le culte et les mœurs. L’Église, cependant, était plurielle et le clergé roussillonnais du xviiie siècle, sauf exception, n’était pas spécialement rigoriste. Les curés, titulaires de leurs bénéfices et qui pour la plupart n’avaient même pas été choisis par leur évêque, pouvaient prendre leurs distances avec les instructions officielles et tolérer les pratiques peu orthodoxes de leurs paroissiens dont ils partageaient la langue, les coutumes et la culture. Si par exemple, dès le xviie siècle, l’évêque janséniste Pavillon avait mené une furieuse croisade contre les danses publiques dans son diocèse d’Alet (et donc dans les cantons de Sournia et des Fenouillèdes rattachés au département), nous n’avons trouvé que peu de traces de ce rigorisme dans la province du Roussillon. Dans de nombreux villages le chef de la jeunesse était à la fois chef de danse et distributeur de pain bénit et les musiciens locaux, lors des grandes célébrations liturgiques, passaient tout naturellement de la nef au parvis et de la messe aux danses publiques. Après le Concordat, il en fut tout autrement : les curés catalans tentèrent eux aussi d’empêcher les villageois de danser et chassèrent les musiciens du temple. Quel que fût leur sentiment intime, l’immense majorité des prêtres paroissiaux n’étaient plus que des vicaires ou des desservants, c’est-à-dire des fonctionnaires auxiliaires sans aucune garantie de statut ou d’emploi. Ils se transformèrent donc en une cohorte docile répercutant avec discipline les directives de leur hiérarchie même s’ils s’excusaient parfois auprès de leurs ouailles en invoquant les ordres supérieurs. Pour peu que la conduite du prêtre ne fût pas parfaitement en accord avec sa prédication (conduite sexuelle, violence, avarice...), les rumeurs se transformaient rapidement en scandales éclatants.

  • 18 Arch. dép. des Pyrénées-Orientales, IV 11.

23Face à ces résistances, il y a, dans l’attitude de l’évêque, comme une tentation de purisme doctrinaire, de raidissement et de repli sur une communauté catholique idéale qui rejetterait les pêcheurs dans les ténèbres extérieures18. Dans son instruction sur la discipline ecclésiastique de son diocèse en 1826, il rappelle aux curés et desservants qu’ils ont le pouvoir et le devoir de surveiller étroitement le conformisme et le zèle religieux des instituteurs publics qui devront, entre autres choses, chasser les mécréants hors du temple du savoir : « Article V : les Instituteurs chasseront de leur école les élèves vicieux ou corrompus, comme aussi ceux qui manifesteront une opposition marquée pour l’assistance aux offices divins, soit que ladite opposition vienne des enfans ou de leurs parents. » L’évêque illustrait ainsi à sa manière la métaphore biblique suivant laquelle les parents avaient mangé des raisins verts et les enfants en eurent les dents agacées.

  • 19 « Essai sur la statistique du département des Pyrénées-Orientales », Bulletin de la Société agricol (...)
  • 20 Arch. dép. des Pyrénées-Orientales, 2V 60.

24Jusqu’en 1830, les exemples que nous pourrions fournir ne concernent ni le Haut-Vallespir ni la Cerdagne qui ne seront rattrapés par les troubles politiques mêlés d’anticléricalisme que plus tard. Les causes de ce décalage sont multiples. Il faut d’abord observer que la montagne ne se livre pas facilement : la police et la justice ont plus de mal encore qu’ailleurs à percer l’omerta villageoise. Il est par exemple impossible de savoir quelle a été l’ampleur exacte de l’émigration à l’époque révolutionnaire. Elle a été massive et populaire dans la plaine, officiellement inexistante ou presque en montagne. En fait, le concept lui-même n’avait guère de sens pour des gens habitués à aller et venir librement par-delà la frontière : cette ligne imaginaire n’avait d’utilité que pour valoriser les marchandises par le biais de la contrebande et pour stopper net l’élan répressif des douaniers et des gendarmes des deux États. Restent deux hypothèses pour expliquer la rareté des conflits entre les prêtres et leurs ouailles : ou bien les Cerdans, conformément au stéréotype montagnard, constituaient une population traditionaliste, patriarcale, vertueuse et docile aux enseignements de l’Église, ou bien les prêtres cerdans adaptaient mieux qu’ailleurs les prescriptions officielles aux coutumes locales. Nous avons tendance à privilégier la seconde hypothèse. Certes la Cerdagne était un conservatoire de traditions mais ces traditions n’étaient pas toutes conformes à l’esprit évangélique. Déjà Vauban, construisant la petite ville forteresse de Mont-Louis, décrivait des gens « un peu pendars et propres à escoupeter leurs ennemis ». Cent cinquante ans plus tard, le secrétaire général de la préfecture sous le Consulat19 décrivait les femmes cerdanes comme douces et suivant fidèlement leurs maris : « La retraite dans laquelle elles vivent contraste de la manière la plus frappante avec le caractère rude, vagabond, entreprenant, quelquefois terrible des hommes de ces contrées. » Ces trafiquants et ces contrebandiers avaient, selon lui, « les bonnes et les mauvaises qualités de leur profession ». Somme toute, la piété traditionnelle pouvait cohabiter avec les pratiques mafieuses. L’abbé cerdan Cotxet, revenant de Puigcerda où il avait deux sœurs mariées, refusant de montrer ses papiers aux douaniers, les insultant et les menaçant en 183120 : « Votre tour n’est pas encore arrivé mais il viendra bientôt », était sûrement en phase avec ses ouailles.

Une Église entrée en politique

  • 21 Arch. dép. des Pyrénées-Orientales, IV 10.

25Rendre à César ce qui revient à César ne posait pas trop de problèmes sous l’Ancien Régime. Mais quand César change trop souvent, les fidélités successives et les virages trop brusques frôlent la palinodie. En parcourant les mandements épiscopaux de cette période21, on passe très rapidement du panégyrique envers l’Empereur à la dénonciation furieuse du tyran Bonaparte. Un mandement du 10 novembre 1806 ordonne un Te Deum en action de grâce pour les glorieuses victoires d’Iéna et d’Austerlitz : « Montagne de Jéna, tu diras à la postérité si les Français savent combattre et si Napoléon le Grand était digne de les commander. » Un mandement du 5 novembre 1813 demande aux prêtres de prêcher la soumission aux lois militaires. La religion sainte « ordonne au soldat chrétien de combattre vaillamment pour le salut de l’État et elle relève merveilleusement son courage par le noble motif qu’en obéissant, il remplit ce qu’il doit à son Souverain et surtout ce qu’il doit à Dieu ». On se demande comment une telle prédication pouvait être reçue dans un lieu et à un moment ou l’insoumission était à son comble et où le département grouillait littéralement de déserteurs et de conscrits réfractaires. Quelques mois plus tard, l’évêque exaltait la défaite qui avait pour résultat de « délivrer la France d’un joug insupportable qui pesait sur elle ». En appuyant les puissances européennes qui nous ont délivrés « d’un homme qui pendant plus de quinze ans a fait notre malheur et celui de l’Europe entière [...] le Dieu des armées a renouvelé au milieu de nous les prodiges que son Prophète proposait autrefois à l’admiration des peuples. » Ce Dieu des armées lui-même semblait bien versatile.

26Il n’est pas certain qu’en ces temps troublés tous les prêtres paroissiaux aient fidèlement retransmis les enthousiasmes successifs de leur évêque. En revanche, la mobilisation massive du bas clergé en faveur du légitimisme le plus intransigeant à partir de 1814 lui attira de fortes inimitiés. Sous l’Ancien Régime, la communauté villageoise, traversée de querelles domestiques et claniques, retrouvait son élan et sa force unitaire lors des grandes fêtes religieuses souvent agrémentées de violentes bagarres avec les voisins. Elle pouvait par ailleurs exprimer ses conflits internes et négocier des compromis au sein de l’assemblée générale des chefs de maison qui avait la haute main sur les affaires de la commune. Avec l’héritage passionnel de la période révolutionnaire et impériale, avec la nomination des maires par voie d’autorité, la fracture du village entre deux clans violemment opposés ne trouvait plus d’antidote. Les secousses telluriques avaient fait rejouer les vieilles failles et en avaient créé de nouvelles, et les blocs affrontés se paraient du bonnet phrygien ou de la fleur de lys. Nolens volens, le curé apparaissait comme le porte-parole des émigrés, comme le leader spirituel du « parti monarchiste » et nombre de prêtres endossèrent ce nouveau rôle avec enthousiasme. Le problème est que cette adhésion au légitimisme mettait en jeu la légitimité de l’Église elle-même. Il était hors de question qu’on allât confesser ses peines et ses angoisses, ses péchés et ses erreurs à un homme qui n’était plus perçu comme le curé de la paroisse mais comme le chef ou l’éminence noire du parti adverse.

  • 22 Arch. nat., F 19-2560.

27Les prêtres rentrés ramenaient parfois de l’exil leurs rancœurs et leurs nostalgies ; les prêtres nouvellement recrutés étaient, dans la fougue de leur jeunesse, souvent plus agressifs encore. Le préfet de la Restauration déplorait en 1819 les lacunes du clergé local : « Plusieurs communes sont sans pasteur, ce département manque de prêtres. Ceux qui y sont n’ont pas tous l’instruction convenable. L’Espagne nous en a fourni quelques-uns de cette classe. Les prêtres de moderne création montrent une forte propension à l’intolérance religieuse. » Le préfet orléaniste écrivait en écho en 1834 : « Le clergé est légitimiste ; à peine peut-on citer dans le diocèse quatre prêtres dévoués au gouvernement. Les jeunes prêtres d’une éducation fort bornée montrent de l’intolérance et un esprit tracassier. »22

28Le mois de février 1830 vit exploser les haines et les rancœurs accumulées depuis le Concordat. Des curés accusés d’être rapaces, intolérants, insultants dans leurs sermons et outrageusement partisans en politique furent plus ou moins violemment pris à partie. Dix-huit d’entre eux furent chassés à force ouverte à la suite de manifestations houleuses, ponctuées de volées de cailloux ou de coups de feu tirés sur les volets des maisons curiales. Là même où les formes de contestation étaient restées dans un registre relativement pacifique, une douzaine de villages envoya des pétitions massives pour exiger le renvoi et le remplacement d’un prêtre détesté par le plus grand nombre. Ailleurs les pétitions s’opposèrent aux pétitions. Même si la plaine est majoritairement présente au palmarès de l’anticléricalisme, on commence à voir apparaître des signes inquiétants d’érosion régressive en direction de la montagne : les curés d’Arles-sur-Tech, de Palalda, de Mont-Louis et de Saillagouse figurent sur la liste des proscrits. 1830 n’était que le prologue d’une longue période de troubles anticléricaux qui envahirent tout l’espace.

29La perspective unilatérale que nous avons adoptée d’emblée pour ce court exposé ne doit pas induire en erreur : les clercs ne sont pas les seuls responsables de la montée de l’anticléricalisme. Bien des maires nommés par le préfet se comportèrent en tyranneaux de village et virent dans le curé la seule autorité susceptible de contrebalancer la leur. Bien des gamins mal élevés prirent pour cible de leurs sarcasmes et de leurs « incivilités » des curés vieillissants, plus mal armés pour se défendre que des notables rugueux auxquels il valait mieux ne pas se frotter. Toute une génération de jeunes gens qui avaient mené une vie libre et sauvage, sans école, sans Église, réfractaires aux lois militaires, sur le chemin de la contrebande et parfois du banditisme, n’étaient nullement prêts à accepter une prédication empreinte de moralisme et exhortant à la soumission.

30Pourtant, si l’Église était devenue le maillon faible de la chaîne des autorités, cette situation ne découlait pas uniquement de circonstances historiques indépendantes de sa volonté. Le clergé avait choisi une stratégie de reconquête autoritaire. S’appuyant sur l’État (dans un pays qui n’avait jamais beaucoup aimé l’État) l’Église s’était largement comportée, sous l’Empire et surtout sous la Restauration, comme cette gendarmerie spirituelle que Napoléon avait appelée de ses vœux. Devant les difficultés et les échecs, bien des curés se figèrent dans une attitude de crispation rigoriste qui éloigna d’eux, dans certains cas, même les paroissiens les plus traditionalistes qui ne reconnaissaient pas dans ce prêtre fonctionnaire le curé d’antan. La situation s’aggrava localement après 1830 dans la mesure où l’appareil ecclésiastique, organisé et financé par l’État, se trouva dans la situation paradoxale d’apparaître (et parfois de jouer le rôle de) comme principale force d’opposition.

31En 1848, les scènes attendrissantes de réconciliation entre Marianne et Jésus furent l’exception. La deuxième République sombra dans une sorte de guerre civile larvée ; dans ce théâtre politique assez chaotique, le rôle du prêtre oscilla entre celui du boutefeu et celui du bouc émissaire.

Notes

1 Arch. dép. Pyrénées-Orientales, 3M1-5. État du département en l’an X.

2 Michel Brunet, Le Roussillon, une société contre l’État, 1780-1820, Perpignan, 1990.

3 Eugène Cortade, « Registre des prêtres des Pyrénées-Orientales », Bulletin de la Société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées-Orientales, 1994.

4 Arch. dép. Pyrénées-Orientales, 3M1-5.

5 Cf. note 3. Registre publié en 1994.

6 Cf. Marcel Launay, Le bon prêtre (le clergé rural au xixe siècle), Paris, 1986.

7 Arch. dép. Pyrénées-Orientales, AM 3/6.

8 Arch. dép. Pyrénées-Orientales, 2V 58.

9 Ibid., lettre du sous-préfet de 1833.

10 Arch. dép. Pyrénées-Orientales, IV 5.

11 Michel Brunet, Les pouvoirs au village, aspects de la vie quotidienne dans le Roussillon du xviiie siècle, Perpignan, 1998.

12 Archives municipales d’Ille, registre des délibérations, 2 juin 1840.

13 Cité par Pierre Pierrard, Histoire des curés de campagne de 1789 à nos jours, Paris, 1986.

14 Archives municipales de Rodès, registre de délibérations de 1817.

15 Arch. dép. des Pyrénées-Orientales, section des manuscrits : « Épiscopologie inédite de Mathieu. »

16 L’abbé Mathieu fait probablement allusion au catéchisme impérial dont le succès fut en réalité très mitigé.

17 Arch. dép. des Pyrénées-Orientales, 1V 10.

18 Arch. dép. des Pyrénées-Orientales, IV 11.

19 « Essai sur la statistique du département des Pyrénées-Orientales », Bulletin de la Société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées-Orientales, 1984.

20 Arch. dép. des Pyrénées-Orientales, 2V 60.

21 Arch. dép. des Pyrénées-Orientales, IV 10.

22 Arch. nat., F 19-2560.

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