• Contenu principal
  • Menu
OpenEdition Books
  • Accueil
  • Catalogue de 15385 livres
  • Éditeurs
  • Auteurs
  • Facebook
  • X
  • Partager
    • Facebook

    • X

    • Accueil
    • Catalogue de 15385 livres
    • Éditeurs
    • Auteurs
  • Ressources numériques en sciences humaines et sociales

    • OpenEdition
  • Nos plateformes

    • OpenEdition Books
    • OpenEdition Journals
    • Hypothèses
    • Calenda
  • Bibliothèques

    • OpenEdition Freemium
  • Suivez-nous

  • Lettre d’information
OpenEdition Search

Redirection vers OpenEdition Search.

À quel endroit ?
  • Éditions de la Sorbonne
  • ›
  • Histoire moderne
  • ›
  • Un désordre européen
  • ›
  • Deuxième partie. Les dynamiques d’un dés...
  • ›
  • Chapitre III. Comment une crise locale ...
  • Éditions de la Sorbonne
  • Éditions de la Sorbonne
    Éditions de la Sorbonne
    Informations sur la couverture
    Table des matières
    Liens vers le livre
    Informations sur la couverture
    Table des matières
    Formats de lecture

    Plan

    Plan détaillé Texte intégral L’ingérence savoyarde : débats, justifications et inquiétudes (1588-1589) La protection savoyarde : un lien politique à interroger (novembre 1589-janvier 1590) Les mobilisations carcistes : une protection pontificale plus acceptable ? (janvier-février 1590) Les mobilisations royalistes vers Venise et Rome Notes de bas de page

    Un désordre européen

    Ce livre est recensé par

    Précédent Suivant
    Table des matières

    Chapitre III. Comment une crise locale devient internationale (1588-hiver 1590)

    p. 63-98

    Texte intégral L’ingérence savoyarde : débats, justifications et inquiétudes (1588-1589) L’élargissement de la perception depuis la Provence (1588-1589) Secours savoyards et émergence du débat sur l’ingérence étrangère (janvier-octobre 1589) L’activisme diplomatique savoyard en 1589 : justifier l’ingérence en Provence par la lutte contre l’hérésie Les réponses française, espagnole et pontificale à l’activisme savoyard L’aggravation des inquiétudes en France et en Italie en 1589 Des intervenants plus éloignés (automne 1589) : Lorraine et Empire ottoman La protection savoyarde : un lien politique à interroger (novembre 1589-janvier 1590) Des divisions provençales au triomphe prosavoyard de janvier 1590 Protection et recherche de soutien logistique sous forme contractuelle La critique bodinienne du lien de protection par Honoré de Laurens Le débat sur la protection : fidélité française contre solidarité catholique internationale ? Derrière la demande de protection : des règlements de comptes entre pouvoirs locaux et parlement Les mobilisations carcistes : une protection pontificale plus acceptable ? (janvier-février 1590) L’assemblée de Cavaillon et ses conséquences arlésiennes et marseillaises Fidélité à la couronne et spécificité de la protection pontificale Motivations sous-jacentes : logiques antiaixoises et fidélités personnelles Les mobilisations royalistes vers Venise et Rome Notes de bas de page

    Texte intégral

    L’ingérence savoyarde : débats, justifications et inquiétudes (1588-1589)

    1En 1588-1589, plusieurs éléments nouveaux, d’abord provinciaux et nationaux, doivent être pris en compte. Avec l’assassinat du duc de Guise à Blois en décembre 1588, et surtout avec le rétablissement par le roi de La Valette dans sa charge de gouverneur (février 1589), les catholiques de Provence s’acheminent vers une révolte ouverte contre Henri III.

    2La Ligue provençale reprend alors une extrême vigueur, toujours sous la direction de Vins et des autres grandes figures de la noblesse catholique, notamment le jeune Gaspard de Pontevès, comte de Carcès, né en 1567, fils de l’ancien chef des ligueurs pendant la guerre de 1575-1579. En 1589, émerge une nouvelle figure dans le paysage politique provençal : Chrétienne d’Aguerre, comtesse de Sault (1553-1611). Issue d’une grande famille lorraine, elle a épousé, en 1578, François-Louis de Montauban d’Agoult, comte de Sault, l’un des plus riches seigneurs de Provence, l’un des chefs de la noblesse catholique, et beau-frère d’Hubert de Vins. À la mort de François-Louis (1586), Chrétienne est tutrice de leurs enfants. Elle arrive en Provence en 1589 pour y administrer les biens immenses laissés par son époux. Grâce à son argent et à la clientèle dont disposait son défunt mari, elle s’impose, aux côtés de Vins, comme une figure importante du mouvement ligueur provençal1.

    3Les sieurs d’Ampus et de Besaudun, frères, issus de la puissante famille de Castellane, ont également une place importante dans la direction du camp catholique. Ils sont aussi des clients de la comtesse de Sault. Il en va de même de Louis d’Allagonia, sieur de Meirargues*2. Dans l’entourage de la comtesse, nous trouvons aussi des figures de la municipalité aixoise, comme Louis Fabri, sieur de Fabrègues*, Honoré Guiran, sieur de la Breillane*, et Honoré Rabasse. Tous trois ont exercé la charge d’assesseur d’Aix dans les années 15803. Du côté royaliste, La Valette est assisté par le marquis d’Oraison*, chef de la faction des catholiques modérés. Nous retrouverons ces personnages essentiels tout au long de notre période.

    4Entre mars et juin 1589, Marseille et Aix adhèrent officiellement à la Ligue : la rupture est consommée avec le roi. Durant l’été 1589, les quelques parlementaires fidèles à Henri III quittent Aix et créent une cour loyaliste à Pertuis4. Le régicide du 1er août 1589 accentue le fossé entre la France royaliste, qui reconnaît désormais Henri IV, et la France ligueuse5 ; cette dernière n’est pas dans une situation de vide étatique : le cardinal Charles de Bourbon, reconnu roi sous le nom de Charles X (1523-1590)6, et son lieutenant-général le duc de Mayenne, frère cadet de Guise, incarnent la continuité monarchique pour le camp catholique7. Néanmoins, la mort d’Henri III favorise une situation d’autonomie inédite pour les pouvoirs municipaux et provinciaux8.

    L’élargissement de la perception depuis la Provence (1588-1589)

    5Les acteurs provençaux sont également confrontés à des enjeux internationaux inédits. L’invasion surprise du marquisat de Saluces par le duc de Savoie, en octobre 1588, met directement les institutions provençales face à la capacité d’intervention de Charles-Emmanuel, du moins sur les marges de la province. Le 20 octobre, lors d’une assemblée des procureurs du pays, le consul Caissani déclare avoir reçu de La Valette une lettre dans laquelle « il est advertist que le duc de Savoye s’est emparé des places du marquisat de Saluces appartenans au roy notre souverain seigneur […] et que le bruict est qu’il entend faire marcher du costé de ce pais9 ». Deux jours plus tard, le 22 octobre, le vice-sénéchal de Montélimar se présente devant le parlement pour lui rendre compte, de la part du duc de Mayenne, des circonstances de cette invasion. Un récit détaillé est donné des événements, puis l’envoyé de Mayenne se fait l’écho des justifications données par le duc de Savoie à l’ambassadeur du roi de France : « Que ce qu’il avoir faict c’estoit pour le service du roy, ayant recongneu et descouvert que le sieur de La Vallète, qui estoit gouverneur dudit marquizat, avoit ligue et inteligence avec Lesdiguières10 », le chef des huguenots dauphinois. D’une manière tout à fait inédite, la fin de l’année 1588 voit donc l’entrée de Charles-Emmanuel dans l’horizon informationnel et délibératif officiel des institutions provençales. Alors qu’il est une menace dans une vision royaliste, il peut apparaître pour les amis de la Ligue comme une possibilité de recours contre les hérétiques du Dauphiné et leurs alliés de Provence.

    6Un autre événement contingent donne aux Provençaux l’occasion de percevoir des enjeux d’une intervention extérieure : il s’agit du passage en Provence de Christine de Lorraine (1565-1636)11, au mois d’avril 1589. La fille du duc Charles III de Lorraine et de Claude de Valois (elle-même fille d’Henri II et de Catherine de Médicis) se rend en Toscane pour épouser le grand-duc Ferdinand. Le 5 avril 1589, le parlement reçoit une lettre de Christine, qui offre d’être l’entremetteuse d’une trêve entre royalistes et ligueurs12. La tentative de médiation n’aboutit pas, mais elle constitue pour les Provençaux une expérimentation du profit possible à tirer de l’intervention des acteurs étrangers.

    7Bien plus, certains interlocuteurs marseillais, si on en croit l’historien toscan Galluzzi, semblent avoir voulu saisir l’occasion du passage de Christine de Lorraine pour tirer un profit allant bien au-delà d’une simple médiation. Il s’agit en partie de la faction royaliste menée par l’évêque de la ville Frédéric Ragueneau*, qui espère s’appuyer sur la protection de Ferdinand contre la Ligue. Nicolas de Bausset*, gouverneur du château d’If, semble avoir également pris part à ces tractations ; il fait les offres suivantes à Christine et à Don Pietro de Médicis, le frère du grand-duc, qui l’accompagne : « Le commandant du château d’Yf, maître de cette forteresse […] offroit de la remettre entre les mains du grand-duc. Or, il répondoit d’obliger la ville à capituler dans le terme de deux mois, en attaquant de là le port13. »

    8Bausset a beau être un client des Guise et un catholique convaincu, il semble être demeuré fidèle à Henri III. Mais ces offres restent lettre morte : « La grande-duchesse ni Don Pierre n’osèrent donner à ces Marseillois une réponse déterminée ; mais ils les flattèrent de quelques espérances sur les bonnes intentions du grand-duc14. » Malgré l’insuccès de la démarche, l’événement favorise, pour le camp royaliste, une perception radicalement accrue des enjeux extérieurs, ici dans le recours possible à un prince étranger.

    Secours savoyards et émergence du débat sur l’ingérence étrangère (janvier-octobre 1589)

    9Du côté des ligueurs provençaux, l’année 1589 est marquée par une accentuation de la volonté de recourir au duc de Savoie pour se défendre contre les ennemis royalistes et hérétiques. La lutte pour la religion semble légitimer le recours à une puissance étrangère catholique ; nous reviendrons bientôt sur les enjeux de cet appel à l’étranger, qui s’enracine dans l’idée d’une solidarité confessionnelle dépassant les frontières étatiques, solidarité comparable à celle à laquelle ont recouru les huguenots français dès les années 1560, en appelant la reine d’Angleterre et les princes allemands à leur secours.

    10En outre, le réseau de nobles pensionnés par Charles-Emmanuel doit être pris en compte pour comprendre le terrain favorable de cette évolution : les sieurs de Vins, Besaudun, Ampus, Carcès, ont un intérêt personnel à resserrer leur coopération avec le prince qui leur donne de l’agent15 ; mais ce sont aussi les autorisations du chef de l’Union catholique et lieutenant-général de la couronne, le duc de Mayenne, qui contribuent au processus. Le sieur de Besaudun, l’un des chefs de la noblesse ligueuse provençale, déclare en septembre 1589 devant le parlement d’Aix que lorsqu’il était à Blois pour les États généraux, Mayenne lui a vanté le zèle catholique du duc de Savoie, conseillant, « si on se treuvoyt par trop pressé des héréticques et ses faulteurs, de recourir à Son Altesse pour le secours du pays16 ». Ces encouragements ont donc été donnés par Mayenne dès le mois de janvier 1589, même s’il semble l’avoir fait en secret, de peur d’être en butte au reproche de faire intervenir des puissances étrangères en France17.

    11En Provence, Vins redouble donc de sollicitations secrètes adressées au duc de Savoie, notamment par l’intermédiaire du général des galères savoyardes, Andrea de Leini. Dans un mémoire de juin 1589 rédigé à Nice, Leini évoque la venue d’un individu qui lui a parlé « de la part de Monsieur de Vins », et a demandé un « secours en deniers et de quelque cavalerie, sans laquelle ils sont dans de très mauvaises extrémités et en danger d’être perdus18 ». Le 12 juin 1589, Vins écrit depuis Aix à un agent savoyard, se plaignant du manque de secours, alors qu’on lui avait promis « pour chose infaillible [qu’il aurait] trois cens chevauls dans le commencemant d’avril19 ». Une autre lettre de Vins en juillet 1589, sans doute adressée à Andrea de Leini, renouvelle les instances et témoigne de la volonté de Vins de resserrer encore la collaboration : « Il serait nécessère que vous vinsies à Villafranchie pour avoir moien de conférer avecques vous. » Le souci du secret dans cette collaboration est par ailleurs clairement mis en avant : « Il me samble que nostre fait ce communique à trop de gens ; s’il vous plaît ne m’escrives plus que par persones de fidélité reconue20. » Ainsi, Vins cherche à ne pas apparaître comme un homme de l’étranger ; cette préoccupation, par les précautions qu’elle implique, semble limiter le risque de voir le secours savoyard dégénérer en crise internationale ouverte.

    12Les correspondances de Vins témoignent en négatif d’une implication encore limitée, mais croissante, de Charles-Emmanuel dans les troubles religieux de Provence. La dégradation de la situation nationale et les sollicitations diverses l’incitent sans doute à suivre les conseils interventionnistes que lui assénait Lucinge à partir de 1585. Un autre conseiller du duc semble avoir un rôle essentiel dans l’implication grandissante en Provence : Andrea de Leini, le général des galères déjà mentionné, que nous retrouverons quasiment à toutes les étapes du processus. En juin 1589, depuis Nice, il incite son maître à intensifier son secours aux Provençaux en augmentant les pensions accordées aux chefs ligueurs. Il souligne le fait que c’est là l’occasion de « faire une acquisition de très grande importance au service de Dieu et de la religion catholique, et de très grande commodité pour Son Altesse21 ». Ainsi, aux facteurs de l’internationalisation des affaires de Provence, il faut ajouter la détermination et l’activisme de certains conseillers savoyards, et particulièrement de Leini. L’intervention savoyarde en Provence n’est pas une aventure personnelle de Charles-Emmanuel, et nous aurons encore l’occasion de le montrer.

    13Cependant, la défiance internationale que la Savoie s’est attirée avec l’invasion du marquisat de Saluces contraint momentanément Charles-Emmanuel à la prudence22. Le secret est donc aussi de mise de son côté, les premières troupes octroyées aux Provençaux le sont « soubz le nom du pape23 ». Il faut attendre le mois de juillet 1589 pour que la spécificité d’un secours savoyard apparaisse plus clairement, avec l’arrivée de 12000 écus portés à Marseille par Bérardy de Pignans ; puis, le 16 août, arrivent à Aix « environ cent lances italiennes, que mande Charles-Emmanuel duc de Savoie […] que Ampus estoit allé prendre à Nice, avec deux compagnies Albanoises laissées à Antibe24 ».

    14Les choses évoluent vite, cependant : au vu de la situation chaotique dans laquelle l’assassinat d’Henri III plonge le royaume, le secret n’a plus de raison d’être. À Aix, vers la fin de l’été 1589, une réunion se tient chez la comtesse de Sault, belle-sœur de Vins, en présence de Vins lui-même, du comte de Carcès, de parlementaires et de représentants de la municipalité aixoise : on décide de recourir plus ouvertement à Charles-Emmanuel25. Le 26 septembre 1589, Vins franchit le pas : il se présente devant le parlement d’Aix et demande à la cour d’officialiser la demande de secours auprès du duc de Savoie, démarche appuyée par les procureurs du pays. Tous arguent des autorisations données par Mayenne pour montrer que ce recours à une puissance étrangère n’a rien de subversif quant à la fidélité due à la couronne de France26. De ce fait, le 5 octobre 1589, le parlement autorise Vins à « recepvoyr le dit secours offert par Sadite Altesse, au nombre de trois centz cinquente lanciers et deux mil hommes de pied ensemble l’artillerie, munitions de guerre et argent27 ». Vins se rend alors à Nice pour y accueillir les troupes savoyardes28. Certains ligueurs sont sans doute bien conscients du fait que le duc de Savoie a des ambitions territoriales, mais l’urgence de la lutte contre les hérétiques et leurs alliés prend momentanément le pas sur cette méfiance.

    15La réaction du parlement royaliste de Pertuis ne se fait pas attendre : un arrêt est promulgué le 24 octobre 1589, « affin de fère casser et annuller certein préthendu arrest donné par les officiers interdictz assambléz en la ville d’Aix, soubz le nom et tiltre de court de parlement, par lequel est enjoinct aux villes et villaiges de ceste province de donner entrée aux forces du duc de Savoye ». Outre cette interdiction, l’arrêt royaliste interprète sans ambages la coopération entre les ligueurs et les Savoyards, qualifiés « d’estrangers ennemys de la couronne, qui soubz plus faulx prétestes et artiffices tachent envahir et usurper ceste province29 ». Niant la légitimité d’une logique de solidarité catholique transnationale, les royalistes ont tout intérêt à présenter l’aide savoyarde comme une tentative d’invasion : cela leur permet de stigmatiser les ligueurs comme de « mauvais français ». On se situe ici clairement dans le grand débat de la fin des guerres de Religion, au cours duquel la conscience nationale fut utilisée comme un outil politique30. Ainsi, l’ingérence savoyarde fait désormais l’objet d’un contentieux juridique et moral entre les deux camps en présence en Provence ; une nouvelle étape est franchie dans l’interaction entre des enjeux extérieurs et le théâtre local.

    16Cette officialisation progressive du secours savoyard est renforcée par l’attitude de Mayenne. Le chef de la Ligue s’adresse directement au duc de Savoie pour encourager son aide, dans une lettre le 25 septembre 1589, le priant de donner « assistance de ses moiens aux cattolicques de Provence31 ».

    17Le processus que nous venons de décrire apparaît comme essentiel pour mettre en évidence la conjoncture nouvelle dans laquelle entrent les guerres provençales : le secours savoyard officiel marque une rupture avec les intelligences secrètes qui constituent le mode habituel de relations avec une puissance étrangère32. Ce secours devient une question à la fois politique, juridique et publique. Malgré le rôle de Mayenne, les initiatives locales ont également été déterminantes. Pour mesurer l’importance et les limites des changements survenus durant cette année 1589, il est aussi nécessaire de voir ce qui change dans le regard que les acteurs extérieurs portent sur le théâtre provençal, et les conséquences qu’ils en tirent.

    L’activisme diplomatique savoyard en 1589 : justifier l’ingérence en Provence par la lutte contre l’hérésie

    18Un rôle essentiel est joué par l’activisme diplomatique savoyard. Il s’agit ici d’en retracer les démarches, ainsi que les objectifs politiques. En mars 1589, l’ambassadeur savoyard Lucinge, qui est encore à Paris, a une entrevue avec Mayenne. Il la rapporte dans une lettre du 17 mars 1589, qui permet de préciser la stratégie savoyarde durant cette même année. L’ambassadeur a rappelé au chef de la Ligue les anciennes promesses des Guise, de favoriser les ambitions du duc de Savoie. Au sujet de l’annexion de la Provence et du Dauphiné, Lucinge a déclaré que son maître se contenterait d’être aidé « en ses prétensions que par – dessous-main », c’est-à-dire en secret, pour éviter que Mayenne ne passe pour le complice d’une ambition étrangère.

    19Plus loin, le diplomate rapporte le discours qu’il a tenu au président Jeannin, magistrat bourguignon et proche conseiller de Mayenne : « Quant au tempérament que vous cherchez affin de colorer le support que vous nous promettez, quel moiens plus honorables peult suivre Votre Altesse, sinon de fère la guerre aux huguenotz […], de prendre leurs villes s’il peult, et si les cattolicques lui tendent les bras, de les recevoir en protection ? » Autrement dit, l’aide offerte aux Provençaux contre les protestants est conçue par les Savoyards comme le premier jalon « honorable » d’une intervention militaire, en guise de prélude à une annexion. Et les Savoyards attendent de Mayenne qu’il soit le complice et l’adjuvant de ce processus, dans lequel l’ambition territoriale sera dissimulée, du moins dans un premier temps, derrière la logique de solidarité religieuse.

    20Précisons encore ce que signifie cette « honorabilité » recherchée par le duc de Savoie. Lorsque sera venu le moment de lever le masque et d’annexer la Provence, Charles-Emmanuel, aux yeux de l’opinion catholique française et internationale, et sans doute au regard de sa propre conscience, ne pourra nullement assumer une ambition territoriale pure et simple : dans la culture politique catholique répandue à l’époque, la guerre de conquête ne peut être « juste » que si elle est motivée par la défense de la religion ; cette guerre juste ne peut donc se faire qu’aux dépens des hérétiques et des infidèles33. Ainsi l’aide aux catholiques provençaux contre les huguenots n’est pas seulement destinée à dissimuler pour un temps le projet de conquête ; cette aide permettra de moraliser l’ambition territoriale de Charles-Emmanuel, au moment où il faudra assumer cette ambition.

    21Mais une autre logique doit être prise en compte dans les objectifs savoyards : Charles-Emmanuel, dans la perspective de la succession d’Henri III, est candidat à la couronne de France car par sa mère, Marguerite de Valois, il est petit-fils de François Ier. Eu égard à cet enjeu, l’intervention en Provence pourrait aussi avoir une autre fonction. La lettre déjà citée de Lucinge adressée au duc le 17 mars 1589 nous en laisse entrevoir la logique. Devant le président Jeannin, l’ambassadeur a mis en avant les droits de son maître sur la couronne de France, malgré le fait que le duc descende de François Ier en ligne féminine : « Avec ce qu’il ne fault plus aléguer la loy sallicque, elle a esté plantée avec l’espée, elle se pourrait défère par le mesme moien si quelqu’un devenoit fort et qui n’eust que cette opposition34. » L’intervention en Provence pourrait être ainsi conçue par la sphère savoyarde comme un moyen de placer le duc en position de force, sur le plan politique et militaire, au point de faire oublier l’obstacle juridique que représente la loi de primogéniture mâle35. Stratégie à l’échelle provinciale et stratégie à l’échelle du royaume s’avèrent complémentaires.

    22Cependant, la mobilisation diplomatique savoyarde a d’autres destinataires. Les démarches visent Philippe II, beau-père du duc de Savoie, dont Charles-Emmanuel et ses serviteurs espèrent le soutien moral, financier et militaire36. Le 3 mars 1589, à Turin, l’ambassadeur vénitien Alvise Foscarini rapporte le départ imminent du futur représentant de Charles-Emmanuel à Madrid, Domenico Belli. Ce dernier est chargé de négocier pour que l’Espagne « ne […] refuse l’accord et l’aide pour se mettre en marche afin d’acquérir en Provence et en Dauphiné quelque terre sur les hérétiques37 ». Ici aussi, affleure l’idée d’une annexion territoriale rendue acceptable par la guerre contre les ennemis de la religion. Avec l’accroissement et la publicité du secours aux catholiques provençaux, survenu durant l’été 1589, les Savoyards redoublent d’efforts : l’appui du pape est également sollicité. Dans une lettre à Charles-Emmanuel du 7 octobre, Carlo Mutti, son ambassadeur à Rome, relate une audience accordée par Sixte Quint. Mutti a cherché, « par de nombreuses bonnes raisons, à pousser [le pape] à exhorter Votre Altesse au secours des catholiques de ces pays38 ». Ainsi, pour mieux légitimer son ingérence en Provence, Charles-Emmanuel veut les encouragements officiels du chef spirituel de tous les catholiques. Cette caution permettrait de donner à ses interventions une dimension de croisade contre l’hérésie, dimension à laquelle, au-delà du bénéfice d’image qu’il en tirerait, Charles-Emmanuel aspire sans doute sincèrement d’un point de vue religieux. Parallèlement, les sollicitations adressées à l’Espagne se poursuivent : à Turin, dans une lettre du 18 octobre, l’ambassadeur espagnol José de Acuña rend compte à Philippe II du fait que Leini, le général des galères savoyardes, lui « écrit que ce serait du service de Votre Majesté de donner 10 000 hommes avec lesquels il prendrait Marseille », dans le but d’y renforcer le parti catholique39.

    23Par ailleurs, le duc de Savoie effectue des démarches complémentaires à l’égard de Mayenne. Un mémoire d’instructions daté du 13 novembre 1589 nous apprend la députation du sieur de Bienvenue – un secrétaire de Charles-Emmanuel40 – vers le chef de la Ligue. En contrepartie de son engagement militaire Charles-Emmanuel demande à Mayenne de pouvoir « porter le tiltre de capitaine général de l’armée des princes catholiques contre les hérétiques èz provinces du Dauffiné et Provence41 ». Ce titre permettrait à Charles-Emmanuel de se prévaloir de l’autorité du chef de la Ligue pour mieux faire accepter par l’opinion catholique les ingérences savoyardes en France. L’intervention étrangère perdrait de son caractère subversif, parce que légalisée par le lieutenant-général de la couronne.

    24Ainsi, si les affaires de Provence deviennent progressivement une question discutée sur la scène internationale, c’est surtout en raison de l’activisme obstiné et inédit que déploie le duc de Savoie pour obtenir des soutiens. Il est cependant nécessaire de voir quelles réponses sont faites à l’offensive diplomatique savoyarde, ainsi que les motivations des interlocuteurs de Charles-Emmanuel.

    Les réponses française, espagnole et pontificale à l’activisme savoyard

    25On a vu, durant l’année 1589, le chef de la Ligue s’efforcer d’appeler le duc de Savoie au secours des Provençaux. Cela signifie-t-il que Mayenne entend favoriser les ambitions de Charles-Emmanuel ? Les choses ne sont pas si simples, comme le montrent des mobilisations à Rome de certains proches du chef de la Ligue. Dans sa lettre à Charles-Emmanuel du 1er octobre 1589, Carlo Mutti, son ambassadeur à Rome, rapporte que « le cardinal de Sens [Nicolas Pellevé, un fidèle de Mayenne] s’est plaint auprès de moi de ce que Votre Altesse avait quelque dessein sur ces provinces » de Dauphiné et de Provence42.

    26Pourquoi chercher à dissuader Charles-Emmanuel, quand on se souvient des encouragements de Mayenne, au même moment, à secourir les Provençaux ? La contradiction n’est qu’apparente. Indéniablement le chef de la Ligue a besoin de l’appui militaire du duc de Savoie en Provence, mais il doit aussi empêcher que ce dernier ne donne libre cours à ses rêves de conquête.

    27Il s’agit d’abord d’éviter un démembrement du royaume, possibilité que la crise de succession rend pensable par les contemporains43. En effet, si on en croit Lucinge, dans une lettre adressée à Charles-Emmanuel le 17 mars 1589, le duc de Mayenne, en réponse aux ambitions savoyardes, a déclaré « que les François avoient tousiours à cueur la conservation de leur royaulme en son entier », et « que si tous ceux qui aideront ce parti vouloient avoyr une pièce de cest Estat, que tout s’en iroit par lopins44 ». Ce souci de conserver l’intégrité du territoire de la couronne résulte-t-il de la part de Mayenne de l’estime qu’il porte à sa charge de lieutenant-général ? Est-il sincèrement habité par son rôle de défenseur du domaine français ?

    28Le chef de la Ligue a peut-être des motivations complémentaires. La conversation déjà évoquée entre Jeannin et Lucinge, rapportée par l’ambassadeur savoyard dans une lettre du 17 mars 1589, livre certains éléments de réponse. Le magistrat bourguignon aurait déclaré que Mayenne, en tant que « lieutenant de l’Estat », ne pouvait consentir ouvertement « qu’on démembrât la France […] en ce qu’on luy pourrait reprocher à l’avenir, aiant heu ceste charge, d’en avoir laissé échappé des pièces ès meins des princes estrangers45 ». Ce qui transparaît à la lecture de cet extrait, c’est que les réticences de Mayenne à soutenir ouvertement l’intervention de Charles-Emmanuel pourraient bien relever d’une question de crédit politique vis-à-vis de l’opinion française46. Il s’agit d’abord du crédit de la Ligue, qui ne peut se permettre de passer pour le parti de l’étranger, ce dont les royalistes l’accusent déjà47. Est en jeu également le crédit personnel de Mayenne : favoriser les entreprises étrangères le disqualifierait comme représentant suprême de l’autorité royale.

    29Une autre motivation, moins avouable, doit cependant être mise en avant. Dès 1588, les Guise, et tout particulièrement Mayenne, proposaient aux agents espagnols la cession de certaines provinces françaises – dont la Provence – en échange du soutien de Madrid dans leurs ambitions politiques, notamment l’accès de leur maison à la couronne de France48. Il est fort possible que dans le courant de l’année 1589, avec la mort d’Henri III survenue en août, cette motivation du chef de la Ligue ait été ravivée. Malgré la proclamation de Charles de Bourbon comme roi de France par les ligueurs, le grand âge de ce dernier laisse la succession ouverte ; une future élection royale est possible, et Mayenne se voit sans doute en candidat49.

    30Dès lors, les efforts du chef de la Ligue pour limiter l’ingérence savoyarde en Provence peuvent aussi se comprendre au regard de cette ambition. La Provence est peut-être encore une des monnaies d’échanges envisagées par Mayenne pour gagner le soutien de Madrid dans ses ambitions royales. Or, s’il veut être crédible lorsqu’il fait des offres territoriales à l’Espagne, Mayenne doit faire en sorte que les territoires en question ne passent pas comme étant déjà entre les mains d’un autre ! Cette ambition n’est pas en contradiction avec les logiques déjà définies : elle ne constitue qu’une possibilité de plus, une porte laissée entrouverte, mais qui justifie aussi cette politique du difficile équilibre entre le profit à tirer de l’aide savoyarde et la nécessité d’empêcher Charles-Emmanuel d’être trop puissant en Provence. Ces impératifs posent les grands cadres de ce qui sera pendant plusieurs années la politique de Mayenne concernant les affaires de Provence.

    31Comment le pape et le roi d’Espagne réagissent-ils aux démarches savoyardes ? En mars 1589, alors que l’ambassadeur savoyard offre de secourir Avignon via une intervention en Provence, Sixte Quint appelle à la prudence, disant que si on « découvrait que Votre Altesse eût à s’y impliquer, ce serait la perte de cet État50 [d’Avignon] ». Et le 1er octobre, le pape, sur le même sujet, a dit qu’il « ne pouvait consentir à cela51 ». Cependant, quelques jours plus tard, Sixte Quint a paru « plus enclin que d’habitude à cette entreprise52 », sans pour autant donner de véritable bénédiction. La position pontificale semble fluctuante et hésitante : nous y reviendrons.

    32L’attitude de la sphère politique espagnole paraît aussi contradictoire. Par la lettre de Mutti écrite depuis Rome à Charles-Emmanuel le 1er octobre 1589, on apprend que « Sa Majesté commandait [à l’ambassadeur d’Espagne] qu’il fasse des offices avec Sa Sainteté pour qu’elle porte et favorise Votre Altesse afin qu’elle aide et favorise les catholiques de cette province53 ». Mais par ailleurs, dans une dépêche du 9 novembre, José de Acuña, ambassadeur espagnol à Turin, décrit ses propres démarches : le diplomate ne laisse pas d’adresser des « requêtes à Son Altesse pour qu’Elle ne mette pas ses soldats en Provence54 ».

    33Comment comprendre les réponses, semble-t-il contradictoires, apportées par le pape et le roi d’Espagne aux demandes savoyardes de soutien en Provence ? Du point de vue pontifical, les quelques marques de bienveillance constatées à l’égard de Charles-Emmanuel s’expliquent facilement par une motivation religieuse, la lutte contre l’hérésie. Charles-Emmanuel peut être l’auxiliaire de cet impératif. Depuis Madrid, la nécessité de combattre les huguenots est un facteur qui amènerait à tolérer les initiatives savoyardes. Mais ces velléités de bienveillance contrastent avec les réticences pontificales et espagnoles, qu’il s’agit à présent d’expliquer.

    34Un premier registre de motivation a trait à une question de réputation, que le pape et le roi d’Espagne veulent conserver à l’égard des opinions internationale et française. Lorsque l’ambassadeur savoyard Mutti, dans sa lettre du 1er octobre 1589, rapporte les réticences pontificales à soutenir l’intervention en Provence, il écrit que Sixte Quint a allégué que « les Français [sont] déjà entrés dans une grande jalousie à l’égard de Votre Altesse55 ». Le même souci de réputation anime sans doute Philippe II, d’autant plus que le roi d’Espagne a été soupçonné à tort par l’ensemble de l’Europe d’être l’instigateur du « coup » savoyard sur Saluces56. C’est bien pour cela qu’il préférerait, comme on le comprend dans la lettre de Mutti du 1er octobre 1589, que le soutien à Charles-Emmanuel vienne de Rome, et non de Madrid. On comprend ainsi que Sixte Quint et Philippe II ne veulent pas passer pour des complices de l’ambition de Charles-Emmanuel. Ce souci a un ancrage dans la culture politique du xvie siècle : la bonne réputation du prince catholique implique de ne pas afficher des ambitions illégitimes57.

    35C’est aussi une logique de conservatisme politique qui semble guider la ligne de conduite de l’Escurial dans ses premiers refus à l’égard du duc de Savoie ; car il est possible que la sphère politique espagnole s’inquiète d’un éventuel accroissement de l’État savoyard à l’occasion des troubles. Dans une lettre du 15 novembre 1589, Mutti, l’ambassadeur de Charles-Emmanuel à Rome, écrit que l’on dit « que ce roi [Philippe II] ne désire pas voir Votre Altesse plus grande qu’Elle ne l’est58 ». Par ses ambitions, Charles-Emmanuel essaye de se hisser hors de sa condition de prince subalterne, il menace la hiérarchie des couronnes. Il y a potentiellement un risque de désordre international, que Philippe II cherche à contenir.

    36Durant cette phase, la prudence espagnole et pontificale semble bien avoir le dessus sur le souci de secourir les catholiques provençaux. De même, la morale politique de Sixte Quint et de Philippe II semble tournée vers un conservatisme certain, à l’encontre de la volonté d’accroissement qui régit l’action savoyarde59. La retenue espagnole s’inscrit clairement dans la continuité de ce qui a été observé durant les années 1580. Cependant, la dimension internationale des troubles de Provence est bien plus large.

    L’aggravation des inquiétudes en France et en Italie en 1589

    37L’affaire de Saluces crée un climat de tension autour des initiatives de Charles-Emmanuel et des appuis éventuels qu’on lui prête en Espagne, à Gênes et à Rome. Le 22 mai 1589, André Hurault de Maisse, ambassadeur de France à Venise, transmet à Henri III les inquiétudes qu’il conçoit en passant à Gênes : il y a observé une flotte espagnole prête, selon lui, pour « l’entreprinse de Marseille et de Provence, sy Monsieur de Savoye y eust peu remuer quelque chose, comme il y a essaié60 ».

    38Charles-Emmanuel n’est pas le seul à être soupçonné d’ambitions sur la Provence. Dans une dépêche du 4 avril 1589, adressée depuis Rome, l’ambassadeur toscan Giovanni Niccolini rapporte s’être interrogé avec Sixte Quint sur le départ de galères génoises pour la Provence. Niccolini a dit que c’était peut-être pour les Génois « l’occasion de s’emparer de Marseille ou de quelque autre lieu, car les affaires de ce royaume étaient dans un tel état que chacun faisait des desseins dessus ». Sixte Quint s’est montré préoccupé, et l’inquiétude du pape inquiète en retour l’ambassadeur toscan, à tel point que Niccolini va plus loin dans la formulation des possibles qu’il confie au grand-duc : il lui semble que « le pape aurait quelque désir de mettre la main sur Marseille61 ». Dans ce contexte de tension générale, tout le monde soupçonne tout le monde.

    39Alors que Sixte Quint est considéré comme un prédateur potentiel, les serviteurs du pape sont eux aussi saisis du soupçon permanent, notamment à l’égard de Philippe II. En témoigne la lettre de josé de Acuña à Philippe II, écrite à Turin, le 9 novembre 1589, au sujet des agents pontificaux présents à la cour savoyarde : ils soupçonnent Philippe II d’avoir ordonné au duc de Savoie de s’emparer de la Provence62. Les comptes rendus vénitiens confrontent également la République à la possibilité d’une internationalisation des troubles de Provence. Par exemple, l’ambassadeur vénitien à Turin rapporte dans une dépêche du 28 août que le duc cherche à faire la paix avec Genève63, « espérant dresser toutes ses forces contre la Provence64 ». Enfin, un dernier exemple permet de compléter l’idée que nous pouvons nous faire de ces inquiétudes italiennes. Le 1er octobre 1589, Carlo Mutti, ambassadeur savoyard à Rome rapporte à son maître :

    J’ai su de manière certaine que vendredi dernier, l’ambassadeur de Venise fit un discours au pape sur les affaires de France, concluant que pour le repos et la sécurité de l’Italie, il n’était pas bon que le royaume de France se délite […]. Les mêmes considérations lui ont été faites par d’autres princes d’Italie [sans doute le grand-duc de Toscane], disant qu’au regard des mouvements que Votre Altesse avait fait en Provence et Dauphiné, on pouvait lui supposer une [telle] intention65.

    40En d’autres termes, on s’émeut de voir Charles-Emmanuel, par ses ingérences, contribuer à mettre en pièces le royaume de France !

    41En cette année 1589, le regard extérieur sur les troubles de Provence semble donc radicaliser et généraliser le souci informationnel, les inquiétudes et les soupçons que nous avons observés de manière structurelle dans les années 1580. Comment comprendre cette attention et ces inquiétudes à l’égard de ce qui se passe en Provence, même si peu de mobilisations conséquentes en ressortent ? Du côté des royalistes français, on se situe dans la continuité de ce qui a été observé dans les années 1580 : la peur des ambitions espagnoles supposées, qui s’appuieraient sur les initiatives savoyardes, afin d’empiéter sur le royaume.

    42Du côté italien, une crainte similaire semble se manifester ; encore faut-il préciser la logique des différents acteurs. En Toscane, Ferdinand de Médicis, dans la tradition de ses prédécesseurs, est un farouche opposant aux intérêts savoyards : les monarchies florentine et piémontaise sont en effet, de longue date, en concurrence pour la préséance en Italie66. Par ailleurs on sait que l’ambition du règne de Ferdinand est de s’émanciper de la tutelle de Philippe II, tout en ayant soin de ne pas entrer en conflit ouvert avec Madrid67. On comprend donc la logique de ces inquiétudes, mais aussi de ces mobilisations limitées : il faut contrer tout ce qui pourrait accroître la puissance de l’Espagne et de son supposé sbire savoyard, mais de manière discrète. Sixte Quint se situe dans une perspective similaire : la papauté cherche à gagner plus d’autonomie à l’égard de Madrid68. Le pontife et ses ministres s’inquiètent donc de possibles accroissements espagnols appuyés sur les initiatives savoyardes. Quant à Venise, on sait que la République entend elle aussi faire obstacle à l’hégémonie espagnole, hégémonie perçue comme une menace pour les « libertés d’Italie69 ». Mais ne voulant pas entrer en conflit ouvert avec Madrid, la Sérénissime en reste à des mobilisations discrètes et indirectes.

    43Au-delà de ces logiques assez classiques, plusieurs indices laissent apparaître une certaine aggravation dans la perception des risques par les puissances italiennes, aggravation notamment visible dans les propos rapportés par Mutti le 1er octobre 1589 : les ingérences étrangères en Provence pourraient aboutir à des modifications conséquentes de la carte politique ; plus précisément, les interventions savoyardes en Provence pourraient contribuer à mettre en pièces le royaume de France.

    44De la part de ces puissances italiennes, derrière la crainte des ingérences étrangères en France, il y a donc la peur d’un possible démembrement du royaume70. Une telle issue était déjà annoncée par Lucinge dès le milieu des années 158071. Dans sa Raison d’État en 1589, Giovanni Botero envisage lui aussi la destruction comme la seule issue possible pour le royaume de France, au regard de l’irréversibilité des déchirements religieux et de l’impossibilité pour une faction de s’imposer à l’autre72. Pour les puissances italiennes, le risque de cette situation est la disparition ou l’extrême affaiblissement de la puissance française qui, depuis plusieurs décennies, fait contrepoids à l’hégémonie espagnole et l’empêche de dominer complètement la péninsule73. L’inquiétude que suscitent les affaires de Provence doit en partie être appréhendée dans ce contexte.

    45Face à de tels risques, pourtant, les mobilisations sont limitées : la prudence l’emporte sur l’urgence. Mais cette situation peut-elle durer ?

    Des intervenants plus éloignés (automne 1589) : Lorraine et Empire ottoman

    46Au-delà des inquiétudes et des mobilisations franco-italiennes, la situation de Provence suscite d’autres réactions, à première vue plus inhabituelles, qui surviennent durant la deuxième partie de l’année 1589.

    47Relevons d’abord les interventions d’un acteur a priori inattendu : le duc de Lorraine, Charles III. En septembre 1589, le sieur de Lenoncourt, envoyé par le duc à Rome, est chargé, passant en Provence, de proposer l’aide lorraine aux ligueurs74. Mais le 11 octobre, Charles III lui fait envoyer de nouvelles instructions depuis Nancy : ayant appris que les Provençaux recevaient des troupes savoyardes, le duc de Lorraine renonce provisoirement à s’impliquer davantage sur ce terrain, mais souligne la nécessité « d’empescher sous main que les Estatz dudict pays n’entrent en aulcun traicté avec ledict duc de Savoye75 ».

    48Charles III, bien que proche de la Ligue, entend donc contrecarrer les liens privilégiés entre le duc de Savoie et les catholiques du pays. Quelles sont ses motivations à l’égard d’une province aussi éloignée de son duché ? Dans la procuration adressée à son envoyé en Provence le 12 septembre 1589, le duc justifie ses offres de secours aux catholiques de cette province, en raison de « l’affection particulière que nous et nos prédécesseurs comtes de Provence leur avons porté et portons76 ». Charles III s’intitule comte de Provence, car la maison de Lorraine, depuis la fin du xve siècle et la mort de René d’Anjou, revendique l’héritage du comté de Provence, contestant le processus politique et juridique qui, en 1481, avait permis l’incorporation du comté au domaine royal français : René d’Anjou, en désignant Louis XI comme son successeur, avait déshérité son petit-fils René II, duc de Lorraine77.

    49Sur notre terrain de recherche, les cources qui mentionnent ce contentieux sont peu nombreuses, mais les éléments dont nous disposons permettent de formuler une hypothèse relativement crédible : dans la perspective d’un démembrement du domaine français, Charles III a peut-être voulu profiter de la situation pour mettre la main sur cet héritage prétendument usurpé. Ses interventions en Provence seraient les premiers jalons d’une opération de séduction politique, que le duc espère peut-être appuyer sur la proximité géographique de son gendre Ferdinand de Médicis. Mais à l’automne 1589, ces projets semblent suspendus.

    50Un autre élément nouveau vient d’une initiative extérieure beaucoup plus lointaine : le 28 novembre 1589, Jean Riqueti, sieur de Mirabeau, apprend au conseil de ville de Marseille que dans le Levant, les marchands des villes ligueuses sont maltraités par les Ottomans78. Il semblerait que le sultan Mourad III, sans sollicitation française spécifique, ait pris le parti d’entraver le commerce des villes ligueuses, y compris Marseille, principale bénéficiaire des capitulations de 1569 accordées par Selim II à Charles IX79. La raison de cette décision est facile à comprendre. Le pouvoir turc n’ignore sans doute pas le soutien de l’Espagne au parti catholique français. Exercer une mobilisation contre la Ligue, c’est donc une manière indirecte de lutter contre l’influence géopolitique de Philippe II, ennemi juré de l’Empire ottoman80. Il faut cependant noter que cette mobilisation est fort éloignée géographiquement et relativement modeste : il ne s’agit pas d’implication diplomatique ou militaire.

    51À ce stade de la chronologie, il faut constater que les réactions extérieures aux troubles de Provence s’inscrivent très majoritairement dans la simple accentuation des inquiétudes constamment présentes durant les années 1580. Il n’y a pas de rupture radicale dans cette perception des risques. La possibilité du démembrement du royaume, même si elle inquiète, ne semble pas fortement mobilisatrice. Pour cette raison, la prudence l’emporte, que ce soit en Italie, en Espagne ou en France. Et en dépit de quelques mobilisations et interactions inhabituelles, les éléments de nouveauté sont rares, en comparaison des initiatives prises sur le théâtre local dans l’échange entre Savoyards et Provençaux. La suite des événements confirme ce rôle moteur.

    La protection savoyarde : un lien politique à interroger (novembre 1589-janvier 1590)

    Des divisions provençales au triomphe prosavoyard de janvier 1590

    52En Provence, les chefs ligueurs se divisent sur le secours savoyard. Gaspard de Pontevès, comte de Carcès, qui est le gendre de Mayenne, est hostile à un accroissement de cette aide. Le parlement est majoritairement rallié à cette position, pour des raisons sur lesquelles nous reviendrons. Hubert de Vins et sa belle-sœur Chrétienne d’Aguerre, la comtesse de Sault, qui s’appuient davantage sur la municipalité aixoise (deux fidèles de la comtesse, Ampus et Guiran, sont élus premier consul et assesseur d’Aix en septembre 158981), envisagent au contraire de resserrer les liens avec Charles-Emmanuel82.

    53Cette division entre les deux partis – les Carcistes et les Comtins83 – tourne occasionnellement à l’affrontement. Les choses prennent une tournure violente à Marseille, le 29 octobre 1589, avec l’assassinat du premier consul de la ville, Albertas de Villecrose, soupçonné de vouloir donner Marseille aux Savoyards84.

    54Un événement contingent va donner une nouvelle ampleur à la situation. Au mois de novembre 1589, les troupes savoyardes et ligueuses font le siège de Grasse, dirigées par Vins pour la partie provençale et par Andrea de Leini, général des galères de Charles-Emmanuel, pour la partie savoyarde. C’est là, le 20 novembre, que Vins est tué par un coup d’arquebuse à la tête, tiré par un assiégé. Ce décès pose la question du leadership de la Ligue provençale. La comtesse de Sault et le comte de Carcès rivalisent pour prendre la tête du parti catholique, avec, toujours en toile de fond, une divergence sur le secours savoyard : la comtesse voudrait l’intensifier, et Carcès voudrait le limiter85.

    55La disparition de Vins, qui était l’intermédiaire entre le duc de Savoie et la Ligue provençale, accélère l’institutionnalisation de leurs relations. L’initiative vient de Charles-Emmanuel : le 26 novembre 1589, pour la première fois depuis le début de son secours, le duc de Savoie écrit au parlement pour se « condoloir » de la mort de Vins avec les magistrats86. La relation entre le duc de Savoie et les catholiques de Provence franchit une nouvelle étape, celle de la correspondance officielle ; au lien personnel avec Vins se substitue un lien collectif.

    56Le parlement, pour la première fois, écrit à Charles-Emmanuel le 7 décembre 1589, le remerciant de son secours et le suppliant de poursuivre cette aide87. Ainsi, la mort de Vins amène la cour à aller plus loin dans cette relation inédite nouée avec un prince étranger. L’échange entre le duc de Savoie et la Provence, devenu collectif, se poursuit sous l’effet de deux facteurs : le besoin grandissant dans lequel se trouvent les ligueurs face à leurs ennemis des provinces voisines, et la volonté de Charles-Emmanuel de se poser en recours ultime. Le 28 décembre 1589, le sieur Masse se présente devant la cour de la part de Charles-Emmanuel, et l’assure de la volonté du duc de continuer son aide à la province, « et y venir luy mesme en personne s’il est de besoing88 ». Prudente, la cour ne se prononce pas sur cette possibilité. Elle répond au duc le lendemain, le remerciant, « et parce que despuis nous sommes advertis que les héréticques tant du Daulphiné que du Languedoc s’assemblent pour se venir getter sur nous […] vous supplions très affectueuzement qu’il vous plaize nous mander le complément des troys cens cinquante lanciers et deux mil hommes de pied89 ». La nécessité, pour les catholiques, de s’appuyer sur l’aide savoyarde, les amène à ne pas relâcher les liens qu’ils entretiennent avec le duc.

    57En marge de cet échange, un autre coup de théâtre enclenche un processus décisif et radicalement nouveau. L’événement est survenu le 11 décembre 1589, à Grasse, où est stationnée l’armée catholique, réunie avec le contingent savoyard commandé par Leini. Les chefs nobles de l’armée catholique, assemblés sous l’autorité d’un représentant du parlement, Honoré Somati, sieur du Castellar et client de la comtesse de Sault90, ont pris la décision de députer vers Charles-Emmanuel ; il s’agit de lui demander non seulement d’accroître son secours, mais aussi de venir en personne prendre la protection de la Provence91. Le comte de Carcès, arrivé à Grasse le lendemain, n’a pas pu annuler la députation92.

    58Une étape décisive est franchie, avec la formulation de la possibilité de ce lien de protection, alliance contractuelle et inégalitaire avec un prince étranger, considérée par beaucoup de contemporains comme subversive car portant atteinte à la prérogative du souverain des protégés93. Nous reviendrons bientôt sur les implications politiques très complexes de la protection. Contentons-nous ici de mesurer le tournant décisif et inédit du processus de crise : la possibilité d’une protection étrangère est une nouveauté radicale pour l’horizon politique provençal.

    59Qui a réellement pris l’initiative de cet appel et de son contenu ? Il est probable que les intelligences savoyardes, dont certaines étaient entretenues parmi la noblesse provençale depuis plusieurs années, aient joué un rôle important à ce moment décisif : le baron de Mévouillon, pensionné par le duc de longue date94, est présent lors de la délibération, et même choisi pour aller présenter la requête à Charles-Emmanuel95. De plus, quelques semaines plus tôt, dans les instructions adressées à Leini se rendant en Provence, le duc de Savoie ordonnait à son amiral de consolider de telles intelligences. Il était chargé de convaincre des « personnes de confiance […] de resserrer la pratique, pour voir ce que [les Provençaux] veulent faire pour nous, et ce qu’ils désirent que nous fassions pour eux ». Leini devait faire savoir « qu’on ne manquera pas d’observer scrupuleusement tout ce que vous leur promettrez en notre nom96 ». Bref, le général des galères était chargé d’entretenir ce que, dans le vocabulaire de l’époque, on appelait des « pratiques97 », un ensemble de démarches permettant de renforcer l’influence savoyarde sur la noblesse provençale, à grand renfort de promesses. L’appel à l’intervention personnelle du duc peut se comprendre comme la conséquence d’un tel activisme.

    60Notons cependant que le terme de « protection » ne correspond pas complètement aux attentes de Charles-Emmanuel : on se souvient qu’il escomptait obtenir de Mayenne le titre de « capitaine général ». En appelant Charles-Emmanuel, les nobles ont sans doute donné une réponse favorable aux pratiques de Leini, mais ils ont aussi conféré à cet appel un contenu, la « protection », qui correspondait à leurs propres attentes. On reviendra amplement sur les raisons possibles d’un tel choix. Notons pour l’instant que dans le processus qui s’enclenche le 11 décembre 1589, les initiatives sont partagées entre Savoyards et Provençaux et ne peuvent se résumer à une manipulation des uns par les autres.

    61L’appel du 11 décembre est relayé par la communauté délibérative provençale dans toute sa complexité. Le 28 décembre 1589, lors d’une réunion des procureurs du pays tenue à Aix, l’assesseur Guiran rappelle la décision prise par les nobles à Grasse, puis livre son opinion sur la question : « Il est exépédiant et nécessaire de convocquer une assemblée tant de messieurs du clergé, de la noblesse et tiers-état […] pour ensemblement prendre résolution […] sur ce que dessus98. » L’assemblée adopte unanimement cette proposition. Quant au parlement, sans doute pris de cours il accède à la requête des procureurs en convoquant une assemblée des États pour le mois de janvier 159099.

    62Ces États provinciaux de la Ligue, destinés à statuer sur la protection savoyarde, se réunissent à Aix le 23 janvier 1590. Un long échange oppose l’assesseur d’Aix, Honoré Guiran, à l’avocat général Honoré de Laurens. Le premier, proche de la comtesse de Sault, est favorable à la protection savoyarde. Le second, parlementaire, est farouchement opposé à cette option. Au terme du débat et du vote, l’appel du 11 décembre est confirmé par l’assemblée, malgré l’opposition des députés de Marseille et d’Arles : le duc sera supplié de prendre la protection de la Provence et d’y venir en personne avec ses troupes, pour conserver la province « en la relligion catholique appostolique et romayne soubz l’hobéissance du roy Très Crestien Charles dixième100 ».

    63La comtesse de Sault et son parti – les Comtins – l’ont emporté sur la faction du comte de Carcès – les Carcistes101. Au-delà du rôle de la comtesse de Sault, Chrétienne d’Aguerre, et de son réseau, dans le processus que nous venons de décrire, au-delà des tensions politiques sous-jacentes sur lesquelles nous reviendrons, contentons-nous pour l’instant de compléter notre compréhension formelle de cette dynamique de crise : la publicisation et l’institutionnalisation d’une aide secrète, la collectivisation d’un lien personnel, et enfin un débat inédit sur l’ingérence étrangère, se recoupent et se complètent pour aboutir à une possibilité politique radicalement nouvelle : une protection savoyarde sur la Provence.

    64Dans le prolongement de la décision du 23 janvier 1590, les États de Provence décident d’envoyer une députation à Turin pour supplier Charles-Emmanuel d’accéder à la demande de protection. Cette délégation est composée d’Elzear Rastel*, l’évêque de Riez, du sieur d’Ampus déjà évoqué, grand noble d’épée, premier consul d’Aix et ami de la comtesse de Sault. Nous trouvons aussi Louis Fabri, sieur de Fabrègues, ancien assesseur d’Aix et également proche de la comtesse de Sault, et enfin Gérard de Brancas, baron d’Oise102.

    65Ainsi, cette démarche officialise de manière inédite les nouvelles relations entre les ligueurs provençaux et la Savoie. Pourquoi les nobles de l’armée, relayés par les États, ont-ils fait ce choix de la protection ? Pourquoi certains ligueurs, de la faction de Carcès, s’y sont-ils opposés ? Il s’agit à présent d’essayer de répondre à ces questions, en ayant soin d’évaluer la diversité et les contrastes des registres possibles de motivations.

    Protection et recherche de soutien logistique sous forme contractuelle

    66La recherche de soutien logistique, adossée à l’enjeu religieux, est d’abord essentielle, et pourrait expliquer à elle seule beaucoup des aspects que nous avons décrits : coupés du reste du royaume et de l’aide que pourrait leur envoyer Mayenne, menacés par les succès militaires de La Valette et sa collusion avec Les – diguières, les ligueurs sont contraints de recourir, de manière très pragmatique, aux puissances catholiques les plus proches : le duc de Savoie, par sa position géographique, s’impose en toute logique.

    67De la part des nobles puis des États, le recours au lien de protection peut même se comprendre dans une dimension matérielle. Les acteurs savent que, généralement, la protection implique un traité103 : choisir d’être protégés par Charles-Emmanuel, c’est donc un moyen d’obtenir de lui un soutien logistique garanti par traité. Par ailleurs ce traité serait aussi un moyen juridique de se prémunir contre les éventuelles ambitions du duc, en limitant clairement ses pouvoirs en Provence104.

    68Une décision prise par les États à Aix, le 24 janvier 1590, donc le lendemain de la délibération sur l’appel à la protection savoyarde, révèle cette dimension logistique. Sur proposition de l’assesseur, l’assemblée décide de réduire les compagnies entretenues par le pays « en attendant plus grandz forces ou arrivée de Son Altesse105 ». Ainsi, la décision prise la veille a peut-être été motivée par la simple volonté de soulager la province de trop lourdes dépenses, dépenses que l’on peut désormais espérer faire peser sur le futur protecteur… Lhistorienne Claudine Allag, au sujet de la comtesse de Sault et de son entourage, en arrive à la même conclusion : on veut surtout profiter de l’argent et des troupes de Charles-Emmanuel, éventuellement de son autorité de prince pour réunir le parti catholique, tout en espérant qu’il n’aura pas les moyens de donner libre cours à ses éventuelles ambitions106. Rien que d’extrêmement matériel et pragmatique, en somme.

    69Au-delà de cet aspect il est cependant nécessaire de comprendre les fondements de la fracture du camp ligueur entre pro – et antisavoyards, entre Comtins et Carcistes. C’est par ce biais que l’on pourra peut-être percevoir la manière dont la crise entraîne une reformulation différenciée des horizons d’attente ou de perception des risques.

    La critique bodinienne du lien de protection par Honoré de Laurens

    70Un élément évident est l’opposition de certains Carcistes au fait que le secours savoyard prenne la forme d’une protection. Mais en quoi consiste au juste ce lien politique dans la culture de l’époque107 ?

    71L’origine juridique de cette pratique n’est pas claire. Si on se réfère à ce qu’en écrit Jean Bodin, les anciens Romains la pratiquaient déjà. Le jurisconsulte en trouve la trace dans le Pro Balbo de Cicéron, comme une « prérogative d’honneur » conférée au protecteur, sans que le protégé perde le « droit de souveraineté » ; il en tire la formule selon laquelle « la protection n’emporte point de subjection108 ». À cette influence possible du droit romain pourrait s’ajouter l’héritage de la notion médiévale de « droit de garde », c’est-à-dire l’autorité exercée par un seigneur sur un fief qui ne lui appartient pas, mais qu’il administre en l’absence du titulaire ou durant la minorité de ce dernier109. Toujours est-il que cette pratique est extrêmement répandue dans l’Europe de la première modernité : des entités politiques (principautés, souveraines ou non, provinces, villes), souvent confrontées à une situation de crise, choisissent de se placer de manière contractuelle sous la dépendance d’un monarque dont elles ne relèvent pas ordinairement110.

    72Mais dans la séquence qui nous intéresse, si la protection fait peur aux Carcistes, c’est qu’elle comporte aussi des risques et des inconvénients, pointés par Honoré de Laurens lors du débat qui l’oppose au parti prosavoyard devant les États le 23 janvier 1590. L’avocat général reprend en partie les arguments que Jean Bodin avançait dans Les six livres de la République en 1576. Le magistrat déclare : « Il ne se peult nyer que la protection n’aproche grandement de la subjection. » Car « celluy-là qui se mect en protection […] recognoit son protecteur pour supérieur, en doibt tout honneur et révérance111 », surtout s’il s’agit d’une « protection sans limitation de temps112 », comme celle que les États prétendent demander au duc de Savoie.

    73Dans cette perspective, la protection serait un jeu de dupes : les demandeurs, croyant recevoir l’assistance d’un puissant, seraient en fait asservis par le biais de cette protection113. En 1576, Bodin alertait contre ce danger : « Les protections sont plus dangereuses pour les adhérans que les autres traictéz […] ; car on void le plus souvent, à faute de seuretéz, que la protection change en seigneurie ; et tel se pense bien asseuré qui met la brebis en la garde du loup114. »

    74Demander la protection d’un prince étranger, c’est donc mettre le doigt dans un engrenage qui séparera la Provence du royaume. D’ailleurs Laurens connecte le risque de la protection à celui du démembrement du royaume : les Provençaux sont appelés à veiller « à la conservation de l’Estat soubz lequel Dieu les a faict naistre », sous-entendant qu’une protection étrangère menacerait cette conservation ; plus loin, il déclare que Dieu ne permettra pas la « discipation et desmembrement » du royaume115. Un premier élément de réponse peut se dessiner : certains des Carcistes, se méfiant de Charles-Emmanuel, craignent que sa protection n’entraîne une annexion savoyarde de la Provence.

    75Un argumentaire supplémentaire, plus idéologique, amène à rejeter la protection. C’est d’ailleurs à cet aspect que Laurens consacre la majeure partie de son discours. Pour lui, la protection n’est pas un lien anodin, mais une prérogative que les princes souverains possèdent à l’égard de leur peuple, et ce de manière exclusive : « Ilz sont entièrement jalloux que ce tiltre et honneur ne soit attribué à aultre que à eulx116. » Pour le magistrat aixois, accepter qu’une partie du corps de la France soit pris en protection revient à bafouer la majesté de la couronne française, laquelle « ne peult avoyr aultre protection que de Dieu seul sous domination de Sa Majesté117 ».

    76Pour Laurens, l’appel à un protecteur est donc une cession volontaire de souveraineté, cession d’autant plus intolérable que dans le contexte provençal, c’est l’autorité du parlement, émanation directe de la monarchie, qui serait bafouée : « La court de parlement, qui représente une majesté souveraine, ne pourra comporter autorité inférieure […] sans offanse de la mesmes majesté118. » La mobilisation de certains magistrats aixois contre la protection savoyarde doit ainsi se comprendre dans la haute idée de l’autorité qu’ils représentent et de la menace qu’une protection étrangère ferait peser sur la suprématie de cette autorité.

    77Enfin, toujours selon Laurens, une telle décision de protection, parce qu’elle engage la souveraineté, est si grave que « ce n’est pas avec les subjectz que en fault traicter, lesquelz n’y peuvent toucher sans altération de la fidellité119 ». Ici se manifeste de nouveau l’influence de Bodin, qui écrivait : « Ne peut le prince estranger prendre le subject d’autruy en sa protection, si ce n’est du consentement de son prince120. » Sans cette permission, les sujets pris en protection commettent donc un acte de rébellion. C’est donc dans une conception rigide du légalisme et de l’obéissance, déjà évoquée en parlant des parlementaires121, qu’il faudrait comprendre l’opposition des Carcistes, notamment ceux de la cour souveraine, à l’idée d’une protection étrangère.

    78Une explication complémentaire, ayant davantage trait à la conscience nationale, peut être avancée. En effet, les Carcistes clament à plusieurs reprises que, dans leur vision des choses, ils sont plus attachés à la France que ne le sont leurs adversaires prosavoyards. Le discours de Laurens ne brandit pas seulement la menace du démembrement de la France ; il ne cesse de mettre en avant son attachement à cette couronne : « L’Estat de France, le plus beau, le plus noble, plus entien, plus lettré et plus excellant de toute la terre », « la grandeur de la coronne et de l’honneur des fleurs dellis, lumyère du siel122 ». On sait également qu’à Aix, quelques jours après les États de janvier 1590, les Carcistes accusent leurs adversaires de « se vouloir faire Savoyards123 ». Chez certains Carcistes, l’idée d’une protection étrangère semble donc heurter leur attachement à la fleur de lys.

    Le débat sur la protection : fidélité française contre solidarité catholique internationale ?

    79À la lumière de ces éléments, il est à présent nécessaire d’expliquer le choix des Comtins, la faction prosavoyarde, de se placer sous la protection de Charles-Emmanuel. Ont-ils envisagé de faire sécession d’avec la France, à l’heure où les ligueurs étaient soupçonnés de préférer un prince étranger catholique à un prince français mais hérétique124 ? Ils incarneraient une variante locale de ce qu’on a pu qualifier de « ligue espagnole ». À cette logique se seraient opposés les Carcistes, représentants quant à eux de la mouvance dite de la « ligue française125 » ?

    80Rien dans les sources ne permet d’étayer une telle hypothèse en ce qui concerne les Comtins. Lorsque les États, le 23 janvier 1590, décident de se placer sous la protection de Charles-Emmanuel, ils n’en députent pas moins vers Mayenne pour lui demander « de envoyer en ce pais pour gouverneur et y commander quelque prince ou grand seigneur qui par sa grandeur, autorité, puissance et moyens il puisse estre honnoré, respecté, chéri et hobéy et le service de Sadite Magesté satisfaict126 ». Ce souci témoigne de la volonté des assistants de ne pas rompre les liens avec la couronne, et de manifester leur loyauté à l’égard du chef de la Ligue.

    81Dans une perspective moins idéologique, les ligueurs prosavoyards sont-ils uniquement motivés par les pensions envoyées depuis Turin ? On se souvient qu’en 1589, ceux qui seront les chefs du parti comtin, notamment les frères Besaudun et Ampus, reçoivent régulièrement de l’argent savoyard127. Ces pensions conditionnent-elles l’engagement prosavoyard128 ? L’explication n’est que partiellement opératoire, car recevoir de l’argent n’implique pas forcément l’adhésion129 : Carcès, comme on l’a vu, bien que pensionné par Charles-Emmanuel, n’en est pas moins son plus farouche adversaire. La ligne de partage entre Comtins et Carcistes ne peut donc être définie de cette manière : il est nécessaire de trouver d’autres éléments de compréhension.

    82Peut-être la différence entre les deux factions consiste-t-elle en une évaluation différente du risque et de la subversion que représentent la protection savoyarde et la protection en général ? À l’inverse des méfiances carcistes, les Comtins seraient sensibles à des représentations beaucoup plus positives entourant le lien de protection. Bodin, dans La République, malgré ses avertissements à l’encontre de la protection, y consacre des pages plus favorables, du moins sur le désintéressement qu’implique théoriquement ce lien :

    Le droit de protection est plus beau, plus honnorable et plus magnifique que tous les autres. Car le prince souverain, le maistre, le seigneur, le patron, tirent proffit et obéïssance pour la défense des subjects, des esclaves, des affranchis, des vassaux : mais le protecteur se contente de l’honneur et recongnoissance de son adhérant130.

    83C’est sans doute en vertu de cette définition, que lors du débat du 23 janvier 1590, l’assesseur d’Aix Honoré Guiran, défenseur de l’option savoyarde, déclare que la protection à laquelle les Provençaux s’apprêtent à recourir est « la protection vollantaire, laquelle est prinse des personnes affligées par ceulx à qui Dieu a donné de moyen de les pouvoyr les secourir », de sorte que ce type de protection « n’emporte en soy aulcune subjection, ains est une vraye charité131 ». Laissons pour l’instant de côté la dimension rhétorique du discours de Guiran, et faisons l’hypothèse qu’il pourrait refléter l’état d’esprit de certains ligueurs ayant opté en faveur de la protection savoyarde : dans leur vision, cette protection n’est peut-être autre chose que la manifestation de la solidarité désintéressée et charitable, qui unit les bons catholiques entre eux au-delà des frontières étatiques, dans le cadre de la « république chrétienne », système de pensée encore important à la fin du xvie siècle ; il s’agit de l’idée selon laquelle les chrétiens, avant d’être les sujets de leur prince temporel, sont tous sujets du Christ. Leur union dans la communauté de foi, et donc dans la sujétion à Dieu, transcende les logiques nationales, notamment lorsqu’il s’agit de défendre la religion132. Ainsi, les Comtins, du moins certains d’entre eux, seraient plus sensibles que leurs adversaires à la légitimité des solidarités religieuses internationales.

    84Une tradition complémentaire vient renforcer cette définition positive de la protection. En effet, les Comtins sont peut-être influencés par la propagande des rois de France eux-mêmes : durant la première partie du xvie siècle, les Valois, pour intervenir contre les Habsbourg, accordaient leur protection à des villes ou à des princes en Italie et dans l’Empire. Les rois de France présentaient alors ces ingérences comme des démarches charitables, visant à défendre la liberté de leurs protégés133. D’ailleurs, Guiran rappelle cette prédilection française pour la protection, « ayant la pareilhe réquisition esté faicte par plusieurs provinces mesmes du temps de l’empereur Charlles le Quint par le peuple d’Allamaigne [au] roy Henry second […], proclamé protecteur des Allamaignes sans que pour ceste voye les requérantz soyent esté distraiz de l’hobéissance de leurs seigneurs naturelz134 ». Dès lors, comment un lien revendiqué et utilisé par les rois de France dans leur politique extérieure pourrait-il être subversif ? Certains prosavoyards pourraient sincèrement avoir vu dans la protection un acte de charité plutôt qu’une offense à la couronne de France. D’autres, davantage conscients du risque couru et de l’infraction commise, ont peut-être été rassurés ou déculpabilisés par cet argumentaire historique et moral.

    85Car n’oublions pas que cette demande de protection se fait sans l’autorisation expresse de Mayenne, représentant de la couronne et donc de l’autorité souveraine. Cela, aucun Comtin ne peut l’ignorer. Le 23 janvier 1590, Guiran argue de l’urgence de la situation pour justifier cette permissivité :

    Si les affaires estoyent en tel estât qu’ilz puissent permectre sans courir plus grand danger que de pouvoyr sursseoir et dellayer la susdite réquisition jusques à ce que l’on eust moyen d’en advertir mondit seigneur le duc du Mayne […], il seroyt chose très raisonnable ; mais considérant le danger […], et que attendent dadvantaige c’est vollantairement volloyr veoyr [la province] à ruyne et perdiction, […] il luy semble que l’on ne peult ny doibt dellayer aulcunement à faire ladite réquisition135.

    86En cédant à la loi de l’urgence et de la nécessité, les Comtins font donc preuve de pragmatisme, mais un pragmatisme qui ne leur est pas permis si l’on prend en compte les arguments de Laurens. Ce pragmatisme subversif touche au cœur même de la souveraineté : en s’octroyant le droit d’instaurer une situation juridique exceptionnelle, les Comtins définissent l’état de « nécessité », dont la détermination n’appartient normalement qu’au roi136. Il y aurait ici une vraie ligne de partage de morale politique, entre des Carcistes respectueux à la lettre de la prérogative royale et des Comtins prêts à s’autoriser davantage de souplesse.

    87Ainsi, même si l’hypothèse d’une volonté de sécession d’avec la couronne de France ne tient pas, il est probable que pour certains Comtins, le choix de la protection savoyarde ait pu correspondre à certaine désinvolture à l’égard de la monarchie : dans le contexte de déliquescence de l’autorité, les limites deviennent plus facilement franchissables137. Le contexte trouble, proche d’un interrègne138 ayant occasionné un regain de fait des autonomies municipales et provinciales, permettrait de comprendre une telle permissivité139, comme un processus de délégitimation des hiérarchies politiques ordinaires140.

    Derrière la demande de protection : des règlements de comptes entre pouvoirs locaux et parlement

    88Mais il n’est pas impossible que pour certains Comtins, cette délégitimation ait été consciente, recherchée, et ait pu répondre à une volonté subversive sur le plan politique. Ne peut-on pas les soupçonner d’avoir voulu, en se choisissant un protecteur sans la permission de la couronne, faire un acte éclatant de reconquête de liberté, profitant de l’état d’affaiblissement du pouvoir royal et de la situation d’interrègne ? Cette logique correspondrait tant au « devoir de révolte » nobiliaire141 qu’aux idéaux de monarchie tempérée dont se réclament les ligueurs à la suite des monarchomaques huguenots142. Ici s’éclaire une partie de la rationalité de l’appel lancé par les nobles de l’armée le 11 décembre 1589. Pourquoi ont-ils été suivis par les représentants des trois ordres lors des États de janvier 1590 ? Les tenants de l’autonomisme municipal et provincial, malmenés par les empiètements des parlements, pourraient eux aussi avoir vu, dans la possibilité d’une protection étrangère, l’opportunité de rabattre la superbe des représentants de la monarchie143. La morale nobiliaire de l’occasion à saisir144, et la conception du vir virtutis présente dans la culture humaniste des magistrats municipaux145, convergent dans l’exploration d’une virtualité politique de la crise, où se fait jour la pertinence d’un nouvel horizon d’attente146 : la mise à mal de l’absolutisme royal, par un acte éclatant de liberté jeté à la face de ses représentants parlementaires.

    89À l’appui de cette hypothèse, on peut constater les nombreuses divergences ou frictions entre pouvoirs municipaux et parlement, autour de la question de la protection savoyarde. Ce n’est pas un hasard si l’appel du 11 décembre 1589, impliquant la protection savoyarde, est relayé par les procureurs du pays (c’est-à-dire les consuls d’Aix) plutôt que par le parlement, qui ne s’implique pas dans cette démarche, révélant ses réticences.

    90De manière encore plus explicite, un contexte de graves tensions entre la municipalité aixoise et le parlement apparaît dans le rapport que l’archevêque d’Avignon dresse de son passage à Aix en décembre 1589. En effet, les parlementaires se sont plaints à lui de ce que « les consuls, avec l’aide de séditieux, ne se laissaient pas diriger par le parlement, et comme [ces consuls] étaient appuyés de la faveur du peuple, [les magistrats] se conduisaient avec beaucoup de retenue. Cependant, c’est à eux [les parlementaires] que revenait l’autorité et le gouvernement, et ils espéraient dans peu de temps récupérer leur autorité et remettre les affaires en ordre147 ». Face aux ambitions municipales, les parlementaires entendent défendre leur autorité. Leur opposition sur la protection savoyarde prolonge et cristallise leur rivalité. De même, dans le débat du 23 janvier 1590, le Comtin, prosavoyard, est l’assesseur d’Aix, représentant des pouvoirs municipaux et provinciaux, tandis que le Carciste, antisavoyard, est un parlementaire, émanation directe de la souveraineté royale. Bref, autour de la question de la protection se joue un féroce règlement de comptes politique entre des pouvoirs concurrents depuis plusieurs décennies.

    91Dans ces conditions, il faut nuancer certaines des hypothèses avancées plus haut sur des motivations idéologiques du clivage entre Comtins et Carcistes. Pour beaucoup des acteurs engagés dans ce conflit de pouvoirs, les références à des valeurs, à des précédents historiques ou à des idéologies concernant l’aspect soit charitable soit subversif de la protection, n’ont sans doute été que des postures, des justifications ou des « ressources contingentes148 » dissimulant en partie les vrais enjeux du règlement de comptes.

    92Évoquons encore, pour expliquer les diverses prises de position, la pertinence de logiques reposant sur les solidarités lignagères ou clientélaires. La solidarité familiale du comte de Carcès à l’égard de son beau-père Mayenne est certainement ce qui l’a amené à prendre position contre la protection savoyarde : connaissant les ambiguïtés de ce lien politique et le risque qu’il représentait pour le respect de la souveraineté française, il ne pouvait que se mobiliser contre cette perspective, sous peine de bafouer l’autorité de la couronne représentée par son beau-père. La rivalité personnelle avec la comtesse de Sault aurait encore radicalisé la prise de position de Gaspard de Pontevès. Le positionnement antisavoyard d’une grande partie des acteurs provençaux s’en trouverait également expliqué, dans le sens où ils seraient les clients de Carcès149.

    93Cette lecture des motivations, centrée sur les enjeux aixois et nobiliaires, révèle donc, sous les questions idéologiques, des luttes de pouvoir entre individus et institutions. Cependant, la suite des événements doit nous amener à complexifier cette vision de la situation.

    Les mobilisations carcistes : une protection pontificale plus acceptable ? (janvier-février 1590)

    L’assemblée de Cavaillon et ses conséquences arlésiennes et marseillaises

    94La décision des États du 23 janvier 1590 de demander la protection savoyarde a de multiples répercussions, d’abord en raison de l’opposition de la municipalité carciste de Marseille. Le 28 janvier 1590, le premier consul de Marseille, Pierre de Caradet, se présente devant une assemblée générale de la ville et lui fait part de la résolution prise par « l’assemblée généralle tenue à Aix le vingt-troysiesme du présent moys, […]. A quoy lesdictz sieurs de Caradet, premier consul, et assesseur, auroient faict leur protestation ». Le conseil de ville approuve l’opposition que le consul a manifestée face à la perspective d’une protection savoyarde150. Le lendemain, le 29 janvier, le conseil de ville décide d’envoyer une députation vers Mayenne et Charles X pour « leur faire entendre ladite délibération ». Mais aussi, « pour aller vers Sa Saincteté la supplier et requéryr très humblement voylloyr secourir ceste ville », le conseil envoie à Rome « Messieurs Jean de Paulle, chanoyne de l’esglize Majeur et ledit maître Germain Sallamon, docteur ès droitz151 ».

    95Cette députation se fait sans doute sur le conseil de Carcès lui-même. Car quelques jours plus tard, au tout début du mois de février, le comte, conjointement avec Domenico Grimaldi, l’archevêque d’Avignon, organise une assemblée à Cavaillon, en terres pontificales152. Y sont présents divers gentilshommes provençaux, des représentants de Marseille, mais aussi d’Arles. Cette assemblée, pour contrer la délibération des États, décide de supplier « nostre Sainct Père le pape de [se] rendre le protecteur153 » de la Provence. Carcès envoie à Rome son propre secrétaire, Barthélemy Augier, pour en présenter la requête154.

    96À Arles, le 10 février 1590, un conseil municipal restreint approuve cette option. Le sieur de Ventabren*, premier consul, est député vers Rome pour « s’acheminer devers Sa Saincteté et supplier très humblement icelle d’avoir commisération de ce dict pays de Provence, [et] le prendre soubz sa protection155 ». Le 14 février, le conseil de ville de Marseille, en vertu de l’assemblée de Cavaillon, confirme la députation à Rome et envisage un recours supplémentaire : un secours sera aussi demandé au grand-duc de Toscane156.

    97Afin d’appuyer ces démarches, le comte de Carcès écrit personnellement à la grande-duchesse Christine, lui demandant d’intercéder en faveur de Marseille auprès de son époux157.11 s’adresse aussi à Sixte Quint, le 2 mars 1590. Il décrit l’état déplorable de la Provence, espérant que « nous ne serons abbandonnés de Vostre Sainteté, devers laquelle les villes très catholliques d’Arles et de Marseille recourrent, la suppliant très humblement d’embrasser leur protection et la mienne158 ».

    98L’observation de ce processus soulève plusieurs remarques. À Cavaillon, les Carcistes, après avoir critiqué le principe d’une protection savoyarde, recourent à la protection d’une autre puissance étrangère. Mais on constate aussi que Marseille, en dépit de la délibération de Cavaillon, se contente de demander au pape et au grand-duc de Toscane un soutien logistique, sans parler de protection. Enfin, on remarque que Carcès, dans sa démarche individuelle, parle de protection pour Marseille, risquant ainsi de créer un décalage entre les attentes de la ville et celles de la papauté. Toutes ces nuances à l’intérieur de la faction carciste demandent à être expliquées.

    99Comme pour les Comtins, le recours à la papauté et à la Toscane peut d’abord se comprendre par la volonté d’obtenir, dans le cadre de la solidarité catholique internationale, le soutien logistique que Mayenne est incapable d’apporter. À Cavaillon, au début du mois de février, on a décidé de demander au pape non seulement de protéger le pays, mais « de le subvenir de forces et de moyens159 ». Même souci matériel à Marseille, où le conseil de ville, le 14 février, donne aux députés tout pouvoir pour faire au pape « les réquisitions et empruntz » pour obtenir un secours en argent. Auprès du grand-duc, les députés devront emprunter de quoi acheter « toutes sortes de munitions de guerre, bledz et argent160 ». Le recours des Arlésiens et des Marseillais à la Toscane et à la papauté peut également se comprendre comme la mise en application d’une pratique de neutralisation par le contrepoids, propre à la culture politique de l’époque161 : par hostilité à l’intervention savoyarde, on cherche une autre puissance catholique pour contrebalancer tant le risque hérétique que le risque représenté par Charles-Emmanuel.

    100Il est cependant nécessaire d’aller plus avant dans les motivations politiques, notamment en ce qui concerne l’apparente incohérence du choix de la protection pontificale.

    Fidélité à la couronne et spécificité de la protection pontificale

    101À Marseille, comme à Arles et lors de l’assemblée de Cavaillon, les Carcistes manifestent leur fidélité à la couronne de France par opposition à des Comtins qui seraient sur le point de se donner au duc de Savoie.

    102Commençons par un exemple marseillais : lors de la séance du conseil de ville du 29 janvier 1590, les assistants décident, pour montrer que la ville n’est pas « soubz la domination de l’estrangier, que seront faictz aux despens de la ville trois bannières sur estandars de trellie bleus avec les troys fleur dellis, mis et posés l’un à la tour de Saint-Jean, l’autre à la porte Realle et l’aultre à la porte d’Aix162 ». À Arles, la revendication de fidélité à la couronne est aussi évidente. Le 10 janvier 1590, lorsque le conseil de ville députe vers Aix pour les États, on notifie que le représentant arlésien « assurera ladicte assemblée » que les Arlésiens sont résolus de se « conserver à ung roy Très Chrestien163 ». Lors de l’assemblée de Cavaillon, Carcès, quant à lui, déclare avoir « apris que ledict prince de Piémond recherche d’agrandir ses terres, et qu’à ces fins il a beaucoup d’intelligence dans ce dict pays164 ».

    103On comprend donc clairement que ces Carcistes ont vu dans la demande de protection savoyarde le prélude à une annexion étrangère, et que le recours au pape et à la Toscane permet de chercher les moyens de s’y opposer. Mais dans ce cas, pourquoi avoir choisi, du moins à Cavaillon et à Arles, de recourir au pape dans le cadre d’une protection ? Pourquoi ce lien, stigmatisé au sujet des relations avec la Savoie, est-il accepté à l’égard de Sixte Quint ?

    104La délibération arlésienne du 10 février 1590 nous donne un élément de réponse : il est spécifié que le pape protégera le pays de Provence « jusqu’à ce qu’il plaise à Dieu qu’il y ait ung roy créé en France, Très Chrétien et cathol lique, pour le remettre entre ses mains165 ». La protection pontificale est conçue comme une mesure provisoire pour faire face à la situation de quasi-interrègne dans laquelle se trouve le royaume, et elle n’est pas incompatible avec la fidélité à la couronne. Cette particularité de la protection pontificale est facile à comprendre : parce que le pontife a un statut moral qui en fait un prince temporel à part, parce qu’il est le chef spirituel et le « Père commun » des catholiques166, sa protection est sans doute perçue comme plus respectable que celle choisie par les Comtins. Du fait de son statut pastoral, le pape aurait la prérogative de prendre sous sa protection des catholiques en situation de faiblesse ou momentanément sans souverain. Dans ces conditions, la recherche de soutien logistique dans le cadre contractuel de la protection devient acceptable. Enfin, dans une logique de conflit d’image avec les Comtins, les Carcistes espèrent sans doute que la protection pontificale délégitimera la possibilité d’une protection savoyarde, car le souverain pontife a une dignité supérieure à celle de Charles-Emmanuel.

    105À l’inverse, il semblerait qu’à Marseille, le lien de protection reste de toute façon suspect : le secours extérieur doit se faire uniquement sous forme d’une aide logistique. Il y a donc une différence d’appréciation sur la protection pontificale entre Carcès et Arles d’un côté, et Marseille de l’autre.

    Motivations sous-jacentes : logiques antiaixoises et fidélités personnelles

    106Cependant, pour certains Carcistes, ces prises de position ont peut-être constitué des postures, des ressources contingentes, comme nous l’avons vu plus haut.

    107Car d’autres logiques sont sans doute à l’œuvre dans leurs mobilisations. Ainsi, la position des villes de Marseille et d’Arles, en janvier 1590, contre la décision des États d’en appeler à la protection savoyarde, doit être comprise dans une certaine tradition politique : l’antagonisme que ces deux municipalités, du fait de leur statut de « terres adjacentes », ont habituellement à l’égard des décisions venues d’Aix167. À l’appui de cette hypothèse, on constate que lors de l’assemblée de Cavaillon, les démarches envers la papauté sont justifiées par le fait que les deux villes « sont libres et ont pouvoir » de se démarquer du pays168. En se désolidarisant de la mobilisation prosavoyarde des États, ces villes saisissent peut-être l’occasion de profiter d’une plus grande marge d’autonomie à l’égard des institutions provinciales. De même, les démarches vers la papauté et la Toscane constituraient une autre dimension de cette expérience de liberté politique. Dès lors, il devient pertinent de poser l’hypothèse selon laquelle, pour certains Arlésiens et Marseillais, les proclamations de fidélité à la couronne de France, n’ont été que des postures servant à légitimer le désir d’autonomie à l’égard des décisions aixoises. Dans leur démarche, on trouve donc une audace assez comparable à celle observée du côté des États.

    108Enfin, il faut souligner le fait que les prises de position arlésiennes et marseillaises ont été en grande partie suscitées par la fidélité des dirigeants des deux villes à la maison de Carcès. À Arles, les consuls qui ont pris part à la décision de protection pontificale sont les sieurs de Ventabren et de Beaujeu, des clients de longue date du comte et de son père. À Marseille, un des hommes forts de la municipalité, le capitaine Champorcin, est une créature de Carcès169. Il s’agit là d’une nouvelle raison de nuancer les motivations strictement idéologiques.

    109Parmi ces fidélités personnelles, qui ont pu jouer dans la mobilisation arlésienne en direction de la papauté, il faut mentionner les liens du sieur de Ventabren, premier consul, avec le personnel pontifical. En février 1589, Domenico Grimaldi, archevêque d’Avignon, avait confié le gouvernement de Cavaillon, sur les terres du pape, au sieur de Ventabren170. Les deux hommes se connaissent, et on peut même dire que Ventabren, par l’intermédiaire de Grimaldi, est au service de Sixte Quint. Cette situation a peut-être eu une influence sur la délibération tenue à Cavaillon et le choix arlésien de demander la protection pontificale.

    110Toujours est-il que les deux villes, par leurs réactions, complexifient le déploiement inédit des Provençaux sur la scène internationale.

    Les mobilisations royalistes vers Venise et Rome

    111Les ligueurs ne sont pas les seuls parmi les Provençaux à participer à ce déploiement. Le gouverneur royaliste, La Valette, prend également des initiatives pour trouver des soutiens et se justifier sur la scène internationale. Par une dépêche de l’ambassadeur vénitien à Rome, Alberto Badoer, datée du 21 avril 1590, on apprend : « La Valette doit mander un sien gentilhomme pour traiter d’acheter à Votre Sérénité [c’est-à-dire à la République] six corps de galères, pour les tenir à l’entrée du port de Marseille171. » Le même Badoer, dans une lettre du 12 mai 1590, évoque le fait que La Valette a écrit à Sixte Quint, « se plaignant qu’on racontait qu’il n’était pas un bon catholique, […] s’excusant si par nécessité de se défendre il s’était uni avec les forces des hérétiques de ce pays, parce qu’il ne s’unirait jamais de volonté avec eux en ce qui concerne la religion172 ». Il s’agit de ménager la papauté, afin que celle-ci ne soutienne pas les ligueurs. Ainsi, le gouverneur, lui aussi, en réponse à une situation exceptionnelle, déploie son action sur la scène internationale.

    112Mais avec ces deux derniers exemples, la nouveauté est moins radicale, puisque les démarches sont le fait du représentant direct du roi, ce qui inscrit l’activité de La Valette en continuité avec ce qui avait été observé durant les années 1580.

    113À l’inverse, pour les Marseillais, Arlésiens et Aixois, cette nouvelle phase marque bien une rupture radicale avec leurs habitudes politiques : les assemblées voient se dérouler des débats inédits sur l’appel aux puissances extérieures. Les députations du parlement, des États ou des municipalités vers un prince étranger semblent proches, dans la forme, d’une ambassade extraordinaire ; elles constituent une nouveauté supplémentaire dans l’expérience politique et institutionnelle que traversent les catholiques provençaux : la sollicitation sur la scène internationale.

    114Au cœur du processus, les initiatives sont légitimées par une solidarité politico-religieuse internationale qui contredit le lien exclusif entre les sujets et leur souverain naturel. Les références explicites au « voyage d’Allemagne » de 1552 montrent bien que les acteurs sont conscients des points communs entre ces crises déclenchées par l’appel aux puissances étrangères, que cet appel soit confessionnel ou non. Cette expérience se prolonge dans la confrontation entre les députés provençaux et les théâtres politiques étrangers auxquels ils ont à présent accès.

    Notes de bas de page

    1 Claudine Allag, Chrétienne d’Aguerre…, op. cit., p. 69-75.

    2 Ibid., p. 73.

    3 Ibid., p. 74.

    4 Wolfgang Kaiser, Marseille au temps des troubles…, op. cit., p. 287-288. Gustave Lambert, Histoire des guerres de Religion en Provence…, op. cit., t. 2, p. 65 et suiv.

    5 Nicolas Le Roux, Un régicide au nom de Dieu. Lassassinat d’Henri III, 1er août 1589, Paris, Gallimard, 2006.

    6 Charles est le frère d’Antoine de Bourbon, et ainsi l’oncle d’Henri de Navarre. Le vieux cardinal est donc second dans l’ordre de succession au trône par loi de primogéniture mâle. Aux yeux des ligueurs, l’exclusion d’Henri de Navarre, du fait de son protestantisme, fait de Charles de Bourbon le légitime successeur d’Henri III.

    7 Jean-Marie Constant, La Ligue, op. cit., p. 235, 248.

    8 Peter Ascoli, « French Provincial Cities and the Catholic League », Occasional Papers of the American Society for Reformation Research, 1, 1977, p. 15-37. Jean-Marie Constant, La Ligue, op. cit., p. 134-138, 307-312. Arlette Jouanna, Le devoir de révolte…, op. cit., p. 197.

    9 Assemblée des procureurs du pays, délibération du 20 octobre 1588, AD BdR, C5, f° 71r.

    10 Parlement, délibération du 22 octobre 1588, AD BdR, B3658, f° 191r.

    11 Luisa Bertoni, s. v. « Cristina di Lorena », dans Dizionnario biografico degli Italiani, op. cit., 1985, t. 31, p. 37-40.

    12 Parlement, délibération du 5 avril 1589, AD BdR, B3658, f° 278r.

    13 Riguccio Galluzzi, Histoire du grand-duché de Toscane sous le gouvernement des Médicis, Paris, Rue et hôtel serpente, 1782-1784, 9 vol., t. 5, p. 106.

    14 Ibid., p. 40-41.

    15 Voir supra, p. 51.

    16 Parlement, délibération du 26 septembre 1589, AD BdR, B3658, f° 323r.

    17 Sur les reproches que les royalistes adressent aux ligueurs de faire le jeu des puissances étrangères, voir : Myriam Yardeni, La conscience nationale en France pendant les guerres de religion, 1559-1598, Louvain, Nauwelaerts, 1971, p. 264.

    18 Leini à Portanieri, instructions pour parler à Charles-Emmanuel, 21 juin 1589, ASTo, Negoziazioni colla corte di Francia, mazzo 4, fasc. 42.

    19 Vins à un agent savoyard, 12 juin 1589, ibid.

    20 Id., juillet 1589, ibid.

    21 Leini à Portanieri, instructions pour parler au duc de Savoie, 21 juin 1589, ibid.

    22 Pierpaolo Merlin, « Saluzzo, il Piemonte, l’Europa… », art. cité, p. 27-36.

    23 Mémoires du sieur de Solliers, BnF, Dupuy, 656, f° 253r.

    24 César de Nostredame, Histoire et chronique de Provence…, op. cit., p. 871.

    25 Louis de Fabrègues, Mémoires du Sieur de Fabrègues, dans Pierre Louvet, Additions et illustrations sur les deux tomes de l’Histoire de Provence, Aix-en-Provence, 1680, t. 2, p. 130-319, p. 141.

    26 Parlement, délibération du 26 septembre 1589, AD BdR, B3658, f° 323r.

    27 Id., délibération du 5 octobre 1589, ibid., f° 330r.

    28 César de Nostredame, Histoire et chronique de Provence…, op. cit., p. 878.

    29 Parlement royaliste, arrêt du 24 octobre 1589, Pertuis, BnF, Dupuy, 155, f° 6r.

    30 Myriam Yardeni, La conscience nationale en France…, op. cit., p. 264.

    31 Mayenne à Charles-Emmanuel, 25 septembre 1589, ASTo, Lettere principi forestieri, mazzo 52.

    32 Serge Brunet, « De l’Espagnol dedans le ventre l »…, op. cit. Stéphane Gal, Charles-Emmanuel…, op. cit., p. 167-169.

    33 Sur les origines de la notion médiévale de jus ad bellum et son usage au xvie siècle dans l’élaboration d’une raison d’État antimachiavélienne, voir Romain Descendre, L’État du monde…, op. cit., p. 139-140.

    34 Lucinge à Charles-Emmanuel, 17 mars 1589, ASTo, Lettere ministri Francia, mazzo 9, n° 115.

    35 Éliane Viennot, La France, les femmes et le pouvoir. Linvention de la loi salique, V-XVP siècles, Paris, Perrin, 2006.

    36 Italo Raulich, Storia di Carlo Emanuele I…, op. cit., t. 2, p. 98-100.

    37 Foscarini au sénat, 3 mars 1589, ASVe, Dispacci degli ambasciatori, Savoia, filza 10, f° 3 : non le voglia negar l’assenso con l’aiuto insieme di potersi metter inanzi per l’acquisti nella Provenza e nel Delfinato di qualchè terra possedata dagli heretici.

    38 Mutti à Charles-Emmanuel, 7 octobre 1589, Lettere Ministri Roma, mazzo 10 : cercando con moite vive ragioni muoverlo ad essortare Vostra Altezza a soccorere i catolici di quei paesi.

    39 Acuña à Philippe II, 18 octobre 1589, AGS, Estado, 1266. Cité par Italo Raulich, Storia di Carlo Emanuele I…, op. cit., t. 2, p. 101.

    40 Jacqueline Boucher, « René de Lucinge, ambassadeur… », art. cité, p. 389-390.

    41 Charles-Emmanuel à Bienvenue, 13 novembre 1589, ASTo, Negoziazioni colla corte di Spagna, mazzo 1, fasc. 31.

    42 Mutti à Charles-Emmanuel, 1er octobre 1589, ASTo, Lettere Ministri Roma, mazzo 10 : Il Cardinale di Sans, essendoli io andato à visitare, si dolse meco che Vostra Altezza haveva pensiero sopra quelle provincie.

    43 Sur la perception de ce risque par les Français à l’époque : Myriam Yardeni, La conscience nationale en France…, op. cit., p. 264.

    44 Lucinge à Charles-Emmanuel, 17 mars 1589, ASTo, Lettere ministri Francia, mazzo 9, n° 115.

    45 Ibid.

    46 Sur la pertinence d’une idée d’opinion publique dans la France des guerres de Religion, voir Nicolas Le Roux, « Il est impossible de tenir les langues des hommes bridées. Opinion commune et autorité monarchique au temps des troubles de Religion », dans Laurent Bourquin, Philippe Hamon, Pierre Karila-Cohen, Cédric Michon (dir.), S’exprimer en temps de troubles. Conflits, opinion(s) et politisation de la fin du Moyen Âge au début du XXe siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2012, p. 63-78.

    47 Myriam Yardeni, La conscience nationale en France…, op. cit., p. 176-177.

    48 Serge Brunet, « Philippe II et la Ligue parisienne… », art. cité.

    49 Jean-Marie Constant, La Ligue, op. cit., p. 401-402, 406.

    50 Mutti à Charles-Emmanuel, 5 mars 1589, ASTo, Lettere Ministri, Roma, mazzo 10.

    51 Id., 1er octobre 1589, ibid.

    52 Id., 7 octobre 1589, ibid. : mi parve nel raggionamento più del solito inclinato per questa impresa.

    53 Id., 1er octobre 1589, ibid. : Sua Maestà gli commandava facesse offitio con Sua Santità, che portasse et favorisse Vostra Altezza acio aiutasse et favorisse la parte cattolica di quella provincia.

    54 Acuña à Philippe II, 9 novembre 1589, AGS, 1266. Cité par Italo Raulich, Storia di Carlo Emanuele I…, op. cit., t. 2, p. 102.

    55 Mutti à Charles-Emmanuel, 1er octobre 1589, ASTo, Lettere Ministri, Roma, mazzo 10.

    56 Pierpaolo Merlin, « Saluzzo, il Piemonte, l’Europa… », art. cité. José Luis Cano de Gardoqui, La Cuestión de Saluzzo en las comunicaciones del Imperio espanol (1588-1601), Valladolid, Estudios y documentos, cuadernos de historia moderna, 1962.

    57 Federico Pommier Vincelli, « Il concetto di reputatzione e i giudizzi sulla monarchia spagnola », dans Luigi Lotti, Rosario Villari (dir.), Filippo II e il Mediterraneo, Rome/ Bari, Laterza, 2003, p. 289-324.

    58 Mutti à Charles-Emmanuel, 15 novembre 1589, ASTo, Lettere ministri Roma, mazzo 10 : si va discorrendo che esso re non desidera Vostra Altezza più grande de quel che è.

    59 Chiara Continisio, « Il Re prudente. Saggio sulle virtù politiche e sul cosmo culturale dell’antico régime », dans Chiara Continisio, Cesare Mozzarelli (dir.), Repubblica e virtù. Pensiero politico et Monarchia Cattolica fra XVI e XVII secolo, Rome, Bulzoni, 1995, p. 311- 353. Gérald Sfez, Les doctrines de la raison d’État, Paris, Armand Colin, 2000, p. 39.

    60 Maisse à Henri III, 22 mai 1589, dans Émile Charrière (éd.), Négociations de la France dans le Levant…, op. cit., t. 4, p. 725.

    61 Niccolini à Ferdinand, 4 avril 1589, dans Abel Desjardins (éd.), Négociations diplomatiques…, op. cit., t. 4, p. 33.

    62 Acuña à Philippe II, 9 novembre 1589, AGS, Estado, 1266. Cité par Italo Raulich, Storia di Carlo Emanuele I…, op. cit., t. 2, p. 105.

    63 Sur la guerre que le duc mène depuis 1588 contre la cité calviniste, voir Alain Dufour, La guerre de 1589-1593, Genève, Alexandre Jullien, 1958.

    64 Foscarini au sénat, 28 août 1589, ASVe, Dispacci degli ambasciatori, Savoia, filza 10, f° 79 : sperando con questa drezzar tutte le sue forze contra la Provenza.

    65 Mutti à Charles-Emmanuel, 1er octobre 1590, ASTo, Lettere Ministri Roma, mazzo 10 : Ho saputo da luogo sicuro che venere passato l’ambaciatore di Venetia fece uno discorso al papa sopra le cose di Francia, concludendo che per quiete et sicurezza di Italia non era bene che il regno di Francia si disunisse o che cadesse sotto la monarchia del re di Spagna, ponendole in consideratione che tutta la mira di esso tendeva a una delle due […]. Le medesime consideratione gli sono State poste da altri principi di Italia, che per li moti che Vostra Altezza haveva fatto in Provenza et Delphinato, si poteva comprendere una simile intentione.

    66 Franco Angiolini, « Medici e Savoia. Contese per la precedenza e rivalità di rango in età moderna », dans Paola Blanchi (dir.), L’affermarsi dela corte sabauda : dinastie, poteri, elite in Piemonte e Savoia fra tarda Medioevo e prima età moderna, Turin, S. Zamorani, 2006, p. 435-479.

    67 Alessandra Contini, « Aspects of Medicean Diplomacy… », art. cité. Furio Diaz, Il granducato di Toscana…, op. cit., p. 285.

    68 Thomas James Dandelet, Spanish Rome, 1500-1700, New Haven/Londres, Yale University Press, 2001, p. 83-87. Enrique Garcia Hernan, « La Curia romana, Felipe II y Sixto V », Hispania sacra, 46, 1994, p. 631-649.

    69 Gaetano Cozzi (dir.), La Repubblica di Venezia…, op. cit., p. 66-67. Alberto Tenenti, « La Repubblica di Venezia e la Spagna di Filippo II e Filippo III », Studi veneziani, 30,1995, p. 109-124. Sur le thème de la défense de la « liberté d’Italie » : Rodolfo De Mattéi, « L’idea dell’unità e independenza d’Italia nel Cinque e nel Seicento », dans Studi in onore di N. Rodolico, Florence, Università degli studi, 1944. Aurelio Musi (dir.), Alle origini di una nazione. Antispagnolismo e identità italiana, Milan, Guerini e associati, 2003.

    70 Sur la perception de ce risque en France, voir Myriam Yardeni, La conscience nationale en France…, op. cit., p. 264.

    71 Alain Dufour, Les relations de Charles-Emmanuel Ier avec la Ligue…, op. cit.

    72 Romain Descendre, L’étal du monde…, op. cit., p. 47.

    73 Georges Livet, L’équilibre européen de la fin du XVe au début du XVIIIe siècle, Paris, Presses universitaires de France, 1976, p. 48-56, 59-70.

    74 Charles III à Lenoncourt, 12 septembre 1589. Cité par Louis Davillé, Les prétentions de Charles III…, op. cit., p. 200.

    75 Id., 11 octobre 1589, dans Henry Lepage (éd.), Lettres et instructions de Charles III, duc de Lorraine, relatives aux affaires de la Ligue, Nancy, L. Wiener, 1864, p. 222.

    76 Charles III à Lenoncourt, 12 septembre 1589. Cité par Louis Davillé, Les prétentions de Charles III…, op. cit., p. 200.

    77 Ibid., p. 198. Albert Lecoy de la Marche, Louis XI et la succession de la Provence. Mémoire lu à l’Académie des inscriptions et des belles-lettres, Paris, Palmé, 1888.

    78 Conseil de ville de Marseille, délibération du 28 novembre 1589, AM Marseille, BB51, f° 29v.

    79 Wolfgang Kaiser, Marseille au temps des troubles…, op. cit., p. 223-225. Ce traité accordait de nombreuses exemptions de taxes aux Français commerçant dans le Levant et en Afrique du Nord.

    80 Sur les hostilités entre Turcs et Espagnols à la fin du xvie siècle, voir : Jean-Louis Bacqué-Gramont, « L’apogée de l’Empire ottoman… », art. cité, p. 155-158.

    81 Gustave Lambert, Histoire des guerres de Religion en Provence…, op. cit., t. 2, p. 90.

    82 Ibid., p. 95-99.

    83 Jacqueline Dumoulin, « Partis politiques et élections municipales à Aix-en-Provence aux xvie et xviie siècle », Provence historique, 163, 1991, p. 3-34.

    84 Wolfgang Kaiser, Marseille au temps des troubles…, op. cit., p. 291-292.

    85 Claudine Allag, Chrétienne d’Aguerre…, op. cit., p. 80-81.

    86 Charles-Emmanuel au parlement, 26 novembre 1589, Chambéry, Bibl. Méjanes, ms. 781, p. 451.

    87 Parlement à Charles-Emmanuel, 7 décembre 1589, AD BdR, B3658, f° 365r.

    88 Parlement, délibération du 28 décembre 1589, ibid., f° 386r.

    89 Parlement à Charles-Emmanuel, 29 décembre 1589, ibid., f° 389r.

    90 Claudine Allag, Chrétienne d’Aguerre…, op. cit., p. 81.

    91 Gustave Lambert, Histoire des guerres de Religion en Provence…, op. cit., t. 2, p. 113.

    92 Ibid, p. 114.

    93 Rainer Babel, Garde et protection. Der Königsschutz in der französischen Aussenpolitik vom 15. bis 17. Jahrhundert. Ideologischer Hintergrund, Konzepte und Tradition, Ostfildern, Thorbecke, 2008.

    94 Ligue depuis 1585 jusqu’en août 1588, Bibl. Méjanes, ms. 776, f° 45v.

    95 Gustave Lambert, Histoire des guerres de Religion en Provence…, op. cit., t. 2, p. 113.

    96 Charles-Emmanuel à Leini, 1589, ASTo, Negoziazioni colla corte di Francia, mazzo 4, fasc. 44.

    97 Xavier Le Person, « Practiques » et « practiqueurs »…, op. cit.

    98 Assemblée des procureurs du pays, 28 décembre 1589, AD BdR, C5, f° 137v.

    99 Parlement à Somati, 29 décembre 1589, ibid., B3658, f° 390r.

    100 États, délibération du 23 janvier 1590, Aix, ibid., C5, f° 153r-153v.

    101 Claudine Allag, Chrétienne d’Aguerre…, op. cit., p. 84-85. Gustave Lambert, Histoire des guerres de Religion en Provence…, op. cit., t. 2, p. 117-123.

    102 États, délibération du 23 janvier 1590, AD BdR, C5, f° 154r.

    103 Jean Bodin, Les six livres de la république, Paris, Fayard, 1986 [1576], 6 vol., t. 1, P- 152.

    104 Sur la manière dont les faibles savaient utiliser le droit pour se défendre contre les puissants : Gadi Algazi, Herrengewalt und Gewalt der Herren im späten Mittelalter. Herrschaft, Gegenseitigkeit, und Sprachgebrauch, Francfort, Campus, 1996.

    105 États, délibération du 24 janvier, Aix, AD BdR, C5, f° 154v.

    106 Claudine Allag, Chrétienne d’Aguerre…, op. cit., p. 79-80, 98.

    107 Pour une synthèse sur le sujet, voir : Fabrice Micallef, « Sous ombre de protection. Stratégies et projets politiques au temps des affaires de Provence (Espagne, France, Italie, 1589-1596) », Revue historique, 656, 2010, p. 763-792.

    108 Jean Bodin, Les six livres…, op. cit., t. 1, p. 156.

    109 Claude Gauvard, Alain De Libera, Michel Zink (dir.), Dictionnaire du Moyen Age, Paris, Presses universitaires de France, 2002, p. 575-576. Roland Mousnier, Lhomme rouge ou la vie du cardinal de Richelieu (1585-1642), Paris, Robert Laffont, 1992, p. 515.

    110 Albert Cremer, « La protection dans le droit international public européen au xvie siècle », dans André Stegmann (dir.), Théorie et pratique politique à la Renaissance. Actes du XVIIe colloque international de Tours, Paris, Vrin, 1997, p. 145-155.

    111 États, délibération du 23 janvier 1590, Aix, AD BdR, C5, f° 150r. Déclaration inspirée par Jean Bodin, Les six livres…, op. cit., t. 5, p. 175-176. Bodin prend l’exemple des villes de Grèce assujetties par Athènes sous ombre d’alliance.

    112 États, délibération du 23 janvier 1590, Aix, AD BdR, C5, f° 150v.

    113 Ibid.

    114 Jean Bodin, Les six livres…, op. cit., t. 5, p. 173. Et aussi p. 168.

    115 États, délibération du 23 janvier 1590, Aix, AD BdR, C5, f° 148v.

    116 Ibid., f° 150v.

    117 Ibid.

    118 Ibid., f° 151r.

    119 Ibid., f° 151v.

    120 Jean Bodin, Les six livres…, op. cit., t. 1, p. 156.

    121 Sylvie Daubresse, « Eobéissance du parlement… », art. cité. Marie-France Renoux-Zagamé, « Le royaume de la loi… », art. cité.

    122 États, délibérations du 23 janvier 1590, Aix, AD BdR, C5, f° 148v, 150v.

    123 Conseil de ville d’Aix, délibération du 9 février 1590, AM Aix, BB89, f° 21r.

    124 Myriam Yardeni, La conscience nationale en France…, op. cit., p. 263-281.

    125 Jean-Marie Constant, La Ligue, op. cit., p. 424-427.

    126 États, délibération du 23 janvier 1590, Aix, AD BdR, C5, f° 154r.

    127 ASTo, Negoziazioni colla corte di Francia, mazzo 4, fasc. 42.

    128 Sur la manière dont les dons, dans le cadre de relations de clientèle avec un prince, peuvent influencer les prises de parti nobiliaires, voir Laurent Bourquin, Noblesse seconde et pouvoir en Champagne aux XVIe et XVIIe siècles, Paris, Publications de la Sorbonne, 1994. Arlette Jouanna, « Les enjeux des stratégies politiques de la noblesse française (xvie siècle et première moitié du xviie siècle) », dans Société, culture, vie religieuse aux XVIe et XVIIe siècles, Paris, Presses de l’université Paris-Sorbonne, 1995, p. 9-25.

    129 Natalie Zemon Davis, Essai sur le don dans la France du XVIe siècle, Paris, Seuil, 2003, p. 138.

    130 Jean Bodin, Les six livres…, op. cit., t. 1, p. 151-152.

    131 États, délibération du 23 janvier 1590, Aix, AD BdR, C5, f° 146v.

    132 Denis Crouzet, « Chrétienté et Europe : aperçus sur une sourde interrogation du xvie siècle », dans Jean Bérenger, George-Henri Soutou (dir.), L’ordre européen du XVIe au XXe siècle. Actes du colloque de l’Institut de recherches sur les civilisations de l’Occident moderne, 15-16 mars 1996, Paris, Presses de l’université Paris-Sorbonne, 1998, p. 11-50. Étienne Vaucheret, « La notion de république chrétienne chez les mémorialistes du xvie siècle », dans La conscience européenne aux XVe et XVIe siècles, Paris, École normale supérieure de jeunes filles de Paris, 1982, p. 423-434. Citons également, quitte à anticiper sur la chronologie, le sieur de Fabrègues, un des chefs du parti comtin, qui dans une harangue d’avril 1591 adressée au roi d’Espagne, justifie ainsi la demande de protection étrangère : « Tous les princes et potentatz de la Crestienté sont sugetz d’un mesmes éternel et souverain prince, en mesme république crestienne, vivent tous sousbz mesmes loix et religion, sont tous norris de mesmes viandes qui sont les sinctz sacremens. Doncques il sont unis en ligne offensive et deffensive pour la conservation de la foi commune », Remontrances des députés des États de Provence au roi d’Espagne, avril 1591, ASTo, Corti straniere, Francia, mazzo 1, fasc. 47.

    133 Rainer Babel, Garde et protection…, op. cit. L’idée est par ailleurs exprimée par Jean Bodin, Les six livres…, op. cit., t. 5, p. 214 : « Le sage prince […], s’il cognoist l’outrageux traictement d’un tyran envers ses subjects estre irréconciliable, il doit en prendre la protection d’un cœur haut et généreux. »

    134 États, délibération du 23 janvier 1590, Aix, AD BdR, C5, f° 153r. C’est une allusion au « Voyage d’Allemagne » d’Henri II en 1551-1552, à la requête de certains princes luthériens du Saint-Empire qui étaient alors en rupture avec Charles Quint.

    135 Ibid., f° 152v.

    136 Fanny Cosandey, Robert Descimon, Labsolutisme en France. Histoire et historiographie, Paris, Seuil, 2002, p. 48-49.

    137 Michel Dobry, Sociologie des crises politiques…, op. cit., p. 154.

    138 Nicolas Le Roux, Un régicide au nom de Dieu…, op. cit., p. 308.

    139 Arlette Jouanna, Le devoir de révolte… op. cit., p. 197-198.

    140 Michel Dobry, Sociologie des crises politiques…, op. cit., p. 268-276.

    141 Arlette Jouanna, Le devoir de révolte…, op. cit., p. 134-142.

    142 Paul-Alexis Mellet, Les traités monarchomaques : confusion des temps, résistance armée et monarchie parfaite (1560-1600), Genève, Droz, 2007, p. 364-400. Suite à la Saint-Barthélemy, certains auteurs protestants appelés monarchomaques avaient milité en faveur d’une monarchie non absolue, aux pouvoirs limités notamment par les États généraux. Lorsque les ligueurs, dans les années 1580, entrèrent à leur tour en défiance à l’égard de la monarchie, ils reprirent à leur compte une partie de l’argumentaire de leurs ennemis protestants.

    143 Sur le conflit entre les municipalités et les parlements au temps de la Ligue, voir : Bernard Chevalier, Les bonnes villes de France…, op. cit., p. 106-112. Elie Barnavi, Robert Descimon, La Sainte-Ligue, le juge et la potence, L’assassinat du président Brisson, 16 novembre 1591, Paris, Hachette, 1985.

    144 Nicolas Le Roux, « La Fortune, la vertu et l’occasion… », art. cité.

    145 Peter Blickle, Résistance, représentation, communauté…, op. cit., p. 109. Quentin Skinner, Les fondements de la pensée politique moderne…, op. cit., p. 147-148. Le vir virtutis est conçu comme un acteur politique capable de savoir s’adapter aux revirements de la Fortune pour façonner la réalité conformément à ses attentes.

    146 Michel Dobry, Sociologie des crises politiques…, op. cit., p. 21.

    147 Grimaldi à Montalto, 6 janvier 1590, ASVat, Segretaria di Stato, legazione Avignone, 17, f° 469.

    148 Delphine Dulong, Sandrine Lévêque, « Une ressource contingente. Les conditions de reconversion du genre en science politique », Politix, 60, 2002.

    149 Il ne nous appartient pas ici de montrer les connexions entre liens de clientèle et prise de position politique. Nous renvoyons à une abondante bibliographie sur le sujet. Laurent Bourquin, Les nobles, la ville et le roi…, op. cit. Robert Descimon, « Prise de parti, appartenance sociale, et relations familiales dans la Ligue parisienne (1585-1594) », dans Bernard Chevalier, Robert Sauzet (dir.), Les Réformes : enracinement socioculturel, 25e colloque international d’études humanistes, Tours, 1er-13 juillet 1982, Paris, édition de la Maisnie, 1985, p. 125-140. Sharon Kettering, « Clientage during the French Wars of Religion », Sixteenth Century Journal, 20, 2, 1989, p. 221-240, ici p. 225-231 sur le réseau des Carcès entre les guerres de Religion et la Fronde, et p. 234 sur l’appartenance des Carcès au réseau de Mayenne.

    150 Assemblée générale de ville de Marseille, délibération du 28 janvier 1590, AM Marseille, BB51, f° 43v.

    151 Conseil de ville de Marseille, délibération du 29 janvier 1590, ibid., f° 44v.

    152 Jean-François Gaufridi, Histoire de Provence, Aix, C. David, 1694, p. 690-691.

    153 Conseil de ville d’Arles, délibération du 10 février 1590, AM Arles, BB18, f° 56v.

    154 Jean-François Gaufridi, Histoire de Provence…, op. cit., p. 690-691.

    155 Conseil de ville d’Arles, délibération du 10 février 1590, AM Arles, BB18, f° 56v.

    156 Conseil de ville de Marseille, délibération du 14 février 1590, AM Marseille, BB51, f° 54v.

    157 Carcès à Christine de Lorraine, 26 février 1590, Marseille, ASFi, Med. princ., 5964, f° 7r.

    158 Id. à Sixte Quint, 2 mars 1590, Marseille, ASVat, Segretaria di Stato, Legazione Avignone, 19, f° 161.

    159 Conseil de ville d’Arles, délibération du 10 février 1590, AM Arles, BB18, f° 56v.

    160 Conseil de ville de Marseille, délibération du 14 février 1590, AM Marseille, BB 51, f° 54v.

    161 Denis Crouzet, Le haut cœur de Catherine de Médicis…, op. cit., p. 273.

    162 Conseil de ville de Marseille, délibération du 29 janvier 1590, AM Marseille, BB51, f° 44v.

    163 Conseil de ville d’Arles, délibération du 10 janvier 1590, AM Arles, BB18, f° 51v.

    164 Id., délibération du 10 février 1590, ibid., f° 56v.

    165 Ibid.

    166 Lucien Bély, « Les princes et le Père commun », dans Gérard Deregnaucourt (dir.), Société et religion en France et aux Pays-Bas, XV-XIXe siècles. Mélanges en l’honneur d’Alain Lottin, Arras, Artois presses université, 2000, p. 11-29. Paolo Prodi, Un corpo e due anime : la monarchia papale nella prima età moderna, Bologne, Il Mulino, 1982.

    167 René Pillorget, Les mouvements insurrectionnels de Provence…, op. cit., p. 9-12. Sur l’expression des rivalités entre Aix et Marseille dans les années 1580, voir Nicolas Le Roux, La faveur du roi…, op. cit., p. 571-573.

    168 Conseil de ville d’Arles, délibération du 10 janvier 1590, AM Arles, BB18, f° 51v.

    169 Bruno Bourjac, La république et son ombre…, op. cit., p. 41, 199.

    170 François-Alexandre Aubert de La Chenaye des Bois, Dictionnaire de la noblesse, Paris, A. Boudet, 1776, t. 11, p. 646.

    171 Badoer au sénat, 21 avril 1590, ASVe, Dispacci degli ambasciatori, Roma, filza 25, f° 111.

    172 Id., 12 mai 1590, ibid., f° 167.

    Précédent Suivant
    Table des matières

    Cette publication numérique est issue d’un traitement automatique par reconnaissance optique de caractères.

    Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

    Voir plus de livres
    Noblesse seconde et pouvoir en Champagne aux XVIe et XVIIe siècles

    Noblesse seconde et pouvoir en Champagne aux XVIe et XVIIe siècles

    Laurent Bourquin

    1994

    Les Jacobins de l’Ouest

    Les Jacobins de l’Ouest

    Sociabilité révolutionnaire et formes de politisation dans le Maine et la Basse-Normandie (1789-1799)

    Christine Peyrard

    1996

    Une société provinciale face à son devenir : le Vendômois aux xviiie et xixe siècles

    Une société provinciale face à son devenir : le Vendômois aux xviiie et xixe siècles

    Jean Vassort

    1996

    Aux marges du royaume

    Aux marges du royaume

    Violence, justice et société en Picardie sous François Ier

    Isabelle Paresys

    1998

    Pays ou circonscriptions

    Pays ou circonscriptions

    Les collectivités territoriales de la France du Sud-Ouest sous l’Ancien Régime

    Anne Zink

    2000

    La permanence de l’extraordinaire

    La permanence de l’extraordinaire

    Fiscalité, pouvoirs et monde social en Allemagne aux xviie- xviiie siècles

    Rachel Renault

    2017

    Un désordre européen

    Un désordre européen

    La compétition internationale autour des « affaires de Provence » (1580-1598)

    Fabrice Micallef

    2014

    Entre croisades et révolutions

    Entre croisades et révolutions

    Princes, noblesses et nations au centre de l’Europe (xvie-xviiie siècles)

    Claude Michaud

    2010

    J.-J. Guyenot de Châteaubourg (1745-1824) ou le commerce des relations

    J.-J. Guyenot de Châteaubourg (1745-1824) ou le commerce des relations

    Anne Conchon

    2009

    François de Neufchâteau

    François de Neufchâteau

    Biographie intellectuelle

    Dominique Margairaz

    2005

    Clergés, communautés et famille des montagnes d’Europe

    Clergés, communautés et famille des montagnes d’Europe

    Serge Brunet et Nicole Lemaitre (dir.)

    2005

    La plume et le sabre

    La plume et le sabre

    Michel Biard, Annie Crépin et Bernard Gainot

    2002

    Voir plus de livres
    1 / 12
    Noblesse seconde et pouvoir en Champagne aux XVIe et XVIIe siècles

    Noblesse seconde et pouvoir en Champagne aux XVIe et XVIIe siècles

    Laurent Bourquin

    1994

    Les Jacobins de l’Ouest

    Les Jacobins de l’Ouest

    Sociabilité révolutionnaire et formes de politisation dans le Maine et la Basse-Normandie (1789-1799)

    Christine Peyrard

    1996

    Une société provinciale face à son devenir : le Vendômois aux xviiie et xixe siècles

    Une société provinciale face à son devenir : le Vendômois aux xviiie et xixe siècles

    Jean Vassort

    1996

    Aux marges du royaume

    Aux marges du royaume

    Violence, justice et société en Picardie sous François Ier

    Isabelle Paresys

    1998

    Pays ou circonscriptions

    Pays ou circonscriptions

    Les collectivités territoriales de la France du Sud-Ouest sous l’Ancien Régime

    Anne Zink

    2000

    La permanence de l’extraordinaire

    La permanence de l’extraordinaire

    Fiscalité, pouvoirs et monde social en Allemagne aux xviie- xviiie siècles

    Rachel Renault

    2017

    Un désordre européen

    Un désordre européen

    La compétition internationale autour des « affaires de Provence » (1580-1598)

    Fabrice Micallef

    2014

    Entre croisades et révolutions

    Entre croisades et révolutions

    Princes, noblesses et nations au centre de l’Europe (xvie-xviiie siècles)

    Claude Michaud

    2010

    J.-J. Guyenot de Châteaubourg (1745-1824) ou le commerce des relations

    J.-J. Guyenot de Châteaubourg (1745-1824) ou le commerce des relations

    Anne Conchon

    2009

    François de Neufchâteau

    François de Neufchâteau

    Biographie intellectuelle

    Dominique Margairaz

    2005

    Clergés, communautés et famille des montagnes d’Europe

    Clergés, communautés et famille des montagnes d’Europe

    Serge Brunet et Nicole Lemaitre (dir.)

    2005

    La plume et le sabre

    La plume et le sabre

    Michel Biard, Annie Crépin et Bernard Gainot

    2002

    Accès ouvert

    Accès ouvert freemium

    ePub

    PDF

    PDF du chapitre

    Suggérer l’acquisition à votre bibliothèque

    Acheter

    Édition imprimée

    Éditions de la Sorbonne
    • amazon.fr
    • leslibraires.fr
    • placedeslibraires.fr
    • lcdpu.fr
    ePub / PDF

    1 Claudine Allag, Chrétienne d’Aguerre…, op. cit., p. 69-75.

    2 Ibid., p. 73.

    3 Ibid., p. 74.

    4 Wolfgang Kaiser, Marseille au temps des troubles…, op. cit., p. 287-288. Gustave Lambert, Histoire des guerres de Religion en Provence…, op. cit., t. 2, p. 65 et suiv.

    5 Nicolas Le Roux, Un régicide au nom de Dieu. Lassassinat d’Henri III, 1er août 1589, Paris, Gallimard, 2006.

    6 Charles est le frère d’Antoine de Bourbon, et ainsi l’oncle d’Henri de Navarre. Le vieux cardinal est donc second dans l’ordre de succession au trône par loi de primogéniture mâle. Aux yeux des ligueurs, l’exclusion d’Henri de Navarre, du fait de son protestantisme, fait de Charles de Bourbon le légitime successeur d’Henri III.

    7 Jean-Marie Constant, La Ligue, op. cit., p. 235, 248.

    8 Peter Ascoli, « French Provincial Cities and the Catholic League », Occasional Papers of the American Society for Reformation Research, 1, 1977, p. 15-37. Jean-Marie Constant, La Ligue, op. cit., p. 134-138, 307-312. Arlette Jouanna, Le devoir de révolte…, op. cit., p. 197.

    9 Assemblée des procureurs du pays, délibération du 20 octobre 1588, AD BdR, C5, f° 71r.

    10 Parlement, délibération du 22 octobre 1588, AD BdR, B3658, f° 191r.

    11 Luisa Bertoni, s. v. « Cristina di Lorena », dans Dizionnario biografico degli Italiani, op. cit., 1985, t. 31, p. 37-40.

    12 Parlement, délibération du 5 avril 1589, AD BdR, B3658, f° 278r.

    13 Riguccio Galluzzi, Histoire du grand-duché de Toscane sous le gouvernement des Médicis, Paris, Rue et hôtel serpente, 1782-1784, 9 vol., t. 5, p. 106.

    14 Ibid., p. 40-41.

    15 Voir supra, p. 51.

    16 Parlement, délibération du 26 septembre 1589, AD BdR, B3658, f° 323r.

    17 Sur les reproches que les royalistes adressent aux ligueurs de faire le jeu des puissances étrangères, voir : Myriam Yardeni, La conscience nationale en France pendant les guerres de religion, 1559-1598, Louvain, Nauwelaerts, 1971, p. 264.

    18 Leini à Portanieri, instructions pour parler à Charles-Emmanuel, 21 juin 1589, ASTo, Negoziazioni colla corte di Francia, mazzo 4, fasc. 42.

    19 Vins à un agent savoyard, 12 juin 1589, ibid.

    20 Id., juillet 1589, ibid.

    21 Leini à Portanieri, instructions pour parler au duc de Savoie, 21 juin 1589, ibid.

    22 Pierpaolo Merlin, « Saluzzo, il Piemonte, l’Europa… », art. cité, p. 27-36.

    23 Mémoires du sieur de Solliers, BnF, Dupuy, 656, f° 253r.

    24 César de Nostredame, Histoire et chronique de Provence…, op. cit., p. 871.

    25 Louis de Fabrègues, Mémoires du Sieur de Fabrègues, dans Pierre Louvet, Additions et illustrations sur les deux tomes de l’Histoire de Provence, Aix-en-Provence, 1680, t. 2, p. 130-319, p. 141.

    26 Parlement, délibération du 26 septembre 1589, AD BdR, B3658, f° 323r.

    27 Id., délibération du 5 octobre 1589, ibid., f° 330r.

    28 César de Nostredame, Histoire et chronique de Provence…, op. cit., p. 878.

    29 Parlement royaliste, arrêt du 24 octobre 1589, Pertuis, BnF, Dupuy, 155, f° 6r.

    30 Myriam Yardeni, La conscience nationale en France…, op. cit., p. 264.

    31 Mayenne à Charles-Emmanuel, 25 septembre 1589, ASTo, Lettere principi forestieri, mazzo 52.

    32 Serge Brunet, « De l’Espagnol dedans le ventre l »…, op. cit. Stéphane Gal, Charles-Emmanuel…, op. cit., p. 167-169.

    33 Sur les origines de la notion médiévale de jus ad bellum et son usage au xvie siècle dans l’élaboration d’une raison d’État antimachiavélienne, voir Romain Descendre, L’État du monde…, op. cit., p. 139-140.

    34 Lucinge à Charles-Emmanuel, 17 mars 1589, ASTo, Lettere ministri Francia, mazzo 9, n° 115.

    35 Éliane Viennot, La France, les femmes et le pouvoir. Linvention de la loi salique, V-XVP siècles, Paris, Perrin, 2006.

    36 Italo Raulich, Storia di Carlo Emanuele I…, op. cit., t. 2, p. 98-100.

    37 Foscarini au sénat, 3 mars 1589, ASVe, Dispacci degli ambasciatori, Savoia, filza 10, f° 3 : non le voglia negar l’assenso con l’aiuto insieme di potersi metter inanzi per l’acquisti nella Provenza e nel Delfinato di qualchè terra possedata dagli heretici.

    38 Mutti à Charles-Emmanuel, 7 octobre 1589, Lettere Ministri Roma, mazzo 10 : cercando con moite vive ragioni muoverlo ad essortare Vostra Altezza a soccorere i catolici di quei paesi.

    39 Acuña à Philippe II, 18 octobre 1589, AGS, Estado, 1266. Cité par Italo Raulich, Storia di Carlo Emanuele I…, op. cit., t. 2, p. 101.

    40 Jacqueline Boucher, « René de Lucinge, ambassadeur… », art. cité, p. 389-390.

    41 Charles-Emmanuel à Bienvenue, 13 novembre 1589, ASTo, Negoziazioni colla corte di Spagna, mazzo 1, fasc. 31.

    42 Mutti à Charles-Emmanuel, 1er octobre 1589, ASTo, Lettere Ministri Roma, mazzo 10 : Il Cardinale di Sans, essendoli io andato à visitare, si dolse meco che Vostra Altezza haveva pensiero sopra quelle provincie.

    43 Sur la perception de ce risque par les Français à l’époque : Myriam Yardeni, La conscience nationale en France…, op. cit., p. 264.

    44 Lucinge à Charles-Emmanuel, 17 mars 1589, ASTo, Lettere ministri Francia, mazzo 9, n° 115.

    45 Ibid.

    46 Sur la pertinence d’une idée d’opinion publique dans la France des guerres de Religion, voir Nicolas Le Roux, « Il est impossible de tenir les langues des hommes bridées. Opinion commune et autorité monarchique au temps des troubles de Religion », dans Laurent Bourquin, Philippe Hamon, Pierre Karila-Cohen, Cédric Michon (dir.), S’exprimer en temps de troubles. Conflits, opinion(s) et politisation de la fin du Moyen Âge au début du XXe siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2012, p. 63-78.

    47 Myriam Yardeni, La conscience nationale en France…, op. cit., p. 176-177.

    48 Serge Brunet, « Philippe II et la Ligue parisienne… », art. cité.

    49 Jean-Marie Constant, La Ligue, op. cit., p. 401-402, 406.

    50 Mutti à Charles-Emmanuel, 5 mars 1589, ASTo, Lettere Ministri, Roma, mazzo 10.

    51 Id., 1er octobre 1589, ibid.

    52 Id., 7 octobre 1589, ibid. : mi parve nel raggionamento più del solito inclinato per questa impresa.

    53 Id., 1er octobre 1589, ibid. : Sua Maestà gli commandava facesse offitio con Sua Santità, che portasse et favorisse Vostra Altezza acio aiutasse et favorisse la parte cattolica di quella provincia.

    54 Acuña à Philippe II, 9 novembre 1589, AGS, 1266. Cité par Italo Raulich, Storia di Carlo Emanuele I…, op. cit., t. 2, p. 102.

    55 Mutti à Charles-Emmanuel, 1er octobre 1589, ASTo, Lettere Ministri, Roma, mazzo 10.

    56 Pierpaolo Merlin, « Saluzzo, il Piemonte, l’Europa… », art. cité. José Luis Cano de Gardoqui, La Cuestión de Saluzzo en las comunicaciones del Imperio espanol (1588-1601), Valladolid, Estudios y documentos, cuadernos de historia moderna, 1962.

    57 Federico Pommier Vincelli, « Il concetto di reputatzione e i giudizzi sulla monarchia spagnola », dans Luigi Lotti, Rosario Villari (dir.), Filippo II e il Mediterraneo, Rome/ Bari, Laterza, 2003, p. 289-324.

    58 Mutti à Charles-Emmanuel, 15 novembre 1589, ASTo, Lettere ministri Roma, mazzo 10 : si va discorrendo che esso re non desidera Vostra Altezza più grande de quel che è.

    59 Chiara Continisio, « Il Re prudente. Saggio sulle virtù politiche e sul cosmo culturale dell’antico régime », dans Chiara Continisio, Cesare Mozzarelli (dir.), Repubblica e virtù. Pensiero politico et Monarchia Cattolica fra XVI e XVII secolo, Rome, Bulzoni, 1995, p. 311- 353. Gérald Sfez, Les doctrines de la raison d’État, Paris, Armand Colin, 2000, p. 39.

    60 Maisse à Henri III, 22 mai 1589, dans Émile Charrière (éd.), Négociations de la France dans le Levant…, op. cit., t. 4, p. 725.

    61 Niccolini à Ferdinand, 4 avril 1589, dans Abel Desjardins (éd.), Négociations diplomatiques…, op. cit., t. 4, p. 33.

    62 Acuña à Philippe II, 9 novembre 1589, AGS, Estado, 1266. Cité par Italo Raulich, Storia di Carlo Emanuele I…, op. cit., t. 2, p. 105.

    63 Sur la guerre que le duc mène depuis 1588 contre la cité calviniste, voir Alain Dufour, La guerre de 1589-1593, Genève, Alexandre Jullien, 1958.

    64 Foscarini au sénat, 28 août 1589, ASVe, Dispacci degli ambasciatori, Savoia, filza 10, f° 79 : sperando con questa drezzar tutte le sue forze contra la Provenza.

    65 Mutti à Charles-Emmanuel, 1er octobre 1590, ASTo, Lettere Ministri Roma, mazzo 10 : Ho saputo da luogo sicuro che venere passato l’ambaciatore di Venetia fece uno discorso al papa sopra le cose di Francia, concludendo che per quiete et sicurezza di Italia non era bene che il regno di Francia si disunisse o che cadesse sotto la monarchia del re di Spagna, ponendole in consideratione che tutta la mira di esso tendeva a una delle due […]. Le medesime consideratione gli sono State poste da altri principi di Italia, che per li moti che Vostra Altezza haveva fatto in Provenza et Delphinato, si poteva comprendere una simile intentione.

    66 Franco Angiolini, « Medici e Savoia. Contese per la precedenza e rivalità di rango in età moderna », dans Paola Blanchi (dir.), L’affermarsi dela corte sabauda : dinastie, poteri, elite in Piemonte e Savoia fra tarda Medioevo e prima età moderna, Turin, S. Zamorani, 2006, p. 435-479.

    67 Alessandra Contini, « Aspects of Medicean Diplomacy… », art. cité. Furio Diaz, Il granducato di Toscana…, op. cit., p. 285.

    68 Thomas James Dandelet, Spanish Rome, 1500-1700, New Haven/Londres, Yale University Press, 2001, p. 83-87. Enrique Garcia Hernan, « La Curia romana, Felipe II y Sixto V », Hispania sacra, 46, 1994, p. 631-649.

    69 Gaetano Cozzi (dir.), La Repubblica di Venezia…, op. cit., p. 66-67. Alberto Tenenti, « La Repubblica di Venezia e la Spagna di Filippo II e Filippo III », Studi veneziani, 30,1995, p. 109-124. Sur le thème de la défense de la « liberté d’Italie » : Rodolfo De Mattéi, « L’idea dell’unità e independenza d’Italia nel Cinque e nel Seicento », dans Studi in onore di N. Rodolico, Florence, Università degli studi, 1944. Aurelio Musi (dir.), Alle origini di una nazione. Antispagnolismo e identità italiana, Milan, Guerini e associati, 2003.

    70 Sur la perception de ce risque en France, voir Myriam Yardeni, La conscience nationale en France…, op. cit., p. 264.

    71 Alain Dufour, Les relations de Charles-Emmanuel Ier avec la Ligue…, op. cit.

    72 Romain Descendre, L’étal du monde…, op. cit., p. 47.

    73 Georges Livet, L’équilibre européen de la fin du XVe au début du XVIIIe siècle, Paris, Presses universitaires de France, 1976, p. 48-56, 59-70.

    74 Charles III à Lenoncourt, 12 septembre 1589. Cité par Louis Davillé, Les prétentions de Charles III…, op. cit., p. 200.

    75 Id., 11 octobre 1589, dans Henry Lepage (éd.), Lettres et instructions de Charles III, duc de Lorraine, relatives aux affaires de la Ligue, Nancy, L. Wiener, 1864, p. 222.

    76 Charles III à Lenoncourt, 12 septembre 1589. Cité par Louis Davillé, Les prétentions de Charles III…, op. cit., p. 200.

    77 Ibid., p. 198. Albert Lecoy de la Marche, Louis XI et la succession de la Provence. Mémoire lu à l’Académie des inscriptions et des belles-lettres, Paris, Palmé, 1888.

    78 Conseil de ville de Marseille, délibération du 28 novembre 1589, AM Marseille, BB51, f° 29v.

    79 Wolfgang Kaiser, Marseille au temps des troubles…, op. cit., p. 223-225. Ce traité accordait de nombreuses exemptions de taxes aux Français commerçant dans le Levant et en Afrique du Nord.

    80 Sur les hostilités entre Turcs et Espagnols à la fin du xvie siècle, voir : Jean-Louis Bacqué-Gramont, « L’apogée de l’Empire ottoman… », art. cité, p. 155-158.

    81 Gustave Lambert, Histoire des guerres de Religion en Provence…, op. cit., t. 2, p. 90.

    82 Ibid., p. 95-99.

    83 Jacqueline Dumoulin, « Partis politiques et élections municipales à Aix-en-Provence aux xvie et xviie siècle », Provence historique, 163, 1991, p. 3-34.

    84 Wolfgang Kaiser, Marseille au temps des troubles…, op. cit., p. 291-292.

    85 Claudine Allag, Chrétienne d’Aguerre…, op. cit., p. 80-81.

    86 Charles-Emmanuel au parlement, 26 novembre 1589, Chambéry, Bibl. Méjanes, ms. 781, p. 451.

    87 Parlement à Charles-Emmanuel, 7 décembre 1589, AD BdR, B3658, f° 365r.

    88 Parlement, délibération du 28 décembre 1589, ibid., f° 386r.

    89 Parlement à Charles-Emmanuel, 29 décembre 1589, ibid., f° 389r.

    90 Claudine Allag, Chrétienne d’Aguerre…, op. cit., p. 81.

    91 Gustave Lambert, Histoire des guerres de Religion en Provence…, op. cit., t. 2, p. 113.

    92 Ibid, p. 114.

    93 Rainer Babel, Garde et protection. Der Königsschutz in der französischen Aussenpolitik vom 15. bis 17. Jahrhundert. Ideologischer Hintergrund, Konzepte und Tradition, Ostfildern, Thorbecke, 2008.

    94 Ligue depuis 1585 jusqu’en août 1588, Bibl. Méjanes, ms. 776, f° 45v.

    95 Gustave Lambert, Histoire des guerres de Religion en Provence…, op. cit., t. 2, p. 113.

    96 Charles-Emmanuel à Leini, 1589, ASTo, Negoziazioni colla corte di Francia, mazzo 4, fasc. 44.

    97 Xavier Le Person, « Practiques » et « practiqueurs »…, op. cit.

    98 Assemblée des procureurs du pays, 28 décembre 1589, AD BdR, C5, f° 137v.

    99 Parlement à Somati, 29 décembre 1589, ibid., B3658, f° 390r.

    100 États, délibération du 23 janvier 1590, Aix, ibid., C5, f° 153r-153v.

    101 Claudine Allag, Chrétienne d’Aguerre…, op. cit., p. 84-85. Gustave Lambert, Histoire des guerres de Religion en Provence…, op. cit., t. 2, p. 117-123.

    102 États, délibération du 23 janvier 1590, AD BdR, C5, f° 154r.

    103 Jean Bodin, Les six livres de la république, Paris, Fayard, 1986 [1576], 6 vol., t. 1, P- 152.

    104 Sur la manière dont les faibles savaient utiliser le droit pour se défendre contre les puissants : Gadi Algazi, Herrengewalt und Gewalt der Herren im späten Mittelalter. Herrschaft, Gegenseitigkeit, und Sprachgebrauch, Francfort, Campus, 1996.

    105 États, délibération du 24 janvier, Aix, AD BdR, C5, f° 154v.

    106 Claudine Allag, Chrétienne d’Aguerre…, op. cit., p. 79-80, 98.

    107 Pour une synthèse sur le sujet, voir : Fabrice Micallef, « Sous ombre de protection. Stratégies et projets politiques au temps des affaires de Provence (Espagne, France, Italie, 1589-1596) », Revue historique, 656, 2010, p. 763-792.

    108 Jean Bodin, Les six livres…, op. cit., t. 1, p. 156.

    109 Claude Gauvard, Alain De Libera, Michel Zink (dir.), Dictionnaire du Moyen Age, Paris, Presses universitaires de France, 2002, p. 575-576. Roland Mousnier, Lhomme rouge ou la vie du cardinal de Richelieu (1585-1642), Paris, Robert Laffont, 1992, p. 515.

    110 Albert Cremer, « La protection dans le droit international public européen au xvie siècle », dans André Stegmann (dir.), Théorie et pratique politique à la Renaissance. Actes du XVIIe colloque international de Tours, Paris, Vrin, 1997, p. 145-155.

    111 États, délibération du 23 janvier 1590, Aix, AD BdR, C5, f° 150r. Déclaration inspirée par Jean Bodin, Les six livres…, op. cit., t. 5, p. 175-176. Bodin prend l’exemple des villes de Grèce assujetties par Athènes sous ombre d’alliance.

    112 États, délibération du 23 janvier 1590, Aix, AD BdR, C5, f° 150v.

    113 Ibid.

    114 Jean Bodin, Les six livres…, op. cit., t. 5, p. 173. Et aussi p. 168.

    115 États, délibération du 23 janvier 1590, Aix, AD BdR, C5, f° 148v.

    116 Ibid., f° 150v.

    117 Ibid.

    118 Ibid., f° 151r.

    119 Ibid., f° 151v.

    120 Jean Bodin, Les six livres…, op. cit., t. 1, p. 156.

    121 Sylvie Daubresse, « Eobéissance du parlement… », art. cité. Marie-France Renoux-Zagamé, « Le royaume de la loi… », art. cité.

    122 États, délibérations du 23 janvier 1590, Aix, AD BdR, C5, f° 148v, 150v.

    123 Conseil de ville d’Aix, délibération du 9 février 1590, AM Aix, BB89, f° 21r.

    124 Myriam Yardeni, La conscience nationale en France…, op. cit., p. 263-281.

    125 Jean-Marie Constant, La Ligue, op. cit., p. 424-427.

    126 États, délibération du 23 janvier 1590, Aix, AD BdR, C5, f° 154r.

    127 ASTo, Negoziazioni colla corte di Francia, mazzo 4, fasc. 42.

    128 Sur la manière dont les dons, dans le cadre de relations de clientèle avec un prince, peuvent influencer les prises de parti nobiliaires, voir Laurent Bourquin, Noblesse seconde et pouvoir en Champagne aux XVIe et XVIIe siècles, Paris, Publications de la Sorbonne, 1994. Arlette Jouanna, « Les enjeux des stratégies politiques de la noblesse française (xvie siècle et première moitié du xviie siècle) », dans Société, culture, vie religieuse aux XVIe et XVIIe siècles, Paris, Presses de l’université Paris-Sorbonne, 1995, p. 9-25.

    129 Natalie Zemon Davis, Essai sur le don dans la France du XVIe siècle, Paris, Seuil, 2003, p. 138.

    130 Jean Bodin, Les six livres…, op. cit., t. 1, p. 151-152.

    131 États, délibération du 23 janvier 1590, Aix, AD BdR, C5, f° 146v.

    132 Denis Crouzet, « Chrétienté et Europe : aperçus sur une sourde interrogation du xvie siècle », dans Jean Bérenger, George-Henri Soutou (dir.), L’ordre européen du XVIe au XXe siècle. Actes du colloque de l’Institut de recherches sur les civilisations de l’Occident moderne, 15-16 mars 1996, Paris, Presses de l’université Paris-Sorbonne, 1998, p. 11-50. Étienne Vaucheret, « La notion de république chrétienne chez les mémorialistes du xvie siècle », dans La conscience européenne aux XVe et XVIe siècles, Paris, École normale supérieure de jeunes filles de Paris, 1982, p. 423-434. Citons également, quitte à anticiper sur la chronologie, le sieur de Fabrègues, un des chefs du parti comtin, qui dans une harangue d’avril 1591 adressée au roi d’Espagne, justifie ainsi la demande de protection étrangère : « Tous les princes et potentatz de la Crestienté sont sugetz d’un mesmes éternel et souverain prince, en mesme république crestienne, vivent tous sousbz mesmes loix et religion, sont tous norris de mesmes viandes qui sont les sinctz sacremens. Doncques il sont unis en ligne offensive et deffensive pour la conservation de la foi commune », Remontrances des députés des États de Provence au roi d’Espagne, avril 1591, ASTo, Corti straniere, Francia, mazzo 1, fasc. 47.

    133 Rainer Babel, Garde et protection…, op. cit. L’idée est par ailleurs exprimée par Jean Bodin, Les six livres…, op. cit., t. 5, p. 214 : « Le sage prince […], s’il cognoist l’outrageux traictement d’un tyran envers ses subjects estre irréconciliable, il doit en prendre la protection d’un cœur haut et généreux. »

    134 États, délibération du 23 janvier 1590, Aix, AD BdR, C5, f° 153r. C’est une allusion au « Voyage d’Allemagne » d’Henri II en 1551-1552, à la requête de certains princes luthériens du Saint-Empire qui étaient alors en rupture avec Charles Quint.

    135 Ibid., f° 152v.

    136 Fanny Cosandey, Robert Descimon, Labsolutisme en France. Histoire et historiographie, Paris, Seuil, 2002, p. 48-49.

    137 Michel Dobry, Sociologie des crises politiques…, op. cit., p. 154.

    138 Nicolas Le Roux, Un régicide au nom de Dieu…, op. cit., p. 308.

    139 Arlette Jouanna, Le devoir de révolte… op. cit., p. 197-198.

    140 Michel Dobry, Sociologie des crises politiques…, op. cit., p. 268-276.

    141 Arlette Jouanna, Le devoir de révolte…, op. cit., p. 134-142.

    142 Paul-Alexis Mellet, Les traités monarchomaques : confusion des temps, résistance armée et monarchie parfaite (1560-1600), Genève, Droz, 2007, p. 364-400. Suite à la Saint-Barthélemy, certains auteurs protestants appelés monarchomaques avaient milité en faveur d’une monarchie non absolue, aux pouvoirs limités notamment par les États généraux. Lorsque les ligueurs, dans les années 1580, entrèrent à leur tour en défiance à l’égard de la monarchie, ils reprirent à leur compte une partie de l’argumentaire de leurs ennemis protestants.

    143 Sur le conflit entre les municipalités et les parlements au temps de la Ligue, voir : Bernard Chevalier, Les bonnes villes de France…, op. cit., p. 106-112. Elie Barnavi, Robert Descimon, La Sainte-Ligue, le juge et la potence, L’assassinat du président Brisson, 16 novembre 1591, Paris, Hachette, 1985.

    144 Nicolas Le Roux, « La Fortune, la vertu et l’occasion… », art. cité.

    145 Peter Blickle, Résistance, représentation, communauté…, op. cit., p. 109. Quentin Skinner, Les fondements de la pensée politique moderne…, op. cit., p. 147-148. Le vir virtutis est conçu comme un acteur politique capable de savoir s’adapter aux revirements de la Fortune pour façonner la réalité conformément à ses attentes.

    146 Michel Dobry, Sociologie des crises politiques…, op. cit., p. 21.

    147 Grimaldi à Montalto, 6 janvier 1590, ASVat, Segretaria di Stato, legazione Avignone, 17, f° 469.

    148 Delphine Dulong, Sandrine Lévêque, « Une ressource contingente. Les conditions de reconversion du genre en science politique », Politix, 60, 2002.

    149 Il ne nous appartient pas ici de montrer les connexions entre liens de clientèle et prise de position politique. Nous renvoyons à une abondante bibliographie sur le sujet. Laurent Bourquin, Les nobles, la ville et le roi…, op. cit. Robert Descimon, « Prise de parti, appartenance sociale, et relations familiales dans la Ligue parisienne (1585-1594) », dans Bernard Chevalier, Robert Sauzet (dir.), Les Réformes : enracinement socioculturel, 25e colloque international d’études humanistes, Tours, 1er-13 juillet 1982, Paris, édition de la Maisnie, 1985, p. 125-140. Sharon Kettering, « Clientage during the French Wars of Religion », Sixteenth Century Journal, 20, 2, 1989, p. 221-240, ici p. 225-231 sur le réseau des Carcès entre les guerres de Religion et la Fronde, et p. 234 sur l’appartenance des Carcès au réseau de Mayenne.

    150 Assemblée générale de ville de Marseille, délibération du 28 janvier 1590, AM Marseille, BB51, f° 43v.

    151 Conseil de ville de Marseille, délibération du 29 janvier 1590, ibid., f° 44v.

    152 Jean-François Gaufridi, Histoire de Provence, Aix, C. David, 1694, p. 690-691.

    153 Conseil de ville d’Arles, délibération du 10 février 1590, AM Arles, BB18, f° 56v.

    154 Jean-François Gaufridi, Histoire de Provence…, op. cit., p. 690-691.

    155 Conseil de ville d’Arles, délibération du 10 février 1590, AM Arles, BB18, f° 56v.

    156 Conseil de ville de Marseille, délibération du 14 février 1590, AM Marseille, BB51, f° 54v.

    157 Carcès à Christine de Lorraine, 26 février 1590, Marseille, ASFi, Med. princ., 5964, f° 7r.

    158 Id. à Sixte Quint, 2 mars 1590, Marseille, ASVat, Segretaria di Stato, Legazione Avignone, 19, f° 161.

    159 Conseil de ville d’Arles, délibération du 10 février 1590, AM Arles, BB18, f° 56v.

    160 Conseil de ville de Marseille, délibération du 14 février 1590, AM Marseille, BB 51, f° 54v.

    161 Denis Crouzet, Le haut cœur de Catherine de Médicis…, op. cit., p. 273.

    162 Conseil de ville de Marseille, délibération du 29 janvier 1590, AM Marseille, BB51, f° 44v.

    163 Conseil de ville d’Arles, délibération du 10 janvier 1590, AM Arles, BB18, f° 51v.

    164 Id., délibération du 10 février 1590, ibid., f° 56v.

    165 Ibid.

    166 Lucien Bély, « Les princes et le Père commun », dans Gérard Deregnaucourt (dir.), Société et religion en France et aux Pays-Bas, XV-XIXe siècles. Mélanges en l’honneur d’Alain Lottin, Arras, Artois presses université, 2000, p. 11-29. Paolo Prodi, Un corpo e due anime : la monarchia papale nella prima età moderna, Bologne, Il Mulino, 1982.

    167 René Pillorget, Les mouvements insurrectionnels de Provence…, op. cit., p. 9-12. Sur l’expression des rivalités entre Aix et Marseille dans les années 1580, voir Nicolas Le Roux, La faveur du roi…, op. cit., p. 571-573.

    168 Conseil de ville d’Arles, délibération du 10 janvier 1590, AM Arles, BB18, f° 51v.

    169 Bruno Bourjac, La république et son ombre…, op. cit., p. 41, 199.

    170 François-Alexandre Aubert de La Chenaye des Bois, Dictionnaire de la noblesse, Paris, A. Boudet, 1776, t. 11, p. 646.

    171 Badoer au sénat, 21 avril 1590, ASVe, Dispacci degli ambasciatori, Roma, filza 25, f° 111.

    172 Id., 12 mai 1590, ibid., f° 167.

    Un désordre européen

    X Facebook Email

    Un désordre européen

    Ce livre est cité par

    • ESTEBAN ESTRÍNGANA, Alicia. (2019) «Dar ley a los otros» y emanciparse de ella: balance de hegemonía en las dos guerras de Flandes (1635-1646). Studia Historica: Historia Moderna, 41. DOI: 10.14201/shhmo201941165116
    • Maffi, Davide. (2021) El Escudo de Italia. El ejército de Lombardía, clave del poder español en la península italiana (1560-1700). Ohm : Obradoiro de Historia Moderna. DOI: 10.15304/ohm.30.7420
    • Maret, Auderic. (2022) Le règlement de Cossa à Marseille (1475-1492). Mélanges de l'École française de Rome. Moyen Âge. DOI: 10.4000/mefrm.10563

    Un désordre européen

    Ce livre est diffusé en accès ouvert freemium. L’accès à la lecture en ligne est disponible. L’accès aux versions PDF et ePub est réservé aux bibliothèques l’ayant acquis. Vous pouvez vous connecter à votre bibliothèque à l’adresse suivante : https://freemium.openedition.org/oebooks

    Suggérer l’acquisition à votre bibliothèque Acheter ce livre aux formats PDF et ePub

    Si vous avez des questions, vous pouvez nous écrire à access[at]openedition.org

    Un désordre européen

    Vérifiez si votre bibliothèque a déjà acquis ce livre : authentifiez-vous à OpenEdition Freemium for Books.

    Vous pouvez suggérer à votre bibliothèque d’acquérir un ou plusieurs livres publiés sur OpenEdition Books. N’hésitez pas à lui indiquer nos coordonnées : access[at]openedition.org

    Vous pouvez également nous indiquer, à l’aide du formulaire suivant, les coordonnées de votre bibliothèque afin que nous la contactions pour lui suggérer l’achat de ce livre. Les champs suivis de (*) sont obligatoires.

    Veuillez, s’il vous plaît, remplir tous les champs.

    La syntaxe de l’email est incorrecte.

    Référence numérique du chapitre

    Format

    Micallef, F. (2014). Chapitre III. Comment une crise locale devient internationale (1588-hiver 1590). In Un désordre européen (1‑). Éditions de la Sorbonne. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.63402
    Micallef, Fabrice. «  Chapitre III. Comment une crise locale devient internationale (1588-hiver 1590) ». In Un désordre européen. Paris: Éditions de la Sorbonne, 2014. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.63402.
    Micallef, Fabrice. «  Chapitre III. Comment une crise locale devient internationale (1588-hiver 1590) ». Un désordre européen, Éditions de la Sorbonne, 2014, https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.63402.

    Référence numérique du livre

    Format

    Micallef, F. (2014). Un désordre européen (1‑). Éditions de la Sorbonne. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.63327
    Micallef, Fabrice. Un désordre européen. Paris: Éditions de la Sorbonne, 2014. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.63327.
    Micallef, Fabrice. Un désordre européen. Éditions de la Sorbonne, 2014, https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.63327.
    Compatible avec Zotero Zotero

    1 / 3

    Éditions de la Sorbonne

    Éditions de la Sorbonne

    • Mentions légales
    • Plan du site
    • Se connecter

    Suivez-nous

    • Facebook
    • X
    • Flux RSS

    URL : http://editionsdelasorbonne.fr/

    Email : edsorb@univ-paris1.fr

    Adresse :

    212, rue Saint-Jacques

    75005

    Paris

    France

    OpenEdition
    • Candidater à OpenEdition Books
    • Connaître le programme OpenEdition Freemium
    • Commander des livres
    • S’abonner à la lettre d’OpenEdition
    • CGU d’OpenEdition Books
    • Accessibilité : partiellement conforme
    • Données personnelles
    • Gestion des cookies
    • Système de signalement