Version classiqueVersion mobile

Un désordre européen

 | 
Fabrice Micallef

Première partie. Les horizons européens d’une crise provinciale (1579-1588)

Chapitre I. La Provence des années 1580, ou les caractéristiques politiques d’une crise chronique

Texte intégral

La monarchie et le maintien de l’ordre

  • 1 Marquis de Forbin, « L’Union de la Provence à la France », Mémoires de l’Académie de Vaucluse, 7, 2 (...)

1À la fin du xvie siècle, le comté de Provence est d’incorporation encore récente au royaume de France. Auparavant principauté du Saint-Empire, il a été acquis par Louis XI en 1481, par le legs du comte René d’Anjou, dit le « roi René1 ».

  • 2 Mark Greengrass, Governing Passions. Peace and Reform in the French Kingdom, 1576- 1585, Oxford, Ox (...)
  • 3 Arlette Jouanna, Le devoir de révolte. La noblesse française et la gestation de l’État moderne, 155 (...)

2À partir des années 1560, les guerres de Religion constituent une épreuve particulièrement difficile pour cette province. Du point de vue de la monarchie et de ses agents directs, commissaires et gouverneurs, la Provence, en état de trouble quasi permanent, est un terrain d’application exemplaire des principes politiques qui régissent l’action d’Henri III et de sa mère, Catherine de Médicis : souci de pacification et de maintien de l’ordre2 face à une noblesse désobéissante et belliqueuse, attachée à son « devoir de révolte ». En effet, les nobles estiment légitime de prendre les armes pour diverses raisons : défendre leurs privilèges, leur honneur, leur religion, ou encore protéger le roi contre ses mauvais conseillers3.

  • 4 Gustave Lambert, Les guerres de Religion en Provence…, op. cit., t. 1, p. 272-370.
  • 5 Wolfgang Kaiser, Marseille au temps des troubles…, op. cit., p. 230-233.

3Un survol chronologique rapide est nécessaire pour cerner les modalités des conflictualités auxquelles la monarchie doit faire face. Même si les troubles religieux ont débuté en Provence dans les années 1560, la période 1575-1579 a constitué un pic de violence propre à cette province. Il s’agissait de la guerre opposant deux factions essentiellement nobiliaires, les « Carcistes », catholiques intransigeants dirigés par le comte de Carcès, et les « Razats », protestants et catholiques « malcontents », dirigés par le maréchal de Retz, gouverneur de la Province4. Conjointement aux luttes nobiliaires, des mécontentements populaires impliquaient quelques révoltes paysannes du côté des Razats, et plus majoritairement des troubles urbains : les communautés profitaient de ces querelles pour manifester leur désarroi face aux fardeaux que représentaient la guerre et la pression fiscale5.

  • 6 Catherine à Henri III, 5 juin 1579, dans Hector de La Ferrière, Gustave Baguenault de Puchesse (éd. (...)
  • 7 Id., 9 juin 1579, ibid., p. 3-8 ; 25 juin 1579, ibid., p. 28-29 ; 27 juin 1579, ibid., p. 30-32.
  • 8 Par exemple, Henri d’Angoulême à Henri III, 12 novembre 1584, BnF, Manuscrits français, 3400, f° 46 (...)
  • 9 Antoine d’Oraison, décédé vers 1586.

4Lors de son passage en Provence en 1579, la reine mère Catherine de Médicis entend concentrer tous ses efforts sur la « réconciliation de tous ces gens icy, qui sont fort divisés6 ». Ses lettres rapportent au roi son activité d’« appointement » à l’attention des Carcistes et des Razats7. À partir de 1579, le gouverneur Henri d’Angoulême (1551-1586), grand prieur de France pour l’ordre de Malte et demi-frère naturel d’Henri III, est soumis au même impératif de conciliation entre les factions nobiliaires8. Ces conflits ont souvent un arrière-fond religieux, opposant des catholiques intransigeants – en l’occurrence le comte de Sault et le baron de Vins* – au baron d’Oraison9, un des chefs huguenots de la province.

  • 10 Jean-Marie Constant, La Ligue, Paris, Hachette, 1984, p. 109-116.
  • 11 Wolfgang Kaiser, Marseille au temps des troubles…, op. cit., p. 261-263. Gustave Lambert, op. cit., (...)

5Comme ailleurs dans le royaume, les années 1584-1585 marquent un tournant. La mort du duc d’Anjou, frère et héritier d’Henri III, pose le problème de la succession de ce dernier, avec la suite que l’on sait : pour éviter qu’un hérétique ne monte sur le trône, les catholiques les plus intransigeants, dirigés par le duc de Guise, Henri de Lorraine, se regroupent au sein de la Ligue. Ces ligueurs sont extrêmement méfiants à l’égard d’Henri III, dont le zèle catholique est jugé trop modéré10. En Provence, la noblesse ligueuse menée par Hubert de La Garde, baron de Vins, prend les armes contre les protestants. Pour le gouverneur Henri d’Angoulême, dit le « grand prieur », le maintien de l’ordre consiste désormais à réprimer l’agitation ligueuse11.

  • 12 Jean-Marie Constant, La Ligue, op. cit., p. 125-131.
  • 13 Gustave Lambert, Histoire des guerres de Religion en Provencea…, op. cit., t. 1,p. 394-407.
  • 14 Ibid., p. 407-410.
  • 15 Ibid., p. 416-417.
  • 16 Sur cet acteur essentiel, voir : Véronique Larcade, Le duc d’Épernon (1554-1642), une vie politique(...)
  • 17 Nicolas Le Roux, La faveur du roi. Mignons et courtisans au temps des derniers Valois, Seyssel, Cha (...)
  • 18 Gustave Lambert, Histoire des guerres de Religion en Provence…, op. cit., t. 1, p. 437-474.

6En juillet 1585, l’édit de Nemours change la donne : pour contrôler la Ligue, Henri III s’en proclame le chef, et impose aux huguenots de choisir entre l’exil et la conversion12. Les fauteurs de troubles deviennent les protestants ; cette inflexion est sensible en Provence, où le gouverneur doit désormais affronter les chefs de la noblesse réformée, notamment le baron d’Allemagne13. Certes, la méfiance et l’inimitié restent fortes entre Henri d’Angoulême et Hubert de Vins, chef de la Ligue locale14. Après la mort du gouverneur, en juin 1586, la Provence est de nouveau agitée par des prises d’armes : les bigarrats (catholiques modérés) s’allient aux huguenots, dirigés par le baron d’Oraison et le baron d’Allemagne, et affrontent le ligueur Hubert de Vins15. Henri III tente de rétablir l’ordre en 1586-1587, sous le gouvernement du duc d’Épernon16, son favori, en vain : la Ligue et la monarchie font cause commune, mais dans un climat de méfiance mutuelle. En sous-main, les tentatives d’Épernon pour détourner les élites locales de leurs sympathies ligueuses se soldent par un échec17. Le frère d’Épernon, Bernard de Nogaret, sieur de La Valette (1553-1592), reprend le gouvernement de Provence en 1587, avec les mêmes objectifs, mais sans davantage de succès18.

  • 19 Jean-Marie Constant, La Ligue, op. cit., p. 15-35.
  • 20 Wolfgang Kaiser, Marseille au temps des troubles…, op. cit., p. 280-281. Gustave Lambert, Les guerr (...)
  • 21 Wolfgang Kaiser, Marseille au temps des troubles…, op. cit., p. 282.
  • 22 Gustave Lambert, Les guerres de Religion en Provence…, op. cit., t. 2, p. 42-43, 47-50.

7L’année 1588 marque un nouveau tournant : le 12 mai, à Paris, un soulèvement populaire favorable à la Ligue oblige Henri III à quitter la capitale. C’est la Journée des Barricades, qui voit le retour de l’affrontement ouvert entre la Ligue et la monarchie ; les États généraux de Blois, à l’automne 1588, marquent l’ultime échec d’une tentative de conciliation entre Henri III et les ligueurs19. En Provence, l’ennemi principal du gouverneur La Valette redevient le chef de la noblesse catholique, Hubert de Vins, qui bénéficie d’appuis à Aix et à Marseille20. Les tensions ne se limitent pas à la guerre entre le gouverneur et la Ligue nobiliaire : les luttes de factions ensanglantent les villes, comme en témoigne l’assassinat du consul royaliste marseillais Antoine Lenche en 158821. En septembre de la même année, Henri III cède aux instances des ligueurs et suspend La Valette de sa charge de gouverneur : les tensions s’en trouvent partiellement apaisées et Vins devient l’homme fort du pays22. La Provence des années 1580 s’avère donc être un continuel champ de bataille, où les efforts de la monarchie alternent entre conciliation et répression. En ce sens, elle n’a rien de très spécifique par rapport au reste du royaume.

Les institutions provençales dans la crise

8Comment les principales institutions de la province s’insèrent-elles dans ces dynamiques ?

La communauté politique provinciale

  • 23 Robert Harding, Anatomy of a Power Elite. The Provincial Governors in the Early Modern France, New (...)
  • 24 Raoul Busquet, Histoire des institutions de la Provence de 1482 à 1789, Marseille, Typographie et l (...)
  • 25 Jacques Poumarède, Jack Thomas (dir.), Les parlements de province. Pouvoirs, justice et société, du(...)
  • 26 René Pillorget, Les mouvements insurrectionnels de Provence entre 1596 et 1715, Paris, A. Pedone, 1 (...)

9Le gouverneur, représentant direct de l’autorité royale, doté essentiellement de compétences militaires23, doit composer avec un certain nombre de pouvoirs locaux. La première des institutions ayant une juridiction à l’échelle provinciale est le parlement d’Aix. Cette cour de justice souveraine a été fondée en 150124. Les magistrats qui la constituent représentent la justice du roi. Cour d’appel pour tous les habitants de la province, elle possède également, comme les autres parlements de France, le droit d’enregistrement : les magistrats sont censés évaluer la conformité des édits, lois et ordonnances royales avec les lois fondamentales du royaume25. En cas de vacance de la charge de gouverneur, c’est au parlement d’exercer provisoirement le gouvernement de la province et de pourvoir au commandement de l’armée26.

  • 27 Raoul Busquet, Histoire des institutions de la Provence…, op. cit., p. 176-178, 190-202. Marcel Fra (...)
  • 28 Bernard Hildesheimer, Les assemblées de communautés de Provence, Paris, A. Pedone, 1935.

10Mais les agents de la monarchie doivent compter avec des pouvoirs locaux forts, qui disposent d’institutions représentatives à l’échelle provinciale. La Provence est un pays d’États, héritage de sa récente incorporation à la couronne de France. L’assemblée des États est constituée par les représentants du clergé, de la noblesse et du tiers-état (ces derniers représentant les bailliages, vigueries et communautés de la province). Les États sont réunis au moins une fois par an, par commandement du gouverneur ; leur compétence porte surtout sur la levée des impôts et la défense des privilèges de la province27. Pour des besoins financiers urgents, le gouverneur a la possibilité de convoquer des « assemblées particulières ou générales des communes », dont la marge de manœuvre en matière d’imposition est cependant moins large que celle des États28.

  • 29 Bruno Bourjac, La république et son ombre…, op. cit., p. 12-13. Mireille Zarb, Histoire d’une auton (...)
  • 30 Ellery Schalk, « Marseille and the Urban Experience in Early Modem France : Communal Values, Religi (...)
  • 31 Mireille Zarb, Histoire d’une autonomie communale…, op. cit., p. 133-142.
  • 32 Ibid., p. 166-201.

11Arles et Marseille constituent un cas particulier. Elles bénéficient, depuis le Moyen Âge, du statut de « terres adjacentes ». Cela signifie que le roi de France, comme comte de Provence, en est le seigneur direct29. Ces deux villes sont très attachées à ce statut, qui implique qu’elles ont leurs propres privilèges, notamment commerciaux, et leur propre système d’imposition30. Par ailleurs, les deux villes ne sont pas incluses dans les États provinciaux. Leurs représentants peuvent y siéger, mais ils n’y ont pas droit de vote, et leurs déclarations, bien qu’écoutées, n’y sont pas enregistrées. En contrepartie, ces deux villes sont exemptes des charges qui pèsent sur les autres communes provençales31. Malgré ces privilèges, les Artésiens et les Marseillais sont soumis à la juridiction du parlement : une partie de la cour s’y déplace pour des « Grands jours », pendant lesquels sont traitées les affaires concernant les habitants des deux villes32.

  • 33 Raoul Busquet, Histoire des institutions de la Provence…, op. cit., p. 216-227.
  • 34 James Russel Major, Representative Government…, op. cit., p. 91.

12Les États provinciaux sont couronnés par une autre institution : les procureurs du pays. Le premier de ces procureurs est traditionnellement l’archevêque d’Aix, du fait du rang de capitale provinciale dont jouit cette ville. Les États élisent également des « procureurs joints », deux pour le clergé, deux pour la noblesse et deux pour les villes. Mais le rôle le plus important est tenu par les autres procureurs, les « procureurs nés », qui sont traditionnellement les magistrats municipaux aixois, élus annuellement par le conseil de ville : les trois consuls et leur assistant juridique, qui porte le titre d’assesseur. Ces procureurs du pays dirigent les débats des assemblées de communes et des États, et ils y formulent les principales propositions33. Ils ont également la possibilité permanente de se réunir en « assemblées particulières des procureurs du pays », tenues presque systématiquement à Aix, notamment pour l’application pratique des décisions prises lors des précédents États34.

  • 35 Exemples d’ouvertures par Henri d’Angoulême : États, délibération du 7 juillet 1581, Saint-Maximin, (...)
  • 36 Exemples : États, délibération du 11 janvier 1582, Aix, AD BdR, C3, 1° 371v (président de Trets) ; (...)
  • 37 Exemple : conseil de ville d’Aix, délibération du 27 septembre 1585, AM Aix, BB83, f° 87r : électio (...)
  • 38 Assemblée des communes, délibération du 4 novembre 1583, Aix, AD BdR, C3, f° 562v.

13Entre ces différents pouvoirs, les connexions sont nombreuses. Les États et les assemblées de communes sont généralement ouverts par le gouverneur35 et présidés par un ou plusieurs parlementaires36. Ces derniers peuvent occasionnellement intervenir dans les débats entre les représentants des communes. De même, les élections consulaires aixoises, déterminantes pour l’ensemble de la province en raison des charges de procureurs du pays, se font en présence d’un représentant du parlement37. Durant les assemblées de communes, ou durant les États, les procureurs du pays peuvent être envoyés devant le parlement pour y présenter des requêtes, ou devant le gouverneur pour lui notifier le montant d’imposition que les communes ont accepté38. En temps ordinaire, la cour peut convoquer les procureurs du pays pour leur demander de faire appliquer un arrêt, ou simplement requérir leur conseil.

14À présent que ce contexte d’interactions a été esquissé, il est nécessaire de voir comment cette sphère politique est susceptible de faire face aux troubles des années 1580.

La sphère politique provençale entre crise religieuse et tensions politiques

  • 39 Mark Greengrass, Govemingpassions…, op. cit.
  • 40 Wolfgang Kaiser, Marseille au temps des troubles…, op. cit., p 261-269.

15Plusieurs facteurs de déstabilisation tendent à impliquer les institutions provençales, parlement, États et communes, dans les conflits qui mettent aux prises le pouvoir royal et les factions nobiliaires. Cette implication a d’abord une dimension religieuse : alors que la monarchie du début des années 1580 se veut une puissance d’arbitrage, au-dessus des passions39, de nombreux acteurs politiques provençaux sont des catholiques intransigeants40, pour lesquels l’extermination de l’hérésie huguenote est une priorité absolue.

  • 41 Honoré de Laurens, Panégyrique de l’Hénoticon, Aix, 1586.
  • 42 Ibid., p. 323-326. Section intitulée : « Punition des empereurs, rois et princes qui se sont bandéz (...)
  • 43 Frédérique Pitou, « Introduction », Hugues Daussy, Frédérique Pitou (dir.), Hommes de loi et politi (...)

16Par exemple, Honoré de Laurens*, avocat général au parlement, publie en 1586 Le Panégyrique de l’Hénoticon, une apologie de l’édit de Nemours, qui rend hommage à la détermination d’Henri III dans sa lutte contre le protestantisme41. Mais le texte a des aspects implicitement menaçants pour la monarchie : un roi catholique qui n’assumerait pas cette croisade contre l’hérésie et se retournerait contre le Saint-Siège serait passible du châtiment divin42 : le soupçon de modération qui pèse régulièrement sur Henri III trouve un écho dans de telles menaces. Par ailleurs, certains aspects de l’idéologie de la robe pourraient pousser le parlement à une surenchère dans l’intransigeance catholique : en participant au corps mystique de la monarchie, les parlementaires considèrent leur fonction comme d’institution divine, la justice humaine ayant vocation à imiter la justice de Dieu43. La pratique juridique des magistrats trouve son fondement dans une transcendance métaphysique : la lutte contre l’hérésie peut ainsi apparaître comme une priorité de l’action judiciaire.

  • 44 Wolfgang Kaiser, Marseille au temps des troubles.op. cit., p. 255-257.
  • 45 Conseil de ville d’Aix, délibération du 27 septembre 1585, AM Aix, BB83, f° 87r.

17Ainsi, les conditions sont réunies pour que la Ligue trouve de nombreux appuis parmi les parlementaires et les consulats des grandes villes. À Marseille, le consulat mène une politique anti-huguenote, en dépit des efforts d’apaisement du pouvoir royal44. De même, à Aix, le gouverneur Henri d’Angoulême doit mener une lutte politique serrée pour éviter que les partisans de la Ligue ne s’imposent dans la municipalité45.

  • 46 Wolfgang Kaiser, Marseille au temps des troubles.op. cit., p. 271-283.
  • 47 César de Nostredame, Histoire et chronique de Provence, Lyon, S. Rigaud, 1614, p. 838.

18Le contentieux entre le pouvoir royal et les institutions provinciales se double potentiellement d’une autre ligne d’affrontement : au sein du parlement et des municipalités, la faction royaliste, constituée en majorité par des catholiques modérés, n’est pas négligeable46. Les assemblées provençales pourraient devenir un lieu d’affrontement entre les deux tendances, royaliste et ligueuse : l’historien César de Nostredame rapporte qu’au début de l’année 1586, « on ne voyoit que […] sections et partialitéz parmy le sénat47 », c’est-à-dire le parlement.

  • 48 Bernard Chevalier, Les bonnes villes de France du XIVe au XVIe siècle, Paris, Aubier-Montaigne, 198 (...)
  • 49 Wolfgang Kaiser, Marseille au temps des troubles…, op. cit., p. 250-251.
  • 50 Conseil de ville d’Aix, délibération du 27 septembre 1585, AM Aix, BB83, f° 87r.

19À ces possibles tensions religieuses s’ajoutent des contentieux politiques : le xvie siècle est traversé par une réaction de plus en plus vive des pouvoirs municipaux et provinciaux face aux initiatives royales qui mettent à mal leurs privilèges fiscaux et leur autonomie politique48. Les tensions entre Marseille et le gouverneur Henri d’Angoulême, dans les années 1580, sont récurrentes pour cette raison49. Aix nous en donne également un exemple avec l’élection consulaire du 27 septembre 1585, lors de laquelle le premier consul reconnaît qu’il n’a pas nommé certains candidats, « suyvant la vollanté et charge à luy donnée par Monseigneur le grand prieur50 », c’est-à-dire le gouverneur. Henri d’Angoulême a clairement bafoué les privilèges urbains, dont la défense pourrait amener les magistrats municipaux et les membres des assemblées de ville à entrer en conflit avec les représentants du roi.

  • 51 Arlette Jouanna, Le devoir de révolte…, op. cit.

20Par ailleurs, que ce soit à Arles, Aix ou Marseille, la fonction éminente de premier consul est traditionnellement occupée par un membre de la noblesse d’épée : les institutions urbaines deviennent alors susceptibles d’être le lieu d’expression du « devoir de révolte » nobiliaire51.

Des facteurs de stabilité au sein des assemblées : esprit de concorde et légalisme intransigeant

  • 52 Peter Blickle, Résistance, représentation, communauté, Paris, Presses universitaires de France, 199 (...)
  • 53 Thierry Amalou, Une concorde urbaine. Senlis au temps des réformes, vers 1520-vers 1580, Limoges, P (...)
  • 54 Marie Houllemare, Politiques de la parole. Le parlement de Paris au XVIe siècle, Genève, Droz, 2011 (...)

21Ces éléments de tension et de ruptures potentielles sont néanmoins contrebalancés par d’autres composantes des cultures politiques des acteurs provençaux. Ces individus sont d’abord fortement marqués par la culture unanimiste qui domine les milieux politiques urbains à l’époque moderne52. L’idéal d’unité et de concorde n’est pas seulement omniprésent dans la sphère monarchique, il fait également partie d’une « raison de ville » propre à la culture municipale53 ; cet unanimisme conditionne également l’idéologie et les pratiques de la magistrature54. Ces réticences face à l’expression des conflictualités et des divergences peuvent, on le comprend, jouer un rôle de frein dans les tensions qui opposent d’une part les institutions au pouvoir royal, et d’autre part les membres du personnel politique provençal entre eux.

22L’autre élément stabilisateur tient à la formation et à la culture juridique de certains des acteurs qui évoluent dans les institutions provençales : à Aix et à Marseille, chaque équipe municipale comprend au moins un juriste, en la personne de l’assesseur, quasiment toujours avocat de formation. Quant aux parlementaires, ils sont bien entendu tous docteurs en droit. Que l’on se situe du côté du personnel municipal ou de la cour souveraine, l’importance du droit dans la formation a pour conséquence un légalisme intransigeant. Pour les assesseurs, ce légalisme doit se comprendre à l’aune de leur souci de défendre les privilèges provinciaux et municipaux : le droit étant l’argument fondamental de cette défense, ils ne peuvent se permettre la moindre entorse à la légalité sous peine d’entrer en contradiction avec la posture qui est la leur. En ce qui concerne les parlementaires, les choses sont bien différentes et s’enracinent dans certaines spécificités de l’idéologie de la robe, qu’il faut rappeler brièvement.

  • 55 Guy Le Thiec, « Bodin, la République, et la mystique de l’obéissance absolue », Nouvelle revue du s (...)
  • 56 Marie-France Renoux-Zagamé, « Le royaume de la loi… », art. cité.
  • 57 Id., Du droit de Dieu au droit de l’homme, Paris, 2003, p. 176-177.
  • 58 Sylvie Daubresse, « L’obéissance du parlement de Paris : entre raison et nécessité », Nouvelle revu (...)

23Lecteurs de Jean Bodin, les parlementaires conçoivent l’ordre juridique positif scrupuleusement respecté comme la condition absolue de toute vie en société, rempart contre la guerre et l’anarchie55. Cette vision, héritée de la relecture humaniste du droit romain, sacralise le droit positif en tant que tel, comme indirectement institué par Dieu pour fonder l’ordre politique et social. Cette idée amène les magistrats à vouer un véritable culte à la loi56. Dans cette perspective, le rôle des juges n’est pas seulement d’appliquer la loi ; ils doivent également être eux-mêmes des « esclaves de la loi », dans un « absolu respect des formes57 », où plusieurs paramètres entrent en compte : le droit positif existant et la volonté du roi, dans le respect des lois coutumières du royaume58. Il n’y a de légitimité que dans la légalité ainsi définie. Sortir de cet ordre légal, ce serait rompre le lien qui fait du magistrat un représentant du lieutenant de Dieu. La culture des parlementaires les place donc dans une situation contradictoire. L’idée qu’ils se font de la justice comme glaive de Dieu peut les amener à soutenir la Ligue contre l’hérésie ; mais leur légalisme intransigeant les empêche d’entrer en rébellion contre le roi.

  • 59 Nicolas Le Roux, « La Fortune, la vertu et l’occasion : l’idéologie nobiliaire et la sémantique de (...)

24Ces cadres culturels, l’esprit unanimiste et le légalisme, éloignent les personnels municipaux et parlementaires de la mentalité nobiliaire mettant en valeur « le devoir de révolte » et un certain esprit d’aventure59. La tension entre ces éléments de stabilité et les potentialités de conflit permet de comprendre la position ambiguë des institutions locales durant les troubles des années 1580.

Chronique d’un équilibre fragile et ambigu entre les institutions provençales et le pouvoir royal (1579-1588)

  • 60 Catherine à Henri III, 9 juin 1579, dans Hector de La Ferrière, Gustave Baguenault de Puchesse (éd. (...)
  • 61 États, délibération du 18 mars 1584, Salon, AD BdR, C4, f° 33r.

25La manifestation la plus évidente de l’esprit de concorde qui marque la culture des acteurs institutionnels provençaux, c’est leur participation, aux côtés des agents royaux, aux efforts de pacification. Lorsque Catherine de Médicis écrit à Henri III, les 9 juin et 1er juillet 1579, pour rendre compte de ses efforts pour réconcilier Carcistes et Razats, elle mentionne l’aide que lui apporte le parlement d’Aix60. Les États participent également à la pacification, par exemple en mars 1584, lorsque l’assemblée décide d’envoyer des députés vers les nobles pour faire « cesser lesdites querelles et divisions61 ». Le souci de la paix et l’obéissance au roi semblent, dans ces exemples, plus déterminants que les motivations qui pourraient amener les acteurs provençaux à se diviser ou à prendre parti dans les conflits entre nobles : la maîtrise des passions voulue par la monarchie paraît pouvoir s’appuyer sur les institutions locales.

  • 62 Honoré Bouche, La chorographie ou description de Provence et l’histoire chronologique du même pays, (...)
  • 63 Louis-Antoine de Ruffi, Histoire de la ville de Marseille, contenant tout ce qui s’y est passé de p (...)

26Mais que se passe-t-il lorsque, avec la crise de succession ouverte en juin 1584 et l’éclosion de la Ligue catholique, le consensus, et a fortiori l’unanimisme, deviennent plus difficilement tenables ? À Marseille, en avril 1585, le deuxième consul Dariès complote en vain pour faire entrer le ligueur Hubert de Vins dans la ville : mais la municipalité, malgré les sympathies ligueuses, refuse prudemment de le suivre ; la transgression s’est déroulée en marge de l’institution, et le conseil de ville s’empresse d’écrire au gouverneur et à Henri III pour les assurer de sa fidélité62. En retour, le roi remercie par lettre les Marseillais d’avoir fait preuve de fidélité63. Les possibles sympathies ligueuses des destinataires sont refoulées dans l’implicite. Malgré les tensions, l’équilibre n’est pas rompu.

  • 64 César de Nostredame, Histoire et chronique de Provence…, op. cit., p. 837.

27Durant cette période, les relations entre le parlement d’Aix et la couronne laissent entrevoir le même équilibre fragile et les mêmes implications en matière de pratiques politiques. Lorsque la crise éclate en Provence, au printemps 1585, la cour, bien que majoritairement catholique, obéit à la politique de répression voulue par le gouverneur Henri d’Angoulême contre la Ligue : le 17 avril, le parlement publie un arrêt contre « ceux qui ont pris les armes d’une licentieuse témérité, […] contre l’expresse volonté de Sa Majesté64 ».

  • 65 Gustave Lambert, Les guerres de Religion en Provence…, op. cit., t. 1, P- 414-417.
  • 66 René Pillorget, Les mouvements insurrectionnels de Provence…, op. cit., p. 123-127.

28Mais un an plus tard, le parlement se trouve face à une situation qui l’amène aux limites de la désobéissance, sans pour autant le faire entrer dans l’illégalité. Lorsqu’en juin 1586, le gouverneur meurt dans une rixe, la province se trouve agitée par des soulèvements ligueurs et protestants. Dans ce contexte, la cour décide de nommer Hubert de Vins à la tête de l’armée royale en Provence65. À l’égard de la couronne, une telle décision est évidemment subversive : il s’agit du chef ligueur qui, en 1585, a défié l’autorité du roi. Mais si elle est politiquement incorrecte, la décision n’a rien d’illégal : le parlement, en cas de vacance de la charge de gouverneur, exerce lui-même cette fonction. Et par commission, il a le droit de déléguer le commandement de l’armée à qui bon lui semble66. Le parlement parvient ainsi à concilier légalité et engagement catholique.

29Les troubles de 1588, dans le sillage de la journée des Barricades et en prévision de la réunion des États généraux à Blois, constituent la deuxième phase d’affrontement ouvert entre Ligue et monarchie. Comment cette situation se traduit-elle dans les institutions provençales ?

  • 67 Gustave Lambert, Les guerres de Religion en Provence…, op. cit., t. 2, p. 22-23.
  • 68 Ibid., p. 24-25.

30La mise à l’épreuve survient en juin 1588, lorsque, profitant d’une absence temporaire du gouverneur La Valette, Vins entre dans Aix. Le parlement se divise sur le problème que constitue la présence du chef ligueur dans la ville : certains parlementaires royalistes, comme le président Corriolis et l’avocat général Monier, quittent Aix et rejoignent La Valette à Pertuis67. Ce dernier écrit au parlement et aux consuls pour les mettre en garde contre les ligueurs qui, contrairement à ce qu’ils déclarent, ne sont pas de bons serviteurs du roi68. C’est la première fois depuis le début des années 1580 que, par une déclaration publique, un gouverneur suggère que les institutions aixoises pourraient être entraînées vers la désobéissance.

31Le 25 juin 1588, les consuls d’Aix font le compte rendu, devant le conseil de ville, de la députation qu’ils ont faite vers La Valette à Pertuis. Des représentants du parlement étaient aussi présents. Tous ont prié le gouverneur de ne « prendre mescontantement de la ville sur ce que le sieur de Vins y estoit, pour ce qu’il est originaire de la ville, […] qu’il y est comme particulier avec petite compagnie de son train ». Ils l’ont également assuré que « la ville ne recongnoit autre authorité que celle du roy ». La Valette, « avec aultant de douceur et de contentement que porrions désirer », a répondu « qu’il treuveroit bon que ledit sieur de Vins feust dans la ville ».

  • 69 Xavier Le Person, « Practiques » et « practiqueurs »…, op. cit., p. 570-582.

32Ainsi, face à une situation tendue, les dirigeants aixois ont fait profession d’obéissance et ont refoulé dans l’implicite l’appartenance de Vins à la Ligue. La Valette, de son côté, en bon « pratiqueur », c’est-à-dire en bon dissimulateur, a fait « bon visage69 ». Le consensus du non-dit semble s’être rétabli.

  • 70 Parlement à Henri III, 23 août 1588, AD BdR, B3656, f° 135r.

33Dans les semaines qui suivent, c’est le maintien de cette ambiguïté qui permet aux institutions aixoises de ne pas se déchirer dans le cadre des assemblées, ni d’entrer en rébellion contre Henri III. Les institutions acquises à la Ligue se plaignent de La Valette à Henri III, mais en prenant soin d’épargner le roi lui-même. En témoigne une lettre du parlement à Henri III en date du 23 août 1588. La cour reproche au Gascon le maintien de ses compagnies aux environs d’Aix, mais s’évertue à montrer que ce maintien est en désaccord avec « la lettre que Votre Majesté luy a escript, du dernier juilhet dernier70 ». Si quelqu’un désobéit au roi en Provence, c’est donc La Valette, et non les institutions amies de la Ligue ! Cette rhétorique permet de ne pas entrer dans le débat de la désobéissance au roi. Avec la suspension de La Valette, en septembre 1588, Henri III parvient encore à sauver ce consensus.

  • 71 Xavier Le Person, « Pratiques » et « practiqueurs »…, op. cit., p. 570 et suiv. La caresse consiste (...)

34La vie politique provençale des années 1580 est donc tiraillée entre plusieurs tendances : d’une part des tensions de violence extrêmes, et d’autre part un vernis relevant à la fois de l’unanimisme, du légalisme et du « théâtre de la caresse71 ». Pour faire face à cette contradiction, le langage ambigu devient un outil politique ordinaire. Il était nécessaire de faire ce détour un peu détaillé pour cerner les cadres généraux des pratiques politiques du personnel provençal. Leur mise à l’épreuve à l’occasion de la crise internationale sera ainsi plus facile à mesurer.

Notes

1 Marquis de Forbin, « L’Union de la Provence à la France », Mémoires de l’Académie de Vaucluse, 7, 2, 1984, p. 19-112.

2 Mark Greengrass, Governing Passions. Peace and Reform in the French Kingdom, 1576- 1585, Oxford, Oxford University Press, 2008.

3 Arlette Jouanna, Le devoir de révolte. La noblesse française et la gestation de l’État moderne, 1559-1661, Paris, Fayard, 1989.

4 Gustave Lambert, Les guerres de Religion en Provence…, op. cit., t. 1, p. 272-370.

5 Wolfgang Kaiser, Marseille au temps des troubles…, op. cit., p. 230-233.

6 Catherine à Henri III, 5 juin 1579, dans Hector de La Ferrière, Gustave Baguenault de Puchesse (éd.), Lettres de Catherine de Médicis, Paris, Imprimerie nationale, 1880-1943, 11 vol., t. 7, p. 2.

7 Id., 9 juin 1579, ibid., p. 3-8 ; 25 juin 1579, ibid., p. 28-29 ; 27 juin 1579, ibid., p. 30-32.

8 Par exemple, Henri d’Angoulême à Henri III, 12 novembre 1584, BnF, Manuscrits français, 3400, f° 46r. Id., novembre 1584, ibid., f° 56r.

9 Antoine d’Oraison, décédé vers 1586.

10 Jean-Marie Constant, La Ligue, Paris, Hachette, 1984, p. 109-116.

11 Wolfgang Kaiser, Marseille au temps des troubles…, op. cit., p. 261-263. Gustave Lambert, op. cit., t. 1, p. 377-380, 388-391.

12 Jean-Marie Constant, La Ligue, op. cit., p. 125-131.

13 Gustave Lambert, Histoire des guerres de Religion en Provencea…, op. cit., t. 1,p. 394-407.

14 Ibid., p. 407-410.

15 Ibid., p. 416-417.

16 Sur cet acteur essentiel, voir : Véronique Larcade, Le duc d’Épernon (1554-1642), une vie politique, thèse de doctorat dirigée par Yves-Marie Bercé, université Paris-IV Paris-Sorbonne, 1996.

17 Nicolas Le Roux, La faveur du roi. Mignons et courtisans au temps des derniers Valois, Seyssel, Champ Vallon, 2001, p. 565-573.

18 Gustave Lambert, Histoire des guerres de Religion en Provence…, op. cit., t. 1, p. 437-474.

19 Jean-Marie Constant, La Ligue, op. cit., p. 15-35.

20 Wolfgang Kaiser, Marseille au temps des troubles…, op. cit., p. 280-281. Gustave Lambert, Les guerres de Religion en Provence…, op. cit., t. 2, p. 21-22.

21 Wolfgang Kaiser, Marseille au temps des troubles…, op. cit., p. 282.

22 Gustave Lambert, Les guerres de Religion en Provence…, op. cit., t. 2, p. 42-43, 47-50.

23 Robert Harding, Anatomy of a Power Elite. The Provincial Governors in the Early Modern France, New Haven, Yale University Press, 1978.

24 Raoul Busquet, Histoire des institutions de la Provence de 1482 à 1789, Marseille, Typographie et lithographe Barlatier, 1920, p. 57-67. Le parlement de Provence (1501-2001), Aix-en-Provence, Presses de l’université d’Aix-Marseille, 2002.

25 Jacques Poumarède, Jack Thomas (dir.), Les parlements de province. Pouvoirs, justice et société, du XVe au XVIIIe siècle. Colloque international, Toulouse, 3-5 novembre 1994, Toulouse, FRAMESPA, 1996.

26 René Pillorget, Les mouvements insurrectionnels de Provence entre 1596 et 1715, Paris, A. Pedone, 1975, p. 123-127.

27 Raoul Busquet, Histoire des institutions de la Provence…, op. cit., p. 176-178, 190-202. Marcel François-Xavier Emmanuelli, « L’administration provinciale des États en Provence xvie-xviiie siècle). Bilan provisoire », Provence historique, 239, 2010, p. 23-42. James Russel Major, Representative Government in Early Modem France, New Haven/ Londres, Yale University Press, 1980, p. 89-93.

28 Bernard Hildesheimer, Les assemblées de communautés de Provence, Paris, A. Pedone, 1935.

29 Bruno Bourjac, La république et son ombre…, op. cit., p. 12-13. Mireille Zarb, Histoire d’une autonomie communale. Les privilèges de la ville de Marseille du Xe siècle à la Révolution, Paris, Picard, 1961, p. 143-148.

30 Ellery Schalk, « Marseille and the Urban Experience in Early Modem France : Communal Values, Religious Reform and Absolutisme », Historical Reflections/Réflexions historiques, 27, 2001, p. 241-300.

31 Mireille Zarb, Histoire d’une autonomie communale…, op. cit., p. 133-142.

32 Ibid., p. 166-201.

33 Raoul Busquet, Histoire des institutions de la Provence…, op. cit., p. 216-227.

34 James Russel Major, Representative Government…, op. cit., p. 91.

35 Exemples d’ouvertures par Henri d’Angoulême : États, délibération du 7 juillet 1581, Saint-Maximin, AD BdR C3, f° 288r ; id., délibération du 12 mars 1584, ibid., C4, f° 1r.

36 Exemples : États, délibération du 11 janvier 1582, Aix, AD BdR, C3, 1° 371v (président de Trets) ; id., délibération du 15 mars 1584, Salon, ibid., C4, f° 15r (président Corriolis).

37 Exemple : conseil de ville d’Aix, délibération du 27 septembre 1585, AM Aix, BB83, f° 87r : élection consulaire présidée par le conseiller Millaud et l’avocat général Monier.

38 Assemblée des communes, délibération du 4 novembre 1583, Aix, AD BdR, C3, f° 562v.

39 Mark Greengrass, Govemingpassions…, op. cit.

40 Wolfgang Kaiser, Marseille au temps des troubles…, op. cit., p 261-269.

41 Honoré de Laurens, Panégyrique de l’Hénoticon, Aix, 1586.

42 Ibid., p. 323-326. Section intitulée : « Punition des empereurs, rois et princes qui se sont bandéz contre le Sainct siège ».

43 Frédérique Pitou, « Introduction », Hugues Daussy, Frédérique Pitou (dir.), Hommes de loi et politique, XVIe-XVIIIe siècles, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2007, p. 7-20.

44 Wolfgang Kaiser, Marseille au temps des troubles.op. cit., p. 255-257.

45 Conseil de ville d’Aix, délibération du 27 septembre 1585, AM Aix, BB83, f° 87r.

46 Wolfgang Kaiser, Marseille au temps des troubles.op. cit., p. 271-283.

47 César de Nostredame, Histoire et chronique de Provence, Lyon, S. Rigaud, 1614, p. 838.

48 Bernard Chevalier, Les bonnes villes de France du XIVe au XVIe siècle, Paris, Aubier-Montaigne, 1982, p. 106-112.

49 Wolfgang Kaiser, Marseille au temps des troubles…, op. cit., p. 250-251.

50 Conseil de ville d’Aix, délibération du 27 septembre 1585, AM Aix, BB83, f° 87r.

51 Arlette Jouanna, Le devoir de révolte…, op. cit.

52 Peter Blickle, Résistance, représentation, communauté, Paris, Presses universitaires de France, 1998, p. 263-264. Robert Descimon, Qui étaient les Seize ?, op. cit., p. 65-75, 281-285. Isabelle Luciani, « D’où parle Toulouse ? Le corps urbain entre unanimité municipale et inspiration monarchique, xvi’-xviie siècle », dans Gabriel Audisio (dir.), Prendre une ville au XVIe siècle, Aix-en-Provence, Éditions de l’université de Provence, 2004, p. 228-245.

53 Thierry Amalou, Une concorde urbaine. Senlis au temps des réformes, vers 1520-vers 1580, Limoges, Presses universitaires de Limoges, 2007. Denis Crouzet, Le haut cœur de Catherine de Médicis, op. cit.

54 Marie Houllemare, Politiques de la parole. Le parlement de Paris au XVIe siècle, Genève, Droz, 2011, p. 124-125. Marie-France Renoux-Zagamé, « Le Royaume de la loi : équité et rigueur du droit selon la doctrine des parlements de la monarchie », Histoire de la justice, 11, 1998, p. 35-60.

55 Guy Le Thiec, « Bodin, la République, et la mystique de l’obéissance absolue », Nouvelle revue du seizième siècle, 22, 2004, p. 147-157. Quentin Skinner, Les fondements de la pensée politique moderne, Paris, Albin Michel, 2001 [1978], p. 738-742.

56 Marie-France Renoux-Zagamé, « Le royaume de la loi… », art. cité.

57 Id., Du droit de Dieu au droit de l’homme, Paris, 2003, p. 176-177.

58 Sylvie Daubresse, « L’obéissance du parlement de Paris : entre raison et nécessité », Nouvelle revue du XVIe siècle, 22, 1, 2004, p. 89-110.

59 Nicolas Le Roux, « La Fortune, la vertu et l’occasion : l’idéologie nobiliaire et la sémantique de l’action à la fin du xvie siècle », dans André Bazzana (dir.), Châteaux, nobles et aventuriers. Actes des 3es rencontres internationales d’archéologie et d’histoire en Périgord, Bordeaux, Centre de recherches sur les origines de la civilisation de l’Europe moderne et contemporaine/université Michel de Montaigne-Bordeaux III, 1999, p. 111-137.

60 Catherine à Henri III, 9 juin 1579, dans Hector de La Ferrière, Gustave Baguenault de Puchesse (éd.), Lettres de Catherine de Médicis…, op. cit., t. 7, p. 3-8. Id., 1er juillet 1579, ibid., p. 34-38. Sur le passage de la reine mère en Provence, voir aussi Mark Greengrass, Governing passions…, op. cit., p. 215-220.

61 États, délibération du 18 mars 1584, Salon, AD BdR, C4, f° 33r.

62 Honoré Bouche, La chorographie ou description de Provence et l’histoire chronologique du même pays, Aix, C. David, 1664, p. 688. César de Nostredame, Histoire et chronique de Provence…, op. cit., p. 836. Wolfgang Kaiser, Marseille au temps des troubles…, op. cit., p. 265-269.

63 Louis-Antoine de Ruffi, Histoire de la ville de Marseille, contenant tout ce qui s’y est passé de plus mémorable depuis sa fondation, recueillie de plusieurs autheurs, par M. Antoine de Ruffi, Marseille, C. Garcin, 1642, p. 245.

64 César de Nostredame, Histoire et chronique de Provence…, op. cit., p. 837.

65 Gustave Lambert, Les guerres de Religion en Provence…, op. cit., t. 1, P- 414-417.

66 René Pillorget, Les mouvements insurrectionnels de Provence…, op. cit., p. 123-127.

67 Gustave Lambert, Les guerres de Religion en Provence…, op. cit., t. 2, p. 22-23.

68 Ibid., p. 24-25.

69 Xavier Le Person, « Practiques » et « practiqueurs »…, op. cit., p. 570-582.

70 Parlement à Henri III, 23 août 1588, AD BdR, B3656, f° 135r.

71 Xavier Le Person, « Pratiques » et « practiqueurs »…, op. cit., p. 570 et suiv. La caresse consiste, dans le face à face politique, à tout faire pour être agréable à l’interlocuteur, quitte à dissimuler son état d’esprit.

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont sous Licence OpenEdition Books, sauf mention contraire.

Cette publication numérique est issue d’un traitement automatique par reconnaissance optique de caractères.
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search