• Contenu principal
  • Menu
OpenEdition Books
  • Accueil
  • Catalogue de 15412 livres
  • Éditeurs
  • Auteurs
  • Facebook
  • X
  • Partager
    • Facebook

    • X

    • Accueil
    • Catalogue de 15412 livres
    • Éditeurs
    • Auteurs
  • Ressources numériques en sciences humaines et sociales

    • OpenEdition
  • Nos plateformes

    • OpenEdition Books
    • OpenEdition Journals
    • Hypothèses
    • Calenda
  • Bibliothèques

    • OpenEdition Freemium
  • Suivez-nous

  • Lettre d’information
OpenEdition Search

Redirection vers OpenEdition Search.

À quel endroit ?
  • Éditions de la Sorbonne
  • ›
  • Histoire moderne
  • ›
  • Un désordre européen
  • ›
  • Introduction
  • Éditions de la Sorbonne
  • Éditions de la Sorbonne
    Éditions de la Sorbonne
    Informations sur la couverture
    Table des matières
    Liens vers le livre
    Informations sur la couverture
    Table des matières
    Formats de lecture

    Plan

    Plan détaillé Texte intégral Les interventions extérieures dans les guerres de Religion Les « affaires de Provence », un désordre européen Comprendre l’impact d’un désordre européen sur les pratiques politiques Notes de bas de page

    Un désordre européen

    Ce livre est recensé par

    Précédent Suivant
    Table des matières

    Introduction

    p. 8-18

    Texte intégral Les interventions extérieures dans les guerres de Religion Les « affaires de Provence », un désordre européen Comprendre l’impact d’un désordre européen sur les pratiques politiques Notes de bas de page

    Texte intégral

    Image

    Les interventions extérieures dans les guerres de Religion

    1Au début de l’année 1596, alors que venait de se résoudre une grave crise diplomatique concernant Marseille, Jacques Davy Du Perron, évêque d’Évreux, écrivit au roi de France Henri IV que le sort de cette ville touchait à « l’intérest de la France, de l’Italie et de toute l’Europe1 ». Par cette formulation, il exprimait la manière dont un conflit local avait pris une ampleur européenne.

    2Ce livre a justement pour but de comprendre comment, dans l’Europe de la première modernité, une crise locale peut devenir internationale. Par cette perspective, nous entendons rendre justice à la complexité de conflits impliquant plusieurs États, mais aussi des acteurs locaux, souvent oubliés par l’historiographie, qu’on ne s’attendrait pas à voir jouer un tel rôle sur la scène européenne. Cette multiplicité foisonnante sera au cœur de notre interrogation2. Or, le laboratoire que nous avons choisi pour appréhender cette réalité, ce sont les aspects internationaux des guerres de Religion françaises, qui, à nos yeux, furent un conflit d’ampleur européenne.

    3De 1562 à 1598, huit guerres de Religion déchirèrent la France. Elles mirent à l’épreuve la monarchie des Valois, qui essaya tantôt de se poser comme médiatrice entre catholiques et protestants, tantôt de prendre la tête du parti catholique. Mais de fait, l’autorité royale fut sans cesse contestée, que ce soit par les huguenots ou par les catholiques les plus zélés. Les troubles culminèrent dans les années 1580-1590 lors des guerres de la Ligue. En effet, lorsqu’en 1584 l’héritier du trône devint Henri de Navarre, le chef du parti protestant, les catholiques se réunirent en une Ligue, ou Sainte Union, afin d’empêcher qu’un hérétique ne devienne roi. Le roi de France, Henri III, tenta vainement de contrôler la Ligue, jusqu’à son assassinat en 1589. Cet événement acheva de plonger le royaume dans l’anarchie : d’un côté, les royalistes – protestants et catholiques modérés – reconnurent Henri de Navarre comme roi de France, sous le nom d’Henri IV ; de l’autre, les ligueurs refusèrent de se soumettre à un prince protestant. Ce n’est qu’en menant une guerre très rude, en se convertissant au catholicisme, en 1593, puis en procédant à une laborieuse pacification, qu’Henri IV parvint à établir sa légitimité3.

    4Mais ce drame ne se joua pas en vase clos.

    5La dimension internationale des guerres de Religion françaises a souvent été négligée par les historiens de la fin du xxe siècle. Pourtant, plusieurs chercheurs, au xixe siècle et au début du xxe siècle, avaient concentré leurs efforts sur l’implication de la papauté, de la Lorraine, de la Savoie et de l’Espagne dans les troubles français. Ils soulignaient notamment le soutien actif de ces puissances au parti catholique, ainsi que leurs ambitions : Charles III de Lorraine et Charles-Emmanuel de Savoie convoitaient la couronne de France et certaines provinces du royaume, tandis que Philippe II d’Espagne essayait de promouvoir la candidature de sa fille au trône4.

    6Mais de telles approches avaient été discréditées par la suite, essentiellement sous l’influence de l’école des Annales, irrémédiablement suspicieuse à l’égard de l’histoire des relations internationales, vue comme l’archétype d’une histoire événementielle superficielle. La mauvaise réputation de l’ouvrage de De Lamar Jensen, pourtant pionnier en la matière dans les années 1960, sur les relations entre la Ligue parisienne et l’ambassadeur espagnol Mendoza, est à ce titre exemplaire5. Ce travail fut jugé inapte à rendre compte de la profondeur politique, culturelle et sociale du mouvement catholique dans la capitale6. Lorsqu’à la même époque, Bernard Vogler étudiait le rôle des protestants allemands dans les troubles français, il paraissait bien isolé dans le paysage historiographique7.

    7Cet état d’esprit soupçonneux à l’égard des approches internationales, ou du moins ne les considérant pas comme pertinentes, a fortement marqué le très riche renouveau des études qui, dans les années 1970-2000, ont été consacrées aux guerres de Religion à Paris et dans les provinces. Dépoussiérant les travaux des érudits du xixe siècle, et poursuivant sur la lancée de l’œuvre pionnière d’Henri Drouot8, les chercheurs se sont consacrés à une étude des enjeux locaux ou nationaux de la crise : tensions politiques entre des pouvoirs concurrents, tensions sociales entre noblesses et bourgeoisies, ou entre différentes strates de la bourgeoisie, angoisses religieuses9.

    8À la même époque, lorsque les aspects internationaux des troubles de religion étaient évoqués, c’était le plus souvent par des chercheurs non français, dans la continuité des préoccupations qui avaient valu son discrédit à De Lamar Jensen. C’est ainsi que, dans les années 1980, des chercheurs britanniques étudièrent les interventions anglaises au secours des huguenots français, de même que les relations entre la très haute noblesse française et la monarchie espagnole10. En 1998, à l’occasion de colloques tenus pour les quatre cents ans de la paix de Vervins, d’autres chercheurs, italiens et espagnols, eurent le courage de revenir sur des pistes de travail longtemps délaissées : le rôle de la papauté et de l’Espagne dans les guerres de Religion françaises11.

    9Cependant, du côté français, certains travaux, à la fin des années 1990, commencèrent à mettre en évidence des interactions internationales fondamentales. On s’intéressa notamment aux liens entre les troubles français et ceux des Pays-Bas, à l’activité médiatrice de Venise entre la France et le Saint-Siège12. Les années 2000 furent marquées par un vrai renouvellement, avec un retour en force de l’intérêt pour des aspects méconnus des relations franco-espagnoles : entente diplomatique dans les années 1560, liens secrets entre les catholiques et Philippe II dans les années 1570-1580, ou encore exil des ligueurs dans les territoires du roi d’Espagne après 159413. À la suite de ces travaux, un livre récent d’Hervé Le Goff, au sujet de la Ligue en Bretagne, lie la problématique de la guerre civile à celle du conflit international, montrant l’implication essentielle de l’Espagne et de l’Angleterre, dans leur volonté de contrôler un espace stratégique14. Ce travail a donc l’immense mérite de ne pas se limiter à la prise en compte d’un unique intervenant extérieur, mais de montrer la diversité et la simultanéité des interventions. Parallèlement, les relations entre les huguenots et les puissances étrangères ont été davantage prises en considération15.

    10Avec ces renouvellements récents, il n’y a aucune raison pour que l’historiographie n’assume pas ce qui apparaît comme une évidence : les guerres de Religion françaises furent une crise internationale de longue durée, comme l’avaient été les guerres d’Italie, comme le fut la guerre d’indépendance des Provinces-Unies, comme le sera la guerre de Trente Ans. Et comme ces conflits, les guerres de Religion françaises sont marquées par une dynamique récurrente : l’intervention de puissances extérieures. D’un côté les interventions anglaises et allemandes, en réponse aux appels des huguenots, de l’autre les interventions espagnoles, lorraines et italiennes, en réponse aux appels des ligueurs. Ces dynamiques rejoignent ce qui peut être observé ailleurs pendant la première modernité, parfois indépendamment de solidarités confessionnelles. On peut évoquer le « voyage d’Allemagne » d’Henri II en 1551-1552, déclenché par l’appel des princes luthériens du Saint-Empire, ainsi que les interventions françaises et anglaises dans les troubles des Pays-Bas, à la demande des révoltés protestants. Mentionnons également les appels lancés par les Irlandais, à la fin du xvie siècle, à la monarchie espagnole, pour obtenir son aide dans la lutte contre l’Angleterre ; ou encore les interventions danoise, suédoise et française dans la guerre de Trente Ans, à l’appel des protestants allemands.

    11Ainsi, en dépassant l’approche nationale, les guerres de Religion françaises nous donnent l’occasion de comprendre ce type de crises, qui, nous le montrerons, sont des moments de désordre géopolitique à l’échelle européenne. Car tous ces appels mettent en jeu la dimension systémique des relations internationales durant la première modernité : un nombre infini d’interconnexions et de réactions en chaînes, souvent liées à des enjeux territoriaux stratégiques, qui décloisonnent les perspectives et favorisent la collectivisation des crises16. Nous entendons montrer que ces dynamiques d’appel aux puissances étrangères font de l’Europe de la première modernité un espace incertain, une Europe où tout est possible en matière de reconfiguration politique, et ce de la manière la plus subversive qui soit, car des acteurs ordinairement négligeables sont amenés à y jouer un rôle de premier plan. C’est cette dynamique du désordre européen que nous entendons restituer en détail.

    Les « affaires de Provence », un désordre européen

    12Pour y parvenir, il est nécessaire de circonscrire plus précisément notre objet d’étude. Nous entendons nous concentrer sur un ensemble de crises que les contemporains désignèrent sous le nom d’« affaires de Provence », qui eurent lieu entre 1589 et 1598. Pour faire comprendre notre choix, il est nécessaire d’effectuer un détour par l’historiographie des guerres de Religion dans cette province du royaume.

    13Les ouvrages consacrés à ce sujet furent relativement rares durant le xixe siècle et au début du xxe siècle. Ils mirent cependant en évidence l’importance capitale de certaines interventions extérieures sur le théâtre provençal. Ce fut d’abord celle du duc de Savoie Charles-Emmanuel, appelé au secours par les ligueurs du pays, une intervention militaire qui dura de 1590 à 1592. Philippe II d’Espagne lui-même ne fut pas indifférent aux guerres de Religion en Provence, puisqu’il y envoya des troupes en 1591. Le grand-duc de Toscane Ferdinand de Médicis, avec le soutien de certains Provençaux, installa pour sa part une garnison au château d’If, une forteresse située sur une île à l’entrée de la rade de Marseille. Ces troupes y demeurèrent de 1591 à 159817. Au regard de ces premiers travaux, se dessinait la vitalité des dynamiques internationales autour de la Provence. Une telle vitalité était confirmée par une biographie du duc de Savoie, publiée à la fin du xixe siècle, qui mettait en évidence l’écho diplomatique des affaires de Provence dans certaines cours italiennes, notamment Turin et Rome, et aussi à la cour de Philippe 1118.

    14Lorsque Fernand Braudel, dans son grand livre sur la Méditerranée au temps de Philippe II, évoqua les guerres de la Ligue en Provence, il présenta une synthèse sur les interventions savoyarde, toscane et espagnole, en apportant quelques nouvelles sources grâce à son exploration des archives espagnoles de Simancas. Mais ces enjeux internationaux paraissaient secondaires à Braudel pour comprendre le théâtre provençal. Influencé par l’école des Annales, il préférait souligner le fait que l’exemple marseillais donnait un précieux indice pour comprendre la profondeur politique du mouvement ligueur, marqué par le rôle des villes, et ce dans une perspective nationale19.

    15Durant les années 1960-1970, les guerres de Religion provençales furent peu étudiées, jusqu’à la thèse de Wolfgang Kaiser, consacrée aux luttes de factions à Marseille. Ce travail avait pour but de comprendre les conflits par des clés de lecture locales et nationales, sur le plan politique, religieux, social et économique. Néanmoins, Wolfgang Kaiser mit en évidence de nombreuses connexions entre la microhistoire locale et les ingérences extérieures. Ce travail eut notamment l’immense mérite de mettre l’accent sur le fait que l’internationalisation des troubles était peut-être pour certains acteurs provençaux l’occasion de réaliser leurs aspirations politiques20.

    16Depuis, les guerres de Religion en Provence ont été peu étudiées. Certains travaux, consacrés à la comtesse de Sault*, un des chefs les plus influents de la Ligue locale, aux luttes de factions arlésiennes et aux agents toscans à Marseille21, constituent de précieux apports pour la compréhension des enjeux internationaux. Un article de Wolfgang Kaiser a également montré l’impact médiatique européen de la prise de Marseille par les troupes d’Henri IV en février 159622. Enfin, la toute récente biographie de Charles-Emmanuel de Savoie, par Stéphane Gal, fournit de nombreuses précisions sur les relations entre le duc et les ligueurs provençaux en 1589-159223.

    17La dernière phase des guerres de Religion en Provence apparaît donc comme un laboratoire privilégié pour appréhender une situation de crise internationale complexe, marquée par la multiplicité des acteurs et par l’appel à des interventions étrangères. À ce titre, nous avons choisi cette série de troubles comme notre observatoire de ces désordres européens évoqués plus hauts, dans lesquels se côtoient princes, diplomates, et des acteurs apparemment de moindre importance, comme les municipalités.

    Comprendre l’impact d’un désordre européen sur les pratiques politiques

    18Comment interroger cette série d’événements ? Nous entendons observer la crise internationale surtout dans le but d’étudier les reconfigurations des pratiques politiques des acteurs concernés. Notre objectif a une implication méthodologique : il est nécessaire de mener une étude extrêmement fine des événements, qui soit à même de mettre en évidence les plus infimes pulsations des processus de reconfiguration des mobilisations, des alliances, et des objectifs des acteurs24. Cette étude fine nécessitera l’utilisation des sources les plus diverses, afin d’observer la chronologie le plus précisément possible : mémoires, journaux, registres de délibérations provençaux, correspondances françaises, italiennes, espagnoles, et même anglaises.

    19Dans cette perspective chronologique, les sciences politiques ont beaucoup à apporter au travail de l’historien. L’ouvrage de Michel Dobry consacré aux crises politiques fournit de précieuses clés de lecture. Il a démontré que toute situation de crise se définit, en termes de dynamiques politiques, par une « désectorisation » des relations entre les différents groupes d’acteurs. C’est-à-dire que ces groupes, qui en temps ordinaire coexistent de manière relativement cloisonnée et parallèle, établissent entre eux, par des mobilisations soudaines, des connexions inédites, connexions qui affectent leurs horizons d’attente, leurs stratégies et leurs perceptions de la situation. Parmi les structures politiques occasionnées par la crise, Dobry insiste sur l’importance des coopérations à intérêt mixte, dans lesquelles des acteurs aux objectifs divergents sont contraints de collaborer pour un temps plus ou moins éphémère ; cette situation implique des compromis, des méfiances et des jeux de dupes25. Il nous appartient de nous saisir de ces modèles pour voir dans quelle mesure ils sont opératoires pour comprendre les crises de la première modernité.

    20Il sera nécessaire d’historiciser cette dynamique de désectorisation, d’abord en identifiant la manière dont les acteurs de l’époque la percevaient, et les mots qu’ils mettaient sur les vicissitudes traversées26. Rappelons d’emblée que la réflexion politique durant la première modernité place le mouvement au cœur de ses interrogations. Comme l’a montré Florence Buttay, cette importance accordée au mouvement vient d’une conception du devenir humain comme pouvant être traversé par des moments de turbulences où son instabilité intrinsèque est décuplée, ouvrant la porte à tous les risques, mais aussi à toutes les occasions. L’allégorie de la Fortune, très répandue à l’époque, exprime cette instabilité chargée de menaces et d’espérances27.

    21Évoquons à présent plus en détail les problèmes que peut soulever l’étude d’une crise internationale durant la première modernité, si on s’intéresse à ses conséquences sur les pratiques politiques. L’historiographie récente des relations internationales s’est intéressée aux pratiques et aux représentations culturelles des acteurs de la diplomatie28, insistant particulièrement sur la négociation, ainsi que sur le travail d’informateur et d’espion qui incombe à l’ambassadeur29. Notre travail, qui nous confrontera au personnel diplomatique rencontrant des configurations exceptionnelles, s’inscrit donc en partie dans la continuité de cette historiographie. Mais étant donné que les acteurs provençaux, notamment les pouvoirs nobiliaires et municipaux, se trouvent exceptionnellement mêlés à une crise internationale, il nous appartiendra aussi de voir comment, pour ces acteurs, la crise est l’occasion d’un apprentissage de la diplomatie.

    22Comprendre l’impact d’une crise sur les pratiques politiques implique également de poser des questions non spécifiquement liées aux relations internationales ou à la diplomatie. La situation de crise, parce qu’elle déconcerte, parce qu’elle demande des prises de décision inhabituelles, est souvent une épreuve intellectuelle pour ceux qui sont impliqués30. Comment les acteurs de l’époque appréhendaient-ils les réalités politiques nouvelles et instables issues des événements inattendus ? Ils devaient mener un effort de compréhension spécifique, dont il nous appartiendra d’étudier les diverses modalités.

    23La dernière grande problématique que nous poserons sera celle des stratégies de communication face à une crise internationale. Ici aussi, nous nous situerons dans un champ historiographique en plein renouvellement. Les travaux de Louis Marin ou de Rosario Villari ont mis l’accent sur l’importance de la manipulation et de la dissimulation dans les cultures politiques de la première modernité31. Ils nous invitent à être sensibles à la performativité de l’acte de communication, à analyser cet acte comme un moyen d’agir, d’influencer, voire de manipuler l’interlocuteur. Les travaux de Xavier Le Person ont prolongé ces investigations, en étudiant la « practique », une forme de négociation très répandue au xvie siècle, un jeu d’apparences fondé sur l’ambiguïté du langage et des expressions du visage et du corps32. Il nous appartiendra de voir comment une situation exceptionnelle amène à innover dans la mise au point de ces procédés.

    24Il y a plus : notre intérêt pour les relations exceptionnelles entre Provençaux et les puissances étrangères appelées à leur secours nous amènera à soulever une question qui a jusqu’ici peu intéressé les historiens du politique : la manière dont la communication est façonnée par la différence de puissance ou de ressources entre les différents acteurs. La communication n’est pas la même si l’on s’adresse à un interlocuteur puissant ou bien à un interlocuteur dont la capacité d’action est négligeable. Comment ces différences produisent-elles des langages et des stratégies spécifiques ? Hormis quelques travaux pionniers, la question a été peu étudiée33. Nous entendons poursuivre les perspectives ouvertes par ces travaux.

    25Une dernière exigence méthodologique doit être posée : la délimitation chronologique de notre étude. La densité politique des années 1589-1592, qui correspondent au moment de l’intervention savoyarde en Provence, nous a amené à y restreindre notre récit détaillé. Mais puisque nous entendons évaluer l’impact des années 1589-1592 sur les pratiques politiques habituelles, il sera nécessaire de replacer cette séquence dans une temporalité plus longue, nous donnant la possibilité de comparer les pratiques de crises à celles de la période précédente. Nous serons donc amenés à nous intéresser à l’histoire de la Provence durant les années 1580, et à sa place dans les relations internationales durant cette même période.

    26Ainsi, la première partie de ce livre consistera à caractériser, en termes généraux, le fonctionnement politique des guerres de Religion provençales avant leur internationalisation, c’est-à-dire durant les années 1580. Cette présentation permettra de mieux cerner les changements advenus par la suite. Dans cette même première partie, il sera nécessaire de voir quels sont les horizons internationaux de la Provence, ainsi que la place ordinaire de la Provence dans les relations internationales. Ces observations permettront d’apprécier la spécificité des processus par lesquels ces horizons internationaux prennent une tournure inédite par la suite. La seconde partie de ce travail consistera en une analyse chronologique fine des crises internationales concernant la Provence, entre 1589 et 1592. Il s’agira d’étudier en détail les dynamiques de la compétition politique, sans oublier les motivations donnant une intelligibilité à ces mobilisations. Dans une troisième partie, nous aborderons, de manière thématique, la question de l’impact d’un désordre européen sur les pratiques politiques.

    Notes de bas de page

    1 Du Perron à Henri IV, s. d., Rome, dans César de Ligny (éd.), Les ambassades et négociations de l’illustrissime cardinal Du Perron, Paris, A. Estienne, 1623, p. 33.

    2 Pour une définition politique de l’Europe moderne, voir Wolfgang Kaiser, « Quelle Europe ? », dans Wolfgang Kaiser (dir.), L’Europe en conflits. Les affrontements religieux et la genèse de l’Europe moderne, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2009, p. 11-17. Sur la notion de système européen, voir : Matthew Anderson, The Origins of the Modern European State System, 1494-1618, Londres/New York, Longman, 1998.

    3 Pour une synthèse récente, voir : Olivia Carpi, Les guerres de Religion (1559-1598). Un conflit franco-français, Paris, Ellipses, 2012.

    4 Cette liste ne prétend pas à l’exhaustivité : Gustave Baguenault de Puchesse, « La politique de Philippe II dans les affaires de la France », Revue des questions historiques, 25, 1879, p. 7-66. G.-B. Caringi, « Sixte-Quint et la Ligue », Revue du monde catholique, 17, 1867, p. 449-471 ; 18, 1867, p. 60-84 ; 19, 1867, p. 497-520 ; 20, 1867, p. 783-809. Louis Davillé, Les prétentions de Charles III, duc de Lorraine, à la couronne de France, Paris, F. Alcan, 1909. Alain Dufour, Les relations de Charles-Emmanuel Ier avec la Ligue, thèse de l’École des chartes, Paris, 1954. Henri de l’Epinois, La Ligue et les papes, Paris, V. Palmé, 1886. Félix Rocquain, La France et Rome pendant les guerres de Religion, Paris, E. Champion, 1924.

    5 De Lamar Jensen, Diplomacy and Dogmatism. Bernardino de Mendoza and the French Catholic League, Cambridge, Harvard University Press, 1964.

    6 Voir le compte rendu peu flatteur qu’en fit A. A. Lozinski, « La Ligue et la diplomatie espagnole », Annales. Économies, société, civilisations, 1, 1968, p. 173-177.

    7 Bernard Vogler, « Le rôle des Électeurs palatins dans les guerres de Religion en France (1559-1592) », Cahiers d’histoire, 1965, p. 51-85.

    8 Henri Drouot, Mayenne et la Bourgogne, Dijon, Bernignaud et Privat, 1937, 2 vol.

    9 Cette liste n’est pas exhaustive. Elie Barnavi, Le parti de Dieu, étude sociale et politique des chefs de la Ligue parisienne, 1585-1594, Bruxelles, Nauwelaerts, 1980. Frédéric J. Baumgartner, Radical Reactionnaries : The Political Thought of the French Catholic League, Genève, Droz, 1976. Laurent Bourquin, Les nobles, la ville et le roi. Eautorité nobiliaire en Anjou pendant les guerres de Religion, Paris, Belin, 2001. Olivia Carpi, Une république imaginaire. Amiens pendant les troubles de religion, 1559-1597, Paris, Belin, 2005. Michel Cassan, Le temps des guerres de Religion. Le cas du Limousin (vers 1530- 1630), Paris, Publisud, 1996. Denis Crouzet, Les guerriers de Dieu. La violence au temps des troubles de religion, vers 1525-vers 1610, Seyssel, Champ Vallon, 1990, 2 vol. Robert Descimon, Qui étaient les Seize ? Mythes et réalités de la Ligue parisienne, 1585-1594, Paris, Fédération des sociétés historiques et archéologiques de Paris et de l’Île-de-France, 1983. Mark Konnert, Civic Agendas and Religions Passion. Châlons-sur-Marne during the French Wars of Religion, 1560-1594, Kirksville, Sixteenth Century Essays and Studies, 1997.

    10 Joan Davies, « The Duke of Montmorency, Philipp II and the House of Savoy : a Neglected Aspect of the Sixteenth Century French Civil War », English Historical Revue, 1990, 105, p. 870-892. Mark Greengrass, « Henri IV et Elizabeth : les dettes d’une amitié », dans Henri IV) le roi et la reconstruction du Royaume. Actes du colloque, Pau-Nérac, Pau, Association Henri IV, 1990, p. 353-370. Richard Bruce Wernham, After the Armada. Elizabethan England and the Struggle for Western Europe, 1588-1595, Oxford, Clarendon Press, 1984.

    11 Agostino Borromeo, « Clément VIII, la diplomatie pontificale et la paix de Vervins », dans Jean-François Labourdette, Jean-Pierre Poussou, Marie-Catherine Vignal (dir.), Le Traité de Vervins, Paris, Presses de l’université Paris-Sorbonne, 2000, p. 323-344. José Javier Ruiz Ibáñez, « Le choix du roi. Les limites de l’intervention espagnole en France (1592-1598) », dans Claudine Vidal, Frédérique Pilleboue (dir.), La Paix de Vervins, Laon, Fédération des sociétés d’histoire et d’archéologie de l’Aisne, 1998, p. 138-158. Id., Esperanzas y fracasos de la política de Felipe II en Francia (1595-1598) : la historia entre la fe y las armas jomaleras, Murcie, Quaderna editorial, 2004. Valentin Vasquez de Prada, « Philippe II et la France. De Cateau-Cambrésis à Vervins », dans Jean-François Labourdette, Jean-Pierre Poussou, Marie-Catherine Vignal (dir.), Le traité de Vervins…, op. cit., p. 135-158. Id., Felipe II y Francia (1559-1598). Politica, Religion y Razon de Estado, Pampelune, Ed. Universidad de Navarra, 2004.

    12 Frédéric Duquenne, L’entreprise du duc d’Anjou aux Pays-Bas de 1580 à 1584. Les responsabilités d’un échec à partager, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 1998. Olivier Poncet, « Les cose di Francia et la diplomatie vénitienne à Rome (1589-1595). Les mobiles d’une médiation de paix », dans Paul Mironneau, Isabelle Pebay-Clottes (dir.), Paix des armes, paix des âmes. Actes du colloque international tenu au musée national du château de Pau et à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour, les 8, 9, 10 et 11 octobre 1998, Paris, Imprimerie nationale, 2000, p. 75-88.

    13 Serge Brunet, « De l’Espagnol dedans le ventre ! » Les catholiques du Sud-Ouest de la France face à la Réforme, Paris, Honoré Champion, 2007. Id., « Philippe II et la Ligue parisienne (1588) », Revue historique, 656, 2010, p. 795-844. Robert Descimon, José Javier Ruiz Ibáñez, Les ligueurs de l’exil. Le refuge catholique français après 1594, Seyssel, Champ Vallon, 2005. Bertrand Haan, L’amitié entre princes. Une alliance franco-espagnole au temps des guerres de Religion (1560-1570), Paris, Presses universitaires de France, 2010.

    14 Hervé Le Goff, La Ligue en Bretagne. Guerre civile et conflit international (1588-1598), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.

    15 Hugues Daussy, Les huguenots et le roi. Le combat politique de Philippe Duplessis Mornay, 1572-1600, Genève, Droz, 2002. Béatrice Nicollier, Hubert Languet (1518-1581). Un réseau politique international, de Melanchton à Guillaume d’Orange, Genève, Droz, 1995.

    16 David H. Nexon, The Struggle for Power in Early Modem Europe. Religions Conflict, Dynastic Empires and International Change, Princeton, Princeton University Press, 2009.

    17 Alessandrina Badiani, Breve notizie intorno alle relazioni politiche della Toscana colla città di Marsiglia al tempo di Femandino I de’Medici, granduca di Toscana, Prato, 1902. Gustave Lambert, Histoire des guerres de religion en Provence, 1530-1598, Nyons, Chantemerle, 1972 [1870], 2 vol. Maurice Wilkinson, The Last Phase of the League in Provence, Londres /New York, Longmans/Green, 1909.

    18 Italo Raulich, Storia di Carlo Emanuele I, duca di Savoia con documenti degli archivi italiani e stranieri, Milan, U. Hoepli, 1896-1902, 2 vol.

    19 Fernand Braudel, La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II, Paris, Armand Colin, 1990 [1947], 2 vol., t. 2, p. 494-495.

    20 Wolfgang Kaiser, Marseille au temps des troubles. Morphologie sociale et luttes de factions, 1559-1596, Paris, Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, 1992 [1991].

    21 Claudine Allag, Chrétienne d’Aguerre, comtesse de Sault, Paris, L’Harmattan, 1995. Bruno Bourjac, La république et son ombre. Les métamorphoses du politique à Arles entre la Ligue et la Fronde, thèse d’histoire dirigée par Jacques Guilhaumou, université d’Aix-Marseille I, 2010. Nadia Matringe, « Parvus in emmenso pelago spatiatur alumnus ». Vie de Niccolo Pesciolini, négociant-diplomate florentin, mémoire de maîtrise dirigé par Wolfgang Kaiser, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2006.

    22 Wolfgang Kaiser, « Ein europäisches Medienereignis. Die Belagerung und Einnahme von Marseille », dans Birgit Emich, Gabriela Signori (dir.), Kriegsbilder in Mittelalter und Früher Neuzeit, numéro spécial de Zeitschrift für historische Forschung, 42, 2008, p. 185-196.

    23 Stéphane Gal, Charles-Emmanuel de Savoie. La politique du précipice, Paris, Payot, 2012.

    24 Pour une mise en perspective des enjeux d’une approche « au jour le jour » des événements : Andreas Suter, « Histoire sociale et événements historiques, pour une nouvelle approche », Annales. Économies, sociétés, civilisations, 3, 1997, p. 543-567.

    25 Michel Dobry, Sociologie des crises politiques. La dynamique des mobilisations multisectorielles, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1986.

    26 Sur Thistoricité des notions servant à définir la situation de crise, voir par exemple : Reinhart Koselleck, « Critères historiques du concept de “révolution” des temps modernes », dans Reinhart Koselleck, Le futur passé. Contribution à la sémantique des temps historiques, Paris, Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, 1990, p. 60-83.

    27 Florence Buttay, Fortuna. Usages politiques d’une allégorie morale à la Renaissance, Paris, Presses de l’université Paris-Sorbonne, 2008. Voir aussi Denis Crouzet, Le haut coeur de Catherine de Médicis. Une raison politique au temps de la Saint-Barthélemy, Paris, Albin Michel, 2005, p. 220-221, qui définit l’action politique princière de la Renaissance comme un « champ de possibles », particulièrement en situation de crise.

    28 Stefano Andretta, L’arte de la prudenza. Teorie e prassi della diplomazia dell’Italia del XVI e XVII secolo, Rome, Biblink, 2006.

    29 Lucien Bély, L’art de la paix en Europe. Naissance de la diplomatie moderne, Paris, Presses universitaires de France, 2007. Jean-Michel Ribeira, Diplomatie et espionnage. Les ambassadeurs du roi de France auprès de Philippe II, du traité du Cateau-Cambrésis (1559) à la mort de Henri III (1589), Paris, Honoré Champion, 2007.

    30 Sur les liens entre prise de décision et processus cognitif : Cornel Zwierlein, Discorso und Lex Dei. Die Entstehung neuer Denkrahmen im 16. Jahrhundert und die Wahrnehmung der französischen Religionskriege in Italien und Deutschland, Göttingen, Vandenhoeck und Ruprecht, 2006.

    31 Louis Marin, Le récit est un piège, Paris, Éditions de Minuit, 1990 [1978], Rosario Villari, Elogio della dissimulazione. La lotta politica nel Seicento, Rome/Bari, Laterza, 1987.

    32 Xavier Le Person, « Practiques » et « practiqueurs ». La vie politique à la fin du règne de Henri III (1584-1589), Genève, Droz, 2002.

    33 Jean-François Chanet, Christian Windler (dir.), Les ressources des faibles. Neutralités, sauvegardes, accommodements en temps de guerre (XVle-XVllle siècles), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2009. Daniel Frigo, « Small States and Diplomacy : Mantua and Modena », dans Daniela Frigo (dir.), Politics and Diplomacy in Early Modern Italy (1450-1800). The Structure of Diplomatie Practice, Cambridge, Cambridge University Press, 2000, p. 49-94. Sara Veronelli, « Strategie politiche d’un piccolo Stato a fine Cinquecento : il ducato di Mantova fra Impero e Monarchia cattolica », dans Elena Brambilla, Giovanni Muto (dir.), La Lombardia spagnola. Nuovi indirizzi di ricerca, Milan, Unicolpoli, 1997, p. 389-404.

    Précédent Suivant
    Table des matières

    Cette publication numérique est issue d’un traitement automatique par reconnaissance optique de caractères.

    Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

    Voir plus de livres
    Noblesse seconde et pouvoir en Champagne aux XVIe et XVIIe siècles

    Noblesse seconde et pouvoir en Champagne aux XVIe et XVIIe siècles

    Laurent Bourquin

    1994

    Les Jacobins de l’Ouest

    Les Jacobins de l’Ouest

    Sociabilité révolutionnaire et formes de politisation dans le Maine et la Basse-Normandie (1789-1799)

    Christine Peyrard

    1996

    Une société provinciale face à son devenir : le Vendômois aux xviiie et xixe siècles

    Une société provinciale face à son devenir : le Vendômois aux xviiie et xixe siècles

    Jean Vassort

    1996

    Aux marges du royaume

    Aux marges du royaume

    Violence, justice et société en Picardie sous François Ier

    Isabelle Paresys

    1998

    Pays ou circonscriptions

    Pays ou circonscriptions

    Les collectivités territoriales de la France du Sud-Ouest sous l’Ancien Régime

    Anne Zink

    2000

    La permanence de l’extraordinaire

    La permanence de l’extraordinaire

    Fiscalité, pouvoirs et monde social en Allemagne aux xviie- xviiie siècles

    Rachel Renault

    2017

    Un désordre européen

    Un désordre européen

    La compétition internationale autour des « affaires de Provence » (1580-1598)

    Fabrice Micallef

    2014

    Entre croisades et révolutions

    Entre croisades et révolutions

    Princes, noblesses et nations au centre de l’Europe (xvie-xviiie siècles)

    Claude Michaud

    2010

    J.-J. Guyenot de Châteaubourg (1745-1824) ou le commerce des relations

    J.-J. Guyenot de Châteaubourg (1745-1824) ou le commerce des relations

    Anne Conchon

    2009

    François de Neufchâteau

    François de Neufchâteau

    Biographie intellectuelle

    Dominique Margairaz

    2005

    Clergés, communautés et famille des montagnes d’Europe

    Clergés, communautés et famille des montagnes d’Europe

    Serge Brunet et Nicole Lemaitre (dir.)

    2005

    La plume et le sabre

    La plume et le sabre

    Michel Biard, Annie Crépin et Bernard Gainot

    2002

    Voir plus de livres
    1 / 12
    Noblesse seconde et pouvoir en Champagne aux XVIe et XVIIe siècles

    Noblesse seconde et pouvoir en Champagne aux XVIe et XVIIe siècles

    Laurent Bourquin

    1994

    Les Jacobins de l’Ouest

    Les Jacobins de l’Ouest

    Sociabilité révolutionnaire et formes de politisation dans le Maine et la Basse-Normandie (1789-1799)

    Christine Peyrard

    1996

    Une société provinciale face à son devenir : le Vendômois aux xviiie et xixe siècles

    Une société provinciale face à son devenir : le Vendômois aux xviiie et xixe siècles

    Jean Vassort

    1996

    Aux marges du royaume

    Aux marges du royaume

    Violence, justice et société en Picardie sous François Ier

    Isabelle Paresys

    1998

    Pays ou circonscriptions

    Pays ou circonscriptions

    Les collectivités territoriales de la France du Sud-Ouest sous l’Ancien Régime

    Anne Zink

    2000

    La permanence de l’extraordinaire

    La permanence de l’extraordinaire

    Fiscalité, pouvoirs et monde social en Allemagne aux xviie- xviiie siècles

    Rachel Renault

    2017

    Un désordre européen

    Un désordre européen

    La compétition internationale autour des « affaires de Provence » (1580-1598)

    Fabrice Micallef

    2014

    Entre croisades et révolutions

    Entre croisades et révolutions

    Princes, noblesses et nations au centre de l’Europe (xvie-xviiie siècles)

    Claude Michaud

    2010

    J.-J. Guyenot de Châteaubourg (1745-1824) ou le commerce des relations

    J.-J. Guyenot de Châteaubourg (1745-1824) ou le commerce des relations

    Anne Conchon

    2009

    François de Neufchâteau

    François de Neufchâteau

    Biographie intellectuelle

    Dominique Margairaz

    2005

    Clergés, communautés et famille des montagnes d’Europe

    Clergés, communautés et famille des montagnes d’Europe

    Serge Brunet et Nicole Lemaitre (dir.)

    2005

    La plume et le sabre

    La plume et le sabre

    Michel Biard, Annie Crépin et Bernard Gainot

    2002

    Accès ouvert

    Accès ouvert freemium

    ePub

    PDF

    PDF du chapitre

    Suggérer l’acquisition à votre bibliothèque

    Acheter

    Édition imprimée

    Éditions de la Sorbonne
    • amazon.fr
    • leslibraires.fr
    • placedeslibraires.fr
    • lcdpu.fr
    ePub / PDF

    1 Du Perron à Henri IV, s. d., Rome, dans César de Ligny (éd.), Les ambassades et négociations de l’illustrissime cardinal Du Perron, Paris, A. Estienne, 1623, p. 33.

    2 Pour une définition politique de l’Europe moderne, voir Wolfgang Kaiser, « Quelle Europe ? », dans Wolfgang Kaiser (dir.), L’Europe en conflits. Les affrontements religieux et la genèse de l’Europe moderne, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2009, p. 11-17. Sur la notion de système européen, voir : Matthew Anderson, The Origins of the Modern European State System, 1494-1618, Londres/New York, Longman, 1998.

    3 Pour une synthèse récente, voir : Olivia Carpi, Les guerres de Religion (1559-1598). Un conflit franco-français, Paris, Ellipses, 2012.

    4 Cette liste ne prétend pas à l’exhaustivité : Gustave Baguenault de Puchesse, « La politique de Philippe II dans les affaires de la France », Revue des questions historiques, 25, 1879, p. 7-66. G.-B. Caringi, « Sixte-Quint et la Ligue », Revue du monde catholique, 17, 1867, p. 449-471 ; 18, 1867, p. 60-84 ; 19, 1867, p. 497-520 ; 20, 1867, p. 783-809. Louis Davillé, Les prétentions de Charles III, duc de Lorraine, à la couronne de France, Paris, F. Alcan, 1909. Alain Dufour, Les relations de Charles-Emmanuel Ier avec la Ligue, thèse de l’École des chartes, Paris, 1954. Henri de l’Epinois, La Ligue et les papes, Paris, V. Palmé, 1886. Félix Rocquain, La France et Rome pendant les guerres de Religion, Paris, E. Champion, 1924.

    5 De Lamar Jensen, Diplomacy and Dogmatism. Bernardino de Mendoza and the French Catholic League, Cambridge, Harvard University Press, 1964.

    6 Voir le compte rendu peu flatteur qu’en fit A. A. Lozinski, « La Ligue et la diplomatie espagnole », Annales. Économies, société, civilisations, 1, 1968, p. 173-177.

    7 Bernard Vogler, « Le rôle des Électeurs palatins dans les guerres de Religion en France (1559-1592) », Cahiers d’histoire, 1965, p. 51-85.

    8 Henri Drouot, Mayenne et la Bourgogne, Dijon, Bernignaud et Privat, 1937, 2 vol.

    9 Cette liste n’est pas exhaustive. Elie Barnavi, Le parti de Dieu, étude sociale et politique des chefs de la Ligue parisienne, 1585-1594, Bruxelles, Nauwelaerts, 1980. Frédéric J. Baumgartner, Radical Reactionnaries : The Political Thought of the French Catholic League, Genève, Droz, 1976. Laurent Bourquin, Les nobles, la ville et le roi. Eautorité nobiliaire en Anjou pendant les guerres de Religion, Paris, Belin, 2001. Olivia Carpi, Une république imaginaire. Amiens pendant les troubles de religion, 1559-1597, Paris, Belin, 2005. Michel Cassan, Le temps des guerres de Religion. Le cas du Limousin (vers 1530- 1630), Paris, Publisud, 1996. Denis Crouzet, Les guerriers de Dieu. La violence au temps des troubles de religion, vers 1525-vers 1610, Seyssel, Champ Vallon, 1990, 2 vol. Robert Descimon, Qui étaient les Seize ? Mythes et réalités de la Ligue parisienne, 1585-1594, Paris, Fédération des sociétés historiques et archéologiques de Paris et de l’Île-de-France, 1983. Mark Konnert, Civic Agendas and Religions Passion. Châlons-sur-Marne during the French Wars of Religion, 1560-1594, Kirksville, Sixteenth Century Essays and Studies, 1997.

    10 Joan Davies, « The Duke of Montmorency, Philipp II and the House of Savoy : a Neglected Aspect of the Sixteenth Century French Civil War », English Historical Revue, 1990, 105, p. 870-892. Mark Greengrass, « Henri IV et Elizabeth : les dettes d’une amitié », dans Henri IV) le roi et la reconstruction du Royaume. Actes du colloque, Pau-Nérac, Pau, Association Henri IV, 1990, p. 353-370. Richard Bruce Wernham, After the Armada. Elizabethan England and the Struggle for Western Europe, 1588-1595, Oxford, Clarendon Press, 1984.

    11 Agostino Borromeo, « Clément VIII, la diplomatie pontificale et la paix de Vervins », dans Jean-François Labourdette, Jean-Pierre Poussou, Marie-Catherine Vignal (dir.), Le Traité de Vervins, Paris, Presses de l’université Paris-Sorbonne, 2000, p. 323-344. José Javier Ruiz Ibáñez, « Le choix du roi. Les limites de l’intervention espagnole en France (1592-1598) », dans Claudine Vidal, Frédérique Pilleboue (dir.), La Paix de Vervins, Laon, Fédération des sociétés d’histoire et d’archéologie de l’Aisne, 1998, p. 138-158. Id., Esperanzas y fracasos de la política de Felipe II en Francia (1595-1598) : la historia entre la fe y las armas jomaleras, Murcie, Quaderna editorial, 2004. Valentin Vasquez de Prada, « Philippe II et la France. De Cateau-Cambrésis à Vervins », dans Jean-François Labourdette, Jean-Pierre Poussou, Marie-Catherine Vignal (dir.), Le traité de Vervins…, op. cit., p. 135-158. Id., Felipe II y Francia (1559-1598). Politica, Religion y Razon de Estado, Pampelune, Ed. Universidad de Navarra, 2004.

    12 Frédéric Duquenne, L’entreprise du duc d’Anjou aux Pays-Bas de 1580 à 1584. Les responsabilités d’un échec à partager, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 1998. Olivier Poncet, « Les cose di Francia et la diplomatie vénitienne à Rome (1589-1595). Les mobiles d’une médiation de paix », dans Paul Mironneau, Isabelle Pebay-Clottes (dir.), Paix des armes, paix des âmes. Actes du colloque international tenu au musée national du château de Pau et à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour, les 8, 9, 10 et 11 octobre 1998, Paris, Imprimerie nationale, 2000, p. 75-88.

    13 Serge Brunet, « De l’Espagnol dedans le ventre ! » Les catholiques du Sud-Ouest de la France face à la Réforme, Paris, Honoré Champion, 2007. Id., « Philippe II et la Ligue parisienne (1588) », Revue historique, 656, 2010, p. 795-844. Robert Descimon, José Javier Ruiz Ibáñez, Les ligueurs de l’exil. Le refuge catholique français après 1594, Seyssel, Champ Vallon, 2005. Bertrand Haan, L’amitié entre princes. Une alliance franco-espagnole au temps des guerres de Religion (1560-1570), Paris, Presses universitaires de France, 2010.

    14 Hervé Le Goff, La Ligue en Bretagne. Guerre civile et conflit international (1588-1598), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.

    15 Hugues Daussy, Les huguenots et le roi. Le combat politique de Philippe Duplessis Mornay, 1572-1600, Genève, Droz, 2002. Béatrice Nicollier, Hubert Languet (1518-1581). Un réseau politique international, de Melanchton à Guillaume d’Orange, Genève, Droz, 1995.

    16 David H. Nexon, The Struggle for Power in Early Modem Europe. Religions Conflict, Dynastic Empires and International Change, Princeton, Princeton University Press, 2009.

    17 Alessandrina Badiani, Breve notizie intorno alle relazioni politiche della Toscana colla città di Marsiglia al tempo di Femandino I de’Medici, granduca di Toscana, Prato, 1902. Gustave Lambert, Histoire des guerres de religion en Provence, 1530-1598, Nyons, Chantemerle, 1972 [1870], 2 vol. Maurice Wilkinson, The Last Phase of the League in Provence, Londres /New York, Longmans/Green, 1909.

    18 Italo Raulich, Storia di Carlo Emanuele I, duca di Savoia con documenti degli archivi italiani e stranieri, Milan, U. Hoepli, 1896-1902, 2 vol.

    19 Fernand Braudel, La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II, Paris, Armand Colin, 1990 [1947], 2 vol., t. 2, p. 494-495.

    20 Wolfgang Kaiser, Marseille au temps des troubles. Morphologie sociale et luttes de factions, 1559-1596, Paris, Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, 1992 [1991].

    21 Claudine Allag, Chrétienne d’Aguerre, comtesse de Sault, Paris, L’Harmattan, 1995. Bruno Bourjac, La république et son ombre. Les métamorphoses du politique à Arles entre la Ligue et la Fronde, thèse d’histoire dirigée par Jacques Guilhaumou, université d’Aix-Marseille I, 2010. Nadia Matringe, « Parvus in emmenso pelago spatiatur alumnus ». Vie de Niccolo Pesciolini, négociant-diplomate florentin, mémoire de maîtrise dirigé par Wolfgang Kaiser, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2006.

    22 Wolfgang Kaiser, « Ein europäisches Medienereignis. Die Belagerung und Einnahme von Marseille », dans Birgit Emich, Gabriela Signori (dir.), Kriegsbilder in Mittelalter und Früher Neuzeit, numéro spécial de Zeitschrift für historische Forschung, 42, 2008, p. 185-196.

    23 Stéphane Gal, Charles-Emmanuel de Savoie. La politique du précipice, Paris, Payot, 2012.

    24 Pour une mise en perspective des enjeux d’une approche « au jour le jour » des événements : Andreas Suter, « Histoire sociale et événements historiques, pour une nouvelle approche », Annales. Économies, sociétés, civilisations, 3, 1997, p. 543-567.

    25 Michel Dobry, Sociologie des crises politiques. La dynamique des mobilisations multisectorielles, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1986.

    26 Sur Thistoricité des notions servant à définir la situation de crise, voir par exemple : Reinhart Koselleck, « Critères historiques du concept de “révolution” des temps modernes », dans Reinhart Koselleck, Le futur passé. Contribution à la sémantique des temps historiques, Paris, Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, 1990, p. 60-83.

    27 Florence Buttay, Fortuna. Usages politiques d’une allégorie morale à la Renaissance, Paris, Presses de l’université Paris-Sorbonne, 2008. Voir aussi Denis Crouzet, Le haut coeur de Catherine de Médicis. Une raison politique au temps de la Saint-Barthélemy, Paris, Albin Michel, 2005, p. 220-221, qui définit l’action politique princière de la Renaissance comme un « champ de possibles », particulièrement en situation de crise.

    28 Stefano Andretta, L’arte de la prudenza. Teorie e prassi della diplomazia dell’Italia del XVI e XVII secolo, Rome, Biblink, 2006.

    29 Lucien Bély, L’art de la paix en Europe. Naissance de la diplomatie moderne, Paris, Presses universitaires de France, 2007. Jean-Michel Ribeira, Diplomatie et espionnage. Les ambassadeurs du roi de France auprès de Philippe II, du traité du Cateau-Cambrésis (1559) à la mort de Henri III (1589), Paris, Honoré Champion, 2007.

    30 Sur les liens entre prise de décision et processus cognitif : Cornel Zwierlein, Discorso und Lex Dei. Die Entstehung neuer Denkrahmen im 16. Jahrhundert und die Wahrnehmung der französischen Religionskriege in Italien und Deutschland, Göttingen, Vandenhoeck und Ruprecht, 2006.

    31 Louis Marin, Le récit est un piège, Paris, Éditions de Minuit, 1990 [1978], Rosario Villari, Elogio della dissimulazione. La lotta politica nel Seicento, Rome/Bari, Laterza, 1987.

    32 Xavier Le Person, « Practiques » et « practiqueurs ». La vie politique à la fin du règne de Henri III (1584-1589), Genève, Droz, 2002.

    33 Jean-François Chanet, Christian Windler (dir.), Les ressources des faibles. Neutralités, sauvegardes, accommodements en temps de guerre (XVle-XVllle siècles), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2009. Daniel Frigo, « Small States and Diplomacy : Mantua and Modena », dans Daniela Frigo (dir.), Politics and Diplomacy in Early Modern Italy (1450-1800). The Structure of Diplomatie Practice, Cambridge, Cambridge University Press, 2000, p. 49-94. Sara Veronelli, « Strategie politiche d’un piccolo Stato a fine Cinquecento : il ducato di Mantova fra Impero e Monarchia cattolica », dans Elena Brambilla, Giovanni Muto (dir.), La Lombardia spagnola. Nuovi indirizzi di ricerca, Milan, Unicolpoli, 1997, p. 389-404.

    Un désordre européen

    X Facebook Email

    Un désordre européen

    Ce livre est cité par

    • ESTEBAN ESTRÍNGANA, Alicia. (2019) «Dar ley a los otros» y emanciparse de ella: balance de hegemonía en las dos guerras de Flandes (1635-1646). Studia Historica: Historia Moderna, 41. DOI: 10.14201/shhmo201941165116
    • Maffi, Davide. (2021) El Escudo de Italia. El ejército de Lombardía, clave del poder español en la península italiana (1560-1700). Ohm : Obradoiro de Historia Moderna. DOI: 10.15304/ohm.30.7420
    • Maret, Auderic. (2022) Le règlement de Cossa à Marseille (1475-1492). Mélanges de l'École française de Rome. Moyen Âge. DOI: 10.4000/mefrm.10563

    Un désordre européen

    Ce livre est diffusé en accès ouvert freemium. L’accès à la lecture en ligne est disponible. L’accès aux versions PDF et ePub est réservé aux bibliothèques l’ayant acquis. Vous pouvez vous connecter à votre bibliothèque à l’adresse suivante : https://freemium.openedition.org/oebooks

    Suggérer l’acquisition à votre bibliothèque Acheter ce livre aux formats PDF et ePub

    Si vous avez des questions, vous pouvez nous écrire à access[at]openedition.org

    Un désordre européen

    Vérifiez si votre bibliothèque a déjà acquis ce livre : authentifiez-vous à OpenEdition Freemium for Books.

    Vous pouvez suggérer à votre bibliothèque d’acquérir un ou plusieurs livres publiés sur OpenEdition Books. N’hésitez pas à lui indiquer nos coordonnées : access[at]openedition.org

    Vous pouvez également nous indiquer, à l’aide du formulaire suivant, les coordonnées de votre bibliothèque afin que nous la contactions pour lui suggérer l’achat de ce livre. Les champs suivis de (*) sont obligatoires.

    Veuillez, s’il vous plaît, remplir tous les champs.

    La syntaxe de l’email est incorrecte.

    Référence numérique du chapitre

    Format

    Micallef, F. (2014). Introduction. In Un désordre européen (1‑). Éditions de la Sorbonne. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.63367
    Micallef, Fabrice. «  Introduction ». In Un désordre européen. Paris: Éditions de la Sorbonne, 2014. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.63367.
    Micallef, Fabrice. «  Introduction ». Un désordre européen, Éditions de la Sorbonne, 2014, https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.63367.

    Référence numérique du livre

    Format

    Micallef, F. (2014). Un désordre européen (1‑). Éditions de la Sorbonne. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.63327
    Micallef, Fabrice. Un désordre européen. Paris: Éditions de la Sorbonne, 2014. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.63327.
    Micallef, Fabrice. Un désordre européen. Éditions de la Sorbonne, 2014, https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.63327.
    Compatible avec Zotero Zotero

    1 / 3

    Éditions de la Sorbonne

    Éditions de la Sorbonne

    • Mentions légales
    • Plan du site
    • Se connecter

    Suivez-nous

    • Facebook
    • X
    • Flux RSS

    URL : http://editionsdelasorbonne.fr/

    Email : edsorb@univ-paris1.fr

    Adresse :

    212, rue Saint-Jacques

    75005

    Paris

    France

    OpenEdition
    • Candidater à OpenEdition Books
    • Connaître le programme OpenEdition Freemium
    • Commander des livres
    • S’abonner à la lettre d’OpenEdition
    • CGU d’OpenEdition Books
    • Accessibilité : partiellement conforme
    • Données personnelles
    • Gestion des cookies
    • Système de signalement