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Militaires en République, 1870-1962

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Olivier Forcade
, 
Éric Duhamel
, 
Philippe Vial

1. Les responsabilités ministérielles : études biographiques croisées

Un grand commis de la République : Le général de Cissey (1810-1882), réorganisateur de l’armée française

Georges Gugliotta

Texte intégral

1Ernest, Louis, Octave Courtot de Cissey est né le 23 décembre 1810 à Paris. Fils et petit-fils d’officiers de dragons de l’armée royale, son père qui avait émigré en Suisse – ce qui n’est pas commun – afin de surveiller sa propriété familiale en Bourgogne, n’a dû qu’à son puissant cousin, Louis Davout, maréchal d’Empire de pouvoir rentrer en France en 1801 et d’être rayé de la liste des émigrés. Ruiné par la Révolution, il n’a encore dû son salut qu’à Louis Davout qui lui obtient la concession de la manufacture de tabac de Besançon, poste qu’il conservera jusqu’en 1815, avant que sa femme ne lui succède jusqu’en 1830.

2C’est donc dans une famille avide de revanche sociale que grandit Cissey qui va utiliser l’appui ô combien efficace et puissant de sa tante, la maréchale Davout, pour parvenir à son but. Brillant officier issu du corps d’état-major, ce qui le promet à un grand avenir, il n’aura de cesse de se faire affecter auprès d’états-majors divers, surtout en Algérie et se liera d’amitié avec Pélissier, le futur vainqueur de Sébastopol, qui deviendra même son témoin de mariage, ce qui n’est pas neutre.

3Marié en 1846 à la fille de l’amiral Rigodit, commandant la marine à Alger, doté d’une très grande fortune, c’est un homme jeune, aisé et nouant de nombreuses amitiés qui devient en 1859 directeur des affaires militaires au bref ministère de l’Algérie dont Chasseloup-Laubat a la responsabilité jusqu’en 1860.

4Si l’officier général qui commande la 1re division d’infanterie du IVe corps d’armée (Ladmirault) en 1870 est un homme aux relations multiples, c’est aussi, et c’est là la grande exception parmi les officiers du corps d’état-major d’alors, un homme ayant parfaitement compris l’art et la manière de conduire des grandes unités au moment d’un conflit. Son action exemplaire à Rezonville lui vaut de conquérir le seul drapeau allemand pris par les troupes impériales et de culbuter ses opposants lors des trois batailles des 14, 16 et 18 août 1870 autour de Metz, notamment à Saint-Privat où il détruit une partie de la garde prussienne par l’intelligence de ses feux et par une utilisation avisée de ses troupes qu’il utilise au bon moment en devinant la manœuvre qu’il eût fallu pour faire de Saint-Privat une victoire indiscutable.

5Prisonnier à Hambourg avec de nombreux officiers généraux et particulièrement surveillé, il devient naturellement le ministre de la Guerre de Thiers en juin 1871, après avoir commandé le IIe corps d’armée qui prit la part la plus active dans la répression de la Commune. Thiers qui l’a repéré, entend utiliser le meilleur des officiers généraux ayant démontré ses capacités à organiser et conduire de grandes unités pour rebâtir l’armée française, sans faire ombrage à Thiers. C’est cet orléaniste modéré, rallié de fait à la République conservatrice de Thiers qui va rester ministre de la Guerre, quasiment sans interruption jusqu’en août 1876.

6Cette présentation faite, il convient de tenter de dégager l’action de l’homme dans les domaines qui l’ont concerné : militaire, politique, scientifique et technique.

7Le militaire : Cissey n’est pas n’importe quel ministre de la Guerre. C’est avant tout un ministre technicien jouissant d’une excellente réputation d’organisateur et bénéficiant du prestige de l’officier général qui avait culbuté l’adversaire allemand et qui avait eu la part principale dans la répression de la Commune. C’est donc un homme respecté, faisant autorité auprès de ses collègues du gouvernement, mais aussi de ses subordonnés.

8Avoir à reconstruire une armée qui se croyait invincible et qui a dû subir le joug des fourches germaniques avant d’avoir à tirer sur Paris insurgé est un pari qui relève pour certains de l’impossible. C’est ce que Cissey va réussir sans tapage, par son travail, sa volonté et par son tissu de relations presque toutes issues de l’armée d’Afrique.

9Sa première action dans le domaine militaire est de redonner un moral à l’armée française et de lui rendre son espérance. Ainsi, en réponse à l’entrée des troupes allemandes victorieuses à Berlin, il organise, le 29 juin 1871, sur l’hippodrome de Longchamp une grande revue militaire rassemblant 120 000 hommes qui connaît un grand succès et resserre étroitement les liens unissant la nation à son armée. Puis, il n’a de cesse de récompenser les mérites de ses subordonnés par une grande promotion de Légion d’Honneur et de médailles militaires dont le chiffre exact est difficile à établir avec certitude (plus de deux mille). De même, il contribue à créer un « sanctuaire des armes » dès février 1872, qu’il installe dans l’Hôtel des Invalides, préfigurant le musée de l’armée qui fut crée officiellement le 31 octobre 1896.

10Comprenant que le respect des traditions a été l’une des origines de la force de l’armée allemande, il encourage dès juin 1872, la rédaction d’historiques régimentaires, ce qui est un fait absolument nouveau. C’est aussi une manière de renforcer l’attachement de l’armée française pour le drapeau tricolore, puisque les régiments retrouveront leurs origines dans les anciennes bandes de la monarchie tout en y incluant les demi-brigades de l’an II.

11S’il aide l’armée à retrouver un moral, il rétablit coûte que coûte la discipline. Tenue impeccable, casernes propres et ordonnées sont les premières mesures. Bientôt suivies par une série de mesures strictes : mise à l’écart du prince Jérôme Bonaparte, rayé des contrôles de l’armée le 8 octobre 1871, punition de soixante jours d’arrêts de rigueur à cinq officiers coupables d’avoir assisté à un banquet républicain en tenue, le 26 septembre 1872. Envoi dans un bataillon d’Afrique de trois sous-officiers qui ont fait signer une adresse à l’Impératrice Eugénie, à l’occasion de sa fête…

12Enfin, il décide de remettre de l’ordre dans les grades accordés par le gouvernement de la Défense nationale, en créant avec le concours de l’Assemblée nationale une commission de révision des grades présidée par son vieil ami Changarnier. Choix très prudent d’un homme à la légendaire vanité qui ne peut souffrir les officiers ayant gravi les échelons de la hiérarchie très rapidement, lui qui n’a jamais pu obtenir le bâton de maréchal... Cette action est menée à terme sans faiblir, jusqu’au 30 mars 1872, date de son terme. Les décisions sont sans appel et Cissey les fait appliquer sans faiblesse.

13Enfin, son autorité se manifeste en conduisant avec adresse et, il faut le dire, avec une certaine modération, le jugement des détenus de la Commune, puisque sur 46 835 individus poursuivis, seulement 28 % font l’objet d’une condamnation. S’il juge les détenus de la Commune, Cissey n’hésite pas à résoudre le cas Bazaine qui, après avoir subi le blâme d’une commission d’enquête est finalement – à sa demande – traduit devant un conseil de guerre présidé par le duc d’Aumale qui le condamnera à mort, peine commuée en détention à perpétuité.

14Vouloir recréer une armée implique de réfléchir à son moral mais aussi de réformer son organisation. S’opposant avec adresse et modération à Thiers qui souhaite toujours une armée de métier et le maintien du remplacement, Cissey obtient le vote par l’Assemblée d’une loi de recrutement portant à cinq ans la durée du service militaire, ce qui ménage et satisfait Thiers et permet au ministre de la Guerre de rester maître du jeu.

15La loi fondamentale adoptée, Cissey fait voter des crédits d’une importance telle que les projets de réorganisation militaire ne connaissent pendant de longues années, aucune difficulté matérielle. S’il obtient d’importants crédits, Cissey ne les dilapide pas pour autant en rééquipant les forces de la France. Pragmatique, il décide de supprimer les régiments de lanciers qui ne sont plus d’aucune utilité, pour les transformer en dragons, chasseurs et hussards. Quant à l’habillement, il le veut simple et affecte la même veste aux hussards, chasseurs et chasseurs d’Afrique.

16La loi sur le recrutement qui occupe les milieux parlementaires durant les premiers mois de 1872 conditionne Cissey à se préparer aux problèmes d’organisation de l’armée et de fortification des frontières qui s’annoncent. Désireux de les résoudre en réfléchissant avant tout en termes de Défense nationale, il songe à instaurer deux organismes assez proches l’un de l’autre, mais dont la finalité est différente. Ainsi, le 27 juillet 1872, il décide la création d’un Conseil Supérieur de la Guerre chargé d’examiner les mesures d’ensemble relatives à l’armée, sous les différents points de vue du personnel et du matériel et spécialement de l’armement des troupes, des ouvrages de défense, de l’administration militaire et des marchés. Le 30 juillet 1872, c’est au tour d’une commission de défense, plus généralement chargée de réfléchir aux problèmes de l’organisation de la défense et des fortifications de la France.

17Ces organismes créés, Cissey fait adopter le principe de ce qu’aurait dû être l’organisation militaire de la France, à savoir, douze corps d’armée à trois divisions, ayant quatre régiments chacune. Ce n’est que le 24 juillet 1873, alors que Cissey aura momentanément cessé d’être ministre de la Guerre que du Barail fera adopter la loi d’organisation générale de l’armée qui, à l’instigation de Mac Mahon, sera la copie conforme de l’organisation générale allemande, à savoir dix-neuf corps d’armée à deux divisions. Cissey, redevenu ministre de la Guerre dès 1874, se fait une raison de cette loi qu’il désire compléter par la dernière des lois militaires fondamentales : une loi relative à la constitution des cadres de l’armée active et de l’armée territoriale qui fixera définitivement le nombre des unités des armes et des services, ainsi que le détail des effectifs des corps de troupe des divers types.

18Le 13 mars 1875, contre vents et marées et malgré de très nombreuses obstructions parlementaires, il réussit à faire adopter la loi sur les cadres de l’armée qui donne 622 bataillons à une armée qui est désormais bien structurée.

19Comme il s’agit maintenant de penser aux opérations futures et ne plus se contenter de dispositions défensives, il fait adopter dès 1875 le plan I qui est strictement en corrélation avec les voies ferrées existantes qui ont connu en quatre ans une spectaculaire amélioration. Qui dit plan de mobilisation amène tout naturellement à s’intéresser aux réserves dont Cissey pressent qu’elles seront indispensables. Dès le 17 juillet 1875, il écrit aux commandants de corps d’armée qu’il compte convoquer des réservistes dès l’automne et réaliser les premiers appels de l’armée territoriale dès avril 1876. En fait, ce ne sera qu’en 1878 qu’un régiment d’infanterie, un escadron de cavalerie, une batterie à pied d’artillerie, ainsi qu’une batterie montée et une compagnie de train seront mis sur pied.

20Enfin, il ne peut être évoqué l’œuvre de Cissey sans citer son action en vue de la rénovation du service d’état-major dont il est issu, mais qui a laissé éclater ses faiblesses au cours du dernier conflit. Pressentant la future victoire des républicains gambettistes aux élections de février 1876, Cissey présente à Mac Mahon le 19 février 1876, un décret publié, dès le lendemain, soit le même jour que les élections, au Journal officiel qui crée des cours spéciaux militaires destinés à préparer des officiers de toutes armes au service d’état-major, prélude à la future école supérieure de Guerre. Par cette décision énergique, Cissey a plus fait pour faire avancer le problème que toutes les commissions de réorganisation de l’armée et autres initiatives parlementaires et projets divers réunis. Le 14 mars 1876, les épreuves d’admission sont terminées et soixante-douze officiers sur deux cent quatre-vingt-six, sont finalement admis, qui vont constituer la première promotion des cours spéciaux. C’est le général Gandil, ami de Cissey et ancien officier proche du général Yussuf, qui est désigné par Cissey comme commandant de l’École d’application d’état-major et responsable des nouveaux cours spéciaux militaires. Si les cours débutent le 1er avril, c’est le 15 mai 1876 que Cissey les installe aux Invalides et décide, le même jour que l’École d’application d’état-major cessera de recruter à compter du 1er janvier 1878. S’il s’agit là d’une œuvre militaire pure, force est de constater que la réflexion l’a guidé tout au long de son action et que le militaire ne s’est jamais départi d’une orientation scientifique assez novatrice.

21Le scientifique : Dès sa prise de fonction, Cissey s’intéresse à la publication de revues qui sortent de l’ordinaire et qui incitent les officiers à la lecture et à la réflexion, à savoir : La Revue d’Artillerie. La réunion des officiers, le Bulletin Militaire de l’étranger qui se transforme peu après en Revue Militaire de l’étranger. Ces publications ne sont pas innocentes. Il s’agit avant tout de connaître le potentiel de l’ennemi éventuel. En clair, l’Allemagne. Dans une circulaire qu’il adresse le 10 juin 1872, aux commandants de corps d’armée, Cissey n’hésite pas à écrire : « Pour la sauvegarde et l’honneur du pays, elle a tout particulièrement le devoir de bien connaître d’avance le fort et le faible de l’ennemi quel qu’il soit, qu’elle [l’armée] peut avoir, à l’improviste, à combattre ». En juin 1871, Cissey a créé le service des statistiques militaires et d’étude des armées étrangères, placé sous les ordres du colonel Saget, mais surtout il s’est attaché la collaboration du commandant Joseph Vanson, officier hors de pair qui va prendre la tête de la Revue Militaire de l’étranger et marquer durant près de dix ans de son emprise l’action de renseignement de l’armée française.

22Grâce à un officier remarquable, Verchère de Reffye, Cissey dispose d’un penseur et d’un réalisateur d’un nouveau système d’artillerie. Dès 1872, l’armée française dispose de pièces de 5 et de 7 se chargeant par la culasse. Dès février 1873, Cissey pousse à la réalisation d’une pièce d’un calibre de 95 mm, due au commandant Lahitolle, comme canon de réserve. Enfin, devinant que l’industrie privée a une capacité de production que les arsenaux ne connaîtront jamais, Cissey décide de faire appel aux industriels et c’est finalement un industriel du Creusot, M. Holtzer, qui est retenu pour réaliser les nouvelles pièces d’artillerie de l’armée française à un rythme élevé de production. Enfin, Cissey lance l’étude de pièces de 120 mm et 155 mm qui sont des canons d’un calibre totalement nouveau destinés à donner à l’armée française une puissance de feu inconnue jusqu’alors.

23On le voit, le personnage est divers. S’il s’est imposé dans le domaine militaire par ses connaissances et son aptitude à l’organisation, il a fait preuve de curiosité scientifique dans les domaines de la connaissance des armées adverses et de la recherche du renseignement aussi de l’artillerie de demain, qui sera probablement la future clé des succès de demain, comme l’artillerie allemande l’a été dans le dernier conflit. Mais si curiosité et aptitude scientifique il y a eu, force est de reconnaître que les domaines étaient assez proches en la matière. Le militaire utilisait le progrès scientifique pour améliorer l’outil militaire. Rien que de plus normal. Il n’en n’est pas de même dans le domaine politique où à la grande surprise de certains, le militaire, parfaitement rodé aux tâches d’organisation et aux travaux d’état-major, va se révéler un politique avisé, qui va se conduire avec patriotisme et honnêteté.

24Le politique : nommé ministre de la Guerre par Thiers dès juin 1871, Cissey conduit sa tâche avec opiniâtreté jusqu’au renversement de Thiers en 1873. Laissant sa place à du Barrail, il trouve celle-ci, un an plus tard, le 22 mai 1874, très exactement, assortie de la double fonction de vice-président du Conseil. Un général, ministre de la Guerre, à la tête du gouvernement de la France, voilà qui est une première sous la République naissante. Et pourtant, même si son passage a été court dans ces fonctions et même si le souvenir en est oublié, quelle importance revêt cette nomination...

25Mac Mahon, très hésitant quant à la coloration de l’homme politique devant succéder à Broglie, afin de préparer la constitution de la Troisième République, constitution qu’il ne veut pas se voir imposer comme lui étant fondamentalement hostile, choisit Cissey pour être placé à la tête d’un cabinet dit « d’affaire » qui va, en fait, être aussi discret qu’efficace. Dans un strict esprit de neutralité politique, il va se jouer des pièges politiques et laissera adopter, tout en défendant Mac Mahon les textes constitutionnels fondant le Sénat et le pouvoir exécutif. Comme le dira avec une superbe envolée, Cissey, trois jours plus tard, aux conservateurs qui lui feront reproche d’avoir laissé adopter des textes au caractère irréversible : « On a parlé de défaillances dans les hautes régions du pouvoir. Je proteste avec indignation contre ce mot de défaillance. Il n’y a pas eu défaillance, il y a eu patriotisme, abnégation et dévouement à la France. »

26Prouvant une fois de plus que l’armée est fidèle au régime politique de la France, que le souvenir de Metz est bien lointain et que Bazaine n’a été qu’un accident de l’ Histoire et qu’une pâle évocation des traditions de l’armée française, il adresse, redevenu simple ministre de la Guerre, après avoir remis sa démission de vice-président du Conseil, le 10 mars 1875, aux commandants de corps d’armée une circulaire à caractère comminatoire qui fonde en fait l’obéissance de l’armée française à la Troisième République : « Les lois réglant l’organisation des pouvoirs publics en France viennent d’être promulgués, vous le savez ; il faut donc que, dès maintenant, tous dans le pays s’y soumettent et y conforment leur conduite... Comme ministre de la Guerre, j’ai pour mission de veiller à ce que, dans l’armée, on se conforme très exactement à cette règle de conduite. »

27Poursuivant dans le domaine politique, Cissey fait voter par l’Assemblée, le 10 novembre 1875 le principe de l’inéligibilité des officiers, sans se l’appliquer à lui-même, puisque le 17 décembre 1875, il est élu sénateur inamovible.

28Mais le plus fort de son action politique se situe de mars à juin 1875, pendant ce que l’on appelle « l’alerte de 1875 » où il seconde avec lucidité et sang froid Mac Mahon face à l’Allemagne de Bismarck et pousse alors l’effort d’armement avec insistance en faisant racheter habilement les mitrailleuses prises à Metz, par un intermédiaire et grâce à la complicité de pays européens comme le Danemark et l’Autriche qui sont inquiets de la puissance du nouveau Reich. C’est ainsi que l’Autriche vend un nombre important de chevaux à la France et accepte de fabriquer dans une usine de Metz entre 1875 et 1876, plus de 70 000 baïonnettes, plus de 70 000 mécanismes du nouveau fusil Gras, tandis que le Danemark rachète 100 000 Chassepot à l’Allemagne pour les revendre à la France. En fait ce seront 123 mitrailleuses qui seront rachetées par la France qui les utilisera pour défendre les nouveaux forts.

  • 1 Pour de plus amples renseignements sur Courtot de Cissey, consulter la thèse d’État, Georges Guglio (...)

29On le voit, l’action politique est plus que présente chez ce militaire que rien ne semblait prédestiner à un tel destin. Etre le seul officier général à l’emporter sur l’Allemand dans les armées impériales n’était pas rien. Etre le ministre de la Guerre de Thiers pour panser les plaies de la France après 1870-1871, n’était pas rien non plus. Penser la défense de la France en termes novateurs peut paraître très étonnant à l’époque surtout pour un homme de tradition comme Cissey. Mais ne pas hésiter à jouer la carte du progrès scientifique et du modernisme industriel, puis à diriger le gouvernement de la France, sans bruit, en faisant adopter les textes constitutionnels de la plus longue des républiques, voilà quelque chose de tout à fait insolite dans l’histoire de la France et une démonstration que l’action est avant tout l’affaire de l’homme qui implique sa marque aux grands événements. Événements qui ne peuvent se résoudre à un aspect parcellaire des choses. Le militaire se mélange quelque fois au politique ou au scientifique ; c’est le cas de Courtot de Cissey qui a bien servi la France, en justifiant les vers de Faust : « Au début était le verbe. Non, au début était l’action1. »

Notes

1 Pour de plus amples renseignements sur Courtot de Cissey, consulter la thèse d’État, Georges Gugliotta, Un officier d’état-major : le général Courtot de Cissey, réorganisateur de l’armée française (1810-1882), Montpellier-III, 1987, 1 109 pages.

Auteur

Docteur ès lettres et directeur de recherches à l’université Paul-Valéry-Montpellier-III (E.S.I.D.). Ancien auditeur de l’Institut des Hautes Études de la Défense nationale. Auteur de plusieurs travaux, notamment Un officier du corps d’état-major : le général de Cissey 1810-1882, thèse d’État. En préparation, Le maréchal Niel ou la défaite inévitable.

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