Avant-propos
p. 19-20
Texte intégral
1Pour la Belgique « industrialisée à outrance1 » et très densément peuplée, le commerce extérieur constitue une activité d’intérêt vital, au point que l’on a pu dire que jusqu’au début du xxe siècle, la politique extérieure de la Belgique avait pour principale préoccupation « la négociation de traités de commerce et la recherche de débouchés2 ». Il peut donc paraître judicieux de commencer l’étude des relations économiques par une analyse approfondie des questions douanières et commerciales. Comment la Belgique, restée relativement libre-échangiste, parvient-elle à défendre ses intérêts face à ses grands voisins revenus au protectionnisme depuis 1879-1881 ? Est-elle tentée d’exploiter la rivalité entre les deux pays pour mieux tirer son épingle du jeu ? A une époque où la concurrence internationale se durcit, quelle place la France et l’Allemagne occupent-elles sur le marché belge ? Alors qu’Anvers devient le premier port européen à la veille de la guerre, quel est le rôle des deux voisins dans le transit et dans l’ensemble des activités qui font la prospérité de la grande métropole ?
2L’expansion belge passe aussi par la création, au-delà de ses frontières, d’entreprises diverses, de sociétés industrielles, de compagnies de transport... Quelle est l’importance de ces établissements en France, en Allemagne ? Inversement, dans quelle mesure, ces deux pays participent-ils à l’essor économique de la Belgique ? Sont-ils présents dans les industries, les banques, les maisons de commerce ? Belges, Français et Allemands se comportent-ils en Belgique – et dans le reste du monde – en rivaux ou parviennent-ils, au contraire, à coopérer pour mieux développer leurs affaires ? Il convient de rechercher dans quelle mesure la Belgique voit s’épanouir le capitalisme international avant 1914. Dans quelles structures s’incarne-t-il ? Quels sont ses secteurs de prédilection ? S’il s’avère impossible de démonter les mécanismes de toutes les coopérations internationales ou d’aboutir à une évaluation globale des capitaux mis en œuvre par ce cosmopolitisme financier, il a paru nécessaire de dresser un inventaire, le plus complet possible, des entreprises, banques, sociétés financières qui participent à cette interpénétration d’intérêts.
3Sur les questions économiques, il est souvent indispensable de remonter en amont de la date de 1905. Il est impossible de comprendre les préoccupations constantes des Belges, en matière douanière, sans rappeler les accords de 1891 et 1892 qui constituent, jusqu’en 1914, le cadre des échanges avec le Reich et la France. C’est parce que la Belgique s’est vu opposer un protectionnisme draconien, encore plus côté français que côté allemand, qu’elle est si attentive et inquiète face aux modifications tarifaires ou aux nouvelles lois douanières qui risquent d’être néfastes pour son commerce et sa prospérité. De même, les nom breuses sociétés qui participent aux activités transfrontalières voire extra-euro péennes de ces trois pays sont nées pour la plupart avant 1905. Il convient donc de rappeler rapidement les circonstances de leur création avant de suivre l’évo lution de leur rôle au cours des premières années du xxe siècle et d’essayer de dresser un bilan de la situation à la veille de la guerre.
Notes de bas de page
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