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Objets et symboles

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Laurent Dhennequin
, 
Guillaume Gernez
, 
Jessica Giraud

III. Espaces d’échange, espace de contact culturel

Armes et armement

Politique et innovation technique en Grèceaux ve et ive siècles av. J.-C.

Isabelle Warin

Résumé

Study of defensive weapons from Greece, Macedonia and Thracia during Late Hallstatt and La Tene (Early and Middle) period is drawing the apparition of archaeological material, whose technical process is defining political expression of human communities. Weapons are so defined by typology and technical process; these factors are partly embedded to regional spaces or cultural areas, associated to military practices, which are expressions of political communities and their socio– economical system.

Texte intégral

Préliminaires

Limites régionale et chronologique

1L’étude archéologique suivante concerne les territoires de la Grèce, de la Macédoine et de la Thrace, durant la période qui s’étend des guerres médiques (fin du vie siècle av. notre ère) à la mort d’Alexandre le Grand, en 323 av. notre ère. Induite par la poussée hégémonique des Perses vers l’Occident, cette période est inaugurée par l’affrontement entre les Perses et les cités grecques, tel que le raconte Hérodote dans l’Enquête. La Macédoine et la Thrace ne sortent pas indemnes de ces affrontements, puisque ces régions sont les lieux de passage des troupes perses lors de leur avancée, puis de leur retraite consécutive aux défaites de Marathon (490 av. notre ère) et de Salamine (480 av. notre ère).

  • 1 Le terme d’industrie est employé au sens strict de chaîne concourant à la production et à la circul (...)

2Les États grecs alternent alors entre moments éphémères de suprématie à l’image des cités d’Athènes, de Sparte ou de Thèbes et périodes de soumission à leurs consœurs hellènes ou au royaume de Macédoine, à partir de la bataille de Chéronée (338 av. notre ère). Ces trois aires géographiques affirment, par le biais des conflits militaires, leur volonté d’expansion économique et politique. L’art de la diplomatie demeure à l’état embryonnaire dans le quotidien des relations entre états ; les ambassades incarnent principalement une démarche usuelle prompte à fixer les préliminaires militaires du conflit. Cette période connaît ainsi un état de guerre quasi permanent, auquel répond une « industrie1 » militaire, occupant une place privilégiée dans le système socio-économique des cités et royaumes antiques.

Mobilier archéologique

3Le matériel archéologique étudié appartient au champ des armements défensif et offensif de l’infanterie et de la cavalerie. Ces armes sont fabriquées à partir de métaux et de matériaux organiques, que la sensibilité aux conditions environnementales rend fugaces. Le matériel métallique orchestre l’essentiel de l’examen archéologique des armes de cette période, correspondant à la fin du premier âge du fer européen, appelé période de Hallstatt, et au début du deuxième âge du fer ou période de la Tène, qui s’étend du milieu du ve siècle à la fin du ive siècle.

4Le fer est alors le matériau privilégié pour la réalisation des outils et instruments de l’artisanat et de l’agriculture, et pour la fabrication des armes en Europe de l’Ouest. La Grèce, la Macédoine et la Thrace offrent un horizon différent de l’armement puisque, si l’équipement offensif est majoritairement en fer, la panoplie défensive demeure longtemps faite à partir d’alliages cuivreux. La mise au jour sur le territoire macédonien d’un corpus remarquable, composé d’un casque et d’une cuirasse en fer et de tradition hellénique constitue un événement archéologique notable par le matériau et le procédé technique mis en œuvre pour sa confection. Cette découverte soulève de nombreuses questions sur l’apparition de l’armement défensif en fer dans les seules régions de la Macédoine et de la Thrace, sur la circulation des connaissances technologiques et les procédés techniques, concourant à la fabrication de l’armement. Les conditions de conservation de ce matériel ferreux, extrêmement sensible à la corrosion humide et sèche, et le désintérêt patent à l’encontre de ce métal dans les régions de la Grèce, de la Macédoine et de la Thrace durant plus d’un siècle de fouilles archéologiques, conditionnent nettement l’examen du mobilier archéologique.

Étude

5Un inventaire circonstancié de l’armement met en lumière l’existence possible d’aires régionales de l’armement. L’incertitude de leur signification ne suffit pas à éclairer un espace culturel, qui requiert une définition des critères d’évaluation. Ces facteurs peuvent être envisagés selon diverses perspectives : la typologie, l’usage et le procédé technique, qui sont conditionnés par la pratique militaire.

6Les typologies sont déterminées selon des régions géographiques ou des zones culturelles, qui sont définies par le croisement des sources philologiques, numismatiques, iconographiques et archéologiques. La confrontation des sources semble privilégier cette organisation de l’armement, évoquant une spécialisation militaire selon les cadres strictement régionaux, à l’exemple des frondeurs de l’île de Rhodes ou des boucliers d’Argos, ou bien culturels, tels les archers scythes de la cité athénienne. Ainsi, désignés par l’appellation de « scythes », les archers de la cité athénienne sont, certes, en partie originaires de Scythie ; cependant, le corps d’archers est également composé d’hommes originaires de l’Attique. L’équipement et l’armement de ces archers contribuent à leur désignation et non l’espace régional dont ils sont issus. Ce cas particulier souligne la difficulté à définir un espace culturel, associé au seul critère régional. L’identité culturelle et ethnique de ces guerriers demeure posée : comment se définissent-ils ou sont-ils définis dans la société à laquelle ils appartiennent ?

7La mise en évidence d’un régionalisme des armes ne cesse ainsi de hanter les spécialistes de l’armement antique, en raison des limites et des lacunes des sources archéologiques et philologiques. Sa typologie et son cadre d’usage ne suffisent nullement à définir l’espace de ce mobilier pour lequel le procédé technique, sans apporter une réponse définitive, vient compléter la définition d’un espace culturel, assurément politique. Si ces armes répondent à des réalités guerrières, orchestrées par le commanditaire de l’équipement, les procédés techniques mis en œuvre pour leur fabrication dépassent le strict cadre de l’expression militaire pour devenir la manifestation d’un système socio-économique. Leur étude requiert l’utilisation des sources philologiques, qui ont transmis certaines recettes de fabrication, et des analyses archéométallurgiques conduites en laboratoire.

La Grèce : le cas des casques dits « corinthiens »

8L’étude de l’armement défensif des régions de la Grèce, de la Macédoine et de la Thrace, durant la période de la fin du Hallstatt à la fin de la Tène moyenne, souligne l’apparition d’un mobilier archéologique dont le procédé technique trahit un système socio-économique raisonné, lié par essence à la manifestation politique d’une communauté humaine. La définition des espaces culturels de l’armement tient certes compte des pratiques militaires, illustrées par la typologie et l’usage des armes. Mais, au cœur d’un réseau complexe d’échanges, dont la spécifique circulation des panoplies militaires, le procédé technique mis en œuvre contribue à finaliser la définition de ces espaces et à souligner l’activité politique d’un état.

9Une étude métallurgique, conduite par P.H. Blyth (Blyth 1988), a mis en évidence l’intérêt des forgerons à accroître les qualités des armes métalliques, en l’occurrence des casques dits « corinthiens », confectionnés à partir d’alliages cuivreux. À la fin du vie siècle et au début du ve siècle, l’épaisseur de la tôle métallique décroît notablement pour mesurer de 1 à 2 mm. Affiner la tôle et adoucir le métal offrent la possibilité de mettre en forme par martelage des formes complexes. Ce sont également les facteurs déterminants d’un procédé technique par lequel le casque consomme l’énergie transmise par le choc reçu. Le casque se déforme alors sous l’impact au lieu de se briser. Si le rembourrage en cuir des casques antiques suffit à protéger la tête du guerrier des coups de l’adversaire, il devient alors nécessaire de perforer le casque au lieu simplement de le frapper. L’absence d’armes strictement contondantes, hormis les balles de fronde, en Grèce, en Macédoine et en Thrace serait ainsi un critère significatif.

10L’alliance de ces caractéristiques requiert un alliage dont les proportions sont de 9/10 de cuivre et de 1/10 d’étain, correspondant à l’alliage dit « bronze ». La tôle métallique originelle est mise en forme par déformation plastique jusqu’à l’obtention de la forme finale. Le martelage consiste à se faire succéder diverses phases de déformation plastique et de recuit afin de redonner de la plasticité au métal. Il dépend de divers facteurs liés aux propriétés physiques et mécaniques de celui-ci, mais aussi des conditions de forgeage. La composition et la microstructure de l’alliage interviennent également dans la capacité de la tôle métallique à être déformée. Ses éléments de composition et ses impuretés augmentent la résistance au martelage, indépendamment de la température appliquée. La température de forgeage demeure toutefois déterminante : la malléabilité du matériau croît à mesure qu’elle augmente. La vitesse de déformation constitue un facteur supplémentaire ; trop élevée, elle génère des fissures et une déstructuration qui peuvent entraîner des ruptures. Le métal requiert ainsi des périodes de chauffe dont la température et le temps sont contrôlés de manière à ne pas le fragiliser, mais seulement à l’adoucir. Il est important de noter qu’un alliage ou un métal n’est pas indéfiniment déformable ; le martelage est freiné par l’hétérogénéité de la pièce métallique due aux scories, aux inclusions diverses et aux précipités solides. Le forgeron dispose également d’un éventail de traitements qui modifient notablement les propriétés du métal : traitements physiques (martelage), chimiques (cémentation, carburation) ou thermiques (trempe, recuit, revenu). Ces traitements permettent d’accroître ou de modifier les qualités de l’alliage.

11L’énoncé d’une telle démarche technique introduit une réflexion sur l’organisation du système socio-économique à l’origine de la production, régie par l’exercice politique. À la suite de l’acquisition de matières premières inhérentes à une telle entreprise (bois, cuir, minerais et métaux, eau), l’artisan produit et contrôle assurément la qualité de son alliage, tel que l’atteste une inscription à propos de crampons en bronze employés pour l’arsenal du Pirée (Hellmann 1999). Par ailleurs, modifier la morphologie d’un armement implique le déclenchement d’une réflexion technique, dont l’aboutissement consiste à transformer, de manière sensible ou radicale, les qualités requises du produit fini. Cette démarche se comprend comme une demande de l’acheteur ou d’une proposition du fabricant. Elle suscite certainement un dialogue initié par l’un des intervenants, ou bien de concert. Cette entreprise répond également à un changement de la pratique militaire, décidée par les stratèges ou imposée par les adversaires, ou à une mode technique, initiée par une multiplicité d’acteurs. Ce dernier cas est fortement soumis à la chaîne de production, régie par l’exercice politique d’un État.

12Le changement des qualités d’un armement implique d’établir des tests de qualité, pratiqués dès l’Antiquité, et de louer l’intérêt des changements auprès de l’acquéreur (Plutarque, Vie de Démétrios Poliorcète : 21, 4-6). La fabrication et les modifications des caractéristiques d’une arme répondent ainsi à une chaîne complexe de la production, mais aussi de la consommation, conditionnée par la pratique militaire et l’expression politique d’une cité ou d’un royaume. Ces diverses phases successives induisent une organisation raisonnée et rationnelle d’un système socio-économique défini par le pouvoir politique d’un état. Une telle modification, constatée sur une production à grande échelle comme à Athènes, n’est pas le fruit des expérimentations d’un artisan isolé, mais la manifestation d’une entreprise initiée par une communauté humaine complexe.

La Macédoine : une panoplie défensive en fer

13À l’époque de la Tène, la Macédoine conserve la pratique d’inhumer le défunt avec son armement offensif et défensif. Les archéologues possèdent ainsi un mobilier et un contexte archéologique associés à une pratique funéraire. En raison d’une importante richesse patrimoniale, cette contrée européenne est victime de pillages dès l’Antiquité ; exactions auxquelles les archéologues répondent parfois maladroitement par l’organisation de fouilles préventives sommaires.

  • 2 Cette découverte n’est toutefois pas isolée, puisque deux casques et une cuirasse en fer ont été mi (...)

14Un casque (fig. 1) et une cuirasse en fer (fig. 2) de tradition hellénique, découverts à Vergina dans une tombe royale, dite « tombe de Philippe II », constituent un fait archéologique notable2. Si cet armement est de tradition hellénique, le casque appartiendrait au type attique. Le matériau employé, en l’occurrence le fer, introduit un fait technique remarquable dans cette région. Son usage dans la fabrication des panoplies défensives de tradition hellénique est propre aux régions de la Macédoine, de l’Épire et de la Thrace pour la période concernée. Si l’identification du défunt demeure incertaine, la richesse du mobilier funéraire associe cette panoplie à un contexte aulique.

Fig.1. Casque en fer découvert dans une tombe royale, dite Tombe de Philippe II, à Vergina (Grèce ; Macédoine)

Fig.1. Casque en fer découvert dans une tombe royale, dite Tombe de Philippe II, à Vergina (Grèce ; Macédoine)

Hauteur : 36 cm.

Fig.2. Cuirasse en fer découvert dans une tombe royale, dite Tombe de Philippe II, à Vergina (Grèce ; Macédoine)

Fig.2. Cuirasse en fer découvert dans une tombe royale, dite Tombe de Philippe II, à Vergina (Grèce ; Macédoine)

Hauteur : 62,5 cm.

15À l’heure actuelle, ce mobilier archéologique souffre cruellement de la corrosion qui limite les observations à l’œil nu. En dépit du travail remarquable effectué par M. Andronikos, lors de sa découverte (Andronikos 1984), on ne peut que déplorer l’absence d’une étude approfondie. La cuirasse est composée d’un plastron et d’une dossière, fixés par des charnières sur l’un des côtés ; cependant, le système de fixation demeure encore obscur. Elle se termine par deux épaulières, fixées sur le plastron certainement par le biais d’un lacet passant dans des anneaux et munies de charnières dans le dos. Cette pièce défensive est enfin ornée d’éléments en or : têtes de lion munies d’un anneau et bandes découpées et ornées de frises de dards et de raies de cœur, qui longent ses bords. Essentiellement décoratives, les bandes en or dissimulent partiellement le système de fixation entre les diverses tôles employées.

16Quant au casque, il appartiendrait au type dit « attique », en raison de la forme hémisphérique de la calotte et de son répertoire décoratif (volutes sur les côtés et buste féminin disposé sur la partie frontale), qui le rapproche d’un casque conservé au musée du Louvre. Cependant, son appartenance au type attique n’est pas attestée ; il est parfois identifié comme l’exemple unique d’un casque de type macédonien. De manière exceptionnelle, ce casque conserve également un cimier métallique d’environ 15 cm de haut. Les paragnathides mobiles sont enfin munies de deux anneaux permettant le passage d’un lacet destiné à fixer le casque.

17Ce matériel a été mis en forme par le martelage de tôles de fer. Les éléments rapportés ont été confectionnés à part, puis rivetés. Le procédé technique mis en place pour la fabrication de ces armes requiert une démarche artisanale complexe en raison de la forme choisie, de la multiplicité des pièces rapportées et des qualités de souplesse et résistance requises pour un tel armement.

18L’innovation technique ne réside ainsi pas seulement dans le procédé, employé de longue date pour la mise en forme des armes offensives, mais aussi dans la destination de l’objet – la panoplie défensive d’un guerrier – et dans la détermination des qualités requises pour un usage militaire. Cette évaluation de la maîtrise du fer est rapidement évoquée par Plutarque à propos des cuirasses en fer offertes à Démétrios Poliorcète (Plutarque, Vie de Démétrios Poliorcète : 21, 4-6). L’auteur atteste de leur réalisation par un Chypriote qui teste les performances de ses cuirasses en faisant tirer des flèches sur les armes. L’artisan justifie de la sorte la qualité de son travail, mis en concurrence par d’autres artisans. Il tente certainement de démontrer également les qualités d’un matériau nouveau pour ce type d’armement ou enfin de confirmer les performances d’un procédé technique récemment acquis par l’introduction de techniques étrangères.

19La morphologie du casque et de la cuirasse associe cet armement au monde grec, alors que le procédé technique les rattache à un univers technique étranger, dont l’identification demeure une question ouverte. Plutarque mentionne la possession par le jeune souverain macédonien Alexandre le Grand, d’un casque en fer lors des combats (Plutarque, Vie d’Alexandre le Grand : 21). Ce casque est attribué à un certain Théophile, dont l’origine demeure incertaine. Ce passage stipule que le casque est ajusté à un gorgerin, également en fer et orné de pierres précieuses. Cet élément de l’équipement servait à assurer la protection d’un combattant démuni d’une cuirasse métallique, mais équipé d’une cuirasse en lin. Plutarque nous place alors dans un autre contexte de panoplie défensive pour lequel nous ne savons que peu de chose, à l’exception des gorgerins en fer qui appartiennent exclusivement à la sphère thraco-macédonienne.

20Si le passage de Plutarque évoque le travail d’un Chypriote, dans le cadre d’une épée donnée par le roi de Kition (Chypre), la décoration de la cuirasse faite à partir de feuilles d’or rapproche l’arme des techniques décoratives employées pour les casques d’Agris (Cunliffe 2001 : 160) et d’Amfreville (Cunliffe 2001 : 108). Ce rapprochement est conforté par les vestiges archéologiques d’une présence celte en Illyrie dès le ive siècle avant notre ère. Les sources philologiques ne conservent cependant la mémoire des contacts entre Macédoniens et Celtes qu’à partir d’Alexandre le Grand, ce que confirme un passage de Strabon. L’auteur évoque ainsi une rencontre entre le souverain macédonien et une ambassade celte en 335 avant notre ère au palais d’Alexandre (Strabon, Géographie : VII, 3, 8).

  • 3 La couleur des alliages cuivreux varie notablement selon les proportions de l’étain entre le rouge (...)

21Ce processus technique témoignerait de l’expression d’une culture matérielle, liée en partie à la personne du souverain macédonien, et attestant d’échanges diplomatiques entre Celtes et Macédoniens. Dans le cadre d’une culture militaire et du développement de liens diplomatiques, les Celtes apportent leur maîtrise d’une technique associée à un armement particulier, la panoplie défensive du guerrier, et les Macédoniens la morphologie d’une arme de prestige. Ce matériel atteste certainement d’une circulation des biens et des hommes sous forme d’échanges continus, à des fins de valorisation du patrimoine culturel. Souvent déprécié, le fer assure un certain prestige à cette panoplie qui ne perd en rien de son efficacité, ni de sa valeur en raison de la couleur du fer qui évoque celle de l’argent3.

22Le cadre funéraire royal dans lequel ont été trouvés le casque et la cuirasse en fer manifeste le caractère exceptionnel de ces objets, qui attestent non seulement de l’habileté de l’artisan, mais aussi de l’expression politique, la royauté, d’un type de production. Si l’identité du défunt demeure incertaine, l’intérêt technique et culturel de cet armement explique à lui seul l’attention portée sur cette panoplie.

Conclusion : le rôle du procédé technique à l’échelle politique dans l’Antiquité

23Le procédé technique est certes le fruit de démarches empiriques réalisées par les métallurgistes antiques afin d’ajuster le cahier des charges de l’armement aux possibilités de leur exercice et aux demandes, sans cesse renouvelées, des consommateurs. Considéré de la prospection des matières premières jusqu’au recyclage de l’arme, il s’inscrit dans un système socio-économique raisonné qui implique un dialogue constant entre les capacités de l’artisanat, les nécessités du guerrier et les volontés politiques. Le choix d’une technique particulière est certainement l’expression de la puissance politique d’un État, d’une cité ou d’un royaume, capables d’imposer leur politique militaire par un choix d’armement ou de s’allier à des voisins susceptibles de leur faire bénéficier de leurs connaissances technologiques. La circulation de cadeaux diplomatiques, des produits finis, en général, des techniques ou des artisans contribue à la fluctuation des espaces culturels, dont les frontières sont loin d’être immuables pour la période antique.

Bibliographie

Andronikos M. (1984), The Royal Tombs and the Ancient City, Athènes.

Blyth P.H. (1988), « Métallurgie des armes de bronze », in Rolley C. et al., Techniques antiques du bronze, Faire un vase, faire un casque, faire une fibule, Dijon, p. 53-59.

Χωρέμης Α. (1980), « Μεταλλικός οπλισμός από τον τάφο στο Προδρόμι της Θεσπρωτίας », Αρχαιολογικά Ανάλεκτα εξ Αθηνών, XIII, p. 3-20.

Cunliffe B. (2001), Les Celtes, Paris.

Hellmann M.-C. (1999), Choix d’inscriptions architecturales grecques traduites et commentées, Travaux de la Maison de l’Orient méditerranéen, 30, Lyon.

Rolley C. (1997), « Les échanges », in Brun P., Chaume B. (dir.), Vix et les éphémères principautés celtiques, Les vie-ve siècles av. J.-C. en Europe centre-occidentale, Actes du colloque de Châtillon-sur-Seine, 1997, p. 239-242.

Notes

1 Le terme d’industrie est employé au sens strict de chaîne concourant à la production et à la circulation des biens et des richesses.

2 Cette découverte n’est toutefois pas isolée, puisque deux casques et une cuirasse en fer ont été mis au jour dans une tombe à Prodromi, en Thesprotide. Χωρέμης (Α.), « Μεταλλικός οπλισμός από τον τάφο στο Προδρόμι της Θεσπρωτίας », Αρχαιολογικά Ανάλεκτα εξ Αθηνών XIII, 1980, p. 3-20.

3 La couleur des alliages cuivreux varie notablement selon les proportions de l’étain entre le rouge et le blanc. Ainsi, si la proportion d’étain est d’environ 1/10, sa couleur est proche de celle de l’or.

Table des illustrations

Titre Fig.1. Casque en fer découvert dans une tombe royale, dite Tombe de Philippe II, à Vergina (Grèce ; Macédoine)
Légende Hauteur : 36 cm.
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/6096/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 548k
Titre Fig.2. Cuirasse en fer découvert dans une tombe royale, dite Tombe de Philippe II, à Vergina (Grèce ; Macédoine)
Légende Hauteur : 62,5 cm.
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/6096/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 736k

Auteur

Docteur, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne – UMR 7041 : Archéologies et Sciences de l’Antiquité. Sujet : Armes et armement en Grèce, en Macédoine et en Thrace aux ve et ive siècles av. n. è : étude technologique, sociologique et économique, sous la direction de Roland Étienne.
Thèse soutenue en novembre 2007.

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont sous Licence OpenEdition Books, sauf mention contraire.

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