Le CNAJEP : un pluralisme apolitique ?
p. 595-610
Texte intégral
1Le CNAJEP est aujourd’hui le « Comité pour les relations nationales et internationales des associations de jeunesse et d’éducation populaire », il a été créé dans l’effervescence des événements de 1968. C’est un collectif de plus de 70 associations qui se veut ouvert à toutes les familles de pensée. Il rassemble sous une même bannière des mouvements du secteur « Jeunesse et éducation populaire » qui sont parfois très différents et qui ont chacun leur identité et leur culture. Il est adossé au ministère de la Jeunesse et des Sports, le ministère dit « de tutelle », qui donne l’agrément à ces mouvements et qui les subventionne. Le CNAJEP a son siège au 15 passage de la Main d’Or, dans le XIe arrondissement ; il se situe dans la continuité et depuis trente ans il a cherché à rester fidèle à ses principes, tels qu’ils avaient été affirmés au départ1.
Une association « de fait » coordonnant 70 associations de droit
2Le CNAJEP est l’héritier de coordinations antérieures, initiées dès la Seconde Guerre mondiale dans une volonté de représenter la jeunesse avec ses différentes composantes, face à l’État. Nous ne reviendrons pas ici sur l’histoire de l’UPOJ (Union patriotique des organisations de jeunesse, créée par la Charte du 27 décembre 1944) et du GEROJEP (Groupe d’études et de rencontres des organisations de jeunesse et d’éducation populaire, constitué en juillet 1958 pendant les événements de la guerre d’Algérie et regroupant alors une quarantaine de mouvements)2. Le CNAJEP a sa propre personnalité, mais il se situe clairement dans cette tradition de concertation entre mouvements.
3Il est né dans les murs du FIAP3 et il s’est constitué par paliers entre le 22 mai 1968 et le 15 janvier 1969. Les mouvements en effet occupent le FIAP à partir du 22 mai 1968 : l’établissement vient d’ouvrir, il a été inauguré le 27 février ! C’est un centre d’accueil pour la jeunesse organisée et inorganisée (ce vocable, très utilisé dans ce secteur, désigne alors les jeunes qui appartiennent ou pas à un mouvement), plaquetournante pour les échanges entre les jeunes du monde entier. Le FIAP est un symbole pour les mouvements, il est le résultat de longues tractations qui furent entamées dès les années 1950. Les mouvements investissent le lieu, jour et nuit. Il en sort un texte commun, qui sera nommé « Déclaration du 27 mai » et que signent d’emblée 73 associations. Ce texte énonce une philosophie d’action et propose un programme, défendant « la nécessité d’une éducation globale et permanente, qui entraîne la reconnaissance d’un domaine de l’Éducation Populaire et du Développement Culturel », il contient des propositions allant dans ce sens qui s’adressent directement au gouvernement.
4Pour soutenir la Déclaration et après de très nombreux pourparlers4, se constitue un collectif des associations (42 associations y participent). Le collectif demande et obtient une audience au Premier ministre : Georges Pompidou reçoit une délégation le 20 juin 1968. À partir de ce moment, se forme un comité d’occupation (11 associations puis 13) pour représenter le collectif. Le choix des membres de la délégation du 20 juin sera âprement négocié : comment trouver en effet les « bons » représentants de la diversité intrinsèque des mouvements (diversité politique, idéologique, éducative, culturelle, sociale...) ? Il en sort un « Comité des 13 »– qui se nommera ensuite tout simplement « les 13 »5. Les membres du Comité, naturellement, ne négocient pas seulement au nom de leur association d’origine, mais aussi au nom de l’ensemble des associations qui leur ont confié ce mandat. Ils auront encore l’occasion de s’exercer à ce rôle de représentativité puisqu’ils rencontrent le Cabinet du nouveau Premier ministre, Maurice Couve de Murville, le 12 juillet, puis le nouveau secrétaire d’État chargé de la Jeunesse, des Sports et des Loisirs, Joseph Comiti, le 13 novembre.
5Cette question des délégations et des demandes d’audience a été délicate, on s’en doute. Ce fut pour le collectif une manière de tester ses forces, tout en cherchant à nouer un dialogue avec l’Etat et à se repositionner à chaque changement de gouvernement. Il semble important pour les mouvements de rester unis et de montrer leur solidarité autour de la Déclaration du 27 mai, mais ils doivent veiller à l’équilibre des forces en rapport avec chaque courant de pensée. Entre-temps, le collectif est devenu « Conseil national provisoire des mouvements et associations de Jeunesse et d’Éducation populaire ». À partir du 31 décembre 1968, les 73 associations de la Déclaration du 27 mai sont devenues 78 et le Conseil national a perdu sa qualification de « provisoire ». Il se présente comme « un large éventail de mouvements (chantiers, colonies de vacances, scoutisme, maisons de jeunes et de la culture, mouvements d’adultes, action civique et sociale, etc.) » et affirme représenter « environ 6000000 de jeunes et d’adultes »6...
6Le nom de CNAJEP : « Comité national des associations de jeunesse et d’éducation populaire »7 est proposé et choisi à l’assemblée plénière, qui a lieu le 15 janvier 1969, au FIAP toujours. C’est à partir de ce moment-là qu’un certain nombre de décisions sont prises par rapport au fonctionnement de cette instance : l’effervescence de 1968 passée, il semblait nécessaire pour les participants de se situer dans des perspectives plus pérennes. Il faudra cependant plus d’un an pour que le CNAJEP devienne réalité effective. Les représentants des mouvements qui en sont à l’initiative sont baignés dans une culture associative, et les bases qui sont posées pour la mise en marche du CNAJEP sont fortement influencées par ces références juridiques. Les mouvements adoptent tous en effet le statut loi 1901, et certains, depuis plusieurs décennies, sont rompus à ses modalités. Les mouvements en France sont apparus depuis un siècle en plusieurs vagues. Outre la Ligue de l’enseignement (créée en 1866), l’Association catholique de la jeunesse française (créée en 1886), l’Union française des centres de vacances (née en 1907), ou encore la Fédération des centres sociaux de France (qui démarre en 1922), beaucoup de mouvements se sont constitués dans l’entre-deux-guerres, aussi les jeunesses politiques, les mouvements de scoutisme (masculins et féminins, laïques ou confessionnels), les mouvements catholiques spécialisés (JOC, JEC, JAC)8, ou encore les CEMEA9, etc. D’autres enfin ont vu le jour pendant la Seconde Guerre mondiale ou juste après, comme la Fédération française des maisons de jeunes et de la culture, Peuple et culture, les Francs et franches camarades ou la Fédération nationale Léo Lagrange, etc.
7Chacun des mouvements constituant le CNAJEP a eu ses propres manières de gérer ses permanents, de prendre ses décisions, de faire fonctionner sa hiérarchie, de s’adresser à ses adhérents, mais tous se situent dans le cadre juridique de la loi de 1901 (ils ont déposé leurs statuts) et dans l’agrément que leur accorde le ministère de la Jeunesse et des Sports10 par l’ordonnance du 2 octobre 194311. Pourtant, pendant une longue période, le CNAJEP n’est pas officiellement déclaré loi de 1901. Il faudra attendre 1991 pour qu’il le soit ! Il se contente d’un statut d’association « de fait », distinct de celui d’association « de droit », ce qui, d’ailleurs, ne semble pas gêner particulièrement les associations qui en font partie.
8Au FIAP donc, le 15 janvier 1969, pour ce qui concerne le tout nouveau CNAJEP, un débat a lieu sur les conditions d’adhésion, sur la représentativité et les mandats, sur les méthodes de travail, le choix du président, les cotisations, les organes de décision... Toutes formes couramment en usage dans le statut d’association 1901. Pour tous les participants présents, il est clair que le CNAJEP doit conserver les mêmes méthodes que celles qui ont prévalu pendant « l’aventure » du FIAP, notamment le fonctionnement par commissions et par assemblées plénières. Mais, l’urgence du quotidien est moins prégnante et il semble désormais important que toutes les démarches soient collégiales. Comment mettre en place cette collégialité ? La répartition des pouvoirs est distribuée selon plusieurs échelons, chacun ayant son propre mode de fonctionnement et de décision.
9Les « 13 » n’ont pas de délégation générale, mais auront un mandat spécifique de l’assemblée plénière sur chaque sujet donné. Il est rapidement proposé que « le groupe des 13 » soit porté à 14 ou 15 personnes12 et que sa composition soit réexaminée tous les trois ans. Le groupe joue de fait le rôle d’un conseil d’administration, le terme est d’ailleurs souvent employé dans les comptes rendus de réunions, sans autre commentaire. Cette instance prendra quelque temps plus tard (le 5 mars 1969) le nom de « Conseil exécutif ». Les membres sont choisis « en fonction de l’organisation à laquelle ils appartiennent, de leur personnalité, de leur disponibilité et dans l’ensemble représentent les grands courants de pensée et d’activités des associations françaises, membres du CNAJEP ». L’aréopage des « 13 » est présenté comme émanant « naturellement » de la base des 78 associations. Ce miracle soixante-huitard pourrait aujourd’hui nous faire rêver... ou douter !
10Le président, nommé pour un an et non immédiatement renouvelable, est choisi par et parmi les membres du Conseil exécutif. De par sa fonction, il est membre de toutes les délégations, il réunit le Conseil exécutif et l’assemblée générale. Après Michel Rigal13, responsable des Scouts de France (mouvement d’obédience catholique), c’est Pierre Bonnet qui assure cette fonction à partir du 1er janvier 197014, il fait partie des Eclaireuses et éclaireurs de France (mouvement d’obédience laïque) et en cela le principe de l’alternance se trouve garanti. Le trésorier est choisi parmi les « 13 », et les cotisations s’échelonnent entre 70 F et 280 F, selon les moyens des associations. Ce paiement de cotisations est symboliquement important ; il doit, en matérialisant l’adhésion annuelle, donner au CNAJEP une plus grande efficacité et, par suite, lui assurer non seulement une légitimité mais aussi une certaine longévité.
11Toutefois, le seul et unique organe de décision reste l’assemblée générale, qui se réunit au moins une fois par mois. Qui peut en faire partie ? Uniquement des personnes morales. Initialement, ont été réputées « membres » les associations qui avaient signé la Déclaration du 27 mai. Puis, on constate qu’au quotidien, ceux qui parlent « au nom du CNAJEP » font de plus en plus la distinction entre « les membres du CNAJEP ayant cotisé » et « les signataires de la Déclaration du 27 mai », quand il s’agit de se compter. Le temps a passé, une étape est franchie.
12Le siège du CNAJEP est provisoirement installé à Courbevoie, 125 boulevard Saint-Denis, avant d’arriver au 66 rue de la Chaussée d’Antin, dans un local prêté par les Éclaireurs de France. Dans cette première année transitoire, le CNAJEP se trouve propulsé et sollicité sur plusieurs questions d’actualité, avant même d’avoir fixé solidement ses instances. Il y a d’abord et avant tout le budget à défendre d’autant qu’il est en baisse, ou plutôt que la proportion réservée à la Jeunesse et Sports n’augmente pas (de 1969 à 1970, elle passe de 0,69 % à 0,65 % du budget de la nation, pendant que celle des Affaires culturelles reste en dessous de 0,50 %). Le CNAJEP se lance dans la bataille du « bleu budgétaire », et s’exprime d’une seule et même voix quand il s’agit de réclamer des moyens supplémentaires. Dès le 29 mai 1969, il envoie une lettre aux candidats à la présidence pour leur rappeler l’importance de cette question financière. Il entame une action pour le vote du budget en décembre 1969, et une lettre signée de Michel Rigal est envoyée le 11 décembre aux sénateurs et députés, à propos du débat budgétaire sur « le titre 4 », ligne sur laquelle les associations de jeunesse et d’éducation populaire reçoivent leurs moyens :
« (...) La question en jeu n’est pas de politique ordinaire, ce n’est pas une question d’assemblée contre une autre, de majorité ou d’opposition, le pays ne comprendrait pas une chose aussi aberrante que de diminuer en ce moment l’aide apportée aux diverses associations qui travaillent à faire une jeunesse mieux occupée, plus saine intellectuellement, physiquement et moralement. C’est aller à contre sens des intérêts du pays, par ailleurs chaque jour proclamés ».
13Le CNAJEP se comporte d’emblée comme un groupe de pression, il développe des stratégies de lobbying, affirme ses positions « au nom de la jeunesse », en défendant la continuité au-delà des changements de gouvernement. Il gagnera ce qu’il appelle « une victoire morale » par rapport à l’aménagement du titre 4, obtenant qu’un million de francs soit enlevé aux Jeux olympiques, ce qui permet de reverser des fonds supplémentaires aux associations d’éducation populaire, aux associations de jeunesse et aux associations sportives. La situation pour autant n’est pas brillante au niveau budgétaire. En mars-avril 1970, le CNAJEP lancera une semaine d’action sur le thème « Jeunesse et Éducation permanente sont-elles condamnées ? ». Un tract en quatre pages est largement diffusé, défendant l’éducation permanente « comme un secteur-clé pour chacun d’entre nous, pas seulement pour organiser ses loisirs, mais pour affronter chaque étape de sa vie ». Le tract est signé par les 72 associations adhérant au CNAJEP...
14Les statuts sont discutés à l’assemblée du 28 janvier 1970 et rédigés le 6 avril 1970 ; ils sont effectivement ratifiés par l’ensemble des associations présentes, mais... ne sont pas déposés. Le CNAJEP, groupement d’associations loi 1901, restera donc association « de fait » pendant 22 ans !
Une opacité entretenue dans la confusion des sigles
15Au départ, la sphère d’action du CNAJEP était délimitée uniquement au plan national. L’épisode suivant voit d’abord le CNAJEP cohabiter avec le CRIF15, nouveau comité qui investit et coordonne le champ de l’international en matière de jeunesse (et qui, lui, est officiellement déclaré loi 1901) ; puis, après un compromis longuement négocié, le CNAJEP absorbe le CRIF à partir de 1974 et devient ainsi une coordination articulant le national et l’international. Le CNAJEP, tardivement, y récupérera un cadre juridique puisqu’en 1991, les statuts du CRIF (dont la déclaration 1901 avait été conservée) sont remaniés et réutilisés et le nom du CNAJEP modifié. Le tout sans changer de sigle, puisque « CNAJEP » subsiste, mais se déroule désormais avec les mentions de national et d’international, sans apparition du « I »16 ! Ces aménagements ne sont pas qu’incidents, ils révèlent à leur manière les stratégies d’affichage et traduisent les besoins d’une coordination unique, pour éviter la dispersion des forces et s’imposer comme plate-forme sectorielle. L’abondance et la complexité des sigles laissent à penser que ces alliances conjoncturelles ou structurelles n’ont été ni simples, ni limpides dans ce monde où chacun souhaitait tenir sa place sans pour autant perdre son identité. C’est souvent le pragmatisme qui a prévalu.
16Parallèlement au CNAJEP, et dès le 21 octobre 1969, 45 personnes s’étaient en effet réunies au FIAP. Avec le jeu des mandats, elles représentaient 63 associations, et décidaient de constituer un nouveau regroupement : le CRIF. Quatre objectifs étaient annoncés dans l’article 2 des statuts :
- organiser l’accueil des délégations étrangères des mouvements de jeunesse et d’éducation qui ont manifesté le désir d’entrer en rapport avec l’ensemble des mouvements français de jeunesse et d’éducation populaire.
- représenter devant les pouvoirs publics l’ensemble des mouvements en matière de relations internationales communes
- étudier toutes les questions qui se rapportent à la connaissance des activités des mouvements étrangers de jeunesse et d’éducation populaire et, d’une manière générale, tout problème connexe
- prendre toutes initiatives en ce qui concerne ces relations.
17En fait le CRIF, désigné au départ comme « le Comité unique », réunit trois groupements d’associations : le CFMJ (Conseil français des mouvements de jeunesse), le CRIJEF (Comité pour les relations internationales des mouvements de jeunesse et d’éducation français) et le CCAEI (Comité de coordination des associations d’échanges internationaux).
- Le CFMJ est né en 1954 du Conseil français pour l’assemblée mondiale de la jeunesse17 créé en 1947. Fort de la représentation de vingt-deux mouvements d’obédience chrétienne, il devient la section française de la World Assembly of Youth (WAY), mais choisit de s’en retirer lors de la 3e assemblée de New-Delhi en août 1958, créant alors un vide dans la représentation internationale.
- Le CRIJEF est né d’une réunion du 8 décembre 1961 à l’initiative du CCOLJEP18 et de l’UNEF19 où participaient 25 associations. Quelques mois plus tard, 42 organisations en font partie : organisations laïques et démocratiques, UNEF, mouvements protestants de l’Alliance et des Éclaireurs, mouvements catholiques (tels la JOC et la JIC), Maisons des jeunes et de la culture, Vie nouvelle, etc.20. Il obtient le patronage de l’UNESCO et, en 1963, le statut d’observateur à la WAY et à la Fédération mondiale de la jeunesse démocratique (FMJD).
- Le CCAEI a été fondé en 1947 et groupe une trentaine d’associations et de confédérations qui proposent des échanges, stages, cours, sessions, chantiers entre la France et l’étranger : essentiellement des organisations techniques. Pour encourager le développement des activités de ses membres, il a créé depuis 1950 une association de soutien : « Éducation et Échanges » et il est agréé et subventionné par le ministère des Affaires étrangères.
18Il semblait sage de fédérer ces comités ; ils avaient déjà vécu des expériences en commun et avaient l’habitude de se côtoyer, cela peut expliquer sans doute qu’on soit allé assez vite en besogne. Cette prudence stratégique et cette volonté d’efficacité immédiate étaient rendues nécessaires par la subtilité des enjeux diplomatiques, notamment dans cette période mouvementée, ce qu’exprime bien la phrase suivante, ajoutée aux statuts :
« Le Comité s’interdit toute immixtion dans la vie intérieure des groupements adhérents et dans les relations que ceux-ci peuvent avoir déjà, ou pourront nouer à l’avenir, avec des groupements étrangers similaires ou affinitaires ».
19Dès le 13 novembre 1969, le bureau exécutif est constitué, il est formé de douze membres (trois membres de droit pour chacun des comités fondateurs, désignés à l’unanimité, et trois membres élus par l’assemblée générale). Les statuts sont effectivement déposés à la préfecture le 9 janvier 197021. Le CRIF est constitué lui aussi uniquement de personnes morales qui, pour être admises, devront être présentées par deux parrains et être acceptées par le vote unanime de l’assemblée. Les candidats répondront à certains critères, dont le principal est d’avoir une activité éducative internationale. Le montant des cotisations est fixé d’abord à 100 F pour les petites associations et à 200 F pour les grandes22. À partir de 1971, et à la surprise même des demandeurs, une subvention relativement conséquente (70000 F) est accordée au CRIF par le ministère de la Jeunesse et des sports, situation immédiatement jalousée par le CNAJEP qui, lui, ne peut recevoir que ses cotisations...
20Deux coordinations ont donc été créées coup sur coup, à un an d’intervalle. Dans cette première période, la mission du CNAJEP est au départ définie comme non spécialisée mais – le CRIF gardant la maîtrise des enjeux internationaux – le CNAJEP se trouve cantonné au champ national. Les associations choisissent de cotiser à l’une ou l’autre des coordinations, ou aux deux. En 1970, il y a donc 70 associations au CNAJEP23 et 98 au CRIF24 ; 38 associations adhèrent aux deux, tandis que 32 n’adhèrent qu’au CNAJEP et que 56 n’adhèrent qu’au CRIF25. Les deux coordinations, lorsqu’elles s’installent aux tables de négociation, se disent représenter chacune « l’ensemble des associations françaises de jeunesse et d’éducation populaire ». Y a-t-il de la place pour deux ? En tout cas, la répartition des tâches entre national et international ne peut suffire à elle seule à expliquer les prises de position et les clivages de chacun des organismes.
21Le premier président du CRIF a fait l’unité à lui tout seul, puisqu’il s’agit de Michel Rigal – déjà choisi comme président du CNAJEP depuis 1968 – et qui exerce les deux présidences à la fois pendant quelques mois26. Élisabeth Bourel (des Guides de France), qui lui succède comme présidente du CRIF, se montre plus critique et plus nuancée. Dans une lettre qu’elle adresse au bureau du CNAJEP le 30 décembre 1971, elle écrit :
« Contrairement à ce que souligne le compte rendu de la dernière réunion du CNAJEP, la composition du CRIF n’est pas la même que celle du CNAJEP. Cette différence donnant aux deux organismes une pesanteur singulière, il serait vain de la minimiser ».
22Analyse qui est confirmée dans une réunion des « 13 » du CNAJEP, qui soulignent :
« Les différences importantes entre le CRIF et le CNAJEP : le CRIF est une association déclarée, subventionnée, tandis que le CNAJEP est un organisme de concertation, informel, non financé »27.
23Il est vrai que la proximité chronologique entre les créations des deux coordinations est étonnante. Le CNAJEP ne pouvait-il suffire à la tâche ? Ceux et celles auxquels nous avons posé la question28 et qui pouvaient témoigner de cette période de fondation ont donné trois arguments : l’international est une spécialité et ceux qui l’ont en charge doivent être déjà initiés ; dans chaque mouvement, les spécialistes de l’international sont repérés comme tels mais ne sont pas forcément ceux qui ont la responsabilité politique du mouvement ; enfin, la pression est forte en cette période de redéploiement des enjeux internationaux et les mouvements ont besoin d’un instrument commun immédiatement opératoire. C’est sur ce dernier argument que le CRIF justifie son existence :
« La vie internationale, ces dernières décennies, s’est beaucoup développée, les transmissions et les communications toujours plus rapides et plus amples en sont la cause essentielle. D’une certaine façon, on peut dire que la dimension internationale influence la vie de tous les groupes humains, plus encore la vie des jeunes contemporains des fusées, des avions supersoniques, de la télévision. (...) La jeunesse actuellement très sensibilisée est de plus en plus attirée par cette vie internationale. Son instinct la pousse à dépasser les frontières, à essayer de résoudre dans un espace élargi les graves problèmes économiques, politiques et sociaux auxquels elle est affrontée. Tout cela réclame des mouvements, institutions, associations de jeunesse et d’éducation populaire un effort plus marqué d’éducation, une politique d’ensemble »29.
24Dès février 1971, le CNAJEP montre sa ferme intention de tisser des liens avec le CRIF. Et à partir du 25 mai 1971, des réunions démarrent entre les exécutifs du CRIF et du CNAJEP pour envisager l’éventualité d’un travail en commun. Ces tractations mobilisent beaucoup d’énergie, les discussions à ce propos sont innombrables, elles portent sur trois niveaux : secrétariat administratif, documentation et politique. L’analyse proposée par les protagonistes de l’époque est que le CNAJEP risque de perdre de son influence au profit du CRIF qui, lui, est poussé, dynamisé par les exigences internationales. Le CRIF en effet est aiguilonné par l’Europe et ses commissions, dans laquelle la jeunesse française, par l’intermédiaire des mouvements, se doit d’être représentée. Les instances dans les années 1970 vont en se multipliant et en se complexifiant, jusqu’à former un maquis inextricable de plateformes – d’autres évoquent à ce propos « le bazar européen »...– telles le CENYC30, le BEC31 ou le CCJ32, l’OFAJ33, l’Office européen de la jeunesse puis le Fonds européen de la jeunesse, etc.
25La fusion du CNAJEP et du CRIF se réalisera très progressivement et laborieusement, en plusieurs étapes :
26À partir de 1974, le CRIF est absorbé et devient la section internationale du CNAJEP. Le CNAJEP connaît alors une secondenaissance (assemblée constitutive du 6 juin 1974), mais reste association de fait non déclarée, « car cette forme paraît la meilleure pour un regroupement d’associations très diverses, tant par leur idéologie que par leur structure »34. La même année est institué un « outil commun », le BEJEP (Bureau d’études de la jeunesse et de l’éducation permanente). Il est présenté comme une structure-relais, support logistique et technique, tout en se défendant d’être le super-comité que tout le monde attend ! Ce bureau est néanmoins déclaré loi 190135, il engage du personnel pour assurer la gestion des deux coordinations.
27En 1987, après une crise financière difficile qui voit la démission de 33 mouvements, le BEJEP est dissous, et l’unité CNAJEP-CRIF réaffirmée.
28En 1991 enfin, après une modification des statuts, le CNAJEP s’installe dans la coquille juridique du CRIF, le CRIF disparaît en tant que tel et s’appelle désormais « CNAJEP ».
29Le CRIF aura été une coordination transitoire qui a pourtant bien failli être concurrente, au point même de désinvestir le CNAJEP. Autrement dit, il s’est agi de déshabiller Pierre pour habiller Paul...
Un pluralisme qui s’exerce hors, ou à côté, du politique
30La complexité des sigles dans ces histoires encastrées de coordinations multiples et successives, l’imbrication des mandatements furent un casse-tête qui pouvait devenir fascinant, mais qui a eu pour premier effet d’être réservé aux experts et, par la suite, d’exclure le militant de base qui ne faisait pas partie des initiés. Il y a là, peut-être, une contradiction qui n’a jamais été pleinement assumée. Ces mouvements s’adressent aux jeunes, mais ce ne sont pas (ou peu) les jeunes qui représentent la jeunesse dans ces instances, qu’elles soient françaises, et encore moins européennes ou internationales (le degré de compétence exigée y étant encore plus élevé). Le calcul des moyennes d’âge des représentants du secteur Jeunesse et éducation populaire dans les différentes commissions serait révélateur de ce phénomène. C’est pourtant bien au nom de cette compétence que les responsables des mouvements se sont imposés comme porte-parole de « toute » la jeunesse française, toute autre forme de représentation leur apparaissant comme démagogique.
31En 1987, au plus fort des difficultés, un groupe de travail, formé par les rescapés de la crise, se met en place à partir du 30 octobre. Il s’intitule : « Un CNAJEP, pourquoi ? ». C’est en effet une question qui mérite d’être posée ! Ce groupe réfléchit à l’avenir du CNAJEP pendant plus de deux ans. Malgré ses lourdeurs institutionnelles, les représentants des associations semblent très attachés à cette coordination. Incontestablement, le CNAJEP a eu une qualité, celle de produire de la sociabilité. Les mêmes acteurs se retrouvent de réunions en réunions, ils défendent côte à côte des valeurs auxquelles ils croient. Subrepticement, leurs pratiques de travail ont eu pour effet de développer entre eux une connivence, leurs proximités quotidiennes aux diverses instances les ont placés dans une relation d’intimité avec elles, et l’implicite s’est progressivement installé. Ils ont appris, sur le tas, à se repérer dans la complexité des sigles, dans l’analyse des tendances, dans la compréhension des votes, ils ont su donner de la lisibilité dans l’opacité des alliances et des contre alliances, ils sont devenus des spécialistes. Mais, s’ils ont acquis cette compétence, elle fut parfois difficile à transmettre, même à l’intérieur de leur propre mouvement. Ils se sont auto-missionnés dans un rôle de représentation et de relations publiques et ils y ont fait souvent carrière. Ils sont devenus ambassadeurs de leur mouvement au plan international et négociateurs de dossiers au plan national, ils ont appris à manier le compromis et à pratiquer le dosage subtil des équilibres. Ils sont devenus incontournables, passant parfois plus de temps avec leurs homologues des autres mouvements que dans leurs propres rangs.
32Les années passant, la propension aux coordinations est devenue plus forte encore, elle a atteint son apogée en France dans les années 1980, puisque l’on compte rien moins alors que douze coordinations dans ce secteur ! Peut-on parler de dérapage ? Il y a là en tout cas une contradiction interne, puisque toute multiplication de coordinations était considérée par les mouvements comme un facteur d’affaiblissement mais que chacun cependant y a contribué, se refusant à pratiquer la politique de la chaise vide. Les échelons de décision se sont multipliés, les agencements entre coordinations sont devenus une énigme de plus en plus difficile à déchiffrer, s’apparentant parfois à la société secrète. Dans ces instances, il n’était jamais facile de décider quelque chose, c’est la méthode du « consensus » qui a prévalu et qui s’est progressivement imposée comme la seule méthode de décision possible, la seule qui paraissait pouvoir défendre les engagements de chacun dans le respect des différences. Cette recherche du consensus dit « à géométrie variable »36 fut lourde et lente, elle a souvent demandé aux acteurs concernés de consacrer plus d’énergie à la forme qu’au fond.
33Comment qualifier cette forme d’action portée, brandie même, par les mouvements de jeunesse ? La « coordination » est-elle démocratique, institutionnelle, militante, politique ? Le 10 juin 1981, le Conseil des ministres décide d’élaborer un projet relatif à la promotion de la vie associative. Le CNAJEP soutient immédiatement et sans hésitation le projet, il rappelle pour l’occasion les quelques principes auxquels il reste très attaché :
- indépendance et autonomie des associations ;
- absence de tutelle de tout pouvoir politique, à quelque niveau que ce soit ;
- capacité de négociation ouverte et libre pour toute association ;
- le droit pour les associations de se fédérer est un facteur essentiel du développement de la vie associative ;
- valoriser et soutenir le caractère volontaire de l’engagement des citoyens37.
34Le décret du 25 février 1983, signé de Pierre Mauroy, porte création d’un Conseil national de la vie associative (CNVA), dans lequel le CNAJEP se reconnaît immédiatement et pour cause : beaucoup des « personnes qualifiées » nommées sont des militants du CNAJEP de la première heure. Pierre Mauroy, qui préside la séance du 5 juillet 1983, traduit cet enthousiasme :
« Ce nouveau Conseil est une sorte de magistrature des associations ; indépendantes et responsables, les associations se placent en définitive en situation d’éclaireuses de la démocratie ».
35Cette « démocratie associative » se conçoit donc dans le pluralisme, qui a pour corollaire la neutralité. Et c’est bien ce principe de neutralité qui semble, à tout moment, garantir la « bonne » éducation, celle qui est n’est pas imposée, celle qui élimine tous les risques d’embrigadement. Le traumatisme de Vichy pèse encore dans tous les esprits, et les politiques concernant la jeunesse se veulent à la fois ouvertes et prudentes. Aucun mouvement ne peut se permettre d’être taxé d’embrigadement et l’Etat moins encore. Les politiques qui sont conçues depuis la Libération dans ce secteur s’interdisent d’être « directes », l’Etat ne se donnant pas le droit d’agir directement auprès de chaque jeune. Par conséquent, il a besoin des mouvements pour mener ses propres actions, c’est eux qui lui donnent la garantie de diversité, donc de « choix » pour le jeune. L’Etat – et plus particulièrement le ministère dit « de tutelle », la Jeunesse et les sports – a besoin des mouvements comme corps intermédaires, et ceux-ci ont besoin de l’État pour avoir des moyens et pour gagner une reconnaissance. Jeu de dupes ? Fascination réciproque ? Le secteur de la Jeunesse et de l’éducation populaire est à demi public, à demi privé. Cette singularité place la culture associative au centre des actions. C’est dans ce contexte que s’y est développée une certaine forme de paritarisme qui, dans ces milieux, a pris le nom de co-gestion38.
36Nous terminerons sur une remarque. Corps intermédiaire, groupe de pression ou plate-forme sectorielle, le CNAJEP s’est voulu ouvert à toutes les familles de pensée, mais... il n’a pas accepté les jeunesses syndicales et politiques en son sein ou il s’est montré très réticent à cette idée. La place des jeunesses politiques et syndicales39 pourtant a été posée et discutée à de multiples reprises, les débats ont souvent été houleux ; ce fut une question récurrente qui a traversé l’histoire du CNAJEP, à tel point qu’elle a structuré pour une grande part les contours de la coordination et les choix qui ont été faits. Le CNAJEP s’est officiellement structuré sur le respect des différences et a prôné une tolérance « de bon aloi » :
« La diversité des organisations que coordonne le CNAJEP est le meilleur gage de son indépendance à l’égard des forces politiques »40.
37Il a utilisé le principe de l’alternance comme mode de régulation interne, mais l’alternance – qui a été toujours appliquée et revendiquée – a été principalement celle qui visait à la répartition des pouvoirs entre laïques et confessionnels. Et cet affichage a pu gommer d’autres partitions, d’autres clivages, qui sont restés dans le non-dit ou qui se sont évaporés dans ce qu’on désigne ordinairement comme « langue de bois ». Pourtant, parmi ces clivages, certains étaient restés structurants et indélébiles, telle la partition communistes/non-communistes durant la guerre froide41. La traduction politique de ces fractures a été immédiate dans les mouvements de jeunesse : les mouvements de jeunesses politiques y ont tout simplement perdu leur agrément, qu’ils avaient pourtant obtenu en 1944, dans le contexte de la Libération et à la faveur du tripartisme. Ils devaient « faire la preuve de leur valeur éducative » et ce critère ne pouvait plus désormais s’accommoder du « politique »42. Cette prise de position a laissé des traces dans les comportements collectifs de l’UPOJ, du GEROJEP, puis du CNAJEP entre autres43, d’autant que l’agrément a toujours été implicitement la condition minimale pour qu’une association demande son droit d’entrée dans l’une de ces coordinations.
38C’est ainsi notamment qu’on peut expliquer la difficile intégration des jeunesses syndicales et politiques. Au cours des nombreux débats à ce sujet (en quelque sorte un serpent de mer...), il sera fait une distinction entre jeunesses politiques et jeunesses syndicales, le CNAJEP semblant moins défavorable à l’intégration des premières que des secondes. Ainsi en 1974, lors de la mise en place de la coordination unique CNAJEP-CRIF, il n’y a pas de veto, mais de fortes réserves sont émises sur la participation à part entière des confédérations syndicales. La distinction repose à ce moment-là sur l’argumentation suivante :
« Les jeunesses politiques ont des modes d’action qui leur sont propres, leur champ d’action est spécifique. Cependant, elles concourent indéniablement à l’expression des préoccupations de la jeunesse et elles ont une existence organique propre, ce qui les différencie des partis politiques. Elles ont donc une place au CNAJEP, quelle que soit leur référence politique, dans la mesure où leurs modes d’actions sont démocratiques.
Mais un problème demeure, celui des jeunesses syndicales, notamment à cause de leur régime juridique. Le CNAJEP est un regroupement d’associations régies par la loi 1901, les syndicats sont soumis à un régime différent, celui de la loi de 1884. Ce critère juridique recouvre un problème plus délicat, celui de l’existence organique autonome de ces jeunesses syndicales par rapport aux confédérations. »44
39Ce raisonnement juridique s’appuyant sur le cadre associatif 1901 était-il si convaincant, le CNAJEP, comme on le sait, n’étant pas lui-même à l’époque déclaré « de droit » ? Les membres du CNAJEP ne craignaient-ils pas plutôt des conflits de compétence ? Les mouvements bien sûr n’eurent pas tous les mêmes réactions sur cette épineuse question, d’autant que beaucoup parmi leurs représentants étaient par ailleurs des militants actifs, politiques ou même syndicaux ! Mais le consensus a joué et agi. Ni les jeunesses politiques, ni les jeunesses syndicales n’ont été intégrées au CNAJEP, il y aura seulement, et après beaucoup de contournements et d’hésitations, une plate-forme constituée « à côté » du CNAJEP, dénommée COJEP45 et officialisée le 24 juin 1994.
40Le pluralisme était-il à ce prix ? Cette garantie de neutralité, si souvent revendiquée, serait-elle une valeur pédagogique indispensable en matière d’éducation de la jeunesse ? Cela resterait à démontrer...
Notes de bas de page
1 Pour réaliser ce travail sur l’histoire du CNAJEP, nous avons eu accès à un fonds dénommé ici « Archives CNAJEP » et constitué de 170 cartons, entreposés pour l’instant au siège du CNAJEP (et non encore inventoriés). J’ai réalisé ce travail d’investigation avec l’assistance d’Yvonne Le Goïc, responsable d’animation dans une collectivité territoriale et impliquée depuis plusieurs années dans les échanges de jeunes français et européens.
2 Voir à ce propos Françoise Tétard, « Les mouvements de jeunesse furent-ils des mouvements de jeunes ? », dans Bernard Roudet (dir.) Des jeunes et des associations, Paris, L’Harmattan, 1996, p. 131-146, Coll. « Débats-Jeunesses ».
3 Foyer international d’accueil de Paris, 30 rue Cabanis, dans le 14e arrondissement.
4 Vingt réunions entre le 1er juin 1968 et le 18 décembre 1968, d’après les archives consultées.
5 Désigné a posteriori par le collectif (le 19 septembre 1968).
6 D’après une lettre de Pierre Bonnet (Éclaireuses et Éclaireurs de France) adressée à Jean-Bernard Raymond, conseiller technique, datée du 31 décembre 1968, au nom du Conseil national, Archives CNAJEP
7 Le sigle se compliquera par la suite, voir plus loin.
8 Jeunesses ouvrière, étudiante, agricole catholiques (le « C » de « catholique » deviendra parfois « chrétien »).
9 Centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active, nés en 1937, mouvement laïque, issu des Éclaireurs de France, qui se mobilise sur la formation des moniteurs de colonies de vacances.
10 Il y aura un ministère à part entière seulement à partir du 8 janvier 1966 ; avant, et sauf pendant l’épisode Pierre Bourdan (1947-1951), c’est une Direction qui reste sous la dépendance du ministère de l’Éducation nationale, puis un secrétariat d’État à partir de 1963.
11 C’est cette ordonnance du 2 octobre 1943, prise à Alger, qui soumet à un agrément les associations et groupements de jeunesse qui voudraient bénéficier de crédits ou subventions, venant de l’État ou d’une collectivité publique.
12 Cette proposition n’a visiblement pas été suivie, car le « Groupe des 13 » agit encore comme tel pendant un certain temps.
13 Il avait assuré une présence incontestable dans toutes les négociations du FIAP, pendant les événements de 68.
14 D’après une décision prise le 24 septembre 1969, archives CNAJEP.
15 Comité pour les relations internationales des associations françaises de jeunesse et d’éducation populaire.
16 Le sigle CNAJEP signifie alors : Comité pour les relations nationales et internationales des associations de jeunesse et d’éducation populaire.
17 Qui deviendra la WAY (World Assembly of Youth) à partir de 1949.
18 Comité de coordination des organisations laïques de jeunesse et d’éducation populaire créé fin 1954 entre mouvements laïques.
19 Qui, de son côté, avait mis en place « le Front commun » à partir de 1954- 1955, à la suite du discours de Pierre Mendès France à Lille du 6 novembre 1954 (y participent, à côté de l’UNEF : l’UGE, la FFMJC, des mouvements du CFMJ, etc.).
20 Cf. Marie-Thérèse Chéroutre, Document de travail, « Points de repère sur la politique de la jeunesse en France », Archives CNAJEP.
21 Journal officiel du 25 janvier 1970.
22 On envisage de les porter à 200 F, 300 F et 500 F dès février 1970.
23 Quelques-uns des signataires de la Déclaration du 27 mai 1968 ont choisi de partir.
24 Les associations membres à l’assemblée constitutive étaient de 63, le nombre a donc rapidement augmenté en quelques mois.
25 Ces chiffres ont été établis à partir des archives, mais les adhésions se jouent parfois à quelques mois près, d’où une légère incertitude sur quelques cas.
26 Jusqu’au 14 janvier 1970, moment où il cède la présidence du CNAJEP à Pierre Bonnet, des Éclaireurs de France.
27 Lettre lue le 6 janvier 1972 à la réunion des « 13 » du CNAJEP, Archives CNAJEP.
28 J’ai mené en 1997-98, avec la collaboration d’Yvonne Le Goïc, une campagne d’entretiens auprès des acteurs témoins du CNAJEP et du CRIE
29 Programme du CRIF, daté de décembre 1969, Archives CNAJEP
30 Council of European National Youth Committees.
31 Bureau européen de coordination des organisations internationales de jeunesse.
32 Comité consultatif de la jeunesse.
33 Office franco-allemand pour la jeunesse.
34 Déclaration commune CRIF/CNAJEP, Manifeste en dix points, daté du 25 avril 1974, Archives CNAJEP.
35 Les statuts sont déposés le 30 juin 1973.
36 Proposition de Jean-Claude Dumoulin et R. Durand, dans le cadre du groupe « Un CNAJEP, pourquoi ? », datée du 1er mars 1989, archives CNAJEP.
37 Contribution du CNAJEP au projet de loi sur la promotion de la vie associative, motion datée du 25 juin 1982, archives CNAJEP.
38 Voir à ce propos Françoise Tétard, La co-gestion promue par Maurice Herzog : un modèle ?, rapport FNDVA, Mémoire et racines de la co-gestion, juin 1998, 129 p.
39 Ce terme de « jeunesses syndicales », utilisé par les acteurs de l’époque, est peut-être un peu abusif, les sections « jeunesses » des confédérations syndicales furent en effet plutôt discrètes. Ce terme désigne en fait surtout les membres des centrales syndicales qui s’intéressent aux problèmes de jeunesse. À plusieurs reprises cependant et dès 1971, le CNAJEP a organisé des rencontres avec les grandes centrales (CGT, CFDT, CGT-FO, FEN...). Il a par ailleurs noué des contacts avec l’UNEF à plusieurs occasions, dans le sillage du GEROJEP.
40 CNAJEP, Conférence de presse du 27 septembre 1970, archives CNAJEP.
41 Fracture qui s’exprime dans les mouvements de jeunesse, à l’extérieur de la France avant de se traduire à l’intérieur, et tout particulièrement dans l’opposition WAY/FMJD (Fédération Mondiale des Jeunesses Démocratiques)
42 Voir à ce propos Les Cahiers de l’Animation, L’espérance contrariée. Éducation populaire et la jeunesse à la Libération (1944-1947), n° 57-58, 1986/12.
43 Ces trois coordinations successives n’ont d’ailleurs pas réagi exactement de la même façon face à ce problème, selon les périodes dans lesquelles elles ont fonctionné.
44 CNAJEP, préparation de la motion d’orientation de 1976, Assemblée générale du 11 décembre 1975, archives CNAJEP.
45 Un sigle de plus ! Le COJEP est la Conférence des organisations de jeunesses étudiantes et politiques ; c’est le « JEP » cette fois qui pourrait prêter à confusion, puisqu’il signifie dans ce cas autre chose que « Jeunesse et éducation populaire »...
Auteur
Historienne, ingénieur CNRS, Centre d’histoire sociale du xxe siecle, CNRS-UPRESA 8058.
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