Une redéfinition du politique par les associations ?
p. 47-64
Texte intégral
1Les associations, fussent-elle à vocation politique affirmée, ne prétendent pas nécessairement devenir des partis ou restructurer le champ conjoncturellement défaillant des forces parlementaires. Celles qui s’essaient à inventer des modalités non institutionnelles du politique sont seules retenues ici. Mais la frontière qui les sépare de celles abordées dans les pages précédentes est poreuse : les Croix-de-Feu, contraints à devenir parti après l’interdiction qui les frappe, continuent, sous cette forme nouvelle, à se réclamer d’un « tout social », les mouvements de Résistance, analysés dans leur rapport à la politique, pourraient aussi bien trouver place ici dès lors qu’ils aspirent à redéfinir le politique, les clubs pareillement... Force est, donc, de retraverser d’abord la période qui vient d’être analysée en s’interrogeant sur la place qu’elle fait ou conserve à des associations prétendant à l’initiative politique ou à des fonctions politiques autonomes, à certains moments plus qu’à d’autres. Le dernier quart du siècle qui recèle, à cet égard, des potentialités inédites retiendra, ensuite, plus longuement l’attention.
À la droite de l’échiquier politique
2Les associations nées après la Première Guerre mondiale hors de toute mouvance partisane se situent majoritairement à la droite de l’échiquier politique. Divers facteurs en répondent.
3Le tissu associatif, culturel et sportif compris, demeure marqué par le clivage entre les « deux France », laïque et cléricale. Sans symétrie cependant. Dans le camp laïque, les ligues des droits de l’homme ou de l’enseignement conservent une hégémonie qui témoigne de la pérennité du système républicain nonobstant le rapport des forces singulièrement modifié. À gauche, leur assise étendue ne laisse guère de place pour d’éventuelles concurrences. D’où la précoce disparition du cercle républicain d’enseignement laïque d’Ille-et-Vilaine1, aux objectifs quelque peu redondants à ceux de ces associations ou de l’institution scolaire et, a contrario et à toute autre échelle, la « 22e condition » par laquelle l’Internationale communiste intime à sa section française de rompre avec la Ligue des droits de l’homme et la Franc-maçonnerie. L’Internationale communiste y voit l’indispensable préalable à la construction d’un parti se réclamant de rapports inédits aux syndicats, aux associations promues « organisations de masse » et aux coopératives qui contribuent, précisément, à l’instituer en « parti de type nouveau », non sans raison. Elle contribue, de la sorte, à son tour à saturer l’espace associatif de ce côté du champ politique. Rien de tel en regard. L’inexistence d’un parti confessionnel et la multiplicité des associations catégorielles obligent les catholiques à innover face à l’offensive engagée par le Cartel des gauches en générant la Fédération nationale catholique (FNC), dernier avatar de la génération des associations de l’avant guerre2.
4L’absence d’une formation nationale capable de perpétuer l’union sacrée par-delà l’épreuve laisse simultanément le champ libre à de puissantes associations qui pour être à vocation unanimiste n’en sont pas moins pareillement ancrées à droite. Les associations d’anciens combattants, premières en date comme en nombre, sont strictement civiques à la base, là où l’étroite assise géographique exclut le plus souvent la coexistence de plusieurs associations à vocation similaire. Elles s’inscrivent d’autant plus nettement dans le champ politique qu’on s’élève dans leur organigramme, en se situant alors majoritairement à la droite dudit champ. La constitution des ligues, dont les Croix-de-Feu, déporte un peu plus encore de ce côté le centre de gravité des associations émergentes autonomes. Si les Croix-de-Feu recrutent dans les mêmes eaux que les organisations d’anciens combattants sans leur faire ombrage, leur essor coïncide, en revanche, avec une décrue de la mobilisation de la FNC que la défaite du Cartel ne suffit pas à elle seule à expliquer. À droite autant qu’à gauche, les associations qui s’imposent comme emblématiques des aspirations dominantes du moment disputent victorieusement l’espace à d’autres, avant que d’avoir à céder le pas quand ces aspirations se transforment.
5Les anciens combattants se veulent « une modalité du politique sans LA politique »3. Les Croix-de-Feu souhaitent, pour eux, « dépolitiser la société par le truchement d’une mobilisation morale »4. Ces associations entendent donc substituer la morale à la politique quand la Ligue des droits de l’homme prétend les réconcilier avec, du reste, d’autant plus d’aisance qu’elle est en phase avec un régime dont elle se veut la quintessence. Mais la stabilité du système politique forgé dans les années 1880 contraint les nouvelles venues à composer. Elle condamne, alors même, le Parti communiste et son réseau d’organisations à la « guerre de position ». Les associations des années vingt évoluent, de fait, au rythme des flux et reflux du rapport des forces parlementaires. Elles se réclament d’une action civique qui combine l’éducation, l’action de masse et le Droit (s’agissant plus spécifiquement de la Ligue des droits de l’homme) mais ne s’interdisent pas des incursions sur la scène parlementaire. Celles-ci s’exercent par des pressions préélectorales, des labellisations des candidats, des candidatures occasionnelles (la FNC), la constitution d’un groupe parlementaire ou d’une commission consultative des parlementaires (s’agissant respectivement de la Ligue des droits de l’homme ou des Croix-de-Feu). Sans résultats décisifs sur ce terrain. D’où ces rapports inédits au politique exprimés dans la rue, les 6 et 12 février 1934, à l’initiative d’associations ou de syndicats, dans une situation qui leur ouvre un nouveau champ d’action sans pour autant laisser libre cours à ceux qui se réclamaient d’une redéfinition radicale du politique.
Crises et substituts, des années trente aux années soixante
6La crise des années trente signifie l’entrée dans une longue phase de turbulence qui modifie singulièrement les rapports des associations à la politique comme au politique. Le clivage entre les « deux France », loin de disparaître, peut même être réactivé par des associations nouvelles tel le Comité national d’action laïque (CNAL). En ces temps où chacun se voit sommé de « choisir son camp », ce clivage cède, cependant, du terrain à d’autres qui mettent aux prises les antifascistes et leurs adversaires puis les camps dessinés par la guerre froide ; en obligeant la plupart des associations à s’intégrer à des réseaux idéologiques et politiques d’une autre sorte.
7Les crises et les redéfinitions des régimes qui se succèdent, valent aux associations qui sont en position de pallier l’inadéquation ou la défaillance momentanée du système politique, de jouer un rôle décisif dans sa restructuration, ou du moins de le tenter. Mais elles confèrent simultanément à la politique et à ses acteurs institutionnels un primat et une aura qui rendent la capacité d’initiative de ces associations toute éphémère. Il en est ainsi durant la crise ouverte par les événements de février 1934. La naissance du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes (CVIA) – constitutivement « à la disposition des organisations ouvrières »– affaiblit Amsterdam-Pleyel, préalablement constitué sur le terrain de la lutte contre les fascismes italiens et allemands. Ces deux organisations qu’on pourrait qualifier « de crise » jouent l’une et l’autre un rôle notable de février 1934 à la ratification du pacte d’unité d’action antifasciste qui restaure le primat des partis et les relègue dès lors au second plan. En ces temps où les associations (et syndicats5) demeurent les principaux vecteurs de la mobilisation collective, elles retrouvent un rôle central dans l’organisation du 14 juillet 1935 mais s’effacent délibérément devant la Ligue des droits de l’homme, promue fédératrice, et qui doit à la légitimité conférée par l’Histoire de pouvoir inscrire la mobilisation dans l’épaisseur d’un temps chargé de sens et fort de préalables victoires6. Les débats sur le programme du Rassemblement populaire, la campagne électorale puis la victoire restituent enfin définitivement l’initiative aux partis, en contraignant les associations « de crise » à s’effacer ou à s’adapter7 avant que d’être traversées par des contradictions politiques majeures quand elles avaient, un temps, constitué la modalité de leur dépassement. Les redéfinitions du politique à l’œuvre sous Vichy et la lutte contre l’occupant créent un espace pour des mouvements, réseaux et fronts qui ne survivent pas à la restauration des partis. Sous la Quatrième République, les associations, majoritairement subordonnées aux partis ou reléguées, n’ont plus d’autonomie suffisante pour prétendre à un rôle majeur. En 1958, pas d’avantage. La Ligue des droits de l’homme tente une fois encore de jouer les médiateurs mais l’ostracisme à l’égard des communistes, la crise de la gauche non communiste, la nature de l’adversaire désigné et la guerre d’Algérie – qui divise quand les dangers de guerre unissaient quelque trente ans plus tôt – bornent étroitement, cette fois, ses capacités d’action. Son échec n’est pas strictement conjoncturel. Claire Andrieu a rappelé que l’effondrement de la gauche non communiste induit la multiplication des clubs mais non l’émergence d’associations à vocation de masse8.
8En conséquence, ce sont des comités, des nébuleuses associatives ou des syndicats, à plus fort titre, qui mobilisent et s’imposent, à l’occasion, comme des acteurs politiques à vocation fédératrice, ainsi durant la guerre d’Algérie ou en 1968. Et c’est dans le champ syndical, autour et dans la CFDT, que se théorise et que tente alors de s’affirmer un nouveau rapport à la politique9.
Redéfinitions du système politique
9La Ve République a naturalisé ces modalités d’interpellation par l’opinion publique que sont les sondages10 ou les manifestations de rue11, selon des chronologies au demeurant distinctes. La croissance exponentielle12 des associations participe de ce même processus d’affirmation de la « société civile » (un concept dont il conviendrait d’analyser l’irruption, contemporaine, et la banalisation dans le langage commun).
10Au début des années soixante-dix, les associations constituées à Paris contre les nuisances automobiles constituent un exemple de cette affirmation de l’opinion publique, ici mobilisée contre l’autoritarisme de l’administration parisienne13. Cette expression d’une « démocratie d’opinion » n’est évidemment pas un phénomène isolé. Il faudrait revenir systématiquement sur les effets du changement de régime sur les divers types d’associations. Quelles opportunités nouvelles dessine-t-il pour une possible redéfinition de leur rapport à la politique ? Quelle place, renouvelée ou non, fait-il à la pression qu’elles sont susceptibles d’exercer sur les pouvoirs publics ? Des questions au prisme desquelles on pourrait utilement relire l’histoire des (rares) associations qui doivent à leur durée de vie d’enjamber deux régimes quand ce n’est pas trois et même quatre, s’agissant des deux ligues consubstantielles au système républicain ; un régime dont elles constituent une manière de bonne conscience perpétuée, contribuant à expliquer qu’elles soient toujours parvenues à renouveler leurs cadres et leurs militants quand les associations ont, pour la plupart, une dimension générationnelle affirmée.
11La périodisation retenue dit, cependant, à elle seule que le changement de régime est la condition nécessaire mais non suffisante d’une redéfinition du rapport que les associations entretiennent avec le champ politique. Celle-ci ne s’opère pleinement qu’après la crise de 1968. Ses conséquences à court terme dans le secteur associatif, évoquées dans la communication consacrée au CNAJEP14, mériteraient une étude systématique. Cette crise de toutes les structures d’encadrement n’épargne pas les associations15 et ne génère du reste, à chaud, que des comités de toute espèce, non des organisations, promues incarnation du mal, seraient-elles associatives. Ses effets différés sur le tissu associatif sont plus complexes. Les événements de 1968 précipitent la crise du système partisan qui structurait jusqu’alors la Ve république en libérant des énergies militantes, désormais disponibles pour des engagements d’autres sortes. Ils contraignent les associations liées aux formations politiques en déclin ou en redéfinition à des réadaptations. L’Association nationale pour l’appel du général de Gaulle se mue ainsi en Association pour la fidélité à la mémoire du Général de Gaulle16. Mais la pérennité de certains intitulés n’exclut pas des évolutions d’importance, s’agissant par exemple de la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT) ou du Secours populaire17. Non sans induire un besoin de réassurance identitaire qui est à l’origine du récent intérêt de certaines de ces associations pour leur histoire (et par là même pour leurs archives). La révolution culturelle qui s’affirme dans les années soixante-dix crée, simultanément, de nouveaux terrains d’agrégation devenus le terreau des associations nouvelles. Tandis que la loi Marcellin, adoptée en 197118 pour contrer l’extrême gauche, contribue paradoxalement, à terme, à la consolidation de la liberté d’association en induisant la décision du Conseil constitutionnel :
« La constitution d’associations alors même qu’elles paraîtraient entachées de nullité ou auraient un objet illicite ne peut être soumise pour sa validation à l’intervention préalable de l’autorité judiciaire »19.
12Ensuite, de nouveaux paramètres entrent en jeu. Sous les effets croisés du désenchantement politique consécutif aux années Mitterrand, de l’affirmation libérale, des redéfinitions structurelles partout à l’œuvre et de la mondialisation, surgissent de nouvelles associations qui s’inscrivent, sur un autre mode, dans les espaces et les temps du politique, eux-mêmes en redéfinition.
13Les modalités d’inscription dans le politique se modifient et se démultiplient en conséquence. Au point que les communications à ce colloque ne sauraient se vouloir représentatives d’un champ devenu complexe20. Du moins font-elles surgir des questions et parfois des réponses d’une autre sorte.
Se substituer aux institutions défaillantes ou faire mouvement ?
14L’émergence et le triomphe de l’État providence ont provoqué l’effacement de nombreuses organisations caritatives ou les ont rendues moins immédiatement nécessaires21. Ils ont simultanément contribué à une quasi-institutionnalisation d’associations agréées et partiellement subventionnées – dans la mouvance de certains ministères plus que d’autres, la Jeunesse et les Sports en particulier22. La remise en cause de l’État providence favorise au contraire la multiplication d’associations-substituts, parfois qualifiées de « sous-traitants de l’impuissance publique »23, dans le domaine des affaires sociales plus qu’en d’autres. Ces associations – « adossées aux institutions » qu’elles relaient – s’inscrivent dans la durée ou, du moins, y prétendent. Elles professent un apolitisme qui peut les conduire à préférer les soutiens très médiatiques du monde du spectacle à ceux des élus, s’agissant des Restaurants du cœur, par exemple24. Ce qui n’exclut pas un rôle politique au premier chef quand certaines d’entre elles en viennent à remplir ou commanditer des fonctions d’expertise, contribuant à initier des projets de loi25 ou à étayer l’argumentaire de ceux qui les défendent. Jusqu’à devenir des « ministères bis », dit-on parfois. Ces fonctions ne vont pas sans induire une certaine professionnalisation. Elles facilitent les possibles dérives institutionnelles et financières exposées dans l’intervention de Pierre Joxe. Elles sont, en fait, frappées par la crise du militantisme au même titre que les partis ou les syndicats.
15La défaillance de l’État providence et les effets du libéralisme et de la mondialisation suscitent simultanément l’émergence d’associations protestataires.
16Jusqu’en 1968, les associations politiques sont nées, ont vécu et, parfois, disparu au rythme des crises politiques majeures ou, plus simplement, de la vie parlementaire, de l’histoire des partis ou des affrontements internationaux. Ce rapport à la chronologie de la modernisation politique et ses aléas ne disparaît pas totalement ensuite. En particulier, il conviendrait d’étudier comment la construction puis le délitement précoce de l’Union de la gauche, l’hégémonie bientôt conquise à gauche par le Nouveau parti socialiste, la victoire de François Mitterrand puis les déceptions qu’elle nourrit, ont affecté le tissu associatif et les fonctions des associations. À partir des années soixante-dix et au fur et à mesure que s’installe ce qu’on va qualifier de crise, les associations émergentes s’inscrivent, du moins, plus nettement dans la chronologie des mouvements sociaux – « nouveaux » ou non – dans celles des conflits internationaux – naissance des ONG d’urgence après la guerre du Biafra26 – ou des grandes campagnes, souvent initiées outre Atlantique – Act up, par exemple. Cette évolution s’affirme jusque dans les intitulés des dites associations. La loi de 1901, généraliste, ne connaît que des « associations ». Mais les associations à vocation politique assumée lui préfèrent d’autres vocables ; ainsi, successivement, ligues, comités, mouvements, coordinations... aux connotations bien évidemment distinctes. À partir des années 1980, elles sont nombreuses à choisir pour intitulé des mots d’ordre évocateurs de l’offensive, ainsi : SOS racisme, Touche pas à mon pote !, Ras l’front !, Droit au logement (DAL) ; quand elles ne jouent, aux mêmes fins, sur la consonance de sigles tels ATTAC27 ou AC !, au point de parfois se confondre avec l’intitulé de campagnes à leur origine, s’agissant des Marches européenne des chômeurs, par exemple, qui, de mobilisation qu’elles étaient, deviennent association.
17Ces associations sont souvent catégorielles, parfois éphémères28 et fréquemment balkanisées, à l’image des luttes qui les ont engendrées – cela vaut par exemple pour les associations de chômeurs29. Elles peuvent s’engager dans des actions communes, tendanciellement unifiantes, mais le plus souvent ne génèrent que des nébuleuses en équilibre instable ou des agrégats tels, aujourd’hui, le mouvement des « Sans », non des fédérations organisées.
Une autre gauche ?
18Les clivages idéologico-politiques constitutifs d’un siècle de vie politique française demeurent à l’œuvre, dans les secteurs éducatif et scolaire plus qu’ailleurs30 mais aussi bien – sur un mode moins conflictuel il est vrai – dans le domaine caritatif avec, aujourd’hui côte à côte mais longtemps face à face, le Secours populaire et le Secours catholique. Les associations émergentes ne sont pas nécessairement épargnées : ainsi ATTAC déclare s’inscrire « dans la mouvance laïque » quand l’association prétend pourtant essaimer (et essaime de fait) au-delà des frontières nationales et que le terme « laïc », inscrit dans ses statuts, est réputé intraduisible. Les affrontements gauche/droite sont, pareillement, repérables dans certaines associations européennes dont ils entravent le développement31. Les Verts – il est vrai mués en partis – se sont, quant à eux, scindés sur cet obstacle. Mais la multiplication des structures fédératives, dans le domaine de l’éducation populaire par exemple, des pratiques consuméristes communes à toutes les associations de parents d’élèves ou la présence de trois élus de l’UDF dans le groupe ATTAC à l’Assemblée nationale participent simultanément d’une unification tendancielle à l’œuvre ou la révèlent.
19Certaines des associations créées dans la dernière décennie se réclament d’une « autre gauche ». Mais le mouvement associatif est aujourd’hui, plus généralement, réputé de gauche32. Cette perception n’épargne pas nécessairement celles des associations qui font profession d’apolitisme33 – ainsi les Restaurants du cœur promus image emblématique du tissu associatif de la génération Mitterrand par un récent téléfilm. Sans que les explications avancées pour expliquer l’ancrage à droite des organisations constituées dans les années vingt hors la mouvance des partis soient ici réversibles. Pourquoi l’absence une « autre droite » quand la crise du politique et le désenchantement n’épargnent aujourd’hui personne ? Cette dissymétrie est-elle apparente et simple effet d’inégales stratégies médiatiques ? S’il n’en est rien, est-elle la contrepartie de l’institutionnalisation des partis de la gauche plurielle et des rapports spécifiques que cette dernière entretient avec le mouvement social ? Tient-elle au fait que le terrain soit, à droite, occupé partiellement par le réseau associatif lié au Front national (qui, sans doute, a résisté à la crise de l’organisation mère) ? Ne faut-il pas chercher plutôt l’explication dans le poids des réseaux associatifs catholiques, puissants mais non fédérés et n’entretenant pas un même rapport aux médias ?
20C’est, du moins, dans cet hémisphère que s’expriment aujourd’hui les exigences les plus nettes d’une redéfinition du politique
Refonder la démocratie ?
21Les associations sont parfois soupçonnées de « surfer sur les échecs des autres », par ceux, partis et parfois syndicats, qui les regardent avec une irritation teintée de convoitise34. Elles se veulent, au contraire, les refuges de l’initiative populaire, l’expression la meilleure de « la société civile », d’une « nouvelle citoyenneté », de la « scène publique » européenne ou mondiale à laquelle elles contribuent à donner corps, ou, exprimé en d’autres termes, d’une démocratie devenue participative.
22Leur rapport avec le ou la politique n’est pas uniforme. Il varie en fonction des conjonctures (s’agissant de la Ligue des droits de l’homme par exemple), des générations qui cohabitent dans une même association et, plus encore, en fonction des échelles analysées.
23Les associations ont souvent constitué des refuges ou de possibles instruments de reconversion pour les militants politiques marginalisés par des défaites ou des évolutions a contrario de leurs attentes. Ainsi, la Ligue des droits de l’homme pour Daniel Mayer après 195835 ou les associations issues des « nouveaux mouvements sociaux » pour de nombreux militants issus de l’extrême gauche défaite au début des années 1970, on ne saurait comprendre autrement l’extrême violence du vocabulaire mobilisé par les militants associatifs sur le terrain de l’aménagement urbain (« déportés, colonisés, totalitaire... »)36. À partir des années quatre-vingt-dix, le phénomène s’accentue et s’élargit à tous les « amoureux déçus de la politique ». Mais des flux contraires demeurent à l’œuvre. Une prosopographie des candidats et élus municipaux attesterait que les responsables d’associations constituent fréquemment un vivier d’élus, à l’échelle municipale plus qu’à d’autres37. La plus jeune génération des militants associatifs fournit, à l’occasion, des cadres aux partis38.
24La plupart de ces associations se veulent un « lieu d’apprentissage des valeurs et des comportements démocratiques ou citoyens » (Sophie Duchêne, Camille Hamidi). Ces « écoles de démocratie » revendiquées ne sont pas nécessairement régies par des principes démocratiques39. Des dispositions statutaires ou une jurisprudence permettent, par exemple, à la Ligue des droits de l’homme40 ou à ATTAC de pérenniser la nature de leurs groupes fondateurs pour ainsi limiter le possible entrisme. Elles s’inscrivent, du moins, pour nombre d’entre elles, dans le projet éducatif consubstantiel à la culture républicaine constituée dans les années 1880, parfois explicitement. Ainsi, ATTAC, qui revendique sa filiation avec la Ligue de l’enseignement41. Leurs pratiques éducatives diffèrent toutefois de ce qu’elles furent au temps des illusions pédagogiques, ce corollaire de la République quand rien ne la menace. Elles se situent, en effet, la plupart du temps dans un vaste répertoire d’actions qui fait à la mobilisation collective une place de choix.
25Parviennent-elles à acculturer les principes démocratiques dominants dans des milieux demeurés en marge et, plus généralement, à politiser ? Dans une faible mesure, répond la politiste américaine Nina Eliasoph42. À ses yeux, ces lieux de socialisation ne constituent pas des instruments de politisation, si l’on entend par là la capacité à généraliser en dépassant les intérêts particuliers. Des associations, tels les Restaurants du cœur, érigent les phénomènes d’évitement du politique et des conflits en modalité de l’être ensemble et font l’économie de la généralité, c’est-à-dire du politique au nom de l’urgence invoquée43. La démarche consumériste et la satisfaction recherchée des intérêts particuliers communes à la majorité des adhérents de toutes les associations de parents d’élèves plaident en ce même sens44. Un sondage CSA réalisé pour la mission interministérielle du centenaire de la loi de 1901, pareillement. Les personnes interrogées corrèlent les associations à des images d’entraide et de consolidation du droit social45. Celles qui sont adhérentes à une ou plusieurs associations avancent l’envie d’engagement, de partage avec les personnes ayant les mêmes sensibilités comme principale raison de leur implication (71 %) – en contrevenant donc, semble-t-il, au consumérisme. Toutefois, une nouvelle question révèle une contradiction restituant au consumérisme le primat. En effet, le sondage montre que, dans la pratique, les associations à vocation ludique s’avèrent être les plus fréquentées par ceux là même qui corrélaient les associations à des valeurs d’autre sorte46. Ce sondage confirme, en outre, que les militants associatifs se recrutent, de manière privilégiée, dans les classes moyennes éduquées, sans renouveler, dès lors, en profondeur le rapport des plus démunis au politique. Mais des distinctions sont naturellement à opérer d’une organisation à une autre. Ainsi, la dépolitisation joue-t-elle d’avantage dans les Restaurants du cœur qu’à Amnesty international.
26Que l’on se focalise sur les relations des associations avec le champ politique et les conclusions se modifient – toutefois, à l’aune du regard porté. S’agissant, plus particulièrement, de celles qui prétendent à « faire de la politique autrement ». Cette prétention vaut pour la Ligue des droits de l’homme qui « loin d’être un simple avatar de l’engagement à gauche, offre à tous ses membres une tribune en redéfinissant ce que devrait être [la politique] »47. Elle s’exprime encore, dans les termes retenus plus haut, à ATTAC. Soit deux associations dotées de mythes fondateurs (l’Affaire Dreyfus ou Seattle), par là capables de produire ou de transmettre de grands mythes d’appropriation collective de lutte, de dignité, de victoire et, du même fait, de mettre en mouvement quand la cause – pour laquelle les associations européennes s’engagent – est dépourvue de la dynamique du rêve et de la force catalytique consubstantielles au mythe48.
27Cette exigence de renouvellement peut revêtir la forme d’un rejet de la politique au profit du politique compris en terme de transformation des rapports sociaux, dans la filiation d’un syndicalisme révolutionnaire parfois revendiqué : ainsi dans l’appel lancé en 1998 pour « l’autonomisation du mouvement social », dans celui de Pierre Bourdieu pour des États généraux du mouvement social, ou parmi certains minoritaires d’ATTAC.
28Les associations peuvent également prétendre au statut d’acteur politique à part entière. Les activités partisane, syndicale et associative sont alors tenues pour des modalités diverses mais contemporaines et non concurrentes du politique, sans prééminence obligée. Les associations qui se réclament d’une pareille conception peuvent s’insérer directement dans le jeu institutionnel sans médiation partisane. Ce fut le cas pour les GAM, précédemment évoqués. Elles peuvent arguer de leur fonction tribunitienne pour exiger d’être tenues pour représentatives ou intégrées au dialogue social. Cela vaut spécialement pour les organisations de chômeurs, dans les années trente appendices des syndicats, mais qui leur dénient, aujourd’hui, le droit de légitimement siéger en leur nom49. En amorçant une restructuration du social dans laquelle les partis et syndicats ne constitueraient plus des éléments privilégiés ? les associations peuvent encore et enfin s’essayer à des dynamiques susceptibles de redéfinir les modalités d’action des acteurs institutionnels. ATTAC compte ainsi parmi ses membres fondateurs des communes, adhérentes ès qualités, dotées de responsabilités particulières en son sein. Les élus adhérents, regroupés dans des comités à l’Assemblée nationale, au Sénat ou au Parlement européen sont invités à agir dans l’exercice de leur mandat en liaison avec le mouvement de masse, sur des enjeux internationaux. La présentation directe de candidats, constitutive des GAM, doit à l’image négative du politique d’être exclue par tous ou presque50. La tentation de se muer en parti, pareillement. Quand le poids d’une « abstention dans le jeu », déterminée par l’inadéquation de l’offre politique à l’attente, témoigne pourtant qu’il existe un espace à occuper51. Des systèmes d’alliance inédits peuvent en revanche se nouer avec les syndicats – qualifiés par ATTAC « d’écoles de citoyenneté ».
Un trend séculaire ?
29Cette exigence d’une redéfinition du politique s’est exprimée en termes sinon similaires du moins convergents en d’autres temps, de l’initiative des anciens combattants de l’entre-deux-guerres, par exemple. Au point qu’on peut la tenir pour un corollaire obligé du système politique, Antoine Prost le suggère dans ses conclusions. Les restructurations contemporaines des instances, échelles et modalités politiques créent, cependant, des opportunités inédites.
30Dans les années 1860, la poussée libérale s’est accompagnée d’un foisonnement d’associations et de congrès internationaux dont l’Association internationale des travailleurs (AIT), cette modalité de la contre-offensive ouvrière à pareille échelle. Plus d’un siècle plus tard, l’Europe en construction constitue un espace, des ressources et une cause pour toute une série d’associations structurées à telle échelle52. Même phénomène, quoique a contrario, pour le libéralisme de nouveau triomphant et la mondialisation. En portant atteinte à la souveraineté de l’État-Nation et au compromis capital/travail noué dans les années 30-45 sous la forme du fordisme et de l’État providence, le libéralisme et la mondialisation mettent à mal les systèmes politiques et les partis qui en étaient l’expression et deviennent la cible d’associations qui érigent la renégociation du compromis en objectif politique majeur si l’on entend par politique « la régulation, fonction née de la tension entre le conflit et l’intégration dans une société »53.
31Ces associations nouvelles surgissent ou s’expriment principalement dans les espaces et les temps des souverainetés concurrentes à l’État-Nation aujourd’hui en gestation.
32Les municipalités se sont tôt imposées pour des lieux de politisation majeurs, susceptibles de produire des associations spécifiques à leur échelle. Les associations de défense du vieux Paris surgies au début du siècle dernier54 ou les cercles républicains d’enseignement de l’Ille-et-Vilaine55 en constituent de bons exemples. Ils résultent, respectivement, du statut d’exception de la capitale ou du rapport des forces qui prévaut dans ce département blanc qu’est l’Ille-et-Vilaine, et participent sur des modes spécifiques de la construction d’une expression politique adaptée au terrain. Dans les années trente, la « nationalisation » du politique précipite l’intégration de telles associations dans des fédérations unifiantes ou, souvent, les condamne à des replis culturels. La décentralisation contemporaine ou les liens directs et spécifiques qui se nouent aujourd’hui entre certaines régions, l’Europe ou les effets de la dérégulation libérale56 valent au contraire aux associations implantées à telle échelle de retrouver une autonomie ou des vertus stratégiques nouvelles. Cette nouvelle territorialisation va de pair avec l’inscription dans un champ associatif renouvelé57 ou dans des réseaux que le web continue à construire, à d’autres échelles, européennes ou transnationales. C’est, du reste, sur ces scènes redéfinies que certaines associations se sont vues reconnaître une représentativité. À l’échelle locale, un exemple est fourni par Paris où les associations de défense de l’environnement, hier substituts face aux carences institutionnelles, parviennent à se faire entendre et contribuent in fine à des évolutions institutionnelles attestées par la commission ville/associations et par la représentativité désormais reconnue de certaines d’entre elles58. De telles évolutions sont à l’œuvre à l’échelle européenne ou internationale, s’agissant en particulier des ONG59. La scène nationale s’avère plus rétive (non sans conséquence sur la propension des associations écartées de la représentation à recourir aux modalités non conventionnelles du politique). Le champ associatif pourrait ainsi révéler et précipiter les processus de déterritorialisation/reterritorialisation aujourd’hui à l’œuvre ; des processus qui posent la question du national confronté à des tensions internationales et locales, trouvant pour elles, à s’articuler. Au prix de contradictions nouvelles, dans le domaine du Droit en premier lieu.
33Dans son étude intitulée The Republican Moment, Philip Nord analyse le foisonnement associatif qui a caractérisé la décennie libérale du Second Empire. Les combats alors menés contre la tutelle souvent conjointe des élites traditionnelles et de l’État ont permis l’émergence de cadres qui marqueront la République de leur empreinte et ont favorisé l’éclosion d’une nouvelle culture politique construite par et dans la société civile, non sur la scène politique institutionnelle. La victoire républicaine des années 1880 n’a dès lors que l’apparence d’une révolution culturelle. La culture à laquelle les républicains victorieux donnent ampleur et caractère officiel est une culture préformée par ces luttes antérieures, non une culture imposée. D’où sa force, sa durable capacité de résistance et la pérennité de la République60. Il est beaucoup trop tôt pour savoir si les associations contemporaines et leurs pratiques nouvelles sont susceptibles de générer pareillement la culture et les cadres d’un système politique redessiné. D’autant que la similitude n’est en rien parfaite. L’émergence de souverainetés concurrentes à nouvelles échelles n’a, pour l’heure, fait disparaître ni le principe électif, ni ses lieux convenus d’expression, ni l’importance de la scène nationale (exprimée par Paris61). On ne saurait, dès lors, conclure que sur une série de questions.
34À la Libération, de nouveaux espaces de décision ou de gestion permirent aux syndicats de repenser, en acte, leur rapport au politique sans ruptures théoriques ostensibles avec le syndicalisme révolutionnaire qui leur était quasi constitutif. La construction de nouveaux espaces politiques peut-elle pareillement permettre de résoudre la contradiction entre démocratie participative et représentative à laquelle les associations ont jusqu’ici répondu par la subordination aux partis, l’institutionnalisation ou l’effacement ? La place aujourd’hui conquise par les associations, à l’échelle municipale en premier lieu, construit-elle des processus démocratiques originaux ? N’est-elle au contraire qu’un moyen de « réassurance » des élus62 ? Les associations apparaissent comme un efficace élément d’adaptation du système politique face aux partis qu’on pourrait tenir pour de l’histoire cristallisée. Elles se sont, à ce jour, toujours acculturées au système politique républicain – qu’elles ont parfois contribué à transformer ou à stabiliser – ou ont disparu. Peut-on imaginer qu’un système politique nouveau leur fasse une place qui n’altérerait ni leur vocation première, ni leur mode d’agrégation, ni leur originalité ? L’e.démocratie, dans laquelle certains veulent voir une modalité de la « démocratie permanente », est-elle une modalité d’expression propre à conforter les capacités des associations ou constitue-t-elle un retour à l’individualisme et à l’absence de corps intermédiaire constitutive du premier libéralisme ?63
35Une certitude, cependant. On avait défini le champ d’investigation de ce colloque en épousant les découpages du social induits par les lois de 1884 et de 1901 pour ne retenir que les seuls acteurs politiques concernés par la seconde. Les redéfinitions à l’œuvre depuis trois décennies brouillent à ce point les frontières initiales qu’elles se révèlent inefficientes. Deux exemples suffisent à l’attester. Le CNAJEP a longtemps exclu de ses rangs les mouvements de jeunesses politiques et les structures syndicales dont les vocations relevaient de son champ. Il a récemment réintégré les premiers mais non les secondes en arguant de leur statut juridique hétérogène aux autres associations (1884). Mais l’argument peut surprendre quand on sait que le CNAJEP est une association de fait. C’est assez dire que les raisons de cet ostracisme sont peut-être d’une autre sorte : la forte propension des syndicats à recourir à l’action collective ne les constituerait-elle pas en acteurs plus « politiques » que leurs homologues partisans ?64 ATTAC a, pour elle, obtenu récemment l’agrément du ministère de la Jeunesse et des Sports. Cette association déclarée compte au nombre de ses membres fondateurs d’autres associations qui le sont également, des associations de fait (AC !), des syndicats et des entreprises de presse, soit tous les statuts juridiques possibles. Elle exclut toutefois la présence des partis, ès qualités. Dans un autre ordre d’idée, la Cour des comptes s’est inquiétée de la possible (et fréquente) confusion des genres entre associations à but non lucratif et entreprises et de ses conséquences pour les finances publiques65. La construction d’un espace juridique européen et les conventions internationales en vigueur participent de ces brouillages à l’œuvre. Et c’est, finalement, le clivage entre les organisations de toute nature et les partis – définis dans la Constitution par leur terrain spécialisé d’exercice de la politique et dans la loi de 1988 – qui se révèle être le plus pertinent au regard des questions retenues par ce colloque.
Notes de bas de page
1 Hervé Baudru, « Le Cercle républicain d’enseignement laïque d’Ille-et-Vilaine (1904-1927) », cf. infra, p. 493-504.
2 Corinne Bonafoux-Verrax, « Des associations catholiques constituées en groupes de pression durant l’entre-deux-guerres », cf. infra, p. 535-548.
3 Antoine Prost, Les Anciens combattants, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 3 volumes, 1977.
4 Albert Kéchichian, « D’une association d’anciens combattants à un mouvement de mobilisation morale. Les Croix-de-Feu : un protoparti sans politique ? », cf. infra, p. 313-326.
5 Antoine Prost, « Les manifestations du 12 février 1934 en province », Le Mouvement social, n° 54, 1966.
6 Antoine Prost fait remarquer que la mobilisation qui s’opère entre 1934 et 1936 confère l’hégémonie à une organisation et une seule par département mais que ces organisations peuvent parfaitement différer d’un département à l’autre, ainsi la Ligue des droits de l’homme en Charente-Maritime ou Amsterdam-Pleyel dans le Loiret.
7 Jocelyne Prézeau, « Le mouvement de lutte contre la guerre et le fascisme : Amsterdam-Pleyel (1934-1939) », cf. infra p. 299-312. Voir également Sylvie Rab, La politique culturelle des municipalités de banlieue, 1935-1939, Thèse, Université de Paris VII, 1994.
8 Les comités de paix de toute nature comme exception.
9 Frank Georgi, L’Invention de la CFDT, 1957-1970, Paris, Éditions de Atelier, 1995.
10 Loic Blondiaux, la fabrique de l’opinion. Une histoire sociale des sondages, Paris, Le Seuil, 1998.
11 Danielle Tartakowsky, Le pouvoir est dans la rue, Crises politiques et manifestations de rue, Paris, Aubier, 1998.
12 On compte aujourd’hui quelque 700000 associations. Elles se créent au rythme de 70 000 par an contre 10 000 en 1937, 10000 au début des années soixante, 40 000 en 1992, Jean-Michel Belorgey, Cent ans de vie associative, Paris, Presses de Sciences Po, 2000.
13 Mathieu Flonneau, « Parisiens, citadins, citoyens et automobilisme, du rôle de quelques associations dans la villes », cf. infra, p. 611-624.
14 Françoise Tétard, « Le CNAJEP : un pluralisme apolitique ? », cf. infra, p. 595-610.
15 Alfred Wahl, « Le mai 68 des footballeurs français », Vingtième siècle, revue d’histoire, n° 26, avril-juin 1990.
16 Bernard Lachaise, « De l’Association nationale pour l’appel au général de Gaulle dans le respect de la légalité républicaine à l’Association pour la fidélité à la mémoire du général de Gaulle », cf. infra, p. 403-418.
17 Cf. la thèse en cours d’Axelle Brodiez, consacrée à cette association. Jean-Pierre Le Crom signale qu’à Nantes, en 1970, presque tous les membres de la direction de cette organisation étaient communistes contre un seul aujourd’hui.
18 Elle confiait au juge civil le contrôle préventif de la reconstitution des groupements dissous.
19 Jean-Michel Belorgey, Cent ans de vie associative, op. cit.
20 Cf. pour un tableau beaucoup plus complet, Martine Barthélemy, Associations, un nouvel âge de la participation ?, Paris, Presses de Sciences Po, 2000.
21 Jean-Paul Thomas, « Les droites, les femmes et le mouvement associatif, 1902-1946 », cf. infra, p. 523-534.
22 Françoise Tétard, op. cit. Signalons que les archives du FONJEP ont été déposées aux Archives départementales du Val-de-Marne.
23 Cf. sur ces questions Jean-Louis Laville et Renaud Sainsaulieu (dir.), Sociologie de l’association. Des organisations à l’épreuve du changement social, Paris, Desclée de Brouwer, 1997.
24 Sophie Duchesne, Camille Hamidi, « Associations, politique et démocratie : les effets de l’engagement associatif sur le rapport au politique », cf. infra, p. 625-642.
25 Cf. les recherches de Yves Lochard menées dans le cadre du Groupe de recherche et d’analyse du social et de la sociabilité, IRESCO-ESA 7022.
26 Myriam Tsikounas, Les ambiguïtés de l’humanitaire, Panoramiques, Arléa-Corlet, 1996.
27 Non sans susciter une action en justice de la part des magasins ATAC, plus sensibles à l’homophonie qu’à la différence d’orthographe.
28 Elles sont parfois assumées comme telles, ainsi Jubilee 2000, en Grande-Bretagne ou la Marche internationale des femmes.
29 Journée d’étude « chômage et action collective », 30-31 mars 1999, in Cahiers de Ressy, nos 3-4, juin 2000. Lors du débat, Claire Villiers soulignait la difficulté des chômeurs réunis par une lutte spécifique à intégrer une organisation qu’ils estimaient déjà lourde d’une histoire (en l’occurrence AC !). La constitution d’une identité commune par des manifestations telles celles de l’automne 1995 pouvant permettre de dépasser ces clivages initiaux.
30 Françoise Tétard, op. cit. ; – Martine Barthélemy, « Les parents d’élèves, militants ou consommateurs ? », cf. infra, p. 577-594.
31 Julien Weisbein, « L’Européanisation des associations françaises », cf. infra, p. 659-670.
32 Sondage CSA pour la mission interministérielle du centenaire de la loi de 1901, novembre 2000 : 37 % des personnes interrogées considèrent que les associations manquent d’indépendance à l’égard des formations politiques. Cette critique est particulièrement forte chez les sympathisants de droite.
33 Jean-Pierre Le Crom raconte que les Restaurants du cœur nantais ont refusé leur aide à des sans-papier en arguant de leur encadrement par des associations politiquement trop marquées.
34 On se reportera au texte du Parti socialiste cité par Claire Andrieu. Du côté communiste, cette fascination s’exprime par différentes initiatives qui peuvent se voir (et se sont vues) qualifiées de récupération : ainsi l’appel à des associatifs pour constituer la liste dite « bouge l’Europe », présentée par ce parti lors des élections européennes, ou le rendez-vous demandé par celui-là même en novembre 2000 avec certaines « grandes associations » : Act Up, ATTAC, la JOC, la CGT, SUD-PTT, cf. Le Monde, 21 novembre 2000. Cf. encore ce tract de la section du 20e arrondissement du PCF invitant à un « café politique » sur le thème : « démocratie participative, mythe ou réalité ? ».
35 Éric Agrikoliansky, « La Ligue des droits de l’homme : un engagement entre morale et politique », cf. infra, p. 549-558.
36 Mathieu Flonneau, op. cit.
37 Éric Agrikoliansky, op. cit.
38 Sophie Duchesne, Camille Hamidi, « Associations, politique et démocratie : les effets de l’engagement associatif sur le rapport au politique », cf. infra, p. 625-642.
39 50 % des personnes interrogées à l’occasion du sondage CSA déjà cité reprochent aux associations leur déficit de transparence, 60 % estiment qu’elles servent à des fins personnelles. Ces pourcentages s’accroissent chez les moins de 35 ans et les sympathisants de droite.
40 Emmanuel Naquet, « La Ligue des droits de l’homme dans le premier xxe siècle. Une association en politique », cf. infra, p. 477-492.
41 On aurait aimé savoir ce qu’en pense la dite Ligue de l’enseignement.
42 Citée par Sophie Duchesne, Camille Hamidi, op. cit.
43 Ibidem.
44 Martine Barthélemy, « Les parents d’élèves, militants ou consommateurs ? », cf. infra, p. 577-594.
45 Dans le sondage CSA déjà cité, les associations qui apparaissent comme les plus indispensables sont celles d’aide aux plus démunis (93 % des personnes interrogées), de prévention de la drogue (93 %), de défense des droits de l’Homme (92 %), de prévention de la délinquance (91 %), de personnes âgées (91 %). Les associations étudiantes, culturelles, de loisirs, de tourisme ou religieuses sont jugées bien moins indispensables.
46 Les pourcentages des militants associatifs interrogés appartenant à telle ou telle catégorie d’associations sont les suivants : associations sportives : 43 %, culturelles : 27 %, loisirs : 21 %, santé et action sociale : 12 %, défense de l’environnement : 9 %, humanitaire international : 8 %, aide aux démunis : 7 %, autres : 5 %.
47 Éric Agrikoliansky, op. cit.
48 Julien Weisbein, « L’Européanisation des associations françaises », cf. infra, p. 659-670.
49 Journée d’étude « chômage et action collective », 30-31 mars 1999, in Cahiers de Ressy, nos 3-4, juin 2000.
50 Les associations interdisent en outre la plupart du temps à leurs membres d’user de cette qualité quand ils se présentent à des élections. Elles peuvent même interdire à leurs dirigeants de se présenter à des postes électifs.
51 Jérôme Jaffré, « S’abstenir : hors du jeu ou dans le jeu politique ? » in Pierre Bréchon et alii (dir.), Les cultures politiques des Français, Paris, Presses de Sciences Po, 2000.
52 Julien Weisbein, op. cit.
53 Jean Leca, « Le repérage du politique », Projet, n° 71, 1973, p. 11-24.
54 Mathieu Flonneau, op. cit.
55 Hervé Baudru, « Le Cercle républicain d’enseignement laïque d’Ille-et-Vilaine (1904-1927) », cf. infra, p. 493-504.
56 Sous l’espèce d’une intégration plus forte (l’Alsace) ou d’une exposition accrue (l’Ouest et l’Erika, le Sud-Ouest et la chasse à la palombe...). On dit du reste fréquemment que « l’Europe se construira par les régions ».
57 La notion de champ associatif, en tout état de cause toujours heuristique, nous apparaît ici incontournable. La quantité de sigles mobilisés par les communications concernées suffirait à l’attester.
58 Mathieu Flonneau, op. cit. ; – Cf. également « Représentation des quartiers et participation des habitants : vers la constitution d’un espace public local ? » in CRAPS, CURAPP, La démocratie locale, représentation, participation et espace public, Paris, PUF, 1999.
59 « Vers l’Europe » in Jean-Michel Belorgey, Cent ans de vie associative, op. cit. ; – Candido Grzybowski, « ONG : une pensée et un contre-pouvoir », Le Courrier de l’UNESCO, septembre 2000 : « L’autre mondialisation, l’éveil citoyen ».
60 Philip Nord, The Republican Moment, Harvard, Harvard University Press, 1995.
61 Depuis 1995, Paris a cessé d’être le centre obligé des mobilisations d’importance.
62 Jacques Chevallier, « Synthèse », in CRAPS, CURAPP, La démocratie locale, représentation, participation et espace public, op. cit.
63 Ces remarques sont empruntées à Jean-Louis Robert.
64 Françoise Tétard, op. cit.
65 Certains des comités locaux d’ATTAC choisissent de devenir à leur tour des associations déclarées pour disposer ainsi d’un surcroît d’autonomie.
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