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Les parlementaires de la Seine sous la Troisième République. Vol. 1

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Jean-Pierre Chaline
, 
Alain Corbin
, 
Jean-Marie Mayeur

Héros ou embusqués ? Les parlementaires de la Seine mobilisés et engagés volontaires de la Première Guerre mondiale

Paul Baquiast

Texte intégral

  • 1 Voir, notamment, Georges Bonnefous, Histoire politique de la Troisième République, tome II, La Gran (...)
  • 2 Gendre de Boulanger, député nationaliste de Meurthe-et-Moselle, le lieutenant-colonel Driant tomba (...)
  • 3 Député des Vosges, sous-secrétaire d’État dans le cabinet Viviani, réformé, Abel Ferry, le neveu de (...)

1Les parlementaires figurent parmi les grands oubliés de l’histoire de la Première Guerre mondiale. Non que la vie politique et parlementaire de cette époque n’ait été étudiée, et fort bien1. Mais on s’est peu demandé ce que fut la réalité de la guerre pour les parlementaires de 1914. Certes, on connaît le courage héroïque et tragique d’un lieutenant-colonel Driant2 ou d’un Abel Ferry3. Mais aussi illustres que soient ces figures, on ne saurait dire si elles sont exemplaires d’une situation plus générale ou, au contraire, remarquables par leur singularité même.

2C’est ce champ historiographique jusqu’alors peu exploré que nous voudrions contribuer à défricher ici. Portant uniquement sur les parlementaires de la Seine mobilisés ou engagés volontaires, cette étude ne saurait prétendre à l’exhaustivité. Peut-être pourra-t-elle, cependant, indiquer quelques pistes de recherches, et inciter à un travail de plus vaste ampleur.

3Si elle demeure, pour l’instant, sans réponse précise, il n’en faudrait pas conclure que la question du vécu de la guerre par les parlementaires mobilisés n’a pas préoccupé les contemporains. S’il n’allait guère au-delà des rumeurs et des estimations hasardeuses, le discours des contemporains sur la question était, au contraire, passionné. Car, chacun le sentait, ce qui était enjeu, c’était le crédit même de l’institution parlementaire. Selon que l’on se rangeait dans le camp des pro ou des antiparlementaires, le discours pouvait être radicalement différent. Pour les uns, c’était clair, les parlementaires étaient tous, ou presque, des embusqués. Pour les autres, tous faisaient leur devoir de la meilleure des manières, là où ils étaient les plus utiles, et beaucoup étaient des héros.

4Pour appréhender au plus près ce que fut la réalité de la guerre pour les parlementaires mobilisés, il conviendra, d’abord, de rappeler le cadre légal, afín de délimiter le champ des obligations auxquelles ils étaient soumis. Nous nous attarderons ensuite à la légende noire des parlementaires embusqués, afin d’en peser les termes. Nous pourrons alors, dans un troisième temps, tenter d’approcher la réalité, à travers le cas des parlementaires de la Seine. Pour finir, et avant de conclure, nous nous interrogerons sur le devenir politique, après guerre, des parlementaires de la Seine mobilisés, et sur l’importance du phénomène bleu horizon.

Le cadre légal de la mobilisation

5L’Allemagne déclara officiellement la guerre à la France le 3 août 1914. Le 4 août, les Chambres se réunirent en session extraordinaire. Devançant la réalité de leur mobilisation, qui ne devait être effective qu’au huitième jour, de nombreux députés se présentèrent en tenue militaire. Dans une atmosphère d’unanimité extraordinaire, que le président Poincaré devait qualifier d’Union Sacrée, l’ensemble des projets de lois relatifs à la défense nationale fut adopté par les deux chambres. Puis, celles-ci décidèrent de se séparer, sans fixer la date de leur prochaine réunion.

6Faute d’avoir à siéger, les parlementaires mobilisés durent rejoindre leurs régiments. La situation dura jusqu’au 22 décembre, date à laquelle le Gouvernement, après être parti pour Bordeaux puis être revenu à Paris, avait fixé la nouvelle convocation des Chambres.

7La séance de reprise de la Chambre fut, une nouvelle fois, pleine d’émotion. Les députés mobilisés, qui avaient obtenu un congé militaire pour pouvoir siéger, étaient, à nouveau, nombreux à circuler en uniforme dans les couloirs, tout en s’étant vu rappeler l’interdiction de pénétrer en semblable tenue dans l’hémicycle.

  • 4 Journal Officiel, Chambre des députés, séance du 22 décembre 1914, p. 3124.

8Trois députés, tués à l’ennemi, manquaient à l’appel. Parmi eux, un député de la Seine, Édouard Nortier. Maire de Neuilly, âgé de 55 ans, et donc atteint par la limite d’âge, celui-ci avait été libre de ne pas forcer le destin, et de rester tranquillement chez lui. Mais l’appel de la patrie avait été le plus fort. Imitant son fils, engagé volontaire à 19 ans, il était parti comme capitaine au 73e territorial. Il trouva la mort le 6 novembre, aux environs d’Ypres, à Bœsnisghe. Le président de la Chambre, Paul Deschanel, lui rendit hommage, aux applaudissements de ses collègues, ainsi qu’aux députés Pierre Goujon et Paul Proust, eux aussi morts pour la France, et suggéra qu’une plaque commémorative fut apposée en leur honneur au Palais-Bourbon, « pour rappeler aux générations futures ces trépas magnifiques, qui jetteront sur la représentation nationale un immortel éclat »4. Soucieux de poursuivre cette auto-célébration parlementaire, le président Deschanel évoqua ensuite l’ensemble des députés qui avaient eu à souffrir de la guerre dans l’intimité de leur chair ou de leur famille : quatre avaient été blessés, un était prisonnier en Allemagne, sept avaient perdu un fils, le frère de l’un avait été tué, celui d’un autre avait été fait prisonnier. Par ailleurs, treize avaient été cités ou décorés.

9Le lendemain, 23 décembre, les députés décidèrent d’ajourner l’ensemble des élections jusqu’à la fin de la guerre. Cinq députés et deux sénateurs de la Seine devant décéder entre 1914 et 1919, la représentation de la Seine se trouva ainsi progressivement réduite de sept membres, sur soixante-quatre.

  • 5 Chiffre avancé par Georges Bonnefous, op. cit., p. 59, et par L. Marcellin, Politique et politicien (...)
  • 6 Sur le chiffre des députés de la Seine mobilisés, voir plus loin.

10La belle unanimité commença à se fissurer à la reprise des travaux parlementaires, à compter du 12 janvier 1915. Il fallait, entre autres, régler le sort des parlementaires mobilisés. Du fait de leur moyenne d’âge, les députés étaient davantage concernés que les sénateurs. Ils auraient été 220 au total5, et 24 dans la Seine6. Le journal de Clemenceau, L’Homme enchaîné, suggéra que les Chambres ne se réunissent en séance plénière que trois à quatre fois durant les cinq mois de séance, de manière à laisser les commissions travailler et les parlementaires mobilisés réintégrer leurs régiments. En dépit de l’accueil favorable que fit la presse à cette proposition, il en fut autrement. Face à l’extraordinaire de la situation de guerre, les Chambres décidèrent d’une mesure extraordinaire : celle de siéger en permanence, jusqu’à la paix. Liberté était laissée aux parlementaires de choisir à leur gré, selon les circonstances, d’être présents à l’armée ou parmi la représentation nationale.

La légende noire des députes embusqués

11Cette décision est à l’origine de la légende noire des députés embusqués, dont l’un des principaux colporteurs, après guerre, fut L. Marcellin. Catholique de droite, très hostile au parlementarisme et, plus encore, au socialisme, ce dernier publia, sous le titre Politique et politiciens pendant la guerre, la chronique qu’il avait rédigée par-devers lui durant le conflit. Très polémique, cet ouvrage constitue le seul, à notre connaissance, qui ait été spécifiquement consacré au comportement intime des hommes politiques face à la guerre.

  • 7 lbid., p. 69.

12Pour Marcellin, les choses étaient claires : la plupart des parlementaires étaient des embusqués. La seule raison motivant la session permanente était, pour les députés mobilisés, de ne pas retourner à leur devoir de combattant. Pour se faire, ils n’auraient pas hésité à entretenir agitation et troubles politiques, justifiant ainsi leur stationnement au Palais-Bourbon. C’est tout juste si la Chambre avait accepté de s’ajourner, du 2 au 29 avril 1915, « après avoir reçu l’assurance que, la session n’étant pas close, l’inviolabilité de ses membres n’était aucunement suspendue, et que, par conséquent, Joffre n’avait pas le droit de rappeler ceux qui sont mobilisables »7.

  • 8 Ibid., p. 114.
  • 9 Ibid., p. 63. Les états de service d’Aubriot mentionnent qu’il ne fut aux années que du 2 août 1914 (...)
  • 10 Ibid., p. 67.

13Autre accusation portée à l’encontre des députés mobilisés : celle de rafler, sans aucune raison, les titres de gloire. « Ils sont tous à intriguer dans les couloirs du Palais-Bourbon. Ce qui n’empêche pas les croix, les galons et les citations de continuer à pleuvoir sur eux »8. Et Marcellin de citer le cas de deux députés de la Seine : « Henri Paté, promu au grade de capitaine, et Paul Aubriot, promu sous-lieutenant, alors même que ces « officiers » sont à Paris depuis la mi-décembre [1914] et comptent bien y demeurer »9. La recherche des grades et des décorations aurait été toute électorale. « Penses-tu que je vais retourner au front ! – disait à un ami un député mobilisé. Je suis sous-lieutenant et décoré, c’est tout ce qu’il faut pour mes électeurs. Les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures »10.

  • 11 Ibid., p. 69.

14Deux précautions valant mieux qu’une, les députés mobilisés auraient, dès les premières semaines de la guerre pour certains, veillé à être affectés à des postes sans danger. Qui au gouvernement de Paris, qui au 19e escadron du train ou à la 20e section des secrétaires d’état-major, qui au bureau de la presse. Reprenant des chiffres donnés par L’Homme enchaîné et un organe dijonnais, Le Réveil Socialiste, Marcellin affirme que, « sur 220 députés mobilisés, 25 sont allés au front, mais 10 seulement sont montés à la tranchée »11.

  • 12 Ibid., p. 22.

15À suivre Marcellin, la couleur politique n’était pas neutre dans la propension à l’embuscage. « L’embusqué, puissamment protégé par des hommes politiques blocards et maçons, demeure inébranlable loin du feu, pendant que les camarades se font tuer »12.

  • 13 Ibid., p. 26.
  • 14 Ibid., p. 29. Peut-être Marcellin pensait-il, entre autre, au député socialiste de la Seine, Jean B (...)

16Non contents de s’embusquer eux-mêmes, les députés auraient veillé à embusquer leurs clients et à désembusquer ceux des autres. Et Marcellin de citer le député Dalbiez, auteur d’une proposition de loi fameuse sur le remplacement des hommes en sursis d’appel, « qui a trente-neuf ans se trouve être le plus célèbre embusqué de France »13, ou encore les députés socialistes, embusquant les ouvriers comme affectés spéciaux, et s’en prenant « exclusivement aux embusqués de l’automobilisme et de l’aviation, qui appartiennent à la bourgeoisie »14 .

  • 15 Ibid., p. 26.
  • 16 Abel Ferry, Carnets Secrets, Paris, B. Grasset, 1957, p. 136.
  • 17 Ibid., p. 43.

17Marcellin affirmait que « l’unanimité s’est faite contre les députés dans les journaux et dans la rue ». Il évoquait les motions de différents conseils municipaux qui, à l’image de celui de Prades, émettaient « le vœu que tous les députés et sénateurs mobilisables remplissent leur devoir militaire comme les autres citoyens »15. Dans ses Carnets secrets, Abel Ferry, grand défenseur des droits du Parlement en temps de guerre, pourtant, tout en dénonçant la « légende antiparlementaire »16 créée par la presse, devait reconnaître l’existence du problème en affirmant que si le président du Conseil, Viviani, savait dire Je veux, « les députés mobilisés rejoindraient »17.

  • 18 Jules Maurin et J. Ch. Jauffret, Les combattants à l’épreuve de 1914-1918, in André Corvisier (sous (...)

18L’embuscage était une obsession de l’époque. Pour autant, était-il une réalité ? Pour ce qui est de l’ensemble de la nation, il est établi que non. Facilité par l’attitude de l’opinion publique qui le réclamait et l’encourageait, l’effort de récupération des hommes fut considérable. Les conseils de révision étaient extrêmement sévères et multipliaient les réexamens de ceux qui avaient été déclarés inaptes. Le « rendement moyen » de la mobilisation fut de 80 %, et même 85 % pour les classes 1909 à 1913. Les affectés spéciaux, contre lesquels se déchaînait une partie de la presse, n’étaient pas des embusqués mais bien des personnes âgées, mariées et chargées de famille, des hommes malades, inutiles au combat, voire même dans les dépôts, ou encore des spécialistes18.

19Pour les parlementaires, quelle était la part du mythe et du réel ?

La réalite de la mobilisation des parlementaires de la seine

20Un point de méthodologie doit, ici, être précisé. Aucune liste de parlementaires mobilisés n’ayant, à notre connaissance, été établie, il nous a fallu, pour chaque parlementaire en âge d’être mobilisé, ou repéré comme engagé volontaire dans le cadre de l’enquête, nous référer aux dossiers individuels conservés aux archives militaires de Vincennes. Ceux-ci ne concernant que les officiers, les chiffres que nous donnons ci-dessous doivent être considérés comme des chiffres minimaux, les simples soldats – si toutefois il y en eut parmi les parlementaires de la période – échappant à notre inventaire.

  • 19 Les classes mobilisées durant la Première Guerre mondiale furent les classes 1886 à 1919 (cf. ibid.(...)

21Sur un total de 64 parlementaires de la Seine, 20 étaient en âge d’être mobilisés (31,25 %)19. Si on ajoute les quatre parlementaires engagés volontaires, bien que dégagés du fait de leur âge de toute obligation militaire, le chiffre des parlementaires concernés par la mobilisation monte à 24. La plupart étaient députés. Sur un total de 54 membres du Palais-Bourbon, on en comptait 23 (45,59 %), alors que sur un total de 10 sénateurs, on n’en comptait qu’un seul (Théodore Steeg).

  • 20 Aubriot, Maurice-Binder, Bokanowski, Bon, Coutant, Denais, Lajarrige, Lasies, Leboucq, Nortier, Pat (...)
  • 21 Maurice-Binder, Lasies, Nortier, Tournade. Tous quatre appartenaient à la droite ou à l’extrême-dro (...)
  • 22 Petitjean, Leboucq. À l’inverse des précédents, ils siégeaient à gauche (radicaux-socialistes).
  • 23 Parmi ces engagés volontaires, cependant, un absent de marque : Maurice Barrès. Agé de 52 ans, il d (...)
  • 24 Cachin, Laval, Lauche, Levasseur, Longuet, Rozier, Thomas. Les deux autres étaient Deloncle et Stee (...)
  • 25 Profondément pacifiste (Jean-Paul Cointet a montré qu’il s’agit là d’une des clefs du personnage), (...)

22Parmi ces 24 parlementaires, 15 (62,5 %) ont été identifiés par nous comme ayant rejoint un régiment20. Tous étaient députés. Six étaient engagés volontaires (4 avaient été rayés des cadres du fait de leur âge21 ; 2 avaient été exemptés22), témoignant ainsi d’un élan patriotique important, surtout dans les classes âgées23. Neuf parlementaires sur 24 (37,5 %) semblent avoir été dispensés, à un titre ou à un autre. Sept étaient socialistes24, dont deux très certainement inscrits au carnet B : Joseph Lauche et Pierre Laval25. Le rendement moyen de la mobilisation s’établissant, en France, à 80 %, on voit qu’il fut nettement inférieur pour les parlementaires de la Seine, ce qui semble aller dans le sens de la démonstration de Marcellin.

  • 26 À compter du 9 avril 1915, les citations individuelles pour fait de guerre furent commémorées par l (...)
  • 27 Maurice-Binder, Bokanowski, Leboucq, Paté, Petitjean, Tournade.
  • 28 Sur la proposition de Maginot, une loi fut adoptée qui restreignait l’attribution de la croix de gu (...)

23S’en tenir aux chiffres de la mobilisation ne suffit pas, cependant, pour répondre à la question suggérée par la lecture de l’ouvrage de Marcellin : embusqués, ou authentiques héros ? Quelle fut l’attitude de ceux qui avaient revêtu l’uniforme ? Prenons le critère des citations et décorations26. Sur quinze députés de la Seine aux armées, six (40 %) en ont obtenu au moins une27. Parmi ces six, trois étaient des engagés volontaires (Maurice-Binder, Tournade, Leboucq) de plus de 45 ans. Encore une fois, on constate que l’héroïsme parlementaire se portait mieux l’âge de la sérénité venu. Le critère des citations et décorations, cependant, est un critère contestable et contesté de l’héroïsme. Beaucoup de valeureux furent oubliés, quand beaucoup de bureaucrates de la guerre s’en virent affublés. Le Parlement lui même s’en émut, qui eut à débattre de la question le 23 mai 191628.

  • 29 Dossier d’officier Leboucq, 5YE 162 478, S.H.A.T. Lors du débat du 23 mai 1916, évoqué ci-dessus, l (...)
  • 30 D’après le décret du 28 juin 1927, n’avaient pas droit à la carte du combattant ceux qui avaient eu (...)
  • 31 Maurice-Binder, Bokanowski, Coutant, Leboucq, Nortier, Petitjean, Tournade. Faute de précisions suf (...)

24Un critère plus juste est peut-être celui de la présence au front. Cette question est plus difficile à traiter qu’il n’y paraît à première vue. Que signifie, au juste, être au front ? Leboucq, titulaire de la croix de guerre avec palme, pour avoir « rempli avec succès plusieurs missions sous le feu », de la Légion d’honneur à titre militaire, du cheval couronné d’Italie, de la médaille militaire serbe, de la médaille militaire du Monténégro, de l’aigle bleu de Serbie avec glaive, se vit refuser la carte du combattant, le 25 juin 1939, au motif qu’il n’avait « appartenu au cours de la guerre 1914- 1918 qu’à des formations non combattantes (service auto, État-Major de Divisions de Corps d’armée, Mission française près l’Armée serbe) »29. Si, moins exigeants que les Offices départementaux des combattants30, nous considérons que méritent d’être retenus, comme ayant été au front, tous ceux qui, à un titre ou à un autre, ont été exposés un jour ou l’autre en première ligne, on arrive au chiffre de sept sur quinze (46,66 %)31, ce qui est une proportion bien supérieure à celle suggérée par Marcellin pour l’ensemble des députés (25 sur 220, soit 11,36 %).

25Revenons maintenant au critère des décorations et citations, et croisons-le avec celui de la présence au front. Parmi les sept députés ayant séjourné au front, cinq ont été cités ou décorés à titre militaire, ce qui tend à prouver que leur conduite au feu fut exemplaire. Marcellin affirmant que citations et décorations ont été distribuées à profusion dans les premiers mois de la guerre, afin de permettre à leur titulaire de mieux s’embusquer au Parlement par la suite, regardons de plus près les dates de leur obtention : septembre 1915 et juillet 1918 pour Maurice-Binder ; février 1916 pour Bokanowski ; mars 1915, octobre 1915, mai 1916 pour Leboucq ; juillet 1916, septembre 1916, septembre 1917 pour Petitjean ; juillet 1915, juillet 1916 pour Tournade. Sur ce point, Marcellin est à nouveau démenti.

26Qu’en est-il, par ailleurs, de l’appartenance politique, autre point soulevé par Marcellin ? Le courage militaire se déclinait-il mieux à droite qu’à gauche ? Parmi les sept députés ayant connu le front, quatre peuvent être classés à gauche (Bokanowski, Coutant, Leboucq, Petitjean), contre trois à droite (Maurice-Binder, Tournade, Nortier). Quant aux cinq décorés figurant parmi ces sept, trois appartiennent à la gauche, deux à la droite. Il semble difficile, dans ces conditions, d’affirmer une relation quelconque entre couleur politique et attitude face au feu.

  • 32 Cette présence quasi permanente de Jean Bon à la Chambre ne l’empêcha pas de revendiquer, après la (...)

27La mobilisation, ou l’engagement volontaire n’empêchaient pas les députés de poursuivre leur travail parlementaire, soit qu’ils aient siégé sans discontinuer à la Chambre à partir d’une certaine date (janvier 1915 pour Jean Bon32, Henri Paté, Voilin et Lasies ; courant 1916 pour Bokanowski ; octobre 1917 pour Tournade, atteint, à 67 ans, par la limite d’âge), soit qu’ils aient effectué des allers-retours de leur régiment au Palais-Bourbon. Passant d’une vingtaine par an à plus de 170, le nombre d’interventions à la tribune des députés de la Seine mobilisés ou engagés ne cessa d’augmenter de 1915 à 1918, témoignant à la fois d’une plus grande assiduité dans l’hémicycle et du réveil de l’activité parlementaire (annexe 1). Les députés n’ayant pas rejoint leurs régiments étaient, bien entendu, beaucoup plus diserts que les autres. Jean Bon parla plus de 160 fois, Voilin une quarantaine, Aubriot, Poncet et Paté une vingtaine. Quant à Petitjean, Maurice-Binder et Coutant, aux années durant l’essentiel du conflit, ils intervinrent trois fois pour le premier, une seule fois pour les deux derniers.

  • 33 Georges Bonnefous, op. cit. p. 62-63.
  • 34 Journal Officiel, Chambre des députés, séance du 31 juillet 1917, p. 2185.
  • 35 Ibid., le 31 juillet 1917, 3 décembre 1918, p. 3232-3233.

28Les députés mobilisés ou engagés volontaires se voyaient réserver certains sujets, pour lesquels leur expérience de la guerre semblait devoir éclairer utilement leurs collègues. Maurice Barrès, député de la Seine, mais resté civil, eut scrupule à prendre l’initiative de la proposition de loi créant la croix de guerre. Il préféra laisser faire son collègue de Seine-et-Oise, Georges Bonnefous, engagé volontaire, qui réunit la signature de 65 députés mobilisés33. Soucieux d’accorder aux soldats du front une compensation pour les jours de retard dans les permissions, Petitjean déposa un amendement à la loi sur les permissions, qui vint à discussion le 31 juillet 1917. Même si ces propos ne faisaient pas directement allusion à sa situation militaire, ils témoignaient avec émotion du souci de celui qui connaissait la situation douloureuse des soldats du front34. Le 3 décembre 1918, jour de son retour à la Chambre après plus de deux années de captivité en Allemagne, Henri Coutant prit la parole pour évoquer le sort des prisonniers, demander qu’on manifeste plus de sollicitude à leur égard, qu’on s’assure de leur retour rapide et qu’on veille à ce qu’ils ne souffrent plus de privation35.

  • 36 Maurice-Binder, Bokanowski, Lasies, Leboucq, Paté, Poncet, Tournade, Voilin.

29Parmi les membres de la commission de l’armée, on comptait huit députés de la Seine mobilisés ou engagés volontaires36. Si cinq avaient été nommés avant le déclenchement du conflit, en début de législature, Bokanowski et Leboucq, pour leur part, y entrèrent courant 1917, et Tournade le 22 octobre 1918. Au nom de la commission de l’armée, Paté fut rapporteur de cinq propositions de loi, parmi lesquelles la loi Dalbiez et la loi restreignant les conditions d’obtention de la croix de guerre.

  • 37 Dossier Petitjean, 6YE 158852, S.H.A.T.

30Certains députés mobilisés cherchaient à tirer parti de leur position militaire, afin d’éclairer le Parlement et le gouvernement sur la réalité du front. Ainsi Petitjean, qui écrivit le 25 janvier 1916 au ministre de la Guerre, pour solliciter d’être envoyé en mission dans un régiment d’artillerie lourde, « en vue d’études intéressant la Commission du Parlement dont je fais partie »37.

  • 38 Abel Ferry, La guerre vue d’en bas et vue d’en haut, Paris, B. Grasset, 1920, p. l1- 12.
  • 39 Dans ses Carnets Secrets, Paris, 1957, Abel Ferry présente Bokanowski comme « le plus délicat et le (...)

31À l’occasion du premier Comité Secret (16-22 juin 1916), suscité par l’émotion consécutive à l’attaque allemande sur Verdun, une opposition au cabinet Briand se manifesta. Regroupée autour d’Abel Ferry, d’Albert Favre et de Maginot, elle prit bientôt le nom de « groupe des 97 », tiré du nombre de députés qui s’opposèrent à l’ordre du jour de confiance au gouvernement. Abel Ferry parla à son propos d’« une opposition jeune, âpre, enthousiaste, composée presque entièrement de députés officiers de réserve, formée d’hommes venus de tous les partis », qui parvint à imposer « peu à peu au Gouvernement et par lui au Haut Commandement les vues des officiers de troupe »38. Parmi les « 97 », on trouve Bokanowski, Bon et Poncet39.

32La victoire, enfin, vint. Puis la paix. La Chambre pouvait se séparer, et de nouvelles élections être organisées. Comment les électeurs allaient-ils réagir à l’attitude des sortants durant la guerre ? Allaient-ils se laisser séduire par de nouveaux candidats au passé d’anciens combattants ?

Devenir politique des parlementaires de la seine mobilisés et phénomène bleu horizon

  • 40 Bon, Lasies, Thomas.
  • 41 Denais, Laval, Longuet, Poncet, Tournade, Voilin.
  • 42 Denais, Poncet, Tournade, Voilin.

33Parmi les 24 parlementaires de la Seine, en âge d’être mobilisés ou engagés volontaires, trois ne se représentaient pas40. Six furent battus41, parmi lesquels quatre députés ayant revêtu l’uniforme42, dont un, Tournade, vétéran de 1870, engagé volontaire en 1914, croix de guerre et officier de la légion d’honneur à titre militaire, pouvait faire figure de héros. De manière un peu surprenante, il apparaît donc que l’engagement physique des parlementaires de la Seine dans la guerre n’a guère pesé sur leur réélection ou non. Pour les sortants, on ne repère pas de phénomène bleu horizon.

  • 43 Il s’agit ici de chiffres minimaux. Ont été comptabilisés comme anciens combattants ceux dont nous (...)
  • 44 René Rémond, Notre Siècle (1918-1988), Paris, Fayard, t. 6, 1988, p. 54. En dépit de ces chiffres, (...)

34Pour les entrants, en revanche, le phénomène joua. Dans la représentation de la Seine, pour la législature 1919-1924, le nombre des anciens combattants s’éleva à 26, sur un total de 54 députés (48,14 %)43. Parmi les députés élus pour la première fois en 1919, 18 (62 %) étaient des anciens combattants. Le phénomène bleu horizon s’accompagnait d’une aspiration au renouvellement, quoique dans une mesure moindre qu’au niveau national : 25 des nouveaux députés de la Seine n’avaient jamais exercé de mandat législatif, soit 46,29 % des députés de la Seine, contre près de 60 % au plan national44. En 1914, on n’en avait guère compté que 25,92 %.

35Contrairement à l’idée que l’on s’en fait généralement, le phénomène bleu horizon, ainsi que l’aspiration au renouvellement, ne se limitèrent pas à la première législature de l’Entre-deux-guerres. Le taux des députés n’ayant jusqu’alors jamais exercé de mandat national ne descendit à aucun moment sous la barre des 40 %, sauf de 1932 à 1936, et dépassa les 50 % de 1936 à 1940 (annexe 2). La part des anciens combattants, quant à elle, augmenta jusqu’en 1928-1932, pour atteindre le chiffre-record de 61,29 %, puis redescendit progressivement, tout en restant supérieure ou égale à 50 % (annexe 3).

36Parmi les députés anciens combattants des législatures de l’Entre-deux-guerres, beaucoup de médaillés, promis à un avenir politique. Citons, pêle-mêle, et entre autres : Marcel Déat, Jacques Doriot, Jean Fabry, André François-Poncet, Henri de Kerillis, Louis Jaurès, Joseph Paul-Boncour, Waldeck Rochet, Marc Sangnier, Pierre Taittinger, Paul Vaillant-Couturier. N’oublions pas non plus Charles Bertrand, premier secrétaire général de l’Union Nationale des Combattants (U.N.C.), Jean Goy, élu président de l’U.N.C. en 1935, Marcel Héraud, administrateur de l’Union Fédérale (U.F.) jusqu’en 1924, puis membre du conseil de l’Association Générale des Mutilés de Guerre (A.G.M. G), Alfred Costes, membre du comité central de l’Association Républicaine des Anciens Combattants (A.R.A.C.), ou Noël Pinelli, président de l’Association Nationale des Anciens Combattants des Dardanelles.

Conclusion

37Il est temps, à présent, de revenir à l’interrogation posée en titre de cette étude : héros ou embusqués ? La réponse, comme souvent, est moins tranchée que ne le présuppose la question. Des embusqués, certes, il y en eut. Le taux de mobilisation des députés de la Seine est inférieur au taux de mobilisation de la Nation. Quelques députés mobilisés rechignèrent à réintégrer leur régiment après janvier 1915. Mais il y en eut aussi beaucoup qui assumèrent pleinement leurs devoirs militaires, alors même qu’ils en étaient parfois exemptés, et, parmi eux, d’authentiques héros. Sur bien des points, la légende noire dont L. Marcellin s’est fait l’écho paraît excessive, sinon infondée.

38Au-delà de la question polémique de l’embuscage ou de l’héroïsme, notre étude a mis au jour la réalité du travail parlementaire des députés mobilisés, des députés parfois soucieux de faire profiter la représentation nationale, et donc le pays, de leur expérience militaire.

39En 1919, les électeurs semblent avoir été assez peu sensibles aux états de service militaire de leurs anciens députés. Accompagné d’une volonté de renouvellement, le phénomène bleu horizon ne profita guère aux sortants. Il profita, en revanche, aux entrants, et ce durant tout l’Entre-deux-guerres.

40Il est classique de dire que le régime parlementaire de la Troisième République, en donnant la preuve de son efficacité en des heures difficiles, sortit renforcé de l’épreuve de la Première Guerre mondiale. À ce succès, les députés mobilisés – du moins ceux de la Seine –, en illustrant, parfois modestement, parfois avec panache, la dignité de la représentation nationale, méritent, pour nombre d’entre eux, d’être associés.

Notes

1 Voir, notamment, Georges Bonnefous, Histoire politique de la Troisième République, tome II, La Grande guerre (1914-1918), Paris, PUF, 1967, et Jean-Marie Mayeur, La vie politique sous la Troisième République, Paris, Seuil, 1984, p. 233- 250.

2 Gendre de Boulanger, député nationaliste de Meurthe-et-Moselle, le lieutenant-colonel Driant tomba au bois des Caures, frappé en pleine tête, au début de la bataille de Verdun. Ses judicieux aménagements défensifs permirent à ses hommes de résister quarante-huit heures à l’assaut allemand.

3 Député des Vosges, sous-secrétaire d’État dans le cabinet Viviani, réformé, Abel Ferry, le neveu de Jules Ferry, avait toutes les raisons de rester loin des combats. Il s’engagea pourtant, non sans revenir régulièrement assister au conseil des ministres, qu’il éclairait sur la situation réelle de la vie au front. Nommé délégué aux armées par Clemenceau, il fut tué, en septembre 1918, en même temps que le capitaine Dumesnil, député d’Angers, par un éclat d’obus.

4 Journal Officiel, Chambre des députés, séance du 22 décembre 1914, p. 3124.

5 Chiffre avancé par Georges Bonnefous, op. cit., p. 59, et par L. Marcellin, Politique et politiciens pendant la guerre, Paris, La Renaissance du Livre, s. d., t. 1, p. 69.

6 Sur le chiffre des députés de la Seine mobilisés, voir plus loin.

7 lbid., p. 69.

8 Ibid., p. 114.

9 Ibid., p. 63. Les états de service d’Aubriot mentionnent qu’il ne fut aux années que du 2 août 1914 au 24 janvier 1915 (dossier Aubriot, 6YE 13.372, S.H.A.T.). Quant à Henri Paté, secrétaire de la Chambre en 1915 et 1916, il fut officiellement aux armées, comme officier d’état-major, du 4 août 1914 au 25 décembre 1915 (dossier Paté, 6YE 60160, S.H.A.T.).

10 Ibid., p. 67.

11 Ibid., p. 69.

12 Ibid., p. 22.

13 Ibid., p. 26.

14 Ibid., p. 29. Peut-être Marcellin pensait-il, entre autre, au député socialiste de la Seine, Jean Bon. Lors des débats de la loi Dalbiez, Jean Bon tonna contre les hommes « appelés à servir comme automobilistes et non pourvus du certificat de capacité », appelés « par décret de ceux qu’on a si justement appelés du nom d’embusqueurs ». (Journal Officiel, Chambre des députés, séance du 26 juin 1915, p. 1001). Acharné contre les embusqués, Jean Bon s’en prit, deux ans plus tard, aux étudiants en médecine demandant à être affectés dans les services de santé. Certains députés, considérant que lui-même aurait dû être au front, le chahutèrent lors de sa montée à la tribune (Journal Officiel, 16 mars 1917, p. 743).

15 Ibid., p. 26.

16 Abel Ferry, Carnets Secrets, Paris, B. Grasset, 1957, p. 136.

17 Ibid., p. 43.

18 Jules Maurin et J. Ch. Jauffret, Les combattants à l’épreuve de 1914-1918, in André Corvisier (sous la direction de), Histoire militaire de la France, vol. 3 (sous la direction de Guy Pedroncini), De 1871 à 1940, Paris, PUF, 1992, p. 257-293.

19 Les classes mobilisées durant la Première Guerre mondiale furent les classes 1886 à 1919 (cf. ibid.). Sauf pour les jeunes classes, incorporées par anticipation, l’âge de l’appel était 20 ans.

20 Aubriot, Maurice-Binder, Bokanowski, Bon, Coutant, Denais, Lajarrige, Lasies, Leboucq, Nortier, Paté, Petitjean, Poncet, Toumade, Voilin.

21 Maurice-Binder, Lasies, Nortier, Tournade. Tous quatre appartenaient à la droite ou à l’extrême-droite parlementaire.

22 Petitjean, Leboucq. À l’inverse des précédents, ils siégeaient à gauche (radicaux-socialistes).

23 Parmi ces engagés volontaires, cependant, un absent de marque : Maurice Barrès. Agé de 52 ans, il disposait encore de la vigueur nécessaire. Mais il avait, dans sa jeunesse, été exempté du service militaire. Aussi, se jugea-t-il plus utile dans les couloirs du Palais-Bourbon et dans la presse. Surnommé le « rossignol du carnage » par Romain Rolland (il publia 269 articles pour la seule année 1915 !), il fut vivement critiqué pour prêcher la bonne parole belliciste tout en semblant ne pas se l’appliquer à lui-même. Pour sa défense, il laissa entendre avoir entrepris de vaines démarches auprès du ministre de la Guerre en vue d’intégrer un régiment (Jean-Jacques Becker, Les Français dans la Grande Guerre, Paris, R. Laffont, 1980, p. 154 ; Yves Chiron, Maurice Barrès, prince de la jeunesse, Paris, Perrin, 1986, p. 341).

24 Cachin, Laval, Lauche, Levasseur, Longuet, Rozier, Thomas. Les deux autres étaient Deloncle et Steeg, radicaux-socialistes.

25 Profondément pacifiste (Jean-Paul Cointet a montré qu’il s’agit là d’une des clefs du personnage), et donc fort peu désireux de porter l’uniforme, Pierre Laval dut se réjouir d’avoir été réformé pour varices à titre définitif en 1902. Cf. Jean-Paul Cointet, Pierre Laval, Paris, Fayard, 1993, p. 33.

26 À compter du 9 avril 1915, les citations individuelles pour fait de guerre furent commémorées par l’octroi d’une décoration appelée croix de guerre (croix de guerre avec palme en bronze pour les citations à l’ordre de l’armée, croix de guerre avec étoile de vermeil pour les citations à l’ordre du corps d’armée, croix de guerre avec étoile d’argent pour les citations à l’ordre de la division, croix de guerre avec étoile de bronze pour les citations à l’ordre de la brigade).

27 Maurice-Binder, Bokanowski, Leboucq, Paté, Petitjean, Tournade.

28 Sur la proposition de Maginot, une loi fut adoptée qui restreignait l’attribution de la croix de guerre aux seuls « faits de guerre au cours desquels le titulaire de la citation aura exposé sa vie » (Journal Officiel, Chambre des députés, séance du 23 mai 1916, p. 1195).

29 Dossier d’officier Leboucq, 5YE 162 478, S.H.A.T. Lors du débat du 23 mai 1916, évoqué ci-dessus, les députés eurent beaucoup de mal à se mettre d’accord sur la notion voisine de « ligne de feu » (op. cit., p. 1195-1201).

30 D’après le décret du 28 juin 1927, n’avaient pas droit à la carte du combattant ceux qui avaient eu moins de trois mois de front et les membres d’unités, pourtant exposées, comme le train.

31 Maurice-Binder, Bokanowski, Coutant, Leboucq, Nortier, Petitjean, Tournade. Faute de précisions suffisantes fournies par son dossier militaire, nous n’avons pas pu nous prononcer sur le cas de Poncet. Dans le doute, nous ne l’avons pas comptabilisé comme combattant.

32 Cette présence quasi permanente de Jean Bon à la Chambre ne l’empêcha pas de revendiquer, après la guerre, une carte d’ancien combattant, qui lui fut refusée (dossier Jean Bon, 5YE 135.230, S.H.A.T.).

33 Georges Bonnefous, op. cit. p. 62-63.

34 Journal Officiel, Chambre des députés, séance du 31 juillet 1917, p. 2185.

35 Ibid., le 31 juillet 1917, 3 décembre 1918, p. 3232-3233.

36 Maurice-Binder, Bokanowski, Lasies, Leboucq, Paté, Poncet, Tournade, Voilin.

37 Dossier Petitjean, 6YE 158852, S.H.A.T.

38 Abel Ferry, La guerre vue d’en bas et vue d’en haut, Paris, B. Grasset, 1920, p. l1- 12.

39 Dans ses Carnets Secrets, Paris, 1957, Abel Ferry présente Bokanowski comme « le plus délicat et le plus désintéressé des amis » (p. 135). Son jugement sur Jean Bon est plus ambigu : « Jean Bon est un socialiste qui siège aux gradins les plus élevés de la Montagne. Il possède une cravate flottante, une culture abondante et un esprit très fin. Je ne saurais mieux le définir qu’en prédisant qu’il remplacera, dans dix ans, Briand à la table des duchesses » (p. 155). Bon, à la vérité, ne remplaça personne : ayant rompu avec la SFIO sur la question de la Défense nationale, il ne se représenta pas en 1919.

40 Bon, Lasies, Thomas.

41 Denais, Laval, Longuet, Poncet, Tournade, Voilin.

42 Denais, Poncet, Tournade, Voilin.

43 Il s’agit ici de chiffres minimaux. Ont été comptabilisés comme anciens combattants ceux dont nous avons pu retrouver le dossier d’officier à Vincennes (S.H.A.T.), et, pour les non-officiers, ceux dont la conduite durant la guerre a pu être précisée dans les notices biographiques rédigées à l’occasion de l’enquête.

44 René Rémond, Notre Siècle (1918-1988), Paris, Fayard, t. 6, 1988, p. 54. En dépit de ces chiffres, on ne sera pas dupe de la réalité du renouvellement. Gilles Le Béguec a montré, dans sa thèse, que ces nouveaux députés étaient, en réalité, loin d’être néophytes en politique.

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