Postface
p. 405-419
Texte intégral
Le projet
1J’ai admis que l’image symbole de la République (une figure féminine, avec ou sans le bonnet phrygien, avec ou sans le nom officieux de Marianne) faisait partie de l’histoire générale de ce régime, et qu’il pouvait donc exister une correspondance, un certain parallélisme, entre son histoire politique et l’histoire de ses figurations. Je crois que c’est exact, et je crois l’avoir démontré.
2L’histoire politique et l’histoire visuelle s’éclairant réciproquement, elles m’ont amené à une autre formulation de ce résultat global : le sens des images symboliques ne constitue pas un vocabulaire fixe mais il évolue avec le temps, la symbolique a son histoire, tout comme l’histoire a sa traduction symbolique. Quelle est cette histoire ? Avec quelle évolution ? Et quel changement ? Le voici, en clair.
3« République » a longtemps signifié, en France, un idéal et un programme de démocratie, plus ou moins libérale, plus ou moins populaire, mais combatif et combattu. Au terme le mot désigne un régime de démocratie à peu près généralement accepté chez nous au point de tendre à servir de nom (et d’image) à la France. Du révolutionnaire au national, en quelque sorte.
4Je n’ai certes pas découvert l’acceptation presque totale de la République par notre peuple, et son identification quasi officielle à notre pays (on nous appelle R.F.), – toute notre histoire générale le montre à sa façon. Mais le détail de cette histoire vu au travers de ses images successives le fait mieux saisir. On comprend peut-être un peu mieux une longue maturation politique lorsqu’on suit, comme nous l’avons fait, l’effigie de « Marianne » jaillissant d’une barricade pour atterrir sur une étagère de bureau préfectoral. Au point que s’il devait un jour survenir en France une nouvelle « déesse » à barricade, ses amis lui chercheraient sans doute un nom de baptême nouveau… Cela n’était plus à démontrer en gros (c’était fait depuis longtemps), c’était seulement à montrer et expliquer en détail (ce qui ne l’avait pas été avant nous). Il arrive d’ailleurs que ces détails tardent à entrer dans l’information historienne et dans la conscience commune. Nous en verrons des exemples.
5Du moins ces ouvrages ont-ils été reçus ou jugés recevables par un assez bon nombre d’historiennes et d’historiens, et d’assez bonne réputation, pour que l’ouvrage collectif dont on achève ici la lecture ait eu lieu.
6Je dois donc maintenant dire avec plus de précision comment je réagis à ces pages, avec un mélange de gratitude, d’objection, et d’autocritique. J’aurais pu – j’aurais dû peut-être ? – en refuser la proposition comme comportant un risque de ridicule par soupçon de narcissisme (commenter mon œuvre !). Je l’ai accepté pourtant après hésitation, avec l’espoir que les apports du colloque, ma réflexion sur eux et la réflexion critique sur « mon œuvre » pourraient être utiles au progrès de nos connaissances collectives sur divers domaines en cours de défrichement et de reconnaissance.
Marianne attrait ? ou Marianne piège ?
7J’étais parti – je l’ai dit – de l’étude de la République en France, et du secteur de son histoire alors le moins connu, celui de sa représentation (visuelle, en image). Le vrai titre général de mon entreprise, prévue pour un volume, puis par la force des choses et la richesse des matériaux, élargie jusqu’à en faire trois, était, on le sait dans le sous-titre « L’imagerie et la symbolique républicaines de (telle date) à (telle date) ». J’ai cédé à la mode si répandue (venue d’Amérique semble-t-il) consistant à coiffer le titre descriptif par un surtitre évocateur par sa familiarité « Marianne ». « Marianne », le nom, a pu attirer et séduire… mais peut-être un peu trop, et son emploi systématique et global en titre a pu faire oublier que ce prénom charmant n’a jamais été que partiellement employé en remplacement de « République » : oui, dans telle période, mais pas dans telle autre, oui dans telle région, dans telle sensibilité politique, dans tel emploi, mais pas dans d’autres1. Tout ceci est surabondamment expliqué dans mes pages mais facilement oublié par les lecteurs rapides (plus nombreux certes que le lecteur attentif) et à plus forte raison par qui ne connaît l’ouvrage que par ouï-dire. Or, une autre façon spectaculaire d’énoncer le résultat de mes recherches consiste bien à constater que, de nos jours, Marianne n’est plus une façon de désigner la République personnifiée mais une façon de désigner son type de représentation en objet (la Marianne de Gandon, la Marianne de Faizant, etc.) ou encore une façon de désigner telle femme en symbole, à la limite en symbole de n’importe quelle valeur pourvu qu’il y ait femme et qu’il y ait symbolisation (mon dernier livre était publié lorsque, la célèbre et sympathique romancière Françoise Sagan étant décédée, un brillant journaliste en fit « une Marianne » de notre époque)2. Bref, historiquement, Marianne était un nom propre, nom de personne, ou de « personne » (réalité présumée active et personnifiée). Aujourd’hui c’est un nom commun, avec au moins deux sens, celui de type ou modèle graphiques, celui de femme un peu plus que « Miss France »…
8Mais il est bien vrai que la pesanteur de mon titre triplé n’a pas aidé à voir les changements plus subtils énoncés sous son panonceau.
9Encore une précision, encore un coup d’œil dans les coulisses de l’entreprise, avant d’en venir aux apports exprimés par les textes de mes amis. Lorsque, dans les années 1970, j’ai décidé qu’il y aurait deux livres au lieu d’un, mes éditeurs3 ont accepté que les titres soient complémentaires. On lirait Marianne au combat (arrêté en 1880, publié en 1979) puis viendrait Marianne au pouvoir. C’était logique. La République a d’abord lutté pour le pouvoir, puis elle s’y est épanouie. Soit. Mais ma « Marianne au pouvoir » s’est arrêtée épuisée, en 1914 (il y avait tant à dire sur la Belle Époque !) et lorsque j’ai voulu reprendre l’entreprise jusqu’à nos jours, j’ai cherché avec mon nouvel éditeur4, un troisième titre dont la formule idéale eût été de même structure. Mais quoi donc après Marianne au combat, et puis au pouvoir ? quelque chose d’un peu moins éclatant bien sûr… Marianne au musée ?… au cirque ?… au marché ?… au spectacle ?… Nous voulions éviter tout de même, en bons républicains, le trop péjoratif, ou le trop ridicule. Nous nous sommes résolus à Métamorphoses, solution convenable, mais asymétrique.
10Mais l’erreur principale était dans la chronologie trop courte du deuxième livre et par conséquent trop longue du troisième. Marianne au pouvoir s’était arrêtée à 1914, et la période 1914 à 1958 est donc traitée dans les deux premières parties de Métamorphoses. Beaucoup d’informations s’y trouvent, certes, quelques analyses probablement bien fondées, mais point de vision vraiment nouvelle sur ces années-là. Marianne est toujours « au pouvoir » selon les normes et la symbolique héritées du xixe siècle et de la Troisième République, jusqu’à ce que s’ouvre en 1958 une période vraiment nouvelle et qui soit vraiment notre temps. Marianne au pouvoir aurait donc dû enfler (c’est du livre que je parle) jusqu’à la fin de la Quatrième République, et la métamorphose arriver alors… avec le retour du Général.
11Est-ce trop subtil ? La politique symbolique du général nous donne pourtant raison. Lorsque de 1940 à 1944 il installe la République à Londres puis à Alger pour combattre Pétain qui l’a abolie en France, il est, logiquement, classiquement, Mariannophile en image, au point même de la faire idéaliser en timbre-poste. C’est, en image, le renouvellement du duel philatélique Gambetta-Napoléon III. Logique séculaire, réflexe traditionnel. C’est en 1958 que de Gaulle apparaît comme Mariannophobe en symbole, en lui substituant sa Croix de Lorraine comme signe régalien, et tout ce qui s’ensuit5. Mes analyses historiques des années 1920, 1930, 1940 étaient bonnes (je le crois encore) mais mal cadrées en librairie !
12Telles sont les remarques que je pouvais « trouver tout seul ». J’arrive à évoquer, avec gratitude, celles de mes amis.
La représentation en politique, prolongements
13Plusieurs participants, intervenant en généralistes de l’histoire politique et sociale, et en lecteurs des trois livres, me commentent de façon amicale, élogieuse mais bien diverse. Tel parle du caractère novateur et d’une contribution véritablement méthodologique ou épistémologique6, telle autre, s’attachant au contenu politique, dans un simple résumé, mais intelligent et sensible, met au jour le pessimisme latent de mon message civique7. En caricaturant, on pourrait dire que celle-ci me tire à gauche, tandis que celui-là, en soulignant l’écart que mon innovation constitue par rapport au marxisme, me tire à droite. Mais aucun des deux ne se trompe. Un troisième les confirme l’un et l’autre et débouche sur les problèmes d’études voisines (l’international, le féminin) dont nous parlerons tout à l’heure8. Deux lecteurs enfin, sont sensibles à la limitation de mon apport, dans la mesure où il fut, en effet, limité à un symbole, l’image féminine. Cela m’interdisait, regrettent-ils, de traiter des autres symboles visuels modernes de la vie politique française, qui apparaissent avec les partis organisés, alors que Marianne s’est épanouie avant la création des partis politiques9. En particulier on perd de vue avec regret l’expressionnisme populaire lorsque celui-ci a cessé de s’investir dans l’image féminine10. Ils ont raison, c’est certain. J’ai fait le choix austère de traiter à fond un problème partiel (Marianne) plutôt que de parcourir, de façon forcément sommaire, le champ plus étendu de la symbolique politique. C’était être, j’en conviens, plus érudit « républicain » spécialisé que vraiment politicologue généraliste. Soit.
14Deux contributeurs importants, enfin, s’attachent courageusement à l’actualité, événements que je n’ai pas pu traiter dans Métamorphoses parce qu’ils ont eu lieu après : la loi sur le foulard et l’affaire Évelyne Thomas11. Ils ont en commun d’apporter à la fois les éléments de ce qui aurait pu être un ultime chapitre de Métamorphoses, et une critique discrète des jugements de valeur que j’exprimais. J’étais bien seul en effet devant ce phénomène de l’actrice populaire en modèle pour buste de mairie. Je suggérais qu’il y avait là une sorte d’honneur pour la personne, à la limite une sorte de magistrature morale qu’on lui conférait, et que cela devrait « poser un problème » lorsqu’on repérait chez telle dame ainsi honorée telle opinion ou tel comportement jugés (à tort ou à raison) critiquables. Or, bien que le cas se produise de temps en temps12 on ne voit jamais la presse se saisir de la contradiction, comme si, pour une star, la cession de son image à la « représentation » nationale était d’aussi peu d’importance que sa cession à un émetteur de publicité quelconque, et comme si, par conséquent, le problème civique n’existait pas. Comme si, en somme, j’avais eu tort d’interpréter la « starisation » de Marianne13 comme un signe de « dérépublicanisation » de l’État : l’article de Christian le Bart me rassure un peu sur ce problème, mais il l’expose de façon plus complète et plus nuancée que je ne l’ai fait. Dans la discussion au colloque, tel autre avait suggéré que la liaison entre image de la République et popularité de ses modèles pouvait s’interpréter comme « républicaine » au sens positif du mot14. Mais faut-il rester dans le domaine de la politique et de ses valeurs même diversement interprétées ? J’aurai à revenir sur ce point tout à l’heure.
Compléments d’information
15Le colloque, on l’a vu dans le deuxième groupement d’études publiées, a été l’occasion de compléter ou de continuer dans le même esprit bien des recherches qui avaient été faites dans Marianne au pouvoir, ouvrage que, malgré l’intention annoncée, les Métamorphoses ne prolongeaient pas vraiment. Ce dernier livre, on l’a déjà reconnu, un peu enlisé dans un intéressant problème politique, n’a pas apporté toutes les suites plus ou moins ethnographiques que l’on pouvait espérer.
16Avant d’y arriver, un mot sur une riche monographie15 qui remonte, elle, à Marianne au combat puisqu’il s’agit de Louis Philippe et de la célèbre colonne de Juillet (Paris, place de la Bastille) : l’auteur appelle, avec, il est vrai, un point d’interrogation, le Génie de la Bastille « Marianne de l’Orléanisme ». Il donne ainsi à « Marianne » le sens, dérivé, et quasiment actuel, de toute représentation symbolique sculptée. Oserais-je dire plutôt la « Non-Marianne » de l’orléanisme, puisque le Génie en Mercure a été choisi précisément pour éviter d’exhiber un équivalent (parce que féminin) de la trop révolutionnaire « Marianne » des républicains ?
17Cela dit, je reviens aux études que j’avais négligé d’entreprendre et qui heureusement figurent ici. Statues rurales, statues militaires, cérémonies… heureusement encore sont réparés d’autres oublis ou sous-estimation16. Les Mariannes sculptées en place publique par exemple ne sont pas seulement des « images » visibles de la République, elles peuvent être multipliées (et aussi quelquefois omises !) par ces images au sens propre du mot que sont les cartes postales qui en reproduisent les photos. Il existe donc, en quelque sorte, les images d’images17. Mais nous reprendrons ce propos tout à l’heure quand nous oserons parler d’art.
18Mais la principale lacune, ou du moins sous-estimation de notre part, et que les coéquipiers et amis sont ici venus combler, concerne l’image dessinée18. Elle a ses servitudes (dans les périodes de régime non libéral) mais elle a ses avantages propres, pouvant nuancer à l’infini les représentations, voire jusqu’à l’hostilité – alors que le grand art ne peut qu’honorer, et ne traduit l’hostilité que par l’absence de représentation. Et avec le dessin, et l’impression moderne, avec les nouvelles formes, arrivent aussi les nouveaux supports de masse, journaux politiques, livres illustrés, affiches, et les nouveaux emplois. Notre excuse pour la sous-représentation du dessin est évidemment dans le nombre considérable des recensements et des analyses que ses productions exigeraient. Cela ne pouvait entrer dans un livre (ni même dans trois…), et nous sommes assez contents d’avoir approché et côtoyé le dessin de presse (Sennep, Faizant, Jean Effet sont dans Métamorphoses) pour attirer l’attention sympathique de certains de ses principaux spécialistes actuels.
19Les compléments d’information dont je viens de parler, ceux qu’apportent des collègues, ou ceux qu’ils regrettent que je n’aie pas apportés, sont une chose, c’en est une autre que les informations qui suivent. De celles-ci je n’ai pas parlé parce qu’elles ont eu lieu après la sortie de mon livre, dans lequel elles auraient pu avoir leur place.
20Voici l’agenda édité par la Poste pour 2005, sous le titre « Marianne et l’environnement19 ». C’est le procès-verbal complaisant, d’ailleurs charmant, agréable à feuilleter, d’un gigantesque concours public pour choisir un type de vignette postale à effigie féminine. C’est bien de Marianne qu’il s’agit, le nom est répété, le bonnet rouge ne manque pas, mais il s’agit du thème euphorique de la France avec la nature. Il n’est plus ici question d’une personne, d’une République sacralisée. Encore moins de savoir si l’image a la gravité sévère ou la colère subversive, si elle est plutôt de droite ou plutôt de gauche, plutôt Delacroix ou plutôt David. L’esthétique est libérée, c’est de l’après Picasso, et l’atmosphère est absolument dépolitisée. Osera-t-on dire ludique ? C’est un autre monde. Un monde où l’on aime à exposer la représentation de la République non pas pour s’affirmer républicain – c’est acquis depuis longtemps –, mais pour montrer qu’on sait ajouter aux fonctions politiques consacrées la curiosité « culturelle » jugée indispensable.
21Mieux encore (je veux dire plus haut encore dans les institutions de l’État, rivalisant de Mariannophilie historique et culturelle) le Sénat expose la collection Pierre Bonte, et l’Assemblée nationale subventionne l’album des Fées de la République. Collectionneur de Mariannes, notamment sous forme de bustes, souvent associé à nous pour les commenter20, Pierre Bonte a toujours été désireux de faire connaître ses richesses – considérables – au public, sa dernière initiative étant le legs partiel au Sénat. C’est dans le même esprit, concurrence médiatique, nullement politique, que de son côté le président de l’Assemblée (M.J.-L. Debré) a lancé l’album intitulé Les Fées de la République par J.-L. Renault. « Les Fées » pour désigner les Républiques en image, est une jolie trouvaille, évitant les « Dames » qui eussent été équivoques, et les « Déesses », trop archaïques. Les photographies sont superbes. Le texte, à nous emprunté pour l’essentiel, n’est pas toujours bien compris. Mais peu importe, il s’agit ici de séduire par un beau spectacle plus que d’instruire par l’allégorisme savant.
22Un dernier complément d’information, un dernier fait nouveau, quoiqu’un peu plus éloigné de notre projet, mérite ici d’être énoncé, pour faire relais à ce que nous dirons bientôt du grand art et de son histoire spéciale.
23On nous l’avait suggéré, il y a quelques années déjà, l’art que l’on pouvait dire hégémonique n’est plus le grand art du xixe siècle, qui ne sait exprimer les valeurs que par la gravité, mais le cinéma qui communique par le charme, la séduction et toutes les formes du vivant. À propos de cinéma nous retrouvons naturellement le problème de la « starisation » de Marianne. Nous ne regrettons pas d’avoir rapproché son irruption des nouveautés d’idéologie implicite introduites par la République gaullienne. Il y a bien du vrai, là-dedans. Mais le politique n’est pas tout, et il faut certainement penser aussi à un autre lien, plus évident, avec cette civilisation de l’image mouvante dans laquelle nous sommes entrés.
24Faut-il encore emprunter une confirmation au domaine inépuisable de la Gaullologie ? Pour de Gaulle, l’homme des grandes guerres du xxe siècle, on n’a pas pu se dispenser d’ériger une statue aux Champs-Élysées, au croisement des avenues qui mènent l’une à celle de Clemenceau et l’autre à celle de Churchill. De Gaulle semble être né pour être statufié, il était comme appelé par les statues de guerriers anciens dont il fut si proche.
25Et voici qu’au moment même où ces lignes sont écrites « sort » dans les salles obscures, pour conférer un honneur exceptionnel, cette fois à François Mitterrand, un film de cinéma où l’incarne un grand comédien21.
26Statuaire d’hier, cinéma d’aujourd’hui, nous ne pouvions pas, aux jours où nous achevions Métamorphoses, voir encore de si claire façon deux âges de la symbolisation par l’art. C’est bien une nouvelle conclusion partielle qu’il convient d’ajouter à nos propos antérieurs sur l’historicité, toujours, de la symbolique politique.
27Il est temps d’examiner, plus généralement, après les informations, les trois grands débats.
Marianne et l’histoire de l’art
28Je suis impressionné par tout ce qu’a dit au colloque Marie-Claude Genet-Delacroix sur l’histoire de l’art, sur la notion d’histoire de l’art, et sur les discussions actuelles de ses spécialistes. D’autant plus impressionné que j’en connaissais seulement une petite partie. En histoire de l’art comme ailleurs j’ai rencontré plutôt que recherché, et travaillé plus empiriquement que méthodiquement. On « pouvait mieux faire », soit. Mais précisons ce qui relevait de mon projet. J’ai écrit, après cent autres, sur la Liberté de Delacroix, « guidant le peuple aux barricades ». Tableau accueilli avec réticence par le régime de Louis Philippe, patriote et libéral certes mais tout autant conservateur, et « bourgeois », donc catégoriquement antirépublicain. Or, depuis la grande décision de 1792, la République avait consciemment emprunté pour sa représentation les traits traditionnels de la liberté. Une Liberté un peu trop chaleureuse pouvait donc facilement se déchiffrer en République révolutionnaire. D’où la réticence de Louis Philippe. Ici la connaissance par l’historien de cette confusion symbolique peut contribuer à l’histoire de l’art, si l’on admet que l’histoire de la réception de l’œuvre en fasse partie : réticence du roi des Français en 1830 – mais à l’inverse, en contraste, enthousiasme des républicains de 1830 à nos jours. Allant un peu plus loin comme historien, j’ai conscience d’avoir encore contribué à l’histoire de l’art lorsque j’ai souligné ce paradoxe : Eugène Delacroix pensait politiquement comme Louis Philippe et n’a pas cru devoir déserter l’orléanisme qui pourtant mettait son œuvre à l’écart. Mais pourquoi donc alors, en 1830, avait-il peint une œuvre beaucoup plus républicaine que lui ? Probablement parce qu’il est de la nature de l’artiste de vibrer plus fort dans les climats révolutionnaires que dans les temps calmes – il en est d’autres exemples22.
29Cette analyse de la ferveur n’est-elle pas acceptable comme source positive d’inspiration ?
30En revanche, lorsque je disais – c’est ma troisième contribution au commentaire de ce tableau célèbre – que son aventure aide à comprendre a contrario le refus orléaniste de mettre une Liberté femme sur la colonne de Juillet au motif qu’elle aurait pu, elle aussi, passer pour une République (et, qui pis est, à la vue du rue du Faubourg Saint-Antoine !), je ne parlais plus vraiment d’art, je n’avais rien à dire de neuf sur l’œuvre d’Alavoine, Duc, ni sur celle de Jean de Boulogne, et l’hypothèse que je formais comme historien tout court s’intégre dans une rubrique différente, l’histoire politique quand elle use de symboles ou, tout simplement, l’histoire de la symbolique politique.
31Mais je n’ai guère été entendu. Personne n’aurait l’idée de m’aligner aux côtés des spécialistes du grand Delacroix. Plus grave : on peut encore aujourd’hui, plus de vingt ans après Marianne au combat, travailler en université sur la place de la Bastille (éléphants compris) sans évoquer le conflit des grandes dames, République et Liberté, qui en a pourtant déterminé le principal élément de décor23.
32Moins célèbre que Delacroix, deux artistes, par le sujet de leur œuvre la plus notoire, ne pouvaient pas échapper à mon élémentaire recensement de la figuration des Liberté-République, Bartholdi et Roty ; le gigantesque et le minuscule. Bien différents ont été les échos de mes recherches. Heureux pour le premier, nul pour le second.
33La Liberté éclairant le monde (décidée à Paris en 1868, érigée dans le port de New York en 1886) a été racontée et commentée cent fois. Il ne manquait à cette littérature que mon propre apport, modeste et presque naïf : voilà donc, pour la première fois depuis la Phrygie antique ou du moins depuis Cesare Ripa, une Liberté qui n’a pas le bonnet phrygien sur la tête ! Le bon patriote et républicain Bartholdi, ami de Gambetta, n’ignorait rien de son histoire, mais il enregistrait simplement le fait que la République française (coiffée du bonnet de liberté depuis 1792) avait si bien réussi et acquis une si grande notoriété, présumée admirative que la République au bonnet s’était en quelque sorte naturalisée française. Pour la liberté universelle (franco-américaine, et espérée mondiale) il fallait donc inventer autre chose, qui fût spécifique.
34Bartholdi m’a donc aidé à illustrer et confirmer ce qui est l’un des axes essentiels de mon œuvre : la représentation, en tous les sens du mot, de la République française est passée insensiblement du champ politique au champ identitaire. Comme les mots, qui peuvent avoir des significations changeantes au gré de l’histoire, les symboles visuels aussi ont une histoire. A-t-on assez remarqué que les étudiants démocrates de Pékin, les malheureux rebelles de la place Tien An Men (juin 1989) ne s’étaient pas mis de bonnets phrygiens sur la tête ? Mais qu’ils brandissaient un mannequin de bois, une femme debout tenant à bout de bras une sorte de flambeau, esquisse de liberté à la Bartholdi ? À cette dernière remarque près, dont je suis seul responsable, les savants auteurs du dernier ouvrage paru sur Bartholdi me confirment, connaissent mes livres et articles, et même les citent24…
35Du gigantesque au minuscule maintenant.
36Oscar Roty, artiste médailler, et des plus célèbres comme tel, et dont la création principale, la Semeuse, n’a guère quitté de 1898 à nos jours la monnaie nationale et la philatélie, et qui survit même après l’euro, Oscar Roty donc ne pouvait nous échapper. Un bonnet phrygien sur une tête de femme était forcément un objet pour nous. Elle est très belle, cette femme, avec sa minceur, sa marche et son geste qui procurent un discret déhanchement, avec ce fond de soleil levant pour l’exalter, c’est de l’art, on ne le conteste pas. Mais c’est aussi un effet de politique. Le bonnet phrygien en timbre-poste avait été délaissé par la République opportuniste, et c’est un ministère radical (et maçonnique) qui en 1895 obtint que ce signe républicain fût exigé pour un nouveau concours. La Semeuse de Roty n’est que la plus célèbre des créations de ce moment. On l’a, en raison de son succès, beaucoup commentée. Que sème-t-elle, cette déesse ? Du blé, pour faire allusion à la chère ruralité de la France ? Ou de leurs principes idéalistes, comme tout le contexte le prouve ? La République représentée en femme ne sème pas le grain (semer est un travail de mâle, la femme, quand elle est Agriculture, Terre Mère, n’apparaît pas en Semeuse mais en moissonneuse), la République de Roty n’est pas une paysanne, c’est une institutrice audacieusement poétisée25. Mais ici, la réponse que je crois juste et que l’on vient de lire n’est pas encore retenue, et le thème rural-ruraliste continue de faire autorité26. L’apport de l’histoire politique à une histoire authentique et précise de la symbolique politique est une bataille intellectuelle encore à gagner.
37L’œuvre de Roty, l’Œuvre originale, au singulier, n’est pas visible, elle ne l’est qu’en représentations, vignettes postales et surtout pièces de monnaies.
38Mais, à la réflexion, Delacroix n’est pas si différent, pour mes lecteurs. On a, une ou plusieurs fois, admiré le tableau au Louvre, mais on l’a surtout raconté, admiré ou discuté, pastiché, parfois caricaturé, en reproductions, livres d’images, affiches, caricatures, une fois même en timbre-poste. Ampleur de vulgarisation et richesse d’adaptations qui attestent la popularité du thème de Marianne (avant la lettre) au combat.
39Or ce n’est pas un cas unique : chefs-d’œuvre reconnus ou œuvres de moindre valeur, bien des œuvres que j’ai cru devoir intégrer dans mes démonstrations y figurent en tant qu’elles sont reproduites (reproductions industrielles en plusieurs exemplaires, reproduction en bibelots d’intérieur, photographies, cartes postales [trop peu utilisées on l’a dit], modèle déformé pour caricature, …). En somme nous avons surtout un corpus d’images d’images. Parce que c’est la multiplicité qui est efficace en politique.
40Nous ne sommes donc pas tant des intrus dans la noble histoire de l’art que des solliciteurs au seuil d’une histoire de l’image qui commence aujourd’hui, à tâtons, à affirmer sa légitimité et à chercher ses normes27.
41C’est à cette discipline générale que pourrait appartenir notre gros dossier sur cet objet précis : la symbolisation féminine de la politique française contemporaine.
Marianne et le Gender
42La République française étant représentée visuellement par une image féminine, et, qui plus est, assez chaleureusement personnifiée pour recevoir un prénom de femme véritable, il va de soi que son histoire touche à l’histoire générale des femmes. Dès le premier volume de la série, en répondant à une méchante critique : « Drôle de République qui se représente en femme idéale et qui a si longtemps refusé le droit de vote aux femmes réelles… », je répondais que la République de 1792 n’avait fait qu’appliquer, en quelque sorte, spontanément la règle sociale implicite qui donnait alors aux hommes les tâches de combat et d’autorité et aux femmes celles de séduction et de charme. C’était bel et bien, de ma part, reconnaître qu’entre hommes et femmes il n’existe pas seulement des rapports… sexuels mais aussi des rapports juridiques et sociaux et encore des rapports d’idées, de sens, de symbolisation, de gender, comme on dit aujourd’hui, à l’exemple des Américains.
43Je n’ai donc pas ignoré le gender, Michelle Perrot veut bien rappeler que j’ai souvent écrit – même avant les Mariannes – sur la différence des sexes. Et elle reconnaît, non moins amicalement, que j’apporte aujourd’hui beaucoup d’informations, tout en suggérant, discrètement, que j’ai manqué de hardiesse pour les exploiter.
44Le reproche de timidité, je suis prêt à l’accepter. J’ai déjà dit que mon projet était limité à l’histoire de France depuis deux siècles et aux relations qui existaient entre le sort de la politique républicaine et celui de sa représentation visuelle. Les autres interrogations j’ai pu les rencontrer, les percevoir, je les ai perçues quelquefois, mais je n’ai pas prétendu les traiter parce que je n’avais ni le temps ni les moyens d’en approfondir l’étude. Ce n’était pas, si j’ose dire, timidité envers les femmes mais rigueur devant la science.
45Dès Marianne au combat je citais l’anecdote que venait de rapporter Alain Peyrefitte de son premier voyage en Chine28, Alain Peyrefitte, alors député, montra au savant dirigeant communiste Kuo Mo Jo sa médaille parlementaire, avec profil de République, et Kuo Mo Jo, très content de révéler sa culture, répondit « Ah ! c’est Jeanne d’Arc ». Et il fallut lui expliquer que non, qu’on pouvait honorer en France des « femmes » qui n’avaient pas existé, des allégories, et qui ne sont peut-être féminines que parce que le mot de « liberté » est féminin. Quant à savoir pourquoi dans notre Europe de filiation gréco-latine, les abstractions ont un genre grammatical… On le voit, le gender exige des savoirs d’anthropologie culturelle générale et comparée que je n’avais pas le temps d’absorber. Au moins avais-je cité notre voyageur de Chine. Et j’ai fait aussi quelques comparaisons utiles avec les Républiques américaine (ancienne) et italienne (récente), ainsi qu’avec les non-républiques d’Angleterre ou de Prusse. Quelle allégorie féminine convenait-elle pour la République française du xixe siècle, devenue la France du xxe ? J’ai pu être insuffisant, et certaines études que l’on vient de lire me le font aujourd’hui sentir.
46La question religieuse d’abord. Au siècle dernier, ou avant-dernier (le xixe siècle), il allait de soi qu’une divinité territoriale, c’est-à-dire supposée faire l’unanimité, était sacrée, donc religieuse et qu’une Marianne, à l’inverse, ne pouvait qu’être laïque puisqu’elle était par définition hardiment novatrice, donc disputée entre partis. Si différents qu’ils soient par les exemples qu’ils analysent, Stéphane Michaud et André Rauch ramènent utilement sur terre la « Déesse » de la gauche.
47La question sexuelle ensuite. L’ai-je sous-estimée, faute de hardiesse encore ? En montrant les différences d’allure des Libertés-Républiques anciennes, variant selon la tendance de l’idéal représenté, j’ai rapproché, d’un côté, allure vive et idéal révolutionnaire, et, de l’autre, allure calme, paisible et solennelle avec image du pouvoir. Ce n’est pas faux mais on pourrait aller plus loin et opposer clairement, et comme conceptuellement, les nobles catégories de virginité et de maternité (virginité païenne ou terrestre, naturellement, pas celle de Marie). F. Gherchanoc rappelle ainsi judicieusement que l’allégorie républicaine révolutionnaire pourrait appartenir à la lointaine filiation d’Athéna, protectrice idéale, vierge et guerrière, et, suppose-t-elle, d’autant plus facilement guerrière que par sa virginité, elle n’est pas tout à fait femme. Ce qui m’amène aussi à penser que j’aurais dû voir de plus près les vêtements de ces dames. Mes lecteurs savent avec quel soin et quelle insistance j’ai regardé leur coiffure : bonnet phrygien ou couronne végétale. Peut-être que, pour le corsage, objet de ma part d’une attention moins systématique, la présence ou l’absence de cuirasse, l’absence ou la présence du corsage à lacets de la paysanne d’autrefois29, auraient-elles été utiles. Un autre intervenant, G. Krumeich a parlé de Jeanne d’Arc qui fut elle aussi objet de rôles symboliques, et dont la garde-robe fut aussi variée que l’emploi en fut significatif, tantôt cuirasse et tantôt robe de bergerette. Jeanne d’Arc vierge, guerrière mais aussi féminine, populaire, sainte ou tenue pour telle avant de l’être pour l’Église, … bien des choses sans doute auraient justifié que je l’intègre à mes livres comme l’équivalent de Marianne à droite, le problème gender étant en commun.
48Manque de hardiesse ? Ou scrupule devant un trop provocant contraste ? Ou crainte devant une masse immense de recherches ? On en jugera. Il m’était pourtant arrivé d’entendre une fois ce rapprochement dans la bouche d’un inconnu qui avait toutes les apparences d’un vieux paysan. En ce lieu, Nyons (Drôme), dans les années 1980, une statue de la République avait été renversée accidentellement. La réparation tardait à se faire. Passant par là j’appris l’affaire d’un habitant du pays qui se plaignait du retard des travaux. « Ah ! disait-il, c’est que le maire est un réactionnaire. Si la statue avait été une Jeanne d’Arc, il y a longtemps que ce serait fait. »
49Tels sont mes regrets sur le gender.
Marianne et le Monde
50La République s’opposant au roi, et aux rois, dans la douloureuse réalité, devait s’opposer aussi à eux en représentation, puisque la représentation était précisément l’une des fonctions du roi. Le portrait du roi étant le (principal, non unique) « portrait » de l’État-nation monarchique, la République ne pouvait que le remplacer par son propre portrait, c’est-à-dire avoir recours à une figure (ou buste) allégorique, peinte ou sculptée avec solennité comme l’était celle des rois. Elle leur empruntait même parfois, pour la tête, la couronne de lauriers, mise à la place du bonnet de liberté, ou superposée à lui.
51Deux séries de comparaisons étaient logiquement possibles, la comparaison de notre République politique avec d’autres grandes Républiques aussi ardentes, et la comparaison de notre République devenue la France avec d’autres grands États nationaux non républicains, ou républicains par épisodes.
52Les comparaisons de la première série, essentiellement avec la République américaine, sœur aînée depuis 1776, et avec la République italienne, notre si proche voisine depuis 1946, je les ai déjà faites dans les ouvrages parus.
53Je peux donc n’en reprendre le résultat que d’un mot : oui le caractère exceptionnellement passionné de notre République (la personnification, tout de même !) n’est pas lié à une « exception française » essentielle en termes de psychologie collective, il est lié au caractère exceptionnellement dramatique et complexe de nos combats politiques. Ce que confirme la thèse générale de l’œuvre. Ce chantier de réflexion et de recherche est ici notamment enrichi par Gilles Pécout.
54Quant à la comparaison de la République française avec les autres États, je n’avais ni le projet ni les moyens de le faire, je n’ai pu que la suggérer, l’appeler même implicitement, et des articles comme celui d’Étienne François y répondent de façon bien instructive et bien prometteuse.
55Si les lecteurs ont été intéressés par ce dernier ensemble d’études, il leur reste à attendre les suites. Quelles suites ? D’abord, on vient de le dire, une complète histoire comparée des symboliques nationales. Mais aussi le symbolique européen ! L’Europe se consolidera-t-elle comme une super-République ou une super-Nation ? C’est possible. Empruntera-t-elle en ce cas aux fières républiques d’antan les ressources du grand art et de l’allégorie ? C’est peu probable30.
56Spécialistes du passé par définition, nous n’avons déjà que trop piétiné dans le présent. Attendons l’avenir.
Notes de bas de page
1 Delacroix ignorait vraisemblablement cet emploi, familier dans quelques milieux populaires de la lointaine Occitanie, mais qui n’atteignit la notoriété parisienne et nationale qu’après 1852.
2 C’est Jérôme Garcin, l’une des plus brillantes plumes du Nouvel Observateur qui avait eu l’initiative d’appeler Catherine Deneuve « la Marianne de la Jet Set ». J’ai enregistré et cité cette étape dans Métamorphoses. L’attribution à Françoise Sagan est du même auteur, dans le même hebdomadaire. Ce n’est pas un reproche à l’écrivain cité, c’est l’enregistrement d’un tournant de langage, comme il y en a sans cesse.
3 Essentiellement Jacques Le Goff, alors directeur de la collection dite « Bibliothèque d’ethnologie historique » chez Flammarion.
4 Monique Labrune, alors directeur chez Flammarion (histoire).
5 Comme tous les grands penseurs, grands orateurs, grands visionnaires peut-être, de Gaulle était homme à symboles. Il est d’ailleurs le seul acteur politique (autre que Marianne) auquel j’ai consacré un ouvrage spécial, De Gaulle, Histoire, symbole, mythe, Plon, 2001.
6 Jean-François Sirinelli.
7 Anne-Marie Sohn.
8 Raymond Huard.
9 Serge Berstein.
10 Michel Pigenet.
11 Par Alec G. Hargreaves et Christian Le Bart respectivement.
12 À propos d’un « Ménage » (prestation mondaine payante) par une actrice célèbre (Le Monde du 20 janvier 2005, p. 21).
13 L’expression est proposée par notre coéquipier et ami Pierre Bonte.
14 Jean-Yves Mollier.
15 Francis Démier.
16 Patrick Laurens, Rémy et Monique Pech, Andrée et Jean Piacère, June Hargrove.
17 Chantal Georgel.
18 Annie Duprat, Christian Amalvi, Jacqueline Lalouette, Christian Delporte.
19 En vente dans les bureaux de la poste.
20 Journaliste bien connu, écrivain et pas seulement collectionneur, longuement présenté dans Métamorphoses. J’ai déjà dit que je lui devais le néologisme « starisation » [de la République ! pour évoquer les « phénomène Bardot » et ses suites. Nous avons publié en collaboration, en 1992 Marianne, les visages de la République, Gallimard, « Découvertes », en 2001 Marianne dans la cité, Imprimerie nationale et Dexia.
21 Michel Bouquet dans le film de R. Guédiguian, Le Promeneur du Champ de Mars, 2005.
22 Nous pensons au personnage contemporain de Maurice Druon, ancien secrétaire perpétuel de l’Académie française, ministre de la Culture au temps de Georges Pompidou, conservateur de tendance, on s’en souvient, mais dont le beau Chant des Partisans qu’il composa à Londres en 1943 avec Joseph Kessel a des accents à la fois passionnés et populaires, ouvriéristes et combattants.
23 Nous pensons à la récente monographie de la place de la Bastille parue dans Arcs, Statues et Colonnes de Paris, Archives artistiques de la ville de Paris, 1999, où la question de la Liberté en génie masculin n’est pas même posée.
24 R. Belot et D. Bermond, Bartholdi, Paris, Perrin, 2004.
25 Nous avons donné, avec le concours du descendant actuel de Roty, une nouvelle dissertation argumentée sur l’idéalisme non ruraliste de la Semeuse. Elle figurera en 2007 à la grande exposition d’imagerie politique prévue au Château des ducs de Bretagne à Nantes.
26 La discussion que nous avons menée au 1er chapitre de Marianne au pouvoir n’a été reprise ni par les historiens politiques généralistes ni même par ceux de la Monnaie.
27 Voir L. Gervereau, Histoire du Visuel au xxe siècle, Paris, Seuil, 2003.
28 Alain Peyrefitte, Quand la Chine s’éveillera, 1973.
29 Le corsage à lacets qui popularise la Marianne de Gautherin, le premier buste accueilli dans la salle principale de l’Hôtel de Ville de Paris pourrait avoir été imité de la célèbre Jeanne d’Arc assiste, en paysanne, de Chapu – suggestion dont je remercie Anne Pingeot.
30 Expressément proposé et présenté par le sculpteur R.L. Chavanon, qui fit beaucoup de Mariannes autour de 1989, il ne semble pas que l’Europe en femme ait été beaucoup utilisée en décor à Bruxelles, ni à Strasbourg.
Auteur
Collège de France.
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