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    Plan détaillé Texte intégral Répondre à un triple déficit symbolique Reconfigurer les symboles pour restituer le sens L’image d’une « République ouverte et accueillante » ou la « communion dans l’altérité » Une œuvre d’art totale Appropriations Un laboratoire et ses limites Notes de bas de page Notes de fin Auteur

    La République et ses symboles

    Ce livre est recensé par

    • Bernard Richard, Lectures, mis en ligne le 30 janvier 2019. URL : https://journals.openedition.org/lectures/13853 ; DOI : https://doi.org/10.4000/lectures.13853
    • Vincent Hecquet, Questions de communication, mis en ligne le 22 mars 2017. URL : https://journals.openedition.org/questionsdecommunication/10902 ; DOI : https://doi.org/10.4000/questionsdecommunication.10902
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    Table des matières

    Marianne aux couleurs de la « ville-monde » : la salle des mariages de la mairie de Bobigny1

    Danielle Tartakowsky

    p. 275-285

    Texte intégral Répondre à un triple déficit symbolique Reconfigurer les symboles pour restituer le sens L’image d’une « République ouverte et accueillante » ou la « communion dans l’altérité » Une œuvre d’art totale Appropriations Un laboratoire et ses limites Notes de bas de page Notes de fin Auteur

    Texte intégral

    1La reconfiguration des signes et des figures propres à dire la République peut répondre à des exigences d’adaptation aux mutations esthétiques et culturelles à l’œuvre dans la société tout entière, en interpellant alors l’artiste plus que tout autre. Il en va différemment dans les phases de crises du sens ou de bouleversements politiques majeurs, quand le politique, en redéfinition, doit s’ouvrir, comme jamais, à des modalités non institutionnelles de la politique jouissant, soudain, d’espaces d’autonomie inaccoutumés. Dans ces circonstances, la reconfiguration des signes et des figures propres à dire la République peut se voir assigner des responsabilités plus directement politiques, autorisant des réponses esthétiquement et politiquement novatrices tout à la fois.

    2Ce qui vaut en règle générale vaut à plus forte raison là où la crise, sous toutes ses espèces, est la plus violemment ressentie, en premier lieu dans les banlieues hier ouvrières et dotées d’une identité forte, devenues aujourd’hui des lieux de l’exclusion. En 2006, la municipalité de Bobigny, qui est l’une d’entre elles, va proposer une réponse d’une grande audace qui se veut une « co-construction » de l’artiste et du politique. On voudrait en présenter ici les grandes lignes avant de se demander dans quelle mesure elle peut constituer un cas d’école.

    Répondre à un triple déficit symbolique

    3La République triomphante qui a su créer ses cérémonies civiques et ses symboles n’a jamais réussi à se doter de rites de passage substitutifs aux baptême, mariage et enterrement religieux ; au risque d’un déficit de sacralité incitant à des bricolages individuels ou collectifs, sans lendemain ou d’assise limitée1, de surcroît suspecté d’entretenir le « retour au religieux2 ». Dans le dernier tiers du siècle, les cérémonies et symboles « inventés » par la République triomphante des années 1880 et demeurés longtemps performatifs témoignent, qui plus est, d’une usure qui doit aux effets conjoints d’une sensibilité esthétique renouvelée et de redéfinitions politiques majeures. À Bobigny, l’un des plus vieux bastions du communisme municipal3, ce double déficit de sens, caractéristique de la fin du siècle, se conjugue à des problèmes spécifiques, propres à l’amplifier. La ville, qui doit beaucoup à la création des nouveaux départements en 1964 d’être devenue préfecture, s’est adaptée à ses fonctions nouvelles selon les canons de l’urbanisme ravageur des années 1970. Le vieux centre historique a été détruit pour laisser place à une vaste dalle où sont érigés la préfecture et l’hôtel de ville mais, également, une cité commerciale qui s’impose, aujourd’hui encore, comme le centre ostensible de la ville redessinée et où les signes tiennent lieu de symboles (fig. 1).

    4Cette crise globale de la représentation est, peu ou prou, contemporaine de la crise des banlieues rouges qui surent s’illustrer par leur forte propension et leur capacité à inscrire leur identité politique et sociale singulière dans l’espace public, jusque sur les façades des hôtels de ville ou dans les salles de mairie, quitte à s’exposer aux foudres préfectorales4. Bobigny, demeurée communiste, résiste mieux que d’autres mais subit du moins la désindustrialisation qui leur est commune et connaît des bouleversements démographiques d’ampleur qui lui valent d’abriter aujourd’hui près de 80 nationalités différentes5, l’autorisant à se qualifier de « ville-monde, fière de sa diversité ». C’est à partir de cette identité revendiquée que le maire Bernard Birsinger va s’essayer à reconfigurer les symboles pour restituer du sens à ce qui n’en a plus d’évident.

    Reconfigurer les symboles pour restituer le sens

    5En 1996, Bernard Birsinger devient maire de la ville où il réside depuis l’âge de 5 ans. Cet ouvrier de 42 ans succède à Georges Valbon6 qui exerçait cette mandature depuis 1965, en participant à ce titre du renouvellement générationnel qui caractérise alors plus globalement le communisme municipal. Élu député l’année suivante, il est rapporteur sur la question du PACS et devient membre du Haut-Conseil à l’intégration. Le nouveau maire s’impose presque aussitôt comme un référent en matière de démocratie locale et participative. Celle-ci s’affirme dans les assises de la ville, tenues en 1998, dans l’observatoire des engagements ou dans les comités de quartiers. Elle se concrétise en octobre 2001, par la mise en place d’une « consult’action », associant la population, des architectes, les services publics et les entreprises. Une Maison des projets s’ouvre dans le centre commercial qui constitue le creuset de multiples initiatives dont le projet de « réhabilitation artistique de la salle des mariages ».

    6Ce projet s’assigne une multiplicité d’objectifs qui se veulent indissociables. Selon le document présenté au conseil municipal en mars 2005, il doit permettre à Bobigny :

    de valoriser sa situation de capitale départementale, son rôle de ville culturelle de premier plan, sa conception de la diversité comme première richesse culturelle de l’humanité, sa prise de parti en faveur des peuples, de la paix, de la démocratie, son ouverture au monde, aux luttes altermondialistes, sa farouche volonté de prendre en compte l’identité de chacun, de chaque groupe, son souhait que la salle des mariages devienne un lieu agréable et accueillant pour l’ensemble des citoyens, quelle que soit leur origine et quelle que soit la cérémonie célébrée7.

    7Elle « devra transmettre l’état d’esprit de la ville : ville solidaire, ville généreuse et tolérante, ville ouverte à l’art contemporain ». En s’imposant pour son image emblématique, souhaite Bernard Birsinger qui déclare : « J’espère bien qu’on entendra : “Ah, Bobigny, c’est là où il y a une salle des mariages”8. »

    8Il s’agit également de faire du « mariage républicain9 » un temps fort de la vie citoyenne en l’instituant pour le temps et le lieu privilégié de la (re)construction d’un lien entre sphère publique et sphère privée, propre à redéfinir le rapport de l’individu aux institutions et aux valeurs de la République à partir du privé et presque de l’intime10. On entend donc répondre au déficit de sacralité du mariage civil comme à la perte du sens de la République par une revivification simultanée de leurs symboliques respectives, l’une par et pour l’autre11. La première « consult’action » ayant avancé l’idée d’un « droit au beau12 », le projet s’assigne, enfin, pour objectif d’inscrire ce principe dans l’espace public et confère à l’art des vertus esthétiques et politiques à la fois en élevant la culture contemporaine au rang « des vecteurs de valeurs universelles et de libération des hommes et des femmes13 ».

    9Bernard Birsinger, ancré dans l’histoire et le présent de sa ville, confie la réalisation de ce projet à Hervé di Rosa, fils d’un ouvrier italien et d’une mère espagnole, demeuré de culture communiste et plasticien internationalement reconnu, alors installé à Miami14. Ce fondateur de « l’art modeste15 » est également l’auteur de la fresque réalisée pour l’Assemblée nationale à l’occasion du bicentenaire, du rideau de la scène centrale de la fête de L’Humanité, trois ans plus tard, de la fresque du siège de l’Unesco à Paris ou de la réfection du MacDo de Montpellier, entre autres réalisations. Ces deux hommes, qui appartiennent à la même génération et se sont rencontrés à l’occasion d’une fête de L’Humanité, s’engagent dans ce qu’ils qualifieront de « co-construction ».

    10Hervé di Rosa, qui ne conçoit sa création que dans un étroit travail, mené en amont, avec la population, engage un dialogue de près de trois ans avec les associations, élus et habitants pour, ainsi, puiser dans l’identité de la ville. Son projet est adopté en mars 2005 par 26 voix pour, 3 contre (UMP) et 10 abstentions (socialistes) et la nouvelle salle inaugurée le 12 mai 2006, en plein débat sur le projet de loi Ceseda, lequel souligne Bernard Birsinger à la veille de l’inauguration « va obliger les gens à justifier leur amour pour pouvoir se marier16 ».

    L’image d’une « République ouverte et accueillante17 » ou la « communion dans l’altérité18 »

    11Cette volonté de construire une image tolérante et fraternelle de la République en affirmant la communion dans l’altérité des races ou des choix sexuels et le caractère universel des valeurs républicaines n’est pas sans similitudes avec les objectifs assignés, en 1989, aux « tribus planétaires » de la parade conçue par Jean-Paul Goude pour le cortège parisien du bicentenaire de la Révolution française19. Hervé di Rosa satisfait à cette exigence en jouant, délibérément, sur la diversité des styles et des références qui permet aux administrés comme au visiteur de s’approprier et de construire un même sens globalisant à partir de points de vue extrêmement différents20.

    12La précédente salle des mariages, constituée par une rotonde dotée de baies vitrées, avait été conçue en 1974 par Marius Depont, architecte de l’Hôtel de Ville (fig. 2). Les concepteurs du nouveau projet la créditent d’avoir « marqué les années 1970 par son anti-conformisme et sa modernité » et ne modifient pas la structure d’une salle dont « la posture architecturale est à honorer21 ». Après une station devant une « transparence » du peintre François Boisrond, située sur le mur extérieur de la rotonde22, un couloir circulaire conduit à l’intérieur où le soudain mélange des genres et la profusion des couleurs provoque un inévitable effet de sidération (fig. 3).

    13La salle en hémicycle, qui saisit par son audace, s’organise selon deux ensembles. La fraction qu’on peut qualifier d’officielle affiche une évidente sobriété plastique. Elle abrite trois figures de la République (fig. 4) qui réinterprètent, chacune à sa manière, des représentations convenues en contraignant par là même à regarder ce qui, d’ordinaire, est à ce point routinier qu’on a cessé de le voir. Une niche blanche, encadrée de deux vastes pans de mur, respectivement bleu et rouge, vaut à l’arrière-fond de se muer en un drapeau d’une ampleur peu commune. Devant lui, le bureau du maire et son fauteuil. Le premier, en forme de cœur, se veut un autel républicain symbolisant à la fois l’amour et la solidité de l’institution. Le second emprunte à l’univers de la bande dessinée. Son dossier est surmonté par l’imposante figure d’un maire débonnaire coiffé d’un bonnet phrygien. Le visage légèrement tourné vers l’entrée pour accueillir le couple de jeunes mariés, il s’apprête à embrasser le maire de chair et d’os dans ses bras puissants (devenus ceux du fauteuil). C’est, toutefois, la Marianne de bronze, inscrite dans la niche blanche, qui lui confère une posture de madone, qui constitue l’élément de rupture le plus manifeste. Cette Marianne aux allures de poupée mossi a été réalisée par des bronziers camerounais de Founman avec lesquels l’artiste travaille de longue date (fig. 5). « Parce qu’il n’est écrit nulle part que la Marianne doit être une blonde aux yeux bleus », celle qui se veut « l’incarnation de l’amour, du monde et de la république23 » est, ici, noire et dénudée ; du moins coiffée d’un bonnet phrygien orné d’une cocarde, ton sur ton, dès lors discrète. Comme toutes les figures d’Hervé di Rosa, elle est dotée de deux paires d’yeux pour signifier à la fois la bienveillance (les yeux baissés sur le couple) et l’union pérennisée et le devenir (le regard fixé sur une ligne de fuite). Cette prise de parti esthétique et politique est, à notre connaissance, sans autre précédent que celui qui prévalut dans la parade conçue par Jean-Paul Goude à l’occasion du bicentenaire de la Révolution française, avec, à sa tête, Jessy Norman, interprétant La Marseillaise24.

    14En regard, la partie la plus vaste de la rotonde, déployée en éventail, affiche un aspect délibérément plus coloré et plus festif si ce n’est ludique (fig. 6). Les sièges des mariés, en résine armée, bleu et rose, paraissent, à ce titre, épouser la convention jusqu’à l’excès. Du moins sont-ils dotés de dossiers en forme de cœur et de visages inspirés, une fois encore, de la BD25 et portent-ils « chaussures à leurs pieds ». Il est, en outre, prévu qu’ils puissent céder la place à deux sièges de même teinte dès lors qu’il s’agirait de célébrer un PACS ou, à terme, un mariage homosexuel (dont Bernard Birsinger fut un ardent défenseur)26. Derrière ces sièges et ceux des invités, de même facture mais plus dépouillés, sur les murs environnants, des graffes conçus pour respecter l’esprit des lieux (fig. 7) et le dégradé des couleurs, des photographies et gravures propres à dire le mariage dans tous ses états, jusqu’à la saturation délibérée, et des vitrines comme il s’en trouvait dans les appartements petit-bourgeois du siècle dernier, chargées d’objets kitch à foison qui disent, à leur tour, l’amour et le mariage, ici comme ailleurs. Un solide ancrage dans le local, au passé comme au présent, se veut la condition du lien nécessaire avec une République qu’on souhaite, à la fois, familière et universelle : certains des concepteurs de la rotonde initiale, dont on a préservé l’esprit, ont été associés à la réalisation de la salle27, les graffeurs sont natifs de Bobigny28 et de nombreux objets ou photos exposés évoquent l’histoire de la ville et de ses habitants29. (Constatons toutefois la notable absence de toute référence à la banlieue rouge quand le maire, qui assume pleinement cet héritage, le valorise alors même sous d’autres modes30.)

    15Cet ancrage dans le local aux fins de s’intégrer à des valeurs qui le respectent et le transcendent n’est pas sans renouer avec les métissages entre culture et folklores républicains, analysés par Maurice Agulhon31, à l’origine de Marianne ancrées dans leur terroir, de l’initiative d’artistes ou d’artisans du cru, avant que de le céder à des productions en série qui pourront s’acquérir sur catalogue. À ce titre et malgré son coût – 350 000 euros –, la nouvelle salle des mariages relève bien d’un art populaire.

    Une œuvre d’art totale32

    16Ce n’est pas la première fois qu’un maire confie le soin de décorer une salle des mariages à un artiste contemporain de renom, aux fins d’une rupture assumée avec les canons esthétiques des années 1880. Il en fut ainsi de celle de Menton, confiée, en 1957, à Jean Cocteau. La différence tient à ce que les parties concernées récusent, ici, la notion de « décor33 » pour se réclamer d’une « œuvre d’art totale ». La salle des mariages doit à ce caractère revendiqué de présenter un caractère collectif34 mais, plus encore, de se vouloir indissociable d’un cérémonial redéfini et d’initiatives valorisant l’acte citoyen : ainsi un échange de dons35, la remise d’un livret de préparation au mariage républicain36 et une refonte du livret de famille « personnalisé » pour la ville de Bobigny par Hervé di Rosa37.

    17Cette intégration revendiquée de la pratique sociale à une œuvre qui ne se veut ni décor ni monument suppose une politique d’appropriation de la salle que la municipalité initie à chaque étape. Des stages en direction des élus sont destinés à leur apprendre à faire de cette salle un vecteur d’instruction civique, dans chacune des circonstances où ils ont à en user. La salle est ouverte au public lors des journées du patrimoine, en septembre 2006, et des conteurs sont invités qui ont reçu mission de raconter des histoires d’amour écrites à partir de récits de Balbyniens38.

    18Dans la phase de conception, des critiques s’étaient exprimées jusque dans les rangs de la majorité qui concernaient tel aspect de l’œuvre ou, plus souvent, son coût39. Du moins sans remises en cause explicites de la légitimation du PACS véhiculée par le projet ou de la couleur de la Marianne, remises en cause qui étaient exceptionnelles et marginales40. La large couverture médiatique dont bénéficie la salle lors de son inauguration et l’accueil presque unanimement favorable41 d’une presse plus attentive au coté ludique de l’œuvre qu’à la novation politique dont elle est porteuse, contribuent à faire taire les réticences. Le décès subit de Bernard Birsinger, trois mois et demi après l’inauguration d’un projet auquel il avait été particulièrement attaché, contribue, bien involontairement, à précipiter les ralliements. Lors de la cérémonie funèbre à laquelle participe une foule impressionnante, la Marianne, sortie de son alcôve, monte la garde à côté du cercueil (fig. 8) en se chargeant par là même de la sacralité que la mort confère42. Une osmose s’opère désormais entre la figure d’un maire qui jouissait d’un évident charisme43 et sa réalisation la plus audacieuse qui contribue au processus d’appropriation et, pourrait-on dire, d’incorporation par la ville entière. Jusqu’à rendre difficile une approche rétrospective des oppositions qui s’étaient manifestées en d’autres temps.

    19La démarche qui peut être exemplaire n’est donc pas mécaniquement reproductible. Indissociable d’une inscription dans le tissu local qui l’a portée, elle interdit à l’œuvre de devenir un objet de série, comme d’autres Marianne en leur temps...

    Appropriations

    20Deux ans après son inauguration, la salle continue à susciter l’intérêt des médias dont l’assise s’élargit44. Elle attire de nombreux visiteurs – plus de mille recensés au début de l’été 2008 par l’office du tourisme de Bobigny –, loin d’être exclusivement balbyniens. Parmi eux des enseignants et leurs classes, des représentants du monde associatif (associations de femmes et d’élus en premier lieu), des artistes et professionnels de la culture, des aménageurs, des urbanistes, des professionnels du tourisme et jusqu’à un promoteur qui dit tenir la salle pour un argument de vente45. Le jugement des administrés est plus difficile à cerner. Bonjour Bobigny, qui leur donne plusieurs fois la parole, laisse entendre une satisfaction dominante mais prend soin de moduler les avis exprimés et laisse entrevoir des clivages qui ne seraient ni politiques ni strictement générationnels. Ainsi une jeune fille s’offusque-t-elle du manque de sacralité de la chose46. La plupart des 385 couples mariés là depuis deux ans47 témoignent d’un vif enthousiasme48 attesté par la durée des séances de photographies et la volonté de tout voir, au risque d’un allongement notable de la cérémonie qui finit, du reste, par poser problème à la mairie quand même c’était là un des objectifs assignés au projet. Il est même des non-Balbyniens pour exprimer leur souhait de pouvoir se marier là, sans, bien sûr, l’obtenir. Du moins ne saurait-on ignorer la totale indifférence de couples musulmans intégristes qui viennent accomplir en quelques minutes un acte administratif obligé sans sembler prêter attention à ce qui les entoure ou la décision de certains administrés d’aller se marier ailleurs, dès lors qu’ils le peuvent. Mais si les rejets ou l’indifférence, moins publicisés ou simplement moins perceptibles que les adhésions, sont une réalité, il n’est, du moins, ni opposition ouverte ni scandale. Quand le scandale était pourtant envisageable.

    21Un sondage CSP réalisé en 2007 auprès de 14 000 personnes, habitants ou usagers de la ville, à l’occasion d’une nouvelle « consult’action » autorise une approche un peu moins impressionniste49.

    22Quatre questions concernent la salle des mariages.

    Diriez-vous de la salle des mariagesOuiNon
    Qu’elle facilite la découverte des cultures55 %27 %
    Qu’elle donne une image positive de la ville54 %28 %
    Qu’elle attire des visiteurs47 %36 %
    Qu’elle donne une image positive de la République42 %40 %

    23Ces résultats confortent le sentiment d’une large adhésion mais invitent à nuancer leur portée.

    Un laboratoire et ses limites

    24En s’essayant à (re)construire du politique par des voies innovantes dont la salle des mariages constitue un élément phare, la municipalité de Bobigny s’inscrit dans la filiation de ce laboratoire de la modernité culturelle que fut la banlieue rouge des années 1930 aux années 195050, en constituant, à leur égal, un front pionnier. Elle contribue avec une efficacité certaine à (re)construire du lien social ou, du moins, à freiner son délitement, comme attesté par le fait qu’elle a été épargnée par l’embrasement des banlieues de 2005. S’agit-il de (re)construire de la citoyenneté et elle se heurte, toutefois, à des limites dont ne saurait lui imputer la responsabilité.

    25Que les réalisations pionnières des municipalités communistes des années 1930 n’aient résulté d’aucune directive préétablie à l’échelle nationale n’exclut nullement qu’elles aient présenté de fortes similitudes et qu’elles se soient inscrites dans une dynamique politique globalisante qui leur valut d’être perçues ex post comme emblématiques du Front populaire et de ses réalisations51. Rien de tel en ce début du xixe siècle alors que celles des municipalités qui s’essaient à résister ou à contre-attaquer jouent des cartes différentes et parfois divergentes qui doivent à la personnalité des maires et à leur choix. Ainsi Bernard Birsinger confère-t-il à la culture une dimension stratégique sans s’investir dans le courant rénovateur alors animé par d’autres édiles communistes, pareillement soucieux de répondre à la crise du politique.

    26Les avis partagés quant à la capacité de la salle des mariages à donner « une bonne image de la République » sont un symptôme des limites inhérentes à ces démarches en ordre dispersé, dès lors que condamnées à l’être du fait de l’absence de relais nationaux, porteurs de sens à telle échelle. La salle des mariages, image réussie de la « ville-monde », s’inscrit dans des rapports de proximité permettant de tisser des liens sensibles entre le local et l’universel. Elle ne réussit pas avec la même évidence à générer de la citoyenneté républicaine, grande absente des comptes-rendus de presse, des réactions publiées par Bonjour Bobigny ou des entretiens qui ont nourri notre réflexion. L’effondrement ou la crise de ces relais hier globalisants que furent le PCF ou la République interdisent en effet à la Culture (comme, du reste, à l’École) d’agir seules avec succès pour (ré) générer des « communautés imaginées52 » sans lesquelles il ne saurait y avoir de politique.

    Notes de bas de page

    1 Un de ces bricolages substitutifs est analysé dans Danielle Tartakowsky, Nous irons chanter sur vos tombes. Le Père-Lachaise, xixe-xxe siècle, Paris, Aubier, 1999.

    2 Réaménagement de la salle des mariages de la ville de Bobigny, 29 mars 2005, Anagraphis, ex. dactyl. : « Les religions sont à l’offensive. Les cérémonies républicaines du mariage ou du baptême sont balayées par le faste et le “festif” des diverses religions. » Les statistiques nationales infirment ces craintes. Selon l’Insee, on a célébré 102 000 mariages religieux en 2005 contre 147 000 en 1990.

    3 Le socialiste Jean-Marie Clamamus, élu maire en 1919, rallie le parti communiste après le congrès de Tours. La municipalité sera communiste sans discontinuer hormis sous l’Occupation. Clamamus, nommé maire par arrêté ministériel en mai 1941 le demeure jusqu’à la Libération. Il est frappé d’indignité nationale puis amnistié.

    4 Emmanuel Bellanger, Administrer la « banlieue municipale » : activité municipale, intercommunalité, pouvoir mayoral, personnel communal et tutelle préfectorale en Seine banlieue des années 1880 aux années 1950, doctorat d’histoire, université Paris VIII, 2004.

    5 Les chiffres de 80 ou de 90 sont indifféremment avancés.

    6 Georges Valbon est né en 1924.

    7 Réaménagement de la salle des mariages de la ville de Bobigny, op. cit.

    8 Bernard Birsinger, « Bobigny a droit au beau », Bonjour Bobigny, supplément au n° 326, 11-12 mai 2006.

    9 La notion de « mariage républicain » confère un sens politique (revendiqué) là où mariage civil ne signifie qu’un manque.

    10 Réaménagement de la salle des mariages de la ville de Bobigny, op. cit. : « Comment faire du mariage un temps fort de la vie citoyenne pour tout homme ou femme quelle que soit son origine tout en préservant la transcendance de l’amour qui sous-tend la cérémonie ? Comment ces femmes et ces hommes peuvent-ils par cet acte d’union se sentir à la fois à part entière des citoyens de Bobigny et des citoyens du monde acceptés pleinement dans leur culture d’origine ? Cette proposition artistique cherche à inventer un cérémonial capable de restaurer le respect pour des valeurs communes républicaines qui peuvent être comprises et adoptées par tous ceux qui souhaitent vivre en bonne entente dans la ville de Bobigny quelles que soient leurs origines, cultures ou religions. »

    11 Ibid. : « Ces moments de la vie républicaine doivent être capables de provoquer un mouvement d’adhésion des citoyens aux principes dont ils sont porteurs : tolérance de la différence, laïcité, droits de l’homme, respect des femmes. »

    12 Bernard Birsinger, « Bobigny a droit au beau », art. cité.

    13 Réaménagement de la salle des mariages de la ville de Bobigny, op. cit.

    14 En 2004, il figure dans le top 10 des ventes des artistes français vivants nés après 1940.

    15 Hervé di Rosa le définit comme « un art pour tous », caractérisant « ces petites créations qui donnent du bonheur au quotidien ».

    16 Bernard Birsinger, « Bobigny a droit au beau », art. cité.

    17 Ibid.

    18 Bonjour Bobigny, 18-25 mai 2006 : Salomon Illouz, président du groupe PS.

    19 Patrick Garcia, Le bicentenaire de la Révolution française. Pratiques sociales d’une commémoration, Paris, CNRS Éditions, 2000.

    20 Bonjour Bobigny, 22-26 juin 2006 : Abel Sadi, adjoint au maire ; « Au départ, les graffes m’ont ennuyé. Mais cette salle colorée est à l’image de la ville. Il faut la regarder dans son intégralité car elle provoque la tolérance. »

    21 Réaménagement de la salle des mariages de la ville de Bobigny, op. cit.

    22 Il n’est pas indifférent de rappeler qu’il a réalisé le logo de lutte contre le sida.

    23 Hervé di Rosa, « Je n’aime pas les choses confites », Bonjour Bobigny, supplément au n° 326, 11-12 mai 2006.

    24 On pourrait lui adjoindre la République métisse ouvrant le cortège lors du transfert d’Alexandre Dumas au Panthéon en 2002.

    25 Dans le projet primitif, la mariée avait les yeux fermés. Le projet est modifié suite aux objections de certains élus.

    26 Bernard Birsinger, « Bobigny a droit au beau », art. cité.

    27 Ainsi M. Ouhayoun, collaborateur de l’architecte, décédé.

    28 Clark, Remy, Jérome et Pierre-Armand.

    29 Les photographies relatives à Bobigny ont été offertes par un photographe de la ville, René Magne.

    30 Chroniques balbyniennes, 2 300 ans d’histoire destinés à « faire vivre l’histoire locale de Bobigny », ouvrage de commande de la municipalité, évoque Clamamus quand ses positions sous l’Occupation lui avait valu d’être occulté par les maires antérieurs.

    31 Maurice Agulhon, Culture et folklores républicains, Paris, Éditions du CTHS, 1995.

    32 Réaménagement de la salle des mariages de la ville de Bobigny, op. cit.

    33 Compte rendu de la séance du conseil municipal du 25 mars 2006, présentation du projet par Thierry Angles : « Il ne s’agit pas de décorer la salle des mariages mais de créer une œuvre d’art qui sera la salle des mariages […]. Le cérémonial fait partie intégrante de l’œuvre et est porteur de sens. »

    34 Elle associe notamment les bronziers de Founman, le peintre François Boisrond, Olivier Halignon, maître d’œuvre du mobilier et les graffeurs balbyniens ainsi que les auteurs des sérigraphies (cf. plus bas).

    35 Chaque couple se voit remettre une sérigraphie signée choisie parmi celles exposées dans le couloir circulaire menant à la rotonde, réalisées par six artistes de divers continents (Maître Akeji, François Boisrànd, William Wilson, Ricardo Mosner, Rachid Koraichi, Hervé di Rosa). Il doit offrir en échange à la ville un objet qui dit le mariage dans sa culture, susceptible de venir grossir l’une des vitrines. À terme, la ville a prévu d’ouvrir un musée d’art modeste du mariage. Selon certains de nos interlocuteurs, ce contre-don demeure à ce jour limité dès lors que l’information est insuffisamment diffusée en amont.

    36 Réaménagement de la salle des mariages de la ville de Bobigny, op. cit. : il devrait inclure « des textes fondateurs de la République, des poèmes valorisant l’engagement social, l’égalité et la fraternité due et à développer et bien sûr l’amour » et des informations sur le baptême républicain. Il serait « embelli d’interventions artistiques de toute nature ».

    37 Ces deux livrets sont encore en gestation.

    38 Avec, selon les témoignages et pour autant qu’on en puisse juger par le livre d’or, un réel succès.

    39 En mars 2005, les votes des socialistes et de l’UMP sont expliqués par ce seul argument. Lors de l’inauguration, Thierry Bonhomme, président du groupe UMP, évoque une « somptueuse dépense pharaonique » mais « à titre personnel, avoue ne pas avoir été choqué », Bonjour Bobigny, 18-25 mai 2006. Critiques similaires émanant d’administrés dans Bonjour Bobigny, 22-26 juin 2006 et 26 juin-6 juillet 2006 : Combien ça coûte, « L’euro, c’est bien pratique pour minimiser les sommes ».

    40 La couleur de la Marianne est mise en cause dans un tract émanant du maire de Drancy qui dispute avec succès le siège de député de Bernard Birsinger lors des législatives de 2002. Ces attaques se retrouvent sur un mode ordurier sur certains blogs d’extrême droite n’hésitant pas à fustiger « la gueuse ».

    41 Minute fait seule exception.

    42 Bonjour Bobigny, spécial hommage, 1er septembre 2006.

    43 Catherine Peyge, jusqu’alors maire adjoint, lui succède après un vote unanime de tous les élus dont ceux de l’opposition.

    44 Le magazine américain Interior Design lui consacre trois pages en août 2007.

    45 Selon Jean-Jacques Brilland, responsable de l’Office du tourisme.

    46 Bonjour Bobigny, 22-26 juin 2006, Kamélia, 16 ans : « C’est trop coloré pour un mariage. Ca ne me donne pas envie de me marier dans une salle qui reflète le jeu […]. Le mariage, ça n’est pas un jeu. »

    47 Bonjour Bobigny, 9-14 mai 2008.

    48 Bonjour Bobigny, 18-25 mars 2006, le premier couple marié dans la salle : « C’est joyeux comme un mariage. »

    49 Bonjour Bobigny, hors-série n° 5, octobre 2007, Consult’action 2007.

    50 Annie Fourcaut (dir.), Banlieue rouge, 1920-1960, Paris, Autrement, 1992.

    51 Cf. Les bátisseurs, film réalisé en 1937 par Jean Epstein pour la fédération du bâtiment CGT.

    52 Benedict Anderson, L’imaginaire national, Paris, La Découverte, 2002.

    Notes de fin

    1 Mes plus vifs remerciements vont à madame Catherine Peyge, maire de Bobigny, qui a manifesté son intérêt pour cette contribution et m’a facilité l’accès aux services compétents de la ville. Ils vont à Évelyne Van Damme, attachée de conservation du patrimoine, Pierre Ducret, responsable du service des ressources documentaires, Bénédicte Penn et le service des ressources historiques et archives municipales, Jean-Jacques Brilland, responsable de l’office du tourisme qui n’ont pas ménagé leur aide. Si les pages qui suivent doivent beaucoup aux entretiens informels qu’ils ont bien voulu m’accorder ou qui ont été glanés alentour, elles sont, du moins, de ma seule responsabilité. Mes remerciements vont également à Emmanuel Bellanger. Ils vont encore à Sylla Grinberg et à Jean Seisser qui nous ont autorisé à publier leurs photographies libres de droit. Les figures de cet article sont reproduites dans le cahier couleur en fin de volume, p. 435-438.

    Auteur

    • Danielle Tartakowsky

      Danielle Tartakowsky, professeure d’histoire contemporaine, université Paris VIII

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    1 Un de ces bricolages substitutifs est analysé dans Danielle Tartakowsky, Nous irons chanter sur vos tombes. Le Père-Lachaise, xixe-xxe siècle, Paris, Aubier, 1999.

    2 Réaménagement de la salle des mariages de la ville de Bobigny, 29 mars 2005, Anagraphis, ex. dactyl. : « Les religions sont à l’offensive. Les cérémonies républicaines du mariage ou du baptême sont balayées par le faste et le “festif” des diverses religions. » Les statistiques nationales infirment ces craintes. Selon l’Insee, on a célébré 102 000 mariages religieux en 2005 contre 147 000 en 1990.

    3 Le socialiste Jean-Marie Clamamus, élu maire en 1919, rallie le parti communiste après le congrès de Tours. La municipalité sera communiste sans discontinuer hormis sous l’Occupation. Clamamus, nommé maire par arrêté ministériel en mai 1941 le demeure jusqu’à la Libération. Il est frappé d’indignité nationale puis amnistié.

    4 Emmanuel Bellanger, Administrer la « banlieue municipale » : activité municipale, intercommunalité, pouvoir mayoral, personnel communal et tutelle préfectorale en Seine banlieue des années 1880 aux années 1950, doctorat d’histoire, université Paris VIII, 2004.

    5 Les chiffres de 80 ou de 90 sont indifféremment avancés.

    6 Georges Valbon est né en 1924.

    7 Réaménagement de la salle des mariages de la ville de Bobigny, op. cit.

    8 Bernard Birsinger, « Bobigny a droit au beau », Bonjour Bobigny, supplément au n° 326, 11-12 mai 2006.

    9 La notion de « mariage républicain » confère un sens politique (revendiqué) là où mariage civil ne signifie qu’un manque.

    10 Réaménagement de la salle des mariages de la ville de Bobigny, op. cit. : « Comment faire du mariage un temps fort de la vie citoyenne pour tout homme ou femme quelle que soit son origine tout en préservant la transcendance de l’amour qui sous-tend la cérémonie ? Comment ces femmes et ces hommes peuvent-ils par cet acte d’union se sentir à la fois à part entière des citoyens de Bobigny et des citoyens du monde acceptés pleinement dans leur culture d’origine ? Cette proposition artistique cherche à inventer un cérémonial capable de restaurer le respect pour des valeurs communes républicaines qui peuvent être comprises et adoptées par tous ceux qui souhaitent vivre en bonne entente dans la ville de Bobigny quelles que soient leurs origines, cultures ou religions. »

    11 Ibid. : « Ces moments de la vie républicaine doivent être capables de provoquer un mouvement d’adhésion des citoyens aux principes dont ils sont porteurs : tolérance de la différence, laïcité, droits de l’homme, respect des femmes. »

    12 Bernard Birsinger, « Bobigny a droit au beau », art. cité.

    13 Réaménagement de la salle des mariages de la ville de Bobigny, op. cit.

    14 En 2004, il figure dans le top 10 des ventes des artistes français vivants nés après 1940.

    15 Hervé di Rosa le définit comme « un art pour tous », caractérisant « ces petites créations qui donnent du bonheur au quotidien ».

    16 Bernard Birsinger, « Bobigny a droit au beau », art. cité.

    17 Ibid.

    18 Bonjour Bobigny, 18-25 mai 2006 : Salomon Illouz, président du groupe PS.

    19 Patrick Garcia, Le bicentenaire de la Révolution française. Pratiques sociales d’une commémoration, Paris, CNRS Éditions, 2000.

    20 Bonjour Bobigny, 22-26 juin 2006 : Abel Sadi, adjoint au maire ; « Au départ, les graffes m’ont ennuyé. Mais cette salle colorée est à l’image de la ville. Il faut la regarder dans son intégralité car elle provoque la tolérance. »

    21 Réaménagement de la salle des mariages de la ville de Bobigny, op. cit.

    22 Il n’est pas indifférent de rappeler qu’il a réalisé le logo de lutte contre le sida.

    23 Hervé di Rosa, « Je n’aime pas les choses confites », Bonjour Bobigny, supplément au n° 326, 11-12 mai 2006.

    24 On pourrait lui adjoindre la République métisse ouvrant le cortège lors du transfert d’Alexandre Dumas au Panthéon en 2002.

    25 Dans le projet primitif, la mariée avait les yeux fermés. Le projet est modifié suite aux objections de certains élus.

    26 Bernard Birsinger, « Bobigny a droit au beau », art. cité.

    27 Ainsi M. Ouhayoun, collaborateur de l’architecte, décédé.

    28 Clark, Remy, Jérome et Pierre-Armand.

    29 Les photographies relatives à Bobigny ont été offertes par un photographe de la ville, René Magne.

    30 Chroniques balbyniennes, 2 300 ans d’histoire destinés à « faire vivre l’histoire locale de Bobigny », ouvrage de commande de la municipalité, évoque Clamamus quand ses positions sous l’Occupation lui avait valu d’être occulté par les maires antérieurs.

    31 Maurice Agulhon, Culture et folklores républicains, Paris, Éditions du CTHS, 1995.

    32 Réaménagement de la salle des mariages de la ville de Bobigny, op. cit.

    33 Compte rendu de la séance du conseil municipal du 25 mars 2006, présentation du projet par Thierry Angles : « Il ne s’agit pas de décorer la salle des mariages mais de créer une œuvre d’art qui sera la salle des mariages […]. Le cérémonial fait partie intégrante de l’œuvre et est porteur de sens. »

    34 Elle associe notamment les bronziers de Founman, le peintre François Boisrond, Olivier Halignon, maître d’œuvre du mobilier et les graffeurs balbyniens ainsi que les auteurs des sérigraphies (cf. plus bas).

    35 Chaque couple se voit remettre une sérigraphie signée choisie parmi celles exposées dans le couloir circulaire menant à la rotonde, réalisées par six artistes de divers continents (Maître Akeji, François Boisrànd, William Wilson, Ricardo Mosner, Rachid Koraichi, Hervé di Rosa). Il doit offrir en échange à la ville un objet qui dit le mariage dans sa culture, susceptible de venir grossir l’une des vitrines. À terme, la ville a prévu d’ouvrir un musée d’art modeste du mariage. Selon certains de nos interlocuteurs, ce contre-don demeure à ce jour limité dès lors que l’information est insuffisamment diffusée en amont.

    36 Réaménagement de la salle des mariages de la ville de Bobigny, op. cit. : il devrait inclure « des textes fondateurs de la République, des poèmes valorisant l’engagement social, l’égalité et la fraternité due et à développer et bien sûr l’amour » et des informations sur le baptême républicain. Il serait « embelli d’interventions artistiques de toute nature ».

    37 Ces deux livrets sont encore en gestation.

    38 Avec, selon les témoignages et pour autant qu’on en puisse juger par le livre d’or, un réel succès.

    39 En mars 2005, les votes des socialistes et de l’UMP sont expliqués par ce seul argument. Lors de l’inauguration, Thierry Bonhomme, président du groupe UMP, évoque une « somptueuse dépense pharaonique » mais « à titre personnel, avoue ne pas avoir été choqué », Bonjour Bobigny, 18-25 mai 2006. Critiques similaires émanant d’administrés dans Bonjour Bobigny, 22-26 juin 2006 et 26 juin-6 juillet 2006 : Combien ça coûte, « L’euro, c’est bien pratique pour minimiser les sommes ».

    40 La couleur de la Marianne est mise en cause dans un tract émanant du maire de Drancy qui dispute avec succès le siège de député de Bernard Birsinger lors des législatives de 2002. Ces attaques se retrouvent sur un mode ordurier sur certains blogs d’extrême droite n’hésitant pas à fustiger « la gueuse ».

    41 Minute fait seule exception.

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    43 Catherine Peyge, jusqu’alors maire adjoint, lui succède après un vote unanime de tous les élus dont ceux de l’opposition.

    44 Le magazine américain Interior Design lui consacre trois pages en août 2007.

    45 Selon Jean-Jacques Brilland, responsable de l’Office du tourisme.

    46 Bonjour Bobigny, 22-26 juin 2006, Kamélia, 16 ans : « C’est trop coloré pour un mariage. Ca ne me donne pas envie de me marier dans une salle qui reflète le jeu […]. Le mariage, ça n’est pas un jeu. »

    47 Bonjour Bobigny, 9-14 mai 2008.

    48 Bonjour Bobigny, 18-25 mars 2006, le premier couple marié dans la salle : « C’est joyeux comme un mariage. »

    49 Bonjour Bobigny, hors-série n° 5, octobre 2007, Consult’action 2007.

    50 Annie Fourcaut (dir.), Banlieue rouge, 1920-1960, Paris, Autrement, 1992.

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    • (2021) 1870-1914. DOI: 10.3917/gall.ducle.2021.01.0974

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    Tartakowsky, D. (2013). Marianne aux couleurs de la « ville-monde » : la salle des mariages de la mairie de Bobigny. In Évelyne Cohen & G. Monnier (éds.), La République et ses symboles (1‑). Éditions de la Sorbonne. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.58567
    Tartakowsky, Danielle. « Marianne aux couleurs de la “ville-monde” : la salle des mariages de la mairie de Bobigny ». In La République et ses symboles, édité par Évelyne Cohen et Gérard Monnier. Paris: Éditions de la Sorbonne, 2013. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.58567.
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    Cohen, Évelyne, et Gérard Monnier, éd. La République et ses symboles. Paris: Éditions de la Sorbonne, 2013. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.58312.
    Cohen, Évelyne, et Gérard Monnier, éditeurs. La République et ses symboles. Éditions de la Sorbonne, 2013, https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.58312.
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