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  • Chapitre III : La Gaule romaine
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    Plan détaillé Texte intégral La conservation de cadres issus de l’IndépendanceL’assemblée de la Gaule au ConfluentLe grand prêtre du culte impérialConclusion Notes de bas de page

    La politique des Gaulois

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Chapitre III : La Gaule romaine

    p. 103-169

    Texte intégral La conservation de cadres issus de l’IndépendanceDe la Gaule aux Trois GaulesAssemblées et hégémonieL’assemblée de la Gaule au ConfluentLes positions historiographiquesDate et contexte de sa créationPermanence d’une entité pan-gauloise par-delà le découpage provincialLa Gaule nommée Gallia Comata• La définition par les membres participants au culte du ConfluentFonctionsManifester le consensus de la Gaule et l’acceptation des modifications relatives à la création du cadre civiqueReprésenter la Gaule et ses intérêts : l’assemblée et la gestion des provincesUne assemblée au profil politiqueLe recensementPersonnel dédiéÉloges, blâmes et poursuites : l’assemblée et les gouverneurs provinciauxL’assemblée et le princeps : une histoire mouvementéeLa révolte de 21Le discours de Claude au SénatUne ambassade à NéronLa révolte de 68L’assemblée de Reims en 70Un lien particulier avec l’empereur – chef suprême des armées et « maître du sacré »Le grand prêtre du culte impérialLe Gaulois le plus important de Gaule ChevelueLes modalités du choixLes grands prêtres connus sous les Julio-ClaudiensC. Iulius VercondaridubnusC. Iulius Rufus et C. Iulius VictorIulius SacrovirQ. Adginnius MartinusConclusion Notes de bas de page

    Texte intégral

    1La conquête césarienne ouvre pour la Gaule un nouveau chapitre : c’est en tant que partie du monde romain qu’elle continuera d’exister. Son entrée dans l’imperium populi Romani coïncide avec un autre événement, fondateur de la puissance romaine : les guerres civiles, césariennes puis préaugustéennes, et la création d’un régime aux dimensions de l’empire, le Principat. La Gaule, en tant que territoire romain, émerge simultanément. Certaines de ses caractéristiques sont issues de cette période de gestation qui s’étend de la fin de la conquête à la création officielle des provinces gauloises, parmi lesquelles les structures fédérales du Confluent. Or on trouve des concordances entre ce que l’on a cerné de la Gaule indépendante et ce qu’on connaît de la Gaule romaine. Cela pose la question de l’héritage gaulois.

    La conservation de cadres issus de l’Indépendance

    De la Gaule aux Trois Gaules

    2La défaite des troupes gauloises et de leur chef à Alésia fut considérée par César comme le point final de la conquête de la Gaule. Le terme mis à ses Commentaires le montre. Les campagnes des années suivantes ne modifièrent pas sa compréhension des événements. Hirtius y ajouta le récit des années 51-50 av. n. è., ce qui ne doit pas conduire à réviser l’analyse de César. Pour Hirtius, il s’agissait de finaliser les Commentaires en assurant leur unité et leur continuité (BG, VIII, préface), César n’ayant repris son récit qu’avec le début des guerres civiles en 49 av. n. è. Il n’était donc pas question de contredire César sur le fait que la conquête de la Gaule était, en 52 av. n. è., terminée. Ses premiers mots sur 51 av. n. è., Omni Gallia deuicta, sont clairs. Un fragment des Histoires de l’historien Salluste, proche de César, le confirme :

    L’État romain connut sa domination la plus importante sous le consulat de Servius Sulpicius et de Marcus Marcellus, lorsque toute la Gaule (omni Gallia) entre le Rhin, la Méditerranée et l’Océan fut complètement soumise (perdomita), exceptées les régions impraticables à cause des marais (Histoire, I, 11 trad. personnelle).

    3La mention des consuls permet de dater de 51, juste après les campagnes de 52 av. n. è., la proclamation officielle que la Gaule, jusqu’au Rhin, était vaincue et prête à être réduite en province. Après avoir décidé du statut de chaque peuple, libre, fédéré ou stipendiaire1 (carte 7), César imposa aux derniers un tribut (stipendium) de quarante millions de sesterces (Suétone, Cés., XXV, 2 ; Eutrope, VI, 17, 3) qui, sans être excessif, ne serait pas aussi modéré qu’on l’a souvent écrit2. Il ne procéda dans l’immédiat à aucun bouleversement territorial ou institutionnel, laissant subsister les institutions indigènes, plaçant des hommes de confiance et consolidant le pouvoir d’autres3. Surtout, il conserva l’unité de la Gaule Chevelue (Gallia Comata) en en faisant une unique province, sans que l’on sache si ce fut par manque de temps ou si cela devait être définitif. Néanmoins, la taille de ce territoire et les considérations ethniques exposées en ouverture de ses Commentaires suggèrent qu’il aurait sans doute ultérieurement opéré un découpage. Pour autant, il ne lui parut pas illogique, dans l’immédiat après-guerre, de conserver à la Gaule Chevelue son intégrité. Le besoin d’efficacité l’emportait alors sur le reste, et sans doute trouva-t-il plus pratique de garder les choses en l’état en réutilisant les éléments disponibles. Cette approche fut aussi celle des triumvirs qui, suivant les mêmes impératifs, prolongèrent cet état de fait durant environ vingt ans. Après avoir été rattachée aux provinces ibériques, la Narbonnaise fut même, en 42 av. n. è., par le traité de Philippe4, ajoutée à la Gallia Comata, ressuscitant la Gaule du milieu du iie siècle av. n. è.

    4Cet ensemble gaulois fut d’abord gouverné au nom de César par des lieutenants5 : D. Iunius Brutus Albinus en 48-46 av. n. è.6, A. Hirtius en 457, L. Munatius Plancus en 448. Puis, Antoine reçut la Gaule au premier partage entre les triumvirs, à Bologne, en novembre9. Octavien la récupéra au traité de Brindes, en octobre 4010, et la confia à Q. Salvidienus Rufus11 puis, en 39 av. n. è., à M. Vipsanius Agrippa12. La fin des guerres civiles n’entraîna pas de grands changements pour la Gaule, et elle fut conservée en l’état encore quelques années. En 27 av. n. è., lors d’un second voyage en Gaule13, Auguste opéra quelques changements : la Transalpine fut individualisée sous le nom de Narbonnaise. Son administration fut confiée au Sénat en 22 av. n. è.14. Il est plus difficile de savoir ce qu’il advint de la Gaule Chevelue. Son organisation administrative comprenant son découpage en provinces pourrait dater de 27 av. n. è., ou plus probablement de 16-13 av. n. è. lors d’un nouveau séjour15. La Gaule Chevelue est divisée en provinces : Aquitaine, Celtique ou Lyonnaise, Belgique16. Pourtant, ce fractionnement de l’espace gaulois, qui s’accompagne de modifications territoriales diverses dont la chronologie n’est pas toujours bien assurée – installations de peuples, provinces ne correspondant pas aux limites des ensembles césariens – ne met pas fin à l’unité de gouvernement de la Comata. En continuité avec la pratique établie durant les guerres civiles, l’ensemble gaulois échut le plus souvent à un gouverneur unique tiré du cercle le plus proche du princeps : Agrippa en 39-37 av. n. è. et en 19 av. n. è., Drusus en 13-11 av. n. è., Tibère en 9-7 av. n. è., 4-6, et 10-12, puis Germanicus en 13-1717.

    5Le découpage de la Gallia Comata la faisait disparaître en tant que province18, mais cela ne signifia pas sa fin. Elle perdura, en majeure partie par le biais du culte impérial et de son assemblée au Confluent.

    Assemblées et hégémonie

    6L’unité de l’espace gaulois survivant à la conquête, se pose la question du devenir des pratiques politiques communes – assemblées et puissance hégémonique. Leur sort dépendait de César comme de l’attitude des Gaulois. Hirtius nous apprend que ces derniers eurent vite l’envie d’en découdre à nouveau. Mais il n’y eut plus de coalition générale ni de général en chef coordonnant une stratégie globale. On voit mal d’ailleurs quel peuple, après 52 av. n. è., aurait pu prétendre à une réelle hégémonie sur la Gaule. Hirtius rapporte de plus que les Gaulois changèrent de stratégie :

    un grand nombre de cités à la fois (complures […] ciuitates) recommençaient à faire des plans de guerre et se concertaient. On expliquait cette attitude par des motifs vraisemblables : tous les Gaulois (Gallis omnibus) s’étaient rendu compte qu’avec les troupes les plus nombreuses, si elles étaient concentrées en un seul lieu, on ne pouvait résister aux Romains, mais que si plusieurs peuples les attaquaient en même temps sur divers points, l’armée romaine n’aurait pas assez de ressources, ni de temps, ni d’effectifs, pour faire face à tout ; dût quelque cité en souffrir, il lui fallait accepter l’épreuve, si en retenant ainsi l’ennemi elle permettait aux autres de reconquérir leur indépendance (BG, VIII, 1, 1-3).

    7Cette nouvelle stratégie est le fruit d’une concertation entre Gallis omnibus, soit tous les peuples gaulois. On ignore s’il s’agit de la Gaule Celtique ou de la Gaule dans son ensemble. Bien que s’appuyant sur des attaques séparées, le schéma stratégique, d’après Hirtius, repose sur une coordination des peuples entrés en guerre, et sur un esprit de solidarité, voire de sacrifice. Tous les peuples gaulois ne participèrent cependant pas au projet : Hirtius parle de complures […] ciuitates, que l’on peut opposer aux Galli omnes, ce qui montre un rassemblement plus restreint. De plus, les Arvernes et les Éduens épargnés après Alésia (BG, VII, 89, 5 ; 90, 3) n’avaient guère intérêt à se manifester, de crainte que leur sort n’empire. Du peu de fronts ouverts – biturige, carnute, Belgium peut-être – on ne peut conclure à un petit nombre de participants originels, l’action prompte de César ayant mis précocement un terme à la révolte. Il n’est pas clair que la coalition du Belgium commandée par les Bellovaques (BG, VIII, 6) ressortisse du même schéma stratégique que les actions bituriges et carnutes qui la précèdent. De fait, la réunion d’une armée commune aux peuples du Belgium contrevient aux principes posés par Hirtius puisque toute bataille générale devait être bannie au profit d’attaques multiples et simultanées menées par chacun des peuples. Il est donc tentant de voir, dans cette élaboration d’une stratégie commune par l’ensemble des peuples gaulois au début de 51 av. n. è., la tenue d’un concilium totius Galliae. Cependant, s’il se réunit, ses décisions n’eurent que peu d’effets. Il avait perdu ses moyens d’action et avec eux une partie de son pouvoir de persuasion et de sa cohésion.

    8Quant à César, il n’expliqua pas ce qu’il comptait faire des pratiques politiques communes des Gaulois, mais sa façon d’agir durant la conquête est éclairante. Passé le concilium totius Galliae de 58 av. n. è. à Bibracte, il n’y eut plus de session avec son assentiment. Il réunit en revanche régulièrement en concilium Galliae les dirigeants des peuples de Gaule Celtique. À côté de cela, les relations avec les peuples belges reposent sur des liens personnels avec leurs dirigeants, et il ne réunit jamais les chefs belges dans une assemblée ad hoc ou dans le concilium Galliae. L’existence d’assemblées générales à l’échelle de la Gaule et de la Belgique nous a conduit à présumer que cette assemblée de Gaule Celtique était peut-être aussi une structure gauloise récupérée par César. Quoi qu’il en soit, ce concilium Galliae avec ses réunions fixes et annuelles était un outil de gouvernement avant l’heure, et s’il ne s’agit pas, selon le droit, du conuentus d’un gouverneur, dans les faits cela y ressemble. Or, la conservation de l’intégrité de la Gaule Chevelue donnait de l’intérêt à un outil de gouvernement à son échelle qui fonctionnait déjà. Le sort des pratiques institutionnelles communes dut donc se conformer à ce que César avait déjà fait durant la conquête : récupération de la structure de réunion des peuples gaulois dans un cadre correspondant à la pratique romaine, captation de la présidence par l’autorité romaine. Ce dernier point signait la fin des préoccupations autour du principatus Galliae totius qui, sous la domination romaine, ne pouvait être envisagé dans ses formes anciennes : l’hégémonie sur la Gaule ne pouvait plus être que romaine. Dès lors, restait-il quelque chose des pratiques politiques communes gauloises ? Certains indices suggèrent que oui, dans la mesure où fut conservée celle de réunir la totalité des dirigeants des peuples de Gaule, si ce n’est régulièrement, au moins quand le besoin s’en faisait sentir.

    9Ainsi, César précise, lorsqu’il expose les forces qu’il tire de Gaule durant les guerres civiles :

    Les troupes auxiliaires comprenaient environ six mille fantassins, trois mille cavaliers (qui avaient, les uns et les autres, servi César dans toutes les guerres précédentes), et un nombre égal provenant de la Gaule pacifiée par lui : tout ce qu’il y avait de plus noble et de plus brave dans toutes les cités avait été recruté individuellement (nominatim […] euocato) (BC, I, 39, 2).

    10Cette liste nominative reposait certainement sur des informations fournies par les dirigeants gaulois. Leur récolte, ainsi que la publication de la liste et des détails de la mobilisation, durent se faire lors d’une assemblée générale des chefs gaulois en 49 ou 50 av. n. è. César devait procéder avec célérité et efficacité, aussi avait-il toutes les raisons de prolonger la pratique suivie durant la conquête, c’est-à-dire de recourir dans des circonstances comparables à un concilium Galliae, élargi ici à la totalité de la Gaule. La mort de César empêche de savoir s’il concevait cette politique comme durable ou non. La course au pouvoir relancée par son assassinat entraîna une longue période de guerre civile durant laquelle les dirigeants romains eurent d’autres soucis que d’organiser la Gaule. Les choses restèrent donc en l’état sous les gouverneurs successifs dont l’action est très mal connue. Cicéron livre cependant quelques renseignements. Après plusieurs jours à craindre que la mort de César ne suscite une insurrection en Gaule (Att., XIV, 1, 1 ; 4, 1), il écrit à Atticus :

    Domaine de Pouzzoles, 17 avril 44.
    […] En revanche, Balbus donne de meilleures nouvelles de la Gaule ; il a une lettre, vieille de vingt jours, annonçant que les Germains et les peuples de cette région, informés de ce qui est arrivé à César, ont envoyé des délégués (legatos) à Aurélius, lieutenant d’Hirtius : ils promettent d’obéir aux ordres (imperatum). Bref, tout respire la paix (Att., XIV, 9, 3).

    11Cette réunion des envoyés de tous les peuples de Gaule, à la même date et au même endroit, évoque les pratiques précédentes. Deux lettres de L. Munatius Plancus à Cicéron en 43 av. n. è. renforcent cette analyse19 :

    En Gaule Transalpine, vers le 20 mars 43.
    […] Il me fallait […] déterminer nombre de cités (complures ciuitates), qui, l’année précédente, s’étaient laissé lier les mains par des largesses et par l’octroi de faveurs, à tenir ces avantages pour illusoires et à préférer les demander à de meilleurs garants […]. J’ai avec moi […] une province on ne peut mieux disposée par l’accord unanime de toutes les cités (omnium ciuitatium consensu), qui rivalisent de bons offices avec acharnement, des forces de cavalerie et de troupes auxiliaires aussi importantes que ces populations sont capables d’en mettre sur pied pour la défense de leur propre salut et de leur propre liberté (Fam., X, 8, 6, 3-6).

    Camp au bord de l’Isère, vers le 13 mai 43.
    […] Me rendre en ces lieux et opposer à deux armées réunies une armée profondément loyale, des troupes auxiliaires très nombreuses, les premiers personnages de la Gaule (principes Galliae), la province tout entière (prouinciam cunctam), m’apparut comme le comble de la folie et de l’imprudence (Fam., X, 21, 5).

    12Plancus donc négocie avec les peuples gaulois pour obtenir leur soutien ; il souligne qu’il obtient un accord unanime, et qu’il est entouré de troupes auxiliaires importantes et des chefs des peuples gaulois. Ces chefs sont évoqués dans une lettre de D. Iunius Brutus Albinus à Cicéron :

    Camp sur le territoire des Statiellenses, 6 mai 43.
    […] j’ai aussitôt dépêché un messager à Plancus ; j’attends dans les deux jours un émissaire venant du territoire des Allobroges et des envoyés de toute la Gaule (ab Allobrogibus et totius Galliae legatos) ; je les renverrai chez eux, réconfortés (Fam., XI, 11).

    13Les chefs venant de toute la Gaule Chevelue – la mention séparée des Allobroges garantit ce sens à totius Galliae et consolide la lecture des données des lettres de Plancus –, réunis afin d’écouter les propositions du gouverneur romain et de fournir des troupes, et desquels on sollicite un vote pour obtenir leur accord… cela est bien dans la continuité de la pratique césarienne – les négociations en plus, Plancus ayant une position plus fragile que César – tout comme, cette fois-ci partiellement, dans la continuité des anciennes pratiques gauloises.

    14La fin des guerres civiles ne mit pas à un terme à la Gaule conçue comme entité spatiale et politique, non plus que son organisation administrative conduite par Auguste, et l’unité de gouvernement fut d’abord maintenue. Dès lors, on pouvait s’attendre à ce que l’habitude conservée depuis la conquête de réunir tous les chefs gaulois périodiquement, ou au moins quand c’était nécessaire, fût confirmée. Les circonstances de la création du culte d’Auguste au Confluent où les « premiers [des Gaules] » (τοὺς πρώτους) sont convoqués à Lyon20 permettent de l’avancer :

    Les Sicambres et leurs alliés, profitant de l’absence d’Auguste et des efforts des Gaulois (τοὺς Γαλάτας) pour secouer le joug, se préparent à recommencer la guerre. Drusus prévint le soulèvement des peuples soumis en invitant les principaux chefs des Gaulois (τοὺς πρώτους αὐτοῦ) à la fête qu’ils célèbrent encore aujourd’hui à Lyon au pied de l’autel d’Auguste (Dion Cassius LIV, 32, 1-2, trad. La Gaule romaine d’après les auteurs antiques, p. 21).

    15Durant les guerres civiles, les peuples de Gaule purent avoir la sensation que tout n’avait pas changé quant à l’appréhension de la Gaule : vaincue, sous domination romaine, mais existant toujours. Ce sentiment allait perdurer, dans de nouvelles formes, une fois l’ordre rétabli à la tête de l’empire, en grande partie grâce aux institutions fondées au Confluent en 12 av. n. è.

    L’assemblée de la Gaule au Confluent

    Les positions historiographiques

    16En 12 av. n. è., alors que les légions romaines s’apprêtaient à s’engager sur le front germanique, Drusus, cadet des beaux-fils d’Auguste et choisi par celui-ci pour le représenter en Gaule, fondait aux côtés des puissants des nouvelles provinces gauloises l’autel du culte de Rome et d’Auguste au Confluent. Le culte, rendu aux abords immédiats de Lugdunum, était fédéral, puisque les représentants des trois provinces de Gaule Chevelue s’y réunissaient en assemblée et y élisaient un grand prêtre pour les représenter. Ainsi manifestaient-ils leur adhésion à l’ordre romain et au princeps, son chef. Cette assemblée à l’échelle des trois provinces gauloises soulève de nombreuses questions, dont celle d’éventuels antécédents gaulois. Le regard porté sur l’aspect politique de l’ensemble gaulois, avant comme après la conquête, dépend de la réponse apportée. Or, on a vu que les avis diffèrent sur la réalité ou non d’une assemblée gauloise précésarienne. On peut ajouter que, les spécialistes de l’époque protohistorique étant surtout des archéologues, peu se déterminent sur ce sujet car leurs problématiques sont rarement institutionnelles. La situation change pour la période romaine. La conquête ouvre une époque où l’assemblée gauloise du Confluent ne peut être ignorée, et sur laquelle la question de l’héritage gaulois de l’Indépendance est sujette à de constants débats21. Or, une majorité d’auteurs admet la possibilité d’un lien entre l’assemblée du Confluent et une structure comparable existant avant la conquête. Si les réticences à envisager une structure politique gauloise protohistorique paraissent moindres chez les romanistes, c’est surtout parce qu’ils n’auront pas à en déterminer les contours. Comme les historiens de l’Indépendance qui acceptaient l’existence d’un concilium totius Galliae et ne semblaient pas vouloir en tenir compte dans leur analyse de la politique en Gaule, ceux qui acceptent une antécédence gauloise à l’assemblée du Confluent n’en tirent guère de conséquences pour leur analyse de la situation à l’époque des guerres civiles ou de l’empire. Parcourons rapidement quelques thèses, d’abord celles qui acceptent une continuité, puis celles qui la refusent.

    17E. Desjardins est ambigu. S’il décèle pour l’assemblée du Confluent une filiation directe avec les pratiques de la conquête22, l’héritage qu’il lui attribue est double : soit celui de l’assemblée de Bibracte en 52 av. n. è., soit une réunion purement gauloise mais qui, d’après lui, reprenait l’antécédent césarien dont le proconsul avait fait une règle les années précédentes. Selon E. Desjardins, l’assemblée du Confluent n’a donc pas de racines proprement gauloises. P. Guiraud, dans son ouvrage de 1887, Les assemblées provinciales dans l’Empire romain23, suit en partie Desjardins. Tout en partant des résultats de son prédécesseur – l’existence d’assemblées gauloises précédant la conquête – il suit, quant à leur antécédence, H. d’Arbois de Jubainville qui postulait dans ses cours de littérature celtique l’existence, à Lyon, de la fête de Lugnasad par analogie avec l’Irlande24. Cette fête, dédiée sur l’île au dieu Lug, se tenait le 1er août, jour de l’inauguration de l’autel du Confluent. Comme E. Desjardins, il refuse tout antécédent des assemblées gauloises attestées chez César, concilium totius Galliae ou assemblée des druides.

    18C. Jullian reprend lui aussi en partie l’avis et les arguments de E. Desjardins. Comme on l’a vu, l’assemblée politique pangauloise n’est pour lui ni claire ni importante, et c’est l’assemblée des druides qui lui paraît représenter l’unité de la Gaule. Aussi, il interprète l’assemblée du Confluent comme une récupération par Auguste de cette assemblée druidique pour redonner réalité à la Gaule unie. Cela passe par la reproduction selon des critères romains d’une assemblée à l’origine proprement gauloise25. Deuxième point, qui rejoint ici E. Desjardins : la pratique césarienne de réunir les peuples de Gaule celtique chaque année, qu’il voit comme une autre source d’inspiration pour Auguste, est préférée aux assemblées gauloises aux assises territoriales plus larges et pourtant plus conformes26, peut-être sous l’influence de la proximité des deux appellations – concilium Galliae et concilium Galliarum. Son élève, A. Grenier, modifie à peine ces hypothèses27. Pour lui aussi l’assemblée des druides et le précédent césarien sont les antécédents d’une assemblée romaine aux fortes réminiscences celtiques.

    19P. Wuilleumier, en 1953, rappelle certes la pratique césarienne mais voit dans cette assemblée la continuation de traditions « nationales » gauloises : « concilium de toute la Gaule » précésarien, assemblée annuelle des druides, et même fête en l’honneur du dieu Lug justifiant le choix du 1er août28. Puis il ajoute que « les rites du Conseil fédéral portent la marque celtique ». C’est cette ligne que suivront J. A. O. Larsen en 1955 – fête du dieu Lug en moins –, et trois décennies plus tard, D. et Y. Roman29.

    20J.-J. Hatt, en 1959, va un peu plus loin en proposant pour l’assemblée du Confluent une assimilation pure et simple du concilium totius Galliae30. Cette hypothèse – présentée comme un fait acquis – est la première à reposer uniquement sur l’assemblée politique pangauloise31 – bien qu’il soit rappelé que le 1er août puisse être une fête celtique que Hatt suppose avoir été récupérée32. Cette idée aura un certain succès et va concurrencer la préférence qui allait jusque-là à la récupération de l’assemblée druidique. A. J. Christopherson, en 1968, se range à cette hypothèse33, faisant du concilium Galliarum l’héritier direct des assemblées politiques « nationales » gauloises préemptées par César puis par Auguste. D. Fishwick voit aussi les antécédents de l’assemblée du Confluent dans celle de Bibracte en 52 av. n. è. plutôt que dans celle des druides34. L’idée a progressivement gagné de nombreux partisans35.

    21Chr. Goudineau, déterminé par l’idée que la Gaule n’a de réalité que césarienne, puisque ce serait une sorte de mystification destinée au Sénat romain, s’est, il y a peu, démarqué des positions de J.-J. Hatt. Il paraît donc inenvisageable qu’il se rallie à l’idée d’une quelconque structure correspondant à un ensemble gaulois. Mais tout comme nous avions vu que ses positions au sujet du concilium totius Galliae étaient des plus ambiguës, il se laisse séduire par l’idée de racines gauloises pour l’assemblée du Confluent :

    on ne saurait réfuter catégoriquement la théorie selon laquelle des traditions celtiques y avaient été intégrées. Les rares évocations qui nous sont parvenues suggèrent, à côté de l’autel et de l’amphithéâtre, un bois sacré et un peuple de statues. L’organisation même du concilium reflète une profonde originalité, avec la charge suprême du sacerdos (et non du flamine), entouré d’un judex et d’un allectus arcae Galliarum, d’un inquisitor Galliarum. Sans voir là l’exacte reproduction des fameuses réunions druidiques auxquelles César fait allusion, on peut penser à une transposition : changent le lieu et les modalités, mais les grandes affaires s’y traitent, et une prééminence, au moins de prestige, y est reconnue entre pairs36.

    22C’est cependant l’option religieuse, prolongée naguère par P. Wuilleumier qu’il suit, plutôt que celle, politique, de J.-J. Hatt.

    23En parallèle à ce ralliement à l’antécédence gauloise, d’autres auteurs expriment l’idée inverse. On peut dégager deux voies.

    24Quelques-uns – peu – n’envisagent pas de création ex nihilo de l’assemblée du Confluent non plus que des racines autres que romaines, césariennes en réalité. C’est au concilium Galliae césarien qu’est confiée cette paternité. Il s’agit donc d’une reprise partielle des hypothèses de E. Desjardins et C. Jullian37. La plupart ont une position plus radicale : l’absence de tout héritage. L’assemblée du Confluent est replacée dans le contexte plus large de l’empire et il est souligné que les assemblées provinciales du culte impérial ne sont pas propres à la Gaule. Elles apparaissent d’abord en Orient dans les provinces d’Asie et de Bithynie, héritées des koina préromains. Nous aurions donc en Gaule la déclinaison d’une institution partiellement imaginée par Rome et déjà présente ailleurs. Fustel de Coulanges, qui repousse toute idée d’unité gauloise à l’époque de l’Indépendance, est sur cette ligne38. Cette thèse n’eut d’abord guère de partisans. Mais J. Deininger lui donna une nouvelle vigueur en 1965, dans un ouvrage sur les assemblées provinciales devenu une référence39, si bien qu’elle est plus souvent reprise actuellement. Ainsi J. France40 ou G. Woolf voient le modèle de l’assemblée du Confluent dans les assemblées provinciales grecques, par exemple le koinon d’Asie41. Pour W. Van Andringa, cette assemblée n’a rien de préromain non plus42.

    Date et contexte de sa création

    25Depuis l’étude, parue en 1887, de P. Guiraud sur les assemblées provinciales, il faut consulter les travaux de J.A.O. Larsen, J. Deininger et A. J. Christopherson43 parus dans les années 1950 et 1960. Plus récente, la somme de D. Fishwick sur le culte impérial en Occident consacre une partie de ses pages aux assemblées provinciales. Si on ajoute les études sur le culte impérial en Orient44, on comprend que le phénomène est bien étudié, mais aussi que son volet cultuel a bien plus attiré l’attention que son volet politique. Le culte impérial et les assemblées provinciales sont en effet deux choses liées, bien que différentes.

    26Plusieurs auteurs antiques, en plus de Dion Cassius déjà cité45, ont écrit sur la création du culte du Confluent :

    Les cités de Germanie situées en deçà et au-delà du Rhin sont attaquées par Drusus et le soulèvement qui s’était produit en Gaule à cause du recensement est apaisé. L’autel du dieu César fut dédié au confluent de la Saône et du Rhône, l’Éduen C. Julius Vercondaridubnus étant nommé son prêtre (sacerdote creato) (Tite-Live, Per., 139, 1-2).

    Claude naquit sous le consulat de Iullus Antonius et de Fabius Africanus, le premier août, à Lyon, le jour même où l’on y consacre pour la première fois un autel à Auguste, et il fut appelé Tiberius Claudius Drusus (Suétone, Claud., 2).

    Le sanctuaire dédié par l’ensemble des peuples gaulois (πάντων κοινῇ τῶν Γαλατῶν) à César Auguste s’élève devant la ville [Lyon] à la jonction même des deux fleuves. Il comporte un autel considérable, orné d’une inscription énumérant soixante peuples et de statues de chacun de ces peuples, et un autre autel de grande dimension (Strabon, Géogr., IV, 3, 2).

    27Les textes mentionnent tous la création de l’autel et de son culte mais ne consacrent pas un mot à une assemblée qui leur serait associée. Il faut attendre une inscription du iiie siècle pour voir apparaître clairement les termes concilium Galliarum46. Au mieux trouve-t-on sur des inscriptions retrouvées au Confluent ceux de Tres Prouinciae Galliae, marque d’une décision de l’assemblée, à partir du début du iie siècle, peut-être plus tôt, sous Vespasien47. À strictement parler il n’y a donc pas de trace de l’existence de l’assemblée gauloise sous les Julio-Claudiens. On tient cependant pour assuré que cette assemblée, dont le nom à ce moment est inconnu mais qu’on a pris l’habitude de nommer concilium Galliarum selon l’usage plus tardif48, existe dès ce moment. Quant à l’année de cette création, 12 av. n. è. chez Dion Cassius et Tite-Live, 10 av. n. è. chez Suétone, on privilégie la première49 en raison de la mention du cens datant de cette même année, et de la fiabilité de Tite-Live, contemporain des faits.

    28On a aussi, depuis longtemps, fait de la création de ce culte une action conjoncturelle liée aux campagnes germaniques et au soulèvement de la Gaule50. Cependant, le culte impérial provincial fut un des piliers de la politique augustéenne51, et il est donc bien plus probable qu’il s’agisse d’une politique planifiée et prévue en amont, qui n’aurait avec les éléments contextuels cités qu’un lien secondaire. La date de l’organisation provinciale de la Gaule Chevelue par Auguste est un point important pour en juger. Deux possibilités existent, correspondant à deux séjours d’Auguste en Gaule : 27 av. n. è. ou 16-13 av. n. è. Le débat n’est pas clos52 mais la deuxième option l’emporte progressivement53. Dans le premier cas, la sollicitation des chefs gaulois par le pouvoir romain prendrait place quinze ans après la création des trois provinces, appuyant l’idée d’une création conjoncturelle. Dans le second cas, il y aurait une continuité entre ces deux événements séparés par moins d’une année. La création des structures du culte impérial et de l’assemblée ferait donc partie des mesures d’organisation des provinces gauloises. Mais pourquoi alors Auguste, en Gaule en 16-13 av. n. è., ne se serait-il pas occupé lui-même des fondations du Confluent ? Sans doute était-il indécent, aux yeux des Romains, que la demande de se voir adresser un culte émane du bénéficiaire du culte lui-même54. Il était plus convenable que cela soit géré non par le princeps, mais par un membre de la maison impériale à même de signifier la relation directe et particulière qui s’établissait entre Auguste et la Gaule. Les autres fondations du culte impérial sous le règne d’Auguste, qui suivirent les mêmes modalités, le confirment55. Drusus n’a d’ailleurs fait qu’appliquer une décision d’Auguste tant on voit mal qu’il ait pu, seul, prendre une telle initiative56. Car reconnaître ces pouvoirs aux Gaulois créait un précédent en Occident, et cela donnait corps, institutionnellement et de manière pérenne, à une entité gauloise supraprovinciale, ce qui pouvait sembler contredire la tripartition augustéenne.

    29Il est d’usage de placer la création de l’autel du Confluent dans un cadre chronologique large, et de l’envisager non pas en tant qu’événement singulier mais au sein d’une série de fondations ultérieures, contribuant à en gommer les spécificités57. Or, s’il est logique d’expliquer les fondations ultérieures par celles qui les précèdent, l’inverse ne l’est pas. Il faut donc restituer à l’autel du Confluent son contexte et tout ce qu’il a d’unique.

    30Les honneurs religieux provinciaux rendus à Octavien puis Auguste sont, avant 12 av. n. è., un phénomène récent et limité. Le mouvement débute en Orient où Octavien, cédant à la demande des populations, permit que lui soit rendu, dès 29 av. n. è., un culte dans les provinces d’Asie, à Pergame, et de Bithynie, à Nicomédie58. La fondation gauloise est la première d’un culte provincial en Occident, celles qui précédaient n’ayant qu’une dimension locale59. Or, entre ces manifestations du culte en Orient et en Gaule, on observe des convergences et de notables divergences.

    31Nous avons vu que certains voient dans les précédents orientaux l’unique clé de compréhension de la fondation gauloise, tandis que d’autres privilégient le substrat gaulois. Les premiers se focalisent sur les convergences, les autres sur les singularités du cas gaulois. En fait, ces deux solutions, loin de s’exclure, se renforcent, et c’est sans doute pourquoi Auguste a appliqué un schéma importé d’Orient dans un contexte culturel autre mais favorable. Car, si la fondation à Condate reprend les grandes lignes définies dans les provinces d’Asie et de Bithynie – dont le point primordial d’une assemblée provinciale –, le schéma n’est pas appliqué tel quel et de très notables singularités proviennent de la réalité locale60. Rappelons qu’en Orient aussi, les formes du culte impérial sont issues de la situation antérieure à la domination romaine61. Rome ne fait pas table rase et réutilise tout ce qui va dans son sens, tout en l’inscrivant dans des cadres romains. Du moins est-ce la méthode empirique des premiers temps.

    32Une des premières divergences réside dans le support de ce culte. On trouve en Orient des sanctuaires comprenant des temples avec, à la tête du culte impérial, un ἀρχιερεύς62, et l’on s’attendrait à trouver en Occident un temple avec un flamine. Or ce ne fut pas la règle, et l’installation du culte en Gaule se fit autour d’un autel et d’un sacerdos63. Selon D. Fishwick, ces divergences reflètent une différence de nature du culte. Il s’agissait en Orient, dans la lignée des cultes des souverains hellénistiques ou de quelques magistrats romains64, d’honneurs adressés à Auguste divinisé, ce qui requérait un temple, tandis qu’en Gaule Auguste était honoré en tant que personnage vivant, ce qui demandait un autel – et donc un sacerdos plutôt qu’un flamine65. Les Gaulois n’avaient pas pour usage de considérer des vivants à l’égal des dieux et de les honorer comme tels, et Auguste n’eut pas de mal à s’apercevoir que l’importation du culte de Rome et d’Auguste à la manière orientale aurait pu susciter le rejet et échouer. Aussi, la formule orientale fut adaptée à la réalité locale : culte de Rome et d’Auguste vivant, autel et sacerdos.

    33Seconde et notable différence : les assemblées d’Asie et de Bithynie correspondaient chacune à une province, tandis qu’en Gaule ne fut créée qu’une assemblée pour les trois provinces, ce qui est sans parallèle66. La seule expression provinciale du culte impérial en Gaule était donc supraprovinciale et l’assemblée fédérale était et resta une singularité67. Il existait en Orient des assemblées provinciales issues de koina locaux plongeant leurs racines dans l’histoire régionale, mais aucune n’avait ce caractère fédéral. Cette caractéristique ne vient donc pas du précédent des assemblées d’Asie et de Bithynie. Or Dion Cassius (54, 32, 1-2) tend à relier directement l’assemblée des Gaulois, pratique gauloise puis romaine précédant la fondation de l’autel du Confluent, et la fondation elle-même. Tout cela conduit à voir dans le concilium totius Galliae – indigène et capté par les Romains à l’époque de César – les bases complémentaires du précédent oriental sur lesquelles Auguste a bâti l’assemblée du Confluent. D’autres points confortent cette idée : le fait que les participants des assemblées romaine et de l’Indépendance soient identiques – au prix d’incongruités vis-à-vis du découpage provincial –, le caractère ethnique de l’assemblée, et le fait que l’assemblée désigne par son vote celui qui, comme grand prêtre, aura l’honneur de présider ses activités, d’être le porte-parole de la Gaule entière et de pouvoir projeter au premier rang sa cité. En effet, une spécificité des inscriptions des grands prêtres trouvées au Confluent est de mettre en avant, non la tribu romaine comme on s’y attend pour un citoyen romain, mais, en lieu et place, la cité d’origine68. Ainsi, C. Iulius Rufus et C. Iulius Victor mentionnent les Santons69 sur l’inscription de l’amphithéâtre qu’ils avaient fait bâtir au Confluent70 au début du règne de Tibère.

    34On notera aussi que, du texte de Tite-Live sur la consécration de l’autel à Condate, son abréviateur n’a conservé que l’essentiel, dont le nom du premier grand prêtre C. Iulius Vercondaridubnus et sa cité d’origine, les Éduens, fait notable qui montre le souci, partagé par les inscriptions, d’attirer l’attention sur cet élément. Cette mise en avant de la cité d’origine établit un parallèle frappant avec le principatus Galliae totius : les deux situations répondent au même besoin de prestige et de prépondérance pour le peuple – puis la cité – dans le cadre gaulois, en même temps que les ambitions personnelles71. Ainsi se perpétuent, sous l’autorité de Rome et dans un cadre renouvelé, des usages politiques de la Gaule indépendante72. La perte des pouvoirs militaire et juridique au profit du princeps et du peuple romain n’en laisse subsister cependant que les dimensions symbolique et théâtrale.

    35L’intérêt pour Auguste était d’avoir une structure répondant aux besoins et critères administratifs romains comme au caractère gaulois. Il avait là un outil de consolidation du consensus autour de sa personne et de la domination romaine qui s’adressait aux cités de Gaule et à ses plus insignes personnages et qui susciterait – il pouvait l’espérer – l’adhésion rapide et totale de ses membres. Selon une politique habituelle, la puissance romaine réutilisait les éléments préexistants dans un cadre romain, de manière pragmatique, pour avoir une plus grande efficacité. Soulignons que les acteurs purent percevoir différemment la création de l’assemblée du Confluent. Auguste et les gouvernants romains purent y voir d’abord la continuation de l’usage césarien et postérieur qui, en 12 av. n. è., avait une quarantaine d’années d’existence. Les Gaulois, eux, pensaient certainement aux pratiques de l’Indépendance. Leur adhésion fut d’ailleurs immédiate et sans retenue, témoignant qu’Auguste avait su prendre leur attente en considération, comme le souligne D. Fishwick73. Chr. Goudineau a ainsi relevé l’immense prestige de la fonction de grand prêtre :

    On ne s’étonne pas de ne trouver les premiers sénateurs qu’à l’époque de Claude (trois seulement avant 70, et ce sont des Aquitains) ; en revanche, la faiblesse des chevaliers surprend : seulement une vingtaine d’attestations (Germanies comprises) pour le ier siècle ap. n. è. (environ le quart des effectifs de la Narbonnaise). Tout se passe comme si l’ambition ultime des grands consistait à occuper le sacerdoce auprès de l’autel confédéral de Condate, se plaçant eux-mêmes et plaçant leur cité au premier rang des Trois Gaules74.

    36C’est donc vraisemblablement en 16-13 av. n. è. qu’Auguste procède au découpage provincial de la Gallia Comata. Cette dernière, héritée de la protohistoire, ne reçut pas de « forme » (forma) légale et aurait dû, selon les critères administratifs romains, cesser d’être. Pourtant, chose remarquable et unique, cette entité continue d’exister sans interruption75.

    Permanence d’une entité pan-gauloise par-delà le découpage provincial

    La Gaule nommée Gallia Comata

    37Cette persistance est d’abord celle du nom. L’expression Gallia Comata reste la norme sous les Julio-Claudiens. Sous Auguste, l’inscription de Cnaeus Pullius Pollio (CIL, XI, 7553) cite les provinces de Narbonensis, Gallia Comata et Aquitania. Sous Claude, la couronne d’or offerte par la Gaule lors de son triomphe breton porte la mention Gallia Comata (Pline, NH, XXXIII, 3, 54), tandis qu’il utilise ces termes dans son discours au Sénat en 4876. C’est aussi le singulier Gallia que Sénèque utilise au sujet de l’incendie de Lugdunum en 65 (Ad. Luc., XIV, 91, 10). Ce n’est qu’à partir de Vespasien que s’imposent les termes Tres Galliae77.

    38Une autre appellation plurielle, celle de concilium Galliarum, est appliquée, cette fois à l’assemblée du Confluent. Il est admis qu’elle est au moins aussi ancienne que le culte d’Auguste et de Rome instauré en 12 av. n. è., bien qu’elle ne soit pas mentionnée dans les récits de fondation du culte. Mais cette appellation de concilium Galliarum n’est en fait que tardivement attestée. L’inscription du Viducasse T. Sennius Sollemnis datée de 23878 livre la seule occurrence épigraphique et on ignore l’appellation de l’assemblée à sa création, car il est douteux que ce fût concilium Galliarum. En effet, la Gaule connut une modification de son appellation sous Vespasien, passant du singulier Gallia Comata au pluriel Tres Galliae, et on observe aussi, dans les inscriptions, des changements des termes désignant le culte du Confluent. Là où on avait sacerdos Romae et Augusti avec une référence à l’autel ad confluentem, on lit à partir des Flaviens ad/inter confluentes Araris et Rhodani79. Il y a donc une modification générale des appellations, sous les Flaviens, qui suggère que celle de l’assemblée le fut aussi pour devenir ce concilium Galliarum de l’inscription de Sollemnis (tableau C), introduisant la même notion de pluriel que dans le changement de dénomination de l’entité Gaule.

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    concilium : dénomination attestée
    [concilium] : dénomination hypothétique
    Tableau C : Évolution des dénominations durant le Haut-Empire

    39Si l’on suit, encore une fois, l’exemple de Gallia Comata/Tres Galliae, on peut penser que le nom originel de l’assemblée devait être plus proche de concilium Galliae80, que César employait pour l’assemblée de Gaule celtique, ou bien de concilium Galliae Comatae. La notion de Gaule persiste donc, traduisant une réalité géographique et ethnique qui se manifeste dans le culte et l’assemblée du Confluent.

    • La définition par les membres participants au culte du Confluent

    40L’examen des cités participant au culte et aux autres activités permet d’établir cette persistance de la Gaule protohistorique. En effet les cités succèdent aux peuples attestés au concilium totius Galliae gaulois, l’organisation augustéenne et ses évolutions n’y changeront rien81. Les Helvètes, les Rauraques, les Séquanes et les Lingons, cités gauloises incluses dans les provinces germaniques82 créées sous Domitien, continuèrent à aller au Confluent et à participer en tant que membres de plein droit aux sessions de l’assemblée83. Les cités créées aux ier et iie siècles ap. n. è., lors de la réorganisation de la région rhénane, ne furent jamais membres de l’assemblée fédérale gauloise et ne se rendirent jamais à Condate. Ainsi c’est le cas des Ubiens, installés sur la rive gauche du Rhin par Agrippa, sans doute en 19-18 av. n. è.84.

    41Autre point important, Auguste créa une province d’Aquitaine qui montre, par rapport à l’Aquitaine césarienne, de profondes modifications85 (carte 3). Cette dernière, sud-garonique, ne comprenait que des peuples aquitains apparentés aux Ibères, tandis que dans la première ont été adjoints la cité des Convènes prélevée sur la Narbonnaise et les peuples celtes entre Garonne et Loire, dont les Bituriges Cubes et les Arvernes86. Or, des fragments d’inscriptions de l’amphithéâtre du Confluent assurent que ces peuples celtes d’Aquitaine participaient aux activités du culte à Condate. Postérieures au milieu du ier siècle ap. n. è., ces inscriptions étaient gravées sur les gradins et la balustrade de l’amphithéâtre – d’un état postérieur à celui que C. Iulius Rufus avait fait construire au début du ier siècle ap. n. è.87. Or, dans cette liste de membres qui pourrait être organisée par province et par ordre alphabétique88, n’apparaît aucun peuple d’Aquitaine césarienne. Ces inscriptions étant fragmentaires, il n’est pas sûr que ces derniers n’allaient pas au Confluent. Certains89 voient dans cette absence l’explication à la divergence sur le nombre de cités gauloises entre Strabon qui écrit que l’autel de Condate portait les noms des soixante cités de Gaule (Géogr., IV, 3, 2), et Tacite qui en compte soixante-quatre en 21 (Ann., III, 44, 1). Le premier ne compterait que les cités se rendant au Confluent, confirmant l’absence de quelques cités de Gaule, celles de l’Aquitaine césarienne en l’occurrence. Il n’y a donc pas d’absolue certitude, mais des éléments suffisamment probants pour que Fishwick et d’autres concluent à l’absence des cités de l’Aquitaine césarienne à l’assemblée des Trois Gaules90.

    42Les populations d’origine italienne des colonies romaines de Lyon, Augst et Nyon étaient aussi exclues91, ce qui contribue à faire coïncider les membres de l’assemblée du Confluent avec ceux des concilia totius Galliae. Pourtant, tout en étant cohérent avec la définition « ethnique » des participants au culte impérial, ce dernier aspect pourrait ne pas y être lié, car il était normal que les communautés de citoyens romains soient exclues du culte adressé à l’empereur. Il en était de même ailleurs, même en Asie92. Il était en revanche inhabituel que les statuts des cités gauloises ne soient pas pris en considération, comme le remarque R. Turcan à la suite de Th. Mommsen : les cités, stipendiaires, libres ou fédérées, sont sur un pied d’égalité sans égard à leur statut juridique93.

    43Si l’on peut juger de la nature d’une assemblée par ceux qui la composent, alors on ne peut manquer de conclure pour l’assemblée confédérale des Gaules, par-delà ses formes romaines, à sa nature « gauloise » selon des caractéristiques héritées de la Gaule précésarienne, celle-là même qui avait perduré inchangée dans ses délimitations durant les guerres civiles. D’après L. Maurin d’ailleurs, une grande partie du prestige unique attaché à la charge de grand prêtre à l’autel des Trois Gaules tenait à ce que dans l’assemblée étaient « exprimées les solidarités ethniques de la Gaule Chevelue94 ».

    44Cette assemblée n’avait évidemment pas pour but ultime de permettre la survie d’une entité gauloise préexistante à la conquête. Tout cela n’avait d’intérêt pour Rome que si elle pouvait en tirer profit, et il était essentiel pour les Gaulois de montrer au princeps que son calcul était le bon.

    Fonctions

    Manifester le consensus de la Gaule et l’acceptation des modifications relatives à la création du cadre civique

    45Peu de choses changèrent en Gaule au lendemain de la conquête. Nous avons vu que l’organisation provinciale date sans doute de 16-13 av. n. è. et qu’Auguste avait voulu que la fondation des institutions du Confluent fût dans l’immédiate continuité de ce découpage. L’ensemble formait un tout cohérent complété et clôt par la création du sanctuaire du Confluent. Il était donc clair, pour les autorités romaines comme pour les Gaulois, qu’accepter le culte d’Auguste et de Rome et une assemblée de la Gaule dans des formes romaines donnait un satisfecit sur tout ce qui avait trait à la forma prouinciae. C’était manifester de manière ostentatoire et compréhensible pour Rome un consensus de la Gaule autour de la domination romaine, autour du princeps et donc du régime – rappelons que les guerres civiles étaient proches et que des Gaulois y avaient participé des deux côtés. C’était aussi accepter des règles politiques liées au fonctionnement des provinces. C’était d’autant plus nécessaire que les Gaulois avaient montré qu’ils pouvaient encore refuser la règle du jeu et poser des problèmes si sérieux qu’il faille faire intervenir les légions. Les campagnes des décennies précédentes le prouvaient95, et l’agitation des grands de Gaule durant le recensement de 12 av. n. è. avait été un rappel à l’ordre. Mais, en cette fin du ier siècle av. n. è., la Gaule, qui n’a guère changé depuis la conquête, diffère encore grandement de ce qu’elle sera un demi-siècle plus tard. Autant dire que certains des changements apportés par la provincialisation lancée en 16-13 av. n. è. étaient donc tout sauf anodins, et que l’expression du consensus des cités nouvellement créées n’était pas superflu. Pour les Gaulois, c’était aussi recevoir l’assurance qu’après presque quarante ans de gestion parfois approximative – celle de Licinus le démontre96 –, les rapports avec l’autorité romaine allaient se normaliser et qu’il existerait, en cas de besoin, des possibilités de recours. C’était aussi faire pleinement partie du monde romain et pouvoir jouir de ses avantages sans entrave, ce que désiraient de nombreux aristocrates gaulois.

    46Un premier point important tenait dans les acteurs des institutions du Confluent qui n’étaient plus les peuples mais les cités. Le plus souvent les deux coïncidaient, rendant l’acceptation de la mutation civique aisée, mais quelques remaniements dans la carte ethnico-politique de la Gaule furent aussi entérinés97. Les noms et les représentations de ces cités qui ornaient l’autel du Confluent concrétisaient ces changements et matérialisaient le lien direct entre le princeps et les cités. En manipulant à sa guise la carte des peuples de Gaule, Auguste exerçait une pleine souveraineté impliquant d’accepter la disparition des anciennes zones de domination, éduenne ou arverne par exemple98. Il ne pouvait plus être question d’être porte-parole de ses clients ou sujets : dorénavant n’existaient que des cités dont l’unique interlocuteur était l’autorité romaine.

    47Ce passage du peuple à la cité entraînait des ajustements du cadre de vie quotidien qu’on commence à distinguer sous Auguste. La Gaule, du moins pour beaucoup de ses peuples, connaissait une forme d’urbanisation, plus ou moins aboutie selon les cas99, et la nécessité d’avoir un chef-lieu n’impliqua pas pour tous de grands changements. Certains peuples d’Armorique comme les Osismes ou les Coriosolites, ou bien d’autres du nord de la Gaule, comme les Morins, les Ménapes, les Éburons ou les Atuatuques, qui n’avaient pas d’oppidum pouvant faire fonction de chef-lieu100, durent en fonder un ex nihilo. Chez les peuples déjà urbanisés les situations variaient selon qu’il y avait un oppidum central ou plusieurs oppida d’égale importance101 ce qui, dans ce dernier cas, demandait d’en choisir un. Si aucun des sites déjà occupés ne convenait, une fondation ex nihilo était alors réalisée. Sinon, on pouvait assister à un abandon du site central et à une migration de sa population des hauteurs vers la plaine où, le plus souvent au tournant de l’ère, était fondée une ville selon des critères romains. Ainsi les Éduens délaissent Bibracte102 à partir de la dernière décennie du ier siècle av. n. è. pour Augustodunum (Autun), fondée 28 kilomètres en contrebas103. Il arrivait aussi que l’on conservât la ville gauloise sur laquelle on adaptait des schémas d’urbanisme romains, comme à Vesontio (Besançon, Séquanes)104 ou Auaricum (Bourges, Bituriges Cubes)105. Ces chefs-lieux devaient avoir un forum106, le cœur politique de la nouvelle cité, et il était bon que les élites politiques y aient une résidence107. Cela était une nouveauté très relative pour des peuples comme les Éduens, pour lesquels César souligne la polarisation politique sur Bibracte (BG, I, 23 ; VII, 55), ou comme les Bituriges qui avaient, dans le centre de leur capitale Auaricum que César qualifie d’urbs – sans doute aussi pour justifier un futur triomphe108–, ce que le général romain nomme forum (BG, VII, 28, 1), ou bien comme les Arvernes à Corent109, les Mandubiens à Alésia110, les Trévires au Titelberg111, les Bellovaques à Gournay-sur-Arondes112, qui avaient un quartier dont l’organisation a de forts points communs avec les fora italiens113. Par ailleurs, on identifie parfois des demeures d’aristocrates sur certains de ces oppida à l’époque de la conquête114. Cependant, les modifications urbanistiques n’en étaient encore, en 12 av. n. è., qu’à leurs débuts, voire n’étaient pas entamées115. Les premiers états datés, rarement antérieurs, contemporains, ou des années qui suivent, montrent des constructions de bois et peu de modifications techniques116, et il fallut attendre parfois le règne de Claude, ou même celui des Flaviens, pour assister à une transformation réelle et générale du cadre urbain117. Il était donc nécessaire que les aristocrates des cités montrent qu’ils adoptaient les nouvelles règles, d’autant plus qu’accepter ces chefs-lieux revenait à accepter par avance les modifications politiques et cultuelles dont ils seraient le cadre et les aristocrates, les acteurs indispensables. Le choix de l’emplacement de ces capitales fut probablement fait par l’autorité romaine aidée des aristocrates gaulois118. Le forum accueillait un temple de Rome et d’Auguste, et W. Van Andringa veut y voir l’acte fondateur de la cité et un parallèle avec le synchronisme de la création des provinces et la fondation de l’autel provincial119.

    48Les calendriers du culte et de l’assemblée se conformaient également à celui du princeps. Ceux qui acceptent l’idée d’une fête préromaine du dieu Lug à Lugdunum notent qu’elle tombe le 1er août, le même jour que l’assemblée du Confluent. Le rapprochement est tentant mais il n’y a pas de preuve de l’existence de cette fête en Gaule. Certes, des arguments appuient l’hypothèse. Dion par exemple n’est pas clair sur les fêtes qu’il dit avoir été célébrées par les premiers personnages de Gaule : existaient-elles déjà en 12 av. n. è.120 ? Le calendrier de Coligny, de son côté, appuie un rapprochement entre les fêtes irlandaises et celles de Gaule121 et les vestiges de murus gallicus et de structures religieuses gauloises découverts à Lyon montrent que la ville romaine n’a pas été fondée ex nihilo, ce qui ouvre la possibilité de manifestations cultuelles de toutes sortes122. Mais en définitive, le parallèle avec l’Irlande médiévale, même s’il était avéré, ne serait pas une preuve absolue. Par ailleurs, le 1er août est un élément du calendrier augustéen : le jour anniversaire du Genius Augusti et de la victoire en 30 av. n. è. sur Antoine et Cléopâtre qui livrait Rome et son empire à Octavien. La victoire était pour Auguste un aspect primordial de la « justification de l’instauration du nouvel ordre123 » qu’il mettait en place à Rome et dans les provinces, dimension affirmée par les Victoires qui, sur deux colonnes, flanquaient l’autel tel qu’il apparaît sur les monnaies de Lyon124 (fig. 1). L’insistance sur cette victoire d’Auguste, à Actium, mais aussi plus générale et donc sur la Gaule, aurait pu être perçue comme humiliante par les Gaulois, comme c’était peut-être le cas devant les captifs figurés sur les monuments – trophées et arcs de triomphe125. Mais rien de tel sur l’autel du Confluent. Les cités gauloises étaient représentées chacune par une statue qu’on imagine fière plutôt que courbant l’échine. Les Gaulois y étaient donc présentés comme participant à cette victoire, bénéficiaires du sort des armes plutôt que victimes des légions : une page était tournée, et il s’agissait de le manifester par ce culte. On conçoit donc mal qu’Auguste n’ait pas utilisé cette date pour célébrer sa dimension victorieuse et lier les grands de Gaule à son destin et celui de Rome, puisque tel était le but de la structure mise en place. Au mieux on n’écartera pas la possibilité que la date ait eu des correspondances dans les calendriers romain et gaulois, et qu’Auguste ait utilisé cette heureuse coïncidence. Mais, une fois l’autel fondé, seuls les repères calendaires romains étaient officiels. D’ailleurs, W. Van Andringa le souligne, il n’y a au Confluent aucune trace d’un culte d’une divinité indigène126. D’une manière générale d’ailleurs, rien dans le domaine religieux et cultuel ne peut se prévaloir au Confluent d’antécédents gaulois, et tout y est conforme aux critères romains.

    49L’assemblée n’avait cependant pas pour unique fonction d’enregistrer l’obéissance des cités gauloises. Elle pouvait aussi se montrer plus active et avoir une part dans la gestion des provinces.

    Représenter la Gaule et ses intérêts : l’assemblée et la gestion des provinces

    Une assemblée au profil politique

    50L’activité du Confluent ressortissait d’abord du domaine religieux par le culte de Rome et de l’empereur, puis du domaine politique127 grâce aux compétences attribuées par le princeps dans la gestion provinciale. La première activité se déroulait d’abord à l’autel, la seconde à l’assemblée. Il ne faut cependant pas séparer les deux structures. Leurs acteurs, identiques, avaient à leur tête le grand prêtre désigné par l’assemblée. Par ailleurs, le culte à l’autel avait une dimension politique : en manifestant le consensus des cités gauloises autour de l’appartenance au monde romain, il faisait un acte d’allégeance politique. En revanche, aucune activité cultuelle ne se déroulait à l’assemblée, dont la dimension politique était très marquée128.

    51On sait peu de chose sur les délégués des cités à l’assemblée. Selon l’inscription de Sollemnis et les fragments des gradins et de la balustrade de l’amphithéâtre129, ils venaient en délégation (legati), en nombre sans doute variable. Cela respecte les règles des koina d’Orient mais pourrait être hérité des pratiques gauloises, identiques, au concilium totius Galliae de 58 av. n. è.130. Leur profil peut être précisé à l’aide des grands prêtres connus, élus parmi ces représentants de cité. Bien qu’assumant des responsabilités religieuses, le grand prêtre avait peu à voir avec les prêtrises d’avant la conquête. La grande prêtrise était, selon la conception romaine, un honos, n’exigeant pas de spécialisation religieuse. Les cursus des grands prêtres de notre période131 montrent des profils avant tout politiques où les prêtrises sont rares, un seul étant assuré d’avoir exercé une prêtrise municipale. Certes, beaucoup des cursus sont inconnus ou lacunaires, mais l’examen des grands prêtres postérieurs qui résument leur parcours municipal par la mention omnibus honoribus apud suos functus132 renforce cette lecture. Or toutes les délégations avaient au moins un candidat ayant un parcours identique à celui de l’élu. L’assemblée regroupait donc la fine fleur politique des cités133, à l’exclusion des hommes alors en fonction.

    Le recensement

    52Le recensement, tâche essentielle menée régulièrement, nécessitait beaucoup de temps et d’hommes134. On en connaît plusieurs pour notre période, sans pouvoir en donner le détail, si ce n’est qu’ils étaient réalisés là aussi à l’échelle de la Gaule Chevelue et non des provinces135 et qu’ils étaient confiés à des membres de la familia du princeps, tout au moins jusqu’en 61136. À partir de cette date, le cens fut mené dans chaque province par un censeur de rang consulaire supérieur au gouverneur de rang prétorien137. Le plus ancien recensement connu en Gaule, en 27 av. n. è. (Res Gestae, 8 ; Tite-Live, Per., 134, 2 ; Dion Cassius, LIII, 22, 5) fut dirigé par Auguste. Drusus mena celui de 12 av. n. è. (Tite-Live, Per., 139, 1 ; CIL, XIII, 1668, l. 35-38), Germanicus celui de 14-16138, et Claude celui de 47-48139. Les informations étaient recueillies et centralisées avec l’aide des autorités locales140, et il est possible que l’implication des populations ne se soit pas limitée à cela. Une inscription (CIL, XIII, 1694) suggère que l’assemblée avait des prérogatives en la matière :

    C(aio) Iulio Ma[…] / Carnut (o) sa[cerd (oti) ad aram / R]omae et Au[gustorum / o]mnibus hon[orib (us) apud] / suos functo / totius cens[…] / dedi[---] / [Tr]es Provinc[iae Galliae
    À C. Iulius Ma[---] Carnute, grand prêtre à l’Autel de Rome et des Augustes, qui a rempli tous les honneurs auprès des siens, cens[eur ?] de tou[te/s la/les Gaule/s ?] ; les trois provinces Gaule.

    53Trouvée au Confluent, elle a été gravée en l’honneur de C. Iulius Ma[…], un grand prêtre carnute. Les lettres CENS suggèrent des responsabilités en matière de recensement, peut-être aussi dans la répartition du tribut, selon R. Turcan141. Que ces responsabilités aient été remplies en tant que sacerdos au Confluent n’est pas sûr puisque la mention de deux charges n’implique pas leur simultanéité. Cela ne peut être non plus écarté car ce sont les deux seules charges mentionnées, alors que leur importance suggère que le curriculum uitae de ce Carnute devait être plus fourni. De plus, que l’assemblée n’ait mentionné que ces deux charges concernant très vraisemblablement la Gaule dans son ensemble – totius l’induirait pour l’opération liée au cens – n’est sans doute pas un hasard et est peut-être lié à son propre ressort territorial. Un grand prêtre désigné à l’échelle de la Gaule entière était bien placé pour se voir confier une tâche – qu’on ne peut préciser – dans les opérations de cens réalisées à l’échelle de la Gaule Chevelue et dont les résultats étaient archivés à Lyon142. Rappelons qu’à la création du culte de Rome et d’Auguste en 12 av. n. è., Drusus menait des opérations de cens et il se pourrait que, le contexte initial aidant, l’assemblée de la Gaule eût des attributions en ce domaine. De plus une inscription (CIL, II, 4248) conduit à attribuer un rôle fiscal et de recensement à l’assemblée de Tarraconaise143. Cette inscription, comme celle de notre Carnute, n’est cependant pas antérieure à Hadrien144. Quoi qu’il en fût de ces éventuelles responsabilités, rien ne certifie donc qu’elles existaient dès l’origine de l’institution.

    54Ces tâches, et plus généralement les structures au Confluent, exigeaient que l’assemblée eût du personnel et de l’espace.

    Personnel dédié

    55Le pouvoir romain installa ces institutions et les hommes voués à les faire fonctionner sur un pagus ségusiave dont le nom gaulois, Condate – « Confluent » –, renvoyait à sa situation au confluent du Rhône et de la Saône. On ignore s’il accueillait déjà des manifestations religieuses ou politiques gauloises qui expliqueraient ce choix. Les assemblées de l’Indépendance, sans doute convoquées par le peuple détenant l’hégémonie, se tenaient dans un lieu de leur choix. C’est donc à Bibracte, la capitale éduenne, qu’elles se tiennent en 58 et en 52 av. n. è., et il n’est pas question de Lyon. Nous ne pensons donc pas que, dans le cas où il y eût des assemblées régulières à Lyon, elles soient reliées aux fondations de 12 av. n. è. Par ailleurs le pagus de Condate est tenu pour avoir eu un statut particulier car, bien qu’au pied de Lyon, il en était indépendant et aurait eu un statut fédéral145. Le statut du sol aurait donc correspondu à celui des institutions146. Mais, bien que souvent admis, cela n’est pas établi147.

    56Le personnel attaché à l’assemblée ne souffre en revanche pas de contestation. Des inscriptions du Confluent mentionnent quelques fonctions qui suscitèrent beaucoup de commentaires. Il s’agit de l’inquisitor Galliarum (CIL, XIII, 1690 ; 1695 ; 1697 ; 1703 ; 3528 ; AE, 1972, 352), du iudex arcae Galliarum (CIL, XIII, 1686 ; 1707 ; 1708), de l’allectus arcae Galliarum (CIL, XIII, 1688 ; 1709). Quant au iudex arcae ferrariarium (CIL, XIII, 3162), certains le lient à l’assemblée gauloise148 mais d’autres s’y refusent149. On connaît aussi des esclaves appartenant aux Tres Galliae : un archiviste (CIL, XIII, 1725), un affranchi (CIL, XIV, 326-8) et un esclave (CIL, VI, 29687).

    57Ces fonctions, dont il n’est pas assuré qu’elles fussent régulières150, sont une singularité de plus du concilium gaulois vis-à-vis des autres provinces151. Leur nature est l’objet de suggestions diverses entre lesquelles on ne peut trancher. Concernant l’inquisitor Galliarum, on a par exemple suggéré qu’il examinait les capacités des cités afin de fixer des contributions proportionnées à la stips annua152 – serait-il alors à relier au cens ? –, ou bien qu’il examinait les plaintes contre un gouverneur avant de les porter devant le conseil, ou bien encore qu’il vérifiait la fortune des candidats à la dignité de grand prêtre153. D. Fishwick, d’après la loi sur le flaminat de la province de Narbonnaise (CIL, XII, 6038, l. 28-29), a proposé qu’il soit une sorte de juge chargé de scruter les comptes du sacerdos à sa reddition de charge, et confie la charge précédente au iudex arcae Galliarum, apparemment le plus haut poste attaché, comme les autres fonctions, à la gestion de la caisse fédérale (arcae Galliarum)154.

    58La nature et la datation de ces fonctions sont problématiques. Elles ne sont attestées par l’épigraphie qu’à partir du iie siècle155, quand les inscriptions sont datables. Et s’il est vrai que certaines ne le sont pas, on ne peut considérer a priori que ces fonctions existaient dès la création de l’assemblée du Confluent. D. Fishwick propose de les placer sous Vespasien156. Cependant, Hirschfeld suggéra que leurs titres, inconnus ailleurs avec cette signification, traduisaient des termes gaulois157. L’hypothèse, largement acceptée158, a été consolidée par P. Vipard qui note que le Glossaire de Vienne (Ve siècle ap. n. è.) traduit iudex par le gaulois dan, soit dan (n) os, « magistrat, curateur159 ». Cette traduction établirait que les fonctions préexistaient à leur adaptation aux formes romaines, et, plus on place tôt cette transformation et plus la conservation d’appellations indigènes paraît vraisemblable. Ces noms devant correspondre à un contenu lui aussi d’origine indigène, c’est sans doute pourquoi beaucoup tiennent cette caisse et son personnel pour un héritage gaulois160. Rappelons que Plutarque mentionne une caisse commune aux peuples coalisés en 52 av. n. è. (Cés., 25, 3), ce qui présenterait un précédent.

    59Si ces fonctions avaient une origine gauloise, il n’en est pas de même pour celle qui donnait aux cités le droit de se plaindre des gouverneurs envoyés par Rome.

    Éloges, blâmes et poursuites : l’assemblée et les gouverneurs provinciaux

    60Les attributions de l’assemblée du Confluent étaient en grande partie identiques à celles des koina orientaux préexistant161. Les assemblées orientales émettaient des décrets et il semble qu’il en fût de même en Occident162 même s’il en manque une preuve formelle pour l’assemblée du Confluent. Les inscriptions faisant état de décisions n’étaient signées que par la formule Tres Prouinciae Galliae, sans mention de l’assemblée ou de la forme juridique du message. C’est sans doute par de tels décrets que l’assemblée, en tant que représentante des provinces de Gaule Chevelue, se prononçait sur les gouverneurs sortants ainsi que le faisaient les assemblées d’Orient163. Les gouverneurs pouvaient donc être remerciés par un éloge, peut-être agrémenté d’une statue ou d’une inscription, ou bien recevoir un blâme et être poursuivis à Rome suivant une procédure similaire à la lex de repetundis164. Cela permettait de défendre les intérêts des cités et d’empêcher les abus les plus criants comme ceux commis par Licinus en 16 av. n. è.165. Celui-ci remplissait l’office de procurateur (Dion Cassius, LIV, 21), sans doute sans en avoir le titre ni la dignité puisqu’il n’était pas chevalier. Les gouverneurs, en revanche, appartenaient à l’ordre sénatorial, et avaient le titre de légat d’Auguste propréteur, le princeps ayant conservé les trois provinces gauloises. Auguste ayant étendu la juridiction du Sénat sur les procès de repetundis au moins depuis 4 av. J.-C166, les accusés pouvaient espérer la clémence de jurés du même ordre qu’eux, mais cela n’empêchait pas les condamnations. P. A. Brunt en décompte vingt-deux sous les Julio-Claudiens167 : deux sous Auguste, huit sous Tibère, une sous Caligula, cinq sous Claude, six sous Néron. Entre onze et treize procédures concernent des hommes de l’empereur, ce qui laisse le double au personnel des provinces sénatoriales. Durant cette période, seuls sept gouverneurs furent acquittés. Les peines pouvaient être lourdes, l’exil et la confiscation des biens n’étaient pas rares – neuf cas – mais parfois les accusés se suicidaient avant le procès – six cas – pour échapper à la condamnation et aux sanctions. Dix de ces accusés officièrent en Occident, aucun en Gaule. Les sources littéraires attestent que ce type de procédure s’étendait à toutes les provinces dès les Julio-Claudiens168, mais il faut attendre deux siècle et demi pour en avoir une preuve épigraphique en Gaule avec le marbre de Thorigny, trouvé à Vieux (Calvados) chez les Viducasses et daté du règne de Gordien III, en 238169. En fait, de semblables plaintes avaient déjà lieu sous la République. C’est en plaidant dans ce type d’affaire que Cicéron s’était fait un nom et ses premiers clients. En 63 av. n. è., les mésaventures des Allobroges députés à Rome pour se plaindre de L. Licinius Murena montrent combien il était difficile d’obtenir gain de cause. Le système des assemblées provinciales liées au culte impérial présente donc un progrès important pour les provinciaux et les autorités à Rome car il établit un système officiel là où régnaient l’empirisme et les liens de clientèle – ceux-ci n’étant cependant pas absents de la nouvelle procédure.

    61Ce « droit de remontrance », jugé démesuré par certains à Rome comme l’affaire de Timarchus nous l’apprend170, était toutefois limité. Les jeux politiques et les liens entre les membres de l’assemblée et les représentants de l’autorité provinciale pouvaient entraver son bon fonctionnement. Le cas de Sollemnis exposé par le marbre de Thorigny est exemplaire : il bloque l’assemblée par un point de procédure, et est remercié par des postes et une belle carrière dans l’administration. De plus il était d’autant plus facile pour un magistrat de tisser des liens avec des membres de l’assemblée qu’elle se réunissait à Condate où résidait le grand prêtre durant l’année171, soit aux pieds du gouverneur de Lyonnaise et à proximité des provinces d’Aquitaine et de Belgique. En outre, les gouverneurs ne pouvaient être poursuivis qu’une fois sortis de charge. Or, si une légation type ne dépassait en général pas trois ans, elle était, en principe, d’une durée indéterminée172, et certains gouverneurs restèrent longtemps en place, en particulier sous Tibère173. C. Silius, légat de Germanie supérieure, remplit son office de 14 à 21, C. Galerius fut préfet d’Égypte de 16 à 31, et C. Poppeus Sabinus termina sa carrière sous Tibère en ayant été vingt-quatre ans gouverneur en Macédoine-Moesie174 ! On ignore cependant les durées de service des gouverneurs des provinces gauloises. De plus, si l’assemblée pouvait déclencher des poursuites contre un ancien gouverneur et exercer une influence sur ceux en place, elle était démunie face au princeps et à ses décisions. En ce sens, son rayon d’action politique était restreint.

    62Mais l’issue de toutes les démarches de l’assemblée dépendait du bon vouloir de l’empereur. Or sa prédisposition à en tenir compte variait selon sa personnalité.

    L’assemblée et le princeps : une histoire mouvementée

    La révolte de 21175

    63En 21 ap. n. è., les Gaules s’embrasent sous l’action de cités gauloises insurgées, événements connus grâce à Tacite et Velleius Paterculus (Tacite, Ann., III, 40-47 ; Velleius Paterculus, II, 129, 3). Tacite, qui porte un intérêt particulier aux provinces gauloises176, annonce ainsi les choses :

    La même année, les cités des Gaules (Galliarum ciuitates), écrasées sous le poids des dettes, tentèrent une rébellion, dont les plus ardents instigateurs furent, parmi les Trévires, Iulius Florus, chez les Éduens, Iulius Sacrovir ; tous deux étaient de haute naissance et issus d’aïeux à qui leurs belles actions avaient valu jadis le droit de cité romaine (nobilitas ambodus et maiorum bona facta eoque Romana ciuitas olim data), récompense rare alors et réservée au seul mérite (uirtuti). Dans des entretiens secrets, après avoir recruté les hommes les plus audacieux ou ceux auxquels l’indigence et la crainte inspirée par leurs forfaits imposaient la nécessité impérieuse de mal agir, ils conviennent de soulever, Florus les Belges, Sacrovir les Gaulois plus rapprochés. Ainsi donc, dans des conciliabules et des réunions, ils tenaient des discours séditieux sur la permanence des tributs (continuatione tributorum), le poids de l’usure, la cruauté et l’orgueil des gouverneurs, et annonçaient une sédition de nos troupes à la nouvelle que Germanicus avait péri. L’occasion était belle pour eux de recouvrer la liberté (Tacite, Ann., III, 40, 1-3).

    Il n’y eut presque pas de cité où ne fussent jetés les germes de cette rébellion (Tacite, Ann., III, 41, 1).

    64On a longtemps vu là une révolte authentiquement gauloise contre la domination romaine177 ; interprétation maintenant abandonnée. Le mécontentement est en réalité dû à la lourdeur de l’endettement et du fisc. C’est, selon A. Grenier178, une crise monétaire dans l’empire – une raréfaction de l’argent entraînant son enchérissement – qui est à l’origine du phénomène. Tibère aurait, pour y remédier, pris une série de mesures dont certaines auraient touché la Gaule :

    dans les Gaules, dans les Espagnes, en Syrie et en Grèce, de grands personnages (principes) se virent confisquer leurs biens sur les accusations les plus impudentes et les plus futiles : par exemple, le seul crime reproché à certains d’entre eux fut qu’ils gardaient en argent une partie de leur avoir ; on retira même à un très grand nombre de cités [Ailloud : villes] et de particuliers (ciuitatibus et priuatis) leurs anciennes franchises (immunitates), le droit d’exploiter leurs mines (ius metallorum) et d’utiliser librement leurs revenus (uectigalium) (Suétone, Tib., 49, 2 trad. modifiée).

    65Confiscations dirigées contre de riches et puissants personnages (principes), remise en cause des droits d’exploitation et/ou d’usage sur des propriétés ou des revenus légaux, et surtout annulation des privilèges fiscaux attachés aux statuts des cités libres et fédérées – et peut-être au statut personnel de citoyen romain –, voilà ce qui mit la Gaule sens dessus dessous179. Les cités libres et fédérées, il est vrai et au contraire des cités stipendiaires, étaient normalement exemptées du tribut (stipendium) que la Gaule payait depuis la conquête. Le gain était économique mais était aussi sensible en termes de prestige.

    66Ce qui nous intéresse ici est de déterminer si l’assemblée du Confluent fut mêlée à ces événements. Il est douteux qu’elle ait soutenu la révolte par un vote ou une prise de position officielle car on conçoit mal, dans ce cas, que Sacrovir et d’autres chefs gaulois aient pu faire croire qu’ils ne soutenaient pas le mouvement sans être démasqués180. Tacite écrit que parmi les récriminations certaines concernaient les taxes – recoupant ainsi le témoignage de Suétone – et que d’autres visaient les excès des gouverneurs, sujets relevant du domaine d’intervention de l’assemblée du Confluent. On peut difficilement imaginer que les délégués des cités réunis n’aient alors pas émis de vives protestations sur la politique fiscale menée, et qu’ils n’aient pas blâmé les gouverneurs dont ils se plaignaient. A.J. Christopherson avance qu’une plainte dut être adressée par l’assemblée concernant C. Silius – celui-là même qui réprima l’insurrection – et pense qu’elle participa, après la révolte, à la collecte des preuves de ses abus en Gaule, lors du procès intenté par Tibère en 24181. On sait aussi que les troubles impliquèrent les personnages les plus en vue de Gaule, Iulius Florus et Iulius Sacrovir au premier chef, qualifiés de nobiles, auxquels il faut ajouter les Galliarum primores182 qui jouèrent double jeu pour tromper les Romains. De plus, Velleius Paterculus pousse à voir en l’Éduen Sacrovir le grand prêtre du Confluent183. Tout cela suggère que, si l’assemblée du Confluent ne prit pas fait et cause pour les insurgés, certains de ses membres décidèrent de passer à l’action après que les protestations émises par cette dernière reçurent de Tibère une réponse qui ne les satisfît pas. Car, et cela ressemblait au caractère intransigeant de Tibère, celui-ci n’infléchit pas sa politique, et les gouverneurs ne durent pas être poursuivis, au motif qu’ils ne faisaient qu’appliquer les mesures établies par l’empereur pour remplir les caisses.

    Le discours de Claude au Sénat

    67L’assemblée pouvait, en tant que représentante de la Gaule Chevelue, envoyer des ambassades pour porter des messages ou des demandes au Sénat ou à l’empereur. La pratique, documentée pour de nombreuses provinces, orientales surtout, est sans doute illustrée en Gaule sous le règne de Claude. Cet empereur, né à Lyon deux ans après la fondation au Confluent, reçut une demande de l’assemblée gauloise, ainsi que le suggère son discours au Sénat en 48. Il y prie les sénateurs d’accorder aux Gaulois citoyens romains le ius honorum, soit la possibilité de pouvoir briguer les honneurs à Rome. Ce discours est connu par la Table Claudienne184 qui retranscrit fidèlement les paroles de l’empereur, et par Tacite qui en a livré une recomposition dans les Annales185. Voici les circonstances de l’affaire selon l’historien romain :

    Sous le consulat d’A. Vitellius et de L. Vipstanus, comme il était question de compléter le Sénat et que les grands de la Gaule appelée Chevelue (primores Galliae quae Comatae appellatur), depuis longtemps en possession de traités et du titre de citoyens, réclamaient le droit d’obtenir les honneurs à Rome (ius adipiscendorum in urbe honorum), il y eut beaucoup de bruit à ce sujet, et la question fut débattue passionnément et diversement devant le prince (Tacite, Ann., XI, 23, 1).

    68On a depuis longtemps souligné que Primores Galliae quae Comatae appellatur désignait les membres de l’assemblée du Confluent186. Qui d’autre pour faire entendre à Rome une voix unique parlant pour toute la Gaule ? Que la demande ait été portée par les primores, ce qui correspondrait bien aux membres de l’assemblée, est un argument supplémentaire. Vingt ans plus tard, Vindex, face à ces mêmes personnes que Flavius Josèphe qualifie de δυνατοί, prononce un discours afin de soulever les cités de Gaule. Or, dans sa volonté d’exalter la dignité impériale qui débute par un portrait dépréciatif de Néron, Dion lui prête ces propos :

    Et après cela quelqu’un appellera-t-il un tel personnage du nom de César, d’empereur et d’Auguste ? Jamais ! Que personne n’outrage ces noms sacrés, ceux-là mêmes qui furent portés par Auguste et Claude (Dion Cassius, LXIII, 22, 5-6 trad. personnelle).

    69Que le nom de Claude soit évoqué, seul avec celui d’Auguste, face à ce que l’on pense être l’assemblée gauloise, n’est pas un hasard. Son nom, dans ce lieu et face à ce public, avait une résonance particulière, sans doute en souvenir de ce que Claude avait accédé à la demande la plus importante jamais émise par la Gaule en allant la défendre lui-même au Sénat. De plus, la Table Claudienne fut trouvée au Confluent, ce qui montre que le discours de Claude était en vue dans le sanctuaire des Trois Gaules, en réponse à la demande qui y avait été faite187. C’était aussi, pour les cités gauloises, une façon de remercier Claude.

    Une ambassade à Néron

    70L’assemblée pouvait aussi adresser des messages plus personnels à l’empereur, si l’on en croit cette citation de Quintilien sur l’orateur santon188 Iulius Africanus. La scène se déroule en 59, après que Néron a éliminé sa mère Agrippine : « Un autre exemple est la remarque frappante faite par Africanus à Néron sur la mort de sa mère : “César, tes provinces de Gaule (Galliae tuae) te prient de supporter ton bonheur avec courage” » (Quintillien, VIII, 5, 15). Selon certains, Africanus portait un message de l’assemblée de Gaule189. Il était courant que de telles missives, d’une assemblée provinciale ou d’une cité, fussent portées à bon port par un messager privé que des raisons personnelles conduisaient là190. Il s’agissait alors de personnages dont le prestige et le rang étaient à la mesure de la tâche, ce qui est le cas de Iulius Africanus, Gaulois d’Aquitaine, un des orateurs les plus réputés de l’Occident romain191.

    La révolte de 68

    71En 68, Iulius Vindex, gouverneur de Lyonnaise, se rebelle contre Néron192. Légat sans légion, il lève une armée de Gaulois et appelle Ser. Sulpicius Galba, légat d’Auguste de rang consulaire en Tarraconaise, à remplacer l’empereur qu’il juge indigne (Dion Cassius, LXIII, 22, 2 ; Suétone, Ner., VI, 41, 1-2). Cette révolte a longtemps été interprétée comme le soulèvement de la Gaule contre la tutelle romaine, une résurrection de la Gaule précésarienne en somme. P. A. Brunt a fait justice de cette idée193, et il est admis que Vindex, bien que Gaulois194, agissait en Romain outragé de voir l’empire aux mains d’un homme indigne de sa tâche. Mais une autre question nous intéresse ici : Vindex agissait-il seul ou bien avec l’assemblée du Confluent ? Quelques-uns sont d’avis de mêler l’assemblée à cette affaire195. Nous partageons cette opinion dont nous devons examiner les arguments. Dion Cassius (LXIII, 22-26), une des sources sur ces événements, doit être complété avec Suétone (Ner. ; Galb.), Tacite (Hist.) et Plutarque (Galb.) principalement.

    72D’après Dion Cassius l’exaspération et la colère, en Gaule et en Bretagne, étaient à leur paroxysme en raison des taxes trop élevées (Dion Cassius, LXIII, 22, 1a) – sujet dont l’assemblée du Confluent était toute désignée pour s’emparer. Dans ce contexte, Vindex met sur pied une révolte contre Néron sur laquelle nous pouvons récolter les éléments suivants :

    C’est lui [Vindex] qui se mit à la tête des Gaulois (Dion Cassius, LXIII, 22, 1b, trad. Perrin, Decourt 2002, p. 347).

    Ce Vindex rassembla les Gaulois (τοὺς Γαλάτας) qui avaient beaucoup souffert des taxes continuelles sur leurs biens et souffraient encore à cause de Néron. Et, montant à la tribune, il prononça un discours long et détaillé contre Néron […] (Dion Cassius, LXIII, 22, 2, trad. personnelle).

    De telles paroles de la part de Vindex rencontrèrent un accord unanime (Dion Cassius, LXIII, 23, trad. personnelle).

    Sur ces entrefaites se répandit la nouvelle du soulèvement de la Gaule ; Vindex, avec l’élite de la population (τοῖς δυνατοῖς τῶν ἐπιχωρίων), s’était révolté contre Néron : les historiens ont fait un récit détaillé de ces événements (Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, IV, 8, 1).

    73Vindex s’est donc adressé à un rassemblement de Gaulois que Flavius Josèphe qualifie de « puissants » (τοῖς δυνατοῖς). Cette assemblée lui permet de rallier la quasi-totalité des cités. P. A. Brunt souligne que la révolte s’étend très rapidement aux trois provinces gauloises : on trouve parmi ses partisans les Éduens de Lyonnaise, les Arvernes d’Aquitaine, les Séquanes de Belgique, et même les Viennois de Narbonnaise. Seuls les Trévires, les Lingons et Lyon font exception. Pour les deux premières cités, cela est sans doute lié à la proximité de la zone rhénane et de ses armées, ainsi qu’à la présence de nombre des leurs dans ces troupes. Pour la troisième, les paroles des Lyonnais, connues par Tacite (Hist., I, 65), montrent qu’il faut mettre leur abstention au compte de leur statut de colonie romaine, le sentiment d’être à part du reste de la Gaule et l’origine italienne, donc non gauloise, de la majorité de sa population. Leur absence à l’assemblée de la Gaule pesait sans doute lourd dans cette singularité qu’ils éprouvaient et dans le fait qu’ils n’aient pas rejoint le sentiment général.

    74Cette révolte est présentée dans les sources, de manière récurrente et unanime, non pas comme celle de Vindex seul, mais comme celle de la Gaule à laquelle il est associé. Chez Suétone, il n’est le plus souvent question que de la Gaule et Vindex n’apparaît pas, ou bien en deuxième position196. Pour Plutarque, la révolte est aussi bien celle de la Gaule que de Vindex197, tout comme pour Flavius Josèphe (La guerre des Juifs, IV, 8, 1). De Tacite nous n’avons pas de récit continu puisque la fin des Annales manque et que les Histoires ne débutent qu’en 69, mais les propos prêtés au Batave Iulius Civilis et au légat de la douzième légion C. Dillius Vocula montrent qu’il voit aussi dans la révolte de Vindex celle de la Gaule198. On a même pour caractériser ces événements chez Tacite, Plutarque et Flavius Josèphe, les termes « guerres gauloises199 » ! C’est donc bien à une révolte considérée comme celle de toute la Gaule Chevelue qu’est confronté Néron, ce qu’il avait bien compris. Sa rage contre le genre gaulois fut sans borne, et il se mit en tête, dit Suétone, de tuer préventivement tous les Gaulois de Rome et de livrer la Gaule à la violence des armées (Suétone, Ner., 43). D’après Dion Cassius (LXIII, 26, 3) Néron, sûr d’écraser Vindex, voit là surtout l’occasion de représailles contre la Gaule par des exécutions et de nouveaux impôts. Le contraste est frappant avec la défection de Galba. Alors qu’il est en poste en Tarraconaise, l’Espagne n’est jamais mise en avant200 et Néron n’évoque aucunes représailles contre les Espagnols. Sa vindicte est toute tournée contre Galba, ce qui montre qu’il perçut différemment les événements d’Espagne de ceux de Gaule. Cet extrait de Plutarque représente bien cette inégalité de traitement :

    Toutefois, le Sénat ayant déclaré Galba ennemi public, Néron […] dit que c’était là une occasion non négligeable qui s’offrait à lui de s’enrichir, alors qu’il avait besoin d’argent ; que lorsque les Gaulois seraient réduits à merci, il s’approprierait leurs dépouilles, et qu’il pouvait disposer des biens de Galba et les vendre, puisque celui-ci s’était déclaré son ennemi (Plutarque, Galb., 5, 4).

    75Cette révolte de la Gaule est-elle celle de tous les légats des provinces gauloises ? Il faudrait alors que Vindex ait rallié à lui les légats d’Aquitaine et de Belgique. Mais il n’en est rien. Suétone écrit qu’au moment où Vindex entre en rébellion ouverte, le légat d’Aquitaine envoie à Galba des demandes pressantes de secours (Galb., 9, 4). Cela prouve que le ralliement de cette province à Vindex est effectif dès le début – donc négocié en amont –, et qu’il n’est pas dû à son légat mais aux cités. Les événements sous les murs de Besançon – Vesontio – suggèrent la même chose pour la Belgique. Les Séquanes, dès le départ ralliés à Vindex, l’étaient sans doute avant le déclenchement de l’insurrection. Ajoutons que Galba se vanta de l’unanimité de la Gaule à rejoindre sa cause par l’émission de deux monnaies portant son nom au droit, et au revers GALLIA201 pour l’une, TRES GALLIAE202 surmontée de trois bustes représentant les provinces gauloises pour l’autre (fig. 2)203. Il fait peu de doute que ces monnaies célèbrent une prise de position de l’assemblée gauloise204, qui pourrait avoir été exprimée en deux circonstances : en faveur de l’action initiée par Vindex, ou bien en entérinant la désignation de Galba pour succéder à Néron. La lecture contemporaine de l’insurrection de Vindex comme étant avant tout celle de la Gaule est donc juste. Il en ressort la quasi-certitude que cette révolte reposait sur le ralliement de la Gaule exprimé par l’assemblée du Confluent.

    76Cette révolte n’était pas pour autant une résurrection de la Gaule précésarienne, ni une tentative de se libérer du joug romain. Vindex s’adresse à l’assemblée des Gaules en tant que partie prenante du monde romain et de ses valeurs. Il l’appelle à veiller au respect de cet ordre auquel elle est censée témoigner son adhésion. Les arguments et les thématiques agités par Vindex sont romains et visent à restaurer la dignité de Rome et de ses valeurs. Cela apparaît dans le discours aux notables Gaulois et dans des sources contemporaines des événements comme ses monnaies ou une lapidaire mention chez Pline l’Ancien qui le présente comme un champion de la libertas (NH, XX, 57, 160) – celle du peuple romain, base de son identité politique. Il n’y a donc aucune adaptation de son discours pour les Gaulois : c’est en citoyen romain qu’il s’adresse à d’autres citoyens romains.

    L’assemblée de Reims en 70

    77On ne saurait clore l’étude de cette période sans s’attarder sur l’assemblée de Reims tenue en 70 et dont Tacite livre les circonstances et le déroulement (Hist., IV, 67). Certains y voient une résurrection des pratiques de l’Indépendance, soit une ultime session du concilium totius Galliae205. On trouve aisément les raisons de ce point de vue qui n’a jamais été justifié par ses partisans. Il y est discuté de choses très graves : la sortie ou non de l’Empire romain, ni plus ni moins. Ce sujet, en plus d’être intrinsèquement lié à l’idée d’indépendance de la Gaule, paraissait excéder ceux sur lesquels les délégués débattaient au Confluent. De plus, ce que l’on en sait par Tacite ne paraît pas correspondre à l’assemblée du Confluent : elle ne s’y tient pas et on ne voit pas de grand prêtre.

    78L’exposé de Tacite a sans doute fortement influencé les jugements. En effet la dramaturgie de l’assemblée de 70 rappelle celle de Bibracte en 52 av. n. è. Les éléments et leur enchaînement sont identiques : le désaccord règne au sein des Gaulois sur l’attitude à adopter face à Rome, c’est l’indépendance nationale qui est en jeu et la décision est prise de réunir une assemblée pangauloise pour décider de la conduite à tenir. Des députés viennent de toutes les cités de Gaule, et on assiste à la confrontation de deux peuples autour de la question du commandement des troupes coalisées. La décision est prise par une grande majorité, voire l’unanimité des représentants. Le résultat en revanche diffère. En 52 av. n. è., l’opposition à Rome l’emporte et la défaite est le lot commun, alors qu’en 70, l’assemblée choisit de rester du côté de Rome et de la paix. Les points communs des deux récits peuvent provenir de ce qu’il s’agit d’événements comparables, mais on peut se demander si Tacite n’avait pas en tête les pages de César en écrivant les siennes. Cela amena beaucoup de chercheurs à identifier les deux assemblées. Or, il est erroné de penser que l’assemblée du Confluent ne pouvait prendre position sur un tel sujet. Nous avons vu qu’elle fut sans doute liée au déclenchement de la crise de 68, et qu’elle pouvait donc prendre des positions politiques lors de circonstances exceptionnelles. De plus, nous avons évoqué la perception que les Gaulois avaient des deux assemblées et il est probable qu’ils aient envisagé une continuité entre les assemblées gauloises de l’Indépendance, celles réunies par César et ses successeurs jusqu’en 12 av. n. è., et celle du Confluent. Aussi la question d’une résurrection du concilium totius Galliae cent vingt-deux ans après sa dernière session est-elle sans objet puisque ce dernier s’était fondu dans l’assemblée formalisée sous Auguste en 12 av. n. è.

    79Sur les arguments de forme, un examen du texte de Tacite s’impose car, s’il ne s’agit pas de l’assemblée du Confluent, alors la session de 70 est illégale et informelle. Le vocabulaire utilisé donne le sentiment inverse :

    les Rèmes prirent l’initiative en publiant sur toute l’étendue des Gaules l’invitation à envoyer des députés (legatis) pour délibérer en commun (commune consultarent) : voulait-on (placeret) la liberté ou la paix ? (Tacite, Hist., IV, 67, 2).

    Aussi, au bruit de l’approche de cette armée, et parce qu’elles étaient naturellement portées à une attitude plus modérée, les cités des Gaules (Galliarum ciuitates) se rassemblèrent chez les Rèmes. Une délégation (legatio) des Trévires les y attendait, avec Iulius Valentinus, le plus ardent partisan de la guerre (Tacite, Hist., IV, 68, 5).

    80Des legati formant une legatio sont envoyés par les cités, on réunit une assemblée, on y délibère (consultarent), et on y prend une décision, ce qui est désigné par placere, un terme habituel pour les décisions d’un sénat ou de tout conseil légitime. Mais cela ne prouve pas vraiment qu’il s’agît d’une assemblée officielle. La fin du récit tacitéen est en revanche éclairante : « On adresse aux Trévires, au nom des Gaules (epistulae nomine Galliarum), un message les invitant à ne pas recourir aux armes : ils pouvaient obtenir leur pardon et on était prêt à intercéder pour eux, s’ils se repentaient » (Tacite, Hist., IV, 69, 3). Ce message, écrit nomine Galliarum, prend donc un caractère solennel et officiel, ce qui conduit à l’assemblée du Confluent, seule instance connue et légitime pour porter la voix de la Gaule et de ses cités. En outre l’assemblée se propose comme intermédiaire avec le pouvoir romain, ce qui renvoie aux compétences particulières du concilium qui a un contact privilégié avec le princeps et le Sénat. On peut douter que tout cela fût compatible avec une assemblée sans forme légale. Deux problèmes restent néanmoins : elle n’est pas réunie à Condate, les Rèmes pouvaient-ils la provoquer ? Lyon hostile à la sédition, l’assemblée ne pouvait se tenir au Confluent. Mais, l’assemblée du Confluent étant politique, non religieuse, elle pouvait se réunir ailleurs, tout comme les sénateurs romains pouvaient se rassembler ailleurs que dans la curie. N’importe quel lieu de réunion politique faisait l’affaire, à la condition qu’il s’agisse d’un templum, c’est-à-dire qu’il soit consacré206, et Durocortorum (Reims), capitale des Rèmes en était pourvue. Sur le rôle moteur des Rèmes, rappelons qu’on ignore les règles de convocation des sessions du concile de la Gaule. On peut supposer que le grand prêtre en avait l’initiative, mais aussi que, dans les circonstances exceptionnelles de 70, ces règles n’aient pas été suivies, et que la délégation rème ait pris cette initiative. Il se peut aussi que le grand prêtre ait alors été le Rème Iulius Auspex (Tacite, Hist., IV, 69, 1). Il est un des tout premiers de sa cité (e primoribus Remorum), et le récit lui accorde un rôle premier dans l’assemblée : il mène les débats en répondant au Trévire Valentinus, et c’est lui qui exprime la position favorable à Rome, parvenant à gagner l’adhésion de la majorité.

    81Les Gaulois ne faisaient donc pas renaître des usages mis entre parenthèses pendant presque un siècle et demi. Il est bien plus vraisemblable que l’assemblée de 70 fût une session de l’assemblée du Confluent, son objet et ses buts vont dans ce sens.

    82On le comprend, les institutions du Confluent créèrent un lien particulier entre les Gaulois et l’empereur. Mais en quoi cela différait-il des autres provinces où le culte impérial se développait aussi ?

    Un lien particulier avec l’empereur – chef suprême des armées et « maître du sacré »

    83Certains éléments spécifiques à la Gaule permirent en fait de tisser des liens plus personnalisés entre le princeps et les Gaulois. Il s’agissait d’abord de la première fondation en Occident, ce qui dut engendrer chez les Gaulois le sentiment d’être distingués, privilégiés. Puis, les institutions du Confluent offrirent aux Gaulois un sentiment d’unité nationale, cela fut maintes fois souligné207. Or, nous avons vu que l’unité relative de la Gaule avant la conquête s’exprimait dans les conciliia totius Galliae et dans l’assemblée des druides. Sans postuler de filiation directe entre les structures des deux époques, un rapprochement ne pouvait que s’opérer dans l’esprit des Gaulois, d’autant plus qu’Auguste, consciemment ou non, assumait les principales fonctions de ces assemblées. Cette assimilation s’opéra d’autant plus aisément dans l’esprit des Gaulois qu’Auguste leur avait offert un cadre identique à celui dans lequel ces fonctions se développaient durant l’Indépendance : une assemblée où ils étaient représentés selon les mêmes principes.

    84De plus, nous allons voir que certaines des facettes du personnage augustéen rencontrent des éléments issus de l’histoire gauloise. Elles en ont certainement été le nouveau réceptacle, ce qui favorisa encore l’adhésion des Gaulois au prince et à son régime.

    85L’assemblée des druides en forêt carnute remplissait le rôle d’une cour, d’un tribunal d’appel, pour les individus comme pour les peuples. À ce titre, par sa maîtrise totale du droit et en tant que dispensatrice de la parole divine, elle tendait à réguler les conflits et à créer les conditions de la paix. Nous avons vu les limites de cette assemblée, mais, plus que son efficacité réelle, ce qui compte ici c’est l’idée que les Gaulois se faisaient des druides et de leur assemblée, ce qu’ils en attendaient – et l’ultime source du récit de Diodore, et donc de Poseidonios, est bien gauloise. Auguste endosse les habits des druides réunis dans la forêt des Carnutes, en ce sens qu’il assure à lui seul et bien mieux la fonction que l’assemblée était censée remplir. Car c’est une des prétentions primordiales d’Auguste, donnant lieu à de nombreuses célébrations à l’autel du Confluent208, que d’apporter cette pax Romana, le plus important des bienfaits que Rome prétendait procurer. Rappelons que la date inaugurale de l’autel tombait le jour anniversaire d’Actium qui célébrait Octavien/Auguste comme vainqueur et dispensateur de paix. Les manifestations de cette dimension pacificatrice sont si nombreuses que nous ne pouvons les évoquer toutes209. Le testament politique d’Auguste montre combien il se souciait de cet aspect de son personnage public. Le princeps y rappelle une de ses plus grandes fiertés : la fermeture, à trois reprises, du temple de Janus, ce qui n’arrivait qu’en cas de paix dans tout l’empire (Res Gestae, 13). L’information fut relayée par de nombreux auteurs, contemporains ou ultérieurs210. L’Ara Pacis, dont la construction fut décidée par décret un an avant la fondation de celui du Confluent, et qui fut inauguré trois ans plus tard en 9 av. n. è. sur le Champ de Mars, développe aussi ce point central de la propagande augustéenne211. Les Gaulois perçurent bien cette dimension pacificatrice de la politique d’Auguste212, et en cela il pouvait apparaître comme le successeur des druides d’antan, de leur assemblée, et peut-être de leur grand druide. Cette assimilation était d’autant plus aisée qu’Auguste développa un rôle religieux qui le plaçait dans la position inégalable de « seul maître du sacré213 ». Après avoir réformé les cultes romains dans un sens traditionaliste, et alors qu’il présidait les quatre collèges sacerdotaux majeurs214, il assuma en 12 av. n. è., année de la fondation du Confluent, la dignité de grand pontife. Auguste ne dédaignait d’ailleurs pas se faire représenter sous les traits d’un sacrifiant pour souligner sa relation privilégiée avec la sphère religieuse. Les choses allaient plus loin encore : Auguste avait un lien unique avec la sphère divine, par le culte qui lui était adressé, et parce qu’il était fils du Diuus. Que l’assemblée du Confluent, chargée du dialogue entre les Gaulois et ce prince, soit présidée par un grand prêtre ne pouvait qu’approfondir la superposition entre le prince et ce qui restait de souvenirs d’une haute autorité religieuse à l’époque de l’Indépendance.

    86Paradoxalement c’est aussi, et plus encore, la figure d’un chef de guerre qui s’impose215. Pas n’importe lequel : celui dont la capacité à vaincre ne peut être égalée. Les auteurs anciens notèrent la révérence dans laquelle les Gaulois tenaient les chefs de guerre victorieux : « Ils [les Celtes] accordent les plus grands honneurs à ceux qui agrandissent le territoire commun (χώραν τῷ κοινῷ)216. » Or cette puissance victorieuse était un élément central de la propagande d’Auguste dans les provinces et en Italie. En Gaule, le lien singulier avec la figure de César renforçait cela. Les talents exceptionnels de chef de guerre de ce dernier sont un lieu commun de l’historiographie antique, mais ils bénéficiaient d’un culte particulier en Gaule. Ainsi, cent vingt ans après la conquête, le Lingon Iulius Sabinus, qui se faisait une gloire de son ascendance julienne, se choisit non pas Auguste, mais César pour prestigieux aïeul (Tacite, Hist., IV, 55, 2). Certes, Auguste n’avait guère fait preuve de talents militaires, mais ses lieutenants avaient porté haut son nom et les armes du peuple romain, Agrippa le premier. De plus, détenteur des auspices majeurs217, toutes les victoires se remportaient en son nom218 et étaient, pour cette raison, permises par les dieux. Ainsi, Auguste, qui l’emportait par la puissance seule de son nom, surpassait César. Cette formidable puissance militaire au service de la volonté du prince, les Gaulois pouvaient la voir se développer sous leurs yeux au moment où les institutions du Confluent étaient établies, alors que les campagnes contre les Germains de la rive droite du Rhin allaient débuter. On ne peut qu’imaginer l’impression qu’un tel déploiement de forces produisit sur les Gaulois. D’autant plus que, si les rapports entre Gaulois et Germains étaient, du temps de l’Indépendance, faits d’oppositions mais aussi de coopérations, le thème développé depuis César était celui du danger germanique venu d’outre-Rhin. Les Gaulois avaient eu plusieurs décennies pour se mettre au diapason des Romains sur ce sujet, et les incursions des Tencthères qui avaient conduit à la débâcle de la Ve légion de Lollius en 16 av. n. è. avaient sans doute effrayé les Gaulois tout autant qu’Auguste. Aussi, les Gaulois pouvaient ressentir que ces campagnes, auxquels beaucoup participèrent en tant qu’auxiliaires, visaient à défendre la Gaule, tout comme quelques décennies plus tôt les coalitions générales commandées par les Arvernes ou les Éduens. Auguste assumait donc les fonctions jadis assurées par les institutions communes219. Songeons qu’alors la conquête n’était terminée que depuis quarante ans. Tous ses acteurs n’avaient pas disparu et nombreux étaient ceux, dans une société où la mémoire historique était orale, qui devaient, devant un tel déploiement de forces, tracer des parallèles avec ce temps révolu.

    87L’efficacité de la propagande romaine se mesure à l’assimilation dans de nombreux cultes municipaux gaulois des dimensions religieuse, protectrice, et guerrière d’Auguste. F. Gury arrive à la conclusion, en observant le culte de Mars, divinité la plus honorée en Gaule220, qu’« il y aurait eu une sorte de dévolution à l’empereur d’une part de la dévotion qui entourait le dieu indigène dans la mesure où l’un et l’autre portaient les mêmes aspirations de la communauté » que sont la guerre, la protection de la communauté et la prospérité221. Chr. Goudineau ajoute : « Les inscriptions religieuses multiplient l’épithète Augustus accolé à un dieu ou l’accompagnant. C’est le meilleur signe que l’empereur de Rome, descendant de César, fut reconnu, dans les Tres Galliae, comme le chef charismatique, garant de la paix et de l’unité, mais aussi de l’autonomie des peuples, voire de plus petits ensembles, qui l’honoraient avec leurs dieux topiques pour se mieux l’approprier222. »

    88L’assemblée de la Gaule exprima cette reconnaissance du pouvoir total d’Auguste223 en offrant des insignes exceptionnels à l’empereur, « un collier d’or (torquem aureum) de cent livres » (Quintillien, VI, 3, 79). Le torque, en Gaule, est un symbole du pouvoir suprême224. Or ce cadeau, en or pur, pesait 37,45 kg et valait 38 millions de sesterces ! Soit le prix payé par les Arvernes pour la statue de Mercure commandée à Zenodoros qui mit dix ans à l’achever (Pline, NH, XXXIV, 45).

    89Le sentiment d’une relation privilégiée entre la Gaule et le princeps se prolongea sous la dynastie julio-claudienne225. Les empereurs suivants héritèrent de l’assimilation effectuée au temps d’Auguste et, vraisemblablement les raisons de ce rapprochement furent progressivement oubliées des Gaulois eux-mêmes.

    90Les institutions du Confluent offraient donc aux Gaulois de Gaule Chevelue le sentiment d’exister au regard de l’empereur. Elles donnaient également la possibilité à l’un d’entre eux de s’élever au-dessus de tous en se faisant élire grand prêtre.

    Le grand prêtre du culte impérial

    91Les institutions du Confluent, culte impérial et assemblée, donnaient au grand prêtre – sacerdos – une stature d’exception. On en connaît sur notre période trois, peut-être quatre, voire cinq avec Q. Adginnius Martinus. L’épigraphie sera ici notre source principale, quoique la littérature livre le nom du premier, et d’un autre peut-être.

    Le Gaulois le plus important de Gaule Chevelue

    92Quelques inscriptions de notre période, confirmées par des documents postérieurs ou d’autres provinces, donnent une idée de la place de la charge de sacerdos en Gaule. On ne connaît par les inscriptions que trois grands prêtres. Cette rareté s’explique, en plus de ce que nous sommes aux débuts de la pratique épigraphique en Gaule, par le fait qu’il faut attendre le règne de Vespasien pour que l’assemblée du Confluent honore par des inscriptions les grands prêtres ou autres provinciaux ayant officié au Confluent226. Deux de ces grands prêtres, des Santons, sont cousins227 : C. Iulius Rufus et C. Iulius Victor. Le troisième, un Séquane, grand prêtre en 73 ou 74228, dut effectuer en partie ou en totalité sa carrière municipale sous les Julio-Claudiens.

    93Le premier sacerdos, C. Iulius Rufus229, est bien connu grâce à l’arc de Saintes dédié à Tibère et à ses héritiers, Drusus et Germanicus. Daté de 18-19, il porte trois inscriptions, dont deux identiques avec le cursus de notre homme :

    C(aius) Iulius, C(aii) Iuli (i) Catuaneuni (i) f (ilius), Rufus, C(aii) Iuli (i) Agedomo[patis] nepos, Epotsorouidi (i) pron (epos), V[olt (inia)], sacerdos Romae et Augusti ad aram qu[a]e est ad Confluent[e]m praefectus [fab]rum, d(e) [s (ua) p (ecunia) f (ecit)]
    C. Iulius Rufus, fils de C. Iulius Catuaneunius, petit-fils de C. Iulius Agedomopas, arrière-petit-fils d’Epotsorovidius, de la tribu Voltinia, prêtre de Rome et d’Auguste à l’autel qui est au Confluent, préfet des ouvriers, a fait faire [cet arc] à ses frais230.

    94Sur le second, C. Iulius Victor231, on a plusieurs inscriptions, dont celles de son mausolée édifié par son fils homonyme. Datées d’après ILA Santons de 31-50, on en compte quatre aux contenus identiques :

    C(aio) Iulio Congonnetodubni f (ilio), Volt (inia), Victori, Ag[ed]omo/ patis nepoti, praefecto fabrum, tribuno militum cohort[t (is) I Belg]arum, / [sac[e] rd (oti)] / Romae et Augusti ad Confluentem C(aius) Iulius Volt (inia) Victor filius. Pour C. Iulius Victor, fils de Congonnetodubnus, de la tribu Voltinia, petit-fils d’Agedomopas, préfet des ouvriers, tribun militaire de la 1re cohorte des Belges, prêtre de Rome et d’Auguste au Confluent, C. Iulius Victor, son fils, de la tribu Voltinia [s’est occupé de faire réaliser cela d’après son testament ?]232.

    95Sa carrière, sous Tibère, est donc contemporaine de celle de son cousin plus âgé.

    96Le troisième et dernier grand prêtre est connu par deux inscriptions de Lyon (CIL, XIII, 1674-1675) :

    Ioui O(ptimo) M(aximo), Q(uintus) Adginnius Urbici fil (ius) Martinus, Seq (uanus), sacerdos Romae et Aug (usti) ad aram ad Confluentes Araris et Rhodani, flamen duumuir in civitate Sequanorum.
    À Jupiter Très bon et Très grand, Q. Adginnius Martinus, fils d’Urbicus, Séquane, prêtre de Rome et d’Auguste à l’autel au Confluent de la Saône et du Rhône, flamine et duumvir dans la cité des Séquanes233.

    97Les trois inscriptions présentent des points communs. Les trois hommes sont citoyens romains, comme C. Iulius Vercondaridubnus234 le premier grand prêtre, et Iulius Sacrovir qui fut peut-être grand prêtre235. Le fait est attesté pour tous les grands prêtres postérieurs, de Gaule236 ou d’ailleurs237. Ceci et la Lex Narbonensis238 confirment qu’un tel statut était nécessaire pour être élu. Les deux Santons sont chevaliers : Rufus comme Victor furent préfets des ouvriers et le second fut, en plus, tribun militaire de cohorte. On n’a en revanche aucun renseignement sur Vercondaridubnus et Adginnius Martinus qui n’eut, en dehors de la charge de grand prêtre, que des responsabilités municipales. Si l’appartenance à l’ordre équestre était un avantage, ce n’était pas un prérequis239.

    98Il n’y a aucune charge locale dans les cursus des deux Santons. Les éditeurs d’ILA Santons s’étonnent de cette absence, vérifiée pour les inscriptions du Confluent comme pour celles de Saintes. Pour les premières, l’explication proposée est que les charges étaient pérégrines, mais on ne voit pas en quoi cela poserait problème en un lieu où l’entité gauloise était exaltée et dans la mesure où presque toutes les cités gauloises avaient encore à cette époque des cursus pérégrins. Ces mêmes éditeurs notent d’ailleurs que cette explication ne tient pas pour les inscriptions de Saintes. Il faut donc trouver une autre raison : ou bien C. Iulius Rufus et C. Iulius Victor n’avaient rempli aucune charge locale240 – mais il est curieux alors que leur cité les ait choisis pour la représenter au Confluent241 –, ou bien ils ne les mentionnèrent pas en raison de charges plus prestigieuses. Leur cursus inscrit se limite donc aux fonctions équestres et à celle de grand prêtre.

    99Le cursus de Victor, en ordre direct, débute avec la préfecture des ouvriers et se termine par la prêtrise du Confluent qui en est le sommet. Victor, alors chevalier romain, appartenait à l’un des deux ordres les plus élevés du monde romain et était parvenu au maximum de ce que pouvait espérer un Gaulois de Gaule Chevelue. Mais, et Chr. Goudineau l’a souligné, le sommet des honneurs en Gaule, aussi haut soit-on déjà parvenu, était la prêtrise du Confluent qui exerçait un irrésistible attrait242. Le cursus de Victor prouve que la prêtrise était si prestigieuse qu’elle restait attractive même pour un chevalier. Les inscriptions de l’arc de Saintes placent, dans le cursus de Rufus, la prêtrise du Confluent en première place, mais ce n’est pas pour autant un cursus inverse car il est courant de placer la charge la plus honorifique en début de cursus. Par ailleurs, estimer qu’il valait la peine d’être grand prêtre, après avoir été chevalier, ne doit pas conduire à penser qu’un grand prêtre dédaignerait de rentrer dans l’ordre équestre s’il en avait l’occasion après son activité au Confluent. De plus, cette préfecture, selon les corrections d’ILA Santons 18 de la dédicace de l’amphithéâtre du Confluent, lui fut attribuée entre 15 et 19. On ne doit donc pas chercher, par principe, à placer les charges équestres en dernier pour les mettre, en dignité, au-dessus de la prêtrise du Confluent243, non plus que l’inverse. On en déduit qu’être grand prêtre au Confluent, pour les Gaulois même les plus avancés dans le processus de romanisation, valait bien en dignité et en prestige l’entrée dans l’ordre équestre.

    100Adginnius, qui n’eut pas de charge équestre, mentionne le sommet de sa carrière municipale sans que cela doive laisser penser qu’il n’eût que ces responsabilités. Omettre les charges inférieures est une pratique épigraphique banale244. Si on n’a pas de certitude sur le statut de Saintes à l’époque des deux Santons – cité pérégrine ou de droit latin –, on peut être sûr qu’Adginnius était, lui, une soixantaine d’années plus tard, dans une cité de droit latin. Cela explique qu’il obtint, comme charge la plus élevée chez les Séquanes, le duumvirat, impliquant qu’il remplit les charges précédentes du cursus municipal. Le flaminat mentionné après son duumvirat n’est pas obligatoirement, selon W. Van Andringa, le couronnement d’une carrière municipale, mais peut aussi être « un honneur suprême qui consacrait le premier des citoyens245 ». Les deux ne s’excluent pas, et on peut être sûr que, pour Adginnius, la première proposition est juste, tout comme la seconde à en juger par son élection au Confluent. Ces trois hommes ont donc sans doute suivi une carrière des honneurs locale complète, ce qui est conforme à ce que l’on connaît pour les époques antonine et sévérienne où de nombreux grands prêtres le mentionnèrent par les termes omnibus honoribus apud suos functo ou autres mots approchants et de même sens246. Dans tous ces cas, la prêtrise du Confluent est la dernière charge remplie – la préfecture des ouvriers n’en est, ici, pas une –, couronnant un cursus exceptionnel. Il est donc clair que cette charge est le plus grand honneur qu’un Gaulois puisse obtenir, le sommet d’une carrière provinciale247. Les détenteurs appartiennent donc au sommet de la société gauloise.

    Les modalités du choix

    101Le grand prêtre était élu par et parmi les délégués des cités à Condate. On ne sait cependant pas exactement comment le premier, l’Éduen C. Iulius Vercondaridubnus, fut désigné. Le terme creatus qu’emploie Tite-Live a conduit certains, dont J. Deininger et D. Fishwick, à suggérer qu’il avait été élu et non désigné par le princeps248. Comme Auguste disposait d’une structure idoine avec le concilium totius Galliae placé sous sa coupe, on peut penser que c’est là la bonne option. Cette élection par les délégués des cités pose de nombreuses questions. Les candidats se déclaraient-ils ou le choix était-il ouvert à tous ? Dans le premier cas, les candidats devaient faire campagne, sans doute avant même leur candidature officielle. Pour avoir des chances de remporter l’élection, il fallait montrer que la cité qu’on représentait avait le prestige et l’influence nécessaires à la fonction, et qu’en tant qu’individu on remplissait les conditions voulues : origine sociale, richesse, qualités personnelles249. Rappelons que ce grand prêtre représentait la Gaule Chevelue auprès des gouverneurs mais aussi des membres de la maison impériale qui, au début de notre période, furent souvent présents en Gaule250. Être riche et bien né ne suffisait pas, il fallait maîtriser la rhétorique pour savoir attirer la bienveillance des représentants de Rome et leur tenir tête si nécessaire.

    102Quant aux cités, les titres de gloire, anciens ou présents, devaient être rappelés. Les liens fraternels unissant les Éduens aux Romains pesant lourd, il n’est pas surprenant que le premier grand prêtre fût éduen. Peut-être le statut de cité fédérée ou libre était-il un avantage, et les grands prêtres connus sous les Julio-Claudiens étaient tous issus d’une cité bénéficiant d’un tel statut251, mais un échantillon si restreint n’est peut-être pas représentatif. Par ailleurs, les cités de Gaule développaient peut-être entre elles des relations selon des préférences en partie héritées de l’Indépendance, relations qui étaient un atout pour obtenir les suffrages des délégués d’une cité amie. Ceux qui assumaient des charges dans une autre cité que la leur252 ressortissent-ils de telles relations privilégiées ? Une inscription d’Avenches, ornant sans doute le monument d’un aristocrate helvète, C. Valerius Camillus, en témoigne peut-être puisqu’elle mentionne les funérailles publiques décrétées par la cité des Éduens (CIL, XIII, 5110)253. Peut-être C. Valerius Camillus, mort entre 60 et 70, avait-il rempli quelque charge chez les Éduens ? D’autres exemples sont connus à Nyon (colonia Iulia Equestris) où l’on observe des liens étroits entre ses notables et ceux de Vienne254. Des liens privilégiés existaient déjà entre ces peuples durant l’Indépendance, comme le soulignent G. Kaenel et S. Martin-Kilcher255. Les Éduens et les Helvètes, aidés des Séquanes, avaient projeté d’établir leur domination sur la totalité de la Gaule quelques années avant l’arrivée de César (BG, I, 3, 8). L’Éduen Dumnorix avait épousé une fille de l’Helvète Orgétorix et marié sa mère à un des plus puissants Bituriges (BG, I, 18, 6-7).

    103Les autres ressorts évoqués jouaient aussi : le prestige du peuple, celui du candidat et de sa famille, les ressources dont ils disposaient pour emporter les suffrages. Tous les moyens habituels des jeux d’influence étaient sans doute employés par les candidats qui bénéficiaient du soutien de leur cité et avec laquelle ils partageraient le capital prestige qu’ils retireraient de l’élection. Avant cela, il fallait être désigné par sa cité pour être de la délégation. Le conseil – sénat ou ordo – s’en occupait certainement. Là aussi des conditions préalables existaient. Il fallait être de l’élite politique ; les hommes correspondant aux critères n’étaient pas nombreux, mais cela demandait tout de même un choix. Cette désignation aussi nécessitait des campagnes des candidats auprès des membres du conseil, voire de la cité, pour accroître leur capital social. La haute société des cités devait donc être régulièrement animée de ces campagnes liées aux institutions du Confluent.

    104Les élections se déroulaient annuellement, mais les sources ne nous dévoilent que très peu de chose à propos de ces élus.

    Les grands prêtres connus sous les Julio-Claudiens

    C. Iulius Vercondaridubnus

    105Dion Cassius nous apprend que C. Iulius Vercondaridubnus fut sans doute désigné par les chefs gaulois réunis par Drusus en 12 av. n. è. Citoyen romain à une époque où cela était encore rare, il n’était cependant pas le seul à l’être dans l’assemblée. Ceux qui possédaient la citoyenneté romaine lors de la fondation au Confluent l’avaient obtenue uiritim ou descendaient directement d’un de ces hommes. Ils l’avaient eue de César ou d’Octavien/Auguste, pour services rendus durant la conquête, les guerres civiles ou dans les quelques années qui suivirent. Aussi portaient-ils tous le prénom et le gentilice C. Iulius. Les guerres civiles terminées, Auguste fut plus avare que César de cette gratification (Suétone, Aug., 40, 5-6), et on estime que beaucoup des Iulii sont des promus césariens plutôt qu’augustéens. Il ne faudrait pas croire, d’après la clémence sélective de César après Alésia (BG, VII, 89, 5) que seuls les Gaulois des grands peuples en bénéficièrent. Quelques inscriptions et monnaies montrent que les Gaulois qui reçurent la cité romaine de César et Octavien/Auguste venaient de peuples aux puissances inégales. Voici ceux dont on peut être quasi certain qu’ils étaient citoyen romain avant 12 av. n. è. :

    • G(aios) Iulios Anadgouomag (os), Aulerque Éburovice256 (fig. 3). Les terminaisons, gauloises en -os lisibles sur cette monnaie la placent au plus près de la conquête ;

    • C(aius ou -aios) Iuli (us ou -os) Teledhi (us ou – os), Bellovaque (fig. 4). Monnaie datée de la décennie qui suit la conquête257 ;

    • C. Iulius Eporedirix, Éduen, connu par deux inscriptions258. Chr. Goudineau place sa naissance vers 40 av. n. è. Il serait celui qui, dans sa lignée, aurait obtenu la citoyenneté romaine, et serait le petit-fils du vieux chef de guerre éduen Eporédorix connu par les événements de 52 av. n. è.259 ;

    • C. Iulius […], ancêtre de (Caius) Iulius Sacrovir, Éduen. Le texte de Tacite (Ann., III, 40, 1) suggère que le gain de la citoyenneté, en 21, était déjà ancien et qu’il était dû à des actes (bona facta), ce qui renvoie plutôt à la conquête ou aux guerres civiles, périodes propices aux coups d’éclat ;

    • (C. Iulius Tarros, Elusate, connu par une inscription, et placé durant les guerres civiles par R. Bedon260) ;

    • C. Iulius Camillus261, Helvète. R. Syme, suivi par D. Van Berchem, propose qu’il descende du chef Séquane Camilos262 qui, durant les guerres civiles, arrêta Iunius Brutus et le livra à Antoine263. Il serait né vers 40-30 av. n. è ;

    • (Caios) Iulios Duratios264, Picton. Il s’illustre du côté romain en défendant Lemonum (Poitiers) contre Dumnacos en 51 av. n. è. Hirtius ne mentionne que son nom gaulois, le seul qu’il devait avoir alors. L’émission prouvant son acquisition de la citoyenneté romaine fut découverte sur des camps militaires préaugustéens265. La terminaison -os gauloise confirme son ancienneté. Sans doute déjà à la tête des Pictons en 51 av. n. è., il aura été confirmé dans ses responsabilités et récompensé de sa fidélité ;

    • G(aius) Iulius Agedomopas, Santon. Ce Gaulois, citoyen romain, est attesté par un denier266 (fig. 5) et des inscriptions de Mediolanum Santonum (Saintes)267. La monnaie date de l’immédiat après-conquête268, mais n’a été découverte que dans la Nièvre et à Jersey, ce qui gêne le rapprochement de l’Agedomopas qu’elle mentionne avec celui qui est cité par l’inscription269. Cependant, on place l’Agedomopas santon durant la conquête270. Les témoignages étant contemporains, il est très probable que ce soit le même homme ;

    • C. Iulius Ricoveriugus, Santon, connu par deux inscriptions271 de Mediolanum Santonum (Saintes). La naissance de son fils étant placée en 20-10 av. n. è., il pourrait être né très peu de temps après la conquête, juste avant la mort de César ou peu après272. Il peut être celui qui gagna la citoyenneté par un don d’Auguste, ou bien son père l’aura obtenue durant la conquête ou les guerres civiles ;

    • Q. Iulius Togirix, Séquane, connu par d’abondantes monnaies273 émises entre l’immédiat après-conquête et le tout début de l’ère augustéenne. Il combattit aux côtés de l’armée romaine à la tête d’une aile de cavaliers « auxiliaires », sans doute avec un grade informel de préfet274. RIG, IV place le denier aux tria nomina après 45 av. n. è.275, mais ce n’est pas sûr, et il put obtenir cette citoyenneté avant Alésia, selon le cas d’un autre Séquane, Q. Iulius Doci (?)276. Gaulois contemporain de la conquête, son prénom implique qu’il obtint la citoyenneté d’un autre membre de la gens Iulia que César. Or, il n’y a pas de Quintus dans la famille de César277. Il n’est cependant pas le seul Gaulois avec ce prénom, puisqu’il y a un Éduen nommé Q. Vot (?)278 et surtout un autre Séquane, Q. Iulius Doci (?). Togirix, qui reçut la citoyenneté de César, prit donc le prénom d’un autre homme, sans doute pour le remercier de l’avoir recommandé au proconsul279. Cet intermédiaire doit être issu des cadres militaires présents en Gaule, mais on ne trouve pas, dans le Bellum Gallicum, de Romain prénommé Quintus280 ayant des relations privilégiées avec les Séquanes. On peut supposer que cet hommage à celui qui fit office de patron s’explique par l’envergure du personnage. C’est pourquoi nous proposons le frère de Cicéron, Quintus281 ;

    • C. Iulius […], ancêtre de (Caius) Iulius Florus, Trévire – voir C. Iulius Sacrovir ;

    • C(aius) Iulius […], Tricasse, père de T. Iulius Couribocalus (AE, 1953, 56), connu par une inscription découverte à Rome. R. Bedon, sur des critères onomastiques, place ce dernier durant les guerres civiles282. Son père serait alors contemporain de la conquête et aurait obtenu la citoyenneté de César. W. Van Andringa, S. Demougin et Y. Burnand placent Couribocalus entre Tibère et Caligula283, ce qui paraît préférable et l’exclurait de cet inventaire.

    106Si on utilise, pour mesurer la puissance de ces peuples, les contingents de l’armée de secours en 52 av. n. è., on voit que les Aulerques Éburovices, avec une troupe modeste de trois mille hommes, et qui ne furent pas épargnés après la défaite, virent pourtant la promotion de quelques-uns d’entre eux, alors même qu’ils étaient à nouveau en campagne contre Rome en 51 av. n. è. (BG, VIII, 7, 3). La politique de promotion suivie, par César surtout, avait donc deux volets : récompenser les peuples ou les individus fidèles284, mais aussi ceux qui, fidèles de la première heure ou ralliés de la dernière, permettraient de contrôler des peuples hostiles.

    107On peut cependant se demander si l’aristocratie politique formant les assemblées réunies par César et ses successeurs, jusqu’à celle convoquée par Drusus, ne comprenait que des Iulii. En effet, quelques décennies plus tard, certains dirigeants de cité sont toujours dépourvus de la citoyenneté romaine285, preuve que les Iulii ne monopolisaient pas tous les postes de pouvoir. Mais les contextes en 12 av. n. è., et sous les principats de Tibère et de ses successeurs, diffèrent. En 12 av. n. è., la Gaule n’est pas encore stabilisée, et l’on sort d’une période de troubles et de déchirements. Aussi les dirigeants gaulois furent-ils surveillés et contrôlés plus étroitement durant cette période qu’à la suivante. La Gaule était alors également sous surveillance militaire286. Il y a donc fort à parier que, dans les décennies suivant la conquête, Rome dut se reposer d’abord sur des alliés inconditionnels, donc majoritairement ces Iulii fraîchement nommés. Une fois l’assemblée de Gaule revêtue de formes romaines au Confluent, être citoyen romain pour y participer était peut-être devenu la règle, ce qui garantissait une assemblée docile.

    108Vercondaridubnus, quant à lui, était sans aucun doute de la haute noblesse éduenne. Étant donné les relations entre Rome et les Éduens, on peut affirmer qu’il n’était pas le seul Iulius éduen, ni le seul fervent soutien de la puissance romaine. Les Gaulois, et les Romains peut-être plus encore, étaient très sensibles au prestige social, et concevaient l’individu comme partie d’une lignée familiale qui le définissait et le dépassait. On conçoit donc que les représentants des peuples gaulois aient cherché à réunir toutes les qualités sur le chef de leur premier représentant auprès de l’empereur, pour faire de celui qui inaugurerait l’autel dédié au culte de Rome et d’Auguste le représentant le plus digne et prestigieux de la Gaule. Il fut donc éduen, d’un vénérable peuple de Celtique, frère de sang et très ancien allié du peuple romain, un C. Iulius, désigné parmi les siens comme particulièrement méritant par César ou Octavien/ Auguste, et sans aucun doute issu de la plus haute noblesse éduenne.

    C. Iulius Rufus et C. Iulius Victor

    109Afin d’éviter les répétitions, ces deux personnages seront traités ensemble. Contemporains, de la même famille et de la même cité, ils présentent de grandes similitudes dans leur cursus et leur action en tant que grands prêtres.

    110Leurs cursus ont déjà été examinés et nous ne rappellerons que les conclusions. Ils ont certainement suivi un cursus municipal complet ou, au moins, rempli les charges les plus élevées. Ils furent tous deux chevaliers par obtention du titre de préfet des ouvriers qui n’implique pas nécessairement d’avoir rempli l’office correspondant287, et qui leur fut conféré par le gouverneur d’Aquitaine ou l’empereur. Les chevaliers gaulois étant alors très rares, leur statut social était exceptionnel. S. Demougin n’en compte aucun en Gaule Chevelue avant eux, et un seul de plus sous Tibère, un Trévire bien connu : Iulius Indus288. Évidemment, il y en eut d’autres, comme ce Tricasse mort à Rome, C. Iulius Couribocalus (AE, 1953, 56), que S. Demougin place, sans certitude, sous Tibère ou Caligula289. Mais quand bien même on multiplierait ce décompte par dix, cela ne ferait qu’une poignée. La famille de Rufus et Victor était une des premières de Gaule, puisqu’elle pouvait s’enorgueillir d’avoir eu, en quelques années seulement, deux chevaliers et deux grands prêtres. Les inscriptions de Saintes290 permettent de tracer le stemma familial291 et de mesurer son prestige :

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    Stemma descendant d’Epotsorovidios

    111Epotsorovidios, arrière-grand-père des deux grands prêtres, est le plus ancien membre connu de cette famille. Son nom gaulois – latinisé sur l’inscription – fait de lui un pérégrin ce qui est normal puisqu’il serait né vers 100 av. J.-C292. N’ayant pas la citoyenneté romaine, on en déduit soit qu’il était déjà mort lors de la conquête ou qu’il mourut pendant ou peu après, soit qu’il ne fit rien lui permettant de l’obtenir. Il devait être puissant et considéré puisque son arrière-petit-fils C. Iulius Rufus tint à le mentionner sur l’inscription de l’arc qui l’exalte, lui et sa famille – exposant quatre générations là où on en trouve généralement trois – et fait débuter le stemma familial293 avec lui. On ignore son statut, mais son importance fut certainement un facteur de l’ascension de son fils, Agedomopas, qui obtint la citoyenneté romaine.

    112Né sans doute vers 75-70 av. n. è.294, Agedomopas aurait eu une vingtaine d’années lors de la conquête, une quarantaine à la fin des guerres civiles. Une monnaie frappée au nom de Gai (us) Iul (ius) Agedomapatis / Gaios Agedomapatis entre 52 et 44 av. n. è.295 (fig. 5) assure que César lui donna la cité romaine uiritim. En raison de son âge, nous pensons qu’il s’illustra au combat plutôt qu’à la tête des Santons.

    113Nés vers 40-45296, peu après que leur père eut été promu, C. Iulius Catuaneunius et C. Iulius Congonnetodubnus sont les premiers à naître citoyens romains. Pourtant, l’empreinte de Rome sur la Gaule est encore légère, et leurs surnoms sont gaulois. Leur père, qui naquit pérégrin et vécut vingt ou trente ans sous son seul nom gaulois, n’eut pas l’envie de supprimer le gaulois de l’onomastique de ses fils. Ces derniers, très jeunes durant les guerres civiles, avaient environ trente ans quand fut fondé l’autel du Confluent, ce qui rend possible la présence d’un des deux au moins à la réunion qui fut convoquée par Drusus dans ce but.

    114C. Iulius Rufus et C. Iulius Victor, nés vers 15-10 av. n. è.297, sont les premiers dont l’onomastique est entièrement latine. Issus d’une famille à l’histoire séculaire et d’un immense prestige, on s’attendrait à ce que leurs cognomina en portent la trace, mais il n’en est rien. Ceux-ci sont très fréquents en Gaule, en particulier Rufus. Ainsi, le sentiment d’appartenance au monde romain était assez fort chez leurs pères pour que tous deux, les premiers, ils enlèvent toute référence linguistique gauloise de la dénomination de leur fils. L’intégration réussie, dans cette famille, des critères sociaux romains par une onomastique italienne se parfait par l’accession, déjà mentionnée, à l’ordre équestre.

    115Pour ce qui est des cursus de Rufus et de Victor, nous souscrivons à la reconstitution de L. Maurin dans ILA Santons298, surtout parce qu’elle permet d’expliquer leur acquisition de la préfecture des ouvriers. Nous n’ajoutons donc que peu de chose à ILA Santons 7, 8, 18, dont nous rappelons les points importants.

    116La dédicace de l’amphithéâtre du Confluent donne le nom de l’évergète principal : C. Iulius Rufus, grand prêtre du culte impérial, aussi connu par l’arc de Saintes. L’évergésie daterait de l’année de sa prêtrise au Confluent ou de très peu de temps après299. Fecerunt indique qu’il n’était pas seul à avoir payé cette construction. La taille du vide que porte l’inscription, et les termes encore visibles ou restituables qui renvoyaient à la sphère familiale, ont conduit à diverses propositions300, dont celle de L. Maurin (ILA Santons 18) qui propose de restituer le nom de C. Iulius Victor, le cousin de Rufus. Rufus, plus âgé et plus avancé dans sa carrière, tiendrait ici un rôle de mentor pour son jeune cousin en lui permettant de s’illustrer à ses côtés301 et, finalement, d’assumer à son tour la responsabilité d’illustrer la famille. C’est une proposition envisageable – Rufus n’ayant aucune descendance connue – mais qui n’est pas certaine.

    117Avec la construction de l’amphithéâtre, évergésie exceptionnelle, C. Iulius Rufus poursuivait plusieurs buts. Fidèle à sa fonction, il honorait l’empereur et mettait en avant une Gaule loyale et dynamique. Il valorisait sa cité, sa propre personne et sa famille en s’associant à son cousin. Il promouvait aussi l’action de l’assemblée, puisque l’amphithéâtre donnerait plus d’éclat aux jeux offerts par le sacerdos, et qu’on y recevrait les délégués des cités. De plus, ce cadre grandiose montrait la considération portée aux institutions du Confluent et le contentement à être gouverné par l’empereur. Un empereur connaissant bien la Gaule pour y avoir longtemps séjourné, et qui était le frère du fondateur de l’autel du Confluent, Drusus, dont le cénotaphe recevait l’hommage annuel des cités de Gaule (Suétone, Claud., I, 3). En récompense pour cette dépense exceptionnelle, Rufus et Victor reçurent, du gouverneur d’Aquitaine ou de l’empereur, la préfecture des ouvriers qui leur ouvrait les portes de l’ordre équestre et de l’élite de la société romaine. Cela se passait avant 18-19 puisque, sur les inscriptions de l’arc de Saintes dédié à Tibère entre le 1er janvier 18 et octobre 19302, C. Iulius Rufus place sa préfecture des ouvriers après sa prêtrise au Confluent. De Rufus on ne sait rien après cela.

    118Revenons à Victor qui, en 19, est chevalier romain grâce à la préfecture des ouvriers, et suivons l’inscription funéraire que son fils a fait poser sur le mausolée paternel. Victor effectue après cette date une milice équestre, le tribunat militaire de la 1re cohorte des Belges – le nom de la cohorte est restitué. Or, si l’on accepte la restitution de ILA Santons concernant l’amphithéâtre du Confluent, Victor aurait été, en 19, préfet des ouvriers depuis quatre ou cinq ans au mieux, peut-être moins, puisque l’érection de l’amphithéâtre est faite « Pour le Salut de Tibère César Auguste303 », dont l’avènement date de 14. Le commandement militaire de Victor étant postérieur à sa préfecture des ouvriers, il est possible que cette dernière ne soit pas qu’une distinction honorifique comme l’était celle de Rufus304, et qu’il ait effectué un service auprès d’un magistrat. A. Grenier et J. Drinkwater y voient le marchepied vers son commandement de cohorte305, ce qui est d’autant plus possible que Victor effectua un tribunat militaire, poste auquel un gouverneur pouvait nommer des hommes de son choix – bien que ce ne soit pas ici un tribunat de légion mais de troupes auxiliaires306. Ce tribunat militaire commença, suivant ce que l’on pense de sa préfecture des ouvriers, entre 16 environ et 19, et dura de trois à cinq ans307. D’après A. Grenier, C. Iulius Victor commanda son unité stationnée en Germanie308, la 1re cohorte des Belges, sous les ordres de Germanicus. Or en 21, quand Victor avait toutes chances d’être en poste, la Gaule connut de graves troubles nécessitant l’intervention de troupes de la zone rhénane (Tacite, Ann., III, 41, 2 ; 46, 1). Il y a donc de bonnes chances que Victor intervînt pour rétablir l’ordre ou le maintenir.

    119Finalement, Victor fut élu grand prêtre au Confluent. Cette prêtrise est postérieure à celle, postulée, de l’Éduen Sacrovir. C’est Victor aussi sans doute qui, entre 23 et 33, fit dresser une statue en l’honneur de Tibère, avec sur le piédestal une inscription partiellement conservée mais qui ne permet pas de savoir s’il est déjà grand prêtre. Son fils, nommé aussi C. Iulius Victor, après ou avant avoir fait construire le mausolée de son père entre 30 et 50, paye en 49 une statue de Claude qu’il fait dresser sur le forum de Saintes, et qu’il orne d’une inscription en l’honneur de l’empereur (CIL, XIII, 1037 = ILA Santons, 9). Il s’agit sans doute d’un hommage à celui qui, l’année précédente, avait défendu la cause des grands de Gaule devant les sénateurs.

    120On trouve donc, chez Rufus et Victor, un parfait équilibre entre, d’un côté, la fierté de leurs origines gauloises remontant à l’Indépendance, de leur appartenance à la plus haute noblesse de la cité des Santons et, en même temps, une parfaite et profonde implication dans l’ordre romain qui se mettait alors en place en Gaule. Le fils de Victor maintint la tradition familiale, mais on ne sait si la famille parvint, elle, à se maintenir longtemps.

    Iulius Sacrovir

    121Iulius Sacrovir n’est pas mis au nombre des grands prêtres au Confluent. Qu’il l’ait été semble pourtant plus que probable, tant il est au premier plan de la révolte de 21309. Tacite est celui qui, dans les Annales, fait le récit le plus circonstancié, et en dit le plus sur lui (Ann., III, 40, 1-3). Sacrovir, noble éduen, a la citoyenneté romaine par un de ses aïeux qui l’obtint uiritim de César ou d’Auguste. Cet aïeul était donc un C. Iulius, et sans doute en était-il de même pour Sacrovir, bien que cela ne soit pas certain310. Provenant du même vivier que Vercondaridubnus, il pourrait être son descendant. Quant à son action, il met en avant, pour persuader ses concitoyens d’agir, les exactions dont serait à même de s’occuper l’assemblée de la Gaule, et nous avons émis l’hypothèse qu’elle se prononça sur la politique fiscale menée par les gouverneurs311. D’après Tacite, la révolte fut loin d’être généralisée en Gaule312 mais l’intention de Sacrovir et de Florus était bien qu’elle le fût. C’est d’ailleurs bien ainsi, selon Tacite, qu’elle fut perçue à Rome (Ann., III, 41, 1 ; 44, 1). L’émotion populaire et l’effet amplificateur de la rumeur sont sans doute des facteurs explicatifs de cette exagération, mais peut-être ne sont-ils pas les seuls. L’espoir de lever la Gaule entière contre les excès de l’administration romaine, et la lecture en ce sens qui est faite à Rome, trouvent sans doute leur explication dans un passage de Velleius Paterculus.

    122Pourtant cet auteur, le seul qui, avec Tacite et avant lui, écrivit sur les événements de 21, n’est pas utilisé pour les analyser. Sans doute est-ce parce qu’il est tenu pour avoir produit un panégyrique de Tibère plutôt qu’une œuvre historique313. La comparaison avec Tacite lui serait souvent désavantageuse, pourtant, ses renseignements sur la Gaule et les Germanies sont généralement fiables, souvent plus que ceux d’auteurs plus tardifs314. En effet, on n’insiste pas assez sur une des qualités premières, aussi trop souvent sous-estimée chez César, qui donne à son témoignage un prix inestimable : il est contemporain, souvent témoin direct, des événements sur lesquels il écrit315. Chevalier issu d’une grande famille du milieu municipal campanien316, Velleius Paterculus a effectué une carrière militaire au service du princeps. Il a servi neuf années, de 4 à 13, aux côtés de Tibère, dont sept durant les campagnes de Germanies – en 4-6 et 10-13 – alors que ce dernier n’était pas encore empereur (Velleius Paterculus, II, 104, 3). Il eut donc de nombreux contacts avec les Gaulois de l’armée du Rhin, d’autant plus qu’il était officier de cavalerie, arme surtout composée d’auxiliaires gaulois. Il ne put manquer de connaître les officiers gaulois souvent à la tête d’ailes de leurs compatriotes, voire de leurs concitoyens, tels Iulius Indus qui apparaît dans le récit de Tacite317. Il n’est, de plus, pas exclu qu’il ait visité les provinces gauloises318. On peut donc dire que, sur la Gaule et les Germanie, il connaît parfaitement son sujet, et l’on peut considérer son témoignage sur les événements de 21 comme du plus haut intérêt. Le voici :

    Combien terrible était la guerre allumée par le prince des Gaule (principe Galliarum), Sacrovir, et par Iulius Florus, qu’il réprima avec une rapidité et une efficacité remarquables, au point que le peuple romain apprit qu’il était vainqueur avant de savoir qu’il était en guerre et que la nouvelle de la victoire précéda celle du péril ! (Velleius Paterculus, II, 129, 3).

    123Le terme princeps Galliarum désignant Iulius Sacrovir est remarquable et mérite d’être expliqué. Il ne s’agit pas ici de rappeler que Sacrovir appartient aux principes Galliarum, puisqu’alors son complice, Florus, dont on sait par Tacite qu’il était d’extraction tout aussi prestigieuse et de grand pouvoir également, devrait lui aussi être cité. Or, ce terme s’applique à Sacrovir seul. À supposer qu’il fût immensément riche, dirigeant de sa cité, et au centre d’un exceptionnel réseau de clientèle et de relations, il n’était pour autant pas le seul dans ce cas. En fait, on ne voit pas ce qui justifierait d’en faire le premier personnage des Gaules, de le singulariser vis-à-vis de tous les autres nobles et potentats gaulois, si ce n’est qu’il fût le premier par un prestige hors norme et particulier. Or, il n’y a que le grand prêtre du Confluent qui puisse correspondre à ces termes de princeps Galliarum et qui fournisse une explication cohérente avec les événements. Que Velleius Paterculus ait employé ces termes en ayant cela en tête est d’autant plus probable qu’il connaissait forcément le concilium gaulois, et qu’il était en Germanie huit ans seulement avant les événements. On peut penser même qu’il connut Iulius Sacrovir, au moins de réputation, si ce n’est personnellement si ce dernier avait, comme C. Iulius Victor peu après lui, rempli une charge du cursus militaire équestre avant sa prêtrise du Confluent. Cela est encore plus probable pour les Trévires Iulius Florus et Iulius Indus, dont la cité fournissait de nombreux combattants aux armées du Rhin et dont nous avons vu que, le second au moins, était un cadre de l’armée romaine.

    124Dans ce cas on comprendrait que, malgré le petit nombre de cités en révolte ouverte, la rumeur persistante d’un soulèvement général des Gaules enflât. Cela pourrait aussi en partie expliquer la première réaction de Tibère qui, quand on lui apprit la traîtrise de Sacrovir n’en voulut rien croire (Tacite, Ann., III, 41, 3). Car lui, plus que Velleius Paterculus encore et pour les mêmes raisons, avait de bonnes chances d’avoir entendu parler de Sacrovir durant ses multiples commandements en Germanie, ou même de l’avoir rencontré.

    Q. Adginnius Martinus

    125Les quatre grands prêtres précédents sont des Iulii, ce en quoi Q. Adginnius Martinus présente un changement. On ignore, vu le peu de grands prêtres connus, s’il n’y eut que des Iulii jusqu’à – ou à peu près jusqu’à – Martinus, et s’il représente en ce domaine une ère nouvelle. Par ailleurs, les grands prêtres précédents viennent de cités réputées pour être les plus puissantes de leur province : les Éduens en Lyonnaise, les Santons en Aquitaine – dont on soupçonne que leur chef-lieu, Mediolanum Santonum (Saintes), fut capitale provinciale jusqu’au iie siècle319. On attendrait aussi les Rèmes, mais cela reste pour l’heure pure expectative. Notre homme représente donc sur ces deux plans, pour ce qu’on peut en juger, un changement.

    126Citoyen romain, il ne porte pas le gentilice Iulius, celui par excellence de la noblesse gauloise, qui marque d’éminents services rendus au fondateur de la lignée impériale ou bien à celui du principat. Son gentilice, Adginnius, d’origine gauloise320 et typique d’une cité de droit latin, date de son père au moins, peut-être plus tôt encore. Les pérégrins magistrats dans une telle cité obtenaient la citoyenneté romaine une fois sortis de charge, et portaient dès lors les tria nomina. L’anthroponymie gauloise indigène était composée ainsi : untel fils d’untel, le patronyme étant exprimé par un génitif du nom du père321 ou par un des suffixes -aco, -cno, -eo, ou -io322. Il n’y avait donc aucun gentilice à proprement parler, et il fallait en bâtir un. Lors de l’obtention viritane de la citoyenneté, ou lors d’un affranchissement, on prenait celui de son bienfaiteur, ce qui explique qu’il y ait tant de Iulii en Gaule. Lors de l’obtention de la citoyenneté par le droit latin il était habituel de forger un gentilice selon son choix323, soit à partir d’un nom italien existant, soit, le plus souvent, à partir de l’anthroponyme du père. On relève donc en Gaule quantités de gentilices en - ius, dont beaucoup viennent d’un anthroponyme pérégrin paternel – parfois à partir du surnom paternel, ce qui s’accompagne alors d’un changement de gentilice d’une génération à l’autre324. Ce phénomène, longtemps décrit comme typique des régions celtes, est en fait relié au droit latin325. Selon toute vraisemblance c’est ici le cas puisque le gentilice est un nom gaulois latinisé en -ius, et qu’il a été transmis intact entre les générations. Adginnius eut donc un ancêtre magistrat municipal dont le père se nommait Adginnus326. Le surnom romain de cet ancêtre devant être son ancien nom pérégrin et le père de Q. Adginnius Martinus se nommant Adginnius Urbicus, il n’est pas celui que nous cherchons puisque urbicus est un mot latin. Il n’est pas exclu que Urbicus soit un nom d’assonance327, mais l’hypothèse est fragile328. Il s’agit par ailleurs de la seule occurrence de ce nom chez les Séquanes. Quoi qu’il en soit, celui qui obtint ainsi la citoyenneté romaine ne put le faire avant que les Séquanes aient le droit latin, soit au plus tôt sous Claude. L’époque des Flaviens ne convient pas puisque le cursus municipal de C. Adginnius Martinus s’est déroulé en partie au moins sous les Julio-Claudiens.

    127Il s’agit donc d’un homme qui, conformément à la règle pour être élu grand prêtre au Confluent, est citoyen romain mais qui, contrairement à ses prédécesseurs, n’est pas issu de cette sorte de « noblesse d’épée » que sont les Iulii. Sa citoyenneté romaine n’a pas l’ancienneté de celle de ses prédécesseurs, et ses titres de gloire sont d’avoir réalisé un beau cursus municipal et d’avoir reçu le flaminat, signe qu’il était considéré comme un des premiers citoyens séquanes, si ce n’est le premier. Sa famille sans doute frayait dans les plus hautes sphères de la société séquane depuis deux ou trois générations. Il semble que, dans une Gaule maintenant largement – mais diversement – touchée par la romanisation, qui ne met plus en question son appartenance au monde romain, il soit porté moins d’attention aux signes rattachant les individus à un acte de ralliement précoce, ce que manifestait le gentilice julien. Il n’y a en revanche aucune raison de penser que nous assistons, comme J. Drinkwater le pensait, à la chute des Iulii à partir des Flaviens à la suite des événements de 68-70.

    Conclusion

    128De tout cela il ressort que César et ses successeurs eurent, sur certains points, une approche résolument pragmatique dans l’établissement de la domination romaine en Gaule. Dès la conquête, César s’est appuyé sur les structures ou éléments politiques locaux susceptibles de lui faciliter la tâche. Il y a ainsi de bonnes raisons de penser que le concilium Galliae était à l’origine une assemblée gauloise, équivalent pour la Celtique de ce que le commune concilium Belgarum était à la Belgique, ou le concilium totius Galliae à la Gaule entière. De la même manière, une fois la conquête achevée, le concilium totius Galliae fut réutilisé par les premiers gouverneurs de Gaule Chevelue pour obtenir l’assentiment de l’aristocratie gauloise ainsi que la fourniture de troupes auxiliaires. Les réunions des chefs des peuples de Gaule perdurèrent donc, en réponse à une demande qui présentait une continuité certaine avec ce que l’on connaît de l’assemblée de l’époque précédente. Dans ces deux assemblées, les membres devaient accepter la puissance hégémonique dans l’espace gaulois, de fournir des troupes, et sans doute la levée d’un tribut.

    129Le principatus totius Galliae subit en revanche une profonde métamorphose par un phénomène de dédoublement. L’hégémonie, une fois la conquête réalisée, ne pouvait être que romaine, et c’est donc son plus haut représentant qui en hérita. Mais on peut également lui trouver un héritier partiel dans le grand prêtre du culte du Confluent fondé à la fin du ier siècle av. n. è. La présidence de l’assemblée du Confluent concrétise en effet pour celui qui l’obtient, ainsi que pour son peuple, une primauté sur les autres peuples de Gaule. Comme l’ancien principatus précédemment, cette prêtrise fournissait un exutoire aux ambitions politiques des peuples gaulois et de leurs grands aristocrates, tant le culte du Confluent avait plus à voir avec la politique qu’avec la religion. Les quelques grands prêtres connus sous les Julio-Claudiens montrent bien que cet honos était, en Gaule, ce qu’il y avait de plus prestigieux et de plus désirable, plus encore que l’accès à l’ordre équestre. Cependant, la soumission à l’autorité supérieure du princeps, que les institutions du Confluent étaient précisément chargées de manifester, établissait une différence notable avec l’ancien principatus totius Galliae en ce qu’il plaçait cette suprématie dans des mains romaines. Cependant d’autres aspects du processus permirent dans l’esprit des Gaulois d’établir, là aussi, une certaine continuité entre les deux époques. Ainsi la figure du princeps reprit à son compte une grande partie des fonctions des structures politique de l’époque de l’Indépendance, en particulier celle d’établir la paix. L’empereur prenait la suite du grand druide et de son assemblée, au moins dans certaines de ses attributions. En tant que chef de guerre ultime, Auguste pouvait être perçu également comme l’héritier du principatus totius Galliae. Auguste pouvait donc compter sur ce capital de confiance et de soumission qui lui venait de l’époque précédente et qui permettait de tisser un lien particulier entre les Gaulois et l’empereur et, par-delà entre les Gaulois et les Julio-Claudiens. Sans doute cela s’évanouit-il progressivement, les Gaulois ne percevant plus au fil des générations cet héritage protohistorique. Et sans doute l’avènement de la dynastie des Flaviens mit-il un terme à tout cela.

    130Par ailleurs, César conserva à la Gaule protohistorique son intégrité en en faisant une province unique, celle de Gaule Chevelue. Sans doute le fit-il par manque de temps et par recherche d’efficacité à court terme, mais aussi parce que la Gaule Chevelue était un espace cohérent et qu’il existait déjà des outils permettant son contrôle et son fonctionnement. Pour les mêmes raisons, certainement, les triumvirs ne changèrent rien à la situation. Au contraire même, puisqu’en 42 ils rattachèrent la Narbonnaise à la Gaule Chevelue. Ainsi, au lendemain de la conquête, les peuples de Gaule purent avoir la sensation que l’appréhension de la Gaule n’avait pas changé : certes vaincue et sous domination romaine, mais existant toujours. Ce sentiment allait pouvoir perdurer dans de nouvelles formes une fois l’ordre rétabli à la tête de l’empire. Il fallut attendre quelques années après la fin des guerres civiles pour que la Gaule Chevelue soit découpée en plusieurs provinces. En 27, la Transalpine est à nouveau individualisée sous le nom de Narbonnaise, puis elle est rendue au Sénat en 22. C’est vraisemblablement en 16-13 qu’Auguste réalise l’organisation administrative de la Gaule en créant les trois provinces d’Aquitaine, de Lyonnaise et de Belgique. Pourtant, et la chose est singulière, la Gaule Chevelue survécut à cet apparent démembrement, puisque le gouvernement de l’ensemble fut confié, en continuité avec la pratique établie depuis la conquête et jusqu’en 17 au moins, à une seule personne, issue de la famille impériale. Cet espace forme aussi la base territoriale du culte impérial. Une telle approche, fédérale, constitue une singularité tout à fait remarquable dans le monde provincial romain. Il est même possible que le culte impérial au Confluent ait, de manière plus précise encore, reposé sur l’ancienne Gaule protohistorique si l’on accepte l’idée que les cités d’Aquitaine, qui étaient exclues du concilium totius Galliae, aient disposé d’infrastructures cultuelles propres à Saint-Bertrand-de-Comminges. Si la Gaule Chevelue disparaît donc en tant que province, elle perdure en tant qu’espace administratif – gouvernorat et culte impérial –, espace politique serait-on tenté de dire, si ce mot n’outrepassait pas dorénavant sa définition par le pouvoir romain.

    131La création de l’autel et de l’assemblée à Condate en 12 av. n. è. n’est d’ailleurs sans doute pas, comme on le lit souvent, conjoncturelle, consubstantiellement liée aux opérations de recensement et aux campagnes germaniques lancées la même année. Il s’agirait bien plutôt d’un élément faisant partie intégrante de la réforme administrative de la Gaule réalisée par Auguste en 16-13 av. J.-C, un élément prévu et non pas « improvisé » sous la menace d’un soulèvement gaulois. Les institutions du Confluent proprement dites étaient, chronologiquement, les premières d’Occident. Elles empruntaient sans doute des traits aussi bien à ce qui avait déjà été créé par Rome en matière de culte impérial en Orient qu’aux pratiques politiques communes des Gaulois, concilium totius Galliae et principatus totius Galliae dont l’usage avait été prolongé par Rome. Auguste ne fut sans doute pas le seul à percevoir la convergence entre les deux modèles, ainsi que tout ce que cela présentait comme garantie de succès pour les fondations du Confluent. L’empereur pouvait ainsi disposer d’un outil qui corresponde aussi bien aux exigences romaines que gauloises, et s’assurer que les institutions du Confluent soient bien reçues par les Gaulois tout en permettant qu’elles soient un outil de consolidation du consensus autour de sa personne et du nouvel ordre romain. Certainement, Gaulois et Romains posaient un regard sensiblement différent sur ces institutions, les premiers percevant de manière plus forte les antécédents issus de l’Indépendance, tandis que les seconds voyaient surtout la prolongation d’une pratique établie par César et les éléments qui provenaient de leur volonté. Ces institutions bénéficiaient donc d’une double perception, chacune s’adaptant aux attentes des parties en présence.

    132Les délégués gaulois devaient ainsi être sensibles à la dimension ethnique des institutions du Confluent : ne se réunissaient là que les représentants des peuples autrefois membres du concilium totius Galliae, sans considération de leur province de rattachement, et aucun changement ultérieur ne vint modifier cela. Quant au calendrier du culte du Confluent, même si la possibilité d’anciennes fêtes préromaines implantées à Lugdunum existe, cela reste hypothétique. En revanche, la coïncidence avec des dates importantes pour le princeps est évidente. Là encore, on peut penser que nous sommes en présence d’une réalité à deux visages, entremêlant des motifs gaulois et romains, où chacun pouvait y trouver son compte.

    133On comprend alors que les délégués gaulois aient perçu et conçu pour l’assemblée du Confluent une possible dimension politique. D’autant plus que le pouvoir romain lui donnait, comme à toutes les assemblées provinciales, des attributions en matière d’administration provinciale, en particulier la possibilité d’adresser des éloges ou d’émettre des critiques envers les gouverneurs sortants, et de poursuivre les plus indélicats en justice. De plus, l’assemblée pouvait faire entendre sa voix auprès de l’empereur, ce qui pouvait persuader les Gaulois qu’il était possible de tisser un dialogue avec lui. Quelques grands moments de l’histoire des provinces gauloises sous les Julio-Claudiens témoignent de cette dimension politique de l’assemblée.

    134Il est en effet probable que, durant la crise de 21, l’assemblée ait joué un rôle d’expression du mécontentement des cités gauloises en blâmant les gouverneurs chargés d’appliquer une politique fiscale trop lourde. L’échec de ces plaintes auprès de l’empereur détermina sans doute le passage à l’action des Gaulois. L’Éduen Iulius Sacrovir serait, selon toute vraisemblance, le grand prêtre des Gaules et nous aurions dans ce cas un grand prêtre ouvertement dressé contre l’autorité de l’empereur. C’est aussi cette assemblée qui demanda à Claude en 48 le ius honorum pour les Gaulois citoyens romains, ou qui adressa à Néron une ironique missive de soutien après la mort de sa mère. C’est elle, encore une fois, qui apporta son soutien à la révolte de Vindex qui aboutit au renversement de Néron et à celui de la dynastie ju io-claudienne. C’est encore elle, selon toute vraisemblance, qui se réunit en 70, et non un concilium totius Galliae dont on a dit qu’il avait déjà été assimilé par l’assemblée du Confluent.

    135En définitive, les points de convergence entre les institutions communes de l’Indépendance et celles mises en place au Confluent permirent certainement, dans l’esprit des Gaulois, d’établir une certaine continuité entre les deux époques, et de rendre plus acceptables les formes prises par la domination romaine.

    Notes de bas de page

    1 Liste chez Pline (NH, IV, 106-109).

    2 France 2001b, p. 364-368 pointe ce lieu commun remontant à Fustel de Coulanges (Fustel de Coulanges 1891, p. 78-79). Il faut considérer que quatorze peuples, parmi les plus riches, étaient exemptés, et qu’il fut rapidement augmenté. Pour l’époque de Tibère, Velleius Paterculus prétend (avec exagération sans doute) que les versements gaulois constituaient la moitié du tribut perçu par Rome (Béranger 2009, p. 196 ; Velleius Paterculus, II, 39, 1).

    3 BG, VIII, 49, 3 : « récompensant très largement les chefs (principes) [Constans = les principaux citoyens] » (trad. modifiée).

    4 Dion Cassius, XLVIII, 1, 3.

    5 Tableau des gouverneurs en Gaule jusqu’en 16-15 av. n. è. dans Wightman 1974, p. 474-475.

    6 Cicéron, Fam., VI, 6 ; Tite-Live, Per., 114 ; Appien, BC, II, 48 ; 2, 111.

    7 Cicéron, Att., XII, 37 ; XIV, 9.

    8 Cicéron, Fam., 10, 1-26 ; Phil., 3, 38 ; Appien, BC, III, 36. ; Dion Cassius, LXVI, 29, 6. Goudineau 1998c, p. 233.

    9 Dion Cassius, XLVI, 55, 4 ; Appien, BC, IV, 2, 7.

    10 Dion Cassius, XLVIII, 28, 4.

    11 Tite-Live, Per., 127 ; Suétone, Aug., 66, 2 ; Appien, BC, V, 66 ; Dion Cassius, XLVIII, 33, 1.

    12 Strabon, Géogr., IV, 6, 11 ; Appien, BC, V, 75, 92 ; Dion Cassius, XLVIII, 33, 1.

    13 Tite-Live, Per., 134 ; Dion Cassius, LIII, 22, 5.

    14 Dion Cassius, LIV, 4, 1-2.

    15 Voir p. 114.

    16 Goudineau 1998d propose, à partir de Strabon, un premier découpage sous Auguste, redéfini sous Tibère. L’idée, intéressante, n’est pas acceptée par tous. Selon cette idée, Hiernard 2003 pense que l’Aquitaine aurait porté – peut-être jusqu’en 15 ap. n. è. – le nom de Gallia Aremorica.

    17 Harmand 1960, p. 116.

    18 Bedon 1999, p. 72, émet l’hypothèse que, jusqu’à Tibère, la Gaule Chevelue ait perduré en tant que province, et que l’Aquitaine, la Belgique et la Lyonnaise aient été des sortes de districts plutôt que des provinces.

    19 Jullian 1920-1926, IV, p. 93, 436 voit dans ces deux épisodes une réminiscence des pratiques césariennes de la conquête.

    20 C’est ainsi que les choses ont été comprises : Desjardins 1876-1893, III, p. 196 ; Fishwick 1987- 2005, I, 1, p. 100.

    21 Voir par exemple dans la série récente des colloques tenus à Bibracte, Paunier (dir.) 2006.

    22 Desjardins 1876-1893, III, p. 196-197.

    23 Guiraud 1887.

    24 Arbois de Jubainville 1884, p. 5-6, suivi par Hirschfeld 1913, p. 129-131. Dernièrement Le Bohec 2008, p. 34. Sur les fêtes celtiques insulaires et leurs possibles avatars continentaux voir Le Roux, Guyonvarc’h 1995 ; sur Lugnasad, p. 113-163.

    25 Jullian 1920-1926, IV, p. 435-436.

    26 Jullian 1920-1926, IV, p. 436.

    27 Grenier 1945, p. 151-153.

    28 Wuilleumier 1953, p. 34. Audin 1965, p. 67, 72 soutient aussi cette idée, et voit un « sanctuaire de Lug » à Fourvière servant de base à l’autel romain et même de modèle architectural (p. 71-77).

    29 Larsen 1955, p. 142, en se fondant sur Desjardins 1876-1893 et Carette 1895 ; Carcopino 1961, p. 188 accepte l’hypothèse d’une fête dédiée à Lug ; Christopherson 1968, p. 353 ; Roman 1997, p. 536-538 ; 554.

    30 Concilium Galliae chez Hatt.

    31 Hatt 1959, p. 75, 96.

    32 Hatt 1959, p. 96.

    33 Christopherson 1968, p. 353.

    34 Fishwick 1987-2005, I, 1, p. 100.

    35 Wightman 1985, p. 59 ; Maurin 1986, p. 110 ; Cunliffe, 1993, p. 148 – qui reprend aussi l’idée d’une fête gauloise le 1er août ; Raepsaet-Charlier 1998, p. 160-170 ; Bost, Martin Bueno, Roddaz 2005, p. 24 n. 58 – chose rare, ils emploient les termes adéquats concilium totius Galliae au sujet des réunions de l’époque préromaine ; Fichtl 2005, p. 148-149 ; Tranoy 2010, p. 119, qui reprend cependant la confusion entre concilium totius Galliae gaulois et concilium Galliae.

    36 Goudineau 1998c, p. 244.

    37 C’est le cas de Lot 1947, p. 168, et de García Riaza, Lamoine 2008, p. 144-145.

    38 Fustel de Coulanges 1891, p. 156-157.

    39 Deininger 1965, p. 23.

    40 Delaplace, France 1997.

    41 Woolf 1998, p. 217.

    42 Van Andringa 2002, p. 38.

    43 Guiraud 1887, Larsen 1955, Deininger 1965, Christopherson 1968.

    44 Parmi lesquels Price 1984 et Burrell 2004.

    45 Dion Cassius, LIV, 32, 1-2, voir p. 109.

    46 La deuxième ligne de CIL, XIII, 1722, inscription du Confluent, montre]onsens c[développé en [c]onsens (u) c[oncilii] par Hirschfeld, mais cela n’est pas assuré.

    47 Fishwick 1987-2005, III, 2, p. 24.

    48 Voir p. 119-120.

    49 Hirschfeld CIL, XIII-I, p. 227 ; Larsen 1955, p. 130 ; Deininger 1965, p. 22 n. 4 ; Fishwick 1987-2005, I, 1, p. 97-99 ; Van Andringa 2002, p. 33.

    50 Wuilleumier 1953, p. 33-34 ; Harmand 1960, p. 128 ; Drinkwater 1978, p. 819 ; Maurin 1986, p. 110 ; Tassaux 1996, p. 150 ; Delaplace, France 1997, p. 50 ; Van Andringa 2002, p. 33 ; García Riaza, Lamoine 2008, p. 144 ; Tranoy 2010, p. 117.

    51 Larsen 1955, p. 134 ; Drinkwater 1983, p. 111 ; Fishwick 1987-205, I, 1, p. 130, 148 ; Le Gall, Le Glay 1992, p. 80 ; Beard, North, Price, 1998, p. 349 ; Tranoy 2010, p. 117.

    52 En faveur de 27 av. n. è. : Desjardins 1876-1893, III, p. 155 ; Jullian 1920-1926, IV, p. 68 n. 1 ; Hatt 1959, p. 89 ; Drinkwater 1983, p. 20-21 ; Christol 1995, p. 156 ; Goudineau 1998c, p. 228 ; Ferdière 2005, p. 93.
    En faveur de 16-13 av. n. è. : Hirschfeld 1908, p. 465 ; Stein 1932, p. 2 ; Wuilleumier 1948, p. 7 ; Harmand 1960, p. 117 ; Étienne 1962, p. 82 ; Brogan 1974, p. 200 ; Petit 1974 p. 23 ; Fishwick 1987-2005, I, 1, p. 101 ; ILA Nitiobroges 1991, p. 11 ; Gros 1991, p. 17 ; Badie, Sablayrolles, Schenck 1994, p. 113 ; Reddé (dir.) 1996, p. 95 ; Roman 1997, p. 548 ; Hiernard 2003, p. 33 ; Fichtl 2005, p. 28 ; Cosme 2005, p. 196 ; Bost, Martin Bueno, Roddaz 2005 p. 24 ; Tranoy 2010, p. 111.
    Ne se prononcent pas ou processus en deux temps : Wightman 1974, p. 475 ; Le Gall, Le Glay 1992, p. 105 ; Woolf 1998, p. 39 ; Raepsaet-Charlier 1999, p. 274-275 (création des provinces en 27 av. n. è., des cités en 16-13 av. n. è.).

    53 Bost, Martin Bueno, Roddaz 2005, p. 24.

    54 Fishwick 1987-2005, I, 1, p. 83.

    55 Fishwick, 1987-2005, I, 1, p. 144-148.

    56 Larsen 1955, p. 130 ; Fishwick 1978, p. 1205 ; Fishwick 1987-2005, I, 1, p. 98-99.

    57 Fustel de Coulanges 1891, p. 156.

    58 Burrell 2004, p. 17-22, 147-152.

    59 La première manifestation du culte d’Auguste en Occident consiste en l’érection d’un autel par les habitants de Tarragone en 26 av. n. è. Un an après, en Transalpine, commence la mise en place d’un grand sanctuaire à la fontaine de Nemausus (Gros 1984 ; Gros 2008, p. 65-67). Mais tout cela concerne le culte impérial à l’échelle de la cité et non de la province.

    60 Wightman 1985, p. 59 ; Fishwick 1987-2005, I, 1, p. 92-93.

    61 Larsen 1955, p. 106-109 ; Deininger 1965, p. 88-91 ; Shwertfeger 1974, p. 77-78 ; Jacques, Scheid 1990, p. 193 ; Kantiréa 2007, p. 190-191.

    62 Frija 2012, p. 71-74, 208-212.

    63 Le temple du culte impérial en Gaule daterait d’Hadrien (Fishwick 1987-2005, III, 1, p. 182-185).

    64 Fishwick 1987-2005, I, 1, p. 3-31 ; Ferrary 1997, p. 204-206, 216-218 ; Kantiréa 2007, p. 21-38 ; Frija 2012, p. 24-34.

    65 Fishwick 1987-2005, III, 1, p. 221-222.

    66 Il faut attendre la création des Tres Daciae sous Hadrien pour trouver une situation comparable. Fishwick 1987-2005, I, 2, p. 301-307 ; 2004, III, 3, p. 173.

    67 Deininger 1965, p. 137-141.

    68 Maurin, 1978, p. 201 ; Maurin 1986, p. 117-118 ; Fishwick 1987-2005, III, 2, p. 37, souligne que cette pratique s’étend sur toute l’histoire du sanctuaire fédéral ; voir aussi p. 57.

    69 AE, 1959, 61 = ILTG, 217 = Vismara, Caldelli 2000, n° 75, p. 116-119.

    70 Nous suivons la reconstitution de L. Maurin dans ILA Santons, 18.

    71 Fishwick 1999, p. 249, souligne la distinction que cela représente pour la cité d’origine du grand prêtre.

    72 Jullian 1920-1926, IV, p. 441 : « Un de ces délégués remplissait la fonction suprême de “prêtre de l’autel de Rome et d’Auguste”, qui faisait de lui “le roi des cérémonies”, “le prince” ou le “premier de la Gaule”, ainsi qu’aurait dit Jules César […]. Choisi parmi ses confrères, il est pris d’ordinaire parmi les représentants des cités les plus importantes : ce qui fut pour elles une manière d’exercer le principat, cause de tant de luttes à l’époque de l’indépendance. »

    73 Fishwick 1987-2005, III, 2, p. 12-13.

    74 Goudineau 1998c, p. 244-245.

    75 Wolff 1989b, p. 261.

    76 CIL, XIII, 1668, l. 31-33 ; Tacite, Ann., XI, 23, 1, sur les circonstances du discours utilise aussi Gallia Comata.

    77 Maurin 1986, p. 111 ; Goudineau 1998c, p. 207 ; Fishwick 1987-2005, III, 1, p. 92.

    78 CIL, XIII, 3162, III-15 : His accedit quod cum Cl (audio) Paulin[o] decessori meo in concilio Galliarum instinctu quorund[am].

    79 Fishwick 1987-2005, III, 2, p. 59.

    80 C’est pourquoi nous avons décidé de réserver l’appellation concilium Galliarum pour les époques flavienne et suivantes. Pour l’époque julio-claudienne nous avons écarté les termes de concilium Galliae car ils auraient pu laisser croire qu’ils étaient issus des sources.

    81 Jullian 1920-1926, IV, p. 90-93.

    82 CIL, XIII, 1674 ; 1675 ; 5376. Wuilleumier 1953, p. 36.

    83 Maurin 1986, p. 111, n. 15 ; Jullian 1920-1926, IV, p. 433 ; Fishwick 1987-2005, III, 2, p. 58-9.

    84 Raepsaet-Charlier 1998, p. 154 ; Eck 2007, p. 10.

    85 Sur le sujet, discuté, de la liste des cités de l’Aquitaine précésarienne après les réformes d’Auguste, Bost, Martin Bueno, Roddaz 2005, p. 27-29.

    86 Comparer BG, I, 1, 2 et Strabon, Géogr., IV, 1, 1.

    87 Sur C. Iulius Rufus ILTG, 217 ; AE, 1959, 61 ; Audin, Guey, Wuilleumier 1954 ; ILA Santons, p. 131-134 ; Vismara, Caldelli 2000, n° 75, p. 116-119. Sur les fragments de l’état postérieur CIL, XIII, 1667, et Vismara, Caldelli 2000, n° 78-79, p. 122 et suiv.

    88 Audin, Guey, Wuilleumier 1954, p. 320.

    89 Hirschfeld CIL, XIII, p. 228 ; Maurin 1978, p. 199-200.

    90 Bost, Martin Bueno, Roddaz 2005, p. 24 n. 58 ; Fishwick 1987-2005, III, 1, p. 39. La question de savoir si ces peuples aquitains avaient un centre propre pour le culte impérial à Saint-Bertrand-de-Comminges (Lugdunum Conuenarum) est réexaminée dans Badie, Sablayrolles, Schenck 1994, p. 107-119 et dans Fishwick 1987-2005, III, 1, p. 23-39. La préférence de ces auteurs va dans ce sens.

    91 Maurin 1978, p. 201 ; Frei-Stolba 1988, p. 187 ; Frei-Stolba 1994, p. 37. La situation des Lyonnais n’est pas tout à fait claire. Le cas problématique de M. Bucc[…], Lyonnais de l’époque sévérienne et peut-être grand prêtre, pose la question de savoir si étaient exclus du culte les populations des colonies dans leur ensemble ou seulement celles d’origine italienne (Christol, Fishwick 1979 ; Maurin 1986, p. 109-124 ; Fishwick 1996 ; Bérard 1999, p. 103-104).

    92 Dion Cassius, LI, 20, 6-7 ; Tacite, Ann., 4, 37 ; Suétone, Aug., 52. Frei-Stolba 1988, p. 191 ; Fishwick 1987-2005, III, 1, p. 229.

    93 Turcan 1991, p. 739.

    94 Maurin 1986, p. 112.

    95 En 48-46 av. n. è., D. Iunius Brutus contre les Bellovaques (Tite- Live., Per., 114 ; Appien, BC, II, 48 ; 2, 111), en 39-38 av. n. è. Agrippa contre les Aquitains (Appien, BC, V, 75 ; 92 ; Verdin 2013), en 29 av. n. è. contre les Trévires (Dion Cassius, LI, 20), en 29-28 av. n. è. C. Carinas contre les Morins (Dion Cassius, LI, 21), en 27 av. n. è. M. Valerius Messalla contre les Aquitains et qui obtient pour cela un triomphe (Tibulle, 1, 7, 11), et pour finir, troubles en Gaule en 12 av. n. è.

    96 Voir p. 132.

    97 Cités créées après la conquête : Tricasses sans doute au ier siècle ap. n. è. à partir du territoire sénon ou lingon (Fichtl 2012a, p. 72-73), Silvanectes sous Claude à partir du territoire suession (Fichtl 2012a, p. 73) ou melde (Dondin-Payre 2004, p. 89), Bituriges Vivisques (Hiernard 1997), Tongres (à partir du reste des Éburons, des Atuatuques, des Taxandres, des Condruses et peut-être d’éléments celto-germaniques d’outre-Rhin – Raepsaet-Charlier 1999, p. 275), Rauraques (détachés des Séquanes ou des Helvètes – Fichtl 2012a, p. 66-68), Ubiens, absorption probable des Mandubiens par les Éduens ou peut-être les Lingons, des Ambarres par les Séquanes ou peut-être les Éduens. Les peuples aquitains connurent une réorganisation importante ne laissant subsister peut-être que neuf peuples là où ils étaient environ une trentaine auparavant (ILA Nitiobroges, p. 14). Pour un exposé général et synthétique, voir par exemple Ferdière 2005, p. 141-144.

    98 Jullian 1920-1926, IV, p. 269-271 ; Tarpin 2006, p. 35-36.

    99 Buchsenschutz, Colin, Gruel, Ralston 1993 ; Fichtl 2005, p. 84-97 ; sur la notion d’urbanisme appliquée à un oppidum, voir Bibracte dans Guillaumet, Szabó, Barral 2002, et Kaenel 2006, p. 22-23.

    100 Galliou 2011, p. 26-27 ; Galliou, Cunliffe 2003 ; Mertens 1984, p. 42-43 ; Bedon 1999, p. 129-130 ; Fichtl 2005, p. 144. César écrit que le territoire éburon est dépourvu d’oppidum (BG, VI, 34, 1), que les Morins se réfugient en cas de danger dans les marais et les forêts plutôt que dans un site fortifié (BG, III, 28, 2) ; et Dion Cassius précise sur les Ménapes et les Morins qu’ils ne sont pas organisés en cité (XXXIX, 44, 1-2).

    101 Bedon 1999, p. 38-53.

    102 Beal 1996 ; Reddé 2009, p. 91.

    103 Cas identique chez les Trévires où l’oppidum du Titelberg est abandonné au profit d’Augusta Treuerorum (Trèves), chez les Leuques où l’oppidum de Boviolles est délaissé pour l’implantation dans la vallée de l’Ornain, à Nasium (Naix-aux-Forges dans la Meuse).

    104 Barral, Gaston, Vaxelaire 2011.

    105 Bedon 2001, p. 120.

    106 C’est-à-dire une place qui remplisse les fonctions du forum italien. La monumentalisation de ces centres civiques est progressive et selon un rythme variable (Van Andringa 2002, p. 57-62).

    107 À Bibracte, les premières domus sont du début de l’époque augustéenne, ainsi celle du Parc aux chevaux (Paunier, Luginbühl (dir.) 2004 : état 4 p. 78 et suiv., peut-être préfigurée par l’état 3 p. 63 et suiv. juste postérieur à la conquête). À Vesunna (Périgueux), on trouve une grande résidence construite à partir des deux dernières décennies du ier siècle av. n. è. (Bedon 2001, p. 254). À Vesontio (Besançon), des bâtiments aux plans et méthodes de construction romains du tout début du ier siècle ap. n. è. pourraient être des domus (Les fouilles du Parking 1992, p. 69). À Durocortorum (Reims), chef-lieu des Rèmes, la « Maison de Muranus », sans doute une domus, date d’avant la fin du ier siècle av. n. è. et celle de « Mercure », du premier tiers du siècle suivant (Balmelle, Niess 2003, p. 58, 63, 70-71). Dans l’ensemble cependant, les vestiges de domus dans la majorité des villes de Gaule Chevelue ne remontent guère avant le règne de Claude (Bedon 1999, p. 325-327).

    108 Buchsenschutz, Ralston 1986, p. 386 ; Tarpin 2002, p. 27.

    109 Poux 2012, p. 19 ; Fichtl 2012b, p. 47.

    110 Ramona 2011, p. 56. Les Mandubiens ne furent peut-être pas une cité dès Auguste et la ville, d’un statut secondaire, n’aurait donc pas de forum à proprement parler à cette époque (Reddé 2003 ; Bouet 2012, p. 32).

    111 Metzler 2006 ; Metzler, Méniel, Gaeng, 2006 ; Fichtl 2012b, p. 43-46.

    112 Brunaux 1995 ; Fichtl 2012b, p. 45-46.

    113 Fichtl 2012b réunit les données sur les lieux de rassemblement des oppida de Gaule Chevelue à l’âge du Fer.

    114 Les fouilles du parking 1992, p. 53 à Vesontio (Besançon) chez les Séquanes ; Buchsenschutz 2004, p. 347 ; Kaenel 2006, p. 35-36 mentionne pour Bibracte une « mutation urbaine » achevée dès le milieu du ier siècle avec de luxueuses demeures urbaines habitées une partie de l’année par les aristocrates éduens ; à Corent chez les Arvernes des demeures d’aristocrates ont été découvertes au cœur de l’oppidum, à proximité du sanctuaire (Pranyies 2011, p. 185).

    115 Tongres par exemple ne fut créée qu’à partir de la décennie suivante (Vanderhoven 1996, p. 221).

    116 À l’exception de Bibracte où un premier forum, avec une basilique, aurait été découvert dans la zone de la Pâture du couvent, dont la construction daterait de 50-30 av. n. è. (Szabó 2007, p. 404 ; identification discutée par Marc 2011). Les constructions privées y sont maçonnées dès le dernier tiers du ier s. av. n. è. (Labaune, Meylan 2011, p. 116). Cela ne peut être tenu pour représentatif des autres peuples. Voir par exemple pour Vesontio chez les Séquanes Barral, Gaston, Vaxelaire 2011, p. 100-103 qui placent le début de la « pétrification » de la ville à la période claudienne, ou encore Pouille (dir.) 2008, p. 294, 303-308, sur Condate (Rennes), chef-lieu des Riédons qui, jusqu’à la fin du ier siècle ap. n. è., est une ville de terre et de bois.

    117 Bedon, 2001 ; Goudineau 1991, p. 12 ; Frezouls 1991, p. 114. Sur le « remplissage » progressif de la trame urbaine à Autun, Rebourg 1991, p. 105-106 ; autre ex. Darioritum (Vannes) dans Triste 1992, p. 23, 29-30.

    118 Goudineau 1991, p. 12 ; Bedon 1993.

    119 Van Andringa 2002, p. 57. Les prêtrises de Rome et d’Auguste sont mieux documentées que les temples. La plus ancienne est celle de Rodez (AE, 1994, 1215 ; Sablayrolles 1994), qui date d’Auguste.

    120 Tout en en doutant, Fishwick 1987-2005, I, 1, p. 97 n’exclut pas d’interpréter ainsi le texte.

    121 Le Roux, Guyonvarc’h 1995, p. 78-81, 183-186 ; RIG, III, p. 334, 403 ; Lambert 2003, p. 112 ; Delamarre 2003, p. 267. La mention SAMON(ios ?) offre un évident parallèle, au moins de nom, avec la fête irlandaise nommée Samain en vieil-irlandais.

    122 Sur la Lugdunum préromaine, voir Poux, Savay-Guerraz (dir.) 2003 ; Poux 2004, p. 156-7 ; Monin 2015.

    123 Roddaz 2006 (p. 36 pour la citation) ; Fears 1981, p. 804-808.

    124 Audin, Fishwick 1990.

    125 Roddaz 2006, p. 37, 41 suggère cette idée.

    126 Van Andringa 2002, p. 38.

    127 Terme le plus adapté pour qualifier l’activité de l’assemblée de la Gaule (Desjardins 1876-1893, III, p. 196 ; Christopherson 1968, p. 354 ; Harmand 1960, p. 128 ; Christol 1985, p. 87 ; Jacques, Scheid 1990 p. 126 ; Raepsaet-Charlier 1998, p. 170 ; Goudineau 1998c, p. 244).

    128 Fishwick 1987-2005, III, 1, p. 238.

    129 CIL, XIII, 3162, III, 22-3 ; Vismara, Caldelli 2000, n° 78-79.

    130 Voir p. 84.

    131 Voir p. 153-165.

    132 La formule n’inclut pas les prêtrises locales – Dondin-Payre 1999, p. 158.

    133 Fustel de Coulanges 1891, p. 154.

    134 Nicolet 1988, p. 133-157.

    135 Harmand 1960, p. 119-120 ; Christol 1985, p. 87.

    136 Jacques, Scheid 1990, p. 163 ; Béranger 2009, p. 192.

    137 Tacite, Ann. XIV, 46, 2.

    138 Tacite, Ann., I, 31, 2 ; 33, 1. Pris par la guerre contre les Germains, il délègue finalement la tâche (II, 6, 1). Nicolet 1988, p. 153 estime que ces trois recensements n’en font qu’un effectué en plusieurs étapes.

    139 Suétone, Claud., 16 ; Tacite, Ann., XI, 25, 5 ; Nicolet 1988, p. 157.

    140 France 2003, p. 210.

    141 Turcan 1991, p. 733-734.

    142 Dion, LIX, 22, 3 ; Brunt 1981, p. 330 ; France 2001b, p. 368-369.

    143 France 2003, p. 211-220.

    144 France 2003, p. 213 pour CIL, II 4248. Drinkwater 1978, p. 823 date CIL, XIII, 1694 de 121-130, Fishwick 1987-2005, III, 2, p. 65 la place entre Hadrien et les Sévères.

    145 Héron de Villefosse 1890, p. 14, 16 ; Audin 1986, p. 103 ; Turcan 1991, p. 740 ; Fishwick 1987-2005, I, 1, p. 92 ; Burnand 1996, p. 19.

    146 Turcan 1991, p. 740, le qualifie de « terre gauloise ».

    147 Van Andringa 2002, p. 34-35.

    148 Hirschfeld 1904, p. 212 ; Wuilleumier 1953, p. 38 ; Maurin 1978, p. 198 ; Drinkwater 1979, p. 96 ; Frei-Stolba 1994, p. 39.

    149 Mommsen 1905-1913, VIII, p. 247 ; Héron de Villefosse 1890, p. 12 ; Deininger 1965, p. 104, n. 4 ; Fishwick 1987-2005, III, 2, p. 51-52.

    150 Drinkwater 1979, p. 96 ; Fishwick 1987-2005, III, 2, p. 53.

    151 Hirschfeld CIL, XIII, p. 230.

    152 CIL, XIII, 1675 ; 1669 ; Roman 1997, p. 554. La stips annua est une cotisation annuelle dont la création est attribuée par D. Fishwick à Vespasien (Fishwick 1999, p. 250, 258-259 ; Fishwick 1987-2005, III, 1, p. 154-5).

    153 Fishwick 1987-2005, III, 2, p. 49.

    154 Fishwick 1999, p. 258-259 ; Fishwick 1987-2005, III, 2, p. 49.

    155 Dondin-Payre 1999, p. 175-6 ; Raepsaet-Charlier 1999, p. 351.

    156 Fishwick 1999.

    157 Hirschfeld 1904, p. 212-213.

    158 Pflaum 1948, p. 17-18 ; Wuilleumier 1953, p. 34 ; Deininger 1965, p. 102 n. 9 ; Maurin 1978, p. 198 ; Frei-Stolba 1994, p. 39 n. 18 ; Vipard 2008, p. 95.

    159 Vipard 2008, p. 95.

    160 Hirschfeld, CIL, XIII, p. 230 ; Tranoy 2010, p. 119.

    161 Exposées dans Deininger 1965.

    162 Millar 1977, p. 393, cite un décret du concilium de Numidie daté de Sévère Alexandre (CIL, VIII, 17639).

    163 Sartre 1991, p. 210. Sur le koinon d’Asie, voir les exemples de poursuites sous les Julio-Claudiens dans Deininger 1965, p. 55-57. Curieusement certains présentent la capacité de l’assemblée du Confluent à émettre des avis sur les anciens gouverneurs comme quelque chose qui lui serait propre et d’exceptionnel (Desjardins 1876-1893, III, p. 196, 210 ; Roman 1997, p. 554).

    164 Deininger 1965, 104-107 ; Brunt 1961, p. 77-79.

    165 Dion Cassius, LIV, 21 ; Suétone, Aug., 67. Benabou 1967.

    166 Brunt 1961, p. 63-64.

    167 Brunt 1961, p. 90-94. Ces cas concernent tous les procès intentés contre les responsables de l’administration provinciale et n’ont pas tous une assemblée provinciale à leur origine. En outre, sept condamnés et un acquitté sont des chevaliers.

    168 L’affaire du Crétois Claudius Timarchus atteste qu’en 62 la procédure était déjà bien connue (Tacite, Ann., XV, 20-22).

    169 CIL, XIII, 3162 ; Pflaum 1948.

    170 Voir n. 168. En réaction, Néron propose d’interdire aux assemblées provinciales (concilium sociorum) le droit de décerner des éloges aux anciens gouverneurs – mais pas de s’en plaindre – (Tacite, Ann., XV, 22). Interdiction éphémère (Wuilleumier 1943, p. 39), Pline le Jeune, Pan., 70, montrant que la procédure, sous Trajan au moins, était à nouveau de mise. Selon Hatt 1959, p. 98, elle ne concernait que les provinces sénatoriales.

    171 Fishwick 1987-2005, III, 2, p. 302.

    172 Jacques, Scheid 1990, p. 170-171.

    173 Brunt 1961, p. 76 ; Jacques, Scheid 1990, p. 170.

    174 Tacite, Ann., VI, 45, 3. Jacques, Scheid 1990, p. 170.

    175 La révolte de 21 et le rôle de Iulius Sacrovir sont examinés plus en détail dans Arbabe 2015b. Les grandes lignes en sont exposées ici et p. 161-164.

    176 Syme 1958, p. 611-624 ; Syme 1970, p. 19-29 ; Arbabe 2015b, p. 152-153.

    177 Par exemple Mommsen 1891, p. 554-555 ; Jullian 1921, p. 155 ; Thévenot 1960. Mais, à l’inverse, Desjardins 1876-1893, III, p. 270, n’y voit qu’une révolte de citoyens romains en butte à des problèmes d’ordre fiscal et financier.

    178 Grenier 1936 pose cette interprétation reprise depuis – voir par exemple Harmand 1960, p. 58-62 ; Brunt 1981, p. 343 ; Drinkwater 1983, p. 28 ; Jacques, Scheid 1990, p. 229-230.

    179 Martin 2015, p. 315-324 pense à une contraction monétaire modérée, mais à des contributions en nature pour l’armée du Rhin difficilement supportées dans la durée.

    180 Leur double jeu ne fut pas décelé par les autorités romaines : voir Tacite, Ann., III, 41, 2-3.

    181 Christopherson 1968, p. 356-357 (Tacite, Ann., IV, 19-20).

    182 Tacite, Ann., III, 41, 3.

    183 Voir p. 161-164 et Arbabe 2015b.

    184 CIL, XIII, 1668 ; Fabia 1929.

    185 Sur la documentation de Tacite, Bérard 1991. Tacite eut accès au discours de Claude par les acta senatu plutôt que par l’inscription du Confluent (Bérard 1991, p. 3015-3017).

    186 Hirschfeld 1904, p. 132 ; Fabia 1929, p. 2-3 ; Wuilleumier 1953, p. 39 ; Vittinghoff 1954, p. 348 et suiv. ; Harmand 1960, p. 129 ; Carcopino 1961, p. 188 ; Deininger 1965, p. 105-106 ; Drinkwater 1983, p. 37 ; Roman 1997, p. 555 ; Fishwick 1987-2005, I, 1, p. 137.

    187 Fabia 1929, p. 10-13.

    188 Tacite, Ann., VI, 7, 4.

    189 Hirschfeld CIL, XIII, p. 229 ; Duval 1971, p. 382 ; Wuilleumier 1953, p. 39 ; Millar 1977, p. 388 ; Drinkwater 1978, p. 820 ; Christol 1985, p. 87 n. 53 ; Fishwick 1987-2005, I, 1, p. 137.

    190 Millar 1977, p. 363 et suiv.

    191 Surtout connu, en plus de Quintillien – voir aussi 12, 10, 11 – et de Pline le Jeune, Epist., VII, 6, 11, par le Dialogue des orateurs où Tacite nous apprend qu’un autre orateur gaulois de renom, Iulius Secundus, avait écrit sa biographie (Dial., 14, 4).

    192 Dion Cassius, LXIII, 22-26 ; Tacite, Hist., I, 8, 16 ; IV, 17, 57 ; Josèphe, La guerre des Juifs, IV, 440 ; Suétone, Ner., XL, 1 ; Galb., IX, 4-5 ; X, 1 ; XI, 1 ; Plutarque, Galb., IV, 3-5 ; V, 1-3 ; VI, 1 ; Pline, NH, XX, 57, 160. Son gentilice Iulius est celui de son père. Quant au fait qu’il fut légat de Lyonnaise, ce n’est pas assuré (Jullian 1920-1926, IV, p. 179 n. 9), mais très probable (tenu pour tel par Brunt 1959, p. 10 n. 3, et Cosme 2012, p. 13).

    193 Brunt 1959.

    194 Dion Cassius, LXIII, 22, 1b (Γαλάτης ἀνὴρ).

    195 Wuilleumier 1953, p. 39 ; Brunt 1959, p. 10-11 ; Cosme 2012, p. 13.

    196 Ne sont prises dans ce décompte et les suivants que les expressions qui désignent le soulèvement : Suétone, Ner., 40, 1 (Gallis duce Iulio Vindice), 6 (motu Galliarum) ; 43, 1, 2 (Gallias) ; 45, 4-5 (Gallos […] Vindicem) ; 46, 5 (Vindicem) ; Galba, 9, 4 (tumultuari Gallias) ; 16, 4 (aduersus Gallos et Vindicem).

    197 Plutarque, Galb., 4, 3, 5 ; 5, 3, 5 ; 10, 1, 2 ; 18, 1.

    198 Civilis, Histoires, IV 17, 3 : « la Gaule avait succombé sous ses propres forces » ; Voculla, IV, 57, 2 : « C’est ainsi que jadis Sacrovir et les Éduens, naguère Vindex et les Gaules avaient succombé, chaque fois en une seule bataille. »

    199 Tacite, Hist., I, 65, 1 ; Plutarque, Galb., 10, 2 ; Flavius Josèphe, La guerre des Juifs, IX, 2.

    200 Les provinces espagnoles sont citées une seule fois (42, 1).

    201 Mattingly 1923, p. 345, n° 206.

    202 Mattingly 1923, p. 346-347, n° 211-214.

    203 Christol 1985, 90.

    204 Christol 1985, p. 87.

    205 Jullian 1920-1926, IV p. 209 ; Hatt 1959, p. 76 ; Christopherson 1968, p. 364 ; Ferdière 2005, p. 149 ; García Riaza, Lamoine 2008, p. 145 la relie plutôt à la pratique césarienne. Wuilleumier 1953, p. 39, semble penser qu’il s’agit d’une délocalisation conjoncturelle de l’assemblée du Confluent.

    206 C’est la règle pour le Sénat romain (Talbert 1984, p. 113).

    207 Fishwick 1987-2005, I, 1, p. 137.

    208 Voir p. 126-127.

    209 Sur ce sujet comme sur celui d’Auguste chef de guerre, voir Rich 2003 (bibliographie p. 329, n. 1).

    210 Tite-Live, I, 19, 3 ; Suet., Aug., 22, 1 ; Dion Cassius, LI, 20, 4.

    211 Sur l’Ara Pacis voir Torelli 1999, Sauron, 2000.

    212 Goudineau 1998c, p. 245-246. Texte cité p. 146-147.

    213 Scheid 2001, p. 149.

    214 Pontifes, augures, quindécemvirs, septemvirs (Jacques, Scheid 1990, p. 37, 118).

    215 Rich 2003, p. 333.

    216 Nicolas de Damas, Recueil de mœurs extraordinaires, XLIV, 41, 3, chez Stobée, Anth., IV, 2, 25, Jacoby, II-A, 103E, 3, p. 384 ; Parmentier, Barone 2011, p. 182-183.

    217 Scheid 2001, p. 149 ; Hurlet 2006, p. 167-173.

    218 C’est la raison pour laquelle, à partir du règne d’Auguste, l’empereur devient le seul autorisé à triompher. Le triomphe de L. Cornelius Balbus en 19 av. n. è. est le dernier accordé à un sénateur n’appartenant pas à la domus du prince (Hurlet 2006, p. 261).

    219 Lamoine 2009, p. 165 a vu ce transfert de souveraineté et d’image depuis l’époque de l’indépendance jusqu’à celle de la domination romaine, autour de la personne du prince, et l’explique plutôt par « la migration de la puissance royale gauloise » (p. 138-166). Dans la même direction, Roman 1997, p. 539.

    220 Van Andringa 2002, p. 133.

    221 Gury 2006, p. 118.

    222 Goudineau 1998c, p. 245-246.

    223 Goudineau 1998b, p. 61 ; Lamoine 2009, p. 155 ; Fishwick 1987-2005, I, 1, p. 137.

    224 Voir Arbabe 2013, annexe 1.

    225 Drinkwater 1983, p. 20 parle de « Julian connection » qu’Auguste aurait entretenue par des séjours personnels et la présence de nombreuses figures de la maison impériale. Lamoine 2009, p. 155-156, développe cette idée d’une telle politique voulue par Auguste. Également Delaplace, France 1997, p. 47-58.

    226 Fishwick 1987-2005, III, 1, p. 18.

    227 L. Maurin dans ILA Santons, 18, p. 133, estime que Victor était le plus jeune des deux.

    228 Fishwick 1987-2005, III, 1, p. 151-2.

    229 PCR 219.

    230 CIL, XIII, 1036, ILA Santons, 7. Le texte est réalisé à partir des deux inscriptions figurant sur chaque face de l’arc.

    231 Sur ce dernier, voir avant tout CIL, XIII, 1037, 1042-1045, 1075 ; ILA Santons, 8, 18 ; PME I 141 ; PCR 221.

    232 Réalisée à partir des quatre inscriptions CIL, XIII, 1042-1045 et de ILA Santons, 18.

    233 CIL, XIII, 1674. CIL, XIII, 1675 n’apporte rien de plus pour ce qui nous intéresse ici.

    234 Tite-Live, Per., 139, 2. Voir p. 153-157.

    235 Voir p. 161-164 et Arbabe 2015b.

    236 Galsterer-Kröll 1973, p. 298.

    237 Fishwick 1987-2005, III, 2, dresse un catalogue de tous les grands prêtres des provinces d’Occident ; Sartre 1991, p. 109.

    238 Fishwick 1097-2005, III, 2, p. 37.

    239 Pour les prêtres des koina d’Orient, l’appartenance à l’ordre équestre ou même sénatorial, sans être une condition, était généralement respectée (Burrel 2004, p. 346).

    240 Avoir suivi un cursus municipal complet n’est pas nécessaire pour être chevalier (Jacques 1984, p. 149-150). C’est le cas du Tricasse T. Iulius Lentinus, préfet des ouvriers, mort à Rome à dix-huit ans (AE, 1953, 56 ; voir p. 509-510), qui n’avait sûrement eu aucune responsabilité dans sa cité.

    241 Burnand 2006, p. 60 pense que le prestige de la famille de Rufus était tel qu’il put être envoyé au Confluent sans avoir rempli de charge. Cela paraît étonnant, d’autant plus qu’il fut élu par les délégués qui devaient, pour beaucoup si ce n’est tous, avoir un cursus municipal solide à lui opposer.

    242 Goudineau 1998c, p. 244 (cité p. 112).

    243 Fishwick 1987-2005, III, 2, p. 42, avance que le cursus de C. Iulius Victor est en ordre inverse.

    244 Dondin-Payre 1999, p. 166.

    245 Van Andringa 2002, p. 220-221.

    246 Fishwick 1987-2005, III, 2, p. 41.

    247 ILA Santons, p. 95 ; Goudineau 1998c, p. 244 ; Woolf 1998, p. 217 ; Fishwick 1987-2005, III, 2, p. 42. Il en était de même en Orient (Burrel 2004, p. 346).

    248 Larsen 1955, 135 ; Deininger 1965, p. 22 n. 5 ; Fishwick 1987-2005, I, 1, p. 101.

    249 Ce que Fishwick 1987-2005, III, 2, p. 37 résume par les termes « good character ».

    250 Auguste en 27 av. n. è. (Tite-Live, Per., 134) ; Agrippa en 39-37 av. n. è. (Appien, BC, V, 66 ; Dion Cassius, XLVIII, 33), puis en 19 av. n. è. (Dion Cassius, LIV, 12) ; Tibère en 16-15 av. n. è., 8-7 av. n. è., en 4-6, en 10-12 (Velleius Paterculus, II, 97 ; Dion Cassius, LV, 6, 8) ; Drusus en 13-11 av. n. è. (Tite-Live, Per., 138-139 ; Dion Cassius, LIV, 25) ; Germanicus en 13-17 (Suétone, Cal., 8 ; Tacite, Ann., II, 41) ; Caligula en 39-40 (Dion Cassius, LIX, 21-22, 26 ; Suétone, Cal., 39 ; Claude (Dion Cassius, LX, 19-20).

    251 Éduens et Carnutes sont des fédérés ; les Santons sont libres.

    252 Dondin-Payre 1999, p. 177-180.

    253 Kaenel, Martin-Kilcher 2002, p. 163. Sur les funérailles publiques, Wesch-Klein 1993.

    254 Richier 2004, p. 589. Mais il est possible que cela soit le reflet de l’origine des colons installés à Nyon, qui pourrait être allobroge.

    255 Kaenel, Martin-Kilcher 2002, p. 155.

    256 DT II, 2445. Selon Guihard 2012, p. 140, il s’agirait d’un G(aios) Iulios dont le pouvoir serait localisé en un lieu nommé Anadgovomagos. On ne comprend pas s’il voit en Tatinius (au droit) son surnom, ou un autre homme. Mais alors, soit Tatinius est le cognomen et on aurait un prénom et un gentilice romains galicicés complétés d’un surnom gaulois latinisé, chose très étrange, soit Tatinius est un autre homme et alors G(aios) Iulios n’a pas de surnom et a une dénomination sans élément gaulois, ce qui équivaut à dire, pour cette époque, qu’il n’a plus de nom. On peut aussi développer le nom en Anadgouomag (ulos) ou Anadgouomag (ios), ce qui évite les complications suscitées par un toponyme.

    257 RIG, IV, 80 = DT I 288-289.

    258 CIL, XIII, 2728, 2805. Il existe une autre attestation précoce d’un Éduen nommé Iulios, un forgeron mentionné sur une fibule de bronze du dernier quart du ier siècle av. n. è. (CIL, XIII, 10027.116 = RIG, II-2, L. 19). On ne peut être sûr qu’il fut citoyen romain puisqu’il n’y a ni prénom ni surnom mentionné.

    259 Goudineau, Peyre 1993, p. 191 ; BG, VII, 67, 7.

    260 CIL, XIII, 555. Bedon 1999, p. 230. C’est un Aquitain, nous le mentionnons (entre parenthèses) dans le cas où l’on compte les peuples d’Aquitaine césarienne au Confluent.

    261 CIL, XIII, 5093, 5094. Inscriptions trouvées à Avenches, sur le territoire helvète.

    262 Syme 1977, p. 133, 136 ; Van Berchem 1982, p. 61-65 ; Kaenel, Martin-Kilcher 2002, p. 163. Hypothèse rejetée par Bedon 1993, p. 106.

    263 Tite-Live. Per., 120, 2 ; Orose, VI, 18 ; Appien, BC, III, 98 ; Velleius Paterculus, II, 64, 1.

    264 BG, VIII, 26 ; RIG, IV, 145 ; GP, 66.1 ; DT III, 3687.

    265 La Chaussée-Tirancourt (DT III, 3687, p. 169).

    266 RIG, IV, 177 = DT II, 2358, 2359.

    267 CIL, XIII, 1036, 1040, 1042-1045 ; ILA Santons, 7, 18.

    268 RIG, IV, p. 288. La monnaie est placée entre 52 et 44 av. n. è.

    269 RIG, IV, 177, évoque cette hypothèse, mais ne prend pas position et la monnaie n’est en définitive attribuée à aucun peuple. Hostein 2010, p. 62-63 attribue la monnaie au Santon mentionné par les inscriptions de C. Iulius Rufus et C. Iulius Victor.

    270 ILA Santons, 7, p. 94 ; Goudineau, Peyre 1993, p. 190.

    271 CIL, XIII, 1048, 1074 ; ILA Santons, 20.

    272 Grimal 1947, p. 130-134 le place dans la génération des guerres civiles, ce qui nécessiterait de le faire naître un peu avant ; ILA Santons, p. 139 ; Van Andringa 2002, p. 212.

    273 RIG, IV, 229, 281, 285, 286 ; GP 27.1, 27.2 ; DT III, 3251.

    274 Comme le Rème Vertisco, qualifié par Hirtius (VIII, 12, 4) de praefectus equitum. Qu’il ait servi dans la cavalerie se déduit de ce que c’était cela avant tout que César recherchait chez les Gaulois. Dayet 1962, p. 83-84 parvient à cette conclusion à partir des casques figurés sur les monnaies.

    275 Dayet 1962, p. 84, souligne qu’aucun exemplaire aux tria nomina n’ayant été trouvé à Alésia, l’obtention de la citoyenneté datait d’après 52 av. n. è.

    276 Voir p. 303-305.

    277 Stemma de César dans RE X-1, p. 184.

    278 RIG, IV, 338. La lecture du Q. est due à GP 22.1. Le gentilice n’est sans doute pas mentionné, Vot (?) devant être le surnom. On peut supposer qu’il s’agit d’un Iulius.

    279 Deniaux 1993, p. 317-320, expose le cas similaire d’un homme, A. Licinius Aristoteles qui, à la même époque, avait pris le nom de celui qui lui avait octroyé la citoyenneté, et le prénom de celui qui l’avait recommandé.

    280 Parmi les Romains en Gaule prénommés Quintus, quatre légats (Q. Fufius Calenus, Q. Pedius, Q. Titurius Sabinus, Q. Tullius Cicero), plus un autre hypothétique (Q. Atrius), un préfet de cavalerie (Q. Atius Varus), un tribun militaire (Q. Laberius Durus), un centurion primipile (Q. Lucanius), un préfet ou tribun militaire (Q. Velanius) et un Romain d’origine espagnole envoyé comme émissaire auprès d’Ambiorix (Q. Iunius).

    281 Saulcy 1861, p. 87-88 lui attribuait directement la citoyenneté de Togirix, ce que son gentilice rend impossible.

    282 Bedon 1993, p. 115.

    283 Tibère-Caligula pour PCR 415 et Van Andringa 2002, p. 210 ; les années 30 pour Burnand 2006, p. 96.

    284 Il manque à cet inventaire des peuples attendus, tels les Rèmes. Cela est dû aux critères choisis, qui ont écarté tous les Iulii dont l’acquisition de la citoyenneté romaine ne peut être datée, tel le Rème Iulius Auspex présent à l’assemblée de 70 (Tacite, Hist., IV, 69). Pour beaucoup d’entre eux elle date pourtant de l’époque césarienne.

    285 C’est le cas du vergobret lémovice (voir p. 318-319).

    286 Voir p. 270-273.

    287 Dobson 1965, p. 67.

    288 Demougin 1988, p. 515.

    289 PCR 415.

    290 AE, 1959, 61 = ILTG, 217 (Confluent) ; CIL, XIII, 1036 = ILA Santons 7, voir p. 148.

    291 L’arbre familial est exposé dans ILA Santons, 18, p. 132.

    292 Goudineau, Peyre 1993, p. 192.

    293 Étrangement l’inscription en l’honneur de son cousin C. Iulius Victor ne le mentionne pas, non plus que la citoyenneté romaine de C. Iulius Agedomopas.

    294 Goudineau, Peyre 1993, p. 192.

    295 RIG, IV, 177. Voir p. 154. Plus que la variation a/o de la quatrième syllabe entre le nom des inscriptions et celui de la monnaie, c’est le génitif Agedomapatis qui suit le nominatif Caius Iulius qui étonne. Scheers 1969, p. 183 mentionne en Belgique la légende CRICIRV, aussi connue au génitif : CRICIRONIS (RIG, IV 127). Mais il existe aussi la variante CRICIRONVS qui serait donc une forme de génitif croisée avec un nominatif ( !). On peut donc se demander si CRICIRONIS est un génitif ou un nominatif.

    296 Goudineau, Peyre 1993, p. 192.

    297 Goudineau, Peyre 1993, p. 192.

    298 Burnand 2006, II, p. 58-59 suit aussi cette proposition.

    299 ILA Santons, 18, p. 133-134 ; Fishwick 1987-2005, III, 2, p. 42.

    300 Exposées dans ILA Santons, 18.

    301 ILA Santons, 18, p. 132.

    302 Burnand 2006, p. 60.

    303 ILTG, 217, AE, 1959, 81, Vismara, Caldelli 2000, n° 75, p. 116-119.

    304 Dobson 1965, p. 62, 69, insiste sur la diversité des situations recensées sous les termes praefectus fabrum.

    305 Grenier 1937, p. 513, Drinkwater 1978, p. 849.

    306 Est-ce l’origine de ce titre de tribun militaire pour une cohorte auxiliaire ? Ces termes sont normalement réservés au tribunat de légion et aux unités de citoyens romains – Devijver 1995, p. 179 ; Birley 1981, p. 8-12. Pour des troupes auxiliaires ce devrait être un tribun (Clauss 1999, p. 58). Demougin 1988, p. 323-336, 349-350 n’indique rien de clair sur cette variante.

    307 Burnand 2006, p. 63.

    308 PCR 221.

    309 Point plus amplement développé dans Arbabe 2015a.

    310 D’autres prénoms sont attestés – de cadets ou de benjamins – pour les générations suivant l’acquisition de la citoyenneté.

    311 Voir p. 135-136.

    312 Y prirent part, d’après Tacite, en plus des Éduens et des Trévires, les Andécaves et les Turons (III, 41, 1), les Séquanes (III, 45, 2). De III, 40, 1-3 et 43, on peut inférer que de nombreuses cités furent affectées par la campagne de Florus et Sacrovir, et que la révolte eut pu grandement s’étendre s’ils l’avaient emporté une fois au combat. Logiquement, il n’en fut rien.

    313 Constat dans Woodman 1977, p. 28-29.

    314 Hellegouarc’h, Introduction, p. xlv-xlvi, dans Velleius Paterculus. Il est parfois seul à donner certaines informations sur la Gaule – Duval 1971, t. 1, p. 338-339.

    315 J. Hellegouarc’h insiste sur ce point. Voir aussi Woodman 1977, p. 54-56.

    316 Elefante 2011.

    317 Sur Iulius Indus, voir p. 338-339.

    318 Duval 1971, t. 1, p. 339.

    319 ILA Santons, p. 23 (propose le règne d’Hadrien ou le milieu du iie siècle pour la perte de ce statut). Postulat accepté par Ferdière 2005, p. 137.

    320 Delamarre 2003, p. 31, 177.

    321 RIG, I, p. 453 ; Lambert 2003, p. 30-31. Cet usage, absent de l’épigraphie gallo-grecque n’est présent que dans l’épigraphie gallo-latine.

    322 RIG, I, p. 453-454. Lambert 2003, p. 30-31.

    323 Van Berchem 1982, p. 157-158 ; Dondin-Payre 2011, p. 17.

    324 Il s’agit alors de citoyens romains aux deux générations. Van Berchem 1982, p. 156 ; Chastagnol 1995, p. 167-176 ; Dondin-Payre 2001, p. 219-223.

    325 Dondin-Payre 2011, p. 17-18.

    326 Ou bien une des nombreuses variantes – voir Delamarre 2007, p. 11-12.

    327 Sur les noms d’assonance et de traduction, voir Dondin-Payre 2011, p. 18-20.

    328 Le gaulois ne connaît pas de forme parfaitement homophone. Le thème Orbici – dérivé de orbios, ici au génitif – est attesté en composition pour l’onomastique, et comme hydronyme, Orbicus – Hérault actuel. Son sens, « héritier », se prêterait à un nom de personne. On peut donc envisager que Urbicus soit une transcription d’Orbicus réalisée pour des raisons d’assonance et peut-être de sens. Un nom de traduction est en revanche, vu le sens d’urbicus – urbain, citadin –, peu envisageable, puisque les termes gaulois désignant un établissement de type urbain – -briga, -magos, – dunon, -duron – n’apparaissent quasiment jamais dans l’anthroponymie gauloise (Delamarre 2003, p. 154-155 : seul -dunon « citadelle, enceinte fortifiée, mont » est, rarement, utilisé dans l’anthroponymie, par exemple Andedunis « Grand-Fort », Condunus « Dubourg »).

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    1 Liste chez Pline (NH, IV, 106-109).

    2 France 2001b, p. 364-368 pointe ce lieu commun remontant à Fustel de Coulanges (Fustel de Coulanges 1891, p. 78-79). Il faut considérer que quatorze peuples, parmi les plus riches, étaient exemptés, et qu’il fut rapidement augmenté. Pour l’époque de Tibère, Velleius Paterculus prétend (avec exagération sans doute) que les versements gaulois constituaient la moitié du tribut perçu par Rome (Béranger 2009, p. 196 ; Velleius Paterculus, II, 39, 1).

    3 BG, VIII, 49, 3 : « récompensant très largement les chefs (principes) [Constans = les principaux citoyens] » (trad. modifiée).

    4 Dion Cassius, XLVIII, 1, 3.

    5 Tableau des gouverneurs en Gaule jusqu’en 16-15 av. n. è. dans Wightman 1974, p. 474-475.

    6 Cicéron, Fam., VI, 6 ; Tite-Live, Per., 114 ; Appien, BC, II, 48 ; 2, 111.

    7 Cicéron, Att., XII, 37 ; XIV, 9.

    8 Cicéron, Fam., 10, 1-26 ; Phil., 3, 38 ; Appien, BC, III, 36. ; Dion Cassius, LXVI, 29, 6. Goudineau 1998c, p. 233.

    9 Dion Cassius, XLVI, 55, 4 ; Appien, BC, IV, 2, 7.

    10 Dion Cassius, XLVIII, 28, 4.

    11 Tite-Live, Per., 127 ; Suétone, Aug., 66, 2 ; Appien, BC, V, 66 ; Dion Cassius, XLVIII, 33, 1.

    12 Strabon, Géogr., IV, 6, 11 ; Appien, BC, V, 75, 92 ; Dion Cassius, XLVIII, 33, 1.

    13 Tite-Live, Per., 134 ; Dion Cassius, LIII, 22, 5.

    14 Dion Cassius, LIV, 4, 1-2.

    15 Voir p. 114.

    16 Goudineau 1998d propose, à partir de Strabon, un premier découpage sous Auguste, redéfini sous Tibère. L’idée, intéressante, n’est pas acceptée par tous. Selon cette idée, Hiernard 2003 pense que l’Aquitaine aurait porté – peut-être jusqu’en 15 ap. n. è. – le nom de Gallia Aremorica.

    17 Harmand 1960, p. 116.

    18 Bedon 1999, p. 72, émet l’hypothèse que, jusqu’à Tibère, la Gaule Chevelue ait perduré en tant que province, et que l’Aquitaine, la Belgique et la Lyonnaise aient été des sortes de districts plutôt que des provinces.

    19 Jullian 1920-1926, IV, p. 93, 436 voit dans ces deux épisodes une réminiscence des pratiques césariennes de la conquête.

    20 C’est ainsi que les choses ont été comprises : Desjardins 1876-1893, III, p. 196 ; Fishwick 1987- 2005, I, 1, p. 100.

    21 Voir par exemple dans la série récente des colloques tenus à Bibracte, Paunier (dir.) 2006.

    22 Desjardins 1876-1893, III, p. 196-197.

    23 Guiraud 1887.

    24 Arbois de Jubainville 1884, p. 5-6, suivi par Hirschfeld 1913, p. 129-131. Dernièrement Le Bohec 2008, p. 34. Sur les fêtes celtiques insulaires et leurs possibles avatars continentaux voir Le Roux, Guyonvarc’h 1995 ; sur Lugnasad, p. 113-163.

    25 Jullian 1920-1926, IV, p. 435-436.

    26 Jullian 1920-1926, IV, p. 436.

    27 Grenier 1945, p. 151-153.

    28 Wuilleumier 1953, p. 34. Audin 1965, p. 67, 72 soutient aussi cette idée, et voit un « sanctuaire de Lug » à Fourvière servant de base à l’autel romain et même de modèle architectural (p. 71-77).

    29 Larsen 1955, p. 142, en se fondant sur Desjardins 1876-1893 et Carette 1895 ; Carcopino 1961, p. 188 accepte l’hypothèse d’une fête dédiée à Lug ; Christopherson 1968, p. 353 ; Roman 1997, p. 536-538 ; 554.

    30 Concilium Galliae chez Hatt.

    31 Hatt 1959, p. 75, 96.

    32 Hatt 1959, p. 96.

    33 Christopherson 1968, p. 353.

    34 Fishwick 1987-2005, I, 1, p. 100.

    35 Wightman 1985, p. 59 ; Maurin 1986, p. 110 ; Cunliffe, 1993, p. 148 – qui reprend aussi l’idée d’une fête gauloise le 1er août ; Raepsaet-Charlier 1998, p. 160-170 ; Bost, Martin Bueno, Roddaz 2005, p. 24 n. 58 – chose rare, ils emploient les termes adéquats concilium totius Galliae au sujet des réunions de l’époque préromaine ; Fichtl 2005, p. 148-149 ; Tranoy 2010, p. 119, qui reprend cependant la confusion entre concilium totius Galliae gaulois et concilium Galliae.

    36 Goudineau 1998c, p. 244.

    37 C’est le cas de Lot 1947, p. 168, et de García Riaza, Lamoine 2008, p. 144-145.

    38 Fustel de Coulanges 1891, p. 156-157.

    39 Deininger 1965, p. 23.

    40 Delaplace, France 1997.

    41 Woolf 1998, p. 217.

    42 Van Andringa 2002, p. 38.

    43 Guiraud 1887, Larsen 1955, Deininger 1965, Christopherson 1968.

    44 Parmi lesquels Price 1984 et Burrell 2004.

    45 Dion Cassius, LIV, 32, 1-2, voir p. 109.

    46 La deuxième ligne de CIL, XIII, 1722, inscription du Confluent, montre]onsens c[développé en [c]onsens (u) c[oncilii] par Hirschfeld, mais cela n’est pas assuré.

    47 Fishwick 1987-2005, III, 2, p. 24.

    48 Voir p. 119-120.

    49 Hirschfeld CIL, XIII-I, p. 227 ; Larsen 1955, p. 130 ; Deininger 1965, p. 22 n. 4 ; Fishwick 1987-2005, I, 1, p. 97-99 ; Van Andringa 2002, p. 33.

    50 Wuilleumier 1953, p. 33-34 ; Harmand 1960, p. 128 ; Drinkwater 1978, p. 819 ; Maurin 1986, p. 110 ; Tassaux 1996, p. 150 ; Delaplace, France 1997, p. 50 ; Van Andringa 2002, p. 33 ; García Riaza, Lamoine 2008, p. 144 ; Tranoy 2010, p. 117.

    51 Larsen 1955, p. 134 ; Drinkwater 1983, p. 111 ; Fishwick 1987-205, I, 1, p. 130, 148 ; Le Gall, Le Glay 1992, p. 80 ; Beard, North, Price, 1998, p. 349 ; Tranoy 2010, p. 117.

    52 En faveur de 27 av. n. è. : Desjardins 1876-1893, III, p. 155 ; Jullian 1920-1926, IV, p. 68 n. 1 ; Hatt 1959, p. 89 ; Drinkwater 1983, p. 20-21 ; Christol 1995, p. 156 ; Goudineau 1998c, p. 228 ; Ferdière 2005, p. 93.
    En faveur de 16-13 av. n. è. : Hirschfeld 1908, p. 465 ; Stein 1932, p. 2 ; Wuilleumier 1948, p. 7 ; Harmand 1960, p. 117 ; Étienne 1962, p. 82 ; Brogan 1974, p. 200 ; Petit 1974 p. 23 ; Fishwick 1987-2005, I, 1, p. 101 ; ILA Nitiobroges 1991, p. 11 ; Gros 1991, p. 17 ; Badie, Sablayrolles, Schenck 1994, p. 113 ; Reddé (dir.) 1996, p. 95 ; Roman 1997, p. 548 ; Hiernard 2003, p. 33 ; Fichtl 2005, p. 28 ; Cosme 2005, p. 196 ; Bost, Martin Bueno, Roddaz 2005 p. 24 ; Tranoy 2010, p. 111.
    Ne se prononcent pas ou processus en deux temps : Wightman 1974, p. 475 ; Le Gall, Le Glay 1992, p. 105 ; Woolf 1998, p. 39 ; Raepsaet-Charlier 1999, p. 274-275 (création des provinces en 27 av. n. è., des cités en 16-13 av. n. è.).

    53 Bost, Martin Bueno, Roddaz 2005, p. 24.

    54 Fishwick 1987-2005, I, 1, p. 83.

    55 Fishwick, 1987-2005, I, 1, p. 144-148.

    56 Larsen 1955, p. 130 ; Fishwick 1978, p. 1205 ; Fishwick 1987-2005, I, 1, p. 98-99.

    57 Fustel de Coulanges 1891, p. 156.

    58 Burrell 2004, p. 17-22, 147-152.

    59 La première manifestation du culte d’Auguste en Occident consiste en l’érection d’un autel par les habitants de Tarragone en 26 av. n. è. Un an après, en Transalpine, commence la mise en place d’un grand sanctuaire à la fontaine de Nemausus (Gros 1984 ; Gros 2008, p. 65-67). Mais tout cela concerne le culte impérial à l’échelle de la cité et non de la province.

    60 Wightman 1985, p. 59 ; Fishwick 1987-2005, I, 1, p. 92-93.

    61 Larsen 1955, p. 106-109 ; Deininger 1965, p. 88-91 ; Shwertfeger 1974, p. 77-78 ; Jacques, Scheid 1990, p. 193 ; Kantiréa 2007, p. 190-191.

    62 Frija 2012, p. 71-74, 208-212.

    63 Le temple du culte impérial en Gaule daterait d’Hadrien (Fishwick 1987-2005, III, 1, p. 182-185).

    64 Fishwick 1987-2005, I, 1, p. 3-31 ; Ferrary 1997, p. 204-206, 216-218 ; Kantiréa 2007, p. 21-38 ; Frija 2012, p. 24-34.

    65 Fishwick 1987-2005, III, 1, p. 221-222.

    66 Il faut attendre la création des Tres Daciae sous Hadrien pour trouver une situation comparable. Fishwick 1987-2005, I, 2, p. 301-307 ; 2004, III, 3, p. 173.

    67 Deininger 1965, p. 137-141.

    68 Maurin, 1978, p. 201 ; Maurin 1986, p. 117-118 ; Fishwick 1987-2005, III, 2, p. 37, souligne que cette pratique s’étend sur toute l’histoire du sanctuaire fédéral ; voir aussi p. 57.

    69 AE, 1959, 61 = ILTG, 217 = Vismara, Caldelli 2000, n° 75, p. 116-119.

    70 Nous suivons la reconstitution de L. Maurin dans ILA Santons, 18.

    71 Fishwick 1999, p. 249, souligne la distinction que cela représente pour la cité d’origine du grand prêtre.

    72 Jullian 1920-1926, IV, p. 441 : « Un de ces délégués remplissait la fonction suprême de “prêtre de l’autel de Rome et d’Auguste”, qui faisait de lui “le roi des cérémonies”, “le prince” ou le “premier de la Gaule”, ainsi qu’aurait dit Jules César […]. Choisi parmi ses confrères, il est pris d’ordinaire parmi les représentants des cités les plus importantes : ce qui fut pour elles une manière d’exercer le principat, cause de tant de luttes à l’époque de l’indépendance. »

    73 Fishwick 1987-2005, III, 2, p. 12-13.

    74 Goudineau 1998c, p. 244-245.

    75 Wolff 1989b, p. 261.

    76 CIL, XIII, 1668, l. 31-33 ; Tacite, Ann., XI, 23, 1, sur les circonstances du discours utilise aussi Gallia Comata.

    77 Maurin 1986, p. 111 ; Goudineau 1998c, p. 207 ; Fishwick 1987-2005, III, 1, p. 92.

    78 CIL, XIII, 3162, III-15 : His accedit quod cum Cl (audio) Paulin[o] decessori meo in concilio Galliarum instinctu quorund[am].

    79 Fishwick 1987-2005, III, 2, p. 59.

    80 C’est pourquoi nous avons décidé de réserver l’appellation concilium Galliarum pour les époques flavienne et suivantes. Pour l’époque julio-claudienne nous avons écarté les termes de concilium Galliae car ils auraient pu laisser croire qu’ils étaient issus des sources.

    81 Jullian 1920-1926, IV, p. 90-93.

    82 CIL, XIII, 1674 ; 1675 ; 5376. Wuilleumier 1953, p. 36.

    83 Maurin 1986, p. 111, n. 15 ; Jullian 1920-1926, IV, p. 433 ; Fishwick 1987-2005, III, 2, p. 58-9.

    84 Raepsaet-Charlier 1998, p. 154 ; Eck 2007, p. 10.

    85 Sur le sujet, discuté, de la liste des cités de l’Aquitaine précésarienne après les réformes d’Auguste, Bost, Martin Bueno, Roddaz 2005, p. 27-29.

    86 Comparer BG, I, 1, 2 et Strabon, Géogr., IV, 1, 1.

    87 Sur C. Iulius Rufus ILTG, 217 ; AE, 1959, 61 ; Audin, Guey, Wuilleumier 1954 ; ILA Santons, p. 131-134 ; Vismara, Caldelli 2000, n° 75, p. 116-119. Sur les fragments de l’état postérieur CIL, XIII, 1667, et Vismara, Caldelli 2000, n° 78-79, p. 122 et suiv.

    88 Audin, Guey, Wuilleumier 1954, p. 320.

    89 Hirschfeld CIL, XIII, p. 228 ; Maurin 1978, p. 199-200.

    90 Bost, Martin Bueno, Roddaz 2005, p. 24 n. 58 ; Fishwick 1987-2005, III, 1, p. 39. La question de savoir si ces peuples aquitains avaient un centre propre pour le culte impérial à Saint-Bertrand-de-Comminges (Lugdunum Conuenarum) est réexaminée dans Badie, Sablayrolles, Schenck 1994, p. 107-119 et dans Fishwick 1987-2005, III, 1, p. 23-39. La préférence de ces auteurs va dans ce sens.

    91 Maurin 1978, p. 201 ; Frei-Stolba 1988, p. 187 ; Frei-Stolba 1994, p. 37. La situation des Lyonnais n’est pas tout à fait claire. Le cas problématique de M. Bucc[…], Lyonnais de l’époque sévérienne et peut-être grand prêtre, pose la question de savoir si étaient exclus du culte les populations des colonies dans leur ensemble ou seulement celles d’origine italienne (Christol, Fishwick 1979 ; Maurin 1986, p. 109-124 ; Fishwick 1996 ; Bérard 1999, p. 103-104).

    92 Dion Cassius, LI, 20, 6-7 ; Tacite, Ann., 4, 37 ; Suétone, Aug., 52. Frei-Stolba 1988, p. 191 ; Fishwick 1987-2005, III, 1, p. 229.

    93 Turcan 1991, p. 739.

    94 Maurin 1986, p. 112.

    95 En 48-46 av. n. è., D. Iunius Brutus contre les Bellovaques (Tite- Live., Per., 114 ; Appien, BC, II, 48 ; 2, 111), en 39-38 av. n. è. Agrippa contre les Aquitains (Appien, BC, V, 75 ; 92 ; Verdin 2013), en 29 av. n. è. contre les Trévires (Dion Cassius, LI, 20), en 29-28 av. n. è. C. Carinas contre les Morins (Dion Cassius, LI, 21), en 27 av. n. è. M. Valerius Messalla contre les Aquitains et qui obtient pour cela un triomphe (Tibulle, 1, 7, 11), et pour finir, troubles en Gaule en 12 av. n. è.

    96 Voir p. 132.

    97 Cités créées après la conquête : Tricasses sans doute au ier siècle ap. n. è. à partir du territoire sénon ou lingon (Fichtl 2012a, p. 72-73), Silvanectes sous Claude à partir du territoire suession (Fichtl 2012a, p. 73) ou melde (Dondin-Payre 2004, p. 89), Bituriges Vivisques (Hiernard 1997), Tongres (à partir du reste des Éburons, des Atuatuques, des Taxandres, des Condruses et peut-être d’éléments celto-germaniques d’outre-Rhin – Raepsaet-Charlier 1999, p. 275), Rauraques (détachés des Séquanes ou des Helvètes – Fichtl 2012a, p. 66-68), Ubiens, absorption probable des Mandubiens par les Éduens ou peut-être les Lingons, des Ambarres par les Séquanes ou peut-être les Éduens. Les peuples aquitains connurent une réorganisation importante ne laissant subsister peut-être que neuf peuples là où ils étaient environ une trentaine auparavant (ILA Nitiobroges, p. 14). Pour un exposé général et synthétique, voir par exemple Ferdière 2005, p. 141-144.

    98 Jullian 1920-1926, IV, p. 269-271 ; Tarpin 2006, p. 35-36.

    99 Buchsenschutz, Colin, Gruel, Ralston 1993 ; Fichtl 2005, p. 84-97 ; sur la notion d’urbanisme appliquée à un oppidum, voir Bibracte dans Guillaumet, Szabó, Barral 2002, et Kaenel 2006, p. 22-23.

    100 Galliou 2011, p. 26-27 ; Galliou, Cunliffe 2003 ; Mertens 1984, p. 42-43 ; Bedon 1999, p. 129-130 ; Fichtl 2005, p. 144. César écrit que le territoire éburon est dépourvu d’oppidum (BG, VI, 34, 1), que les Morins se réfugient en cas de danger dans les marais et les forêts plutôt que dans un site fortifié (BG, III, 28, 2) ; et Dion Cassius précise sur les Ménapes et les Morins qu’ils ne sont pas organisés en cité (XXXIX, 44, 1-2).

    101 Bedon 1999, p. 38-53.

    102 Beal 1996 ; Reddé 2009, p. 91.

    103 Cas identique chez les Trévires où l’oppidum du Titelberg est abandonné au profit d’Augusta Treuerorum (Trèves), chez les Leuques où l’oppidum de Boviolles est délaissé pour l’implantation dans la vallée de l’Ornain, à Nasium (Naix-aux-Forges dans la Meuse).

    104 Barral, Gaston, Vaxelaire 2011.

    105 Bedon 2001, p. 120.

    106 C’est-à-dire une place qui remplisse les fonctions du forum italien. La monumentalisation de ces centres civiques est progressive et selon un rythme variable (Van Andringa 2002, p. 57-62).

    107 À Bibracte, les premières domus sont du début de l’époque augustéenne, ainsi celle du Parc aux chevaux (Paunier, Luginbühl (dir.) 2004 : état 4 p. 78 et suiv., peut-être préfigurée par l’état 3 p. 63 et suiv. juste postérieur à la conquête). À Vesunna (Périgueux), on trouve une grande résidence construite à partir des deux dernières décennies du ier siècle av. n. è. (Bedon 2001, p. 254). À Vesontio (Besançon), des bâtiments aux plans et méthodes de construction romains du tout début du ier siècle ap. n. è. pourraient être des domus (Les fouilles du Parking 1992, p. 69). À Durocortorum (Reims), chef-lieu des Rèmes, la « Maison de Muranus », sans doute une domus, date d’avant la fin du ier siècle av. n. è. et celle de « Mercure », du premier tiers du siècle suivant (Balmelle, Niess 2003, p. 58, 63, 70-71). Dans l’ensemble cependant, les vestiges de domus dans la majorité des villes de Gaule Chevelue ne remontent guère avant le règne de Claude (Bedon 1999, p. 325-327).

    108 Buchsenschutz, Ralston 1986, p. 386 ; Tarpin 2002, p. 27.

    109 Poux 2012, p. 19 ; Fichtl 2012b, p. 47.

    110 Ramona 2011, p. 56. Les Mandubiens ne furent peut-être pas une cité dès Auguste et la ville, d’un statut secondaire, n’aurait donc pas de forum à proprement parler à cette époque (Reddé 2003 ; Bouet 2012, p. 32).

    111 Metzler 2006 ; Metzler, Méniel, Gaeng, 2006 ; Fichtl 2012b, p. 43-46.

    112 Brunaux 1995 ; Fichtl 2012b, p. 45-46.

    113 Fichtl 2012b réunit les données sur les lieux de rassemblement des oppida de Gaule Chevelue à l’âge du Fer.

    114 Les fouilles du parking 1992, p. 53 à Vesontio (Besançon) chez les Séquanes ; Buchsenschutz 2004, p. 347 ; Kaenel 2006, p. 35-36 mentionne pour Bibracte une « mutation urbaine » achevée dès le milieu du ier siècle avec de luxueuses demeures urbaines habitées une partie de l’année par les aristocrates éduens ; à Corent chez les Arvernes des demeures d’aristocrates ont été découvertes au cœur de l’oppidum, à proximité du sanctuaire (Pranyies 2011, p. 185).

    115 Tongres par exemple ne fut créée qu’à partir de la décennie suivante (Vanderhoven 1996, p. 221).

    116 À l’exception de Bibracte où un premier forum, avec une basilique, aurait été découvert dans la zone de la Pâture du couvent, dont la construction daterait de 50-30 av. n. è. (Szabó 2007, p. 404 ; identification discutée par Marc 2011). Les constructions privées y sont maçonnées dès le dernier tiers du ier s. av. n. è. (Labaune, Meylan 2011, p. 116). Cela ne peut être tenu pour représentatif des autres peuples. Voir par exemple pour Vesontio chez les Séquanes Barral, Gaston, Vaxelaire 2011, p. 100-103 qui placent le début de la « pétrification » de la ville à la période claudienne, ou encore Pouille (dir.) 2008, p. 294, 303-308, sur Condate (Rennes), chef-lieu des Riédons qui, jusqu’à la fin du ier siècle ap. n. è., est une ville de terre et de bois.

    117 Bedon, 2001 ; Goudineau 1991, p. 12 ; Frezouls 1991, p. 114. Sur le « remplissage » progressif de la trame urbaine à Autun, Rebourg 1991, p. 105-106 ; autre ex. Darioritum (Vannes) dans Triste 1992, p. 23, 29-30.

    118 Goudineau 1991, p. 12 ; Bedon 1993.

    119 Van Andringa 2002, p. 57. Les prêtrises de Rome et d’Auguste sont mieux documentées que les temples. La plus ancienne est celle de Rodez (AE, 1994, 1215 ; Sablayrolles 1994), qui date d’Auguste.

    120 Tout en en doutant, Fishwick 1987-2005, I, 1, p. 97 n’exclut pas d’interpréter ainsi le texte.

    121 Le Roux, Guyonvarc’h 1995, p. 78-81, 183-186 ; RIG, III, p. 334, 403 ; Lambert 2003, p. 112 ; Delamarre 2003, p. 267. La mention SAMON(ios ?) offre un évident parallèle, au moins de nom, avec la fête irlandaise nommée Samain en vieil-irlandais.

    122 Sur la Lugdunum préromaine, voir Poux, Savay-Guerraz (dir.) 2003 ; Poux 2004, p. 156-7 ; Monin 2015.

    123 Roddaz 2006 (p. 36 pour la citation) ; Fears 1981, p. 804-808.

    124 Audin, Fishwick 1990.

    125 Roddaz 2006, p. 37, 41 suggère cette idée.

    126 Van Andringa 2002, p. 38.

    127 Terme le plus adapté pour qualifier l’activité de l’assemblée de la Gaule (Desjardins 1876-1893, III, p. 196 ; Christopherson 1968, p. 354 ; Harmand 1960, p. 128 ; Christol 1985, p. 87 ; Jacques, Scheid 1990 p. 126 ; Raepsaet-Charlier 1998, p. 170 ; Goudineau 1998c, p. 244).

    128 Fishwick 1987-2005, III, 1, p. 238.

    129 CIL, XIII, 3162, III, 22-3 ; Vismara, Caldelli 2000, n° 78-79.

    130 Voir p. 84.

    131 Voir p. 153-165.

    132 La formule n’inclut pas les prêtrises locales – Dondin-Payre 1999, p. 158.

    133 Fustel de Coulanges 1891, p. 154.

    134 Nicolet 1988, p. 133-157.

    135 Harmand 1960, p. 119-120 ; Christol 1985, p. 87.

    136 Jacques, Scheid 1990, p. 163 ; Béranger 2009, p. 192.

    137 Tacite, Ann. XIV, 46, 2.

    138 Tacite, Ann., I, 31, 2 ; 33, 1. Pris par la guerre contre les Germains, il délègue finalement la tâche (II, 6, 1). Nicolet 1988, p. 153 estime que ces trois recensements n’en font qu’un effectué en plusieurs étapes.

    139 Suétone, Claud., 16 ; Tacite, Ann., XI, 25, 5 ; Nicolet 1988, p. 157.

    140 France 2003, p. 210.

    141 Turcan 1991, p. 733-734.

    142 Dion, LIX, 22, 3 ; Brunt 1981, p. 330 ; France 2001b, p. 368-369.

    143 France 2003, p. 211-220.

    144 France 2003, p. 213 pour CIL, II 4248. Drinkwater 1978, p. 823 date CIL, XIII, 1694 de 121-130, Fishwick 1987-2005, III, 2, p. 65 la place entre Hadrien et les Sévères.

    145 Héron de Villefosse 1890, p. 14, 16 ; Audin 1986, p. 103 ; Turcan 1991, p. 740 ; Fishwick 1987-2005, I, 1, p. 92 ; Burnand 1996, p. 19.

    146 Turcan 1991, p. 740, le qualifie de « terre gauloise ».

    147 Van Andringa 2002, p. 34-35.

    148 Hirschfeld 1904, p. 212 ; Wuilleumier 1953, p. 38 ; Maurin 1978, p. 198 ; Drinkwater 1979, p. 96 ; Frei-Stolba 1994, p. 39.

    149 Mommsen 1905-1913, VIII, p. 247 ; Héron de Villefosse 1890, p. 12 ; Deininger 1965, p. 104, n. 4 ; Fishwick 1987-2005, III, 2, p. 51-52.

    150 Drinkwater 1979, p. 96 ; Fishwick 1987-2005, III, 2, p. 53.

    151 Hirschfeld CIL, XIII, p. 230.

    152 CIL, XIII, 1675 ; 1669 ; Roman 1997, p. 554. La stips annua est une cotisation annuelle dont la création est attribuée par D. Fishwick à Vespasien (Fishwick 1999, p. 250, 258-259 ; Fishwick 1987-2005, III, 1, p. 154-5).

    153 Fishwick 1987-2005, III, 2, p. 49.

    154 Fishwick 1999, p. 258-259 ; Fishwick 1987-2005, III, 2, p. 49.

    155 Dondin-Payre 1999, p. 175-6 ; Raepsaet-Charlier 1999, p. 351.

    156 Fishwick 1999.

    157 Hirschfeld 1904, p. 212-213.

    158 Pflaum 1948, p. 17-18 ; Wuilleumier 1953, p. 34 ; Deininger 1965, p. 102 n. 9 ; Maurin 1978, p. 198 ; Frei-Stolba 1994, p. 39 n. 18 ; Vipard 2008, p. 95.

    159 Vipard 2008, p. 95.

    160 Hirschfeld, CIL, XIII, p. 230 ; Tranoy 2010, p. 119.

    161 Exposées dans Deininger 1965.

    162 Millar 1977, p. 393, cite un décret du concilium de Numidie daté de Sévère Alexandre (CIL, VIII, 17639).

    163 Sartre 1991, p. 210. Sur le koinon d’Asie, voir les exemples de poursuites sous les Julio-Claudiens dans Deininger 1965, p. 55-57. Curieusement certains présentent la capacité de l’assemblée du Confluent à émettre des avis sur les anciens gouverneurs comme quelque chose qui lui serait propre et d’exceptionnel (Desjardins 1876-1893, III, p. 196, 210 ; Roman 1997, p. 554).

    164 Deininger 1965, 104-107 ; Brunt 1961, p. 77-79.

    165 Dion Cassius, LIV, 21 ; Suétone, Aug., 67. Benabou 1967.

    166 Brunt 1961, p. 63-64.

    167 Brunt 1961, p. 90-94. Ces cas concernent tous les procès intentés contre les responsables de l’administration provinciale et n’ont pas tous une assemblée provinciale à leur origine. En outre, sept condamnés et un acquitté sont des chevaliers.

    168 L’affaire du Crétois Claudius Timarchus atteste qu’en 62 la procédure était déjà bien connue (Tacite, Ann., XV, 20-22).

    169 CIL, XIII, 3162 ; Pflaum 1948.

    170 Voir n. 168. En réaction, Néron propose d’interdire aux assemblées provinciales (concilium sociorum) le droit de décerner des éloges aux anciens gouverneurs – mais pas de s’en plaindre – (Tacite, Ann., XV, 22). Interdiction éphémère (Wuilleumier 1943, p. 39), Pline le Jeune, Pan., 70, montrant que la procédure, sous Trajan au moins, était à nouveau de mise. Selon Hatt 1959, p. 98, elle ne concernait que les provinces sénatoriales.

    171 Fishwick 1987-2005, III, 2, p. 302.

    172 Jacques, Scheid 1990, p. 170-171.

    173 Brunt 1961, p. 76 ; Jacques, Scheid 1990, p. 170.

    174 Tacite, Ann., VI, 45, 3. Jacques, Scheid 1990, p. 170.

    175 La révolte de 21 et le rôle de Iulius Sacrovir sont examinés plus en détail dans Arbabe 2015b. Les grandes lignes en sont exposées ici et p. 161-164.

    176 Syme 1958, p. 611-624 ; Syme 1970, p. 19-29 ; Arbabe 2015b, p. 152-153.

    177 Par exemple Mommsen 1891, p. 554-555 ; Jullian 1921, p. 155 ; Thévenot 1960. Mais, à l’inverse, Desjardins 1876-1893, III, p. 270, n’y voit qu’une révolte de citoyens romains en butte à des problèmes d’ordre fiscal et financier.

    178 Grenier 1936 pose cette interprétation reprise depuis – voir par exemple Harmand 1960, p. 58-62 ; Brunt 1981, p. 343 ; Drinkwater 1983, p. 28 ; Jacques, Scheid 1990, p. 229-230.

    179 Martin 2015, p. 315-324 pense à une contraction monétaire modérée, mais à des contributions en nature pour l’armée du Rhin difficilement supportées dans la durée.

    180 Leur double jeu ne fut pas décelé par les autorités romaines : voir Tacite, Ann., III, 41, 2-3.

    181 Christopherson 1968, p. 356-357 (Tacite, Ann., IV, 19-20).

    182 Tacite, Ann., III, 41, 3.

    183 Voir p. 161-164 et Arbabe 2015b.

    184 CIL, XIII, 1668 ; Fabia 1929.

    185 Sur la documentation de Tacite, Bérard 1991. Tacite eut accès au discours de Claude par les acta senatu plutôt que par l’inscription du Confluent (Bérard 1991, p. 3015-3017).

    186 Hirschfeld 1904, p. 132 ; Fabia 1929, p. 2-3 ; Wuilleumier 1953, p. 39 ; Vittinghoff 1954, p. 348 et suiv. ; Harmand 1960, p. 129 ; Carcopino 1961, p. 188 ; Deininger 1965, p. 105-106 ; Drinkwater 1983, p. 37 ; Roman 1997, p. 555 ; Fishwick 1987-2005, I, 1, p. 137.

    187 Fabia 1929, p. 10-13.

    188 Tacite, Ann., VI, 7, 4.

    189 Hirschfeld CIL, XIII, p. 229 ; Duval 1971, p. 382 ; Wuilleumier 1953, p. 39 ; Millar 1977, p. 388 ; Drinkwater 1978, p. 820 ; Christol 1985, p. 87 n. 53 ; Fishwick 1987-2005, I, 1, p. 137.

    190 Millar 1977, p. 363 et suiv.

    191 Surtout connu, en plus de Quintillien – voir aussi 12, 10, 11 – et de Pline le Jeune, Epist., VII, 6, 11, par le Dialogue des orateurs où Tacite nous apprend qu’un autre orateur gaulois de renom, Iulius Secundus, avait écrit sa biographie (Dial., 14, 4).

    192 Dion Cassius, LXIII, 22-26 ; Tacite, Hist., I, 8, 16 ; IV, 17, 57 ; Josèphe, La guerre des Juifs, IV, 440 ; Suétone, Ner., XL, 1 ; Galb., IX, 4-5 ; X, 1 ; XI, 1 ; Plutarque, Galb., IV, 3-5 ; V, 1-3 ; VI, 1 ; Pline, NH, XX, 57, 160. Son gentilice Iulius est celui de son père. Quant au fait qu’il fut légat de Lyonnaise, ce n’est pas assuré (Jullian 1920-1926, IV, p. 179 n. 9), mais très probable (tenu pour tel par Brunt 1959, p. 10 n. 3, et Cosme 2012, p. 13).

    193 Brunt 1959.

    194 Dion Cassius, LXIII, 22, 1b (Γαλάτης ἀνὴρ).

    195 Wuilleumier 1953, p. 39 ; Brunt 1959, p. 10-11 ; Cosme 2012, p. 13.

    196 Ne sont prises dans ce décompte et les suivants que les expressions qui désignent le soulèvement : Suétone, Ner., 40, 1 (Gallis duce Iulio Vindice), 6 (motu Galliarum) ; 43, 1, 2 (Gallias) ; 45, 4-5 (Gallos […] Vindicem) ; 46, 5 (Vindicem) ; Galba, 9, 4 (tumultuari Gallias) ; 16, 4 (aduersus Gallos et Vindicem).

    197 Plutarque, Galb., 4, 3, 5 ; 5, 3, 5 ; 10, 1, 2 ; 18, 1.

    198 Civilis, Histoires, IV 17, 3 : « la Gaule avait succombé sous ses propres forces » ; Voculla, IV, 57, 2 : « C’est ainsi que jadis Sacrovir et les Éduens, naguère Vindex et les Gaules avaient succombé, chaque fois en une seule bataille. »

    199 Tacite, Hist., I, 65, 1 ; Plutarque, Galb., 10, 2 ; Flavius Josèphe, La guerre des Juifs, IX, 2.

    200 Les provinces espagnoles sont citées une seule fois (42, 1).

    201 Mattingly 1923, p. 345, n° 206.

    202 Mattingly 1923, p. 346-347, n° 211-214.

    203 Christol 1985, 90.

    204 Christol 1985, p. 87.

    205 Jullian 1920-1926, IV p. 209 ; Hatt 1959, p. 76 ; Christopherson 1968, p. 364 ; Ferdière 2005, p. 149 ; García Riaza, Lamoine 2008, p. 145 la relie plutôt à la pratique césarienne. Wuilleumier 1953, p. 39, semble penser qu’il s’agit d’une délocalisation conjoncturelle de l’assemblée du Confluent.

    206 C’est la règle pour le Sénat romain (Talbert 1984, p. 113).

    207 Fishwick 1987-2005, I, 1, p. 137.

    208 Voir p. 126-127.

    209 Sur ce sujet comme sur celui d’Auguste chef de guerre, voir Rich 2003 (bibliographie p. 329, n. 1).

    210 Tite-Live, I, 19, 3 ; Suet., Aug., 22, 1 ; Dion Cassius, LI, 20, 4.

    211 Sur l’Ara Pacis voir Torelli 1999, Sauron, 2000.

    212 Goudineau 1998c, p. 245-246. Texte cité p. 146-147.

    213 Scheid 2001, p. 149.

    214 Pontifes, augures, quindécemvirs, septemvirs (Jacques, Scheid 1990, p. 37, 118).

    215 Rich 2003, p. 333.

    216 Nicolas de Damas, Recueil de mœurs extraordinaires, XLIV, 41, 3, chez Stobée, Anth., IV, 2, 25, Jacoby, II-A, 103E, 3, p. 384 ; Parmentier, Barone 2011, p. 182-183.

    217 Scheid 2001, p. 149 ; Hurlet 2006, p. 167-173.

    218 C’est la raison pour laquelle, à partir du règne d’Auguste, l’empereur devient le seul autorisé à triompher. Le triomphe de L. Cornelius Balbus en 19 av. n. è. est le dernier accordé à un sénateur n’appartenant pas à la domus du prince (Hurlet 2006, p. 261).

    219 Lamoine 2009, p. 165 a vu ce transfert de souveraineté et d’image depuis l’époque de l’indépendance jusqu’à celle de la domination romaine, autour de la personne du prince, et l’explique plutôt par « la migration de la puissance royale gauloise » (p. 138-166). Dans la même direction, Roman 1997, p. 539.

    220 Van Andringa 2002, p. 133.

    221 Gury 2006, p. 118.

    222 Goudineau 1998c, p. 245-246.

    223 Goudineau 1998b, p. 61 ; Lamoine 2009, p. 155 ; Fishwick 1987-2005, I, 1, p. 137.

    224 Voir Arbabe 2013, annexe 1.

    225 Drinkwater 1983, p. 20 parle de « Julian connection » qu’Auguste aurait entretenue par des séjours personnels et la présence de nombreuses figures de la maison impériale. Lamoine 2009, p. 155-156, développe cette idée d’une telle politique voulue par Auguste. Également Delaplace, France 1997, p. 47-58.

    226 Fishwick 1987-2005, III, 1, p. 18.

    227 L. Maurin dans ILA Santons, 18, p. 133, estime que Victor était le plus jeune des deux.

    228 Fishwick 1987-2005, III, 1, p. 151-2.

    229 PCR 219.

    230 CIL, XIII, 1036, ILA Santons, 7. Le texte est réalisé à partir des deux inscriptions figurant sur chaque face de l’arc.

    231 Sur ce dernier, voir avant tout CIL, XIII, 1037, 1042-1045, 1075 ; ILA Santons, 8, 18 ; PME I 141 ; PCR 221.

    232 Réalisée à partir des quatre inscriptions CIL, XIII, 1042-1045 et de ILA Santons, 18.

    233 CIL, XIII, 1674. CIL, XIII, 1675 n’apporte rien de plus pour ce qui nous intéresse ici.

    234 Tite-Live, Per., 139, 2. Voir p. 153-157.

    235 Voir p. 161-164 et Arbabe 2015b.

    236 Galsterer-Kröll 1973, p. 298.

    237 Fishwick 1987-2005, III, 2, dresse un catalogue de tous les grands prêtres des provinces d’Occident ; Sartre 1991, p. 109.

    238 Fishwick 1097-2005, III, 2, p. 37.

    239 Pour les prêtres des koina d’Orient, l’appartenance à l’ordre équestre ou même sénatorial, sans être une condition, était généralement respectée (Burrel 2004, p. 346).

    240 Avoir suivi un cursus municipal complet n’est pas nécessaire pour être chevalier (Jacques 1984, p. 149-150). C’est le cas du Tricasse T. Iulius Lentinus, préfet des ouvriers, mort à Rome à dix-huit ans (AE, 1953, 56 ; voir p. 509-510), qui n’avait sûrement eu aucune responsabilité dans sa cité.

    241 Burnand 2006, p. 60 pense que le prestige de la famille de Rufus était tel qu’il put être envoyé au Confluent sans avoir rempli de charge. Cela paraît étonnant, d’autant plus qu’il fut élu par les délégués qui devaient, pour beaucoup si ce n’est tous, avoir un cursus municipal solide à lui opposer.

    242 Goudineau 1998c, p. 244 (cité p. 112).

    243 Fishwick 1987-2005, III, 2, p. 42, avance que le cursus de C. Iulius Victor est en ordre inverse.

    244 Dondin-Payre 1999, p. 166.

    245 Van Andringa 2002, p. 220-221.

    246 Fishwick 1987-2005, III, 2, p. 41.

    247 ILA Santons, p. 95 ; Goudineau 1998c, p. 244 ; Woolf 1998, p. 217 ; Fishwick 1987-2005, III, 2, p. 42. Il en était de même en Orient (Burrel 2004, p. 346).

    248 Larsen 1955, 135 ; Deininger 1965, p. 22 n. 5 ; Fishwick 1987-2005, I, 1, p. 101.

    249 Ce que Fishwick 1987-2005, III, 2, p. 37 résume par les termes « good character ».

    250 Auguste en 27 av. n. è. (Tite-Live, Per., 134) ; Agrippa en 39-37 av. n. è. (Appien, BC, V, 66 ; Dion Cassius, XLVIII, 33), puis en 19 av. n. è. (Dion Cassius, LIV, 12) ; Tibère en 16-15 av. n. è., 8-7 av. n. è., en 4-6, en 10-12 (Velleius Paterculus, II, 97 ; Dion Cassius, LV, 6, 8) ; Drusus en 13-11 av. n. è. (Tite-Live, Per., 138-139 ; Dion Cassius, LIV, 25) ; Germanicus en 13-17 (Suétone, Cal., 8 ; Tacite, Ann., II, 41) ; Caligula en 39-40 (Dion Cassius, LIX, 21-22, 26 ; Suétone, Cal., 39 ; Claude (Dion Cassius, LX, 19-20).

    251 Éduens et Carnutes sont des fédérés ; les Santons sont libres.

    252 Dondin-Payre 1999, p. 177-180.

    253 Kaenel, Martin-Kilcher 2002, p. 163. Sur les funérailles publiques, Wesch-Klein 1993.

    254 Richier 2004, p. 589. Mais il est possible que cela soit le reflet de l’origine des colons installés à Nyon, qui pourrait être allobroge.

    255 Kaenel, Martin-Kilcher 2002, p. 155.

    256 DT II, 2445. Selon Guihard 2012, p. 140, il s’agirait d’un G(aios) Iulios dont le pouvoir serait localisé en un lieu nommé Anadgovomagos. On ne comprend pas s’il voit en Tatinius (au droit) son surnom, ou un autre homme. Mais alors, soit Tatinius est le cognomen et on aurait un prénom et un gentilice romains galicicés complétés d’un surnom gaulois latinisé, chose très étrange, soit Tatinius est un autre homme et alors G(aios) Iulios n’a pas de surnom et a une dénomination sans élément gaulois, ce qui équivaut à dire, pour cette époque, qu’il n’a plus de nom. On peut aussi développer le nom en Anadgouomag (ulos) ou Anadgouomag (ios), ce qui évite les complications suscitées par un toponyme.

    257 RIG, IV, 80 = DT I 288-289.

    258 CIL, XIII, 2728, 2805. Il existe une autre attestation précoce d’un Éduen nommé Iulios, un forgeron mentionné sur une fibule de bronze du dernier quart du ier siècle av. n. è. (CIL, XIII, 10027.116 = RIG, II-2, L. 19). On ne peut être sûr qu’il fut citoyen romain puisqu’il n’y a ni prénom ni surnom mentionné.

    259 Goudineau, Peyre 1993, p. 191 ; BG, VII, 67, 7.

    260 CIL, XIII, 555. Bedon 1999, p. 230. C’est un Aquitain, nous le mentionnons (entre parenthèses) dans le cas où l’on compte les peuples d’Aquitaine césarienne au Confluent.

    261 CIL, XIII, 5093, 5094. Inscriptions trouvées à Avenches, sur le territoire helvète.

    262 Syme 1977, p. 133, 136 ; Van Berchem 1982, p. 61-65 ; Kaenel, Martin-Kilcher 2002, p. 163. Hypothèse rejetée par Bedon 1993, p. 106.

    263 Tite-Live. Per., 120, 2 ; Orose, VI, 18 ; Appien, BC, III, 98 ; Velleius Paterculus, II, 64, 1.

    264 BG, VIII, 26 ; RIG, IV, 145 ; GP, 66.1 ; DT III, 3687.

    265 La Chaussée-Tirancourt (DT III, 3687, p. 169).

    266 RIG, IV, 177 = DT II, 2358, 2359.

    267 CIL, XIII, 1036, 1040, 1042-1045 ; ILA Santons, 7, 18.

    268 RIG, IV, p. 288. La monnaie est placée entre 52 et 44 av. n. è.

    269 RIG, IV, 177, évoque cette hypothèse, mais ne prend pas position et la monnaie n’est en définitive attribuée à aucun peuple. Hostein 2010, p. 62-63 attribue la monnaie au Santon mentionné par les inscriptions de C. Iulius Rufus et C. Iulius Victor.

    270 ILA Santons, 7, p. 94 ; Goudineau, Peyre 1993, p. 190.

    271 CIL, XIII, 1048, 1074 ; ILA Santons, 20.

    272 Grimal 1947, p. 130-134 le place dans la génération des guerres civiles, ce qui nécessiterait de le faire naître un peu avant ; ILA Santons, p. 139 ; Van Andringa 2002, p. 212.

    273 RIG, IV, 229, 281, 285, 286 ; GP 27.1, 27.2 ; DT III, 3251.

    274 Comme le Rème Vertisco, qualifié par Hirtius (VIII, 12, 4) de praefectus equitum. Qu’il ait servi dans la cavalerie se déduit de ce que c’était cela avant tout que César recherchait chez les Gaulois. Dayet 1962, p. 83-84 parvient à cette conclusion à partir des casques figurés sur les monnaies.

    275 Dayet 1962, p. 84, souligne qu’aucun exemplaire aux tria nomina n’ayant été trouvé à Alésia, l’obtention de la citoyenneté datait d’après 52 av. n. è.

    276 Voir p. 303-305.

    277 Stemma de César dans RE X-1, p. 184.

    278 RIG, IV, 338. La lecture du Q. est due à GP 22.1. Le gentilice n’est sans doute pas mentionné, Vot (?) devant être le surnom. On peut supposer qu’il s’agit d’un Iulius.

    279 Deniaux 1993, p. 317-320, expose le cas similaire d’un homme, A. Licinius Aristoteles qui, à la même époque, avait pris le nom de celui qui lui avait octroyé la citoyenneté, et le prénom de celui qui l’avait recommandé.

    280 Parmi les Romains en Gaule prénommés Quintus, quatre légats (Q. Fufius Calenus, Q. Pedius, Q. Titurius Sabinus, Q. Tullius Cicero), plus un autre hypothétique (Q. Atrius), un préfet de cavalerie (Q. Atius Varus), un tribun militaire (Q. Laberius Durus), un centurion primipile (Q. Lucanius), un préfet ou tribun militaire (Q. Velanius) et un Romain d’origine espagnole envoyé comme émissaire auprès d’Ambiorix (Q. Iunius).

    281 Saulcy 1861, p. 87-88 lui attribuait directement la citoyenneté de Togirix, ce que son gentilice rend impossible.

    282 Bedon 1993, p. 115.

    283 Tibère-Caligula pour PCR 415 et Van Andringa 2002, p. 210 ; les années 30 pour Burnand 2006, p. 96.

    284 Il manque à cet inventaire des peuples attendus, tels les Rèmes. Cela est dû aux critères choisis, qui ont écarté tous les Iulii dont l’acquisition de la citoyenneté romaine ne peut être datée, tel le Rème Iulius Auspex présent à l’assemblée de 70 (Tacite, Hist., IV, 69). Pour beaucoup d’entre eux elle date pourtant de l’époque césarienne.

    285 C’est le cas du vergobret lémovice (voir p. 318-319).

    286 Voir p. 270-273.

    287 Dobson 1965, p. 67.

    288 Demougin 1988, p. 515.

    289 PCR 415.

    290 AE, 1959, 61 = ILTG, 217 (Confluent) ; CIL, XIII, 1036 = ILA Santons 7, voir p. 148.

    291 L’arbre familial est exposé dans ILA Santons, 18, p. 132.

    292 Goudineau, Peyre 1993, p. 192.

    293 Étrangement l’inscription en l’honneur de son cousin C. Iulius Victor ne le mentionne pas, non plus que la citoyenneté romaine de C. Iulius Agedomopas.

    294 Goudineau, Peyre 1993, p. 192.

    295 RIG, IV, 177. Voir p. 154. Plus que la variation a/o de la quatrième syllabe entre le nom des inscriptions et celui de la monnaie, c’est le génitif Agedomapatis qui suit le nominatif Caius Iulius qui étonne. Scheers 1969, p. 183 mentionne en Belgique la légende CRICIRV, aussi connue au génitif : CRICIRONIS (RIG, IV 127). Mais il existe aussi la variante CRICIRONVS qui serait donc une forme de génitif croisée avec un nominatif ( !). On peut donc se demander si CRICIRONIS est un génitif ou un nominatif.

    296 Goudineau, Peyre 1993, p. 192.

    297 Goudineau, Peyre 1993, p. 192.

    298 Burnand 2006, II, p. 58-59 suit aussi cette proposition.

    299 ILA Santons, 18, p. 133-134 ; Fishwick 1987-2005, III, 2, p. 42.

    300 Exposées dans ILA Santons, 18.

    301 ILA Santons, 18, p. 132.

    302 Burnand 2006, p. 60.

    303 ILTG, 217, AE, 1959, 81, Vismara, Caldelli 2000, n° 75, p. 116-119.

    304 Dobson 1965, p. 62, 69, insiste sur la diversité des situations recensées sous les termes praefectus fabrum.

    305 Grenier 1937, p. 513, Drinkwater 1978, p. 849.

    306 Est-ce l’origine de ce titre de tribun militaire pour une cohorte auxiliaire ? Ces termes sont normalement réservés au tribunat de légion et aux unités de citoyens romains – Devijver 1995, p. 179 ; Birley 1981, p. 8-12. Pour des troupes auxiliaires ce devrait être un tribun (Clauss 1999, p. 58). Demougin 1988, p. 323-336, 349-350 n’indique rien de clair sur cette variante.

    307 Burnand 2006, p. 63.

    308 PCR 221.

    309 Point plus amplement développé dans Arbabe 2015a.

    310 D’autres prénoms sont attestés – de cadets ou de benjamins – pour les générations suivant l’acquisition de la citoyenneté.

    311 Voir p. 135-136.

    312 Y prirent part, d’après Tacite, en plus des Éduens et des Trévires, les Andécaves et les Turons (III, 41, 1), les Séquanes (III, 45, 2). De III, 40, 1-3 et 43, on peut inférer que de nombreuses cités furent affectées par la campagne de Florus et Sacrovir, et que la révolte eut pu grandement s’étendre s’ils l’avaient emporté une fois au combat. Logiquement, il n’en fut rien.

    313 Constat dans Woodman 1977, p. 28-29.

    314 Hellegouarc’h, Introduction, p. xlv-xlvi, dans Velleius Paterculus. Il est parfois seul à donner certaines informations sur la Gaule – Duval 1971, t. 1, p. 338-339.

    315 J. Hellegouarc’h insiste sur ce point. Voir aussi Woodman 1977, p. 54-56.

    316 Elefante 2011.

    317 Sur Iulius Indus, voir p. 338-339.

    318 Duval 1971, t. 1, p. 339.

    319 ILA Santons, p. 23 (propose le règne d’Hadrien ou le milieu du iie siècle pour la perte de ce statut). Postulat accepté par Ferdière 2005, p. 137.

    320 Delamarre 2003, p. 31, 177.

    321 RIG, I, p. 453 ; Lambert 2003, p. 30-31. Cet usage, absent de l’épigraphie gallo-grecque n’est présent que dans l’épigraphie gallo-latine.

    322 RIG, I, p. 453-454. Lambert 2003, p. 30-31.

    323 Van Berchem 1982, p. 157-158 ; Dondin-Payre 2011, p. 17.

    324 Il s’agit alors de citoyens romains aux deux générations. Van Berchem 1982, p. 156 ; Chastagnol 1995, p. 167-176 ; Dondin-Payre 2001, p. 219-223.

    325 Dondin-Payre 2011, p. 17-18.

    326 Ou bien une des nombreuses variantes – voir Delamarre 2007, p. 11-12.

    327 Sur les noms d’assonance et de traduction, voir Dondin-Payre 2011, p. 18-20.

    328 Le gaulois ne connaît pas de forme parfaitement homophone. Le thème Orbici – dérivé de orbios, ici au génitif – est attesté en composition pour l’onomastique, et comme hydronyme, Orbicus – Hérault actuel. Son sens, « héritier », se prêterait à un nom de personne. On peut donc envisager que Urbicus soit une transcription d’Orbicus réalisée pour des raisons d’assonance et peut-être de sens. Un nom de traduction est en revanche, vu le sens d’urbicus – urbain, citadin –, peu envisageable, puisque les termes gaulois désignant un établissement de type urbain – -briga, -magos, – dunon, -duron – n’apparaissent quasiment jamais dans l’anthroponymie gauloise (Delamarre 2003, p. 154-155 : seul -dunon « citadelle, enceinte fortifiée, mont » est, rarement, utilisé dans l’anthroponymie, par exemple Andedunis « Grand-Fort », Condunus « Dubourg »).

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    Ce livre est cité par

    • Feugnet, Aurélia. (2021) L’odyssée des mobilités. Les Nouvelles de l'archéologie. DOI: 10.4000/nda.11912
    • Moral García, Carlos. (2023) El papel de la mujer en la religión de la Galia céltica. ¿Diosas y druidesas?. 'Ilu. Revista de Ciencias de las Religiones, 28. DOI: 10.5209/ilur.84980

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