Chapitre 1. La matérialisation naturelle d’une culture nationale
p. 47-86
Texte intégral
[…] wilderness was something that had to be created before it could be protected1.
Roderick P. Neumann
1Dans la mesure où les administrations responsables des parcs s’emploient depuis les années 1970 à entretenir la nature qu’elles protègent, leur action dépasse la seule mise aux normes disciplinaires du territoire2. Institutionnel, le façonnement de la nature est aussi matériel. Au fur et à mesure qu’ils circonscrivent son contenant « parc national », les États s’évertuent à définir le contenu même de cette nature, érigée en patrimoine de la nation.
2Trois phénomènes permettent d’envisager les modalités de ce travail sur les milieux. Tout d’abord, le façonnement matériel de l’espace dit « naturel » : en partie déterminé par les éléments qui fondent la singularité écologique des milieux cévenol, gaspésien et amhara, cet espace doit être reconnu comme un objet social et étatique. Après avoir théorisé l’aptitude des sociétés humaines – de leurs « genres de vie3 » et des « possibilités4 » qui s’ensuivent – à aménager leur environnement, géographes et historiens ont démontré la nécessité d’interroger des structures socioécologiques, c’est-à-dire des structures sociales et économiques contraintes par un milieu mais en mesure de conditionner, en retour, celles qui sont écologiques5. Considérant les parcs nationaux comme des territoires saisis par la puissance publique, l’analyse porte alors sur la nature sociale et étatique des parcs et plus particulièrement, sur la capacité de leurs gestionnaires à modeler le milieu en fonction des éléments qu’ils ont décidé d’y sauvegarder.
3Selon ces gestionnaires, cette action se focalise exclusivement sur la « nature ». Ils disent cependant aussi procéder à l’aménagement des traces de l’occupation humaine du territoire. Fruit d’une catégorisation subjective des composantes de l’environnement6, cette action permet d’appréhender le territoire des parcs nationaux comme résultant du « grand partage » entre nature et culture7. Parce que la prise en compte de la dimension culturelle des espaces-parcs dépend des représentations propres à celles et ceux qui déterminent l’agencement de l’espace anthropique, elle invite également à observer la façon dont les responsables des parcs nationaux façonnent le territoire en sélectionnant et en modelant ce qui, de l’homme, mérite ou non d’y être préservé.
4De ce tri relatif à ce qui tient à la nature et à la culture découle une dernière réflexion. Pourtant toujours produit de la coexistence entre les éléments humains et non humains du milieu, l’environnement est présenté comme vierge d’occupation à Forillon, comme intrinsèquement humanisé en Cévennes et comme symbole d’une nature détériorée par la mise en culture des terres dans le Semēn. Par un travail matériel sur l’espace, les gestionnaires des parcs nationaux semblent finalement protéger l’environnement non pour ce qu’il est mais bien plus pour ce qu’ils veulent qu’il soit. En cela, l’« ordre naturel et social8 » qu’ils produisent est davantage fonction de la culture du pouvoir dont ils sont les représentants que de la nature dont ils sont les défenseurs.
Le façonnement de l’espace naturel
5En France, au Canada et en Éthiopie, les responsables des parcs se concentrent depuis les années 1970 sur la préservation du milieu naturel, c’est-à-dire des éléments non humains de l’environnement. Leur action comporte deux volets, le premier menant au second. Ils conduisent d’abord une étude systématique de ce milieu, laquelle leur permet ensuite d’en garantir la sauvegarde.
Une rationalisation du milieu
6Les administrations nationales faisant de la protection de la nature le mot d’ordre qui préside à la destinée des territoires devenus parcs, elles se doivent de « légitimer scientifiquement leur action9 ». Pour cela, dès 1970, elles entreprennent de rationaliser le milieu en analysant chacun des éléments qui le compose.
7À Forillon, les membres du service Conservation poursuivent trois objectifs. Il s’agit d’abord d’inventorier les « éléments naturels10 » du territoire par une pluralité d’études. Traitant de l’influence de la neige sur la distribution de la faune et de la flore11 comme de la répartition des mammifères marins12 ou du bihoreau13, elles aboutissent à la constitution d’une « base intégrée des données relatives aux richesses naturelles14 ». Le personnel employé par Parcs Canada est alors en mesure de localiser l’ensemble des espèces animales évoluant au sein du parc15. À titre d’exemples, la répartition des populations d’ongulés et d’ours noir est cartographiée en 197416, les territoires de nidification des oiseaux diurnes sont recensés tous les cinq ans depuis 198617 et, depuis 1993, les lynx, coyotes et renards du parc sont munis d’un collier émetteur qui assure le suivi télémétrique de leurs déplacements18. De ces inventaires et de ces localisations, les gestionnaires du parc tirent une solide connaissance du comportement des espèces animales. Si l’on prend le cas des orignaux et des cerfs de Virginie, le croisement des études relatives aux densités de neige au sol et à la répartition de ces deux espèces permet depuis le début des années 1980 d’associer les densités de population à l’épaisseur du couvert forestier19, et de « déterminer les patrons d’utilisation du territoire » des cervidés évoluant dans le parc20.
8Qu’il s’agisse des oiseaux marins ou terrestres, de la végétation arbustive ou des écosystèmes glaciaires21, la connaissance du milieu doit servir, à terme, à sa protection. Pour cela, les responsables du parc adoptent une approche territoriale. Ainsi, à l’extrémité sud de Forillon, la péninsule de Penouille fait l’objet d’une attention particulière dès 1971. Effectué à l’aide de transects22 et de photographies aériennes, un relevé phytosociologique de la végétation conduit à l’identification de sept « complexes écologiques distincts », à partir desquels sont déterminées « les mesures d’aménagement en prévision de la préservation […] des groupements végétaux et des sols23 ». L’évaluation des populations d’oiseaux marins y autorise par la suite une planification méthodique de l’espace24 avec, entre autres, l’installation d’une clôture permettant aux grands hérons de s’installer durablement à l’abri des prédateurs et des visiteurs25. D’abord territoriale, l’approche est aussi thématique. Le cas des vertébrés terrestres est à cet égard significatif. Après avoir analysé l’influence de la route 197 sur le comportement de l’orignal, du cerf de Virginie, de l’ours noir, du lynx du Canada et de la loutre de rivière, les gestionnaires du parc identifient en 1994 quinze « corridors de protection » qui pourraient en faciliter le déplacement, d’ouest en est26. En outre, avec de nouvelles études menées en 1996 et 1999, le suivi télémétrique des espèces est désormais associé à la préservation du couvert forestier de six corridors27.
9La rationalisation du milieu naturel à laquelle procèdent les autorités scientifiques afin de mieux le protéger n’est pas propre au parc Forillon. On retrouve en Cévennes une même légitimation du travail accompli, celui-ci étant défini par « un comité scientifique […] chargé de donner à l’établissement des avis techniques et de procéder aux études qui lui seront confiées28 ». Le comité chapeaute la section « Activités d’études et de recherches », qui conduit par exemple en 1975 une « analyse d’ensemble du mont Lozère » pour déterminer les aménagements nécessaires à la protection de la faune et du cheptel cynégétique29 ». L’administration du parc réalise ensuite l’inventaire cartographique des « richesses naturelles » de l’espace, tout en menant des campagnes plus ciblées telles que « l’étude de la socioécologie » des canidés30. Comme à Forillon, le travail du parc porte autant sur les espèces animales que sur les milieux. Un rapport d’activité édité à la fin des années 1980 nous apprend ainsi qu’une série d’inventaires a permis la mise en place d’une « stratégie de conservation » des espèces fauniques menacées, tandis que les études relatives aux bassins versants du mont Lozère ont abouti à la préservation du couvert végétal du territoire31. De même, un rapport d’activité rédigé une quinzaine d’années plus tard indique, « pour les milieux », la réalisation d’un inventaire des zones humides du parc et la production d’une base de données recensant 1800 sites géologiques ; « pour les espèces animales », le repérage et la cartographie des colonies de rapaces ; et « pour les espèces végétales », l’étude écologique des spécimens en péril et la délimitation de parcelles forestières dédiées à leur conservation32.
10La « scientifisation » des montagnes du Semēn paraît en revanche plus limitée et plus ardue qu’en Cévennes et qu’à Forillon. D’une part, à l’exception d’une « enquête écologique » dirigée par un biologiste des Peace Corps entre 1970 et 197433, les seules études menées au cours des années 1970 ont trait au walia ibex*. Supervisées par l’Institut géobotanique de Zurich34 et financées par le World Wildlife Fund (WWF) dans le cadre du Project 753 Walia Ibex35, elles permettent la recension et la localisation des populations de walia36. Puis, quinze années durant, « l’inaccessibilité politique de la zone » empêche tout suivi scientifique de l’espèce37. Il faut attendre 1993 pour que les membres d’une expédition organisée par les universités de Berne et d’Addis-Abeba formulent une ecological baseline study38. Depuis, des mesures règlementaires limitent l’impact de l’occupation humaine sur les habitats nécessaires à la survie des babouins gelada39, plusieurs missions d’observation assurent l’évaluation régulière de la distribution des walia40 et l’ensemble de la faune est périodiquement recensée41. Au-delà des prémices d’une scientifisation de l’action à accomplir, la faible capacité de l’administration éthiopienne à rationaliser le milieu continue de conditionner son aptitude à le protéger.
Une perpétuation des ressources
11Tel est le premier objectif de cette rationalisation des milieux naturels : scientifiquement légitimes, les administrations responsables peuvent œuvrer à la conservation des ressources. Ici commence alors à se révéler la dimension intrinsèquement subjective de la mise en parc de la nature.
12Dans un article relatant l’élaboration d’une politique de préservation des espèces prédatrices au sein des parcs nationaux canadiens, Alan MacEachern évoque un futur qui reconnaît le droit de toutes les espèces sauvages à exister. Formulée par la direction des parcs nationaux au tournant des années 1930, cette politique, explique-t-il, eut deux conséquences. La première, sur le court terme, fut la création d’un état d’esprit selon lequel les espèces animales sont un produit de science, le langage scientifique faisant office de « tactique » destinée à l’instauration d’un nouveau rapport social aux animaux. La seconde, sur le long terme, fut l’émergence d’une croyance selon laquelle toutes les parties de la nature sont liées et ont, elles aussi, un droit inhérent à l’existence42. Au-delà des seuls prédateurs, la protection de « l’ensemble des richesses naturelles » vise depuis à la « perpétuation d’un milieu naturel essentiellement non modifié par l’activité humaine43 ». Pour cela, à Forillon, Parcs Canada institue une série de mesures destinées à sa sauvegarde. Il peut s’agir de délimiter des zones de protection autour des sites de reproduction des phoques gris et des phoques communs44, de suspendre provisoirement la pêche sportive jusqu’à ce que la population de truites atteigne un effectif « conforme au but de conservation d’un parc45 », ou encore d’interdire toute forme d’exploitation forestière afin que se développe une végétation favorable à l’orignal46. Concernant la qualité générale des milieux, une même logique préside au travail du parc. Les aménagements de l’espace sont proscrits là où la capacité de support des écosystèmes est jugée « insuffisante », comme à l’ouest de la péninsule de Penouille47. Inversement, des actions préventives peuvent être menées pour contenir la prolifération d’espèces telles que le porc-épic ou la tordeuse des bourgeons de l’épinette, celles-ci nuisant à la « protection des milieux48 ». Selon les gestionnaires du parc, cette politique permet de « maintenir le rôle des mécanismes naturels qui régissent les écosystèmes du parc de manière à assurer l’évolution naturelle des ressources49 ». En réalité, ces ressources sont loin d’évoluer indépendamment de l’action de l’homme sur le milieu. Seulement, celle-ci consiste depuis les années 1970 à garantir la « constante progression » des espèces animales, la « régénération » des milieux humides, la « perpétuation » des espaces forestiers50, etc.
13En programmant le non-aménagement de l’espace-parc cévenol51, l’administration française soutient elle aussi la perpétuation « naturelle » des ressources. L’encadrement des pratiques de chasse y est probablement le phénomène le plus significatif. En délimitant dès les années 1970 des zones au sein desquelles certaines espèces peuvent être chassées, en certaines quantités, les responsables du parc déterminent la densité de la faune qu’ils estiment en accord avec le « caractère » naturel du territoire52. Une série de mesures restrictives autorise également une évolution des milieux libre de toute influence anthropique. L’administration acquiert ainsi en 1985 un bassin versant que son propriétaire était sur le point de reboiser et elle décide de « le garder tel quel, pendant une vingtaine d’années », afin que la hêtraie s’y reconstitue53. L’administration établit également des périmètres de protection autour de sites « exceptionnels » tels que les tourbières du mont Lozère, où le captage des sources par les bergers est par ailleurs soumis à une autorisation du directeur du parc54. Notons enfin que la réglementation à laquelle est assujettie la zone centrale aboutit à la « réapparition » d’habitats typiques de la fin du xixe siècle ainsi qu’au « retour naturel » d’espèces comme la loutre55.
14L’administration éthiopienne cherche elle aussi à contraindre le cadre physique des milieux. Néanmoins, à l’image de la scientificité de son travail qui peine à dépasser l’étude des walia ibex, l’entretien des éléments non humains de l’espace concerne les seuls walia ibex. Par le biais de règlements édictés en 1966 et réitérés par les gouvernements du Därg56 et de l’EPRDF57, l’espèce est strictement protégée de la chasse et, le plus souvent, du braconnage. De 150 spécimens en 196858, la population atteint, en 2006, les 600 individus59. La règlementation visant à protéger les autres espèces animales de l’homme semble en revanche avoir pour seul impact une sensible augmentation, depuis la fin des années 1990, des effectifs de loups d’Abyssinie et de babouins gelada60. À cette maigre faculté de rationalisation du milieu identifiée précédemment correspond ainsi, en Éthiopie, une capacité limitée à le protéger et à le naturaliser.
Une réhabilitation de la nature
15Ici réside la finalité de la rationalisation scientifique des espaces-parcs. Il s’agit non seulement de préserver la nature, mais aussi et surtout de la réhabiliter. En d’autres termes, à divers degrés au Nord et au Sud, on assiste à une entreprise de « naturalisation61 » de l’environnement. Visant officiellement à « préserver l’authenticité […] d’un milieu […] non modifié par l’activité humaine62 », le travail sur la nature consiste à en faire ce que l’on croit qu’elle fut et, par conséquent, ce que l’on veut qu’elle soit.
16Prenons l’exemple des colonies de castors du parc Forillon, au nombre de trois en 1971. L’arrêt de l’agriculture, de la coupe de bois et de la chasse favorise l’implantation progressive et durable de l’espèce, au point qu’en 1986, le personnel de terrain peut recenser de vingt-deux à vingt-neuf colonies63. Certaines d’entre elles entrent toutefois « en conflit avec les valeurs du parc », leur établissement provoquant l’érosion de sentiers, l’inondation de chemins et la déforestation de parcelles abritant une flore déjà menacée64. Après une analyse du comportement des castors via un inventaire aérien et terrestre des colonies, Parcs Canada décide en 1993 que le maintien de leur présence – les colonies sont à cette date au nombre de soixante-treize – doit être contrôlé. L’agence dirige pour cela trois opérations. Ses employés placent des tuyaux d’évacuation au fond de plusieurs étangs afin que leur niveau d’eau soit régulé, ils installent des clôtures grillagées et des piquets métalliques autour de barrages que les castors ne peuvent plus agrandir et, occasionnellement, ils capturent et relocalisent certaines colonies65.
17Le traitement scientifique de cette espèce animale est loin de faire exception. D’une part, les « réintroductions » sont assez courantes. On peut prendre le cas des quatre faucons pèlerins acheminés en 1988 depuis un centre d’élevage de l’Alberta jusqu’au mont Saint-Alban, où ils sont placés dans des cages artificielles et nourris de cailles et de poulets avant d’être libérés66. Vingt-trois spécimens sont par la suite relâchés dans des conditions similaires à partir de Cap-Bon-Ami et de Fort-Péninsule67, l’administration souhaitant que des couples de faucons reproducteurs s’installent durablement dans le parc68. D’autre part, les espèces réintroduites sont régulièrement délogées. C’est notamment le cas de d’une dizaine d’ours noirs que les gestionnaires du parc capturent puis déplacent durant les années 1970 et 198069. Ajoutée à la suspension du droit de chasse des cultivateurs et des bûcherons70, cette localisation rationnelle de l’espèce aboutit à la limitation des « conflits visiteurs-ours », à l’optimisation de leur « évolution naturelle » et à la croissance exponentielle de leurs effectifs71. La direction du parc a beau reconnaître qu’il est contraire au principe d’« intégrité écologique pure » de suivre par télémétrie aérienne des ours noirs munis de colliers émetteurs ou d’entretenir des corridors de déplacement par le biais de coupes forestières périodiques, elle n’en considère pas moins le résultat comme « identique à ce qu’on observerait sous contrôle naturel72 ». En définitive, à Forillon comme dans les autres parcs canadiens, la nature n’est pas planifiée en fonction de considérations biologiques, mais plutôt en fonction des volontés et des objectifs des parcs nationaux73. Le déplacement des populations de porcs-épics doit ainsi permettre la régénérescence des pousses forestières recherchées par les ongulés74, la définition de quotas de pêche doit garantir la « reconstitution naturelle » de la faune ichtyologique75 tandis que la plantation de sapins vise à « rétablir l’équilibre naturel » de la végétation76.
18Une même volonté de réhabilitation de la nature anime l’administration du parc national des Cévennes qui s’enorgueillit, en 2002, d’avoir contribué au « retour naturel d’espèces d’intérêt patrimonial77 ». Bien qu’elle n’emploie l’expression que tardivement, l’administration poursuit cet objectif dès les débuts de son mandat. Ses responsables considèrent en effet que si la mission de conservation de l’établissement leur intime d’éviter « une transformation profonde de l’objet », il est des « milieux naturels […] qui ont été considérablement appauvris par les prélèvements abusifs de l’homme et […] où la réintroduction des espèces qui ont jadis joué un rôle devient donc nécessaire78 ». C’est pourquoi, dès les années 1970, « le repeuplement animalier des Cévennes » commence avec, entre autres, la réintroduction du tétras-lyre et du grand tétras79. Élevés dans l’enclos de reproduction de Ventajols, au nord-est du parc, les premiers spécimens sont lâchés en 1975 dans le secteur du Bougès et du mont Lozère80. En 1986, plus de deux cents individus ont été placés en liberté. Ils sont suivis par les scientifiques du parc et protégés par les gardes qui « détruisent81 » annuellement une vingtaine de renards, prédateurs par excellence des tétras82. Les gestionnaires du parc abandonnent par la suite la réintroduction du tétras-lyre dont les résultats s’avèrent, selon eux, « décevants83 ». Quant au grand tétras, si plus de six cents lâchers aboutissent en 2004 à un chiffre dérisoire de vingt-six spécimens permanents, l’administration estime encore nécessaire de poursuivre son « opération de renforcement de la population84 ». Nettement plus achevée, la réintroduction de rapaces et de castors doit également être mentionnée. La « restauration de la faune sauvage » que représentent les vautours fauves, débute en 1981. Ils sont élevés dans l’enclos de Saint-Pierre-des-Tripiers puis regroupés dans des voilières de reproduction à l’entour de la vallée du Tarn. Le premier lâcher a pour but de « constituer la population colonisatrice initiale dans les gorges de la Jonte », tandis que l’approvisionnement des charniers et l’aménagement d’aires de nidification doivent faciliter la fixation des oiseaux que les scientifiques du parc ont par ailleurs équipés d’émetteurs radio85. Quinze ans plus tard, près de 150 vautours fauves survolent le ciel d’un parc national qui leur fournit annuellement vingt tonnes de viande. Des techniciens du Fonds international pour les rapaces récupèrent à cet effet des carcasses chez les éleveurs ou à l’abattoir de Saint-Affrique. Ainsi, autrefois nuisible, « l’espèce est réhabilitée de ses crimes contre l’homme, et la faune sauvage rentre dans le patrimoine86 ». Une même entreprise est conduite en rivière afin que le castor, présent « pendant la période historique au moins jusqu’au xive siècle », revienne peupler les rives des gardons cévenols87. Plusieurs « reprises » sont effectuées dans les départements du Gard et de la Lozère et, en 1978, une dizaine d’individus sont lâchés en amont de divers cours d’eau pour qu’ils se dirigent « naturellement » vers les sites préalablement aménagés en aval88. Difficilement dénombrable, l’espèce est depuis présente dans les bassins du Tarnon, de la Mimente, du Tarn et de la Dourbie89.
19Deux remarques supplémentaires s’imposent. À propos du suivi de ces espèces réintroduites, l’action se révèle tout d’abord aussi scientifique que subjective. Depuis la fin des années 1980, l’administration use de systèmes électroniques de géolocalisation pour connaître les modalités de déplacement des cerfs et des rapaces90, et son attention se focalise exclusivement sur les « espèces dont la présence dans la région a été connue au cours de la période historique91 ». L’équilibre naturel des milieux est donc fonction d’un temps qui doit être rétabli et, en cela, il n’est pas question de simples « introductions », mais bien de « réintroductions ». Les interventions sur le milieu sont d’ailleurs déterminées par un ensemble de valeurs peut-être encore davantage subjectives que celles relatives aux espèces animales. Des « zones floristiquement remarquables » sont préservées à l’aide du fauchage de prairies et d’éclaircissement de clairières de pins sylvestres92, une régulation des activités agropastorales est mise en place sur les pelouses sèches du causse Méjean pour y « recréer la nature93 » et, depuis le début des années 1980, mille pousses de châtaigniers ont été plantées en plusieurs localités94 afin que soient restaurées « l’image et la vie même de tout le massif cévenol, liées à la châtaigneraie et à ce qu’elle représente95 ».
20Caractérisé par une étude et une protection aléatoires des milieux, le cas du parc national du Simien Mountains s’avère nettement différent de ses homologues français et canadien. Il y est uniquement question d’un programme de reforestation pour l’année 197896, de la destruction de plants d’eucalyptus illégalement semés en 200297 et d’un « projet de plantation d’arbres indigènes » en 200598. Certes, la réglementation imposée aux populations locales permet la prolifération du walia ibex et le maintien de parcelles boisées qui seraient à nue si elles étaient autorisées à les défricher. Pour autant, force est de constater que l’élaboration de la nature se veut, dans le nord éthiopien, un processus par la négative : le façonnement du milieu consiste à restreindre et contraindre l’action des hommes. Cela ne signifie pas que la nature n’existe pas, institutionnellement, matériellement et idéalement. Simplement, l’État doit se contenter de faire avec ce qui est, bien plus qu’avec ce qu’il voudrait qu’il soit.
21Mais si l’Éthiopie semble faillir là où la France et le Canada paraissent réussir, la « naturalité de la nature99 » n’en relève pas moins d’un travail conduit en fonction de la représentation étatique de ce que doit être un parc national. Marqués par la présence d’espèces autrefois disparues ou récemment menacées d’extinction, lieux de la perpétuation de milieux qui évolueraient selon leur propre rythme, les parcs nationaux sont façonnés de sorte que la nature y paraisse perdurer hors du temps contemporain.
Le façonnement de l’espace anthropique
22De la même manière qu’ils s’efforcent de modeler les éléments non humains du milieu, les pouvoirs publics réservent un traitement bien spécifique aux traces de l’occupation humaine. Fortes d’une autorité scientifique dont elles détiennent le monopole, les administrations responsables sélectionnent ce qui, de l’anthropisation des territoires, doit être ou non éliminé. Puis, là où l’empreinte humaine demeure visible, leur action consiste à façonner ce qui, des temps et des espaces de l’homme, doit être préservé.
Une sélection des éléments à éliminer
23À Forillon, le ton est donné avant même que le parc soit créé : l’homme contemporain n’a pas droit de cité dans la nature. La chose est commune à l’ensemble des parcs nationaux canadiens. Dès la fin du xixe siècle, la préservation de la wilderness l’emporte sur l’occupation et l’exploitation des espaces-parcs. Si l’on se trouve à cette époque dans un Ouest canadien relativement peu peuplé, la même logique préside, cinquante ans plus tard, à l’établissement des parcs de l’Est canadien. Ainsi, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Parcs Canada décide que la création de parcs nationaux dans les provinces de l’Atlantique nécessite l’abandon de la foresterie et le déplacement des populations100. En outre, lorsqu’il est question de mettre en place un parc national en Gaspésie, c’est bien un territoire libéré de ses occupants que l’État québécois doit livrer à l’administration fédérale. Comme le dira plus tard l’une des 983 expropriés du parc Forillon, la nature a repris sa place lorsque fut « effacée toute trace de la sueur de [leurs] pères101 ». La façon dont disparaissent quelque trois cents propriétés résidentielles apparaît néanmoins, si l’on ose l’expression, contre-nature. La majorité des habitations sont en effet brûlées devant leurs occupants tout juste expulsés102. La mémoire récente du territoire est également renvoyée aux oubliettes de l’histoire, à l’image du belvédère qui succède à la destruction de « l’espion du Cap-Bon-Ami », cabane occupée selon la légende par l’espion Garland qui fournissait des renseignements aux sous-marins allemands stationnés dans le golfe du Saint-Laurent103. Puis, au début des années 1980, les gestionnaires du parc décident d’éliminer définitivement les « déchets humains brûlés, enfouis, […] oubliés ou inaperçus après l’expropriation ». Concentrant leur action sur les secteurs « très visibles », ils organisent le transport de 135 tonnes de « déchets » vers le dépotoir de Gaspé et améliorent de ce fait « l’esthétique de bien des lieux104 ».
24Si la préservation de la nature peut requérir une déshumanisation préalable du territoire, le cas éthiopien révèle que l’entreprise n’est pas partout aussi rigoureusement menée. Contrairement aux réserves de chasse où les populations conservent le droit de cultiver la terre et d’y faire pâturer leur bétail105, le gouvernement impérial indique en 1972 qu’en parc national, « personne n’est autorisé à habiter, chasser, cultiver, faire paître du bétail, couper des arbres, brûler la végétation ou exploiter les ressources naturelles106 ». Second parc officiel du pays, le Simien Mountains est logiquement concerné par ces mesures réglementaires. Diverses actions sont conduites afin de déplacer et de reloger ses occupants107, ce qui aboutit en 1978 à la destruction de sept villages dans les basses terres du Semēn et à l’expulsion de leurs 1200 habitants108. Ni le constat d’un « retour fantastique de la végétation109 », ni l’ordre légal d’expulsion réitéré en 1980110 n’empêchent cependant les populations de revenir habiter et cultiver leurs terres111. C’est pourquoi, en 1997, l’administration fédérale met en place une politique dite de « réduction de l’occupation humaine112 ». Il s’agit d’abord de détruire les maisons nouvellement construites dans le parc. On retrouve les traces de ces opérations dans l’ensemble des comptes rendus mensuels adressés par les gardes du Simien Mountains au quartier général de Debark, le premier rapport mentionnant la démolition de « cinquante-huit huttes illégales » dans le district de Jenamora113. Il s’agit ensuite de mettre un terme aux activités agropastorales, ce qui nécessite tantôt la seule collaboration des populations114, tantôt une décision de justice115. Les gestionnaires du parc cherchent enfin à instaurer le déplacement et la relocalisation des villages situés en son sein, procédure dite de resettlement qui n’a à ce jour été acceptée que par le seul village d’Arkwaziye, à l’est du parc116.
25Réalisé au Canada et recherché en Éthiopie depuis les années 1970, l’effacement des traces contemporaines de l’homme s’inscrit dans la poursuite d’un idéal de nature vierge. Loin d’être une condition sine qua non de la mise en parc de la nature, cet idéal renvoie à l’une des logiques qui peut présider au façonnement des éléments humains des espaces-parcs. Il est d’autres territoires, comme le parc national des Cévennes, où la nature est envisagée dans une dimension davantage anthropique. Certes, le découpage de ses frontières veille à ce que la majorité de la population se retrouve à l’extérieur de la zone centrale. Pour autant, quelque six cents personnes y résident de manière permanente, et rien n’est fait pour les expulser117. Cela ne signifie pas que la nature cévenole en est une où l’homme peut librement évoluer. Seulement, à l’inverse des parcs du Semēn et de Forillon, celui-ci fait partie des éléments à préserver.
Une sélection des éléments à préserver
26Ici abolie, là-bas combattue et ailleurs intégrée, la présence humaine fait l’objet d’une pluralité de traitements. L’État français est ainsi le seul à sauvegarder explicitement les traces encore vivantes de l’occupation humaine des lieux, symboles de cette « âme paysanne éternelle [qui] meurt sous nos yeux, dernier carré de la civilisation traditionnelle118 », pour reprendre la formule du sociologue Henri Mendras. Il serait néanmoins erroné d’affirmer que ni l’effacement de l’histoire récente du territoire gaspésien, ni la tentative éthiopienne d’éradication de la présence humaine, ne relèvent d’un processus d’« invention de la tradition119 ». Quel que soit son contexte, la tradition n’est jamais le signe palpable de la permanence de lointains modèles, objets ou pratiques. Elle a beau en avoir l’apparence, elle désigne en réalité une « réinterprétation du passé conduite en fonction de critères rigoureusement contemporains120 ». C’est ce à quoi l’on assiste en parc national depuis les années 1970. Ancrés dans le temps présent, les responsables des parcs cherchent à rétablir ce qu’ils considèrent relever d’un équilibre passé : équilibre de la nature vierge dans les cas canadien et éthiopien, équilibre de la nature anthropique dans le cas français. Ce n’est donc pas tant l’invention de la tradition per se qu’il faut questionner, mais les modalités de son élaboration qui sont fonction de représentations variant selon les espaces étudiés.
27Commençons par le parc national de Forillon où l’administration se distingue non seulement par sa détermination à abolir la présence humaine, mais aussi par sa volonté de sauvegarder le Forillon du xixe siècle. Pour cela, la méthode est la même que celle employée dans le cadre de la préservation des milieux naturels.
28Dans un premier temps, Parcs Canada mène les études nécessaires à la connaissance des éléments humains qui méritent d’être conservés. Focalisés sur un territoire où la vie semble s’être arrêtée en 1970, trois champs de recherches sont investis dès la création du parc. L’administration fédérale commande tout d’abord une série d’études relatives à la « culture » de la presqu’île de Forillon121. Certaines sont ethnologiques, à l’instar des entretiens oraux réalisés par Marcel Moussette en 1971 qui entend « rattacher [la relation à la nature] aux différents genres de vie des pêcheurs-cultivateurs122 ». D’autres sont géographiques, comme l’analyse effectuée par Louis Chamard en 1973 à propos d’un « espace […] évidemment non rentable, se contentant de permettre à ses habitants de survivre123 ». Le fait que Parcs Canada diligente l’étude d’une population qu’elle vient elle-même de renvoyer à un passé révolu n’est pas sans poser problème. Comme l’écrit l’ethnologue Michèle Bélanger :
La région du parc Forillon, c’est, au premier abord, […] un coin de pays isolé, sauvage, des maisons sans électricité, sans eau courante, un monde de pêcheurs, des gens peu instruits, on a l’impression d’avoir déjà vu ça dans les livres, il y a très longtemps. Une Gaspésie dans la Gaspésie. Mais surtout Forillon, c’est une population qui s’en va et un habitat que l’on détruit124.
29Seule détentrice de l’autorité scientifique, l’administration ne relève pas la contradiction. Elle attache la dimension humaine de l’espace-parc aux seuls éléments que sont « l’association multiculturelle dans l’harmonie », « le “mariage” de l’homme et de la nature » et le genre de vie « traditionnaliste125 ». Se concentrant sur « la période 1860-1880, soit un des moments où ces caractéristiques furent les plus prononcées126 », les gestionnaires du parc figent le temps culturel de la presqu’île. Expressément historiques, les deux autres champs de recherches qu’ils explorent témoignent d’un rapport identique au temps. Centrées sur les « manifestations de l’occupation humaine passée », les premières recherches s’intéressent aux « sites préhistoriques » de l’époque amérindienne et aux « sites historiques » des époques française et anglaise127. Parce qu’elles s’arrêtent à la période de l’industrie baleinière de Penouille qui décline à partir de 1860128, ces études associent finalement cette fameuse période 1860-1880 à l’entrée de la Gaspésie dans l’histoire contemporaine – elle aussi reléguée au passé. Les artefacts datant du début du xxe siècle, pourtant majoritairement achetés aux populations avant leur expropriation129, sont traités selon la méthode dite de la folklife. Destinée à la « réintégration des objets à leurs fonctions traditionnelles et dans leurs milieux de vie quotidienne130 », cette méthode inscrit la période récente de Forillon dans un temps révolu. Dans une perspective similaire, les traces de l’exploitation agricole qui « tout récemment encore persistaient à Forillon131 » sont inventoriées au titre d’aires « en friche ». À l’image des objets du quotidien employés par les populations jusqu’à leur départ forcé, ces secteurs agricoles sont considérés comme les signes d’une activité surannée devant désormais être aménagés en fonction de leur « potentiel au point de vue du panorama132 ».
30Une fois scientifiquement et résolument renvoyée au passé, l’empreinte humaine du territoire peut être préservée. L’objectif est explicite. Il faut « recréer le Forillon […] de la fin du xixe siècle133 » en s’appuyant sur « le concept de l’époque [qui] prévoit l’aménagement des ressources de manière à conserver au parc le caractère spécifique qu’il présentait à un moment donné134 ». Des années 1970 à la fin des années 2000, quatre types d’éléments sont pris en compte. Le bâti est tout d’abord sauvegardé en tant que symbole du « paysage pittoresque135 ». Les quelque maisons qui n’ont pas été brûlées sont entretenues à compter de 1978 dans « le respect de la tradition architecturale gaspésienne », tandis que leur revêtement extérieur permet d’« établir une continuité entre les composantes du milieu et le motif architectural du parc136 ». La chapelle Saint-Pierre qui demeure en place à Petit-Gaspé est régulièrement rénovée depuis 1987 afin que perdure « cette mixité religieuse » qui caractérise Forillon137. Pour que les bâtiments présents dans l’enceinte du parc « contribuent à l’appréciation du paysage culturel associé à l’occupation antérieure des lieux », ceux-ci font depuis 1995 l’objet d’une « restauration », d’un « maintien » et d’une « mise en valeur ». Il est notamment question de Fort-Péninsule, site de fortification construit lors de la Seconde Guerre mondiale, des ouvrages de la station de phare de Cap-Gaspé, et des installations côtières encore en place à l’Anse-au-Griffon138. Aux côtés de ces bâtiments, l’administration veille d’autre part à l’entretien des havres de pêche. Afin d’en « préserver le caractère traditionnel » et de les maintenir dans un état qui soit compatible avec l’« ambiance recherchée », ses employés démolissent le quai de Petit-Gaspé jugé trop délabré et restaurent les havres de Cap-des-Rosiers, au nord, et de Grande-Grave, au sud139. Conduite durant les années 1970, l’opération se poursuit par une action à deux volets. Le havre de Grande-Grave est « réaménagé à l’intention des pêcheurs » en 1985140. Jusque-là maintenu en l’état, la majeure partie du quai de l’Anse-aux-Amérindiens est détruite pour des raisons de sécurité en 2010, alors qu’une partie du havre de Cap-des-Rosiers est fermée au public141. Tandis que les rives de la presqu’île sont dédiées à la pêche qui définissait l’identité des lieux et de leurs occupants, d’autres secteurs sont offerts à la mémoire agricole du territoire. Après avoir mis un terme à la culture de la terre à laquelle les populations se livraient encore en 1970, l’administration décide que la « conservation ou le reboisement partiel » perpétueront « l’ouverture du paysage142 ». Rentrées en friches, les terres agricoles sont « maintenues » telles quelles à la fin des années 1970143, en tant qu’expression « d’un paysage pittoresque144 », « témoins de l’occupation humaine antérieure à la création du parc145 ». Sélectionnés en 1983 dans les trois secteurs de Grande-Grave, de la pointe de Forillon et de la vallée de l’Anse-au-Griffon, 86 hectares de terres en friches sont depuis entretenus par le « brûlage contrôlé », la « coupe à blanc », le « reboisement », le « labourage », le « hersage » et le « contrôle chimique », afin d’« illustrer les dimensions des terres agricoles de l’époque et donner une impression de culture146 ». Par un travail sur l’espace et sur le temps perdure dès lors « l’harmonie entre l’homme, la terre et la mer147 ».
31Discret et habile, ce procédé participe d’une entreprise de muséification de l’histoire humaine du territoire. Celle-ci est particulièrement frappante au site de Grande-Grave, dernier des éléments sur lesquels se concentrent, depuis les années 1970, les responsables du parc. Le projet débute en 1971 lorsqu’ils entament la reconstruction, au sud-est de la presqu’île, de cet « établissement côtier typiquement gaspésien » où le visiteur pourra avoir « un aperçu de la vie traditionnelle des pêcheurs148 ». Cherchant à favoriser la « réanimation de Grande-Grave », l’administration prévoit de rénover, au-dessus du havre, le centre de pêche, l’entrepôt et les « maisons-clés149 », et d’y « réintégrer » les « documents œuvrés » produits par les populations autrefois résidentes150. Il s’agit donc de recréer le quotidien d’une population à laquelle l’administration a mis fin il y a moins d’un an. Le tri sélectif des éléments de ce présent devenu passé est affiné jusqu’au début des années 1980151, décennie pendant laquelle le site prend forme. Respectant l’architecture gaspésienne du xixe siècle, le magasin Hyman et l’établissement de l’Anse-Blanchette sont restaurés et emplis d’un mobilier et d’artefacts du quotidien réhabilités152. Les deux bâtiments accolés au havre de pêche font l’objet de travaux de préservation153 et les quelque maisons et dépendances encore debout sont « mis[es] en valeur154 ». Désigné comme centre culturel et historique, Grande-Grave devient au cours des années 1990 « le secteur le plus à même d’expliciter le thème du parc155 ». La rénovation d’une vingtaine de bâtiments permet de « recréer le paysage historique156 », la conservation des anciens espaces agricoles le « maintien du caractère propre à ce lieu157 » et, en 2010, le site peut incarner les « valeurs historiques et culturelles du parc national158 ». À l’image du façonnement matériel de l’ensemble des éléments humains de l’espace-parc, ce paysage que les gestionnaires de Forillon créent et préservent depuis les années 1970 est à la fois naturel et passéiste. Contrairement à d’autres parcs de l’Est canadien où l’administration a éradiqué toute trace attestant d’une présence humaine passée159, Forillon fait figure de palimpseste où le temps de l’homme s’est harmonieusement estompé derrière le temps de la nature.
32Au fur et à mesure qu’ils élaborent des milieux naturels riches d’une faune et d’une flore protégées, réhabilitées et parfois réintroduites, les responsables d’un parc national modèlent aussi un territoire anthropique. Celui-ci peut se caractériser par l’invention matérielle d’un lien révolu entre l’homme et la nature. C’est le cas du parc canadien de Forillon. Transposée dans les Cévennes, cette perspective révèle un tout autre processus. Si plusieurs études visent un même aménagement rationnel de l’espace, l’homme n’est pas vraiment relégué dans le passé. Ancré dans le présent du parc, il y figure au contraire comme une donnée naturelle.
33Concernant l’analyse scientifique des composantes anthropiques du territoire, trois périodes, associées à trois thématiques, peuvent être dégagées. Les années 1970 sont d’abord celles de l’examen du paysage humanisé. Dans ce cadre, l’administration du parc procède au recensement des bâtiments relevant de l’« architecture rurale160 » puis à l’inventaire des « gisements archéologiques et préhistoriques » des Cévennes161. Peu après, elle engage un géographe et un sociologue pour conduire une étude historique des fermes agricoles, une enquête relative à l’« habitat traditionnel » des hameaux cévenols et une observation élémentaire de la transhumance lozérienne162. En apparence fondamentales plus qu’appliquées, ces recherches sont guidées par l’impératif de préservation des milieux. Elles conduisent notamment le service scientifique du parc à mettre sa connaissance des techniques d’exploitation des sols au profit de programmes de fertilisation des pâturages163. Pensé dans sa dimension humaine, le paysage est par la suite saisi dans une dimension ethnologique. En plus d’études relatives aux conditions de l’élevage ovin ou aux motifs architecturaux du parc164, des thèmes tels que la « tradition orale165 », le caractère « traditionnel » des « pays166 » ou les techniques apicoles167 sont explorés au début des années 1980. Puis, à partir de 1988, le service scientifique du parc se focalise sur l’« ethnohistoire168 », la « transmission du patrimoine » dans le contexte du déclin pastoral169 et les « pratiques et savoirs populaires170 ». À la suite de ces recherches, la logique qui préside à l’analyse des éléments humains du territoire se précise. Au milieu des années 1990, après avoir dégagé les dimensions humaine et ethnologique du paysage, les gestionnaires du parc en envisagent la dimension mémorielle. Là encore, les enquêtes relatives au bâti171 et aux milieux ouverts172 sont poursuivies. La direction du parc ne s’empare pas moins de la mémoire des lieux et de leurs occupants en diligentant une collecte des contes populaires173, une enquête sur « le sens des lieux174 » ou, depuis 2003, un recueil des pratiques et représentations du « paysage et des temps » des Cévenols les plus âgés175.
34Cet investissement scientifique du territoire culturel se justifie par une catégorisation du milieu qui ne dissocie pas les éléments humains et non humains dans des termes similaires à ceux identifiés à Forillon. En une trame qui se déroule progressivement des années 1970 au temps présent, les composantes anthropiques de l’espace sont ainsi façonnées en tant que matériaux constitutifs des milieux naturels. Pour le dire autrement, l’espace naturel est déterminé au gré du temps par l’aménagement des empreintes humaines qui marquent le territoire cévenol. Deux types de paysages et d’actions sur le paysage se distinguent. Il y a d’abord la perpétuation d’un paysage agropastoral. Le travail débute en 1975, lorsque l’établissement public acquiert deux mille hectares de pâturages sur le mont Lozère pour les rétrocéder à des éleveurs regroupés en coopérative176. Simultanément, ses responsables mettent en place des « plans d’environnement » : ils distribuent annuellement des subventions financières à une petite dizaine d’agriculteurs qui s’engagent, en échange, à mettre en valeur leurs terres, à améliorer la qualité génétique de leur cheptel et à entretenir un réseau de chemins et de murs de soutènement177. Une dizaine d’années durant, les gestionnaires du parc poursuivent cette stratégie. Les plans d’environnement favorisent l’irrigation des terres, la restauration de parcours sous châtaigniers, la fertilisation d’espaces de landes et de pâtures178, mais aussi l’amélioration des bâtiments d’habitation et d’exploitation179. Une nouvelle politique d’acquisitions foncières permet également à l’administration de mettre sur pied une coopérative d’éleveurs, « La Raïole », à qui elle loue sous forme de baux emphytéotiques les pâturages achetés sur le Lozère, l’Aigoual et le causse Méjean. Cette politique, associée à une aide technique pour la lutte contre les cervidés et à une aide financière pour l’achat de cheptel, permet la perpétuation, sous la férule du parc, de la transhumance ovine180. Relevant depuis 1975 du « maintien des activités agricoles et pastorales181 », l’action participe en 1986 au « développement concourant à la protection182 » et depuis 1992, elle s’inscrit dans le cadre du « patrimoine naturel et sa gestion par l’homme183 ». Jusque-là associé à la nature préservée, le paysage agropastoral finit ainsi par être géré en tant qu’élément, en soi, naturel. Les plans d’environnement sont d’une part remplacés par les « contrats agri-environnementaux », destinés aux « aménagements sylvopastoraux et aux améliorations foncières et pastorales184 ». Le soutien à la transhumance est d’autre part assuré par l’acquisition et la location de pâturages à d’autres éleveurs185, par l’ouverture de nouvelles estives186 et l’entretien régulier des drailles187. Déjà régulièrement rénovées, les habitations des agriculteurs et des bergers sont enfin réhabilitées, à partir de 2004, dans le cadre des nouveaux plans « Environnement-Paysage » mis en place par l’établissement public188.
35Précisons maintenant que l’attention dont l’architecture fait l’objet n’est ni récente, ni cantonnée à ces seules habitations. Bien au contraire, aux côtés d’un paysage agropastoral progressivement intégré au milieu naturel, les responsables du parc national s’efforcent de façonner l’ensemble du paysage bâti des Cévennes. À l’inverse de Forillon où la création du parc entraîne la destruction de l’espace habité, celle du parc cévenol débute avec une « Opération hameaux » qui offre à l’agriculteur une chance de « demeurer de manière permanente au lieu où il habite189 ». Initiée en 1972 par la Sica-Parc, société d’intérêt collectif agricole réunissant le parc national, l’Association des agriculteurs du parc, la Société d’aménagement foncier et d’établissement rural de Lozère, la Caisse régionale de crédit agricole et la Chambre d’agriculture de Lozère, l’opération permet à un exploitant de transformer une partie de son habitation en gîte d’accueil. En échange d’un financement à hauteur de 80 % des coûts engagés, ce dernier doit « continuer son métier d’agriculteur durant quinze années au moins et […] maintenir en état l’environnement des lieux restaurés190 ». L’« Opération hameaux » se déroule pendant les années 1970 et l’on dénombre, en 1981, trente-cinq habitations dotées de logements de séjour aménagés « dans des locaux d’architecture traditionnelle191 ». Parallèlement à cette politique usant de l’attraction économique d’un gîte pour favoriser l’entretien d’un certain type d’habitat, les gestionnaires du parc contrôlent, soutiennent et impulsent divers projets. Dès les années 1970, ils imposent des normes architecturales à toute rénovation privée ou publique et financent les surcoûts que celles-ci entraînent192. En moyenne, ils accordent des subventions aux deux tiers de la centaine de permis de construire qui leur sont annuellement soumis193. Pour « alléger les démarches et mieux contrôler la qualité architecturale », l’administration peut organiser des stages promouvant l’utilisation du chaume comme « matériau traditionnel194 » ou participer à la réalisation de maîtrises d’ouvrage relatives à la restauration de temples et d’églises195. Considérant que certains bâtiments présents lors de la création du parc sont couverts d’un « ciment très perceptible dans le paysage », le service Architecture du parc national propose enfin aux propriétaires et aux communes de le laisser rénover ces bâtiments « en recherchant les teintes les mieux adaptées196 ». Comme pour le paysage agropastoral, cet entretien sélectif du paysage bâti se poursuit jusqu’aux années 2000. Au cours des années 1980, l’établissement porte son attention sur « la consolidation de “ruines” […] présentant une valeur architecturale certaine197 ». Il œuvre à la restauration de nombreux fours à pain, de puits, de fontaines et de lavoirs. Il se concentre sur le bâti à vocation agricole et résidentielle comme sur le bâti usuel présent, et passé198.
36La perspective qui préside à ces aménagements est par la suite explicitée. La restauration des hameaux, des murs de soutènement, des toitures de lauze et de l’architecture vernaculaire relève depuis 1990 de « la protection et la mise en valeur du paysage et des sites199 », tandis que la rénovation des bancels200 comme des fours banaux participe depuis 1995 à la préservation d’un « patrimoine collectif201 ». À terme, cette action à la fois paysagère et patrimoniale permettrait aux Cévennes, selon leurs gestionnaires, de « garder vie et caractère202 ». Marqué par un agropastoralisme et un bâti traditionnels symbolisant une « quotidienneté […] peu à peu transmise par le corps social203 », ce « caractère » cévenol renvoie finalement à un territoire naturel historiquement anthropomorphe. Il est vrai que l’administration met clairement en avant le temps long dans lequel s’inscrit l’occupation humaine des Cévennes. Mentionnons à titre d’exemples la consolidation des menhirs et dolmens du causse Méjean en 1977204, la sauvegarde et la mise en valeur à proximité du mont Lozère de sépultures préhistoriques en 1982205, et la préservation de plusieurs édifices médiévaux et modernes depuis 1990206. Au-delà de cette expression volontaire d’un temps cévenol historique, cette double assimilation de l’homme à la nature et du présent au passé tient à la façon dont les responsables du parc envisagent les éléments humains et non humains du territoire. À Forillon, Parcs Canada s’est efforcée de faire de l’anthropisation de l’espace une donnée datée qui se serait d’elle-même effacée derrière la nature qui la précédait et lui survivra. Mais en Cévennes, c’est l’empreinte humaine qui est perçue comme naturelle et immuable : pas l’empreinte récente de la France des Trente Glorieuses, mécanisée et urbaine, mais celle plus ancienne des hameaux de cinq cents habitants, des fours à pain et des lavoirs, des drailles et des bancels, somme toute aussi atemporelle que le milieu naturel.
37Cette différence de traitement des espaces et des temps de la nature fait écho aux structures socioécologiques définies par Georges Bertrand207. Face à un territoire marqué par l’activité humaine, là où l’État canadien est en mesure de donner une apparence de virginité naturelle à l’espace-parc, l’État français se montre largement capable de modeler, selon ses propres termes, la trace des populations résidentes. En cela, l’état de la nature est bien moins conditionné par les milieux que par les structures sociales et économiques mobilisées par la puissance publique désireuse d’aménager l’environnement. Recevable en France comme au Canada, cette assertion s’avère tout aussi valide en Éthiopie. La faible capacité de façonnement de la nature d’un État aussi pauvre pourrait bien entendu être perçue comme le signe d’un simple déterminisme ; d’autant que, le cas du Simien Mountains le montre, quarante ans n’ont pas suffi pour achever la protection des milieux et la déshumanisation des lieux. Pourtant, là encore, c’est une certaine représentation des rapports entre l’homme et la nature qui détermine les modalités de traitement de l’espace anthropique.
38Certes, le Semēn fait partie de ce pays où « l’argent est une haie toujours fleurie, merveilleuse, qui fait rêver » mais qui s’avère toujours trop éloignée pour que l’on cesse de voir « ramper la pauvreté » et de sentir « la puanteur de la misère208 ». Mais le faible aménagement de l’espace anthropique semble relever autant d’un choix que d’une contrainte. Depuis l’époque impériale, tandis que de nombreuses enquêtes accompagnent le triplement des effectifs de walia ibex209, seules deux études sont consacrées à l’occupation humaine du parc. Entre l’homme et l’animal, le choix des responsables du parc paraît clair. Destinées en 1993 et en 2008 à la connaissance des conditions socioéconomiques des populations, ces recherches n’ont qu’un seul objectif : l’organisation pratique de l’expulsion et de la réinstallation de ces dernières210. Force est cependant de constater qu’excepté l’expulsion temporaire de 1200 habitants en 1978, les composantes anthropiques de l’espace-parc ne feront jamais l’objet d’un quelconque aménagement. Dans la mesure où la dimension humaine du territoire résulte d’une activité locale agropastorale et d’une contrainte réglementaire nationale, l’administration procède à une élaboration négative de l’espace anthropique. Le façonnement des éléments non humains du Simien Mountains consiste à limiter l’impact de l’homme afin de privilégier l’évolution de la faune et de la flore. De la même manière, la matérialité de l’empreinte humaine y est le produit d’un travail consistant à extraire, en vain, l’homme de son espace.
39Tandis qu’ils semblent considérer les populations comme une donnée extérieure à la nature et devant par conséquent en être exclue, les gestionnaires du parc marquent le paysage d’une œuvre durable et on ne peut moins « naturelle » : celle d’une route qui va, petit à petit, traverser l’intégralité de l’espace-parc. Sa réalisation se fait d’ouest en est. Les travaux débutent en 1969 à Debark sous la direction d’ingénieurs britanniques211 et la route atteint le premier camp de Sankaber en 1975212. Longue d’une trentaine de kilomètres, elle est reconstruite en 1993 après la guerre civile213 et élargie à compter de 1995214. Elle s’étend sur plus de 60 kilomètres quelques années plus tard215, et sur près de 150 en 2007, rejoignant les villes de Beyeda, au nord, et de Mekane Birhan, au sud du parc216. Les populations, seules à avoir accès à cette route217, peuvent évoluer librement à travers les montagnes du Semēn. Le fait que les responsables du parc s’évertuent autant à déshumaniser le territoire qu’à permettre à ses occupants d’y circuler confirme, d’une part, que l’aménagement de l’espace tient davantage aux représentations qui les animent qu’aux ressources financières dont ils disposent. D’autre part, ces représentations déterminant la matérialité d’un espace résolument anthropique révèlent une indécision étatique permanente quant à ce qui doit relever, en parc national, de la nature et de la culture.
40Parce qu’ils détiennent le monopole de l’autorité scientifique, les gestionnaires des parcs sélectionnent les éléments humains et non humains qu’il convient de protéger ou d’éliminer au nom de la sauvegarde d’un état naturel idéal. En Éthiopie, en France et au Canada, la matérialité de la nature mise en parc ne s’avère pas moins fonction d’un travail sur l’espace intrinsèquement culturel. Façonnés par une administration privilégiant un passé idéal (isé) à un présent imparfait et un milieu non humain à un milieu humain, les parcs nationaux ne peuvent être envisagés « comme naturels sans comprendre que c’est notre culture qui les a faits et les déclare naturels218 ».
Le parc national, un territoire naturellement culturel
41Partagées voire séparées dans l’espace du discours, la nature et la culture constituent les termes d’un unique projet territorial : la préservation de l’environnement. Né d’une certaine « représentation […] de la relation de l’homme à la nature219 », cet environnement n’existe pas en soi mais à travers ce qu’en disent et ce qu’en font les gestionnaires du parc. En cela, au lieu d’une « libre association de formes, matérielles, symboliques et imaginaires220 », le paysage résulte d’une « production politique221 » dont il faut saisir les tenants et aboutissants. Protégé par et pour la nation, ce paysage est le produit d’une « démarche de pouvoir222 » visant à figurer ladite nation et à lui donner une forme sensible.
Le « caractère » des Cévennes ou l’invention d’une culture naturelle
42La législation française admet qu’« il n’est plus possible de trouver une seule étendue […] vierge de toute intervention […] de l’homme et qui puisse être constituée en parc national classique ». Elle estime également nécessaire de « soustraire [le parc national] à toute intervention artificielle susceptible d’en altérer […] le caractère223 ». L’homme n’est donc pas pleinement exclu de la nature qu’il a façonnée. Seulement, celle-ci mise en parc, les actions « susceptible[s] de modifier l’état ou l’aspect des lieux » sont interdites tandis que celles « compatibles avec le caractère du parc » demeurent autorisées224. Au cœur de la politique conduite par ses gestionnaires, cette insistance relative au « caractère » du territoire renvoie en premier lieu à la façon dont ces derniers se le représentent.
43Si l’espace-parc semble naturel, c’est avant tout parce qu’il est géré scientifiquement en tant que tel. Conformément à la loi, le conseil scientifique du parc est l’instigateur d’un travail entièrement tourné vers la préservation des « ressources naturelles ». Ordonnant « des captures […] et des destructions de gibier tendant à la sélection des espèces », son action demeure légitime car elle participe, officiellement et rationnellement, à leur protection225. D’ailleurs, dans cette même perspective, les membres du conseil intègrent les commissions permanentes du parc à la fin des années 1970. En charge de l’architecture et des sites, de l’agriculture et de la forêt ou de la chasse, chacune de ces commissions doit œuvrer à la bonne « gestion de l’évolution des unités écologiques226 ». Naturel, l’espace n’en demeure pas moins humain aux yeux de l’administration nationale. Dès 1970, elle indique dans le décret de création du parc que les activités agricoles, pastorales et forestières « continuent à être librement exercées […], sous réserve des dispositions du présent décret ». Celui-ci stipule également que si les activités industrielles, commerciales et artisanales sont « a priori interdites », celles « d’artisanat local, dont une liste est dressée par le conseil d’administration, s’exercent librement227 ».
44Entre la préservation des éléments non humains et la libre expression des éléments humains, il n’y a pas de contradiction. Prenons l’exemple des « contrats-faune ». Mis en place en 1983, ils résultent d’un accord conclu entre un agriculteur et le parc national dans le but de parer aux dégâts que peuvent occasionner les cervidés et les sangliers228. Contre l’endommagement des sols, des cultures et des infrastructures agricoles amenuisant l’état et le rendement d’une exploitation, l’administration s’engage à installer à ses frais des clôtures électriques et des cultures de dissuasion (prairies à gibiers composées de graminées et de légumineuses, plantations de maïs et de tournesol, etc.). Renouvelés sur une base annuelle, ces contrats-faune sont associés depuis 1993 à des « tirs d’élimination229 », l’objectif annoncé en 2000 étant « de contenir la faune gibier à un niveau compatible avec la sauvegarde des milieux et des activités qui contribuent à leur richesse […], et d’assurer la responsabilité d’un équilibre agro-sylvo-cynégétique230 ». À préserver et à chasser, plusieurs espèces animales ont ainsi acquis un nouveau statut de « faune gibier ». Celui-ci justifie que l’administration fasse appel à ses techniciens puis aux chasseurs afin de rétablir l’« équilibre » des milieux. La conception que les responsables du parc se font de ces milieux l’emporte ici nettement sur leur matérialité. Fonction de leurs représentations, c’est-à-dire de leur culture, la nature que le parc national doit incarner s’avère ainsi moins déterminée par des critères biologiques et physiques que par l’idée, ou plutôt l’idéal, d’un certain équilibre entre les hommes et leur environnement.
45Cette poursuite d’un équilibre naturel aussi subjectif que scientifique atteste l’émergence, au début des années 1980, d’une culture naturelle. En 1981, l’établissement public indique dans son programme d’aménagement que les principes de « réversibilité » et de « diversité » doivent présider à la gestion des « paysages forgés de la main de l’homme », le premier visant à « préserver le milieu […] de toute dégradation irréversible », le second autorisant à « reconstituer des milieux ». Ces principes sont la condition du « maintien […] d’une activité agricole vivante » et de la « restauration des sites231 ». Il importe, en d’autres termes, de maintenir à l’identique ce qui est et de recréer ce qui semble avoir été. Cette façon d’agir sur l’espace est hautement révélatrice puisque si la législation interdit « toute intervention artificielle susceptible d’altérer l’évolution [du parc national]232 », ses responsables sont en revanche les seuls en droit « de le gérer et d’en contrôler l’évolution233 ». S’ils modifient bel et bien le territoire, ils ne considèrent pas pour autant l’altérer. Bien au contraire, leur action participe à sa « protection active » définie, en 1986, comme le meilleur moyen d’y « assurer la pérennité […] de la marque de l’homme […], des paysages remarquables et des richesses culturelles qui le constituent234 ». En définitive, l’administration nationale ne fait que préciser son approche de l’empreinte culturelle du territoire. Celle-ci n’est plus seulement considérée comme partie intégrante des milieux, elle représente désormais l’essence même de la nature à préserver et à perpétuer.
46Deux exemples peuvent illustrer cet état de fait. Reprenons tout d’abord le cas de la faune gibier. Tout au long des années 1970, les gestionnaires du parc s’investissent dans une politique d’aménagement cynégétique qui consiste à placer un certain nombre d’espèces animales dans des enclos de reproduction avant de les relâcher dans le parc, au sein des massifs de l’Aigoual et du Bougès principalement235. En 1980, une fois stabilisé le nombre de mouflons, cerfs, daims, chevreuils et lièvres, « la phase de repeuplement en cervidés […] et ongulés » est achevée, et les gardes-moniteurs du parc doivent en assurer le suivi régulier236. Dans la mesure où cette gestion du « cheptel cynégétique237 » est depuis associée à une planification rationnelle de la chasse, elle s’inscrit directement dans cette recherche d’équilibre qui caractérise le travail du parc. Il est en effet significatif qu’après avoir modelé la population animale du territoire, le conseil d’administration de l’association cynégétique du parc national instaure des « plans de chasse », en accord avec l’ensemble des sociétés cévenoles de chasse concernées238. Au sein de réserves temporaires, puis des « zones interdites à la chasse » qui leur succèdent en 1984 sur environ 15 % de l’espace-parc239, des « tirs d’élimination » permettent à l’administration « de limiter l’évolution des populations […] et de mieux la contrôler ». Sur le reste du territoire, des « campagnes de chasse » annuelles autorisent la régulation des densités du « grand gibier » et la réduction du nombre trop élevé de sangliers240. Instaurées en 1980, ces opérations perdurent au cours des années 1990 et 2000. Sont ainsi abattus 1150 sangliers et 11 cerfs en 1984241, 318 chevreuils, 55 cerfs et plus de 3500 sangliers en 1994242, 475 cerfs, 842 chevreuils et près de 6000 sangliers en 2002243. Après une réintroduction animale associée dans les années 1970 à une chasse qui demeurait le signe d’une concession offerte aux populations locales244, l’état idéal de la faune se retrouve déterminé par la pratique humaine de la chasse. D’abord tolérée, celle-ci est finalement envisagée comme l’un des fondements de l’équilibre naturel du territoire.
47L’appréhension des activités humaines comme élément constitutif de la matérialité de la nature se retrouve depuis les années 1980 dans bien d’autres domaines, par exemple, la « conservation du patrimoine génétique des races locales245 », dans le cadre de la sauvegarde des activités d’élevage. L’entreprise débute en 1978 lorsque l’établissement confie trente génisses et un taureau de race Aubrac à quatre éleveurs du mont Lozère, lesquels ont pour seule obligation de rendre, cinq années plus tard, un nombre d’animaux équivalent à celui qui leur a été confié246. La même opération est effectuée l’année suivante pour la brebis Raïole auprès d’éleveurs regroupés, pour l’occasion, en association247. Dans un processus de façonnement des espèces domestiques censées caractériser les moyennes montagnes cévenoles, les responsables du parc subventionnent ensuite « la régénération et l’expansion du cheptel par l’introduction de femelles Aubrac248 », et ce tout en octroyant des pâturages à la coopérative La Raïole249. Quelques années suffisent ici pour que les brebis soient « maintenues dans le berceau de la race250 » et que 60000 femelles Aubrac témoignent de la « qualité du cheptel entretenu sur les pâturages251 ». Au début des années 1990, une fois ces populations ovines et bovines stabilisées, l’administration met fin à ces aides directes. Elle peut se concentrer sur la valorisation des produits issus d’un « élevage traditionnel » et sur le soutien à la commercialisation des « Authentiques du Parc252 ». Faisant écho à un ensemble de représentations, de l’espace, de l’homme et de l’animal, l’élevage s’inscrit bel et bien dans la dimension culturelle du territoire. Cependant, celui-ci étant érigé comme symbole de la tradition et de l’authentique, c’est-à-dire de la perpétuation d’une pratique que le temps contemporain n’aurait pas altéré, il est encore une fois question d’une culture qui, progressivement, représente ce qu’il y a de plus naturel dans l’espace du parc. Entre la sélection des races animales et le maintien de l’élevage émerge ainsi une activité socioculturelle aux apparences des plus naturelles.
48Ce phénomène participe, en même temps qu’il la révèle, à la matérialisation naturelle de la culture nationale ou, pour le dire autrement, à l’élaboration culturelle de la nature nationale. En Cévennes, l’État bâtit une culture naturelle au gré d’une culturalisation de la nature à laquelle se substitue, au tournant des années 1980, un processus de naturalisation de la culture. Durant les années 1970, les gestionnaires du parc s’efforcent d’abord d’associer la nature et la culture nationales. Tout en définissant les « règles d’esthétique253 » qui président à leur action, ils s’investissent dans « la restauration des témoignages les plus intéressants de l’architecture rurale » et dans « la conservation des paysages liés à la vie paysanne254 ». Puis, graduellement, la priorité est donnée au « paysage » ancien et traditionnel, issu d’un certain bâti et d’un certain agropastoralisme255. Il s’agit désormais pour l’établissement public de faire d’un trait culturel national, celui de la France agraire et paysanne, une donnée aussi naturelle que le milieu. Les deux programmes d’aménagement de 1986 et 1994 sont à cet égard révélateurs. Le premier prévoit la restauration de la châtaigneraie en tant que « valeur traditionnelle des Cévennes sur le plan culturel […] et sur celui de la protection du milieu », la promotion des activités artisanales « qui s’appuient sur l’utilisation et la valorisation des produits locaux » et la réhabilitation du bâti « dans le strict respect de l’architecture traditionnelle et du paysage256 ». De l’agriculture au milieu, de l’activité commerciale au terroir et du construit au paysage, ce n’est plus la nature qui est culturalisée mais la culture qui est en passe d’être naturalisée. Dans la définition des « enjeux » du parc national, le programme d’aménagement de 1994 stipule qu’au lieu de « s’intéresser à ce qui a disparu (réintroduction d’espèces), l’objectif devient surtout de gérer ce qui est présent ». Au lieu du « maintien des exploitations agricoles […], l’enjeu est maintenant celui d’une gestion du milieu plus soucieuse de l’environnement257 ». De fait, après s’être assurés de la pérennité matérielle d’un territoire anthropique traditionnel, les responsables du parc national disent se concentrer sur le présent et sur le milieu physique. Leur action continue pourtant de se focaliser sur ce qui fut. On pense notamment aux aides financières délivrées depuis 2000 à divers agriculteurs pour relancer l’exploitation d’oignons doux sur les bancels des Cévennes, activité rapportant un très faible revenu aux exploitants mais garantissant au parc le maintien du paysage cévenol258. Ainsi, à l’image de la revitalisation de cet artefact de l’occupation passée du territoire, l’investissement culturel de la nature est tel que, au tournant des années 1980, la culture dite « traditionnelle » devient elle-même naturelle aux yeux de l’État gestionnaire. Ce processus s’explique par une tentative plus ou moins assumée de faire du parc national l’un des symboles vivants d’une France rurale atemporelle qui, partout ailleurs, disparaît.
Entre écologie et culture, l’incertitude paysagère de Forillon
49Le paysage qu’élabore Parcs Canada à l’extrémité orientale de la péninsule gaspésienne est lui aussi le produit d’un ensemble de représentations relatives à la nature et à la place qui revient aux hommes. La doctrine adoptée diffère cependant très nettement de celle choisie par la France. En 1969, durant l’année qui précède la mise en place du parc Forillon, l’administration fédérale précise les finalités de son travail. La mise en place d’un « réseau de parcs nationaux » et la formulation d’une « politique générale » doivent permettre de « conserver à perpétuité » des « régions […] d’un intérêt exceptionnel259 ». Celles-ci sont délimitées en 1972 selon une méthode bien spécifique. Insistant sur la nécessité d’un « plan […] dégagé de toute entrave politique ou sociale », Parcs Canada organise son action autour de la classification physiographique du territoire260. Ses responsables s’appuient sur les vingt-deux unités physiographiques identifiées par Hugh S. Bostock, à laquelle ils ajoutent « les données et descriptions biologiques, géographiques et géologiques » qu’ils jugent « significatives ». De cette opération résulte une subdivision du pays en quarante-huit « régions naturelles », dont trente-neuf terrestres et neuf maritimes261. Se conformant à l’objectif annoncé d’au moins un parc par région, les gestionnaires du parc Forillon énoncent dans le premier plan directeur de 1975 leur volonté d’« assurer la pérennité » de la trentième région naturelle du pays, celle des monts Notre-Dame et Mégantic262. Contrairement à la « vieille Europe » où les nations tendent à façonner la nature en insistant sur sa dimension anthropique et historique, l’État canadien cherche ici à pallier l’insécurité que peut générer son manque de passé en inscrivant la nation dans un temps et un territoire naturels263. Cette approche excluant l’homme de la nature mise en parc devient la politique officielle de l’administration fédérale en 1979. Elle n’autorise l’action humaine que pour la seule restauration de l’« équilibre naturel » et elle consacre les parcs nationaux à « la perpétuation d’un milieu naturel essentiellement non modifié par l’activité humaine264 ». Le but poursuivi est explicite : les parcs doivent être représentatifs des conditions originelles des provinces, et les spécificités historiques de ces dernières effacées derrière la nature millénaire et intacte265.
50À cette approche naturaliste correspond un protocole qui s’affine progressivement. Comme en France, où l’administration use des théories écologiques de diversité et de réversibilité, les gestionnaires du parc Forillon légitiment scientifiquement leur mission. Dès 1971, ils font du « concept évolutif » le ciment de leur action. Par une connaissance approfondie de la « succession écologique » et une réglementation favorable à la « conservation » du milieu, l’application de cette notion doit garantir l’« évolution naturelle des ressources ». Elle exige cependant la « restauration de la couverture végétale naturelle […] modifiée par l’action de l’homme » ainsi que le rétablissement de « l’équilibre entre la faune et la capacité de support de l’habitat266 ». Les responsables du parc œuvrent tout au long des années 1970 à la réhabilitation des éléments non humains du territoire gaspésien. Ils considèrent néanmoins en 1983 qu’il est d’autres « correctifs nécessaires afin de rétablir l’équilibre naturel des milieux267 » et, en 1988, qu’il importe d’« intervenir » afin d’en restaurer l’« intégrité écologique268 ». Faisant de la nature un objet vide de traces humaines269, ce nouveau mot d’ordre imposé par la législation270 justifie la réintroduction d’espèces animales, la reconstitution de la couverture forestière ou l’aménagement des milieux dits fragiles. Dans le cadre du rétablissement de « l’intégrité écologique », l’administration s’efforce de sauvegarder un écosystème dont le « fonctionnement n’a pas été altéré par des perturbations d’origine humaine271 ».
51Parce que le temps géologique l’emporte sur le temps historique, Forillon n’échappe pas à la « culture parc national272 » qui s’est progressivement forgée dans le Canada contemporain. On y retrouve, d’une part, une construction patrimoniale typique. Maniant l’écologie scientifique pour faire correspondre le paysage à l’idéal d’une nature sauvage préservée de l’activité humaine273, les responsables nationaux reconstituent ce qu’ils croient avoir existé et créent ce qui devrait être274. On perçoit d’autre part l’entière subjectivité de cette « restauration du caractère primitif du milieu275 ». Prenons l’exemple de la forêt et de deux de ses occupants, le cerf et l’orignal. En 1997, une étude est réalisée par François Lévesque au Département des sciences du bois et de la forêt de l’université Laval. En collaboration avec Parcs Canada, celui-ci cherche à définir les moyens nécessaires au recouvrement des « conditions qui devraient prévaloir naturellement dans le grand écosystème régional que le parc représente276 ». En analysant sur près d’un siècle la dynamique forestière de Forillon, François Lévesque démontre non seulement une transformation des peuplements résineux en un couvert à dominance feuillue, mais aussi un vieillissement général de la forêt, tous deux induits par la politique de conservation menée depuis 1970. Dans la mesure où « l’incertitude règne à savoir si un état d’équilibre existe pour la mosaïque forestière du parc », il préconise l’absence d’intervention humaine277. Ces recommandations sont loin d’être entendues. Quelques années plus tard, l’administration procède à la restauration du pin blanc et du chêne rouge, « autrefois plus abondants […] et aujourd’hui en situation précaire278 ». Concernant les cerfs et les orignaux qui évoluent dans cette forêt, les responsables du parc adoptent deux approches distinctes. Après un inventaire conduit en 1997 afin de localiser et d’estimer le nombre de cerfs de Virginie présents à Forillon, ils concluent à une baisse significative des effectifs. Cette diminution étant similaire à l’évolution des populations de cerfs dans le reste de la Gaspésie, ils estiment que « le respect de l’intégrité écologique » impose de laisser libre cours à un phénomène pourtant contraire à leurs objectifs279. Le cas de l’orignal est différent. En augmentation constante du fait de l’arrêt de la chasse et de la réhabilitation des milieux, sa densité dépasse en 2010 1,79 individu au km2, soit presque le double du seuil tolérable pour les « communautés végétales ». Ici, l’interventionnisme semble de rigueur. À moins qu’une compétition interespèces n’amène les orignaux à modifier leur bilan énergétique et leur taille corporelle, l’administration devra en effet « déterminer si une telle dynamique est acceptable du point de vue de l’intégrité écologique280 ».
52Naturaliste, nationaliste et subjectif, le travail accompli par Parcs Canada est loin de se cantonner aux éléments non humains du milieu. Renvoyée à un passé révolu, réinterprétée et reconstruite, l’anthropisation de l’espace-parc se mêle depuis les années 1970 à cette nature aux apparences intactes. Il faut dire que Forillon se situe dans l’Est canadien, nettement plus peuplé que les montagnes Rocheuses de l’Ouest dont les vastes espaces faits de montagnes et de vides ont justifié, à la fin du xixe siècle, l’établissement des premiers parcs du pays. En s’aventurant à la veille de la Seconde Guerre mondiale dans le Canada atlantique281, la direction des parcs nationaux doit modifier ses critères esthétiques. Toujours synonymes de nature prestigieuse, les parcs de Cap-Breton et de l’Île-du-Prince-Édouard font ainsi figure de destinations touristiques dédiées à la « petite bourgeoisie », et le parc de Fundy de territoire récréatif démocratique282. À Forillon, cette adaptation d’un idéal de nature sauvage à la réalité d’un espace agroforestier maritime s’opère par le biais d’une valorisation de l’« harmonie entre l’homme, la terre et la mer283 ».
53Aux côtés des concepts d’évolution et d’intégrité écologique qui forgent un milieu sur lequel l’homme n’aurait pas d’emprise, le « concept d’époque » préside depuis les années 1970 à l’entretien de l’empreinte culturelle du territoire. Désignant l’« aménagement des ressources de manière à conserver au parc le caractère spécifique qu’il présentait à un moment donné », il s’applique tout particulièrement au complexe de Grande-Grave284, futur centre culturel et historique du parc. À cet égard, voilà ce qu’un géographe québécois, Léonce Naud, écrit en 1974 :
Après avoir chassé les vrais pêcheurs gaspésiens, brûlé leurs vraies maisons et effacé leurs vrais villages à Forillon, Parcs-Canada recréera l’adaptation de l’homme à la nature. […] Au terme de l’opération, on veut obtenir une apparence de vie et de culture québécoise, mais momifiée, sans vie réelle, inoffensive et « made in Ottawa »285.
54Au-delà de sa virulence à l’encontre de l’institution fédérale, l’argumentaire est perspicace. Les parterres herbeux ont succédé aux terrains récemment habités286 et l’administration responsable prévoit d’ores et déjà une reconstitution du site censée révéler les « réalités du passé de la région » pour « en retracer la tradition287 ». « Made in Ottawa », le protocole s’éloigne toutefois de la méthode jusque-là adoptée par Parcs Canada. Dans la mesure où rien ne l’empêchait de détruire l’intégralité des habitations et de faire table rase du passé pour mettre en avant un espace strictement naturel, le travail à l’œuvre est bien le produit d’un choix rationnel. Celui-ci consiste à sélectionner les éléments humains qui doivent se fondre dans « la beauté de ce paysage unique288 », et est à l’origine de la dualité paysagère de Forillon. Pensée au cours des années 1970, elle se concrétise dans les années 1980 lorsqu’aux côtés des paysages reflets de l’intégrité écologique du milieu sont aménagées les « aires qui ont une valeur culturelle en ce sens qu’elles […] montrent les relations traditionnelles entre l’homme et la terre289 ».
55L’analyse du façonnement de l’espace anthropique indique que les responsables du parc restaurent durant les années 1980 les havres de pêche, les terres agricoles et les habitations, témoins d’une occupation humaine « antérieure à la création du parc290 ». La décennie suivante est en revanche consacrée au rétablissement de « l’intégrité de certains paysages culturels291 », signe de l’unification des temps et des espaces gaspésiens. Le bâtiment du cornet à brume est enrichi d’« objets d’interprétation liés au thème de la navigation » et les outils caractéristiques de l’exploitation agroforestière du début du siècle sont collectés292. La plage de Penouille est par la suite le lieu d’un « sauvetage archéologique », le but étant la valorisation du site potentiel de la rencontre entre l’explorateur Jacques Cartier et les deux cents Amérindiens qui campaient, au xvie siècle, sur la baie de Gaspé293. Leur présence au neuvième millénaire avant notre ère venant d’ailleurs d’être attestée, d’autres investigations sont conduites en 1995 afin que soit « mise en valeur […] l’occupation amérindienne paléohistorique294 ». Au début des années 2000, cette prise en compte d’un temps historique plus étendu donne naissance à un « nouveau développement thématique […] mettant en lumière l’occupation du territoire depuis la période paléoindienne jusqu’à la création du parc295 ». Tous ayant « laissé leur marque dans le paysage culturel de la région », les Micmac, les Canadiens français, les anglophones et les Britanniques sont désormais les acteurs d’une seule « mosaïque culturelle296 ». Les expropriés eux-mêmes sont enfin intégrés à cette saga gaspésienne. Le directeur du parc national leur rend publiquement hommage en 2007297 et, depuis 2010, l’administration organise une exposition permanente à la maison Dolbel-Roberts, sur le site de Grande-Grave. Intitulée « Ces Gaspésiens du bout du monde », l’exposition consiste en un ensemble de cartes postales et d’objets d’époque supports de la commémoration de cette « page d’histoire douloureuse » de Forillon298.
56Les responsables du parc s’efforcent aujourd’hui d’entretenir deux paysages, « significatifs et exceptionnels, tant naturels que culturels », afin de « renforcer le caractère authentique » de la presqu’île299. Le premier enracine l’espace dans le temps de la nature, tandis que le second ancre les hommes dans le temps de l’histoire. À la différence du parc cévenol français, ce temps n’est plus le leur. Discrète et consommée, leur présence doit uniquement révéler au public l’harmonie qui exista, à un moment donné, entre l’homme, la terre et la mer. Légèrement différent de la « naturalisation de la nation » modélisée par Eric Kaufmann et de l’éradication des singularités provinciales évoquée par Alan MacEachern, le processus mêle deux temps et deux territoires. Le temps de la nature, millénaire et actuel, est le temps qui demeure : il est celui de Parcs Canada et, par extension, de la nation canadienne. Le temps de l’homme, historique et révolu, désigne en revanche un temps éphémère qui n’a fait que sublimer le territoire : il est celui de la presqu’île gaspésienne de Forillon et, par extension, de la province québécoise.
Homme contre nature, un paysage par la contrainte dans le Semēn
57Entre le symbole d’une ruralité traditionnelle et l’emblème d’une nature atemporelle, la dimension diachronique de la matérialité des espaces-parcs atteste la nécessité de « saisir comment l’environnement – réel et idéel – est constamment négocié et reconstruit300 ». Cette imbrication du naturel et du culturel se décline toutefois, en Éthiopie, en un processus qui fait nettement moins appel à l’imaginaire. Face à l’homme qui dégrade la nature que l’administration s’évertue à préserver, seule la contrainte exercée par le pouvoir politique se lit dans la matérialité du parc national du Simien Mountains.
58Comme en France et au Canada, les responsables du Simien Mountains s’efforcent d’abord de conserver la nature en l’état. Dès la fin des années 1960, cette entreprise est conditionnée par l’arrêt réglementaire de toute activité humaine. Sous la direction de Clive Nicol et du colonel Tamrat, respectivement gardien en chef du Simien Mountains et gouverneur de la province du Bägēmder301, les cultures sur brûlis et les coupes d’arbres sont proscrites en 1968302. Le Semēn devenu parc national, l’extension des terres cultivées et l’élevage bovin comme ovin sont de facto interdits par le gouvernement impérial en 1969303 et légalement abolis par les dirigeants socialistes en 1980304. Depuis, ses gestionnaires s’acharnent vainement à réduire l’impact de ces activités. Admettant que rien ne semble empêcher « l’utilisation humaine croissante du parc », ils vont jusqu’à subventionner l’exploitation agricole de ses alentours afin d’attirer les populations de l’autre côté des frontières du Simien Mountains305. Dans la mesure où la gestion du parc national témoigne d’un idéal de nature vierge, et en cela d’un système de représentations et d’une culture, cette « seconde nature306 » du paysage dont doivent se saisir les praticiens de l’histoire environnementale est toute aussi présente en Éthiopie qu’en Europe et en Amérique du Nord. Seulement, l’administration paraît incapable de faire face à la réalité humaine du territoire. Le gardien du parc a beau dénoncer en 1969 la « situation critique » du plateau de Gich, menacé de dégradation par quelque six cents habitants et trois mille têtes de bétail307, le recensement que dirige le WWF en 1975 indique qu’en moins de sept années, la population a doublé308. À l’encontre de la législation en place, plus de 3500 personnes vivent dans le parc à la fin des années 1970309 et élargissent, tout au long des années 1980, les surfaces cultivées310. La situation suit depuis la même tendance. La déforestation pour la fourniture de bois de chauffe et de construction continue311, la chasse occasionnelle au walia demeure312, les cultures en terrasses s’étendent313 et de nouvelles maisons sont construites314. Si la population résidente est réduite de moitié en 2006, avec un effectif estimé à 3400 individus, c’est uniquement en raison d’une nouvelle démarcation opérée par les responsables du parc315. À l’instar de chacun des projets politiques conduits depuis les années 1960 pour contraindre les populations agropastorales316, aucun des trois gouvernements nationaux ne semble avoir eu les moyens de ses ambitions. Cherchant à maintenir l’espace dans la matérialité qui était la sienne à la fin des années 1960, les dirigeants éthiopiens parviennent, au mieux, à freiner l’exploitation agro-sylvopastorale.
59Pour cette raison, le Simien Mountains doit être envisagé comme un territoire de projet. Le zonage du parc est ici révélateur. En 1968, il est sur le point d’être divisé en deux parties. L’une, centrale, doit faire office de zone strictement protégée et la seconde, périphérique, doit être le lieu d’une utilisation rationnelle des sols317. Conçu par le conseiller britannique de l’EWCO et repoussé en 1969 par l’empereur, qui souhaite légaliser au plus vite le parc national318, le projet est interrompu par la chute du régime. Dans une perspective similaire, en 1983, l’État socialiste prévoit de concilier la préservation de la nature et la présence humaine au moyen d’une organisation concentrique de l’espace, avec quatre zones consacrées respectivement au walia ibex, à la réhabilitation des milieux, à la réintroduction d’espèces indigènes et au développement agricole319. Le projet est retardé par la guerre civile sous le Därg. Puis, en 1995, l’administration fédérale préfère installer sur l’intégralité du territoire les infrastructures d’accueil et de surveillance qu’elle juge nécessaires320. Aucune subdivision rationnelle n’a depuis vu le jour. Les nouvelles démarcations de 2000 et de 2006 consistent à agrandir le parc avant d’en préciser les modalités de gestion321. Peut-on pour autant affirmer que le Semēn fait partie de ces territoires qui ne sont « rien de plus que des schémas sur une carte322 », de « simples zones de conservation “sur papier”323 » ? Il existe en Éthiopie comme en Afrique de l’Est « une grande différence entre les idées et l’argent disponible pour les mettre en œuvre324 ». Les structures écologiques de l’espace-parc sont associées à des structures socioéconomiques fragiles, dont la précarité est d’ailleurs exacerbée par une politique de contrôle social onéreuse. C’est pourquoi l’espace-parc est exclusivement façonné par la négative, au sens où ses responsables parviennent davantage à y contraindre la nature qu’à l’inventer. Le parc national du Semēn s’avère cependant bien plus qu’une simple entité abstraite née de la vaine poursuite d’un idéal naturel. Comme les parcs français et canadien, il est le produit matériel d’une représentation nationale de la nature. Mais à la différence de la Gaspésie et des Cévennes, le degré de concrétude de cette culture y est si faible que seule transparaît la réalité du pouvoir politique.
60Le resettlement constitue probablement l’expression la plus symptomatique de l’autoritarisme de ce pouvoir. Souvent proposé et mobilisé par les projets de développement que la communauté internationale finance dans les pays du Sud depuis les années 1960325, le déplacement forcé des populations est aussi, en Éthiopie, une pratique endogène. Elle est institutionnalisée en 1966 afin de décongestionner les zones rurales surexploitées et de développer celles moins peuplées ; elle touche sous l’empire quelques dizaines de milliers de personnes326. Avec des résultats tout aussi maigres et décevants, frappant cette fois-ci plus d’un million d’individus, le Därg fait du déplacement des populations un instrument de socialisation des moyens de production et de contrôle du territoire national. Le gouvernement fédéral continue d’envisager les schémas de resettlement comme des moyens nécessaires au développement rationnel du pays327. Vecteurs de croissance économique, les sites patrimoniaux sont tout particulièrement concernés par ces projets de déplacement forcé328. C’est le cas du Simien Mountains. En 1968, avant même que la nature n’y soit mise en parc, l’administration propose aux habitants une « réinstallation » à deux cents kilomètres au sud d’Addis-Abeba, dans l’Arsi329. Les populations refusant cette offre réitérée à maintes reprises, les militaires socialistes expulsent en 1978 par la force et sans compensation plus de 1200 villageois330. Bien que ceux-ci aient profité de la guerre civile pour revenir occuper l’espace, le gouvernement fédéral s’attache chaque année à exiger leur départ immédiat, lequel doit revêtir la forme inédite, et théorique, d’un voluntary removal331. Sous la férule de l’EPRDF, la politique de déplacement des populations du Semēn participe de la même entreprise nationale initiée par l’empereur et intensifiée par le Därg. Comme le suggère Tina Loo à propos du xxe siècle canadien, la conservation continue de renvoyer à la « construction d’un certain type de paysages, de certaines géographies de l’exclusion et, plus qu’occasionnellement, d’une certaine violence. Œuvrer pour la nature revenait (et revient) à exercer le pouvoir332 ».
61Si la politique menée par Parcs Canada à Forillon témoigne bien d’une certaine violence, la matérialité de la nature y traduit un idéal étatique de nature vierge et une pratique coercitive du pouvoir. En revanche, la suprématie politique et sociale du mängeśt* caractérise la matérialité même du parc national du Semēn. Certes, ses gestionnaires poursuivent eux aussi un objectif de nature intacte et libre de traces humaines. Ce dernier se lit néanmoins dans les rapports et programmes d’aménagement, et non dans l’espace. Au lieu d’un territoire vide se dessine un espace toujours plus peuplé, avec une densité avoisinant les trente personnes au km2 à la fin des années 1960 et les quarante au début des années 1990333. De même, au lieu de vastes étendues de plantes indigènes replantées et de forêts reboisées se trouvent encore aujourd’hui des pâturages et des parcelles cultivées. De fait, plutôt que la nature sauvage que se représentent à l’échelle nationale les responsables du parc, la matérialité du Simien Mountains traduit avant tout le pouvoir du mängeśt. Assisté par les soldats du däǧǧäzmač*, le gardien du parc parvient ainsi en 1969 non pas à mettre fin à l’agriculture, mais à limiter l’extension des terres agricoles334. Dix ans plus tard, cherchant à mettre un terme à l’habitat permanent au sein du parc national, les employés du parc réussissent pour leur part avec l’aide des « pouvoirs locaux335 » à sécuriser les frontières au-delà desquelles toute nouvelle habitation est interdite336. Depuis la chute du Därg, les gardes employés par l’administration fédérale limitent l’exploitation de l’espace en envoyant en prison celles et ceux pris en flagrant délit de déforestation, de braconnage ou de collecte de foin337, tandis que les officiers des wäräda de Debark, de Jenamora et d’Adi Arkay détruisent autant que faire se peut les maisons récemment construites338. À défaut d’inventer pleinement la nature, le mängeśt y limite donc l’empreinte de l’homme et, en cela, la matérialité du parc symbolise la permanence de son autorité.
62Le Simien Mountains s’avère le révélateur, mais aussi l’instrument de cette permanence du mängeśt, détenteur de l’autorité à la fois étatique et gouvernementale depuis, au moins, les débuts du règne d’Hailé Sélassié339. Destinée au maintien en l’état du parc, l’interdiction de l’exploitation des ressources confirme la tendance impériale qui consiste, à compter des années 1940, à centraliser l’ensemble des attributs et symboles du pouvoir national340. De même, l’expulsion des populations à laquelle procède le Därg pour renaturaliser l’espace-parc vient soutenir la théorie selon laquelle, en dépit du mécontentement que peuvent susciter les réformes politiques venues d’en haut, les populations se plient à la volonté du mängeśt moins par incapacité à se révolter que par respect d’une pratique autoritaire et descendante du pouvoir341. Si celles-ci semblent momentanément s’en défaire lorsqu’elles reviennent cultiver leurs terres en 1983, c’est uniquement parce qu’un pouvoir concurrent s’est emparé des montagnes du Semēn. La politique coercitive à laquelle elles sont de nouveau assujetties depuis 1993, afin que le parc soit entretenu dans sa dimension la moins anthropique possible, conforte en outre l’analyse selon laquelle l’abyotawi dimokrassi* promue par l’EPRDF ne serait qu’une idéologie de plus visant, comme celles du socialisme et de l’absolutisme divin, à perpétuer l’imposition du mängeśt sur les populations éthiopiennes et leurs territoires342.
63Comme les États français et canadien, l’État éthiopien opère dans le parc national une sélection des éléments humains et non humains afin de restaurer l’équilibre dans lequel ceux-ci auraient, par le passé, cohabité. Par leur élimination ou leur réintroduction, la puissance publique cherche à instaurer un « ordre naturel et social343 ».
64Cet ordre naturel et social diffère selon les contextes car il est fonction d’une culture nationale de la nature. Là où l’Éthiopie envisage une nature autrefois intacte et aujourd’hui détériorée par ses occupants, le Canada imagine un temps de l’homme effacé derrière le temps millénaire de la nature, tandis que la France considère l’espace comme le symbole naturel d’une culture traditionnelle séculaire. Toujours déterminé par certaines représentations nationales, l’état de la nature s’avère également fonction de la capacité de ses gestionnaires à les concrétiser. C’est pourquoi là où les parcs nationaux français et canadien constituent la traduction matérielle d’un idéal étatique de nature, le parc éthiopien exprime exclusivement le pouvoir coercitif de l’autorité nationale.
65Au-delà de ces formes élaborées avec plus ou moins de réussite, la comparaison montre que les États responsables inventent la nature au fur et à mesure qu’ils la modèlent dans ses dimensions institutionnelle et matérielle. À la fois paysage et écosystème344, le parc doit représenter le juste reflet de la nation qui le protège. Parce qu’une nation ne peut survivre sans ancrer son peuple dans le passé et dans l’avenir, sans référence qui le rende « présent à l’histoire345 », le façonnement scientifique de l’espace participe d’une entreprise idéologique et nationaliste. Ainsi l’expliquait Bourdieu : ceux qui définissent des « régions naturelles » font appel aux autorités scientifiques dotées du « pouvoir de faire voir et de faire croire, de faire connaître et de reconnaître », et celles-ci fondent « en réalité et en raison le découpage arbitraire qu’ils entendent imposer346 ». Ici, ce découpage est le fait de la nation et le parc national doit, pour ceux qui le parcourent, la symboliser.
Notes de bas de page
1 R. P. Neumann, « Nature-State-Territory : Toward a Critical Theorization of Conservation Enclosures », dans R. Peet, M.Watts (dir.), Liberation Ecologies : Environment, Development, Social Movements, 2e éd., Londres, Routledge, 2004, p. 194.
2 La dimension institutionnelle du façonnement des parcs ne fait pas ici l’objet d’une section spécifique. Pour cela, voir : G. Blanc, Les territoires des parcs nationaux (Canada, Éthiopie, France) : logiques identitaires, patrimoniales et nationales, thèse d’histoire et d’études québécoises dirigée par S. Castonguay et B. Hirsch, université du Québec à Trois-Rivières/université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2013.
3 P. Vidal de La Blache, « Les genres de vie dans la géographie humaine », Annales de géographie, 111, 1911, p. 194.
4 L. Febvre, La terre et l’évolution humaine. Introduction géographique à l’histoire, 3e éd., Paris, Albin Michel, 1949 [1922], p. 228-236.
5 Voir notamment G. Bertrand, « Pour une histoire écologique de la France rurale », dans G. Duby, A.Wallon (dir.), Histoire de la France rurale, t. 1, La formation des campagnes françaises des origines à 1340, Paris, Seuil, 1975, p. 39-118.
6 Charvolin, L’invention de l’environnement en France…, op. cit., p. 82-83.
7 Voir notamment B. Latour, Nous n’avons jamais été modernes. Essai d’anthropologie symétrique, Paris, La Découverte, 1991, p. 135 ; Descola, Par-delà nature et culture, op. cit., p. 242.
8 S. Castonguay, « Foresterie scientifique et reforestation : l’État et la production d’une “forêt à pâte” au Québec dans la première moitié du xxe siècle », Revue d’histoire de l’Amérique française, 60/1-2, 2006, p. 61.
9 A. Selmi, Administrer la nature, Versailles/Paris, Quæ/Maison des sciences de l’homme, 2006, p. 9.
10 M. St-Amour, « Forillon : les tout premiers débuts », Gaspésie, 47/2, 2010, p. 38.
11 Parc national Forillon (PNF), Étude de neige 1970-1971, 1971.
12 PNF, Y. Lafleur,A.Thibodeau, Inventaire des mammifères marins, 1970-1972, 1973.
13 PC, Inventaire d’une colonie de bihoreau à couronne noire. Parc national Forillon, 1978. Le bihoreau est un héron trapu à grande tête, aux pattes de petite taille et au cou assez court et large.
14 PC/Région du Québec (RQ)/Service de la conservation des ressources naturelles (SCRN), Activités et organisation du service de conservation du parc national Forillon, 1986, p. 7.
15 Id., Programme d’observations systématiques pour le parc national Forillon, 1995, p. 1.
16 SCRN, G. Germain, Inventaire de la neige au sol, hiver 1973-1974, 1974, p. 1.
17 PC/RQ/SCRN, Mise à jour des données sur les oiseaux diurnes (1985) et premier inventaire des oiseaux de proie nocturnes (1986). Parc national Forillon, 1987, p. 63.
18 C. Fortin, J. Huot, Écologie comparée du coyote, du lynx du Canada et du renard roux au parc national Forillon. Rapport final présenté à Parcs Canada, Québec, université Laval, 1995, p. 34-51.
19 Les consultants Pluritec Ltée, Étude du couvert neigeux. Parc national Forillon 1970-1982. Rapport à Parcs Canada, 1982, p. 19. Ce rapport explique que la densité du couvert forestier influence la répartition de la neige au sol et, par voie de conséquence, la quantité de végétation nécessaire à l’alimentation des ongulés durant l’hiver.
20 PC/RQ/SCRN, Mise à jour de l’inventaire des ongulés du parc national Forillon. 1982, 1986, p. 1.
21 SCRN, Inventaire des oiseaux de proie dans le parc national Forillon, 1970-1971-1972, 1973 ; Id., Parc national Forillon. Étude sur les glaces, hiver 1974, 1974 ; Id., Facteurs altérant la végétation. Parc national Forillon. 1979, 1985.
22 Destinée à l’analyse de l’évolution des associations végétales, cette méthode consiste à réaliser un échantillonnage des sols en fonction de leurs situations géologiques, géomorphologiques et végétales.
23 M. M. Grandtner, Description détaillée des groupements végétaux de la péninsule de Penouille. Parc national Forillon. Rapport à Parcs Canada, 1971, p. 12.
24 SCRN, Inventaire des oiseaux marins. Parc national Forillon, 1978, p. 1.
25 J.-L. Desgranges, Les grands hérons du parc national Forillon. Rapport technique préparé à l’intention de Parcs Canada, 1978, p. 63-68.
26 Gauthier & Guillemette Consultants Inc., Étude des besoins de corridors de protection pour permettre les déplacements et la dispersion des vertébrés terrestres du parc national Forillon. Version finale présentée à Parcs Canada, 1994, p. 10.
27 C. Fortin, Abondance et distribution de la loutre de rivière, du vison d’Amérique, de la martre d’Amérique et du pékan, et relations avec le corridor de déplacement le long de la route 197. Parc national Forillon. Rapport présenté au Service de la conservation des écosystèmes, Parcs Canada, 1999, n.p.
28 « Décret no 70-777 du 2 septembre 1970 créant le parc national des Cévennes », JO, 1205, 1977, p. 82.
29 PNC, Rapport d’activité [RA] 1975, 1977, p. 13.
30 Id., RA 1977, 1978, p. 24-25.
31 Id., RA 1988, 1989, p. 15-35.
32 Id., RA 2004, 2005, p. 4-8.
33 [Anon.], A Summary of the External Assistance Requested and Received by the Wildlife Conservation Organization from May 1972 to December 1975, dans EWCO/Blower, 1975, p. 1-2. Créés en 1961 par J. F. Kennedy, les Peace Corps désignent une agence philanthropique états-unienne travaillant surtout dans les pays du Sud.
34 F. Klotzli, « Simien – A Recent Review of its Problems », Walia, 6, 1975, p. 18-19.
35 World Wildlife Fund (WWF), Yearbook 1971-1972, Morges, 1972, p. 81. Créé en 1961, le World Wildlife Fund devient en 1986 le World Wide Fund for Nature. Il est officielllement baptisé « WWF » en 2001.
36 Ethiopian Endeavour, The John Hunt Exploration Group of Endeavour Training Expedition to the High Simiens of Ethiopia. 14th January-19th February 1972, 1972, p. 38.
37 Ministry of Natural Resources Development and Environmental Protection (MNRDEP), Simien Mountains Baseline Study – Ethiopia : Concept for the 1994 Field Expedition, Addis-Abeba, University of Bern/University of Zurich/Addis Ababa University, 1994, p. 2.
38 Hurni, Decentralized Development in Remote Areas…, op. cit. L’ensemble des programmes et rapports de missions produits par les experts internationaux sont conservés à la bibliothèque de l’EWCO, à Addis-Abeba.
39 De Abebe Alemu à Beyeda Woreda Agriculture Office, « Regarding Human and Resources Damages Caused by Gelada Baboons », dans Simien Mountains National Park Office of Debark (SMNPD)/Archives, 11 septembre 1990 (cal. éth.). Aussi appelé « singe-lion », le gelada vit sur les hauts plateaux d’Éthiopie et d’Érythrée. Selon les mois de l’année, le calendrier grégorien affiche sept à huit ans de plus que le calendrier orthodoxe éthiopien, fondé sur les calendriers copte et julien. Nous respectons la datation des sources et indiquons « (cal. éth.) » lorsque le calendrier éthiopien est utilisé.
40 E. Ludi, Simen Mountains Study 2004. Intermediate Report on the 2004 Field Expedition to the Simen Mountains in Northern Ethiopia, Berne, NCCR North-South, 2005, p. 22.
41 De Asfaw Menesha à ANRS/PADPA, « Fiscal Year Annual Report », dans SMNPD/Archives, 5 novembre 1999 (cal. éth.). Les correspondances conservées dans le fonds Archives sont exclusivement rédigés en amharique. L’ensemble des traductions francophones sont de l’auteur.
42 A. MacEachern, « Rationality and Rationalization in Canadian National Parks Predator Policy », dans C. Gaffield, P. Gaffield (dir.), Consuming Canada. Readings in Environmental History, Toronto, Clark, 1995, p. 197-212.
43 PC/RQ/SCRN, Activités et organisation du service de conservation du parc Forillon, 1986, p. 7.
44 Id., Inventaire des mammifères marins. Parc national Forillon, 1978, p. 94.
45 [Anon.], « Lac au Renard : fermeture de la pêche », Le Pharillon, dans Centre de services du Québec de Parcs Canada (CSQ)/dossier Revue de presse 3671-F/4, 22 juin 1982.
46 PC, Mise à jour de l’inventaire des ongulés du parc national Forillon. 1982, 1986, p. 47.
47 PC/RQ/SCRN, Description et mesures de protection du secteur de Penouille, 1978, p. 11.
48 PC, Parc national Forillon. Plan de conservation, 1981, p. 33-37.
49 Id., Parc national Forillon. Plan directeur, 1995, p. 12.
50 Ibid., p. 12-25.
51 C. Sévegner, Les parcs nationaux français de montagne et le tourisme. Un mariage de raison, thèse de géographie dirigée par G. Richez, université d’Aix-Marseille, 2000, p. 7.
52 « Décret no 70-777 du 2 septembre 1970… », art. cité, p. 70-71.
53 PNC, RA 1985, 1986, p. 18.
54 Id., RA 1988, 1989, p. 15. La tourbière désigne une sorte de marais au fond duquel s’accumule une matière organique végétale incomplètement décomposée : la tourbe.
55 Id., RA 1990, 1991, p. 3.
56 Ministry of Agriculture (MA)/Forestry and Wildlife Conservation and Development Department (FWCDD), A Development Plan for Wildlife Conservation, 1980, p. 26.
57 G. Debonnet, L. Melamaria, B. Bomhard, Reactive Monitoring Mission to Simien Mountains National Park Ethiopia, 10-17 May 2006, 2006, p. 13.
58 J. Blower, Draft of Report Prepared for Board. Wildlife Conservation Department. Summary of Progress : 1967, dans EWCO/Blower, 1968, p. 4. L’ensemble de la documentation produite et de la correspondance échangée par John Blower est conservée à l’EWCO, dans le fonds Blower.
59 Unesco, Mission Report from Simen Mountains National Park, 2006, p. 14.
60 De Berhanu Gebre Mohammed à ANRS, « Submission of Conservation Status Report of Simien Mountains National Park », dans SMNPD/Archives, 21 décembre 1995 (cal. éth.).
61 Kaufmann, « “Naturalizing the Nation”… », art. cité, p. 666.
62 PC/RQ/SCRN, Activités et organisation du service de conservation du parc Forillon, 1986, p. 7.
63 Id., Étude sur le castor au parc national Forillon, 1987, p. 1-11.
64 Ibid., p. 58.
65 Environnement Canada (EC)/Service canadien des parcs (SCP), Mise à jour des connaissances sur la population de castors du parc national de Forillon. Rapport final, 1993, p. 94-117.
66 PC/SCRN/RQ, Projet d’implantation du faucon pèlerin au parc national Forillon, 1988, p. 1-8.
67 Id., Lâchers de faucons pèlerins au parc national Forillon, 1989, p. 2-13.
68 Id., Suivi de la réintroduction du faucon pèlerin au parc Forillon, 1992, p. 1.
69 Id., Plan de gestion provisoire de l’ours noir ursus americanus au parc national Forillon, 1990, p. 1.
70 SCRN,Y. Lafleur, Inventaire de l’ours noir (ursus americanus), 1972, p. 4.
71 N. Leblanc, J. Huot, Écologie de l’ours noir (ursus americanus) au parc national Forillon. Rapport final présenté au Service de la conservation des écosystèmes, Parcs Canada, 2000, p. 47-48.
72 Ibid., p. 96-100.
73 MacEachern, Natural Selections…, op. cit., p. 208.
74 SCRN, Étude du porc-épic. Parc national Forillon, 1976-1977, 1979, p. 73.
75 PC/RQ/SCRN, Gestion de faune ichtyologique. Rapport d’activité de la pêche sportive, 1984, p. 2.
76 Id., Impact d’utilisation dans les secteurs d’aménagement du Parc national Forillon, 1983, p. 55.
77 PNC, RA 2001, 2002, p. 7.
78 Id., Le Bougès et l’aménagement faunistique et cynégétique du PNC, 1981, n.p.
79 Id., Programme d’aménagement 1976-1981, 1976, p. 1. Le tétras-lyre est un coq de bruyère.
80 Id., RA 1975, 1977, p. 5.
81 Id., RA 1983, 1984, p. 16.
82 Chacun des rapports d’activité produit par l’administration depuis 1975 fait état de ces opérations.
83 Id., RA 1986, 1987, p. 17.
84 Id., RA 2003, 2004, p. 11.
85 Id., RA 1981, 1982, p. 12.
86 C. Calvet, Les représentations de la nature dans les sociétés modernes : l’exemple français de la réintroduction du vautour fauve (gyps fulvus) dans le parc national des Cévennes, mémoire de DEA d’ethnologie dirigé par C. Friedberg, EHESS, 1995, p. 30.
87 PNC, Dossier « castor ». 1977-1988,1989,n.p. Le terme « gardon » désigne en Cévennes chacun des affluents de la rivière du Gardon, parfois dite du Gard, qui puise sa source dans les hautes Cévennes pour venir se jeter, cent trente kilomètres plus au sud, dans le Rhône.
88 Id., RA 1979, 1980, p. 14.
89 Id., Programme d’aménagement 2006-2010, 2006, p. 30.
90 Id., RA 1997, 1998, p. 4.
91 Id., Projet de programme d’aménagement 1981-1985, 1980, p. 46.
92 Id., RA 1994, 1995, n.p.
93 Id., RA 1999, 2000, p. 4.
94 Id., RA 1983, 1984, p. 21.
95 Id., Projet de programme d’aménagement 1981-1985, 1980, p. 11.
96 B. Messerli, « Simen Mountains – Ethiopia. A Conservation Oriented Development Project », dans Messerli, Aerni (dir.), Simen Mountains…, op. cit., p. 10.
97 De Yeshaw Tenaw à SMNPD, « Monthly Report of August », dans SMNPD/Archives, 25 décembre 1994 (cal. éth.).
98 De Negussie Tsegaye Tessema à Asfaw Meshesha, « Regarding Handing Over of the Plot of Land for Planting Trees », dans SMNPD/Archives, 10 juin 1998 (cal. éth.).
99 A. Selmi, V. Hirtzel, « Introduction. Parquer la nature », dans Id. (dir.), Gouverner la nature, Paris, Éditions de l’Herne, 2007, p. 10.
100 MacEachern, Natural Selections…, op. cit., p. 109-119.
101 B. Fortin, citée dans S. Fortier, « Souvenirs d’expropriés », Gaspésie, 47/2, 2010, p. 44.
102 Bernier, La bataille de Forillon, op. cit., p. 204.
103 L. Cousineau, « Le Cap-Bon-Ami n’a pas perdu son charme mais il a perdu son espion », La Presse, dans CSQ/Revue de presse 3671-F/4, 1974.
104 PC/RQ/SCRN, Élimination des dépotoirs familiaux. Parc national Forillon, 1983, p. 15.
105 MA, Legal Notice. Wildlife Conservation Regulations Issued Pursuant to the Game Proclamation of 1944, 1968, p. 4.
106 […] no person shall reside, hunt, cultivate, graze cattle or livestock, fell trees, burn vegetation or exploit the natural resources, dans « Regulations Issued Pursuant to the Game Proclamation of 1944 and the Wildlife Conservation Order of 1970 », Negarit Gazeta, 31e année, 7, 19 janvier 1972, p. 37.
107 De J. Blower au Dr. J. Boyd Morton, « The Nature Conservancy UK », 15 juillet 1966, p. 1 ; de J. Blower au général Mebratu, « Simien National Park », 16 juillet 1969, p. 1 ; L. Brown, A Report on the Wildlife Situation in Ethiopia, dans EWCO/Leslie Brown, 1975, p. 3.
108 Provisional Military Government of Socialist Ethiopia (PMGSE), Management Planning Considerations for the Simien Mountains National Park and Proposals for the Integrated Rural Development of the Simien Highlands, 1983, p. 9.
109 Ermias Bekele, Unesco, A Description of the Conservation Status and Future Outlooks of Ethiopia’s Simien Mountains, Bale Mountains, and Abijata-Shalla Lakes National Parks, 1982, p. 12.
110 « Proclamation no 192 of1980. Forest and Wildlife Conservation and Development Proclamation », Negarit Gazeta, 39e année, 17, 5 septembre 1980, p. 137-140.
111 De Negussie Mulu à Transitional Government of Ethiopia (TGE), document sans titre, dans SMNPD/Archives, 16 février 1987 (cal. éth.).
112 Federal Democratic Republic of Ethiopia (FDRE)/Environmental Protection Authority (EPA), Environmental Policy, 1997, p. 18.
113 De Wolde Gabriel Gebrekidan à The Council of Debark Woreda, « Regarding the Construction of Houses at the Borders of the Park », dans SMNPD/Archives, 2 août 1990 (cal. éth.).
114 De Asfaw Menesha à PADPA, « Annual Report », dans ibid., 5 novembre 1999 (cal. éth.).
115 De Berhanu Gebre Mohammed à ANRS Bureau of Agriculture, « Submission of Conservation Status Report of Simien Mountains National Park », dans ibid., 21 décembre 1995 (cal. éth.).
116 De Yisak Yiman à SMNPD, « Work Report », dans ibid., 13 octobre 2001 (cal. éth.).
117 Basset, Aux origines du parc national des Cévennes, op cit., p. 208.
118 H. Mendras, La fin des paysans, 2e éd., Paris, Armand Colin, 1970, p. 22.
119 E. Hobsbawm, « Introduction », dans E. Hobsbawm, T. Ranger, L’invention de la tradition, Paris, Éditions Amsterdam, 2006, p. 4.
120 G. Lenclud, « La tradition n’est plus ce qu’elle était… », Terrain, 9, 1987, p. 15-19.
121 Ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien (MAINC)/Direction des parcs nationaux et des lieux historiques (DPNLH), Parc national Forillon. Plan-cadre provisoire. Audiences publiques, 1971, p. 2.
122 DPNLH, M. Moussette, L’homme et son milieu naturel dans la région de Forillon, une esquisse ethnohistorique préliminaire, 1971, « Préface », n.p.
123 PC, L. Chamard, Éléments de compréhension de la géographie culturelle du parc national de Forillon, 1973, p. 137.
124 PC, M. Bélanger, Le folklore du parc national Forillon, 1973, « Introduction », n.p.
125 MAINC, J.-C. Dupont, Étude de la culture traditionnelle et de la géographie humaine du parc national Forillon, 1973, « Introduction », n.p.
126 Ibid.
127 PC/RQ/Service de la planification (SP), Parc national Forillon. Plan directeur, 1975, p. 22.
128 B. Bélanger et al., Histoire de la Gaspésie, Montréal, Boréal/Institut québécois de recherche sur la culture, 1981, p. 289.
129 PC, J. Simard, H. de Carufel, Inventaire de la collection d’artefacts du parc national Forillon, 1971, n.p.
130 PC, J. Simard, Inventaire des documents figurés du parc national Forillon, 1971, « Avant-propos », n.p.
131 PC/RQ/SP, Parc national Forillon. Plan directeur, 1975, p. 21-22.
132 SCRN, Inventaire des terres agricoles, 1977, p. 1-2.
133 PC, Simard, Inventaire des documents figurés…, op. cit., p. 2.
134 MAINC/DPNLH, Parc national Forillon. Plan-cadre provisoire. Audiences publiques, 1971, p. 8.
135 Beauchemin-Beaton-Lapointe, Le parc Forillon, recherche du motif architectural. Rapport à Parcs Canada, 1970, p. 1.
136 PC, Parc national Forillon. Plan directeur, version abrégée, 1979, p. 12.
137 EC, Forillon, 1987, p. 36.
138 PC, Parc national Forillon. Plan directeur, 1995, p. 45-46.
139 PC/RQ/Service d’accueil (SA), Plan de service. Les havres et quais du parc Forillon, 1980, n.p.
140 PC/SP, Parc national Forillon. Révision du plan de gestion, 1985, p. 6.
141 PC/UGG, Parc national du Canada Forillon. Plan directeur, 2010, p. 22.
142 PC/RQ/SP, Parc national Forillon. Plan directeur, 1975, p. 31.
143 PC/RQ/SCRN, Synthèse et analyse des ressources naturelles et historiques. Cap-Gaspé, 1978, p. 9.
144 Id., Méthodologie. Étude de l’évolution de la végétation des aires agricoles traitées, 1980, p. 1.
145 Id., Plan de gestion des terres agricoles en friche. Parc national Forillon, 1983, p. 1.
146 Ibid., p. 60-74.
147 PC/UGG, Parc national du Canada Forillon. Plan directeur, 2010, p. 52.
148 MAINC/DPNLH, Parc national Forillon. Plan-cadre provisoire. Audiences publiques, 1971, p. 14.
149 PC, Parc national de Forillon, concept du parc, 1971, n.p.
150 PC, Simard, Inventaire des documents figurés…, op. cit., p. 5.
151 PC, Éléments d’informations. Parc national Forillon, 1973, p. 5 ; SCRN, Description et zonage à des fins de préservation des ressources géobiophysiques et culturelles, 1974, p. 23.
152 PC, P. Drouin, La maison Hyman à Grande-Grave : intervention archéologique, 1984, p. 4.
153 PC/SP, Parc national Forillon. Révision du plan de gestion, 1985, p. 9.
154 EC/SCP, Amendement au plan de gestion. Parc national Forillon, 1988, p. 10.
155 PC/RQ, Parc national Forillon. Programme de collection, 1994, p. 6.
156 PC, Plan de conservation. Parc national Forillon, 1995, p. 50.
157 Id., Parc national Forillon. Plan directeur, 1995, p. 45-46.
158 PC/UGG, Parc national du Canada Forillon. Plan directeur, 2010, p. 59.
159 MacEachern, Natural Selections…, op. cit., p. 118.
160 PNC, RA 1975, 1977, p. 5.
161 Id., RA 1978, 1979, p. 16.
162 Id., RA 1977, 1978, p. 25.
163 Id., RA 1979, 1980, p. 6.
164 Id., RA 1980, 1981, p. 9-19.
165 Id., RA 1981, 1982, p. 34.
166 Id., RA 1983, 1984, p. 24.
167 Id., RA 1984, 1985, p. 42.
168 Id., RA 1988, 1989, p. 35.
169 Id., RA 1989, 1990, p. 31.
170 Id., RA 1992, 1993, p. 11.
171 Id., RA 1995, 1996, p. 7.
172 Id., RA 1998, 1999, p. 7.
173 Id., RA 1994, 1995, n.p.
174 Id., RA 2001, 2002, p. 15.
175 Id., RA 2003, 2004, p. 17.
176 Id., RA 1975, 1977, p. 2.
177 Id., « Les plans d’environnement » dans le PNC, 1977, n.p.
178 Id., RA 1979, 1980, p. 4.
179 Id., RA 1981, 1982, p. 7.
180 Id., RA 1983, 1984, p. 6.
181 Id., RA 1975, 1977, p. 2.
182 Id., RA 1986, 1987, p. 5.
183 Id., RA 1992, 1993, p. 14.
184 Id., RA 1993, 1994, p. 8.
185 Id., RA 1997, 1998, p. 8.
186 Id., RA 2001, 2002, p. 2.
187 Id., RA 2003, 2004, p. 26. Terme d’origine occitane, la « draille » désigne la piste de transhumance.
188 Id., RA 2004, 2005, p. 13.
189 Id., Cévennes, 00, 1972, p. 6.
190 Pour une fondation cévenole, Cévennes. Revue du parc national des Cévennes, 3, 1973, p. 6.
191 PNC, Projet de programme d’aménagement 1981-1985, 1980, p. 28.
192 Club Cévenol, « Parc national des Cévennes. Entretien avec M.Jean Donnedieu de Vabres », Causses et Cévennes. Revue du Club Cévenol, 13/3, 1975, p. 70.
193 Cette estimation est issue de l’ensemble des rapports d’activité produits par les gestionnaires du parc depuis 1970, lesquels font systématiquement mention du nombre de subventions demandées et accordées.
194 PNC, RA 1978, 1979, p. 15.
195 Id., RA 1979, 1980, p. 17.
196 Id., RA 1980, 1981, p. 19.
197 Id., RA 1981, 1982, p. 20.
198 Id., RA 1988, 1989, p. 23.
199 Id., RA 1990, 1991, p. 17.
200 En Cévennes, les bancels désignent les sols mis en culture sous forme de terrasses étagées.
201 PNC, RA 1993, 1994, p. 15.
202 Id., RA 2003, 2004, p. 12.
203 C. Raffestin, M. Bresso, « Tradition, modernité, territorialité », Cahiers de géographie du Québec, 26/68, 1982, p. 187.
204 PNC, RA 1977, 1978, p. 16.
205 Id., RA 1981, 1982, p. 21.
206 Id., RA 1990, 1991, p. 14.
207 Bertrand, « Pour une histoire écologique… », art. cité.
208 R. Kapuściński, Le Négus, 2e éd., Paris, Flammarion, 1984 [1978], p. 55.
209 De F. Vollmar (WWF, Morges, Suisse) à L. Brown (Karen, Kenya), « Re : WWF Project no 84 : Walia Ibex and Mountain Nyala – Investigation in Ethiopia », dans EWCO/Leslie Brown, 1er août 1963, p. 2 ; EWCO, J. G. Stephenson, An Appraisal of the Current State of the Wildlife of Ethiopia with a Resultant Recommendation on the Banning of Sport Hunting, 1978, p. 1-9 ; Berihun Gebre Medhin, « Walia Ibex (Capra ibex walia) Population Status and Distribution in Simien Mountains », Walia, 18, 1997, p. 28-34.
210 De Negussie Mulu à Simien Gondar Administrative Zone Executive Committee, « Regarding the Result of Conducted Study to Discover the Opinion of the Community Living Around », dans SMNPD/Archives, 7 juillet 1986 (cal. éth.) ; de Zerfu Abuhay Getahun à North Gondar Zone Administration Office, « Regarding Work Report of Arkwazye Village », ibid., 13 août 2001 (cal. éth.).
211 De Blower à Morton, « The Nature Conservancy UK », art. cité, p. 1.
212 WWF, Yearbook 1974-1975, Morges, 1975, p. 130.
213 United Nations Sudano-Sahelian Office (UNSO), D. Crabtree, Proposal for the Rehabilitation of the Simien Mountains National Park, Ethiopia, 1993, p. 6.
214 World Heritage Centre (WHC)/Unesco, Technical Mission to Ethiopia on Simien Mountains National Park and World Heritage Site 2-9 November 1996, 1996, p. 15.
215 De Abreham Assefa à SMNPD, « Regarding Road Construction Report », dans SMNPD/Archives, 26 mars 1995 (cal. éth.).
216 ANRS/PADPA, Simen Mountains National Park Integrated Development Project, Project no 1722- 00/2005, 2007, p. 8.
217 Selon nos observations et les informations recueillies entre 2007 et 2012 auprès des habitants de Debark et des montagnes du Semēn, les visiteurs étrangers n’ont jamais été autorisés à utiliser les transports en commun qui circulent sur cette route.
218 We cannot see national parks as natural without understanding that it is our culture that has made them so and declares them so, dans MacEachern, Natural Selections…, op. cit., p. 4.
219 J. Davallon, G. Grandmont, B. Schiele, L’environnement entre au musée, Lyon/Québec, Presses universitaires de Lyon/Musée de la civilisation de Québec, 1992, p. 37.
220 G. Chouquer, « Nature, environnement et paysage au carrefour des théories », Études rurales, 157- 158, 2001, p. 236.
221 M. Bédard (dir.), Le paysage. Un projet politique, Québec, Presses de l’université du Québec, 2009, p. 3.
222 F. Walter, « Les échelles d’un imaginaire paysager européen dans l’histoire », dans ibid., p. 60.
223 « Loi no 60-708… », art. cité, p. 2.
224 « Décret no 70-777 du 2 septembre 1970… », art. cité, p. 73-74.
225 « Arrêté du 19 mars 1962 relatif à l’établissement de réserves de chasse dans les parcs nationaux et les réserves naturelles », JO, 1205, 1977, p. 123-124.
226 Ministère de l’Environnement et du Cadre de vie (MECV), 1979. Quinze ans de parcs nationaux français, 1979, p. 5 ; PNC, Projet de programme d’aménagement 1981-1985, 1980, p. 102.
227 « Décret no 70-777 du 2 septembre 1970… », art. cité, p. 69-74.
228 PNC, RA 1983, 1984, p. 5.
229 Id., RA 1992, 1993, p. 13.
230 Id., Programme d’aménagement du parc national des Cévennes 2000-2006, 2000, p. 38.
231 Id., Projet de programme d’aménagement 1981-1985, 1980, p. 35.
232 « Loi no 60-708… », art. cité, p. 2.
233 PNC, Programme d’aménagement 1986-1990, 1986, p. 29.
234 Ibid., p. 16.
235 L’ensemble des rapports d’activité produits entre 1975 et 1979 font état de ces lâchers.
236 PNC, RA 1980, 1981, p. 15.
237 Ibid.
238 Id., Projet de décret modifiant le décret no 70-777, 1979, n.p.
239 Les Amis de l’Aigoual, du Bougès et du Lozère, Dégâts de gibiers dans le parc national des Cévennes – Agonie de la forêt, dans CDA/Dossiers de presse III, 1995, p. 2.
240 PNC, RA 1980, 1981, p. 15-16.
241 Id., RA 1984, 1985, p. 19.
242 Id., RA 1994, 1995, n.p.
243 Id., RA 2002, 2003, p. 10.
244 A.Vourc’h,V. Pelosse, La chasse en Cévennes lozériennes – éléments d’une problématique sociologique, Paris, Piren Causses-Cévennes, 1982, p. 5.
245 PNC, RA 1977, 1978, p. 4.
246 Id., RA 1978, 1979, p. 4.
247 Id., RA 1979, 1980, p. 6.
248 Id., RA 1980, 1981, p. 8.
249 Id., RA 1981, 1982, p. 7.
250 Id., RA 1982, 1983, p. 15.
251 Id., RA 1990, 1991, p. 11.
252 Id., RA 1995, 1996, p. 11.
253 Id., RA 1978, 1979, p. 13.
254 Id., Programme d’aménagement 1976-1981, 1976, p. 17-18.
255 Id., Programme d’aménagement 1981-1985, 1980, p. 29.
256 Id., Programme d’aménagement 1986-1990, 1986, p. 18-53.
257 Id., Programme d’aménagement 1994-1999, 1994, p. 34.
258 A. Druguet, De l’invention des paysages à la construction des territoires. Les terrasses des Ifugaos (Philippines) et des Cévenols (France), thèse d’anthropologie dirigée par M. Roué, Muséum national d’histoire naturelle, 2010, p. 209-270.
259 MAINC/DPNLH, Politique des parcs nationaux, 1969, p. 2-5.
260 En géographie physique, la physiographie désigne l’étude des formes du relief de la terre.
261 MAINC/DPNLH, Manuel de planification du réseau des parcs nationaux, 1972, p. 3-9.
262 PC/RQ/SP, Parc national Forillon. Plan directeur, 1975, p. 8.
263 Kaufmann, « “Naturalizing the Nation”… », art. cité, p. 690.
264 PC, Politique de Parcs Canada, 1979, p. 42-43.
265 MacEachern, Natural Selections…, op. cit., p. 40.
266 MAINC/DPNLH, Parc national Forillon. Plan-cadre provisoire. Audiences publiques, 1971, p. 8.
267 PC/RQ/SCRN, Impact d’utilisation dans les secteurs d’aménagement du parc Forillon, 1983, p. 1.
268 EC/SCP, Amendement au plan de gestion. Parc national Forillon, 1988, p. 22.
269 C. Mortimer-Sandilands, « The Cultural Politics of Ecological Integrity : Nature and Nation in Canada’s National Parks, 1885-2000 », International Journal of Canadian Studies/Revue internationale d’études canadiennes, 39-40, 2009, p. 179.
270 « Loi modifiant la loi sur les parcs nationaux », Gazette du Canada, Partie II, 122/22, 16 septembre 1988, p. 4392-4393.
271 PC, Plan de conservation. Parc national Forillon, 1995, p. 25.
272 […] national park culture, dans Apostle, The View from the Hill…, op. cit., p. 1.
273 O. Craig-Dupont, Idéal de nature sauvage et transformation des territorialités au parc national de la Mauricie, 1969-1977, mémoire de maîtrise d’études québécoises dirigé par S. Castonguay, université du Québec à Trois-Rivières, 2008, p. 88.
274 Thiesse, La construction des identités nationales…, op. cit., p. 147.
275 Leblanc, Huot, Écologie de l’ours noir…, op. cit., p. 77.
276 F. Lévesque, Conséquences de la dynamique de la mosaïque forestière sur l’intégrité écologique du parc national Forillon, mémoire de maîtrise de foresterie dirigé par L. Bélanger, Université Laval, 1997, p. 1.
277 Ibid., p. 138.
278 PC, Cadre pour la restauration écologique du pin blanc et du chêne rouge, 2006, n.p.
279 PC/RQ/SCRN, Inventaire des ongulés du Parc national Forillon-1997, 1998, p. 12.
280 PC/Service de la conservation des écosystèmes (SCE)/CSQ/PNF, Dynamique de la population, préférences d’habitat hivernal, répartition des ravages, et inventaire du brout de l’Orignal (Alces alces) au parc national du Canada Forillon en 1997 et en 2009, 2010, p. 30-31.
281 Le « Canada atlantique » désigne les quatre provinces de l’Est (Île-du-Prince-Édouard, Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse, Terre-Neuve-et-Labrador), parfois appelées « provinces de l’Atlantique ».
282 MacEachern, Natural Selections…, op. cit., p. 6-7.
283 PC, M. St-Amour, D. Turcotte, Plan d’interprétation. Parc national Forillon, 1973, n.p.
284 MAINC/DPNLH, Parc national Forillon. Plan-cadre provisoire. Audiences publiques, 1971, p. 8.
285 L. Naud, Les parcs « nationaux » et l’intégrité du territoire, Ottawa, Université d’Ottawa, 1974, p. 19.
286 SCRN,Y. Lafleur, Inventaire des oiseaux de proie, 1970-1971-1972, 1973, n.p.
287 PC/RQ/SCRN, Résumé des rapports relatifs aux ressources du parc national Forillon, 1977, n.p.
288 [Anon.], « Forillon, un parc “sans-fil” dédié aux générations futures », Hydro-Presse, dans CSQ/ Revue de presse 3671-F/4, juillet 1979.
289 PC, Plan de gestion des terres agricoles en friche. Parc national Forillon, 1983, p. 57.
290 Ibid., p. 1.
291 PC/RQ, Parc national Forillon. Programme de collection, 1994, p. 11.
292 Ibid., p. 11-12.
293 PC, J. Benmouyal, Évaluation des sites paléohistoriques amérindiens de Penouille, 1994, p. 1.
294 Ethnoscop, Étude de potentiel et inventaire archéologiques. Vallée de l’Anse-au-Griffon. Rapport à Parcs Canada, 1995, n.p.
295 PC/PNF, B. Violette, La Gaspésie ethnoculturelle dans la péninsule de Forillon. Phase I – État de la question, 2001, « Avant-propos », n.p.
296 Ibid., p. 16.
297 D.Vachon, M. Félix-Tremblay, « Parc Forillon : commémoration des expropriations », Société Radio-Canada, dans CSQ/Revue de presse 50G 3320-22/F1, 27 décembre 2007.
298 S. Marchand (directeur du parc national de Forillon), cité dans P. Morel, « Pour ses 40 ans, un été fort occupé à Forillon », L’Avantage – Le Régional, ibid., 20 octobre 2010.
299 PC, Parc national du Canada Forillon. Plan directeur, 2010, p. 49.
300 Castonguay, « Les rapports sociaux à la nature… », art. cité, p. 7.
301 En 1941, Hailé Sélassié divise l’Éthiopie en provinces (ṭäqlay gezat), sous-provinces (awraǧǧa) et districts (wäräda). L’État socialiste change ensuite les limites, le nom des provinces et sous-provinces et ajoute le qäbälē comme premier niveau du maillage territorial (« voisinage » en amharique, le qäbälē désigne un village ou un groupement de hameaux en zone rurale, une association de quartiers en zone urbaine). La République fédérale modifie les échelons administratifs supérieurs, les provinces étant remplacées par les États-Régions (kellel*) et les sous-provinces par les « zones ». Notons également que les lois peuvent mentionner des provinces qui, théoriquement, n’existent plus. Ainsi la loi d’établissement du Simien Mountains évoque l’appartenance du parc à la province du Bägēmder et du Semēn, alors que selon la réforme mise en place par l’empereur, la province a déjà été rebaptisée « Gondar », du nom de la ville principale de la région.
302 J. Blower, Proposals for the Development of the Simien Mountains National Park, 1968, p. 5.
303 H. Hurni, « Soil Erosion Forms in the Simen Mountains – Ethiopia (with map 1 : 25000) », dans Messerli, Aerni (dir.), Simien Mountains…, op. cit., p. 94.
304 « Proclamation no 192 of 1980… », art. cité, p. 140.
305 ANRS/PADPA, SMNP-IDP Project no 1722-00/2005, 2007, p. 8.
306 Castonguay, « Les rapports sociaux… », art. cité, p. 7.
307 C.W. Nicol, A Census of the People of Geech and the Livestock at Geech, dans EWCO/Blower, 1969, p. 1.
308 WWF, Yearbook 1975-1976, Morges, 1976, p. 130.
309 P. Stahli, « Changes in Settlement and Land Use in Simen, Ethiopia, especially from 1954 to 1975 », dans Messerli, Aerni (dir.), Simien Mountains…, op. cit., p. 60.
310 UNSO, Cabtree, Proposal for the Rehabilitation of the Simien Mountains…, op. cit., p. 4.
311 De Hussien à SMNPD, « Regarding Monthly Report », dans SMNPD/Archives, 28 octobre 1986 (cal. éth.).
312 De Abebe Alemu à Simien Gondar Administrative Zone Office, « Regarding Illegal Hunting », SMNPD/Archives, 22 novembre 1990 (cal. éth.).
313 D. Siviter, « Return to the Semyen », Indoor and Outdoor Notice of Events, 68-69, 2003, n.p.
314 De Berara Tadles à SMNPD, « Regarding a Report of March », dans SMNPD/Archives, 23 juillet 2002 (cal. éth.).
315 ANRS/PADPA/Integrated Development Project (IDP), Simen Mountains National Park Management Plan, 2006, p. 35.
316 A. Gascon, « Les enjeux fonciers en Éthiopie et en Érythrée. De l’Ancien Régime à la Révolution », dans C. Blanc-Pamard, L. Cambrézy (dir.), Terre, terroir, territoire. Les tensions foncières. Paris, Orstom, 1995, p. 384.
317 Blower, Proposals for the Development of the Simien…, op. cit., p. 6.
318 « Order no 59. Simien National Park Order », Negarit Gazeta, 29e année, 4, 31 octobre 1969, p. 6-8.
319 PMGSE, Management Planning Considerations for the Simien…, op. cit., p. 7-10.
320 MNRDEP/Food and Agricultural Research Management (FARM) Africa (FARMA), Participatory Wildlife Management Workshop. Proceedings May 16-18 1995, 1995, p. 57-58.
321 ANRS/PADPA, SMNP General Management Plan 2009-2019, 2009, p. 8-9.
322 […] no more than schemes on a map, dans Andeberhan Kidane, « Wildlife Management Problems in Ethiopia », Walia, 8, 1982, p. 6.
323 […] only “on paper” conservation areas, dans Yoseph Genet, EWCO, Trust Fund Development for Wildlife Conservation and Protected Areas Management for Ethiopia, 1995, p. 15.
324 Kaleab Negussie, cité dans G. Blanc, « Constructions nationale et patrimoniale dans l’Érythrée indépendante », Annales d’Éthiopie, 25, 2010, p. 215.
325 M. M. Cernea, « Pour une nouvelle économie de la réinstallation : critique sociologique du principe de compensation », Revue internationale des sciences sociales, 175/1, 2003, p. 39.
326 Pankhurst, Piguet, « Migration, Resettlement & Displacement… », art. cité, p. 1-22.
327 A. Pankhurst, « Revisiting Resettlement under Two Regimes in Ethiopia. The 2000s Programme Reviewed in the Light of the 1980s Experience », dans Pankhurst, Piguet, Moving People…, op. cit., p. 138.
328 M. Bridonneau, Lalibela, une petite ville d’Éthiopie amarrée au monde, thèse de géographie dirigée par P. Gervais-Lambony, université Paris-Ouest Nanterre-La Défense, 2013, p. 173-218.
329 De J. Blower à H. E. Ato Abeba Retta Minister of Agriculture and Chairman of the Wildlife Conservation Board, « Memo. Subject : Wildlife Conservation and National Parks », 4 avril 1969,p. 6.
330 Ermias Bekele, Unesco, A Description of the Conservation Status…, op. cit., p. 12.
331 ANRS/PADPA, Development of Alternative Livelihoods for the Population of the Simen Mountains National Park, Ethiopia, 2006, p. 14.
332 […] the construction of particular kind of landscapes, particular geographies of exclusion, and, more than occasionnaly, violence. To work for wildlife was (and is) to exercise power, dans T. Loo, « Making a Modern Wilderness : Conserving Wildlife in Twentieth-Century Canada », Canadian Historical Review, 82/1, 2001, p. 119.
333 H. C.Hogg, cité dans Unesco/UICN/WHC, E. L.Edroma, K. S.Hillman, Monitoring Mission Report to Simen Mountains National Park and World Heritage Site, Ethiopia : 9th-14th April 2001, 2001, p. 10.
334 De Blower à Mebratu, « Honorary Game Wardens », art. cité, p. 2. « Commandant de la porte », le däǧǧäzmač désigne depuis le retour d’Hailé Sélassié sur le trône le commandant d’une province (awraǧǧa).
335 On peut penser que les « pouvoirs locaux » désignent ici les membres des qäbälē tout récemment implantés dans les villages de l’Éthiopie socialiste.
336 P. Stahli, M. Zurbuchen, « Two Topographic Maps 1 : 25000 of Simen, Ethiopia », dans Messerli, Aerni (dir.), Simien Mountains…, op. cit., p. 21.
337 De Belay Gedamu à SMNPD, « Regarding the Lawsuit of Criminals », dans SMNPD/Archives, 7 novembre 1991 (cal. éth.).
338 De Wolde Gabriel Gebrekidan à The Council of Debark Woreda, « Regarding the Construction of Houses at the Borders of the Park », ibid., 2 août 1990 (cal. éth.).
339 S.Vaughan, K.Tronvoll, The Culture of Power in Contemporary Ethiopian Political Life, Stockholm, Swedish International Development Cooperation Agency, 2003, p. 35.
340 D. Crummey, Land and Society in the Christian Kingdom of Ethiopia, Oxford, James Currey, 2000, p. 237.
341 H. Pankhurst, Gender, Development and Identity. An Ethiopian Study, Londres/New Jersey, Zed Books, 1992, p. 69-70.
342 H.Aspen, « Models of Democracy – Perceptions of Power. Government and Peasantry in Ethiopia », dans Bahru Zewde, Pausewang (dir.), Ethiopia. The Challenge of Democracy…, op. cit., p. 64.
343 Castonguay, « Foresterie scientifique et reforestation… », art. cité, p. 61.
344 R.W. Sellars, Preserving Nature in the National Parks. A History, New Haven/Londres, Yale University Press, 1997, p. 4.
345 F. Dumont, Genèse de la société québécoise, Montréal, Boréal, 1993, p. 236.
346 Bourdieu, « L’identité et la représentation », art. cité, p. 65-66.
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