Maurice Agulhon et l’École normale supérieure : naissance d’un militantisme professionnel
p. 109-116
Texte intégral
1Maurice Agulhon1 fut élève de l’École normale supérieure de la rue d’Ulm, d’octobre 1946 à juillet 1950, le nombre d’années statutaires depuis la prolongation de la scolarité au-delà des trois années initiales : quatre ans, comme cela fut à peu près la règle jusqu’à la fin des années 1980. On se le rappelle s’étonnant que les élèves des promotions les plus récentes prolongent si aisément et, surtout, si volontiers leur scolarité. Non qu’il voulût signifier qu’allonger sa scolarité à l’ENS pût être déplaisant, mais deux raisons pouvaient expliquer sa surprise qui nous éclairent sur un aspect de sa jeunesse militante passée à la rue d’Ulm.
2Il avait d’abord toujours considéré, comme les élèves de sa génération et des deux qui l’ont suivie, son séjour normalien comme une étape bien circonscrite dans le temps et dans la carrière initiale d’un futur professeur, un moment qui prenait fin avec l’obtention de l’agrégation passée la quatrième année de scolarité : « L’École normale supérieure fut pour nous une merveilleuse machine à devenir agrégé, mais point la savonnette à vilain du xxe siècle […]. Car l’option communiste était au moins révolutionnaire en cela qu’elle tournait le dos assez consciemment à l’élitisme intégrateur qui était une des vocations de la maison2. » Nous reviendrons ultérieurement sur la dernière partie de cette proposition qui renvoie à son refus à la fois personnel et politique de faire de l’École le milieu d’intégration sociale et mondaine qu’elle constitua pour de nombreux normaliens issus de milieu modeste, ou, pour le dire comme lui, pour de « nombreux rustauds d’ascendance plébéienne3 » venus de province. Pour lors, conservons l’idée d’un cycle normalien de stricte professionnalisation, quatre ans qui autonomisaient le temps de préparation à l’agrégation, en même temps que l’ouverture à la recherche consentie par le va-et-vient entre la Sorbonne et la rue d’Ulm.
3 L’autre raison, à la fois historique et personnelle, au principe de la surprise de l’archicube Agulhon face à ces longues scolarités normaliennes, tenait à son passé de syndicaliste. Son syndicat avait œuvré pour obtenir après la guerre le statut d’élève professeur et la transformation du « pécule » en « traitement » qui contribua – comme il l’écrira – « à banaliser les normaliens4 » dans la fonction publique, mais en leur donnant un indéniable confort social d’étude. Dès lors, il était inconcevable de bouleverser – même à un moment où le séjour d’étude à l’étranger devenait la règle – un contrat quadriennal acquis de haute lutte. Il revint sur ce point qui n’était pas anecdotique à ses yeux, notamment lorsque le statut de fonctionnaire stagiaire fut de nouveau l’objet de menaces et que des élèves que nous avons connus comme enseignant s’adressèrent à lui pour cautionner leur rejet du concours « européen » qui, formant des boursiers et non des fonctionnaires, leur semblait représenter une atteinte indirecte au statut des fonctionnaires français.
4Lieu de formation professionnelle et surtout de militantisme interne, « positivement corporatiste », comme il aimait à le dire, grâce à un syndicalisme ouvert sur le monde extérieur par le parti communiste, l’École de la rue d’Ulm a occupé une place assez importante dans la jeunesse de Maurice Agulhon pour qu’il s’y intéresse toujours de près dans sa maturité. Certes il n’oublia jamais l’enseignement dispensé. Et on aurait pu prendre le parti d’évoquer ses liens à l’ENS à travers tous ceux qu’il y connut et qui modelèrent sa forma mentis, tel ce jeune professeur – le caïman René Rémond – qui lui offrit dès 1946 la « révélation » de l’importance de l’histoire des mots, comme il le confia le 19 septembre 2002, à la nouvelle promotion de normaliens à laquelle il vint parler du « choix des mots et du langage par l’historien de la politique ». Non moins intéressante aurait été l’option de privilégier la cohorte de tous ceux qu’Agulhon influença à l’ENS où il compta de nombreux disciples et où il fit son séminaire de la Sorbonne, ainsi que son cours et son séminaire du Collège de France « délocalisés » par les travaux, près de quinze ans plus tard.
5Ce que la petite fable de son étonnement face à la dilution du temps de scolarité normalienne illustre bien, c’est une relation à l’École normale supérieure définie par un attachement à la structure de formation circonscrite, plus qu’à la référence obsédante et parfois insupportable présente chez ceux qui font de cette École – mais c’est certainement vrai d’autres institutions – un temps de vie qui n’en finit plus, parce que devenu ingrédient identitaire. Agulhon parlait toujours de l’École comme milieu de professionnalisation et de militantisme, plus rarement d’un « esprit normalien » qui se serait déployé en dehors de ses murs. N’est-il pas hautement significatif qu’il ait choisi de confier un texte consacré à la vie syndicale normalienne à Alain Peyrefitte pour son recueil de souvenirs d’anciens normaliens, où, pour la plupart des auteurs, l’anecdote potache le disputait à la téléologie du haut intellect agissant5 ?
6Ce qu’il trouva dans ses murs, il le retrace dans une ego-histoire où, somme toute, l’École n’occupe que la place de ces quatre années. En voici le résumé en une formule :
En octobre 1946 je fais donc simultanément mon entrée à l’École normale de la rue d’Ulm et, par adhésion à la cellule de l’École, mon engagement dans le Parti, Fédération de la Seine, section du Cinquième arrondissement6.
7L’adhésion et le militantisme communistes ne sont pas l’objet de ce texte relatif à la scolarité normalienne de Maurice Agulhon7. Le dossier de ses propres archives intitulé « Communisme 1946-fin des années 19508 » ne contient que peu de choses personnelles dans la chemise « communisme Ulm », si ce n’est un exemplaire, pieusement gardé, du journal des communistes normaliens intitulé Rue d’Ulm. Nous nous contenterons pour restituer un peu de l’esprit du communisme normalien du jeune Agulhon de deux témoignages qui insistent sur les liens entre pratique professionnelle et militantisme.
8Le premier porte sur son activité historienne de normalien communiste : il s’agit de son compte rendu de La Méditerranée de Braudel publié dans Clarté sur commande du parti. Il y revient notamment dans ses commentaires critiques sur la biographie de Braudel par l’historienne italienne Gemelli qui y avait fait allusion dans son texte :
Mon article anti Braudel était anonyme. Signé d’initiales fausses. Il visait, dans les conclusions de la Méditerranée, le paragraphe où Braudel semblait identifier puissance maritime avec liberté et puissance continentale avec oppression. Le Parti communiste a cru que derrière « maritime » il fallait lire États-Unis et donc OTAN et que derrière « continental » il y avait Union soviétique. D’où sa fureur et l’exécution qui m’en a été confiée par l’intermédiaire de l’École et d’Annie Kriegel [… ]9.
9Et Maurice Agulhon poursuit en observant « l’anonymat de mon article n’était pas encore percé lorsque j’ai passé l’agrégation en 1950 […], mais il l’était dans les années 1980 lorsque Braudel a manifesté son irritation lors de ma candidature au Collège de France10 ». Agulhon, dans la suite de sa carrière d’auteur et de lecteur, n’a jamais accordé une grande importance à la géopolitique comme catégorie de l’analyse, pas plus qu’à la petite échelle, continentale, pour approcher la politique et les sociétés. Il était rebuté par ce que comportait, à ses yeux, d’abstraction, voire de dogmatisme, le questionnement géopolitique par rapport à la richesse offerte par l’histoire des relations internationales – notamment bilatérale – plus linéaire et concrète, certes, mais plus propre à intégrer l’histoire des représentations nationales réciproques. Faut-il y voir l’empreinte de cette première lecture mutilante de Braudel ?
10Il ne nous revient pas, par ailleurs, de démontrer que Maurice Agulhon n’a jamais renié la force de son engagement communiste comme étape de son itinéraire historien qui commence à l’École normale supérieure11. Il en retracera ainsi cinquante-cinq ans plus tard le contexte dans une lettre adressée en septembre 2008 à la directrice de l’École d’alors pour y expliquer sa volonté de laisser à la rue d’Ulm ses papiers : « Des anciens élèves de notre École, devenus coéquipiers et amis, considèrent que mes travaux présentent un intérêt spécifique par l’entrecroisement de l’histoire politique avec la politique tout court. Le politique, disent certains. Politique jugée à ses débuts partisane, jugée ensuite noblement raisonnable au travers des événements que l’on sait [… ]12. »
11De ce moment de politique partisane, Maurice Agulhon a assez fréquemment reparlé pour éclairer sa propre biographie intellectuelle et politique, plus rarement pour le situer comme moment de vie et de pensée collective de son École. C’est pourtant ce qu’il fait dans un petit texte – manuscrit et encore inédit – qu’il nous remit pour un séminaire organisé en mars 2000 à la rue d’Ulm, « L’École et la mémoire de la Deuxième Guerre mondiale13 ». La thèse de Maurice Agulhon est qu’après la Libération la guerre était peu présente dans les discussions entre normaliens : « Peut-on parler de souvenirs de la Guerre à propos des années que j’ai passées à l’École (octobre 1946-juillet 1950). Il ne me semble pas. Ou alors est-ce que ma mémoire les a laissés dépérir aux dépens d’autres impressions14 ? » Certes la guerre restait présente dans le quotidien de ces jeunes gens15. D’abord en raison de la composition par âge des promotions, puisque lui-même se retrouvait en 1946 avec des élèves promus qui auraient eu l’âge de passer le concours plus tôt, mais que leurs origines juives ou leur engagement dans la résistance avait renvoyés à l’immédiat après-guerre. C’est ainsi le cas de Georges Epchtein16 et de Raymond Weil – deux de ses « cothurnes » – dont Agulhon parle toujours avec émotion et admiration, faisant du futur helléniste Weil « le proche aîné le plus admiré et respecté de sa promotion17 ».
12Si, en dehors de ces silhouettes d’aînés, la guerre était peu présente, nous dit Maurice Agulhon, c’est en raison de l’hégémonie de la gauche et notamment du parti communiste qui, fort de vrais sacrifices, maniait l’exclusive et entendait résumer à lui seul la France résistante entravant tout débat pluraliste au sujet de l’engagement de guerre :
La plupart des normaliens tenaient la guerre qui venait de s’achever pour juste et légitime […]. À l’École comme ailleurs ceux qui pensaient avoir des opinions contraires – sur les excès de l’épuration et sur les côtés sommaires des rhétoriques officielles – ne s’exprimaient guère. On se disputait beaucoup mais pas sur le passé proche et pas sur la guerre18.
13Il faudra attendre le contexte de réel basculement de la guerre froide pour que le souvenir proche de la guerre devienne explicitement polémique. Agulhon, qui n’était plus élève, se souvient en effet de l’écho de l’inauguration de la Salle des Résistants à l’École normale, bien qu’il n’y ait pas assisté, à la fin du mois de mai 1952, dans le contexte, plus que tendu, des affrontements sur la Guerre de Corée et des manifestations contre « Ridgway la Peste ». La place du communisme « contribuait, et de beaucoup, à empêcher que le souvenir pourtant si proche des années sombres soit débattu comme il l’est aujourd’hui », constate l’historien qui en faisait alors – cela est bien connu – l’origine d’une démarche d’histoire régressive19.
14Mais il est aussi vrai que Maurice Agulhon durant sa période normalienne donnait priorité à son action syndicale de futur enseignant. Retenons donc que son entrée à l’École normale à l’automne 1946 coïncide très exactement avec le vote de la loi d’octobre 1946 fixant le statut général de la fonction publique.
15La timidité et la réserve qu’il aimait confesser n’empêchèrent pas le jeune normalien de devenir secrétaire de la section syndicale progressiste des élèves de l’École normale. Le voilà, en raison notamment de son adhésion au parti, bientôt promu secrétaire du cartel confédéré des Écoles normales supérieures. Il s’est expliqué sur la mécanique qui l’a porté à accepter cette responsabilité et sur son rôle syndical éminent dans un entretien accordé en février 2000 au Bulletin de l’Institut de recherches historiques sur le syndicalisme dans les enseignements du second degré20. Il y témoigne notamment de l’importance du congrès de la FEN de mars 1948 au lycée Louis-le-Grand, le fameux congrès de l’option de l’autonomie de la CGT par les enseignants, et se remémore son choix comme communiste du Snes de refuser l’autonomie et de rester à la FEN avant de militer dans la FEN-CGT.
16L’un de ses articles, publié dans L’élan syndicaliste de janvier-février 1948, permet de bien cerner cette vision corporative de bon aloi et hautement professionnelle qu’il se faisait de l’École et qui le portait comme ses camarades syndiqués à négliger délibérément, comme il l’écrira, « ce qui restait à l’École des virtualités d’acculturation raffinée et d’embourgeoisement » qui permettaient de parfaire l’intégration sociale des petits provinciaux.
17En effet, et pour revenir à la prose du secrétaire du cartel confédéré des écoles normales supérieures, le combat qui prime alors dans la France des lendemains de la Libération vise à obtenir la fin du statut de boursier de l’État contre la reconnaissance de celui de « fonctionnaire stagiaire » assorti de garanties sociales. Comment peut-il plaider cette cause sans craindre de défendre l’octroi de privilèges nouveaux ? Deux arguments se pressent qui permettent aux syndicalistes communistes de justifier leur combat en « contribuant à la rentrée de l’École dans le rang21 ». Celui de la parité entre ENS qui le conduit à soutenir contre sa direction qu’aucun écart, même symbolique, ne se justifie entre l’indice de rémunération d’un élève d’Ulm et celui de son camarade de Saint-Cloud. Mais l’essentiel reste l’homogénéisation démocratique du service de l’État. Agulhon insiste sur un statut qui aurait été obtenu, aux deux extrêmes, par les « élèves maîtres » de troisième année des écoles normales ainsi que par les élèves des grandes écoles d’application, celles des Mines, des Ponts et des Postes. Les arguments déployés pour défendre cette position renvoient au statut et à la nature même de ce qu’est une grande École qui prépare à l’enseignement et à ce que l’on appelle encore de nos jours – y compris dans la littérature syndicale – l’exigence de professionnalisation. Agulhon est explicite :
On nous refuse ce statut sous prétexte que nous sommes dans la même situation que les étudiants des facultés et que nous ne recevons pas de formation professionnelle directe (ce qui n’est même pas exact pour toutes les ENS). Tout se passe comme si nous étions pénalisés à cause du fait, malheureusement incontestable, que l’enseignement de la pédagogie dans le second degré n’est à peu près pas organisé : qu’il y ait des réformes à faire dans ce secteur de l’enseignement nous le savons bien et sommes prêts à dire notre mot sur cette question ; mais il nous est absolument impossible d’attendre pour avoir satisfaction qu’un gouvernement dont les sympathies confessionnelles sont notoires se décide à réorganiser l’enseignement public22.
18Et de conclure par ce dépassement conjoint des clivages politiques et des divisions socio-professionnelles au profit d’un corporatisme normalien universaliste qui n’est en réalité que la traduction de la présence des communistes dans le quotidien23 : « En faisant passer les divergences politiques après la poursuite commune des revendications des ENS, du corps enseignant et des travailleurs […], voilà les véritables méthodes syndicales, voilà celles qui resteront en usage dans les écoles normales supérieures24. » Maurice Agulhon et ses camarades syndiqués qui représentent toutes les Écoles normales supérieures obtiendront la reconnaissance de la qualité de fonctionnaire stagiaire aux élèves des deux dernières années avec le texte du 26 août 1948, en attendant la loi du 20 mars 1954 qui donnera à tous les élèves normaliens le statut ambitionné.
19Le syndicaliste « élève professeur » Agulhon a toujours bénéficié du regard positif de l’historien Agulhon, presque plus bienveillant que celui porté sur le militant communiste d’alors, même si l’ancien communiste d’après 1960 ne l’a jamais désavoué. Ce regard n’est pas simplement attendri ou nostalgique. Il est la marque claire de la volonté d’Agulhon de présenter ses années normaliennes comme la période où il a appris son métier d’historien sans le dissocier de celui de professeur, sans jamais opposer, à la nouveauté de la recherche, la valeur de la pédagogie et, surtout, dans cette quête statutaire et égalitaire du fonctionnaire public, sans jamais oublier sa mission première d’éducateur : « Car le mot et l’idée d’éducation étaient essentiels25. »
20La synthèse se retrouve vivante en Mai 68 lorsque, vingt ans après son engagement syndical à la rue d’Ulm, le jeune universitaire de la faculté d’Aix-en-Provence est hissé à la tête de la section syndicale Snesup (FEN), reconnaissant que, après sa rupture avec le parti communiste, son appartenance syndicale demeurait son lien cardinal de citoyen et de chercheur sur la politique avec la vie démocratique et laïque. On peut admettre sans grande hardiesse que ce combat syndicaliste a permis au jeune homme de compenser son absence de « culture communiste au sens anthropologique » – puisqu’il n’était pas issu de la classe ouvrière – par ce primat d’une « culture communiste descendante et démocratique » à la fois, qui devrait plus justement se définir comme « éducation », selon la simple et lumineuse distinction proposée par l’historien lui-même26.
21Certes les années d’École de Maurice Agulhon ne se sont pas limitées à cet apprentissage du combat syndical « professionnalisant ». Mais cet engagement fut un jalon important dans son approche de l’histoire. Le « syndicalisme vu des hauteurs » demeure le marqueur le plus durable de son militantisme. Le jeune communiste syndiqué qui se devait de rejeter ouvertement la tradition républicaine héritée du libéralisme du xixe siècle ne percevait-il pas, plus profondément et au lendemain de Vichy, la valeur progressiste d’une vieille République refondée qui avait besoin de fonctionnaires éducateurs pour s’incarner à nouveau ?
Notes de bas de page
1 Maurice Agulhon nous avait chargés – Jean-François Chanet et moi-même – de classer ses archives et sa correspondance professionnelles, me les confiant avant leur dépôt à la Bibliothèque de l’École normale supérieure de la rue d’Ulm avec l’accord de ses fils. Ce dépôt a été accepté et est en cours de classement. Certains des documents cités dans cet article portent donc la mention « Archives Maurice Agulhon ENS », abrégée ici en « AMA-ENS » et seront donc accessibles selon les conditions stipulées par Maurice Agulhon et fixées par convention avec la direction de l’École.
2 Maurice Agulhon, « Vu des coulisses », dans Pierre Nora (dir.), Essais d’ego-histoire, Paris, Gallimard, 1987, p. 17.
3 Ibid., p. 16.
4 Maurice Agulhon, « Le syndicalisme dans les hauteurs », dans Alain Peyrefitte (dir.), Rue d’Ulm. Chroniques de la vie normalienne. Édition du bicentenaire, Paris, Fayard, 1994, p. 351.
5 Ibid., p. 349-352.
6 Id., « Vu des coulisses », art. cité, p. 10.
7 Maurice Agulhon évoquait souvent son militantisme communiste à la rue d’Ulm et a souhaité y revenir de façon plus systématique dans un texte confié à Daniel Cefaï (dir.), Cultures politiques, Paris, PUF, 2001, qu’il souhaita voir figurer en bonne place dans le dernier recueil publié avant sa maladie : Maurice Agulhon, « Un peu d’histoire vécue », dans Id., Histoire et politique à gauche, Paris, Perrin, 2005, p. 98-125.
8 AMA-ENS, Dossier 39, « Communisme 1946-fin des années 1950 ».
9 AMA-ENS, Notes manuscrites sans numéro de dossier, « Moi dans le Braudel de Gemelli ». L’article en question est signé « G. O. ». Annie Kriegel était entrée un an plus tôt que Maurice Agulhon à l’École normale supérieure de jeunes filles de Sèvres.
10 Ibid.
11 Maurice Agulhon n’a jamais marqué de grande considération pour ceux qui firent de leur rupture tonitruante avec le parti communiste une nouvelle entrée dans la vie publique, même s’il revient avec un peu de recul sur son attitude sans doute trop résignée vis-à-vis du parti : « C’est moi qui ai le mieux encaissé 1956 et suis resté au parti communiste jusqu’en 1960 », AMA-ENS, Notes manuscrites sans numéro de dossier, « Moi dans le Braudel de Gemelli ».
12 AMA-ENS, Correspondance, Lettre du 5 septembre 2008 de Maurice Agulhon à Monique Canto-Sperber, directrice de l’ENS : « Politique jugée à ses débuts partisane, jugée ensuite noblement raisonnable au travers des événements que l’on sait : Libération, guerre d’Algérie, mouvement de Mai 68, péripéties ultérieures jusqu’au gaullisme inclus. Il nous a semblé qu’à l’intérêt propre à chacun de ces moments, ma réflexion sur les doctrines et théories en présence, le rôle des analyses opposées, le rôle du langage, du vocabulaire, des images (au sens propre et figuré), le rôle des symboles faisaient sortir le débat sur l’Histoire d’une pratique sérieuse et précise de celle-ci. »
13 AMA-ENS, texte manuscrit « Le souvenir de la Deuxième Guerre mondiale à l’École pour G. Pécout », p. 1.
14 Ibid.
15 Jean-François Sirinelli, « Les normaliens de la rue d’Ulm après 1945 : une génération communiste ? », Revue d’histoire moderne et contemporaine, LXIII/4, octobre-décembre 1986, p. 569-588.
16 Agulhon le connut en khâgne à Lyon alors qu’il « nous arrivait d’un maquis du Jura où il avait dû se réfugier comme juif, avant de faire la guérilla », dans Maurice Agulhon, Histoire et politique à gauche, op. cit., p. 92.
17 AMA-ENS, « Le souvenir de la Deuxième Guerre mondiale… », déjà cité, p. 2 : « Ces deux aînés avaient sur les quatre gamins qu’ils avaient pour cothurnes un indéniable prestige, leur avance d’âge et leurs épreuves en étaient la cause, mais tout autant leurs très réelles qualités personnelles. Il me semble que nous les aimions ou estimions pour eux-mêmes et pas seulement pour leur qualité d’ancien combattant. »
18 Ibid.
19 Maurice Agulhon, « Vu des coulisses », art. cité, p. 24-25 : « Le fait est, donc, que le plus grand nombre des jeunes historiens communistes de ma génération est devenu contemporanéiste. […] Nous voulions servir notre cause par une science militante. »
20 Maurice Agulhon, « La position des élèves des Écoles normales supérieures », L’élan syndicaliste. Organe de la section de l’union générale des fédérations de fonctionnaires de la région parisienne, 7/10, janvier-février 1948, reproduit dans Points de repères, 23, février 2000, p. 43.
21 Id., « Le syndicalisme dans les hauteurs », art. cité, p. 352.
22 Id., « La position des élèves des Écoles normales supérieures », art. cité.
23 Stéphane Israël, Jean-Philippe Mochon, « Les normaliens et la politique », dans Jean-François Sirinelli (dir.), École normale supérieure. Le livre du bicentenaire, préface de René Rémond, postface d’Étienne Guyon, Paris, PUF, 1994, p. 203-204.
24 Maurice Agulhon, « La position des élèves des Écoles normales supérieures », art. cité.
25 Id., « Un peu d’histoire vécue », art. cité, p. 103.
26 Maurice Agulhon, « Un peu d’histoire vécue », art. cité, p. 98-101.
Auteur
Professeur d’histoire contemporaine à l’ENS-Ulm et directeur d’études à l’EPHE actuellement détaché comme recteur de l’académie de Paris, a notamment codirigé avec Luigi Ballini Scuola e nazione in Italia e in Francia nell’ottocento, Venise, Istituto Veneto delle lettere, 2007.
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