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    Plan détaillé Texte intégral Otton et Henri, deux frères pour un trône Les révoltes d’Henri le Querelleur Les révoltes henriciennes au miroir des sources du règne d’Henri II Notes de bas de page Auteur

    Contester au Moyen Âge : de la désobéissance à la révolte

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    De la révolte au trône : les Henriciens face aux Ottoniens (936-1002)

    From the revolt to the throne: The Henricians against the Ottonians (936–1002)

    Laurence Leleu

    p. 143-155

    Résumés

    La dynastie ottonienne s’impose sur le trône de Francie occidentale avec l’avènement d’Henri Ier en 919 et surtout avec la transmission du pouvoir royal à un seul de ses fils, Otton Ier, en 936. Cette innovation successorale entraîne plusieurs révoltes menées par les représentants de la branche cadette des Ottoniens, les Henriciens, contre leur roi et parent. L’analyse de leur déroulement, ainsi que des mécanismes de règlement de conflit mis en œuvre, à partir des sources narratives des années 960-970 et du début du xie siècle, montre que la révolte se révèle avant tout un moyen de pression assez efficace utilisé par les Henriciens pour se voir reconnaître une position particulière dans le jeu politique. L’avènement d’Henri II provoque la reconstruction ou la réinterprétation de l’histoire de ces révoltes dans les sources postérieures à 1002.

    The Ottonian dynasty seizes the throne of West Francia with the accession of Henry I in 919 and especially with the enthronement of his son Otto I, who inherited, he alone, the royal power in 936. These new rules of succession cause several revolts led by representatives of the younger branch of the Ottonians, the Henricians, against their king and parent. An analysis of their development and of the mechanisms of conflict resolution implemented was made based on the narrative sources of the years 960–970 and the beginning of the 11th century. It shows that the revolt is above all a rather effective means of pressure used by the Henricians to obtain a particular position in the political game. The accession of Henry II led to the reconstruction and the reinterpretation of the history of these revolts in the sources written after 1002.

    Texte intégral Otton et Henri, deux frères pour un trône Les révoltes d’Henri le Querelleur Les révoltes henriciennes au miroir des sources du règne d’Henri II Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Le nom unique caractérise le système anthroponymique du haut Moyen Âge : puisé dans le stock d’un groupe parental, il insère son porteur dans celui-ci. Le nom masculin le plus courant dans un groupe sert donc à désigner ce dernier1. Ainsi, la dynastie créée par l’avènement d’Henri Ier en 919 en Francie orientale est-elle appelée « ottonienne », car ses descendants qui se succèdent comme rois portent le nom d’Otton2. Cependant, aux Ottoniens au sens strict (issus d’Otton Ier et titulaires du trône jusqu’en 1002) s’ajoute une branche collatérale, généralement dénommée henricienne puisqu’elle est constituée de la postérité d’Henri, frère cadet d’Otton Ier.

    2Les relations entre Ottoniens et Henriciens s’avèrent assez houleuses, marquées par plusieurs révoltes de ces derniers3. Cet affrontement récurrent est bien documenté par les sources narratives. Une première vague est composée dans les années 960 et au début des années 970, donc à la fin du règne d’Otton Ier et au début de celui d’Otton II, dans un contexte pro-ottonien. La seconde fleurit quant à elle peu après l’an mille. Postérieure à 1002, elle doit résoudre une difficulté majeure : la mort d’Otton III sans enfant marque la fin de la branche ottonienne et l’avènement de son plus proche parent en ligne masculine, le duc des Bavarois Henri, qui devient le roi Henri II. Le dernier rejeton de la lignée de révoltés accède ainsi finalement au trône que ses père et grand-père avaient convoité violemment. Quelle mémoire conserver alors de ces révoltes henriciennes tout en justifiant cet avènement ?

    Otton et Henri, deux frères pour un trône

    3Dans la première partie de son règne, Otton Ier est confronté à plusieurs reprises à des contestations de son pouvoir, d’autant plus graves qu’elles s’imbriquent les unes dans les autres4. Le danger s’avère particulièrement redoutable en 938-939 et 941, lors des deux révoltes d’Henri, son frère cadet.

    4Selon Widukind de Corvey, Henri « était à cette époque encore un très jeune homme5 au caractère bouillant […] égaré par une trop grande envie de régner6 ». Pour Liudprand de Crémone, cette « envie de régner » est un « désir […] funeste7 », car elle dresse le frère contre le frère. L’enjeu de ces révoltes est clairement le trône : Otton en a seul hérité, ce que conteste son cadet. Henri Ier a en effet décidé, de son vivant, de transmettre la royauté à Otton8 et a préparé sa succession dès la fin des années 9209. Le roi a tenu à donner à son aîné une épouse étrangère de naissance royale10. Son choix se porte sur Édith de Wessex11. À la fin de l’année 929, l’Hausordnung12 fournit sans doute l’occasion de la proclamation officielle des projets de succession du roi : désormais, Otton porte lui aussi le titre royal13. Une bénédiction (un sacre ?) a eu lieu à Pâques 929, à Mayence14. Enfin, à la diète d’Erfurt de 936, « ayant réuni le peuple tout entier, [Henri] désigna son fils Otton comme roi, distribuant à ses autres fils ses domaines avec ses trésors » ; Widukind qualifie ces dispositions de testamentum15. Otton passe alors de successeur désigné à successeur désigné à l’exclusion des autres fils. Dans les années 930, cette disposition est inédite16, en rupture nette avec la tradition franque de partage de la royauté entre les fils royaux qui accordait aux frères des droits égaux et les rendait collectivement responsables de l’ensemble : sont instaurées l’unigéniture17 et l’indivisibilité du royaume18. Cette innovation successorale s’explique sans doute par le poids des cinq regna dans la structure du royaume : le diviser entre les fils aurait provoqué l’opposition des puissants ducs, trop dangereuse quand le roi n’est qu’un primus inter pares19. Cette décision pose cependant un problème crucial : elle introduit l’inégalité dans la fratrie.

    La divine Trinité leur avait accordé trois fils [à Henri et Mathilde],
    Dans une pieuse disposition envers ce peuple fortuné,
    Afin qu’après la mort d’Henri, le vénérable roi,
    Des scélérats n’aillent pas confisquer son pouvoir,
    Et pour que les enfants de la souche royale
    Dirigent dans la concorde le royaume de leur père
    Aux trois elle réserva pourtant des honneurs différents,
    Deux d’entre eux [Henri et Brunon] étant assujettis au seul qui devint roi20.

    5Hrotsvitha de Gandersheim pointe ainsi la situation paradoxale de la stirps royale au tournant des années 920-930 : bénie de Dieu puisqu’elle compte trois fils, chiffre parfait gage de continuité, et, en même temps, une fratrie désormais hiérarchisée, terreau de rivalités importantes. Cette situation nouvelle provoque logiquement la contestation du cadet lésé, auquel toutes les sources reconnaissent de nombreuses qualités et même une stature royale21. En découlent deux épisodes de révolte.

    6Après une longue description de l’élection, du sacre et du couronnement d’Otton Ier à Aix-la-Chapelle en 936, Widukind signale l’absence de son jeune frère Henri, confié à la garde du comte palatin de Saxe Siegfried22. Il est clair que le jeune homme est indésirable lors de ces fêtes. L’avoir écarté signifie de la part d’Otton la reconnaissance d’une compétition latente, la crainte de la voir tourner en conflit ouvert contestant son autorité. Très vite, les choses se précisent d’ailleurs : en 938, Henri se trouve « corrompu par un pacte criminel, selon lequel, par une conjuration contre le roi son seigneur et frère, il ceindrait la couronne royale, si cela était possible23 ». Selon Liudprand, ce sont Eberhard de Franconie et Giselbert de Lotharingie, ces « gens pervers », véritables instruments du diable, qui convainquent Henri de renverser son frère et de prendre sa place, arguant que sa naissance après l’avènement de son père lui confère une légitimité supérieure à celle de son aîné24. En réalité, ils auraient manipulé le jeune homme au profit de leurs ambitions personnelles25. S’ensuit une véritable guerre en Lotharingie, marquée par la mort de Giselbert et d’Eberhard en 939, et la fuite d’Henri en Francie occidentale26. Après une première soumission et le pardon du roi, Henri reçoit de ce dernier des places fortes en Lotharingie27. Mais, à la faveur de l’hostilité croissante des grands de l’Ostmark envers le margrave Gero, un proche du roi, les ambitions d’Henri renaissent en 941 et la compétition pour le trône franchit un cran supplémentaire. Suivons Widukind :

    Après avoir échangé de nombreux envoyés et de petits cadeaux, il fit enfin alliance avec presque tous les milites des régions orientales. L’affaire devint à ce point criminelle qu’une conjuration ferme fut conclue : tandis qu’Henri se rendrait au palais, ils pensaient assassiner le roi lors de la fête de Pâques qui approchait et confier à Henri la couronne royale. Alors qu’il n’y avait personne pour dénoncer publiquement ces faits, grâce à la divinité suprême qui protégeait toujours le roi, celui-ci eut connaissance du complot peu de temps avant Pâques. Entouré jour et nuit d’une poignée de fidèles soldats, pendant cette fête, il ne diminua en rien la beauté et la majesté royales face au peuple et inspira à ses ennemis une très grande crainte.

    7Les conjurés sont arrêtés et décapités, Henri parvient à s’enfuir28. Les frères rivalisent ici pour la royauté : Henri en s’adjoignant des alliés lors de banquets et de rencontres, en distribuant des cadeaux, en gagnant le soutien de nombreux grands de Saxe orientale… Bref, en faisant montre de la majesté et d’une générosité royales tout en étayant la légitimité de ses revendications par l’importance de ses soutiens ; Otton en célébrant les fêtes de Pâques à Quedlinburg comme si de rien n’était, inébranlable, offrant ainsi à tous la sérénité de celui qui se sait protégé de Dieu et donc seul légitime. L’onction qu’il a reçue lui donne un net avantage : la tentative d’assassinat sur sa personne, qui plus est à l’occasion d’une fête solennelle au cours de laquelle le roi arbore les regalia, disqualifie le parti vaincu, celui des régicides et du presque fratricide. Par son attitude, Otton démontre aux yeux de tous qu’il est l’élu de Dieu et le seul, le souverain incontestable, et que la compétition pour le trône n’a pas lieu d’être. C’est en tout cas l’idée défendue par Widukind, qui, en soulignant à maintes reprises l’appétit de pouvoir d’Henri, suggère qu’il n’est moralement pas digne de la couronne, au contraire d’Otton, qui incarne la clémence et la paix29. Le point final à la révolte est mis à la Noël 941 avec la deditio d’Henri à Francfort, épisode qui fait l’objet d’un très beau passage des Gesta Ottonis de Hrotsvitha30.

    8Résumons l’ensemble. Henri complote à deux reprises contre Otton. La compétition pour le trône se mue en conflit ouvert et armé et même en tentative d’assassinat. Que l’initiative soit venue d’Henri et de sa regnandi cupiditas comme l’écrit Widukind, ou que le prince ait été la victime d’« âmes perverses » et se soit révolté presque malgré lui si on suit Liudprand et Hrotsvitha importe finalement assez peu31. Il est possible qu’Henri ait désiré au départ partager le pouvoir royal avec Otton dans le cadre d’un corpus fratrum à la carolingienne, même si les sources n’en disent rien32 ; cependant celles-ci indiquent clairement qu’en 941, il projette d’éliminer son frère et donc de se substituer à lui en respectant l’indivisibilité du royaume. Malgré tout, Otton, sévère envers les alliés de son frère, pardonne à chaque fois à celui-ci33. Une telle magnanimité permet aux auteurs de nos sources de souligner les vertus d’Otton, roi idéal car pieux, généreux, sévère mais juste, plein de mansuétude et de confiance en Dieu dont il est l’élu34. L’indulgence du roi envers son frère doit évidemment être interprétée en termes politiques. Le pardon accordé par Otton à Henri manifeste la vertu royale par excellence, la clémence. Elle fait de son frère aux yeux de tous son obligé : accepter la miséricorde royale et la faveur qui l’accompagne, c’est reconnaître Otton comme roi et renoncer à ses prétentions. Par ailleurs, cette clémence semble réservée à Henri : il est donc fort possible qu’Otton lui-même ait admis une certaine légitimité aux revendications de son frère… Ce qui explique la solution durable trouvée pour y répondre :

    Sur le conseil et l’intercession de sa sainte mère, Otton se rappela les nombreuses peines que son frère avait endurées : il le mit à la tête du royaume des Bavarois à la mort de Berthold, fit la paix avec lui et demeura fidèlement avec lui jusqu’à la fin dans la concorde. Le seigneur Henri avait épousé la fille du duc Arnulf, une femme d’une grande beauté et d’une remarquable sagesse. La paix et la concorde entre les frères, chose agréable à Dieu et aimée des hommes, devinrent célèbres sur toute la terre, à mesure que, d’un seul esprit, ils augmentaient l’État, repoussaient leurs ennemis et gouvernaient les citoyens avec une puissance paternelle35.

    9C’est donc l’octroi du regnum de Bavière à Henri qui clôt définitivement la révolte. En 947, le duc Berthold, qui a succédé à son frère Arnulf, décède en laissant un fils trop jeune pour prendre les rênes du duché. C’est l’occasion de le confier à Henri, légitimé à cette charge par son union depuis 937 avec Judith, fille d’Arnulf, mariage sans doute négocié du vivant d’Henri Ier pour lier la puissante famille des Liutpoldinger à la stirps regia36. La fin de la compétition pour le trône débouche à la fois sur l’octroi d’une position officielle et quasi royale à Henri, et sur une forme d’association de ce dernier au pouvoir de son frère, auprès duquel il joue un rôle important jusqu’à sa mort, le 1er novembre 955 : il devient princeps in regno post regem37. La solution adoptée ressemble ainsi à la mise en place d’une communauté des frères qui coopèrent en faveur du bien commun, communauté dans laquelle l’aîné exerce l’autorité royale avec l’aide et l’appui des deux plus jeunes auxquels d’importantes charges sont confiées, le pouvoir d’Otton étant relayé en Bavière par Henri, en Lotharingie par le benjamin, l’archevêque et archidux Brunon de Cologne (953-965). La contestation et la révolte ont donc permis à Henri de consolider fortement sa position, jusque-là assez incertaine.

    Les révoltes d’Henri le Querelleur

    10À la mort d’Henri, son jeune fils homonyme est immédiatement investi du duché sous la régence de sa mère Judith38. Cependant, l’itinéraire de ce personnage, par la suite surnommé « le Querelleur », montre la résurgence d’une rivalité tenace avec la branche aînée de la famille royale.

    11La révolte d’Henri en 974 est mal connue39, mais elle semble liée à la nomination de son parent Otton40 à la tête du duché de Souabe après la mort du duc Burchard II sans enfant41 : Burchard étant l’époux d’Hadwige, sœur d’Henri, il est probable que ce dernier ait espéré exercer une influence importante sur tout le Sud du royaume à travers elle, espoir visiblement jugé dangereux par Otton II. La montée en puissance des Babenberger dans la région a pu également inquiéter Henri42. Ce dernier se révolte donc par crainte d’un affaiblissement de sa position au sein de la haute aristocratie du royaume, par peur d’être privé de ce qu’il estime être sa juste part du pouvoir. Capturé et emprisonné à Ingelheim, il s’enfuit en 976 mais, défait par l’empereur, il est déposé au profit d’Otton de Souabe, excommunié et exilé en Bohême. En 978, après une nouvelle révolte, il est placé sous la garde de l’évêque Folcmar d’Utrecht43.

    12La mort prématurée d’Otton II à la fin de l’année 983 dans un contexte particulièrement difficile pour l’Empire44 fait renaître les ambitions du Querelleur enfin libéré. Otton III, tout juste sacré à Aix-la-Chapelle, a alors à peine plus de trois ans45. L’archevêque Warin de Cologne, à qui le défunt a confié la garde du jeune souverain, le remet alors à Henri, considéré comme son patronus legalis, en tant que parent masculin le plus proche en ligne masculine46. Très vite, le Querelleur utilise sa position pour revendiquer le trône47 : à Magdebourg lors de la fête des Rameaux, il ordonne aux grands saxons de l’élever à la royauté, puis lors des fêtes de Pâques à Quedlinburg, appelé roi, honoré par les laudes royales, il reçoit le serment de nombreux grands48. En choisissant ces lieux pour ces fêtes, Henri reprend la tradition ottonienne49, proclamant ainsi à la fois son appartenance à la famille royale et sa stature de roi. Mais, malgré ses efforts pour se comporter en roi, il n’en possède pas la vertu par excellence, la clementia, suggère Thietmar50. La tentative d’usurpation échoue grâce à la collusion des impératrices, de Willigis de Mayence et de grands saxons réunis en coniuratio51. Face aux difficultés, Henri décide de négocier : en juin 984, l’enfant est rendu à sa mère, à sa grand-mère et à sa tante, et la paix conclue à Rohr, où une étoile brille en plein jour du côté des partisans d’Otton III, signe de l’élection divine de l’enfant52. Pardonné, Henri est réinvesti du duché de Bavière en 985 et retrouve une position importante auprès des dominae imperiales qui dirigent le royaume53. Enfin, lors des fêtes de Pâques 985 à Quedlinburg, quatre ducs servent le jeune roi, dont Henri à la table54, démonstration publique de la nouvelle donne politique. Jusqu’à sa mort en 995, le Querel­leur sert fidèlement Otton.

    13Les révoltes d’Henri le Querelleur présentent bien des points communs avec celles de son père : elles visent à assurer une position éminente et particulière à la branche cadette de la famille royale parmi la haute aristocratie. En 983, l’occasion est trop belle de défendre aux yeux de tous l’idée que la légitimité à jouer un rôle politique de tout premier plan n’est pas réservée au fils du souverain précédent, mais est partagée par tous les membres de la stirps regia. Idée qui est d’ailleurs symboliquement proclamée par la transmission du nom royal Henri au premier-né de la branche bavaroise sur trois générations. Malgré l’échec de la tentative d’usurpation, le révolté parvient finalement à ses fins, puisqu’il réintègre la Königsnähe et retrouve le duché perdu dix ans plus tôt. À nouveau, la fin définitive de la révolte repose sur le compromis entre les deux branches de la famille royale, avec une certaine reconnaissance des revendications de la branche cadette dont le règlement du conflit consolide la position. La révolte apparaît comme un moyen de pression pour obtenir ou retrouver des avantages.

    14En 1002, le fils du Querelleur accède au trône à l’issue d’une intense compétition à la mort d’Otton III55. Pour les auteurs des sources composées sous son règne, l’enjeu est alors de légitimer cet avènement, tâche qui n’est pas mince : le nouveau roi est issu d’une lignée de révoltés contre le pouvoir royal ! Ils reconstruisent donc l’histoire de l’affrontement entre Ottoniens et Henriciens à l’aune de 1002. Deux argumentaires bien différents, voire opposés, même s’ils convoquent tous deux la volonté divine, sont mis en œuvre.

    Les révoltes henriciennes au miroir des sources du règne d’Henri II

    15La Vita Mathildis posterior, composée vers 1002 dans le monastère de Nordhausen, en Saxe, réécrit une première vita consacrée au milieu des années 970 à la reine Mathilde, épouse d’Henri Ier, décédée en 968 et considérée comme une sainte56. L’auteur cherche à la fois à légitimer l’avènement d’Henri II, à défendre les intérêts de Nordhausen57 et à proposer l’image idéale du mariage chrétien. Pour ce faire, le texte met en œuvre un discours extrêmement construit articulant parenté, homonymie et ressemblance58. Les révoltes des Henriciens sont totalement évacuées.

    16La vita affirme la préférence de la reine pour son cadet et l’espoir qu’elle formait de le voir régner après son père :

    Venu au monde avant la royauté, l’aîné, le remarquable Otton, brillait par sa beauté et ses vertus. Henri, né sur le trône royal, était plus jeune, mais pas inférieur par ses qualités morales pleines d’excellence. Sa beauté était telle qu’aucun homme de son temps n’aurait pu aisément lui être comparé ! Par son courage au combat, il était l’image de son père, mais par son extrême patience dans l’adversité, il suivait les traces de son auguste mère. Pour toutes ces raisons, il était spécialement cher à la sainte de Dieu : comme s’il était son enfant unique, elle le réconfortait par toutes sortes de douceurs et dans son amour, elle le préférait à ses autres fils. Elle désirait aussi, si Dieu permettait l’accomplissement de son vœu, qu’il soit le maître du royaume après le décès du roi Henri. Ce fut pour l’enfant le début de ses malheurs : très vite, Otton s’irrita à cause de cela contre son frère et entre eux grandirent la jalousie et une discorde de tous les instants59.

    17Qu’Henri ait reçu le nom de son père à l’instigation de sa mère est attesté par toutes les sources narratives ottoniennes60. La vita ajoute que Mathilde a fait ce choix par amour pour son époux. Henri apparaît comme le vivant portrait de son père homonyme, d’où la préférence de sa mère. C’est sur ce thème que se greffe la mention de la compétition fraternelle, au visage ici très original : celui d’une rivalité affective. L’amour exclusif de Mathilde pour Henri suscite la jalousie d’Otton, laquelle engendre la discorde entre les frères. La vita prend donc le contre-pied absolu des sources des années 960 : Otton devient responsable des tensions ; de révolte d’Henri il n’est plus question, mais plutôt de ses « malheurs » dus à la jalousie de l’aîné. Les sphères politique et sentimentale se trouvent ainsi opposées : celui qui est lésé en termes de pouvoir est favorisé par l’affection maternelle de la sainte, et la même chose se répète à la génération suivante61. Par ailleurs, le nom donné par Mathilde à Henri est destiné à soutenir ses prétentions au trône. Le texte souligne qu’Henri est le premier fils du couple in regali solio natus, le premier-né après l’avènement de son père62 : le cadet porte un nom royal et non un simple nom aristocratique liudolfide comme Otton. Porter ce nom confère une capacité et une légitimité particulières à exercer le pouvoir royal, suggère ainsi la vita. La transmission de ce nom à son fils puis à son petit-fils apparaît alors comme un présage du destin royal d’Henri II63. L’hagiographe réalise ainsi une construction complexe visant à montrer l’élection divine de la lignée henricienne qui doit affronter des décennies de malheur avant d’être récompensée en la personne d’Henri II : à l’humiliatio des Henriciens pendant le règne des Otton succède ainsi l’exaltatio du dernier Henri prophétisée par la sainte64.

    18Le Chronicon de Thietmar de Mersebourg, rédigé entre 1012 et 1018, nous conduit du début du xe siècle à 1018 et ne peut donc éluder ni les révoltes henriciennes ni le règne d’Henri II. Pour l’auteur, les choses sont claires : les contestations du pouvoir des Otton allaient à l’encontre de l’ordre divin puisque les Otton étaient les élus de Dieu. Mais l’avènement d’Henri II est lui aussi le résultat de la volonté divine. Thietmar réussit à concilier ces deux propositions a priori contradictoires grâce à l’utilisation de la figure diabolique. Dans un épisode assez surprenant, Thietmar explique, en effet, que le premier Henri aurait été conçu un soir prohibé par un père aviné cédant à une « impulsion diabolique ». Satan se vante alors auprès d’une matrone d’avoir « réussi en cela que jamais ma compagne la discorde ne manquera à cet enfant et à tous ceux qui sortiront de ses reins, et jamais une paix durable ne proviendra d’eux65 ». Pour notre évêque, le non-respect des normes ecclésiastiques en matière de sexualité explique les révoltes henriciennes66. Cet épisode fait des Henriciens révoltés les instruments du diable dans sa volonté de compromettre l’ordre divin ; ils ne sont donc pas vraiment responsables. Plus tard, sur son lit de mort, le Querelleur se repent de ses anciens errements et recommande à son fils homonyme de « ne jamais s’opposer à son roi et seigneur67 ». Le jeune Henri, approché par des conspirateurs, décide de fait de rester loyal à Otton III68. Ainsi se trouve levée la malédiction qui pesait sur la branche henricienne depuis ses origines et la disqualifiait, et le dernier Henri peut être légitimement élu roi selon la volonté divine69.

    19Les révoltes des Henriciens contre les Ottoniens illustrent les tensions engendrées par le flou juridique des règles de succession royale aux xe-xie siècles, entre divisibilité et indivisibilité du royaume, unigéniture et partage entre les fils, primogéniture et naissance « dans la pourpre » ; elles posent également la question de l’exercice du pouvoir en période de régence. La décision d’Henri Ier de transmettre le trône à un seul de ses fils en imposant le principe d’indivisibilité du royaume a ainsi entraîné d’importantes conséquences politiques et familiales sur trois générations. Cette décision, qui n’allait absolument pas de soi, a eu pour effet notable de modifier l’organisation de la stirps regia, désormais structurée en lignée, plaçant les collatéraux dans une position inférieure. Les Henriciens se révoltent certes en réaction hostile à ce nouvel ordre établi, mais sans doute moins pour renverser celui-ci que pour obtenir une reconnaissance officielle comme acteurs majeurs du jeu politique. La révolte sert donc de moyen de pression, destiné à contraindre le roi à faire des concessions, l’objectif étant avant tout de trouver un compromis satisfaisant pour tous puis de le conforter, condition du retour à la concorde et à la solidarité familiales.

    Notes de bas de page

    1 Présentation du système anthroponymique alti-médiéval dans R. Le Jan, Famille et pouvoir dans le monde franc (viie-xe siècle). Essai d’anthropologie sociale, Paris, 1995 (Histoire ancienne et médiévale, 33), p. 179-223.

    2 Je renvoie une fois pour toutes à la généalogie placée en annexe de cet article pour l’identification des personnages cités.

    3 Sur les tensions internes aux groupes de parenté, La parenté déchirée : les luttes intrafamiliales au Moyen Âge, éd. M. Aurell, Turnhout, 2010 (HIFA, 10), particulièrement M. Aurell, « Rompre la concorde familiale : typologie, imaginaire, questionnements », p. 9-59.

    4 Voir K. Leyser, Rule and Conflict in an Early Medieval Society. Ottonian Saxony, Londres, 1979 ; G. Althoff, « Zur Frage nach der Organisation sächsischer coniurationes in der Ottonenzeit », Frühmittelalterliche Studien, 16 (1982), p. 129-142.

    5 Né sans doute entre 919 et 922 : W. Glocker, Die Verwandten der Ottonen und ihre Bedeutung in der Politik. Studien zur Familienpolitik und zur Genealogie des sächsischen Kaiserhauses, Cologne/Vienne, 1989 (Dissertationen zur mittelalterlichen Geschichte, 5), p. 273.

    6 Widukind de Corvey, Rerum gestarum Saxonicarum libri tres, II, 12 et 15, éd. H.-E. Lohmann, P. Hirsch, MGH, SS rer. Germ. 60, Hanovre, 1935, p. 78 et 79.

    7 Liudprand de Crémone, Antapodosis, IV, 19 (Liudprand de Crémone, Œuvres, Présentation, traduction et commentaire par F. Bougard, Paris, 2015 [Sources d’histoire médiévale, 41], p. 258-259).

    8 Ibid., IV, 16-18, p. 256-259 ; Widukind de Corvey, Rerum gestarum…, op. cit. n. 6, II, 1, p. 63.

    9 Sur la préparation de la succession d’Henri Ier, K. Schmid, « Die Thronfolge Ottos des Großen », Zeitschrift der Savigny-Stiftung für Rechtsgeschichte, Germ. Abt., 81 (1964), p. 80-163, repris dans Königswahl und Thronfolge in ottonisch-frühdeutscher Zeit, éd. E. Hlawitschka, Darmstadt, 1971 (Wege der Forschung, 178), p. 417-508. Examen critique et nuances : J. Laudage, « Hausrecht und Thronfolge. Überlegungen zur Königserhebung Ottos des Grossen und zu den Aufständen Thankmars, Heinrichs und Liudolfs », Historisches Jahrbuch, 112-1 (1992), p. 23-71.

    10 Hrotsvitha de Gandersheim, Gesta Ottonis, v. 70-72 (Hrotsvithae opera, éd. P. Winterfeld, MGH, SS rer. Germ. in usum scholarum 34, Berlin, 1902, III 1, p. 206).

    11 Ibid., v. 66-120, p. 206 ; Liudprand, Antapodosis, op. cit. n. 7, IV, 17, p. 258-259 ; Widukind de Corvey, Rerum gestarum…, op. cit. n. 6, I, 37, p. 54 et II, 41, p. 100. K. Leyser, « Die Ottonen und Wessex », Frühmittelalterliche Studien, 17 (1983), p. 73-97.

    12 Henri Ier confirme le douaire de Mathilde cum consensu et astipulatione filii nostri Ottonis : DHI 20 (Quedlinburg, 16 septembre 929) (Conradi I, Heinrici I et Ottonis I Diplomata, éd. T. Sickel, MGH, Diplomata regum et imperatorum Germaniae 1, Hanovre, 1879-1884, p. 55-56.

    13 Ainsi dans une entrée du livre de confraternité de Reichenau qui date de 929 ou du début 930 : K. Schmid, « Neue Quellen zum Verständnis des Adels im 10. Jahrhundert », Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins, 108 (1960), p. 185-232, ici p. 188-189 et 199-200.

    14 E. Hlawitschka, « Die Ottonen-Einträge der Lausanner Annalen », Roma renascens. Beiträge zur Spätantike und Rezeptionsgeschichte. Ilona Opelt von ihren Freunden und Schülern zum 9.7.1988 in Verehrung gewidmet, éd. M. Wissemann, Francfort-sur-le-Main, 1988, p. 125-148 ; G. Wolf, « Nochmals zur ‘benedictio’ Ottonis in regem: 927 oder 929 ? », Archiv für Diplomatik, 40 (1994), p. 79-84 (penche pour Noël 927). Widukind de Corvey, Rerum gestarum…, op. cit. n. 6, II, 1, p. 63-67 a sans doute condensé dans sa description de la cérémonie de 936 des éléments de 929 et de 936, donnant l’illusion d’un seul couronnement d’Otton Ier : C. Brühl, Naissance de deux peuples. Français et Allemands (ixe-xie siècle), Paris, 1994, p. 211.

    15 Widukind de Corvey, Rerum gestarum…, op. cit. n. 6, I, 41, p. 60.

    16 Brühl, Naissance de deux peuples…, op. cit. n. 14, p. 156-158 et p. 209-211.

    17 Sur la question des règles de succession et de leur évolution, en dernier lieu Making and Breaking the Rules: Succession in Medieval Europe, c. 1000-c. 1600. Établir et abolir les normes : la succession dans l’Europe médiévale, vers 1000-vers 1600, dir. F. Lachaud, M. Penman, Turnhout, 2008 (Histoires de Famille. La parenté au Moyen Âge, 9).

    18 Sur cette notion, G. Tellenbach, « Die Unteilbarkeit des Reiches. Ein Beitrag zur Entstehungsgeschichte Deutschlands und Frankreichs », Historische Zeitschrift, 163 (1941), p. 20-42 ; K. Schmid, « Das Problem der ‘Unteilbarkeit des Reiches’ », Reich und Kirche vor dem Investiturstreit. Vorträge beim wissenschaftlichen Kolloquium aus Anlass des achtzigsten Geburtstags von Gerd Tellenbach, éd. K. Schmid, Sigmaringen, 1985, p. 1-15. Son adoption semble une concession d’Henri Ier à l’égard des ducs, résultat de négociations en 929/930 visant à assurer la transmission héréditaire du trône : Schmid, « Die Thronfolge… », loc. cit. n. 9, p. 478-489.

    19 Leyser, Rule…, op. cit. n. 4, p. 15 ; S. Bagge, Kings, Politics and the Right Order of the World in German Historiography, c. 950-1150, Leyde/Boston/Cologne, 2002 (Studies in the History of Christian Thought, 103), n. 51 p. 35 ; ils suivent Schmid, « Die Thronfolge… », loc. cit. n. 9.

    20 Hrotsvitha de Gandersheim, Gesta Ottonis, op. cit. n. 10, v. 25-32, p. 205 ; trad. M. Goullet, Hrotsvita de Gandersheim, Œuvres poétiques, Grenoble, 2000, p. 172.

    21 Liudprand de Crémone, Antapodosis, op. cit. n. 7, IV, 15, p. 256-257 ; Hrotsvitha de Gandersheim, Gesta Ottonis, op. cit. n. 10, passim ; Widukind de Corvey, Rerum gestarum…, op. cit. n. 6, II, 15, p. 79 et II, 36, p. 97.

    22 Ibid., II, 2, p. 67.

    23 Ibid., II, 12, p. 78 ; Liudprand de Crémone, Antapodosis, op. cit. n. 7, IV, 21-22, p. 260-261.

    24 Ibid., IV, 18-21, p. 258-261. Sur cet argument qui rappelle la tradition des Porphyrogénètes de l’Empire byzantin et qui a pu être véhiculé par Liudprand au retour de ses ambassades à Constantinople, M. Lintzel, « Heinricus natus in aula regali », Miszellen zur Geschichte des zehnten Jahrhunderts, Leipzig, 1953 (Berichte über die Verhandlungen der Sächsischen Akademie der Wissenschaften. Philologisch-Historische Klasse, 100-2), repris dans id., Ausgewählte Schriften. II : Zur Karolinger- und Ottonenzeit, zum hohen und späten Mittelalter, zur Literaturgeschichte, Berlin, 1961, p. 276-282 ; et Laudage, « Hausrecht und Thronfolge… », loc. cit. n. 9, p. 61-63.

    25 Liudprand, Antapodosis, op. cit. n. 7, IV, 22-23, p. 260-263.

    26 Ibid., IV, 29, p. 276-277 ; Hrotsvitha de Gandersheim, Gesta Ottonis, op. cit. n. 10, v. 286-287, p. 212 ; Widukind de Corvey, Rerum gestarum…, op. cit. n. 6, II, 26, p. 88.

    27 Ibid., II, 29, p. 91. Adalbert, a. 940 (Continuatio Reginonis anni 907-967, dans Reginonis abbatis Prumensis Chronicon cum continuatione Treverensi, éd. F. Kurze, MGH, SS rer. Germ. 50, Hanovre, p. 161 : Heinrico fratri regis Lothariensis ducatus committitur). L’auteur suggère qu’Henri aurait reçu le ducatus sur les Lotharingiens : Glocker, Die Verwandten…, op. cit. n. 5, p. 66.

    28 Widukind de Corvey, Rerum gestarum…, op. cit. n. 6, II, 31, p. 92.

    29 Henri s’oppose ainsi à l’idéal du rex retinens, tout comme son fils le Querelleur par la suite : B. Weiler, « The rex retinens and the Medieval Idea of Kingship, c. 950–c. 1250 », Viator, 31 (2000), p. 1-42.

    30 Hrotsvitha de Gandersheim, Gesta Ottonis, op. cit. n. 10, v. 336-377, p. 214-215 ; Liudprand de Crémone, Antapodosis, op. cit. n. 7, IV, 35, p. 280-281. Sur ce rituel, G. Koziol, Begging Pardon and Favor. Ritual and Political Order in Early Medieval France, Ithaca/Londres, 1992 ; J.-M. Moeglin, « Pénitence et amende honorable au Moyen Âge », Revue historique, 604 (oct.-déc. 1997), p. 225-269 ; G. Althoff, « Das Privileg der Deditio. Formen gütlicher Konfliktbeendigung in der mittelalterlichen Adelsgesellschaft », Nobilitas. Funktion und Repräsentation des Adels in Alteuropa, éd. O.-G. Oexle, W. Paravicini, Göttingen, 1997 (Veröffentlichungen des Max-Planck-Instituts für Geschichte, 133), p. 27-52, repris dans id., Spielregeln der Politik im Mittelalter. Kommunikation in Frieden und Fehde, Darmstadt, 1997, p. 99-125 ; K. Schreiner, « Nudis pedibus. Barfüßigkeit als religiöses und politisches Ritual », Formen und Funktionen öffentlicher Kommunikation im Mittelalter, éd. G. Althoff, Stuttgart, 2001 (Vorträge und Forschungen, 51), p. 53-124, repris dans Rituale, Zeichen, Bilder: Formen und Funktionen symbolischer Kommunikation im Mittelalter. Festschrift für Klaus Schreiner zum 80. Geburtstag, Cologne/Weimar/Vienne, 2011 (Norm und Struktur, 40), p. 125-206.

    31 Il est probable que Liudprand et Hrotsvitha cherchent à atténuer la responsabilité d’Henri, dans un souci de préservation de la branche henricienne et de mise en avant de l’idéal de concorde familiale, seulement compromise par l’influence diabolique. Hrotsvitha écrit par ailleurs dans un contexte pro-henricien, sous l’abbesse Gerberge, fille d’Henri.

    32 Schmid, « Die Thronfolge… », loc. cit. n. 9.

    33 Widukind de Corvey, Rerum gestarum…, op. cit. n. 6, II, 29, p. 91.

    34 Ibid., II, 36, p. 96-97 ; Liudprand, Antapodosis, op. cit. n. 7, IV, 15-16, p. 256-257. Voir E. Karpf, Herrscherlegitimation und Reichsbegriff in der ottonischen Geschichtsschreibung des 10. Jahrhunderts, Stuttgart, 1985 (Historische Forschungen, 10), particulièrement p. 25-34 et 118-125.

    35 Widukind de Corvey, Rerum gestarum…, op. cit. n. 6, II, 36, p. 95.

    36 La politique d’Henri Ier repose sur l’amitié avec les grands, et passe notamment par le mariage : sa fille Gerberge épouse quant à elle Giselbert de Lotharingie. Voir G. Althoff, Amicitia und pacta. Bündnis, Einung, Politik und Gebetsgedenken im beginnenden 10. Jahrhundert, Hanovre, 1992 (MGH Schriften, 37). Sur les Liutpoldinger, K. Reindel, Die bayerischen Liutpoldinger (893-989), Munich, 1953 (Quellen und Erörterungen zur bayerischen Geschichte NF, 11).

    37 Hrotsvitha de Gandersheim, Gesta Ottonis, op. cit. n. 10, v. 154-155, p. 209.

    38 Adalbert, Continuatio Reginonis…, op. cit. n. 27, a. 955, p. 168.

    39 Voir surtout Gerhard, Vita sancti Oudalrici episcopi, c. 28, éd. G. Waitz, MGH, SS IV, Hanovre, 1841, p. 416 et Thietmar de Mersebourg, Chronicon, III, 5, éd. R. Holtzmann, MGH, SS rer. Germ. NS 9, Berlin, 1935, p. 100.

    40 Cet Otton est le fils de Liudolf, lui-même fils d’Otton Ier et de sa première épouse Édith.

    41 Otton II a sans doute voulu se gagner son neveu Otton (par ailleurs apparenté aux puissants Conradins) pour éviter qu’il ne revendique quoi que ce soit en tant que fils de l’ancien héritier du trône désigné, Liudolf : Glocker, Die Verwandten…, op. cit. n. 5, p. 173-174.

    42 Ibid., p. 174-175.

    43 Gerhard, Vita sancti Oudalrici…, op. cit. n. 39, c. 28, p. 416-417 ; Thietmar de Mersebourg, Chronicon, op. cit. n. 39, III, 7, p. 104 ; III, 26, p. 130.

    44 G. Althoff, Otto III., Darmstadt, 1996 (Gestalten des Mittelalters und der Renaissance), trad. P. G. Jestice, Otto III, University Park, 2003, p. 29-30. Pour la narration de l’ensemble de cette tentative d’usurpation : ibid., p. 31-40.

    45 Sur l’impact que peut avoir une minorité royale sur la stabilité du royaume, T. Kölzer, « Das Königtum Minderjähriger im fränkisch-deutschen Mittelalter. Eine Skizze », Historische Zeitschrift, 251 (1990), p. 291-322 ; T. Offergeld, Reges pueri. Das Königtum Minderjähriger im frühen Mittelalter, Hanovre, 2001 (MGH Schriften, 50).

    46 Thietmar de Mersebourg, Chronicon, op. cit. n. 39, III, 26, p. 130 et IV, 1, p. 130-132 ; Annales Quedlinburgenses (désormais AQ), éd. M. Giese, MGH, SS rer. Germ. 72, Hanovre, 2004, a. 984, p. 470-471. J. Laudage, « Das Problem der Vormundschaft über Otto III. », Kaiserin Theophanu. Begegnung des Ostens und Westens um die Wende des ersten Jahrtausends. Gedenkschrift des Kölner Schnütgen-Museums zum 1000. Todesjahr der Kaiserin, éd. A. von Euw, P. Schreiner, Cologne, 1991, II, p. 261-275.

    47 AQ, op. cit. n. 46, a. 984, p. 471. Peut-être Henri souhaite-t-il gouverner avec Otton III comme co-roi sur le modèle byzantin : F.-R. Erkens, « … more Grecorum conregnantem instituere vultis? Zur Legitimation der Regentschaft Heinrichs des Zänkers im Thronstreit von 984 », Frühmittelalterliche Studien, 27 (1993), p. 273-289.

    48 Thietmar de Mersebourg, Chronicon, op. cit. n. 39, IV, 1-2, p. 132.

    49 G. Althoff, « Gandersheim und Quedlinburg. Ottonischer Frauenklöster als Herrschafts- und Überlieferungszentren », Frühmittelalterliche Studien, 25 (1991), p. 123-144, ici p. 127-129 ; L. Leleu, Les fêtes ottoniennes (919-1024), mémoire de maîtrise, dir. R. Le Jan, Université Charles-de-Gaulle Lille III, 2000, particulièrement p. 85-87 et p. 257-258.

    50 Thietmar de Mersebourg, Chronicon, op. cit. n. 39, IV, 1, p. 132. D. A. Warner, « Thietmar of Merseburg on Rituals of Kingship », Viator, 26 (1995), p. 53-76 ; G. Althoff, Otto III., op. cit. n. 44, p. 33.

    51 Sur ce mode d’organisation typique de l’aristocratie saxonne pour intervenir dans la politique à l’époque ottonienne, Althoff, « Zur Frage… », loc. cit. n. 4.

    52 Thietmar de Mersebourg, Chronicon, op. cit. n. 39, IV, 8, p. 140, à la suite des AQ, op. cit. n. 46, a. 984, p. 472-473.

    53 Ibid., a. 985, p. 474-475 ; Thietmar de Mersebourg, Chronicon, op. cit. n. 39, IV, 8, p. 140. Le duché avait été confié à Henri le Jeune, fils du duc Berthold, en 976.

    54 Ibid., IV, 9, p. 140.

    55 Ibid., IV, 50-54, p. 188-194 et V, 3-11, p. 222-234.clairement aussi que au début des années 940mie et ressemblance und Soziale Ordnung (300-1000), Berlin/Boston, 2014, p. 263-288.

    56 Vita Mathildis reginae posterior (désormais VMp), éd. B. Schütte, MGH, SS rer. Germ. 66, Hanovre, 1994. Sur ce texte, l’étude fondamentale reste celle de P. Corbet, Les saints ottoniens. Sainteté dynastique, sainteté royale et sainteté féminine autour de l’an Mil, Sigmaringen, 1986 (Beihefte der Francia, 15), particulièrement p. 155-234.

    57 Sur le contexte de rédaction : L. Bornscheuer, Miseriae regum. Untersuchungen zum Krisen- und Todesgedanken in den herrschaftstheologischen Vorstellungen der ottonisch-salischen Zeit, Berlin, 1968 (Arbeiten zur Frühmittelalterforschung, 4), p. 66 ; G. Althoff, « Causa scribendi und Darstellungsabsicht : die Lebensbeschreibungen der Königin Mathilde und andere Beispiele », Litterae medii aevi. Festschrift für Johanne Autenrieth zu ihrem 65. Geburtstag, éd. M. Borgolte, H. Spilling, Sigmaringen, 1988, p. 117-133, repris dans id., Inszenierte Herrschaft. Geschichtsschreibung und politisches Handeln im Mittelalter, Darmstadt, 2003, p. 52-77.

    58 L. Leleu, « Per omnia patris ingressus vestigia, nomine, moribus et vita. Parenté, homonymie et ressemblance dans les sources narratives ottoniennes vers l’an mille », dans Verwandtschaft, Name und Soziale Ordnung (300-1000), dir. S. Patzold, K. Ubl, Berlin/Boston, 2014 (Ergänzungsbände zum Reallexikon der Germanischen Altertumskunde, 90), p. 263-288, particulièrement p. 270-279.

    59 VMp, op. cit. n. 57, c. 6, p. 155-156, trad. Corbet, Les saints ottoniens…, op. cit. n. 57, p. 163, légèrement retouchée : l’auteur utilise en effet l’édition précédente, celle de G. H. Pertz (MGH, SS 4, Hanovre, 1841, p. 283-302) dont le texte varie un peu. De nombreux indices semblent confirmer le soutien de Mathilde à son cadet, comme la quasi-absence de la reine dans les diplômes des premières années de règne d’Otton Ier.

    60 Leleu, « Per omnia… », loc. cit. n. 59, p. 265 et n. 17.

    61 La VMp souligne l’affection particulière de Mathilde pour son petit-fils Henri : VMp, op. cit. n. 57, c. 20, p. 183-184 et c. 21, p. 187-188.

    62 Ibid., c. 6, p. 155-156, motif repris un peu plus loin, au c. 9, p. 161 (natus in aula regali). On le trouve déjà chez Liudprand de Crémone, voir supra.

    63 Par ailleurs, la vita souligne le fait que le futur roi Henri Ier, père d’Henri de Bavière, était lui-même le fils cadet d’Otton l’Illustre et que ses qualités supérieures lui ont permis d’accéder au trône. Pour l’auteur, l’aînesse ne confère donc aucune prééminence particulière : S. Weinfurter, Heinrich II. (1002-1024). Herrscher am Ende der Zeiten, Ratisbonne, 1999, p. 15.

    64 VMp, op. cit. n. 57, c. 20, p. 184-185. Bornscheuer, Miseriae regum…, op. cit. n. 58, particulièrement p. 76-93.

    65 Ibid., I, 24, p. 30-32.

    66 J.-L. Flandrin, Un temps pour embrasser. Aux origines de la morale sexuelle occidentale (vie-xie siècle), Paris, 1983 (L’Univers historique), particulièrement p. 143-148.

    67 Thietmar de Mersebourg, Chronicon, op. cit. n. 39, IV, 20, p. 154.

    68 Ibid., IV, 49, p. 188.

    69 Ibid., V, 2, p. 222.

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    Laurence Leleu

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    1 Présentation du système anthroponymique alti-médiéval dans R. Le Jan, Famille et pouvoir dans le monde franc (viie-xe siècle). Essai d’anthropologie sociale, Paris, 1995 (Histoire ancienne et médiévale, 33), p. 179-223.

    2 Je renvoie une fois pour toutes à la généalogie placée en annexe de cet article pour l’identification des personnages cités.

    3 Sur les tensions internes aux groupes de parenté, La parenté déchirée : les luttes intrafamiliales au Moyen Âge, éd. M. Aurell, Turnhout, 2010 (HIFA, 10), particulièrement M. Aurell, « Rompre la concorde familiale : typologie, imaginaire, questionnements », p. 9-59.

    4 Voir K. Leyser, Rule and Conflict in an Early Medieval Society. Ottonian Saxony, Londres, 1979 ; G. Althoff, « Zur Frage nach der Organisation sächsischer coniurationes in der Ottonenzeit », Frühmittelalterliche Studien, 16 (1982), p. 129-142.

    5 Né sans doute entre 919 et 922 : W. Glocker, Die Verwandten der Ottonen und ihre Bedeutung in der Politik. Studien zur Familienpolitik und zur Genealogie des sächsischen Kaiserhauses, Cologne/Vienne, 1989 (Dissertationen zur mittelalterlichen Geschichte, 5), p. 273.

    6 Widukind de Corvey, Rerum gestarum Saxonicarum libri tres, II, 12 et 15, éd. H.-E. Lohmann, P. Hirsch, MGH, SS rer. Germ. 60, Hanovre, 1935, p. 78 et 79.

    7 Liudprand de Crémone, Antapodosis, IV, 19 (Liudprand de Crémone, Œuvres, Présentation, traduction et commentaire par F. Bougard, Paris, 2015 [Sources d’histoire médiévale, 41], p. 258-259).

    8 Ibid., IV, 16-18, p. 256-259 ; Widukind de Corvey, Rerum gestarum…, op. cit. n. 6, II, 1, p. 63.

    9 Sur la préparation de la succession d’Henri Ier, K. Schmid, « Die Thronfolge Ottos des Großen », Zeitschrift der Savigny-Stiftung für Rechtsgeschichte, Germ. Abt., 81 (1964), p. 80-163, repris dans Königswahl und Thronfolge in ottonisch-frühdeutscher Zeit, éd. E. Hlawitschka, Darmstadt, 1971 (Wege der Forschung, 178), p. 417-508. Examen critique et nuances : J. Laudage, « Hausrecht und Thronfolge. Überlegungen zur Königserhebung Ottos des Grossen und zu den Aufständen Thankmars, Heinrichs und Liudolfs », Historisches Jahrbuch, 112-1 (1992), p. 23-71.

    10 Hrotsvitha de Gandersheim, Gesta Ottonis, v. 70-72 (Hrotsvithae opera, éd. P. Winterfeld, MGH, SS rer. Germ. in usum scholarum 34, Berlin, 1902, III 1, p. 206).

    11 Ibid., v. 66-120, p. 206 ; Liudprand, Antapodosis, op. cit. n. 7, IV, 17, p. 258-259 ; Widukind de Corvey, Rerum gestarum…, op. cit. n. 6, I, 37, p. 54 et II, 41, p. 100. K. Leyser, « Die Ottonen und Wessex », Frühmittelalterliche Studien, 17 (1983), p. 73-97.

    12 Henri Ier confirme le douaire de Mathilde cum consensu et astipulatione filii nostri Ottonis : DHI 20 (Quedlinburg, 16 septembre 929) (Conradi I, Heinrici I et Ottonis I Diplomata, éd. T. Sickel, MGH, Diplomata regum et imperatorum Germaniae 1, Hanovre, 1879-1884, p. 55-56.

    13 Ainsi dans une entrée du livre de confraternité de Reichenau qui date de 929 ou du début 930 : K. Schmid, « Neue Quellen zum Verständnis des Adels im 10. Jahrhundert », Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins, 108 (1960), p. 185-232, ici p. 188-189 et 199-200.

    14 E. Hlawitschka, « Die Ottonen-Einträge der Lausanner Annalen », Roma renascens. Beiträge zur Spätantike und Rezeptionsgeschichte. Ilona Opelt von ihren Freunden und Schülern zum 9.7.1988 in Verehrung gewidmet, éd. M. Wissemann, Francfort-sur-le-Main, 1988, p. 125-148 ; G. Wolf, « Nochmals zur ‘benedictio’ Ottonis in regem: 927 oder 929 ? », Archiv für Diplomatik, 40 (1994), p. 79-84 (penche pour Noël 927). Widukind de Corvey, Rerum gestarum…, op. cit. n. 6, II, 1, p. 63-67 a sans doute condensé dans sa description de la cérémonie de 936 des éléments de 929 et de 936, donnant l’illusion d’un seul couronnement d’Otton Ier : C. Brühl, Naissance de deux peuples. Français et Allemands (ixe-xie siècle), Paris, 1994, p. 211.

    15 Widukind de Corvey, Rerum gestarum…, op. cit. n. 6, I, 41, p. 60.

    16 Brühl, Naissance de deux peuples…, op. cit. n. 14, p. 156-158 et p. 209-211.

    17 Sur la question des règles de succession et de leur évolution, en dernier lieu Making and Breaking the Rules: Succession in Medieval Europe, c. 1000-c. 1600. Établir et abolir les normes : la succession dans l’Europe médiévale, vers 1000-vers 1600, dir. F. Lachaud, M. Penman, Turnhout, 2008 (Histoires de Famille. La parenté au Moyen Âge, 9).

    18 Sur cette notion, G. Tellenbach, « Die Unteilbarkeit des Reiches. Ein Beitrag zur Entstehungsgeschichte Deutschlands und Frankreichs », Historische Zeitschrift, 163 (1941), p. 20-42 ; K. Schmid, « Das Problem der ‘Unteilbarkeit des Reiches’ », Reich und Kirche vor dem Investiturstreit. Vorträge beim wissenschaftlichen Kolloquium aus Anlass des achtzigsten Geburtstags von Gerd Tellenbach, éd. K. Schmid, Sigmaringen, 1985, p. 1-15. Son adoption semble une concession d’Henri Ier à l’égard des ducs, résultat de négociations en 929/930 visant à assurer la transmission héréditaire du trône : Schmid, « Die Thronfolge… », loc. cit. n. 9, p. 478-489.

    19 Leyser, Rule…, op. cit. n. 4, p. 15 ; S. Bagge, Kings, Politics and the Right Order of the World in German Historiography, c. 950-1150, Leyde/Boston/Cologne, 2002 (Studies in the History of Christian Thought, 103), n. 51 p. 35 ; ils suivent Schmid, « Die Thronfolge… », loc. cit. n. 9.

    20 Hrotsvitha de Gandersheim, Gesta Ottonis, op. cit. n. 10, v. 25-32, p. 205 ; trad. M. Goullet, Hrotsvita de Gandersheim, Œuvres poétiques, Grenoble, 2000, p. 172.

    21 Liudprand de Crémone, Antapodosis, op. cit. n. 7, IV, 15, p. 256-257 ; Hrotsvitha de Gandersheim, Gesta Ottonis, op. cit. n. 10, passim ; Widukind de Corvey, Rerum gestarum…, op. cit. n. 6, II, 15, p. 79 et II, 36, p. 97.

    22 Ibid., II, 2, p. 67.

    23 Ibid., II, 12, p. 78 ; Liudprand de Crémone, Antapodosis, op. cit. n. 7, IV, 21-22, p. 260-261.

    24 Ibid., IV, 18-21, p. 258-261. Sur cet argument qui rappelle la tradition des Porphyrogénètes de l’Empire byzantin et qui a pu être véhiculé par Liudprand au retour de ses ambassades à Constantinople, M. Lintzel, « Heinricus natus in aula regali », Miszellen zur Geschichte des zehnten Jahrhunderts, Leipzig, 1953 (Berichte über die Verhandlungen der Sächsischen Akademie der Wissenschaften. Philologisch-Historische Klasse, 100-2), repris dans id., Ausgewählte Schriften. II : Zur Karolinger- und Ottonenzeit, zum hohen und späten Mittelalter, zur Literaturgeschichte, Berlin, 1961, p. 276-282 ; et Laudage, « Hausrecht und Thronfolge… », loc. cit. n. 9, p. 61-63.

    25 Liudprand, Antapodosis, op. cit. n. 7, IV, 22-23, p. 260-263.

    26 Ibid., IV, 29, p. 276-277 ; Hrotsvitha de Gandersheim, Gesta Ottonis, op. cit. n. 10, v. 286-287, p. 212 ; Widukind de Corvey, Rerum gestarum…, op. cit. n. 6, II, 26, p. 88.

    27 Ibid., II, 29, p. 91. Adalbert, a. 940 (Continuatio Reginonis anni 907-967, dans Reginonis abbatis Prumensis Chronicon cum continuatione Treverensi, éd. F. Kurze, MGH, SS rer. Germ. 50, Hanovre, p. 161 : Heinrico fratri regis Lothariensis ducatus committitur). L’auteur suggère qu’Henri aurait reçu le ducatus sur les Lotharingiens : Glocker, Die Verwandten…, op. cit. n. 5, p. 66.

    28 Widukind de Corvey, Rerum gestarum…, op. cit. n. 6, II, 31, p. 92.

    29 Henri s’oppose ainsi à l’idéal du rex retinens, tout comme son fils le Querelleur par la suite : B. Weiler, « The rex retinens and the Medieval Idea of Kingship, c. 950–c. 1250 », Viator, 31 (2000), p. 1-42.

    30 Hrotsvitha de Gandersheim, Gesta Ottonis, op. cit. n. 10, v. 336-377, p. 214-215 ; Liudprand de Crémone, Antapodosis, op. cit. n. 7, IV, 35, p. 280-281. Sur ce rituel, G. Koziol, Begging Pardon and Favor. Ritual and Political Order in Early Medieval France, Ithaca/Londres, 1992 ; J.-M. Moeglin, « Pénitence et amende honorable au Moyen Âge », Revue historique, 604 (oct.-déc. 1997), p. 225-269 ; G. Althoff, « Das Privileg der Deditio. Formen gütlicher Konfliktbeendigung in der mittelalterlichen Adelsgesellschaft », Nobilitas. Funktion und Repräsentation des Adels in Alteuropa, éd. O.-G. Oexle, W. Paravicini, Göttingen, 1997 (Veröffentlichungen des Max-Planck-Instituts für Geschichte, 133), p. 27-52, repris dans id., Spielregeln der Politik im Mittelalter. Kommunikation in Frieden und Fehde, Darmstadt, 1997, p. 99-125 ; K. Schreiner, « Nudis pedibus. Barfüßigkeit als religiöses und politisches Ritual », Formen und Funktionen öffentlicher Kommunikation im Mittelalter, éd. G. Althoff, Stuttgart, 2001 (Vorträge und Forschungen, 51), p. 53-124, repris dans Rituale, Zeichen, Bilder: Formen und Funktionen symbolischer Kommunikation im Mittelalter. Festschrift für Klaus Schreiner zum 80. Geburtstag, Cologne/Weimar/Vienne, 2011 (Norm und Struktur, 40), p. 125-206.

    31 Il est probable que Liudprand et Hrotsvitha cherchent à atténuer la responsabilité d’Henri, dans un souci de préservation de la branche henricienne et de mise en avant de l’idéal de concorde familiale, seulement compromise par l’influence diabolique. Hrotsvitha écrit par ailleurs dans un contexte pro-henricien, sous l’abbesse Gerberge, fille d’Henri.

    32 Schmid, « Die Thronfolge… », loc. cit. n. 9.

    33 Widukind de Corvey, Rerum gestarum…, op. cit. n. 6, II, 29, p. 91.

    34 Ibid., II, 36, p. 96-97 ; Liudprand, Antapodosis, op. cit. n. 7, IV, 15-16, p. 256-257. Voir E. Karpf, Herrscherlegitimation und Reichsbegriff in der ottonischen Geschichtsschreibung des 10. Jahrhunderts, Stuttgart, 1985 (Historische Forschungen, 10), particulièrement p. 25-34 et 118-125.

    35 Widukind de Corvey, Rerum gestarum…, op. cit. n. 6, II, 36, p. 95.

    36 La politique d’Henri Ier repose sur l’amitié avec les grands, et passe notamment par le mariage : sa fille Gerberge épouse quant à elle Giselbert de Lotharingie. Voir G. Althoff, Amicitia und pacta. Bündnis, Einung, Politik und Gebetsgedenken im beginnenden 10. Jahrhundert, Hanovre, 1992 (MGH Schriften, 37). Sur les Liutpoldinger, K. Reindel, Die bayerischen Liutpoldinger (893-989), Munich, 1953 (Quellen und Erörterungen zur bayerischen Geschichte NF, 11).

    37 Hrotsvitha de Gandersheim, Gesta Ottonis, op. cit. n. 10, v. 154-155, p. 209.

    38 Adalbert, Continuatio Reginonis…, op. cit. n. 27, a. 955, p. 168.

    39 Voir surtout Gerhard, Vita sancti Oudalrici episcopi, c. 28, éd. G. Waitz, MGH, SS IV, Hanovre, 1841, p. 416 et Thietmar de Mersebourg, Chronicon, III, 5, éd. R. Holtzmann, MGH, SS rer. Germ. NS 9, Berlin, 1935, p. 100.

    40 Cet Otton est le fils de Liudolf, lui-même fils d’Otton Ier et de sa première épouse Édith.

    41 Otton II a sans doute voulu se gagner son neveu Otton (par ailleurs apparenté aux puissants Conradins) pour éviter qu’il ne revendique quoi que ce soit en tant que fils de l’ancien héritier du trône désigné, Liudolf : Glocker, Die Verwandten…, op. cit. n. 5, p. 173-174.

    42 Ibid., p. 174-175.

    43 Gerhard, Vita sancti Oudalrici…, op. cit. n. 39, c. 28, p. 416-417 ; Thietmar de Mersebourg, Chronicon, op. cit. n. 39, III, 7, p. 104 ; III, 26, p. 130.

    44 G. Althoff, Otto III., Darmstadt, 1996 (Gestalten des Mittelalters und der Renaissance), trad. P. G. Jestice, Otto III, University Park, 2003, p. 29-30. Pour la narration de l’ensemble de cette tentative d’usurpation : ibid., p. 31-40.

    45 Sur l’impact que peut avoir une minorité royale sur la stabilité du royaume, T. Kölzer, « Das Königtum Minderjähriger im fränkisch-deutschen Mittelalter. Eine Skizze », Historische Zeitschrift, 251 (1990), p. 291-322 ; T. Offergeld, Reges pueri. Das Königtum Minderjähriger im frühen Mittelalter, Hanovre, 2001 (MGH Schriften, 50).

    46 Thietmar de Mersebourg, Chronicon, op. cit. n. 39, III, 26, p. 130 et IV, 1, p. 130-132 ; Annales Quedlinburgenses (désormais AQ), éd. M. Giese, MGH, SS rer. Germ. 72, Hanovre, 2004, a. 984, p. 470-471. J. Laudage, « Das Problem der Vormundschaft über Otto III. », Kaiserin Theophanu. Begegnung des Ostens und Westens um die Wende des ersten Jahrtausends. Gedenkschrift des Kölner Schnütgen-Museums zum 1000. Todesjahr der Kaiserin, éd. A. von Euw, P. Schreiner, Cologne, 1991, II, p. 261-275.

    47 AQ, op. cit. n. 46, a. 984, p. 471. Peut-être Henri souhaite-t-il gouverner avec Otton III comme co-roi sur le modèle byzantin : F.-R. Erkens, « … more Grecorum conregnantem instituere vultis? Zur Legitimation der Regentschaft Heinrichs des Zänkers im Thronstreit von 984 », Frühmittelalterliche Studien, 27 (1993), p. 273-289.

    48 Thietmar de Mersebourg, Chronicon, op. cit. n. 39, IV, 1-2, p. 132.

    49 G. Althoff, « Gandersheim und Quedlinburg. Ottonischer Frauenklöster als Herrschafts- und Überlieferungszentren », Frühmittelalterliche Studien, 25 (1991), p. 123-144, ici p. 127-129 ; L. Leleu, Les fêtes ottoniennes (919-1024), mémoire de maîtrise, dir. R. Le Jan, Université Charles-de-Gaulle Lille III, 2000, particulièrement p. 85-87 et p. 257-258.

    50 Thietmar de Mersebourg, Chronicon, op. cit. n. 39, IV, 1, p. 132. D. A. Warner, « Thietmar of Merseburg on Rituals of Kingship », Viator, 26 (1995), p. 53-76 ; G. Althoff, Otto III., op. cit. n. 44, p. 33.

    51 Sur ce mode d’organisation typique de l’aristocratie saxonne pour intervenir dans la politique à l’époque ottonienne, Althoff, « Zur Frage… », loc. cit. n. 4.

    52 Thietmar de Mersebourg, Chronicon, op. cit. n. 39, IV, 8, p. 140, à la suite des AQ, op. cit. n. 46, a. 984, p. 472-473.

    53 Ibid., a. 985, p. 474-475 ; Thietmar de Mersebourg, Chronicon, op. cit. n. 39, IV, 8, p. 140. Le duché avait été confié à Henri le Jeune, fils du duc Berthold, en 976.

    54 Ibid., IV, 9, p. 140.

    55 Ibid., IV, 50-54, p. 188-194 et V, 3-11, p. 222-234.clairement aussi que au début des années 940mie et ressemblance und Soziale Ordnung (300-1000), Berlin/Boston, 2014, p. 263-288.

    56 Vita Mathildis reginae posterior (désormais VMp), éd. B. Schütte, MGH, SS rer. Germ. 66, Hanovre, 1994. Sur ce texte, l’étude fondamentale reste celle de P. Corbet, Les saints ottoniens. Sainteté dynastique, sainteté royale et sainteté féminine autour de l’an Mil, Sigmaringen, 1986 (Beihefte der Francia, 15), particulièrement p. 155-234.

    57 Sur le contexte de rédaction : L. Bornscheuer, Miseriae regum. Untersuchungen zum Krisen- und Todesgedanken in den herrschaftstheologischen Vorstellungen der ottonisch-salischen Zeit, Berlin, 1968 (Arbeiten zur Frühmittelalterforschung, 4), p. 66 ; G. Althoff, « Causa scribendi und Darstellungsabsicht : die Lebensbeschreibungen der Königin Mathilde und andere Beispiele », Litterae medii aevi. Festschrift für Johanne Autenrieth zu ihrem 65. Geburtstag, éd. M. Borgolte, H. Spilling, Sigmaringen, 1988, p. 117-133, repris dans id., Inszenierte Herrschaft. Geschichtsschreibung und politisches Handeln im Mittelalter, Darmstadt, 2003, p. 52-77.

    58 L. Leleu, « Per omnia patris ingressus vestigia, nomine, moribus et vita. Parenté, homonymie et ressemblance dans les sources narratives ottoniennes vers l’an mille », dans Verwandtschaft, Name und Soziale Ordnung (300-1000), dir. S. Patzold, K. Ubl, Berlin/Boston, 2014 (Ergänzungsbände zum Reallexikon der Germanischen Altertumskunde, 90), p. 263-288, particulièrement p. 270-279.

    59 VMp, op. cit. n. 57, c. 6, p. 155-156, trad. Corbet, Les saints ottoniens…, op. cit. n. 57, p. 163, légèrement retouchée : l’auteur utilise en effet l’édition précédente, celle de G. H. Pertz (MGH, SS 4, Hanovre, 1841, p. 283-302) dont le texte varie un peu. De nombreux indices semblent confirmer le soutien de Mathilde à son cadet, comme la quasi-absence de la reine dans les diplômes des premières années de règne d’Otton Ier.

    60 Leleu, « Per omnia… », loc. cit. n. 59, p. 265 et n. 17.

    61 La VMp souligne l’affection particulière de Mathilde pour son petit-fils Henri : VMp, op. cit. n. 57, c. 20, p. 183-184 et c. 21, p. 187-188.

    62 Ibid., c. 6, p. 155-156, motif repris un peu plus loin, au c. 9, p. 161 (natus in aula regali). On le trouve déjà chez Liudprand de Crémone, voir supra.

    63 Par ailleurs, la vita souligne le fait que le futur roi Henri Ier, père d’Henri de Bavière, était lui-même le fils cadet d’Otton l’Illustre et que ses qualités supérieures lui ont permis d’accéder au trône. Pour l’auteur, l’aînesse ne confère donc aucune prééminence particulière : S. Weinfurter, Heinrich II. (1002-1024). Herrscher am Ende der Zeiten, Ratisbonne, 1999, p. 15.

    64 VMp, op. cit. n. 57, c. 20, p. 184-185. Bornscheuer, Miseriae regum…, op. cit. n. 58, particulièrement p. 76-93.

    65 Ibid., I, 24, p. 30-32.

    66 J.-L. Flandrin, Un temps pour embrasser. Aux origines de la morale sexuelle occidentale (vie-xie siècle), Paris, 1983 (L’Univers historique), particulièrement p. 143-148.

    67 Thietmar de Mersebourg, Chronicon, op. cit. n. 39, IV, 20, p. 154.

    68 Ibid., IV, 49, p. 188.

    69 Ibid., V, 2, p. 222.

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    Leleu, L. (2019). De la révolte au trône : les Henriciens face aux Ottoniens (936-1002). In Société des historiens médiévistes de l’Enseignement supérieur public (éd.), Contester au Moyen Âge : de la désobéissance à la révolte (1‑). Éditions de la Sorbonne. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.55248
    Leleu, Laurence. « De la révolte au trône : les Henriciens face aux Ottoniens (936-1002) ». In Contester au Moyen Âge : de la désobéissance à la révolte, édité par Société des historiens médiévistes de l’Enseignement supérieur public. Paris: Éditions de la Sorbonne, 2019. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.55248.
    Leleu, Laurence. « De la révolte au trône : les Henriciens face aux Ottoniens (936-1002) ». Contester au Moyen Âge : de la désobéissance à la révolte, édité par Société des historiens médiévistes de l’Enseignement supérieur public, Éditions de la Sorbonne, 2019, https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.55248.

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    Société des historiens médiévistes de l’Enseignement supérieur public (éd.). (2019). Contester au Moyen Âge : de la désobéissance à la révolte (1‑). Éditions de la Sorbonne. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.55167
    Société des historiens médiévistes de l’Enseignement supérieur public, éd. Contester au Moyen Âge : de la désobéissance à la révolte. Paris: Éditions de la Sorbonne, 2019. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.55167.
    Société des historiens médiévistes de l’Enseignement supérieur public, éditeur. Contester au Moyen Âge : de la désobéissance à la révolte. Éditions de la Sorbonne, 2019, https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.55167.
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