Administrer par l’écrit au Moyen Âge
| ,Première partie. L'écrit au service de la gestion d'un territoire
Patrimoine foncier et pratiques documentaires des chanoines de la chapelle de Saint-Piat de Chartres aux xive et e siècles
Texte intégral
- 1 Paul Ricœur, La mémoire, l’histoire, l’oubli, Paris, Seuil, 2000, p. 186-187.
« Qu’il soit espace de fixation où demeurer, ou espace de circulation à parcourir, l’espace construit consiste en un système de sites pour les interactions majeures de la vie. Récit et construction opèrent une même sorte d’inscription, l’un dans la durée, l’autre dans la dureté du matériau. Chaque nouveau bâtiment s’inscrit dans l’espace urbain comme un récit dans un milieu d’intertextualité. »
Paul Ricœur1
1Le 16 mai 1349, Aymeri de Chastellux – ancien évêque de Chartres devenu cardinal en 1342 – fonde un ensemble de douze canonicats au sein du chapitre cathédral de Chartres, donnant ainsi naissance à une nouvelle communauté de clercs connue sous le nom de chapelle de Saint-Piat. La principale caractéristique de cette communauté de chanoines est qu’elle est insérée au sein même du chapitre cathédral : elle forme une microsociété imbriquée dans la grande institution qu’est le chapitre cathédral, un des plus riches du royaume sous l’Ancien Régime. La dédicace de la chapelle à saint Piat s’impose suite à l’obtention en 1310 de l’attestation d’authenticité de ses reliques. Une chapelle dédiée à saint Piat est construite entre 1324 et 1350, située juste derrière la grande église et reliée à celle-ci par un escalier intérieur qui constitue l’unique passage pour y accéder (figure 1). Cette nouvelle communauté y prend place au-dessus de la salle capitulaire, lieu essentiel de la puissance canoniale.
2Dès sa fondation, les membres de ce groupe social sont acteurs et auteurs d’un nombre considérable d’actes concernant majoritairement la constitution de leur patrimoine, puis leur inscription au sein de l’espace social. En effet, à l’occasion de ces différentes transactions, les chanoines entrent en relation avec les communautés d’habitants réparties sur tout le territoire. En outre, en tant que chapellenie, les chanoines de Saint-Piat jouent un rôle important d’intercesseurs et de médiateurs entre le divin et l’ici-bas. Recherchant une saine administration, la chapelle a massivement recours à l’écrit. Instrument technique et pratique, celui-ci se présente comme l’outil par excellence pour matérialiser et fixer tous les droits et transactions, témoins des relations qui se tissent entre les chanoines et leurs interlocuteurs. Au sein du chapitre lui-même, c’est également un outil de régulation institutionnelle.
- 2 Le présent article reprend mon travail de mémoire de recherche de master 2 soutenu en 2011 à l’uni (...)
- 3 Joseph Morsel, « Appropriation communautaire du territoire, ou appropriation territoriale de la co (...)
3Les actes émis, nombreux, peuvent faire l’objet de diverses mesures d’archivage. Ils sont conservés et classés pour maintenir la gestion d’un patrimoine foncier qui peut être à la fois riche, spatialement morcelé et peut engager de nombreux locataires. Les chanoines de Saint-Piat s’inscrivent ainsi dans plusieurs types d’espaces : espace documentaire, patrimonial et social2. Au cours des xive et xve siècles, on peut observer de quelle manière ces clercs s’approprient progressivement ces notions et ces formes de l’espace. Ces différents milieux se construisent, s’organisent progressivement et prouvent le « rapport indissociable entre le social et le spatial. Il n’est pas de société qui ne développe pas son propre espace, et l’espace est un rapport social donc nécessairement historique ; tout espace est fondamentalement social, […] il ne consiste qu’en rapports socialement construits entre des lieux qui n’ont de soi aucune signification3 ».
- 4 Lucien Merlet, Inventaire-sommaire des archives départementales antérieures à 1790 : Eure-et-Loir, (...)
- 5 Archives départementales (désormais AD) Eure-et-Loir, G1374-G1376.
- 6 AD Eure-et-Loir, G50-G270. Les registres des contrats reçus par le chapitre de Notre-Dame de Chart (...)
- 7 AD Eure-et-Loir, G545, fol. 8v et fol. 23v : la date la plus tardive trouvée parmi les actes inven (...)
4La série G des Archives départementales d’Eure-et-Loir a été créée, ici comme ailleurs, comme série « clergé séculier » et comprend des documents provenant de la chapelle Saint-Piat, lesquels traitent essentiellement des questions patrimoniales et gestionnaires4. Il s’agit surtout d’actes originaux d’acquisitions, de baux, d’arrentements, de donations, mais aussi d’outils de gestion. On trouve aussi bien des censiers5 que de nombreux registres de contrats, conservés à partir de 13486. L’ensemble formé par les archives qui concernent spécifiquement les chanoines de Saint-Piat est intégré dans le fonds du chapitre cathédral comme une composante de ce dernier, couvrant les cotes de G544 à G620. Selon l’inventaire sommaire des Archives départementales d’Eure-et-Loir rédigé au xixe siècle, le plus ancien codex encore conservé qui soit consacré à la seule chapelle date de la seconde moitié du xve siècle7. Coté G545, ce document, singulier tant par sa forme que par son contenu, est un répertoire des titres. Comme il forme la source principale de cette étude, il importera d’apporter quelques éclaircissements sur sa structure et sur sa logique de composition. Ce document et l’ensemble des actes qui le composent offrent un aperçu global des pratiques économiques des chanoines et de la manière dont sont gérés à la fois les biens acquis mais aussi le fonds d’archives dès lors constitué. À travers l’étude du répertoire des titres, il s’agit d’éclairer l’articulation entre l’appropriation d’un patrimoine foncier et l’appareil documentaire qui en découle.
Figure 1 : La chapelle Saint Piat et son escalier relié à la cathédrale Notre-Dame de Chartres
© C. Fain, 2011.
Présentation des chanoines de la chapelle de Saint-Piat
- 8 Claudine Billot, Chartres à la fin du Moyen Âge, Paris, Éditions de l’EHESS, 1987, p. 126.
- 9 Robert Merlet, « Les architectes de la cathédrale de Chartres et la construction de la chapelle Sa (...)
- 10 Charles Métais, Archives du diocèse de Chartres, t. XV, Églises et chapelles du diocèse de Chartre (...)
5La cathédrale de Chartres connaît au cours de son histoire de nombreuses additions et modifications du bâti. Même si les xiie et xiiie siècles sont considérés comme ceux qui ont légué l’essentiel de ce que l’on connaît aujourd’hui du monument, c’est durant les siècles suivants que de nouveaux espaces sont construits ou aménagés. Le xive siècle dote ainsi la cathédrale d’une nouvelle salle capitulaire, édifiée par Huguet d’Ivry sur les fondations de la précédente qui date du xie siècle89. Puis, au-dessus de celle-ci, est construite la chapelle dédiée à saint Piat10.
- 11 Auguste de Santeül, Le Trésor de Notre-Dame de Chartres. Rapport à M. le Ministre de l’Intérieur s (...)
- 12 Claudine Lautier, « Les vitraux de la cathédrale de Chartres. Reliques et images », Bulletin monum (...)
- 13 Abbé S. Pruvost, Saint Piat, martyr, apôtre du Tournaisis, patron de Seclin, sa vie, ses reliques (...)
- 14 Charles Mériaux, « Piat, Nicaise ou Éleuthère. Quels étaient les saints spécialement honorés à Tou (...)
- 15 R. Van Doren, s. v. « Piato », dans Bibliotheca Sanctorum. Enciclopedia dei santi, Rome, Istituto (...)
- 16 Ibid., col. 547.
- 17 Henri Leclercq, s. v. « Piat (saint) », dans Fernand Cabrol, Henri Leclercq (dir.), Dictionnaire d (...)
- 18 Germain Bapst, « Le tombeau de saint Piat », Revue archéologique, 3e sér., 15, 1890, p. 117-121, i (...)
6Considéré comme le saint patron du beau temps – ce qui tient une importance particulière dans un pays d’agriculture –, saint Piat est l’un des plus vénérés à Chartres11. Les différentes sources, en partie légendaires, dont on dispose sur ce saint rapportent que Piat est originaire de Bénévent et aurait vécu au iiie siècle après J.-C. Envoyé par saint Denis, alors évêque de Paris, pour évangéliser la région de Tournai, il se serait également rendu à Chartres12. La Vita Piati (ixe siècle)13 lui confère le titre de martyr pour avoir subi en 287 les persécutions romaines14. La question de sa dépouille fait l’objet de nombreuses controverses. Les différents écrits mentionnent que son tombeau est tout d’abord situé à Seclin15 et que, lors des invasions normandes en 881, avant la destruction de la ville, le corps aurait été transporté à Chartres16. Les Seclinois prétendent qu’une fois le calme revenu, toute la dépouille aurait regagné la Flandre, ce que contestent les Chartrains qui soutiennent que celle-ci n’a jamais quitté la ville depuis le ixe siècle17. La version la plus probable est qu’une partie du corps aurait bel et bien été rendue à la collégiale de Seclin, le reste demeurant dans la cathédrale de Chartres18.
- 19 AD Eure-et-Loir, G443 no 10 et 12.
- 20 Notum sit sanctam capsam in qua reconditum erat et positum sanctum corpus beati Piati, martiris gl (...)
- 21 Merlet, « Les architectes de la cathédrale… », art. cité, p. 225.
- 22 Eugène de Lépinois, Histoire de Chartres, Chartres, Garnier, 1854, t. I, p. 183, n. 3 : « Cet arge (...)
7Les 1er et 6 octobre 1310, par décisions capitulaires et en présence de l’évêque de Chartres Jean de Garlande, la châsse de saint Piat est ouverte19 et ses reliques sont solennellement reconnues20. Ce miracle exacerbe la dévotion de la population et fait multiplier les offrandes pour la fondation d’une nouvelle chapelle, derrière la cathédrale, ce qui est décidé en 132421. Le chapitre cathédral décide de participer à la construction de ce nouvel édifice, placé à proximité immédiate de la grande église, hors œuvre et relié par un unique escalier. Il y consacre les successions ab intestat dont il bénéficie22.
- 23 Marcel-Joseph Bulteau, Monographie de la cathédrale de Chartres, Chartres, R. Selleret, 1887, t. I (...)
- 24 Eugène de Lépinois, Lucien Merlet (éd.), Cartulaire de Notre-Dame de Chartres, Chartres, Imprimeri (...)
- 25 Lépinois, Histoire de Chartres…, op. cit., p. 211.
8La dévotion et les donations qu’elle suscite sont en grande partie à l’origine de la construction de cette chapelle et de la fondation du sous-chapitre qui lui est attaché, à savoir la communauté des chanoines de Saint-Piat23. Les travaux de la chapelle sont presque terminés à l’aube des années 1350. Ce bâtiment hors-œuvre est l’objet d’une grande dévotion de la part des fidèles. Afin de pouvoir lui donner vie, Aymeri de Chastellux24 décide, le 16 mai 1349, la création des douze canonicats. Cette chapelle compte alors huit prêtres, deux diacres et deux sous-diacres25.
- 26 AD Eure-et-Loir, G544, no 9.
- 27 Rouillard, Parthénie ou histoire…, op. cit., fol. 144.
- 28 AD Eure-et-Loir, G620, et Louis Amiet, Essai sur l’organisation du chapitre cathédral de Chartres (...)
9Selon l’acte de fondation (figure 2), ces chanoines sont sous l’étroite autorité du grand chapitre. C’est d’ailleurs à ce dernier que l’ancien évêque de Chartres donne les 12 000 florins d’or, destinés à être convertis en 300 livres de rente annuelle et perpétuelle26, pour l’entretien de ces chanoines séculiers qui doivent célébrer quotidiennement l’office dans la chapelle27. À cet égard, c’est au grand chapitre que revient le devoir d’acquérir des biens et de recevoir les donations pour cette nouvelle communauté. L’acte de fondation stipule également que les bénéficiaires de ces douze canonicats sont à choisir parmi les clercs de chœur du chapitre cathédral. C’est ce que confirme la bulle de Martin V accordée le 11 mai 1430 et appliquée en 1434. Le pape déclare en effet que ces canonicats doivent être confiés exclusivement aux heuriers et matiniers de la cathédrale et que la cour de Rome ne doit plus intervenir dans la collation des prébendes de Saint-Piat, pour le profit du chapitre28. Cette bulle insiste sur le fait que les chanoines dépendent du chapitre cathédral et le confirme. Il est par conséquent nécessaire pour les clercs de la chapelle d’obtenir l’aval de ce dernier, quelle que soit l’affaire traitée. Aucune assemblée de chanoines de Saint-Piat ne peut être réunie sans la présence et la direction du chapitre cathédral. De plus, tous les actes concernant l’administration de Saint-Piat, c’est-à-dire les inventaires de biens, les relevés de distributions et autres registres, doivent être communiqués au chapitre. C’est donc sous l’étroite tutelle du chapitre cathédral qu’évoluent les chanoines de Saint-Piat.
- 29 AD Eure-et-Loir, G131 à G136 : inventaires détaillés des titres du Chapitre de Notre-Dame de Chart (...)
- 30 Si une autonomie de gestion se met en place, elle n’est nullement assortie d’une autonomie de déci (...)
10Le répertoire des titres, coté G545 par les Archives départementales d’Eure-et-Loir, est le plus ancien manuscrit concernant les seuls chanoines de Saint-Piat. Il a la particularité d’être le seul à avoir été produit au xve siècle pour la chapelle. Précédemment, les actes étaient inscrits et fondus au sein des recueils des chanoines de Notre-Dame de Chartres. Les clercs de Saint-Piat n’avaient pas de corpus d’archives propre. Néanmoins, Lucien Merlet, dans l’inventaire sommaire des Archives départementales d’Eure-et-Loir qu’il dresse au xixe siècle, présente les archives de Saint-Piat comme un sous-fonds du chapitre cathédral. Ce plan de classement s’inspire de celui qui existait avant la Révolution. En effet, l’ensemble des archives du chapitre cathédral avait été revu et ordonné par les chanoines Brillon et Étienne au xviiie siècle. Il semble bien, au vu des annotations et des remarques produites sur les fonds, que ces deux chanoines archivistes aient respecté la trame des classements originels29. Ainsi, même si la chapelle Saint-Piat reste sous l’étroite autorité du grand chapitre, l’organisation du fonds dans une sous-section et la production du répertoire des titres symbolisent la volonté d’une gestion archivistique en partie autonome30.
Figure 2 : Acte de fondation des 12 canonicats par Aimeri de Chastellux, 1349
Arch. dép. d’Eure-et-Loir, G544 no 1 (cliché réalisé par l’atelier de numérisation des AD 28).
La construction d’un espace patrimonial
- 31 Paul Bertrand, Commerce avec dame Pauvreté. Structures et fonctions des couvents mendiants à Liège (...)
11La somme d’argent léguée par Aymeri de Chastellux donne la possibilité aux chanoines d’acquérir de nombreuses possessions foncières31 et d’accroître ainsi leur influence au sein du terroir.
- 32 Le diocèse de Chartres présente la particularité d’unir des terroirs ruraux à des zones urbaines. (...)
12À travers les actes de la chapelle Saint-Piat, trois modes d’acquisition de sources de revenus peuvent être répertoriés : les achats, les constitutions de rentes et les legs ou donations. De même, trois catégories de biens sont concernés : les biens immeubles en milieu urbain (maisons, hôtels, surtout à Chartres), ceux qui se situent plutôt dans le plat-pays (muids de terre et arpents de vigne)32 et enfin les biens meubles, les mobilia. En effet, dès l’aube des années 1350, le grand chapitre achète, au nom des chanoines de Saint-Piat, de nombreuses terres et autres biens disséminés au sein du territoire. Ces premières acquisitions sont directement liées à la nécessité de la dotation foncière et de l’insertion territoriale des chanoines.
- 33 AD Eure-et-Loir, G616, no 2.
- 34 Amoinville est aujourd’hui un lieu-dit situé dans la commune de Fains-la-Folie (cant. Voves, Eure- (...)
13Les actes n’oublient pas de mentionner que tel ou tel bien est vendu a hommes et discrets le Doyen et Chapitre de l’Eglise de Nostre Dame de Chartres pour la dotation et fondation de la chappelle de monseigneur saint Piat fondée nouvellement en l’Église Nostre Dame de Chartres pour estre propre heritange aux chanoines chappelains ou vicaires de ladite Eglise33. Ce dernier extrait est tiré d’un acte datant du 21 juillet 1351. Il concerne l’acquisition de seize arpents de prés nommés prez de Pierre et situés derrière l’abbaye de l’Eau, paroisse de Ver-lès-Chartres, moyennant une somme de 300 florins d’or. Deux ans après la fondation des canonicats de Saint-Piat, cet acte consacre par conséquent l’une des premières acquisitions de la chapelle. Ce sont donc tout d’abord des héritages et des biens immeubles qui retiennent principalement l’attention des chanoines, à la fois parce qu’ils ne peuvent être déplacés et parce qu’ils produisent de nouveaux revenus. L’acquisition en 1349 de la terre et seigneurie d’Amoinville34 est d’ailleurs on ne peut plus claire. En effet, le chevalier Geoffroy de Louaville, sa femme Agnès de Personi et leur fils vendent au chapitre, contre une somme de 1 200 florins d’or, plusieurs biens dont la liste peut se résumer de telle manière :
-
un hébergement comportant une vigne, une maison, une grange, une bergerie et une cour ; quatre arpents de terre environ, un colombier, une garenne où les chanoines possèdent la haute et la moyenne justice et vingt-sept muids de terre divisés en plusieurs pièces.
-
six sous de rente qu’un certain Geoffroy Fourré doit payer tous les ans le jour de la Saint-Rémy.
-
- 35 AD Eure-et-Loir, G566, no 7.
présence de six vavasseurs, tenanciers de quelques setiers de terres35.
- 36 Morsel, « Appropriation communautaire du territoire… », art. cité, p. 97.
14L’ensemble de ces biens a pour vocation de produire de nouveaux revenus, grâce aux rentes perçues a posteriori, et fonde une première assise patrimoniale confortable. Le nombre considérable des achats constatés pendant les vingt premières années est nécessairement lié à cette volonté d’une appropriation progressive de l’espace par la communauté et d’un autofinancement. Les possessions s’organisent suivant plusieurs cercles concentriques qui gravitent autour de la cathédrale – donc de la chapelle (figure 3)36. L’institution érigée se présente alors comme la clé de voûte de l’appropriation du territoire. L’empreinte spatiale des chanoines de Saint-Piat s’effectue de manière continue à Chartres. De fait, lorsque l’on change d’échelle pour se concentrer sur la ville et ses faubourgs, on retrouve une nouvelle fois cette organisation en cercles concentriques.
- 37 André Chédeville, Chartres et ses campagnes. xie-xiiie siècles, rééd. Paris, J. M. Garnier, 1991, (...)
- 38 Voir Valentine Weiss, Cens et rentes à Paris au Moyen Âge. Documents et méthodes de gestion domani (...)
- 39 Voir sur ces questions : Monique Bourin, Pascual Martínez Sopena (dir.), Pour une anthropologie du (...)
15Une fois la terre en leur possession, les chanoines la confient à des tenanciers qui l’exploitent37. Les rentes, aussi bien que les cens, sont l’une des pierres angulaires de l’économie d’Ancien Régime38. Ces revenus permettent d’une part à un paysan locataire d’étendre son exploitation et d’autre part au propriétaire de recevoir et prélever une redevance payable en argent ou en nature39. Les chanoines de Saint-Piat retirent ainsi de ces tenures des rentes régulières. Elles deviennent le fondement de la survie de l’institution et de l’assise patrimoniale et seigneuriale du chapitre.
Figure 3 : Localisation des biens de la chapelle Saint-Piat inscrits dans le répertoire des titres et dans les actes de la série G. Eure-et-Loir, Paris, Yvelines, carte Michelin, départements de France, 311, Paris, Michelin, 2010
Arrondissement de Chartres : Canton d’Auneau, Béville-le-Comte, Roinville, Santeuil ; Canton de Chartres Nord-Est : Béchères-Saint-Germain (anc. Berchères-la-Maingot), Chartres, Jouy, Saint-Prest, Sénarmont ; Canton de Chartres Sud-Est : Berchères-les-Pierres (anc. Berchères-l’Évêques), Chartres, Gellainville ; Canton de Chartres Sud-Ouest, Chartres, Luisant, Saint-Lomer, ver-lès-Chartres ; Canton de Courville-sur-Eure : Dangers ; Canton d’Illiers-Combray : Meslay-le-Grenet ; Canton de Lucé : Lucé ; Canton de Maintenon : Baglainval, Baronville, Bleury, Changé (hameau de Saint-Piat), Chartainvilliers, Gallardon, Gas, Grogneul (hameau de Saint-Piat), Maintenon, Mévoisins, Saint-Piat, Talvoisin ; Canton de Mainvilliers : Chartres, Mainvilliers, Saint-Aubin-des-Bois ; Canton de Voves : Amoinville, Voves. Arrondissement de Châteaudun : Canton de Bonneval : Launay. Arrondissement de Dreux : Canton d’Anet : Saussay ; Canton de Nogent-le-Roi : Dancourt (lieu-dit de Coulombs), Senantes. Hors du département d’Eure-et-Loir : Canton de Rambouillet : La Boissière-École (Yvelines) ; Canton de Droué : Boursay (Loir-et-Cher).
- 40 Michel Lauwers, La mémoire des ancêtres, le souci des morts. Morts, rites et société au Moyen Âge,(...)
16Outre ces revenus permanents, il faut aussi compter les revenus dits occasionnels et ne pas négliger les dons et legs que reçoivent les chanoines de Saint-Piat. Ces derniers bénéficient de la grande dévotion suscitée par le martyr et ses reliques et jouent un rôle social important en tant qu’intercesseurs entre le divin et les fidèles. Le spirituel et le temporel sont dès lors indubitablement liés. Les donations se multiplient, à charge pour les clercs de faire célébrer des messes. Souvent associés au souci de leur memoria, les donateurs ou les testateurs lèguent leurs biens – quel qu’en soit le type – sous forme d’une rente dite obituaire. Ils donnent ainsi la propriété d’un bien déjà chargé d’une redevance due annuellement et à titre perpétuel. À la suite des crises successives de cette période partagée entre la peste, la famine et la guerre, la mort est désormais revêtue d’un réel enjeu économique. Les fondations d’anniversaires prennent la forme de transactions commerciales et entrent pleinement dans l’économie des chanoines40. Les chanoines de Saint-Piat constituent dès lors un canonicat de rang inférieur dépendant du chapitre maître mais reconnu à part entière au sein du chapitre et du terroir.
Gestion des revenus, gestion des archives
17Cette typologie des biens et des modalités de leur acquisition atteste de l’ancrage des chanoines dans un système économique où s’établissent de nombreuses transactions avec les communautés d’habitants. Afin qu’ils se fassent une idée globale du patrimoine économique qu’ils acquièrent d’année en année et font fructifier, les chanoines entreprennent la rédaction de documents d’administration à visée utilitaire. Par cette démarche, ils deviennent acteurs de la gestion de leurs biens, tout en demeurant sous l’autorité tutélaire du chapitre cathédral. Ces instruments témoignent d’une prise de conscience de la nécessité d’établir une organisation économique saine. C’est par conséquent tout un discours sur l’espace acquis qui émane par le truchement de l’écrit.
- 41 Revue de Synthèse, 5e sér., 125, 2004, Fabrique des archives, fabrique de l’histoire.
- 42 Natacha Coquery, François Menant, Florence Weber (dir.), Écrire, compter, mesurer. Vers une histoi (...)
- 43 Ibid., p. 14.
18Le répertoire des titres G545 se présente comme l’un de ces instruments de gestion d’archives qui donne à penser l’espace patrimonial en tant qu’espace structuré. Suivant quels processus le producteur passe-t-il de la charte au registre ? Comment mène-t-il ses analyses pour procéder à la « fabrique des archives41 » ? Quelles interactions y a-t-il entre l’acte, où l’écrit est vu d’abord comme une « technique de transactions42 », et le registre, consacré comme une « technique de gestion43 » ? La réflexion implique aussi d’examiner la fonction pratique de l’écrit, de même que les enjeux de la rédaction d’un tel registre.
À l’origine, le traitement des actes
- 44 Olivier Guyotjeannin, « La science des archives à Saint-Denis (fin du xiiie-début du xvie siècle) (...)
19Dans le cadre d’une étude sur la gestion des revenus, il convient d’abord de s’attarder quelques instants sur les traces de conservation laissées sur les documents eux-mêmes. Au cours du temps, les chartes reçoivent divers traitements archivistiques successifs, qui constituent de véritables témoins de la vie du fonds. L’attribution de notes dorsales est la première opération effectuée par les chanoines des xive et xve siècles au moment de l’entrée des documents dans le fonds de la chapelle Saint-Piat. Ces mentions dorsales établissent un premier petit résumé de l’acte en question : étape cruciale pour la conservation des biens et droits de propriété, leur apposition organise la mémoire institutionnelle44.
- 45 AD Eure-et-Loir, G590, no 5.
20À titre d’exemple, le bail conclu entre Martin le Pilleux et les chanoines de la chapelle Saint-Piat en date du 21 décembre 144145 permet d’illustrer ces propos et d’avancer quelques hypothèses. Sur la note dorsale, on lit : Chartres / Martin le Pilleux // dix s. t. de rente / sur une vigne assise / ou Launay (figure 4). On distingue nettement l’articulation de plusieurs ensembles distincts :
-
où ? À Chartres, le lieu concerné par la transaction ou alors le lieu d’habitation du contractant. Cette mention est située plus en retrait par rapport au reste du texte, elle est par conséquent mise en valeur ; on peut donc s’attendre à un classement topographique des archives.
-
qui ? Martin le Pilleux, l’auteur de la transaction. Cette mention est de la même main que la précédente et est sans doute contemporaine de l’émission de l’acte.
21On a ainsi une construction analytique à double niveau, constituée d’une rubrique géographique et d’une rubrique nominative. Si les deux premières mentions sont contemporaines de l’émission de l’acte et ont été le fait du scripteur, il n’en va pas de même pour la suite de la note dorsale qui semble avoir été complétée un peu plus tardivement. On pourrait penser que c’est l’un des chanoines du chapitre qui vient enrichir l’analyse. Les informations sont aussi importantes que précédemment :
-
combien ? Dix sous tournois de rente. Le but est ici de souligner une précision comptable dans laquelle la nature exacte de l’acte est secondaire. Néanmoins, la mention de la redevance indique qu’il est question d’un bail ou d’une reconnaissance de rente.
-
quoi ? Une vigne.
-
où ? À Launay.
22Les informations de ce document constituent donc, selon le producteur, l’essentiel de la teneur de l’acte : il s’agit de retenir avant tout le montant de la rente à percevoir sur tel bien dans telle localité et de tel individu. Dans quelle mesure ces informations sont-elles reprises dans le répertoire des titres ?
Figure 4 : Bail sur Martin le Pilleux sur un quartier de vigne assis à Launay, acte et note dorsale, 21 décembre 1441
Arch. dép. d’Eure-et-Loir, G590.
Description matérielle et structure du répertoire des titres
23Ce codex mesure 31 × 22 cm. Il comprend 29 feuillets cousus en un cahier dans un parchemin de réemploi du xive siècle. Il n’est pas folioté. On constate un changement de main à la moitié du répertoire, avec une écriture plus petite et plus serrée. Nonobstant cette pluralité des mains, le répertoire semble être produit à un moment précis et non au fur et à mesure. On ne remarque ni ajouts, ni notes marginales, ni suppressions. La présentation suit un schéma relativement fixe ; l’ensemble est uniforme et standardisé. Le document résulte donc du rassemblement de documents en nombre suffisant afin de pouvoir élaborer un répertoire. À la lecture du document, les différentes informations reportées ne sont rangées ni par ordre chronologique, ni par ordre alphabétique, mais selon une organisation topographique qui structure l’ensemble.
Figure 5 : Répertoire des titres des chanoines de la chapelle Saint-Piat, lettres de fondations
Arch. dép. d’Eure-et-Loir, G545, fol. 2.
24Le répertoire commence par l’inventaire du nombre de contrats passés suite au legs d’Aymeri de Chastellux et à l’acte de fondation des douze canonicats de Saint-Piat (figure 5). Sont ensuite inventoriés les titres, biens et rentes que la chapelle possède à Chartres, puis dans les faubourgs de la ville et les autres chefs-lieux des prébendes du chapitre (tableau 1). Ces unités topographiques forment ainsi les chapitres de l’ouvrage. Le scribe change de feuillet à chaque nouveau chef-lieu de prébende. Plusieurs feuillets sont laissés vierges pour ajouter, le cas échéant, des informations supplémentaires. Cependant, le répertoire reste inachevé car au dernier chapitre, qui concerne le chef-lieu de la prébende de Dancourt, le scribe s’interrompt net.
Le répertoire des titres : une sélection des informations
25L’inscription d’informations au dos des actes est une première étape de la mise en archives. Elle suit l’émission de la transaction et précède sa conservation et son enregistrement dans un inventaire.
26La production du répertoire des titres G545 est directement liée à la volonté des chanoines de la chapelle Saint-Piat de rendre compte de leurs revenus. Cette rédaction suppose évidemment une sélection et une hiérarchisation des informations, qui détermine la logique et l’organisation du registre. Les tableaux qui suivent proposent de comparer cette fois le texte de l’acte, les notes archivistiques et la formulation du répertoire des titres.
Tableau 2 : Traitement archivistique du bail sur Martin le Pilleux : comparaison de l’acte original, des notes dorsales et de l’analyse du répertoire des titres
Figure 6 : Traitement et mise en registre du bail sur Martin le Pilleux
Arch. dép. d’Eure-et-Loir, G545, fol. 5v.
27Mettre en parallèle les éléments des trois niveaux documentaires que constituent la charte, les notes dorsales et la notice du répertoire permet de montrer comment les notes analytiques découlent entièrement de l’acte. Dans le même esprit, l’acte de transaction, devenant dès sa production un acte de gestion, est intégralement repris dans le répertoire avec un essai d’approfondissement des informations. Dans le respect du dispositif de l’acte, les paragraphes du répertoire se présentent comme des textes assez brefs, une synthèse des données des chartes (figure 6). Ils obéissent à une structure commune. Pour chacun d’entre eux, le producteur mentionne la date exacte de la transaction, le lieu ou la cour où elle a été enregistrée, et identifie les protagonistes. Il décrit également le bien concerné, la nature de la transaction, puis rappelle la somme engagée ainsi que le terme du paiement. Il facilite ainsi une lecture pratique et rapide.
- 46 Paul Bertrand, Xavier Hélary, « Constructions de l’espace dans les cartulaires », dans Constructio (...)
28Le principal enjeu est de comprendre « où se trouve tel bien, à cause de ou grâce à qui on le possède, quels revenus on en tire quand on doit le percevoir46 ». Il apparaît également avec netteté que tout un montage à partir d’extraits du texte original a été produit : plutôt qu’un résumé, on pourrait parler de véritable copie de certains passages de l’acte. De fait, ce registre se conçoit comme un substitut aux actes originaux. Cependant, l’absence de mises à jour limite sa portée à un instantané des terres acquises et grevées à un instant précis, vers 1457, la date la plus tardive inscrite dans le répertoire.
29En outre, chaque chapitre du répertoire correspond systématiquement à une entité topographique et les marges sont dévolues soit à des précisions topographiques, soit au report de l’identité de l’acteur de la transaction (figure 7). Comme dans les notes dorsales, on retrouve ces données géographiques et nominatives. Les chapitres, les rubriques et les paragraphes donnent un aspect structuré et clair de la situation économique. C’est ici la preuve d’un archivage qui se veut gestionnaire aussi bien du territoire que des rapports sociaux. L’écrit permet donc d’organiser, de classer. C’est un outil essentiel pour visualiser un ordre venant appuyer une bonne gestion du patrimoine.
- 47 Paul Bertrand, « Économie conventuelle, gestion de l’écrit et spiritualité des ordres mendiants. A (...)
- 48 Catherine Letouzey, « Scripturalité et histoire économique : le cas des enquêtes et du cartulaire (...)
30Il importe de bien comprendre que les deux ordres de gestion, archivistique et économique – distinction pratique pour cette étude mais intellectuellement peu opérante – ne sont que deux aspects d’une même réalité. L’économique s’appuie sur l’archivistique, mais dans ce domaine précis, l’archivistique serait absente s’il n’y avait pas d’enjeu économique. L’écrit reflète les rapports sociaux et constitue en même temps la preuve de l’appartenance ou de l’aliénation d’un bien. Au service d’une légitimité, il renseigne, comme il a été vu, sur les cens, soit un revenu régulier et d’ordre seigneurial, et sur les rentes à percevoir. Pour ce faire, dans chaque paragraphe, il est précisé sur quel bien-fonds ces redevances reposent et à qui il faut les réclamer47. L’identification des personnes, souvent située en marge, apparaît essentielle à une bonne gestion patrimoniale. Dresser une liste des revenus répartis par ordre géographique des localités où sont situés les biens à ponctionner tient ici toute sa cohérence : il s’agit là d’un itinéraire de perception de revenus mais surtout d’une volonté de fixer, défendre et consolider des richesses48. Cette spatialisation des données foncières représentée par ce répertoire est synonyme d’une volonté de respecter une certaine politique active de contrôle et de protection du patrimoine.
31Les pratiques de l’écrit des chanoines de la chapelle Saint-Piat se présentent par conséquent comme le résultat de pratiques économiques indispensables à la gestion de l’espace patrimonial en construction. Elles concrétisent l’existence d’une assise territoriale et sa prise en main par la mise en œuvre de techniques de transaction, puis de gestion destinées à assurer la prospérité du patrimoine. Être à la tête d’un vaste temporel, plus ou moins dispersé dans l’espace, exige une bonne administration, pour pouvoir le maintenir. L’étude des activités économiques est ici indissociable des pratiques documentaires, qu’elles soient d’ordre juridique ou d’ordre administratif. La maîtrise de l’écrit se présente par conséquent comme un des versants essentiels de l’économie.
Notes
1 Paul Ricœur, La mémoire, l’histoire, l’oubli, Paris, Seuil, 2000, p. 186-187.
2 Le présent article reprend mon travail de mémoire de recherche de master 2 soutenu en 2011 à l’université Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines et titré : Espace des chanoines de la chapelle Saint-Piat de Chartres. Écrits, patrimoine, réseaux (xive-xve siècles), sous la direction d’Étienne Anheim et Pierre Chastang et sous la responsabilité de Bruno Laurioux. Je remercie Brigitte Féret, conservateur en chef du patrimoine et ancien directeur des Archives départementales d’Eure-et-Loir, pour sa relecture et ses conseils.
3 Joseph Morsel, « Appropriation communautaire du territoire, ou appropriation territoriale de la communauté ? Observations en guise de conclusion », Hypothèses 2005, Paris, Publications de la Sorbonne, 9/1, 2006, p. 89-104, ici p. 94.
4 Lucien Merlet, Inventaire-sommaire des archives départementales antérieures à 1790 : Eure-et-Loir, t. VI, Archives ecclésiastiques - série G, I, Chartres, Imprimerie Garnier, 1890.
5 Archives départementales (désormais AD) Eure-et-Loir, G1374-G1376.
6 AD Eure-et-Loir, G50-G270. Les registres des contrats reçus par le chapitre de Notre-Dame de Chartres concernant la période médiévale s’arrêtent à la cote G179.
7 AD Eure-et-Loir, G545, fol. 8v et fol. 23v : la date la plus tardive trouvée parmi les actes inventoriés du registre semblerait être 1457. On peut donc dater ce document à partir de la fin des années 1450.
8 Claudine Billot, Chartres à la fin du Moyen Âge, Paris, Éditions de l’EHESS, 1987, p. 126.
9 Robert Merlet, « Les architectes de la cathédrale de Chartres et la construction de la chapelle Saint-Piat au xive siècle », Bulletin monumental, 70, 1906, p. 218-234, ici p. 224.
10 Charles Métais, Archives du diocèse de Chartres, t. XV, Églises et chapelles du diocèse de Chartres, 4e sér., Chartres, Charles Métais, 1908, p. 149-153.
11 Auguste de Santeül, Le Trésor de Notre-Dame de Chartres. Rapport à M. le Ministre de l’Intérieur sur les archives de l’ancien chapitre de la cathédrale de Chartres, Chartres, Imprimerie Garnier, 1841, p. 56.
12 Claudine Lautier, « Les vitraux de la cathédrale de Chartres. Reliques et images », Bulletin monumental, 161/1, 2003, p. 41.
13 Abbé S. Pruvost, Saint Piat, martyr, apôtre du Tournaisis, patron de Seclin, sa vie, ses reliques et son culte, Lille, Desclée de Brouwer, 1904, p. 14.
14 Charles Mériaux, « Piat, Nicaise ou Éleuthère. Quels étaient les saints spécialement honorés à Tournai pendant le haut Moyen Âge ? », dans Laurent Verslype (dir.), Villes et campagnes en Neustrie. Sociétés. Économies. Territoires. Christianisation, Actes des XXVe Journées internationales d’archéologie mérovingienne de l’AFAM, Montagnac, M. Mergoil, 2007, p. 301-304.
15 R. Van Doren, s. v. « Piato », dans Bibliotheca Sanctorum. Enciclopedia dei santi, Rome, Istituto Giovanni XXIII nella Pontificia Università Lateranense, 1968, vol. 10, col. 544-545 : le corps est retrouvé au milieu du viie siècle par saint Éloi, évêque de Noyon et de Tournai, alors qu’il voulait ensevelir celui de saint Quentin à Seclin. Les clous enfoncés dans le corps de Piat sont les marques de son martyre et les témoins de l’authenticité du corps. D’ailleurs, cette découverte a permis à la mémoire de saint Piat d’être fixée, puisqu’il n’existe aucune information historique antérieure sur lui.
16 Ibid., col. 547.
17 Henri Leclercq, s. v. « Piat (saint) », dans Fernand Cabrol, Henri Leclercq (dir.), Dictionnaire d’archéologie chrétienne et de liturgie, Paris, Letouzey et Ané, 1939, t. XIV/1, col. 812-814.
18 Germain Bapst, « Le tombeau de saint Piat », Revue archéologique, 3e sér., 15, 1890, p. 117-121, ici p. 120.
19 AD Eure-et-Loir, G443 no 10 et 12.
20 Notum sit sanctam capsam in qua reconditum erat et positum sanctum corpus beati Piati, martiris gloriosi, apertam fuisse ac nos dictum corpus inspexisse et illud integrum et incorruptum a corpore, tamen corpore diviso, invenisse […] (registre capitulaire, ms. 1007, t. I, Chapitres quotidiens, fol. LXXIIv), cité dans Merlet, « Les architectes de la cathédrale… », art. cité, p. 230. Pour l’acte de reconnaissance des reliques, voir AD Eure-et-Loir, G443 no 19.
21 Merlet, « Les architectes de la cathédrale… », art. cité, p. 225.
22 Eugène de Lépinois, Histoire de Chartres, Chartres, Garnier, 1854, t. I, p. 183, n. 3 : « Cet argent fut destiné ad opus fabricae capsae beati Piati martiris, cujus corpus requiescit in ecclesiâ carnotensi ac etiam ad opus capellae dicti Sancti de novo construendi inceptae (registre capitulaire, séance du mercredi après la Nativité 1324) ».
23 Marcel-Joseph Bulteau, Monographie de la cathédrale de Chartres, Chartres, R. Selleret, 1887, t. I, p. 137.
24 Eugène de Lépinois, Lucien Merlet (éd.), Cartulaire de Notre-Dame de Chartres, Chartres, Imprimerie Garnier, 1862, t. I, p. 27 : Aymericus de Castrolucii fuit septuagesimus nonus. Incepit anno Domini Mo CCCXXXI, tempore regis Philippi de Valesio. Hic Aymericus fuit doctor utriusque juris, auditor sacri palacii, deinde archiepiscopus Ravennatis, et, cum hoc, propter summam ejus prudenciam, factus fuit comes Romaniole ex parte Romane ecclesie ; et deinde per dominum papam Johannem XXII translatus ad ecclesiam Carnotensem, quam rexit X annis strenuissime ; et tandem factus fuit cardinalis, anno Mo CCCoXLII, cujus titulus fuit Sancti-Martini-in-Montibus. Hic, existens cardinalis, capellam Sancti-Piati in ecclesia Carnotensi fundavit, et duodecim canonicos, videlicet octo presbiteros et duos dyaconos et duos subdyaconos, ibidem instituit [Obiit viio idus januarii]. Évêque de Chartres de 1332 à 1342, Aymeri de Chastellux du Château-Luisant devient auditeur de la chambre apostolique sous le pontificat de Clément VI et est nommé cardinal de Saint-Martin-des-Monts.
25 Lépinois, Histoire de Chartres…, op. cit., p. 211.
26 AD Eure-et-Loir, G544, no 9.
27 Rouillard, Parthénie ou histoire…, op. cit., fol. 144.
28 AD Eure-et-Loir, G620, et Louis Amiet, Essai sur l’organisation du chapitre cathédral de Chartres (du xie au xviiie siècle), Chartres, Imprimerie Félix Lainé, 1922, p. 140.
29 AD Eure-et-Loir, G131 à G136 : inventaires détaillés des titres du Chapitre de Notre-Dame de Chartres.
30 Si une autonomie de gestion se met en place, elle n’est nullement assortie d’une autonomie de décision. Autrement dit, la gestion des archives du chapitre ne constitue une forme d’autonomie plus grande que dans la mesure où les chanoines de Saint-Piat sont désormais reconnus comme une entité à part entière, mais restant sous la dépendance du grand chapitre.
31 Paul Bertrand, Commerce avec dame Pauvreté. Structures et fonctions des couvents mendiants à Liège (xiiie-xive siècles), Genève, Droz, 2004, p. 306 : un titre en tant que « preuve de détention du nouveau propriétaire, était l’acte de vêture consignant l’abandon total ou partiel, par l’ancien possesseur, des droits de propriété liés au bien-fonds, et l’acceptation de ces droits par le nouveau ».
32 Le diocèse de Chartres présente la particularité d’unir des terroirs ruraux à des zones urbaines. Il importe de distinguer les biens détenus selon cette répartition.
33 AD Eure-et-Loir, G616, no 2.
34 Amoinville est aujourd’hui un lieu-dit situé dans la commune de Fains-la-Folie (cant. Voves, Eure-et-Loir).
35 AD Eure-et-Loir, G566, no 7.
36 Morsel, « Appropriation communautaire du territoire… », art. cité, p. 97.
37 André Chédeville, Chartres et ses campagnes. xie-xiiie siècles, rééd. Paris, J. M. Garnier, 1991, p. 156.
38 Voir Valentine Weiss, Cens et rentes à Paris au Moyen Âge. Documents et méthodes de gestion domaniale, Paris, Champion, 2009, 2 vol.
39 Voir sur ces questions : Monique Bourin, Pascual Martínez Sopena (dir.), Pour une anthropologie du prélèvement seigneurial dans les campagnes médiévales (xie-xive siècles). Réalités et représentations paysannes, Paris, Publications de la Sorbonne, 2004, et eid., Pour une anthropologie du prélèvement seigneurial dans les campagnes médiévales (xie-xive siècles). Les mots, les temps, les lieux, Paris, Publications de la Sorbonne, 2007.
40 Michel Lauwers, La mémoire des ancêtres, le souci des morts. Morts, rites et société au Moyen Âge, Paris, Beauchesne, 1997, chap. 11, « Les échanges et la mort », surtout la deuxième partie, « Le marché funéraire ».
41 Revue de Synthèse, 5e sér., 125, 2004, Fabrique des archives, fabrique de l’histoire.
42 Natacha Coquery, François Menant, Florence Weber (dir.), Écrire, compter, mesurer. Vers une histoire des rationalités pratiques, Paris, Éditions Rue d’Ulm, 2006, p. 14.
43 Ibid., p. 14.
44 Olivier Guyotjeannin, « La science des archives à Saint-Denis (fin du xiiie-début du xvie siècle) » dans Françoise Autrand, Claude Gauvard, Jean-Marie Moeglin (dir.), Saint Denis et la royauté. Études offertes à Bernard Guenée, Paris, Publications de la Sorbonne, 1999, p. 339-354, ici p. 353.
45 AD Eure-et-Loir, G590, no 5.
46 Paul Bertrand, Xavier Hélary, « Constructions de l’espace dans les cartulaires », dans Construction de l’espace au Moyen Âge : pratiques et représentations. XXXVIIe congrès de la SHMESP (Mulhouse, 2-4 juin 2006), Paris, Publications de la Sorbonne, 2007, p. 192-208, ici p. 198.
47 Paul Bertrand, « Économie conventuelle, gestion de l’écrit et spiritualité des ordres mendiants. Autour de l’exemple liégeois (xiiie-xve siècle) », dans Nicole Bériou, Jacques Chiffoleau (dir.), Économie et religion. L’expérience des ordres mendiants (xiiie-xve siècle), Lyon, Presses universitaires de Lyon, 2009, p. 101-128, ici p. 117.
48 Catherine Letouzey, « Scripturalité et histoire économique : le cas des enquêtes et du cartulaire anglo-normand de l’abbaye de la Trinité de Caen (xiie-xiiie siècles) », Entreprises et histoire, 52/3, 2008, p. 18-26, ici p. 22.
Table des illustrations
Titre | Figure 1 : La chapelle Saint Piat et son escalier relié à la cathédrale Notre-Dame de Chartres |
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Crédits | © C. Fain, 2011. |
URL | http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/54487/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 570k |
Titre | Figure 2 : Acte de fondation des 12 canonicats par Aimeri de Chastellux, 1349 |
Légende | Arch. dép. d’Eure-et-Loir, G544 no 1 (cliché réalisé par l’atelier de numérisation des AD 28). |
URL | http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/54487/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 474k |
Titre | Figure 3 : Localisation des biens de la chapelle Saint-Piat inscrits dans le répertoire des titres et dans les actes de la série G. Eure-et-Loir, Paris, Yvelines, carte Michelin, départements de France, 311, Paris, Michelin, 2010 |
Légende | Arrondissement de Chartres : Canton d’Auneau, Béville-le-Comte, Roinville, Santeuil ; Canton de Chartres Nord-Est : Béchères-Saint-Germain (anc. Berchères-la-Maingot), Chartres, Jouy, Saint-Prest, Sénarmont ; Canton de Chartres Sud-Est : Berchères-les-Pierres (anc. Berchères-l’Évêques), Chartres, Gellainville ; Canton de Chartres Sud-Ouest, Chartres, Luisant, Saint-Lomer, ver-lès-Chartres ; Canton de Courville-sur-Eure : Dangers ; Canton d’Illiers-Combray : Meslay-le-Grenet ; Canton de Lucé : Lucé ; Canton de Maintenon : Baglainval, Baronville, Bleury, Changé (hameau de Saint-Piat), Chartainvilliers, Gallardon, Gas, Grogneul (hameau de Saint-Piat), Maintenon, Mévoisins, Saint-Piat, Talvoisin ; Canton de Mainvilliers : Chartres, Mainvilliers, Saint-Aubin-des-Bois ; Canton de Voves : Amoinville, Voves. Arrondissement de Châteaudun : Canton de Bonneval : Launay. Arrondissement de Dreux : Canton d’Anet : Saussay ; Canton de Nogent-le-Roi : Dancourt (lieu-dit de Coulombs), Senantes. Hors du département d’Eure-et-Loir : Canton de Rambouillet : La Boissière-École (Yvelines) ; Canton de Droué : Boursay (Loir-et-Cher). |
URL | http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/54487/img-3.jpg |
Fichier | image/jpeg, 479k |
Titre | Figure 4 : Bail sur Martin le Pilleux sur un quartier de vigne assis à Launay, acte et note dorsale, 21 décembre 1441 |
Légende | Arch. dép. d’Eure-et-Loir, G590. |
URL | http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/54487/img-4.jpg |
Fichier | image/jpeg, 334k |
Titre | Figure 5 : Répertoire des titres des chanoines de la chapelle Saint-Piat, lettres de fondations |
Légende | Arch. dép. d’Eure-et-Loir, G545, fol. 2. |
URL | http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/54487/img-5.jpg |
Fichier | image/jpeg, 1,2M |
Titre | Tableau 1 : Structure du répertoire des titres |
URL | http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/54487/img-6.jpg |
Fichier | image/jpeg, 528k |
Titre | Tableau 2 : Traitement archivistique du bail sur Martin le Pilleux : comparaison de l’acte original, des notes dorsales et de l’analyse du répertoire des titres |
URL | http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/54487/img-7.jpg |
Fichier | image/jpeg, 664k |
URL | http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/54487/img-8.jpg |
Fichier | image/jpeg, 856k |
URL | http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/54487/img-9.jpg |
Fichier | image/jpeg, 565k |
Titre | Figure 6 : Traitement et mise en registre du bail sur Martin le Pilleux |
Légende | Arch. dép. d’Eure-et-Loir, G545, fol. 5v. |
URL | http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/54487/img-10.jpg |
Fichier | image/jpeg, 502k |
Titre | Figure 7 : Logique de confection du répertoire des titres |
Légende | Arch. dép. d’Eure-et-Loir, G545, fol. 2v. |
URL | http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/54487/img-11.jpg |
Fichier | image/jpeg, 1,4M |
Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont sous Licence OpenEdition Books, sauf mention contraire.