Introduction
p. 99-100
Texte intégral
« Tant que les pays actuellement développés bénéficieront de la plus-value résultant de la transformation de matières premières que leur vendent les pays actuellement sous-développés, l’aide des premiers aux seconds s’analysera en une restitution ».
F. Luchaire
1Le 17 août 1960, la République Gabonaise, proclamée le 9 février 1959, accède à la souveraineté internationale. Le Gabon, ainsi que nombre d’anciennes colonies, va connaître de nouveaux rapports avec la France, son ancienne métropole. Ces rapports sont consacrés par les accords de coopération signés entre les deux pays dans la préparation fébrile des indépendances : à l’aide à la civilisation se substitue l’aide au développement.
2C’est peu après son retour aux affaires que le Général de Gaulle décide d’octroyer l’indépendance aux colonies d’Afrique Noire. A la fois excédé et instruit sans doute par la situation désastreuse qu’a connue la France en Indochine et que connaît la France en Algérie, il réalise que le moment est venu d’établir des liens d’un type nouveau avec les colonies d’Afrique Noire, liens non moins solides et non moins contraignants que les premiers.
3Il n’existe aucun paradoxe dans le fait que la France accorde à l’Afrique Noire ce qu’elle refuse à l’Algérie : il s’agit de deux types d’indépendance. En effet, si l’Algérie ou la majorité des Algériens qui réclament l’indépendance, savent pourquoi ils luttent, il n’en va pas de même des territoires d’Afrique Noire, ceux-là mêmes qui ont dit oui à la France, et qui sont donc peu ou pas préparés à la recevoir : les premiers réclament l’indépendance pour se débarrasser du joug colonial, les seconds vont, à peine sortis, y retourner, contraints de recourir à l’ancienne métropole pour se donner les attributs, voire les structures de véritables Etats.
4 Sans entrer dans le « jeu d’intellectuels » nous ne retiendrons que l’aide publique, c’est-à-dire, les apports financiers du Fonds d’Aide et de Coopération, et de la Caisse Centrale de Coopération Economique qui joue le rôle d’intermédiaire avec le Trésor Français pour les prêts consentis au 1er guichet1. Par ailleurs, nous excluerons l’aide militaire qui, croyons-nous, favorise les dictatures et rassure les investisseurs privés capitalistes.
Notes de bas de page
1 Pour la signification de ce terme, voir infra, p. 106.
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