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    Plan détaillé Texte intégral Introduction République Fédérale d’Allemagne Belgique Grande-Bretagne Luxembourg France Italie Notes de bas de page Auteur

    Les élections européennes de juin 1984

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Chapitre 3. L’absentionnisme : européen ou national ?

    Joseph Rovan

    p. 37-65

    Texte intégral Introduction République Fédérale d’Allemagne Belgique Grande-Bretagne Luxembourg France Italie Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    Introduction

    11) L’absention est un phénomène complexe. Il revêt des significations multiples et différentes dans des situations diverses : 8,7 % en Belgique francophone, 17,3 % en Belgique neerlandophone. 47 % au Danemark, 45,39 % en France, 33 % en Grèce ; 52,45 % en Irlande, 16,1 % en Italie, 13 % au Luxembourg, 49,48 % aux Pays Bas, 43,2 % en République fédérale d’Allemagne, 67,6 % en Grande-Bretagne (mais 35 % seulement en Irlande du Nord). Pourtant le vote est obligatoire dans toute la Belgique, et il ne l’est pas en Italie ni au Luxembourg. La République d’Irlande et l’Angleterre sont les deux seuls pays où moins de la moitié des électeurs sont allés aux urnes le 17 juin 1984, mais l’Irlande du Nord se range seule dans une catégorie intermédiaire qui dépasse les 60 % de votants. Que peut-il y avoir en commun, parmi les motivations des votants, au Luxembourg et en Italie ? En fait l’étude à laquelle nous avons procédé révèle que les questions européennes proprement dites, les questions précises et concrètes, n’interviennent guère dans le phénomène de l’abstention ; celle-ci est essentiellement due au faible intérêt que les électeurs attachent à l’Assemblée qu’il s’agissait d’élire. La seule motivation directement liée à une décision politique européenne est celle des cultivateurs bavarois, généralement électeurs fidèles de la CSU, qui ont voulu protester contre le contingentement de la production laitière décidée par le Conseil des Ministres où la République fédérale était représentée par l’un des leurs, le Ministre CSU Kiechle. Souvent au contraire, nous le verrons, l’abstention tire ses raisons de profondes racines historiques ou d’évolutions récentes des attitudes politiques. Elle est nationale ou régionale voire locale, elle n’est que globalement européenne. On peut aussi, avec plus de précision, dire qu’en 1979 elle exprimait l’ignorance ou le manque d’intérêt pour l’Europe, et qu’en 1984 l’augmentation par rapport à 1979 a souvent eu des raisons extérieures à la problématique de l’unité européenne, mais la faiblesse des résultats obtenus par l’Assemblée durant sa première période de "législature" a certainement été responsable elle aussi de la nouvelle baisse de la participation.

    2) Une surprise m’attendait au cours de l’étude : l’importance et la signification du vote blanc et du vote nul dans certains pays, et pas seulement en Belgique où il permet de tourner l’obligation de voter. En Italie, en France, au Luxembourg il entre pleinement dans le champ de l’étude ; en République fédérale, en Grande-Bretagne il reste tout à fait marginal. Quand il est volontaire, et l’on peut dans certains cas établir qu’il l’est, et dans quelle mesure, le vote blanc et le vote nul (rarement distingués comme en Italie, mais ils devraient l’être pourtant), permettent des extrapolations intéressantes et ouvrent de nombreuses questions.

    3) Faute de temps et de documentation, notre étude a dû laisser de côté la Grèce, le Danemark et la République d’Irlande ainsi que les Pays-Bas (dans ce dernier cas les documents étaient disponibles mais je dus m’avouer que je maîtrisais trop mal la langue). Pour les pays traités je disposais d’information historiques et socio-politiques à peu près suffisantes pour éclairer mes approches, mais en ce qui concernait le Grèce, le Danemark, l’Irlande mes connaissances et ma documentation étaient trop fragmentaires. L’étude qui suit n’est donc qu’une approche provisoire et fragmentaire qui débouche cependant sur un certain nombre d’interrogations susceptibles de faire naître de nouvelles recherches.

    République Fédérale d’Allemagne

    21) La participation électorale, relativement élevée aux élections européennes de 1979 (65,7 %) a subi en 1984 une chute sensible (– 8,9 %). Par rapport à l’élection nationale de 1983 (Renouvellement du Bundestag) l’abstention est supérieure en 1984 de 22,3 %. Le désenchantement européen a cette fois-ci frappé l’Allemagne de plein fouet. Autre indice de ce désarroi : le vote nul et blanc, négligeable dans ce pays de bons citoyens, passe de 0,9 % en 1979 (et du même taux en 1983) à 1,6 % ce qui représente en chiffres absolus une augmentation de 140.000. Par ailleurs les partis "établis" qui occupent seuls le devant de la scène "utile" depuis trente ans : CDU/CSU, SPD, FDP, subissent tous des revers notables : la CDU/CSU passe de 49,2 % en 1979, et 48,8 % en 1983 à 46 % ; le SPD de 40,8 % et 38,2 % à 37,4 % et le FDP de 6 % et 7 % à 4,8 %. En revanche la nouvelle opposition radicale, celle des Verts, poursuit sa croissance : 3,2 % en 1979 5,6 % en 1983, 8,2 % en 1984. Autre indice important : les petits partis d’extrême gauche, d’extrême droite ou marginalistes réunissent 3,7 % en 1984 (près de 800.000 voix), alors qu’en 1979 ils ne dépassèrent pas 0,6 % et 0,4 % en 1983. Ce dernier aspect peut évidemment se rattacher au caractère en quelque sorte "abstrait" de l’élection européenne qui ne débouche pas sur des alternatives réelles, tout au moins aux yeux de la plupart des électeurs, et permet ainsi l’émission de votes de signification essentiellement symbolique de contestation globale, de protestation, de refus du "système" politique, voire de l’ordre social fondamental (0,4 % des votes sont allés à une "liste des femmes").

    2) En ce qui concerne la distribution régionale des abstentions l’on constate une chute importante de la participation par rapport à 1979, en Bavière (-12,8 %) à Brême (-10,1 %) et en Bade-Wurtemberg (-10,1 %) ; il en est de même à Hambourg. Dans ces quatres Länder l’écart est le plus grand, également par rapport à la réduction moyenne du taux de participation (-8,9 %).

    3Inversement c’est dans le Land de Rhénanie-Palatinat et en Sarre que la diminution du taux de participation (– 2,6 % en Sarre ; -2 % en Rhénanie-Palatinat) est la moins accusée. Or ces derniers comptent avec la Bavière et le Bade-Wurtemberg parmi les Länder a majorité CDU/CSU, il est vrai qu’en Sarre la CDU avait déjà subi une longue série de revers qui devaient aboutir en mars 1985 à un renversement de majorité en faveur du SPD. La CDU/CSU passant à juste titre pour le parti allemand le plus engagé dans le sens européen, ces chiffres sollicitent une explication.

    3) Pour ce qui est de la Bavière l’on constate que la chute de la participation accompagne un recul important des votes CSU (-5,3 %) ; il est vrai que ce parti conserve une majorité absolue avec 57,2 %, le résultat le meilleur atteint par les "partis de l’Union" dans tous les Länder. Les pertes, néanmoins sont surprenantes ; dans une de ses forteresses à Passau sur l’Inn, elles atteignent 3 %, alors qu’à Munich la capitale où l’abstention progresse d’une manière considérable (+10,8 %) la CSU n’abandonne que – 0,1 %. L’opinion générale attribue les pertes de la CSU au mécontentement des paysans qui estiment avoir été mal défendus par le gouvernement dans les négociations sur la politique agricole européenne. Les agriculteurs protestataires se seraient en grande majorité réfugiés dans l’abstention, un SPD nettement plus à gauche que du temps du Chancelier Schmidt n’ayant pour eux que peu d’attrait. Cependant à Passau le SPD progresse de 3,1 % alors qu’à Munich les Sociaux-démocrates perdent 3,8 %.

    4L’interprétation qui rattache les résultats bavarois au mécontentement paysan trouve une confirmation à contrario dans le fait que les Verts sont particulièrement faibles en Bavière (22 des 25 circonscriptions comptent parmi celles où le parti des contestataires éco-pacifistes à le moins progressé), même à Munich avec 10,6 % ils n’ont avancé que de 3,1 % par rapport à 1983 et de 5,4 % par rapport à 1979, alors qu’à Hambourg les Verts atteignent 12,7 %, en progression de 9,2 % par rapport à 1979. Or à Hambourg aussi la participation a été faible.

    5) En Bade-Wurtemberg également la participation a été faible, en nette diminution par rapport à 1979 (– 10,1 %) et inférieure à 50 %. Dans ce Land, contrairement à ce qui s’est passé en Bavière, la CDU a dans l’ensemble bien conservé ses positions avec une perte de 1,4 % seulement, recul inférieur à la moyenne nationale (-3,3 %). Ici, au contraire, c’est le SPD qui subit un véritable désastre, en tombant de 34,3 % à 27,3 %, alors que la perte "nationale" n’est pour les Sociaux-démocrates aussi "que" de 3,4 %. Dans les villes industrielles la chute est encore plus prononcée (-9,7 % à Böblingen, -9,5 % dans la capitale Stuttgart). Les Libéraux se sont bien tenus (7,1 % avec une perte de -1 % seulement), et les Verts atteignent en Bade-Wurtemberg leur meilleur résultat après Hambourg (10,1 %, en progression de 5,6 % par rapport à 1979 et de 1,9 % en comparaison avec 1983). Tout ceci signifie que le mécontentement paysan n’est pas pour grand-chose, probablement, dans l’abstentionnisme bade-wurtembergeois, mais qu’on a affaire ici aux séquelles de la grande grève de la métallurgie, qui s’est déroulée au printemps de 1984 et qui avait été particulièrement mal vécue dans le Land du Sud-Ouest. Beaucoup des travailleurs ont reproché aux Sociaux-démocrates l’appui accordé à une grève que les syndicats ont eu du mal à imposer à une partie de la base.

    5De toutes façons, la diminution exceptionnellement forte de la participation en Bavière et en Bade-Wurtemberg ne semble pas avoir grand-chose à faire avec l’Europe politique proprement dite ; en Bavière cependant il y a eu les retombées de la réduction des aides accordées aux producteurs de lait dans le cadre de la politique commune. L’abstention est une réponse négative à l’Europe : elle est la conséquence du peu d’intérêt accordé à des structures ayant peu de compétences, et la réponse ou plutôt une des réponses à des politiques européennes que l’on condamne d’un point de vue égocentrique.

    6) La faible diminution de la participation en Rhénanie Palatinat et en Sarre semble par contre sans rapport direct avec les problèmes intérieurs, nationaux ou régionaux. Le SPD y subit des reculs limités (– 0,4 % en Sarre, – 2,2 % en Rhénanie Palatinat), la CDU perd 3,8 % en Sarre mais ce reflux est ancien et s’est continué, nous l’avons dit, aux élections régionales du 10 mars 1985. Les Verts avec 6,6 % sont loin dans ces deux Länder d’atteindre leur moyenne nationale (8,2 %). On peut penser que le voisinage, Lorraine et Alsace, a maintenu dans ces provinces occidentales un attachement plus grand à l’idée européenne, ou, qu’on y trouve une résistance plus forte aux facteurs qui dans d’autres régions ont accéléré le déclin de l’intérêt populaire naguère accordé à cette idée. Cependant la principale raison de la bonne participation dans les deux régions occidentales se trouve ailleurs : le même jour (17 juin) y étaient organisées des élections municipales. Celles-ci intéressent davantage que les "européennes", mais une fois qu’ils ont fait le déplacement les électeurs n’hésitent pas à voter pour les deux élections. Le même phénomène a pu être constaté au Luxembourg qui organisait le 17 juin, en même temps que les "européennes", des élections nationales.

    7) Pour ce qui est des autres Länder, l’on constate que la participation a été faible à Hambourg (58,396 ; inférieure de 0,5 % à la moyenne nationale), en Schleswig-Holstein (57,6 %, inférieure de 1,2 % à cette moyenne) ; et surtout à Brême (55,1 %, moins 3,7 % par rapport à la moyenne). La participation a été au contraire supérieure ou largement supérieure aux résultats nationaux globaux en Basse Saxe (61,1 %, = + 2,3 %, Rhénanie du Nord-Westphalie (59,4 %, = + 0,6 % et en Hesse (59 %, = + 0,2 %).

    6La comparaison avec 1979 et 1983 donne des résultats difficiles à interpréter : dans le Schleswig-Holstein, la diminution par rapport aux "européennes" de 1979 est inférieure à la moyenne (-8 % contre – 8,9 %), et la participation nationale a été élevée en 1983 (84,8 %). A Hambourg on peut faire la même constatation (-8,7 % en 1984 par rapport à 1979, et 84 % de participation aux "nationales" de 1983. A Brême tous les indicateurs sont négatifs, faible participation en 1984, record de baisse par rapport à 1979 (– 11,2 %) et participation plutôt faible en 1983 (79,7 %). La Basse-Saxe par contre, tout en donnant un score d’abstentions relativement bas en 1984, accuse aussi une diminution par rapport à 1979 légèrement supérieure à la moyenne, et une faible participation en 1983. Pour Brême on constate une forte présence des petites listes marginales (4,6 %) et un succès important des "Verts" (11,8 %), mais les Verts ont eu encore davantage de poids à Hambourg (12,7 %) où la participation a été meilleure. Si l’on additionne les Verts et les "petites listes", Brême donne 16,4 % et Hambourg 16,5 % contre 11,5 % en Basse Saxe (8,2 % + 3,3 %) où la participation a été bonne en 1984 et 11,2 % au Schleswig-Holstein (8 % + 3 %) où elle a été médiocre. A Brême, un des chefs-lieux de la contestation politique et sociale, avec un taux de chômage élevé, les indices convergent ; ailleurs aucune explication signifiante ne paraît s’imposer.

    7En Rhénanie du Nord-Westphalie où le SPD dominant subit des pertes sensibles par rapport à l’élection nationale de 1983 (41,7 % au lieu de 48,4 %) la participation n’est pas mauvaise (59,4 % en 1984, 89,5 % en 1983), et les Verts et les petits n’atteignent que 11,2 % (8 % + 3,2 %). En Hesse où se trouvent quelques forteresses de la contestation les "Verts" voient leurs espoirs se réduire (7,8 %) mais les "petits" atteignent 4 %. Néanmoins la participation n’est pas mauvaise (59 %), par rapport à la moyenne nationale. La Hesse a également "bien" voté en 1983 (90,2 %).

    8En Rhénanie Palatinat où la participation a été excellente pour les raisons indiquées ci-dessus, elle avait été aussi exceptionnellement élevée et en 1979 (78,1 %) et aux "nationales" de 1983 (90,4 %). Il en était de même en Sarre (81,1 % en 1979, 90,6 % en 1983). Dans ces deux pays les contestataires n’atteignent que des pourcentages modestes (6,6 % et 4,8 % pour les "Verts" ; 3,2 % et 3,4 % pour les "petits"). Tous ces indices convergent.

    9L’on ne sera pas étonné de voir les "Verts" et les "petits" atteindre 14,7 % en Bade Wurtemberg (10,1 % et 4,6 %), en progression considérable par rapport à 1979 (+ 5,6 % et + 3,9 %). Dans ce Land, comme en Rhénanie du Nord Westphalie, la chute du SPD est sensible (-7 % par rapport à 1979 et – 5,1 % par rapport à 1983). La participation en 1983 avait été nettement inférieure aux taux les meilleurs (88,4 %). D’une part ce Land est un des hauts-lieux de la CDU, le seul où celle-ci dépasse la majorité absolue (50,9 %) et de l’autre côté c’est aussi le pays d’élection des contestataires. Faible participation et forte représentation des "petits" et des "Verts" vont ensemble avec le recul du SPD.

    10En Bavière enfin où la participation détient tous les records en baisse absolue et relative, déjà à l’élection nationale de 1983 la participation avait été médiocre (87,6 %). Les Verts n’y ont guère de succès (6,8 %) à peine plus qu’en Sarre, mais les "petites listes" prospèrent (4,5 %). Le mécontentement paysan ne profite pas tant aux Verts qui progressent seulement de 2,1 % par rapport à 1983, qu’aux "petites listes" (+ 3,8 %) et à l’abstention. Les progrès des petites listes en comparaison avec 1983 sont partout notables – cela s’explique par le peu d’importance que l’on attache aux élections européennes, mais l’on ne sera pas étonné de les voir confirmer les situations constatées ci-dessus :

    • + 2,7 % en Schleswig Holstein
    • + 3,2 % à Hambourg
    • + 2,9 % en Basse Saxe
    • + 3,8 % à Brême
    • + 2,8 % en Rhénanie du Nord Westphalie
    • + 3,5 % en Hesse
    • + 2,7 % en Rhénanie Palatinat
    • + 4,1 % en Bade Wurtemberg
    • + 3,7 % en Bavière
    • + 2,7 % en Sarre

    11On peut s’interroger si le vote "vert" n’a pas un effet d’entraînement et détabouisant, effet dont profiteraient – modestement pour le moment aussi bien les listes communistes orthodoxes que les listes plus ou moins "néo-nazies".

    Belgique

    121) Le vote étant obligatoire en Belgique et l’abstention non justifiée objet de sanctions, l’on ne saurait s’étonner du taux très faible de la non-participation :

    137,8 % en 1984 (élections européennes)

    147,3 % en 1984 (élection nationale)

    158,4 % en 1979 (élections européennes)

    168,3 % en 1978 (élection nationale)

    La différence entre le taux de participation aux élections européennes et nationales, très important en France, en Grande-Bretagne et en République fédérale tend à être nulle ; l’avantage – minime – irait plutôt aux "européennes". Il y a une petite diminution dans les premières années 80 par rapport aux dernières années de la décennie précédente, 0,7 % entre 1978 et 1981 (élections nationales), 0,6 % entre 1979 et 1984 (européennes). Etant donné le caractère marginal de l’abstention, de telles variations sont plutôt porteuses d’une certaine signifiance.

    2) Le faible pourcentage de l’abstention donne une importance assez considérable au vote blanc et nul (les statistiques disponibles ne font pas la distinction entre ces deux phénomènes, comme en Italie. Par rapport au nombre des votants, le nombre des bulletins blancs ou nuls atteint en effet 8,37 % en 1978 (nationales) ; 7,36 % en 1979 (européennes) ; 12,4 % en 1981 (nationales) ; 11 % en 1984 (européennes). Si ces chiffres sont dans l’ensemble relativement élevés, l’on constate une progression importante en 1983/84 par rapport à 1978/79 (+5 % entre les européennes de 1979 et les nationales de 1984). En même temps, chose étonnante, il apparaît que les votes blancs et nuls sont plus nombreux aux élections nationales qu’aux consultations européennes, alors qu’on se serait plutôt attendu au contraire. Faut-il en conclure qu’en Belgique l’attachement à l’idée européenne serait plus fort que dans la plupart des autres pays de la Communauté, ou qu’une petite partie de l’électorat exprime ainsi son jugement négatif sur la manière dont s’organise et fonctionne la vie politique intérieure du Royaume, de plus en plus divisé entre la communauté de langue néerlandaise et la communauté francophone ?

    3) Pour les deux collèges électoraux séparés existants en Belgique, le francophone et le néerlandais, on peut constater, en ce qui concerne les élections européennes une différence minime mais néanmoins significative sur le plan des abstentions : en 1979 celles-ci se sont élevées à 11 % chez les francophones, à 7 % seulement dans les provinces et arrondissements de langue néerlandaise ; quatre ans plus tard, la différence s’est tassée (7,3 % chez les "néerlandais", 8,7 % chez les francophones) mais elle subsiste toujours. Les citoyens des provinces et arrondissements néerlandais sont-ils plus disciplinés et/ou plus satisfaits de la vie politique ? La vigueur d’un parti national flamand qui draine beaucoup de voix de protestation peut également être évoquée dès que les partis protestataires "nationaux" sont en recul en Wallonie et à Bruxelles. Dans les deux régions politico-culturelles les votes nuls et blancs sont nettement supérieurs aux abstentions : 14,4 % (européennes de 1979), 10,9 % (européennes de 1984) en pays francophone ; 11,1 % et 11 % en pays de langue néerlandaise. (Je n’ai pas pu isoler le vote allemand).

    4) Ce sont les résultats de l’arrondissement électoral de Bruxelles qui élèvent le pourcentage national des abstentions, alors que ceux des bulletins blancs ou nuls n’y accusent pas de différence notable avec le reste du pays. Aux élections européennes de 1984 et de 1979, les abstentions s’y sont élevées à 12,1 % et 12,2 %, taux supérieur de 3,4 % et de 3,8 % à la moyenne nationale, tous ces chiffres étant établis par rapport aux inscrits. D’une part les grandes villes donnent généralement des taux d’abstention supérieurs à ceux des campagnes et des petits centres ; d’autre part, il est beaucoup plus facile dans une métropole de trouver les attestations ou certificats qui permettent d’échapper aux sanctions qui frappent les non-votants.

    17Les électeurs ayant voté pour les partis néerlandais et ceux ayant voté pour les partis francophones étant comptés séparément, on constate que les premiers ont voté moins à Bruxelles en 1984 qu’en 1979 (– 2,3 %), mais il s’agit là surtout d’un report d’une communauté sur l’autre (les votes néerlandais sont tombés de 339.528 à 319.096 alors que les votes francophones sont passés de 441.951 à 457.675, la différence – 4.738 voix – représentant l’augmentation de l’abstention ou des votes nuls, alors que les voix valables des deux communautés réunies accusent une progression de 0,19 %).

    18D’une part, malgré la diminution des inscrits qui sont tombés de 1.013.725 à 993.480 voix, le nombre de voix données aux partis francophones augmente en valeur absolue et en pourcentage (+2,3 %) par rapport au total des votants ; cette modification exprimant la progression du caractère francophone de la métropole et des communes avoisinantes. Il y a d’autre part progression faible de la participation (+0,1 %) mais cette augmentation est avant tout due aux votes des partis francophones. Il est permis de penser que dans l’atmosphère générale de la métropole bruxelloise, certains électeurs des partis "flamands" ont pu se décourager.

    5) Si nous examinons les résultats arrondissement électoral par arrondissement électoral, nous pouvons faire des comparaisons entre les résultats de 1978, 1981, 1979 et 1984 portant non sur les abstentions mais sur les votes blancs et nuls qui doivent être considérés, dans un pays où l’analphabétisme n’existe pour ainsi dire pas, comme exprimant ou bien un refus général du système politique, ou bien une protestation particulière très vehémente.

    19Dans neuf des seize circonscriptions flamandes, les taux des votes blancs et nuls sont supérieurs à la moyenne ; dans cinq elles sont inférieurs ; dans deux, le taux correspond à la moyenne. Le plus haut pourcentage, 14 % des votants, est atteint dans les arrondissements de Furnes, Dixmude, Ostende où le vote nul/blanc a été élevé à toutes les consultations (11,03 % en 1978 ; 13,97 % en 1981 ; 14 % en 1979), le taux le plus bas se trouve dans la circonscription de St. Nicolas (Anvers) : 7,8 % en 1984, 8,9 % en 1979, 5,72 en 1981, 6,72 % en 1978.

    6) Pour ce qui est des abstentions proprement dites, c’est la grande ville d’Anvers avec 8,9 % en 1984 et 1979 qui présente les chiffres les plus élevés et Roulers le taux le plus bas (4,1 %), suivi de Tongres (4,2 %) et Hasselt (4,8 %). Ce sont des circonscriptions rurales et minières en plein pays néerlandais.

    7) Dans toutes les circonscriptions proprement néerlandaises, sans exception, la participation a été plus élevée en 1984 qu’en 1979, chose extrêmement rare dans toute l’Europe ; la légère augmentation globale du collège néerlandophone étant due au fait que Bruxelles figure dans ce compte parmi les circonscriptions néerlandaises.

    8) Dans toutes les circonscriptions néerlandophones, on constate également des différences significatives pour ce qui est des votes nuls et blancs. Dans la plupart des circonscriptions ces votes ont été nettement plus nombreux aux élections européennes qu’aux élections nationales. A St. Nicolas par exemple nous relevons 7,8 % en 1984 et 8,9 % en 1979, pour 5,72 % en 1981 et 6,72 % en 1978.

    20A Bruges, ces chiffres sont respectivement 12,7 %, 13 %, 8,64 %, 9,36 %.

    21Une exception : Furnes, Ostende Dixmude où les votes nuls et blancs sont toujours élevés (14 %, 14 %, 13,97 %, 11,04 %). Or, à Furnes, nous l’avons vu, l’abstention a été également relativement fort élevée.

    22En ce qui concerne la comparaison des votes nuls et blancs en 1979 et 1984 dans les arrondissements néerlandais, la différence dépasse rarement 1 % ; les variations se faisant dans le sens de la progression dans neuf circonscriptions, dans celui de la diminution dans les six autres, la taux restant identique à Furnes.

    9) En Wallonie, la participation avait été relativement réduite en 1979 (89 %) mais elle remonte nettement en 1984 (91,3 %). La circonscription la moins votante est l’arrondissement de Charleroi, avec 89,8 % aux deux consultations, suivie de celle de Mons (89,9 % et 89,7 %) ; Liège (90,9 % et 89,8 %) et Namur (90,7 % et 90,3 %) sont comme les deux précédentes des circonscriptions de vieille industrialisation, fortement frappées par la crise. La plus forte participation se rencontre dans l’arrondissement de Dînant (93,8 % et 91,9 %) qui est nettement moins industriel, suivi de très près par ceux de Neufchateau dans les Ardennes (93,7 % et 92,8 %) et par Huy – province de Liège – (93,7 % et 91,5 %).

    10) Certaines régions wallonnes ont connu en 1979 un vote blanc et nul particulièrement important (18,7 % à Arlon, 18,4 % à Neufchateau, 17,6 % à Tournai, 16,9 % à Verviers, 16,8 % à Dinant, 15,9 % à Namur). Dans tous ces arrondissements le vote nul et blanc a cependant considérablement diminué en 1984 (– 5,9 % à Arlon, – 4,8 % à Neufchateau, – 5,3 % à Tournai, – 4,9 % à Dinant, – 4,6 % à Namur). A Verviers au contraire la diminution n’est que de 1,4 %. Cette chute du vote blanc et nul en Wallonie est, entre les deux élections européennes, un phénomène général. Alors que l’écart est minime à Bruxelles (-1,1 %, il est important à Nivelles dans le Brabant francophone (de 13,3 % à 8,3 %, donc – 5 %).

    11) Aux élections nationales, le vote nul et blanc marque une place nettement plus réduite. Les taux les plus faibles se relèvent pour 1984 à Namur (6,1 %), Huy (6,23 %), Charleroi (6,16 %), Mons (6,4 %), Liège (5,65 %), les taux les plus élevés à Verviers (11,35 %). Mais là aussi en 1978, le vote nul et blanc avait tenu partout une place plus importante.

    12) On peut donc dégager pour conclure, à propos du vote blanc/nul deux mouvements tout à fait généraux : ce vote, nettement plus considérable aux élections européennes, a baissé partout en pays Wallon entre 1978 et 1981, comme entre 1979 et 1984.

    23Pour 1979, ce vote atteint en pays Wallon des pourcentages maxima très supérieurs à ceux que connaît le pays "flamand" mais ces maxima se réduisent en 1984.

    24Pour 1979, l’écart entre le pourcentage le plus faible en pays néerlandophone (Anvers 8,8 %) et le pourcentage le plus fort en Wallonie (Arlon 18,7 %) est de 9,9 %.

    25En 1984, le taux le plus bas se trouve à St. Nicolas (7,8 %) pour la Belgique néerlandophone, et le taux le plus haut à Verviers (Belgique francophone) avec 15,5 %. L’écart n’est plus que de 7,7 %.

    26Inversement, en 1979 le minimum francophone se trouve à Liège avec 12,4 % et le maximum flamand à Fumes (14 %) : écart 1,6 %.

    27En 1984 le minimum francophone est à Huy (8,7 %) et le maximum néerlandophone toujours à Furnes avec 14 %. L’écart, ici, est de 5,3 %.

    13) Les résultats belges, en ce qui concerne les votes blancs et nuls, sont trop disparates pour autoriser des explications générales. Stables dans les grandes villes (Bruxelles, Anvers – mais point Liège) les taux grimpent dans certains arrondissements ruraux de la Wallonie. La chute générale en 1984 signifie-t-elle un intérêt plus grand pour l’Europe ou faut-il y voir le signe d’une "nationalisation" de l’élection européenne ? Le même phénomène, la transformation de l’élection européenne en une espèce de consultation blanche de politique intérieure produit ailleurs une chute massive de la participation.

    28Les données dont nous disposions ne nous ont pas permis de pousser plus loin nos tentatives d’explication.

    Grande-Bretagne

    291) Les déliminations de 65 des 78 circonscriptions ayant été modifiées dans des proportions considérables entre 1979 et 1984, les comparaisons avec 1979 ne sont possibles que dans les 13 circonscriptions qui n’ont pas subi de modification (6) ou des modifications peu importantes (7).

    30Dans les autres circonscriptions la comparaison ne peut porter que sur les élections générales de 1983. Les chiffres globaux ne comprennent que l’Angleterre, l’Ecosse et le Pays de Galles.

    2) Le taux général des abstentions peut cependant être calculé pour l’ensemble du Royaume-Uni (à l’exception de l’Irlande du Nord qui doit être comptée à part, le mode de scrutin – scrutin de liste – y étant différent) par chacune des deux élections européennes.

    31Bien que le nombre des électeurs ait augmenté considérablement entre 1979 et 1984 (passant de 40.529.970 à 41.917.313) le pourcentage des votants et partant des abstentionnistes est resté sensiblement identique : 31,8 %.

    3) Dans aucune circonscription de l’Angleterre proprement dite le taux de participation 37,9 % atteint dans la circonscription de Cornwall-Pleymouth n’a été dépassé. Le taux le plus bas est celui de Londres North East avec 25,2 %.

    32Dans dix circonscriptions anglaises la participation a été supérieure à 33 %, et dans 12 circonscriptions inférieure à 29 %.

    33Dans l’immense majorité (66 circonscriptions) la participation oscille entre 29 % et 33 %.

    4) En Ecosse (où il y a 8 circonscriptions), la participation est nettement supérieure. Dans cinq d’entre elles les chiffres vont de 33,9 % à 38,4 %, une seule présente avec 28,7 % un résultat inférieur à 29 %.

    5) La situation est encore plus remarquable dans le Pays de Galles où la participation dans les 4 circonscriptions va de 38,1 % à 42,4 % dans Wales North.

    34On peut penser que l’existence d’un mouvement nationaliste, écossais ou gallois, est pour quelque chose dans cette situation exceptionnelle. On constate d’ailleurs que la participation au scrutin national de 1983 a été relativement élevée dans 3 des 4 circonscriptions galloises (de 75,8 % à 77,6 %) et celles des circonscriptions écossaises qui donnent le moins de votants en 1984 (North East 28,7 % et Glasgow 29,6 %) ont aussi relativement peu voté en 1983 (70,7 % et 69,4 %).

    6) La faible participation à Glasgow peut être comparée avec celle de Londres North-East (25,2 % aux Européennes, 59,3 % aux "nationales" de 1983). Il s’agit de deux circonscriptions à caractère prolétarien prédominant, mais les résultats de Liverpool, de Coventry, de Manchester etc. ne permettent pas de généraliser cette observation. L’on peut cependant constater que les taux de participation les plus faibles proviennent de certains quartiers de grandes villes alors que les taux les plus forts se situent souvent dans des circonscriptions moins urbanisées (Cornwall, Bristol, Somerset, Norfolk, Devon, Northumbria, et les Highlands en Ecosse, North Wales en Pays de Galles).

    7) Peu de relations peuvent être établies à première vue entre l’orientation politique de la circonscription et le taux de participation.

    35Sur les 12 circonscriptions les moins votantes d’Angleterre, 8 ont élu un Travailliste et 4 un Conservateur ; sur les 10 qui ont le plus voté on compte 8 Conservateurs et 2 Travaillistes, mais cette constatation se rattache sans doute à la précédente : ce n’est pas l’Angleterre des cités ouvrières qui vote pour les conservateurs. En Ecosse la circonscription qui tient le record des votants a élu l’unique députée du Parti national écossais, et c’est à Glasgow où l’on a voté relativement peu que le SNP (Scottish National Party) a son taux le plus faible. La situation est comparable au Pays de Galles : le parti national y atteint 17,4 % dans la circonscription où l’on a voté le plus (North) et son taux est le plus faible là où la participation est moins forte : South (6,8 %, pour le parti national), et South East (8,9 %). Ce sont les régions à la fois les plus urbanisées et les plus "déceltisées".

    8) L’Irlande du Nord constitue clairement un cas à part. Avec ses 1.064.035 électeurs et 696.971 votants elle atteint une participation de 65,5 %, en progrès de 8,6 points sur 1979, alors qu’à l’élection "nationale" de 1983 la participation n’a été que de 72,8 %. On peut penser que cette situation si particulière est liée à l’extrême politisation d’une région qui vit depuis des décennies une sorte de guerre civile au ralenti. La forte participation peut être interprétée comme une condamnation du terrorisme, mais la progression du score du parti "orangiste" dur du Pasteur Paisley (de 29,8 % en 1979 à 33,6 %) indique une certaine radicalisation chez les Protestants.

    9) Il peut paraître intéressant de s’interroger sur la relation entre une forte présence de l’Alliance (formée par les Libéraux et les Sociaux-Démocrates) et la participation électorale, l’Alliance étant le parti le plus favorable à la construction d’une Europe unie. Dans 13 des 78 circonscriptions du Royaume-Uni l’Alliance est arrivée au second rang, après le candidat élu, qui est conservateur dans 12 de ces cas (le treizième cas étant celui des "Highlands and Isles" en Ecosse où le siège a été remporté par la candidate du Parti national écossais). Partout ailleurs l’Alliance qui a obtenu dans l’ensemble 19,5 % des voix (et aucun siège) est en troisième ou quatrième position.

    36Dans douze de ces treize circonscriptions le taux d’abstention est légèrement et même sensiblement inférieur à la moyenne. L’exception du Hampshire central (31 % de participants, la moyenne nationale étant 31,8 %), n’est guère significative. Dans 6 de ces circonscriptions la participation est supérieure à 34 %, dans 10 supérieure à 33 %. Il est sans doute permis de conclure à un lien, de modeste importance, entre les succès de l’Alliance et l’intérêt pour l’élection européenne, mais on peux penser inversement, qu’un système électoral qui ne donne aucune chance à un parti qui, malgré cet handicap atteint une moyenne de 20 %, n’encourage pas à la participation. Aux élections nationales de 1983 et par l’Angleterre seule, l’Alliance avait eu 6.715.000 voix contre 6.862.000 pour les travaillistes.

    10) Le vote nul et blanc (la différence n’est pas faite) revêt une faible importance dans le Royaume-Uni, (0,16 % en 1983 – aux élections nationales, et à peu près le même taux, aux Européennes de 1984 pour la seule Angleterre, les taux pour le Pays de Galles et l’Ecosse étant tout à fait négligeable (0,13 % et 0,11 %). En Irlande du Nord, de 1979 à 1984 ce vote est tombé de 2,4 % des votants à moins de 1,65 %, en même temps que s’élevait le taux de participation. C’est là une nouvelle preuve du caractère volontaire et protestataire d’une partie des votes blancs et nuls.

    Luxembourg

    371) Dans ce pays les élections européennes ont eu lieu en même temps que les élections législatives, ce que rend particulièrement facile la comparaison entre les deux consultations.

    38Sur 215.792 électeurs, le pourcentage des absentations a été de 11,21 % aux "européennes" et de 11,19 % aux "nationales", différence peu importante puisqu’elle représente exactement 49 électeurs pour l’ensemble du pays. Les trois listes qui ont obtenu des sièges (Socialistes, Chrétiens-Sociaux et Libéraux) totalisent 86,9 % des suffrages valables qui eux-mêmes correspondent à 90,75 % des votes exprimés qui formaient 88,79 % des inscrits.

    2) Les bulletins blancs ont été relativement nombreux à l’élection européenne (6,43 %) alors qu’ils ne représentaient que 3,74 % à l’élection nationale. Les votes nuls (comptabilisés séparément des blancs, comme en Italie) restent par contre sensiblement égaux dans les deux cas : 2,82 % aux "européennes" et 2,34 % aux "nationales".

    39Il est permis de penser que le nombre supérieur des bulletins blancs remis lors de l’élection européenne est dû avant tout au moindre intérêt que certains électeurs attachent à cette consultation, mais l’on doit également souligner que le nombre des sièges à pourvoir étant beaucoup plus réduit (6 mandats au Parlement européen contre 64 à l’Assemblée législative luxembourgeoise) certains partis n’avaient aucune chance d’obtenir un mandat européen alors qu’ils siègent à la Chambre du Grand-Duché (c’est notamment le cas du parti communiste et du nouveau parti "les Verts-Alternatifs" qui occupent chacun deux sièges à Luxembourg). On peut supposer que, notamment parmi les électeurs verts, certains ont choisi le vote blanc pour manifester un refus global du "système".

    3) Pour l’élection législative le territoire grand-ducal est divisé en cinq circonscriptions, alors qu’il n’en forme qu’une seule pour l’élection européenne. Le taux d’abstention n’accuse que des variations très faibles d’une circonscription à l’autre (l’écart maximum est de 1 %). Les écarts constatables en ce qui concerne les votes blancs ne sont pas non plus très significatifs : 3,99 % dans la circonscription I (Sud), 3,47 % dans la seconde (Est), la première étant plus urbaine et industrielle, la seconde plus rurale. C’est dans la seconde que le vote était le plus nombreux et l’abstention la plus faible, et c’est dans la première qu’elle a été la plus élevée. Les votes nuls par contre ont été les plus forts (2,75 %) dans la circonscription III, également de prédominance rurale.

    France

    401) 43,27 %, c’est un record dans un pays où pourtant on vote d’habitude moins qu’en Italie ou en République fédérale (cf. note in fine p. 60).

    41Cette différence traditionnelle peut étonner car l’Italie et l’Allemagne fédérale n’ont guère de traditions politiques communes – sinon le fait de la longue interruption de la démocratie due aux régimes totalitaires fasciste et nazi. Il est vrai aussi que l’habitude des faibles pourcentages de l’abstention n’a pas résisté en Allemagne au manque d’intérêt pour les élections européennes et aux déceptions dues aux lenteurs de la construction d’une Europe unie. Avec 56,8 % de votants (contre 65,7 % en 1979), la République fédérale a, cette fois-ci rejoint la France, tombée de 60,7 % en 1979 à 56,7 %. La dégringolade allemande a été plus rapide encore que la nôtre.

    42En France nous n’avons jamais été plus bas. Le référendum européen de Georges Pompidou lui-même, dont l’inutilité était patente, n’avait connu que 39,63 % d’abstentions. Or, tout le monde sait que l’Europe a été presque absente de la campagne de 1984 qui fut avant tout une sorte de sondage officiel préparatoire aux scrutins nationaux de 1986, et pourtant cet aspect exclusivement national n’a pas été capable de mobiliser une grande partie des électeurs alors qu’au deuxième tour des présidentielles de 1981 l’abstention était tombée à 14,13 % et en 1974 même à 12,66 %. La leçon est claire : pour les Français, l’élection décisive est celle qui désigne le Chef de l’Etat, roi constitutionnel élu et disposant de pouvoirs très étendus ; viennent ensuite les élections législatives (pour lesquelles seul le premier tour est commun à toute la France avec 18,76 % d’abstentions en 1973, 17,22 % en 1978 et 29,64 % en 1981, chiffre très élevé et qui traduisait le découragement d’une partie de la droite après l’élection de F. Mitterrand, mais aussi l’attentisme d’une autre partie de l’électorat modéré ou centre droit qui, ayant voté pour le vainqueur des présidentielles, ne se ralliait pas pour autant au PS et à ses candidats. Remarquable aussi en France, la faible participation aux élections municipales (78,67 % en 1983). L’électeur connaît l’importance des scrutins et sait organiser sa hiérarchie.

    2) Si nous procédons à un examen de l’abstention par département, nous constatons que dans 20 départements métropolitains celle-ci a dépassé 45 % (la moyenne étant de 43,27 %) et que dans 14 départements elle est supérieure à 46 %, dans 9 supérieure à 47 %, dans 8 supérieure à 48 %, dans 4 supérieure à 49 %. La Haute-Savoie seule avec 57,16 % dépasse la limite des 50 %.

    43Trois de ces départements appartiennent à la Région parisienne (Essonne, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne) ce sont d’anciennes places fortes du PCF. Entre les deux élections européennes l’abstention y a progressé très fortement (+8,29 % en Seine-Saint-Denis, +5,84 % dans l’Essonne, +5,82 % dans le Val-de-Marne). Disons tout de suite que 26 départements métropolitains ont connu une croissance des abstentions supérieure à 5 % mais que dans 5 seulement cette augmentation a été supérieure à 7 %.

    44Dans la liste des départements les moins votants figurent ensuite les Bouches-du-Rhône (45,46 %), la Gironde (45,12 %), la Loire-Atlantique (45,5 %) la Loire (47,31 %), le Rhône (46,52 %). Ces départements contiennent certaines des villes les plus importantes du pays, dont Marseille, Lyon et Bordeaux. Mais le facteur urbain n’est pas déterminant dans tous les cas puisque Paris reste dans la moyenne avec 43,33 %, que la Haute-Garonne vote plus que la moyenne nationale (41,86) et qu’il y a 38,62 % d’abstentions seulement dans le Nord et 36,54 % dans le Pas-de-Calais. Parmi les taux d’abstention les plus élevés figurent les département alsaciens et lorrains (48,61 % en Meurthe-et-Moselle, 48,35 % en Moselle, 49,91 % dans le Bas-Rhin). Etant donné la composition de l’électorat et ses traditions, les raisons de ce comportement sont certainement multiples et différentes. Déception politique de certains électeurs de gauche en Lorraine (mais à Thionville, haut lieu du communisme mosellan l’abstention avec 46 % est inférieure à la moyenne départementale), déception des partisans de l’Europe en Alsace, manifestation d’un mécontentement général à base économique en Lorraine...

    45Un autre cas particulier est fourni par les deux départements corses : 49,09 % d’abstentions en Corse-du-Sud, 48,46 % en Haute-Corse. On serait tenté d’attribuer en partie ces résultats à la force du courant nationaliste indépendantiste – si l’on ne s’apercevait pas que ces deux départements comptent parmi le cas très rares où l’on a "mieux" voté en 1984 qu’en 1979 (+4,36 % pour la Haute-Corse, + 3,44 % en Corse-du-Sud). En fait, l’on sait bien que l’abstentionnisme est traditionnel dans l’Ile, 36,41 % en Haute-Corse à l’élection présidentielle de 1981 et 33,28 % – en Corse-du-Sud. Le phénomène indépendantiste avec ses attentats aurait-il plutôt provoqué une plus grande participation électorale, signe d’un attachement aux moyens légaux de l’action politique ?

    46Le très haut pourcentage d’abstentions de l’Ain n’est pas un fait nouveau : 48,13 % en 1979, ce qui donne une très légère augmentation en 1984 (+ 0,69 %). Dans l’élection présidentielle de 1981, l’Ain est avec 21,62 % un département à fort taux d’abstention. C’est aussi le cas de la Saône-et-Loire voisine, avec 44,83 % et 46,12 % (+ 1,69 %), de la Savoie (46,15 % en 1984, 43,08 % en 1979), du Rhône qui avait déjà 44,16 % d’abstentions en 1979, de la Loire avec 47,31 % (1984) et 43,73 % (1979).

    47Tous ces départements accusaient en 1981 des taux d’abstention supérieur à 20 % (moyenne nationale 18,9 %). A ce groupe pourrait se rattacher le cas tout à fait stupéfiant de la Haute-Savoie avec 57,76 % d’abstentionnistes en 1984 et déjà 46,5 % en 1979. L’écart, malgré le haut niveau déjà atteint lors de la première élection européenne, est le plus important relevé en métropole : + 11,25 %. En 1981, l’abstention atteignait 22,87 % en Haute-Savoie.

    3) Vingt-deux départements ont connu un taux d’abstention inférieur à 40 %, le record absolu étant tenu par le Lot avec 30,47 %, suivi de la Corrèze avec 32,93 %. Treize de ces départements appartiennent aux régions Languedoc/Roussillon et Midi-Pyrénées, ou leur sont limitrophes ; ils sont presque tous de tradition républicaine et de gauche. La situation est similaire pour les Alpes-de-Provence et un peu moins nettement pour les Hautes-Alpes. A l’exception de l’Aude, ce ne sont pas des pays dont la survie économique est liée au problème du vin, thème toujours susceptible de provoquer des votes de protestation.

    48Un autre groupe de départements : Nord, Pas-de-Calais, Somme, Aisne appartiennent eux-aussi à une vieille tradition de gauche, mais alors que dans le Midi l’écart entre les taux d’abstention en 1979 et 1984 est plutôt faible – dans le cas du Lot on a même plus voté en 1984 qu’en 1979 (30,47 % d’abstentions contre 31,45 %) et la différence est de -2,33 % pour les Alpes-de-Provence, de -0,13 % pour les Hautes-Alpes, de -2,39 % dans l’Aude, de -1,47 % dans l’Aveyron, que la Lozère elle-aussi vote plus en 1984 (écart positif de 0,78 % entre 37,39 % en 1979 et 36,61 % en 1984), que l’écart de -2,52 % dans le Tarn-et-Garonne, de -3,27 % dans les Pyrénées-Atlantiques, de -3,83 % dans le Lot-et-Garonne, de 3,03 dans le Gers, de -0,74 % pour l’Ardèche (mais en Corrèze nous trouvons -5,04 % et dans les Landes -4,42 %), ces chiffres sont de -7,68 % dans le Nord (nous passons de 30,94 % en 1979 à 38,62 % en 1984) et de -6,99 % pour le Pas-de-Calais (29,55 % et 36,54 %), de -5,65 % pour la Somme (28,77 % et 34,22 %), et de -7,69 % dans le cas de l’Aisne (32,23 % et 39,42 %). La discipline des électeurs de gauche est sans doute ébranlée mais l’attachement au vote reste encore très fort. En 1981 ces quatre départements avaient eu des taux d’abstention très inférieurs à la moyenne nationale ; 15,37 % dans l’Aisne, 14,85 % dans le Nord, 13,61 % dans le Pas-de-Calais, 13,28 % dans la Somme.

    49Le cas de la Haute-Saône (38,79 % en 1984), du Loir-et-Cher (39,69 %) et des Côtes-du-Nord (36,57 %) ne paraissent pas relever d’explications régionales et exigeraient des études particulières. En Haute-Saône l’écart 1979/1984 est faible (-1 %), dans le Loir-et-Cher il représente près de 4 % et 4,46 % dans les Côtes-du-Nord.

    50Dans dix départements l’écart entre les abstentions de 1979 et celles de 1984 est supérieur à 6 %. La plupart ont déjà été mentionnés au paragraphe précédent. Certains cas isolés peuvent cependant être encore relevés : La Gironde avec – 6,15 %, l’Oise avec -6,73 % et surtout les Deux-Sèvres avec – 9,98 %. Pour l’Oise, l’ampleur du mouvement peut être rattachée aux fortes pertes communistes (-12,17 %), il en est de même en Gironde (pertes communistes -10,14 %), mais non dans les Deux-Sèvres où les communistes ne perdent que 5,05 %.

    51Dans sept départements, l’écart 1979-1984 est pour les abstentions inférieur à 1 % et dans 15 inférieur à 2 %.

    52Si les Hautes-Alpes, l’Hérault, la Creuse, Le Puy-de-Dôme, le Vaucluse, la Drôme, les Bouches-du-Rhône, le Var appartiennent à de vieilles régions ou hautement politisées ou à comportement général discipliné (Auvergne), les cas de la Haute-Saône, de la Saône-et-Loire, du Doubs et de la Côte-d’Or ne se rattachent pas tous aux constats faits précédémment, tout en présentant des aspects communs.

    4) Huit départements métropolitains présentent la situation abérrante d’une participation plus forte en 1984 qu’en 1979. Ce sont les Alpes-Maritimes (+0,10 %), la Haute-Corse (+4,3 %), la Corse-du-Sud (+3,44 %), les Pyrénées-Orientales (0,06 %, le Territoire de Belfort (+0,44 %), le Cantal (+0,95 %, encore un exemple de la discipline auvergnate). Mis à part le cas corse déjà étudié, ces chiffres sont trop faibles pour permettre une explication commune ; les départements se rattachent aux cas de ceux qui ont le plus faible écart négatif, le Cantal rejoint le Puy-de-Dôme, les Alpes-Maritimes, le Var, les Pyrénées-Orientales, l’Hérault et Belfort le groupe Doubs, Haute-Saône.

    5) Parmi les 10 Etats européens qui participent au scrutin, la France présente cette singularité de compter un nombre non négligeable d’inscrits résidant dans les DOM et TOM, 667.871 auxquels on peut ajouter 111.827 inscrits résidant à l’étranger. Les trois groupes présentent une très forte proportion d’abstentions ; constituant 3,6 % du corps électoral, ils contribuent à faire monter la moyenne nationale.

    53Les Français de l’étranger se sont abstenus à 64,18 % et l’abstention chez eux a progressé de 8,13 % par rapport à 1979 alors qu’à l’élection présidentielle de 1981, l’abstention n’avait été dans cette catégorie que de 24,65 %. L’écart par rapport à la moyenne nationale est alors de 5,75 % (au premier tour) alors qu’en 1984 il est de 20,88 %.

    54Le comportement des DOM et des TOM est cependant nullement uniforme. La Guadeloupe connaît 85,81 % d’abstentions, la Guyane 75,92 %, la Martinique 69,98 % et St-Pierre-et-Miquelon 69,75 %. Ces départements, à part leur situation dans l’hémisphère occidental, n’ont pourtant pas grand-chose en commun. S’il y a un mouvement indépendantiste important à la Guadeloupe, rien de tel n’existe à St-Pierre. Entre 1979 et 1984, l’écart est faible partout sauf à la Guadeloupe (-3,62 %) et en Guyane où il est positif (+4,14 %). L’écart est faiblement positif à la Martinique (+1,35 %).

    55La Réunion, elle, présente un taux d’abstention absolument normal (43,25 %) avec une faible progression (-2,36 % de votants) ; il en est de même en Polynésie où l’on a voté un tout petit peu plus qu’en Métropole (41,12 %, 0,25 % en moins qu’en 1979). La Nouvelle-Calédonie (59,23 % d’abstentions, en progression de 10,90 % par rapport à 1979) présente un cas que les événements récents ont éclairé. Celui de Mayotte, 58,9 % d’abstentions, en progression de 37,33 % ( !) s’explique sans doute par les incertitudes qui règnent sur le sort de ce territoire. Enfin les îles Wallis et Futuna confirment leur réputation conservatrice d’amis de l’ordre et de la discipline : 27,41 % d’abstentions seulement, en très faible progression (-1,84 %).

    6) 751.251 électeurs, 3,6 % de ceux qui sont allés aux urnes, ont déposé un bulletin blanc et nul. Par rapport au nombre d’inscrits, ce chiffre représente 2,16 %. Comme les statistiques françaises ne distinguent pas le vote blanc du vote nul, les raisons qui expliquent le comportement de ces électeurs restent hypothétiques. Cependant un coup d’oeil jeté sur la répartition par départements apporte quelques lumières.

    56Une première constatation : les votes blancs et nuls sont peu nombreux à Paris (1,51 %) et dans les Hauts-de-Seine (1,79 %) ; un peu plus nombreux dans les autres départements de la couronne (Seine-et-Marne 2,67 %, Yvelines 2,64 %, Essonne 2,18 %, Seine-St-Denis 2,42 %, Val-de-Marne 2,07 %, Val d’Oise 2,19 %).

    57Le phénomène urbain joue en général contre le vote non valide. Cela se vérifie, d’une façon concluante, dans les départements où le vote blanc et nul est important. Les villes y présentent toujours des chiffres inférieurs à la moyenne générale. C’est ainsi que dans l’Indre-et-Loire qui a 4,18 % de votes nuls et blancs, Tours n’en présente que 2,1 % ; dans le Lot-et-Garonne (4,81 %) Agen a 3,6 % seulement ; dans le Maine-et-Loire (6,84 %), Angers reste à 2,8 % ; dans la Meurthe-et-Moselle (3,82 %), Nancy a 2,25 % ; dans la Moselle qui a 5,2 % de votes non valides, Metz en compte "seulement" 4 % ; dans le Bas-Rhin, Strasbourg s’oppose avec 2,5 % à la moyenne départementale de 4,76 %. Le Mans a 3,25 % mais la Sarthe plafonne avec 10,77 %, La Vienne présente 6,59 % de votes nuls et blancs et les Bouches du Rhône 2,58 %. On peut oser une conclusion : dans les villes, le vote nul par erreur est inférieur à la moyenne nationale, le vote nul ou blanc comme signe de protestation obéissant à d’autres critères. L’on ne doit cependant ériger ce constat en règle générale : le département de l’Ain, fort peu urbanisé n’a que 2,87 % de votes nuls et blancs – mais un taux exceptionnellement élevé d’abstentions.

    7) Y aurait-il donc un rapport entre les abstentions et les votes nuls ? L’exemple des départements corses tend lui-aussi à le prouver : 48,46 % d’abstentions en Haute-Corse, 1,84 % seulement de votes nuls et blancs ; 49,09 % d’abstentions en Corse-du-Sud, 2,07 % seulement de votes non valides. Cependant ce rapport n’est pas général : en Moselle (46,37 % d’abstentions), le note nul et blanc atteint 5,2 % ; en Meurthe-et-Moselle, la relation est de 48,61 % à 3,92 % ; le Haut-Rhin avec 49,87 % a 5,41 % de votes blancs et nuls, le Bas-Rhin 47,91 % et 4,76 %, mais la Haute-Savoie qui tient le record métropolitain des abstentions (57,76 %) a 2,52 % de votes blancs seulement.

    58Les fonctions protestataires de deux votes se concurrencent parfois et parfois s’additionnent. En ville, où le contrôle social sur le vote est presque nul, le vote blanc ou le vote nul volontaire manifestent un haut degré d’intérêt politique, on se dérange pour voter en citoyen conscient mais on exprime son refus de l’offre ou du système. Dans les petits centres où la pression de l’opinion agit le plus souvent contre l’abstention, le vote blanc ou nul est aussi un moyen de remplacement pour l’abstention dont on craint les conséquences.

    8) Dans treize départements métropolitains, le vote blanc ou nul a dépassé 5 % des bulletins placés dans les urnes. Dans cet ensemble, on relève d’abord un groupe du Centre-Ouest : l’Indre (5,26 %), le Maine-et-Loire (6,84 %), la Mayenne (6,26 %), la Sarthe (10,71 %) et, dans un voisinage point trop éloigné, les Deux-Sèvres (5,1 %), la Vienne (6,59 %) et la Haute-Vienne (5,32 %). Ce sont des départements relativement peu urbanisés où l’abstention n’est pas très élevée, progressant entre les deux élections de 1979 et de 1984, mais dans des proportions moyennes. Chose étrange, dans certains de ces départements le pourcentage des votes nuls et blancs a diminué entre 1979 et 1984, en Mayenne de 8,6 % à 6,26 %, dans les Deux-Sèvres (de 6,7 % à 5,1 %). Cette réduction s’observe aussi dans le Pas-de-Calais (de 5,48 % à 5,12 %) dans le Haut-Rhin (de 5,8 % à 5,41 %), dans le Tarn (de 7,5 % à 5,34 %) dans le Tarn-et-Garonne (de 7,15 % à 5,74 %) et dans les Vosges (de 6,9 % à 5,83 %).

    59Ce sont le plus souvent (mais pas toujours) des départements où l’abstention était relativement faible en 1979 ; elle l’est toujours en 1984 mais elle a progressé. Y a t-il eu un transfert ? En Mayenne, où le vote blanc et nul recule de 2,34 % l’abstention a progressé de 4,55 %. La pression de la société en faveur du vote est certainement forte dans certains de ces départements mais peut-être s’est-elle quelque peu affaiblie. En Lorraine, en Alsace la coexistence de trois éléments – abstention forte, abstention en progrès, vote nul et blanc élevé stable ou en progrès – indique un mécontentement très vif, il en est de même dans le Pas de Calais où l’abstention reste limitée comme dans le Nord, mais cependant avec une très forte progression (+7,68 % dans le Nord, +6,99 % dans le Pas-de-Calais), dans le Nord le vote nul et blanc reste considérable (4,36 %), mais se trouve comme dans le Pas de Calais en léger recul (4,7 % en 1979).

    60Dans les deux départements voisins du Tarn et du Tarn-et-Garonne, une abstention faible mais en progrès (limité) accompagne un vote nul et blanc élevé mais en recul. L’abstention progresse de 3,27 % dans le Tarn et le vote non valide y recule de 2,16 %.

    9) Une observation basée sur la comparaison avec l’élection européenne de 1979 fait penser que le vote blanc et nul volontaire joue dans l’ensemble des votes valides un rôle plus important que le bulletin nul involontaire, ce qui se dégage du résultat global : 367.610 votes blancs et nuls en 1979 représentant 1,8 % du total des votes, 1,31 % au premier tour des présidentielles de 1981 (pour 477.965 voix), contre 751.251 voix et 3,6 % en 1984. Ensuite un exemple particulier : dans la Sarthe où le vote non valide atteint son maximum avec 10,77 % en 1984 (7,2 % en 1979) il n’y a eu que 2 % de bulletins blancs et nuls à l’élection présidentielle de 1981. Dans la Mayenne ces chiffres s’élèvent respectivement à 6,26 %, 8,6 % et 1,9 %, dans la Vienne à 6,59 %, 5,3 % et 1,9 %. Ici encore on constate qu’une étude exhaustive du phénomène de l’abstention ne devrait pas négliger les votes blancs et nuls avec leurs motivations qui rejoignent souvent celles des abstentionnistes mais ne sont pas nécessairement identiques.

    10) Qu’en est-il enfin du vote blanc et nul dans les DOM et TOM ? Dans les trois départements à très forte abstention – Guadeloupe, Martinique, St-Pierre-et-Miquelon – le vote blanc et nul est également très élevé (85,81 % et 8,72 % en Guadeloupe, 69,98 % et 7,93 % en Martinique, 69,75 % et 10,5 % à St-Pierre). En Guyane par contre le vote blanc et nul est faible (3,47 %) face à 75,92 % d’abstentionnistes. La comparaison avec 1981 révèle ici aussi l’aspect volontaire du vote blanc et nul : à l’élection présidentielle, l’abstention en Guadeloupe atteignait 60,32 % mais le vote non valide ne dépassa pas 3 %. A la Martinique, avec 51,71 % d’abstentions, il y avait alors 4 % de votes blancs et nuls.

    61Dans les autres territoires, le vote non valide n’atteint que des proportions très modestes : 2,57 % à la Réunion, 1,87 % en Nouvelle-Calédonie, 2,01 % en Polynésie, 1,7 % à Mayotte. Wallis et Futuna détiennent ici encore le record de la vertu civique : 0,3 % seulement de votes blancs et nuls.

    11) On s’est beaucoup interrogé sur les rapports de l’abstention et du recul des voix communistes lors de l’élection de juin 1984. Les résultats sont pour le moins contradictoires : en choisissant les huit départements où les parts communistes furent élevées et trois où ils furent moyens ou faibles on obtient le tableau suivant :

    AbstentionsVoix du pc
    Haut-Rhin+6,55 %– 3,28 %
    Vosges+6,73 %– 7,28 %
    Bouches du Rhônes+ 1,59 %– 7,65 %
    Allier+3,28 %– 8,13 %
    Ardennes+5,86 %– 7,47 %
    Vaucluse+ 1,24 %– 6,72 %
    Côtes du Nord+4,46 %+0,45 %
    Corrèze+5,04 %– 0,94 %
    Oise+6,73 %– 6,58 %
    Belfort– 0,34 %– 5,31 %

    62A Paris où l’abstention progresse de 4,35 %, le PCF tombe de 13,77 % à 6,15 % (-7,62 %) ; dans la Moselle l’abstention progresse de 2,84 % et le PCF recule de 6,65 %.

    63La relation entre les deux données présente donc un grand nombre de cas de figure1.

    Italie

    641) Bien que le vote n’y soit pas obligatoire, l’Italie a traditionnellement une des plus fortes participations électorales d’Europe. Aux élections nationales de 1979 l’abstention est de 9,5 % seulement et en 1983 de 11 %. L’écart entre le taux de participation dans les cas des élections européennes est significatif mais très inférieur à ce qu’on relève en France, en République fédérale et en Grande-Bretagne, 16,58 % en 1984 et 15,1 % en 1979. La France n’atteint ces taux-là, que dans les élections nationales les plus âprement disputées. La baisse du pourcentage des votants entre les deux élections européennes est, elle, fort limitée (-1,48 %). Cette discipline électorale contraste avec ce que l’on sait – ou croit savoir – par ailleurs sur la faiblesse de l’esprit civique dans la péninsule. L’importance du nombre des votants est historiquement lié à la véhémence des affrontements politiques de l’Après-guerre lors du Référendum sur la Monarchie (1946) et du choix entre le communisme et ses alliés d’une part, et les partisans de l’alliance occidentale d’autre part (1948). La propagande acharnée des deux camps et notamment l’action mobilisatrice du clergé catholique se mirent alors à politiser même les régions les plus reculées. Ces traditions nées il y a 40 ans restent relativement vivaces ; c’est d’une part le Nord-Est, les régions où l’influence de l’Eglise reste la plus forte qui donne les taux de participation les plus élevés (89,7 % aux européennes de 1984 et 92,9 % aux nationales de 1983), et l’on relève d’autre part des valeurs analogues dans les régions les plus "laïques" (Toscane 89,6 % et 93,4 % ; Ombrie 90,1 % et 92,5 % ; Emilie/Romagne 92,2 % et 94 %).

    2) Inversement, les régions les plus arriérées du point de vue économique et culturel présentent les taux d’abstention les plus élevés. Cela s’observe à l’intérieur de la IIIe circonscription pour l’élection européenne (Centre) qui, à côté des régions laïques à haute participation comprend le Latium (Lazio) qui partage – la capitale Rome incluse – au moins partiellement les caractéristiques générales du sous-développement méridional : 15,7 % d’abstentions à l’élection européenne de 1984, 10,3 % à la consultation nationale de 1983. La différence est particulièrement sensible (compte tenu des données italiennes en général) en ce qui concerne l’élection européenne. Les chiffres en Latium restent cependant très en dessous des résultats du Sud continental (IVe circonscription européenne) : 24,5 % d’abstentions en 1984 et 15,6 % en 1983 qui sont eux-mêmes proches de ceux des Iles (Sicile, Sardaigne) avec 24,6 % et 18,4 %. Dans ces régions dont la culture politique est si différente du reste de l’Italie, on vote à peu près comme en France, pour des raisons évidemment le plus souvent différentes.

    3) Quand la participation est généralement faible, l’écart se creuse entre le nombre des électeurs qui vont aux urnes de l’élection nationale et pour le scrutin européen. En Emilie/Romagne, la région où l’on vote le plus, la différence est, entre 1983 et 1984, de 2,7 % en faveur de la consultation nationale. Dans la région qui vote le moins, la Calabre, (68,9 % aux élections européennes et 77,9 % à l’élection nationale de 1983) l’écart est de 9 %. D’une élection européenne à l’autre la Calabre a réduit son vote de 3 %. En Emilie/Romagne, la chute n’a été que de 0,8 % (de 92,8 % à 92 %) et dans le Veneto de 0,16 % (de 90,2 % à 90,04 %). La région la plus catholique et la région la plus communiste d’une part, celle qui est la plus en marge du monde moderne, la plus tenue par la criminalité mafiosa et "l’omertà" (la solidarité forcée avec les mafiosi) d’autre part.

    4) Sur le plan national, la différence entre les taux européens et nationaux est de toutes façons exceptionnellement réduite : – 5,6 % en 83/85 et – 5,2 % en 1978. Là aussi, la stabilité du corps électoral italien dans l’exercice du droit de vote, récupéré en 1946 après 24 ans de dictature et de guerre, reste frappante. Il en est de même lors des élections nationales. De 1979 à 1983, l’abstention a progressé de 1,1 % (de 1,5 % pour les élections européennes entre 1979 et 1984). Il y a eu progression de l’abstention, mais dans les proportions si faibles qu’elle n’est guère significative.

    5) Un phénomène intéressant à relever parmi les résultats italiens est l’importance non négligeable des votes non valables (bulletins nuls ou blancs) : 5,3 % des votants en 1984 (européennes), 5,6 % aux élections nationales de 1983, 3,2 % aux européennes de 1979, 3,5 % aux "politiques" de 1979. L’augmentation de 2 % environ qui se constate entre 1979 et 1983/84 frappe par son uniformité ; elle s’applique aux élections nationales comme aux élections européennes (la part des bulletins blancs représentant 39,1 % de ce total aux européennes de 1979, 41,4 % aux nationales de 1983 et 36,5 % aux européennes de 1984). L’augmentation des "blancs" et des "nuls"2 est à peu près parallèle. S’il y a peu de doutes sur le caractère de protestation du vote blanc, l’on ne peut pas non plus attribuer la progression du vote nul à une incapacité subite d’une partie de l’électorat à comprendre le processus du vote, à une subite croissance du nombre des "analphabètes politiques". Il est donc permis de supposer que l’augmentation des votes nuls pourrait également exprimer une sorte de refus du système, d’autant plus que rien ne la rattache au caractère propre du scrutin européen, le nombre et le pourcentage des votes nuls ayant été plus forts en 1983 qu’en 1984.

    6) Si nous jetons un coup d’oeil sur la répartition régionale de ce phénomène nous découvrons des données assez disparates. Les pourcentages de votes non valables les plus élevés (au-dessus de 7 %) se trouvent dans des régions très différentes les unes des autres : la région automone de la Vallée d’Aoste (11,4 % en 1983, 8,8 % en 1984) et dans le Piemont (7,4 % en 83, 6,3 % en 84) d’une part et dans certaines régions méridionales d’autre part : Calabre 6,1 % et 8 % ; Basilicata 6,5 % et 7,6 % ; Sicile 7,2 % et 7,9 %. Dans le Nord-Ouest, le pourcentage des voix nulles ou blanches récule entre 1983 et 1984, alors qu’on aurait pu s’attendre à l’évolution inverse, mais cette tendance est très générale dans toutes les régions à l’exception de celles du Midi où les chiffres sont partout plus forts en 1984 qu’en 1983 (par exemple en Calabre 5,9 % contre 5,5 % ; en Campanie 5,4 % contre 5 % ; en Sicile 7,9 % contre 7,2 %). La Sardaigne, région elle-aussi à classer dans les sous-développées, n’accuse par contre que 3,9 % de nuls ou blancs en 1984 et 4,2 % en 1983 ; et le Lazio qui figurait en ce qui concerne les abstentions dans une position très supérieure à celle des régions du Nord, accuse un faible pourcentage de votes non valables (4,8 % en 1984 et 5,3 % en 1983). Dans le Val d’Aoste, la part des votes blancs est très élevée (56,6 % du total des votes non valables). Ici, la volonté de sortir du jeu des partis est manifeste, et se rattache peut-être au recul des voix recueillies par la liste autonomiste (37,5 % en 1979, 38,9 % en 1983, mais 24,8 % seulement en 1984) mais cette explication se heurte au fait qu’en 1983 64,2 % des 11,4 % de votes non valables avaient été blancs. En fait, entre 1983 et 1984 il y a eu un gain important du parti communiste qui passe de 22,2 % à 28,9 %, une progression de 2,4 % de la DC ; une chute sensible du Parti socialiste (de 7,3 % à 5,6 %) et une progression importante des petites listes du Centre et d’extrême-gauche qui passent de 8,5 % à 16 %, le tout accompagnant une importante chute de la participation (de 90,3 % à 81,5 %, la plus faible du Nord et du Centre). Le Val d’Aoste apparaît comme une mini-région politiquement très instable et très marginale, situation sans doute due à la fois à la puissance de l’élément linguistique francophone et au relatif insuccès de l’autonomisme.

    65Les choses sont très différentes dans l’autre région à forte minorité allogène : le Trentin-Haut-Adige qui comprend la province de Bolzano à forte majorité germanophone ou l’autonomie fonctionne bien. Avec 86,3 % des votants la participation y est supérieure à la moyenne en 1984 (cela est également vrai pour 1983 avec 91,2 %) le parti autonomiste progresse entre 1983 et 1984 de 32,4 % à 34,5 % ; les voix non valables restent autour de la moyenne (6,2 % en 1983, 5,3 % en 1984), mais on y relève quand même dans cet ensemble un pourcentage anormalement élevé des votes blancs (51,3 % en 1979 aux européennes ; 52,6 % en 1983 ; 52,7 % en 1984). Curieusement, une seule autre région présente une part de votes blancs aussi supérieure à la moyenne, c’est l’Emilie/Romagne (50,5 %) mais ce pourcentage joue dans ce cas sur une somme particulièrement peu élevée de votes non valides (3,2 %) alors que la région possède la participation la plus forte de toute l’Italie (92,2 % en 1983 ; 94,9 % en 1984).

    7) Tous ces chiffres tendent à démontrer qu’à l’intérieur du groupe des voix non valables, les bulletins blancs représentent une minorité de mécontents particulièrement déterminés. En additionnant abstentions et votes non valables dans les régions où l’un ou l’autre de ces phénomènes sont anormalement présents, on obtient des chiffres fort significatifs :

    Val d’Aoste19,5 + 8,8 = 28,3 % en 1984
    9,7 +11,4 = 21,1 % en 1983
    15,3 + 6,4 = 21,7 % en 1979
    Calabre31,1 + 8 = 39,9 % en 1984
    22,1 + 6,1 = 28,2 % en 1983
    28,1 + 3,9 = 32 % en 1979
    Sicile25,5 + 7,9 = 33,4 % en 1984
    19,8 + 7,2 = 29 % en 1983
    25,7 + 3,6 = 29,3 % en 1979

    En Sicile et en Calabre les abstentions et les voix non valables progressent également de 1983 à 1984, mais la part des votes blancs diminue. Des recherches plus fines seraient nécessaires pour dégager les causes de ces évolutions mineures.

    8) D’une manière générale, il est possible d’affirmer que l’abstention et les voix non valables sont particulièrement importantes dans la plupart des régions les moins développées (mais point dans toutes, comme le montre l’exemple de la Sardaigne) et dans une région à problèmes spécifiques non résolus comme le Val d’Aoste. En Sardaigne où la participation est relativement basse (81 % en 1984 ; 86,3 % en 1983) les votes non valables sont peu importants (3,9 % et 4,1 %) et parmi ceux-ci la part de votes blancs est faible (28,9 % dans les deux années). Peut-être faut-il rattacher ce dernier phénomène à la forte présence du Parti sarde d’Action (autonomiste) qui passe de 9,5 % des voix en 1983 à 12,7 % en 1984, alors qu’il avait été absent des européennes de 1979. Contrairement à ce qui se passe au Val d’Aoste, et en accord avec les chiffres du Trentin, on peut donc rattacher le faible taux de bulletins nuls et blancs à la vigueur d’un parti autonomiste qui participe d’ailleurs au gouvernement régional.

    Notes de bas de page

    1 De 1958 à 1984, il y a eu 22 consultations politiques générales : le seuil de 20 % d’abstention a été dans cette longue série dépassé onze fois : aux quatre référendum (1961/1962/1962/1972), aux législatives de 1958, 1962, 1981 ainsi qu’aux élections européennes de 1979 et 1984 et aussi aux deux tours de l’élection présidentielle de 1969.
    L’abstention la plus faible a été enregistrée au deuxième tour des présidentielles de 1974, suivi du deuxième tour de celles de 1981. Aux élections législatives de 1967, 1968 et 1973 on frise de près les 20 %, celle de 1978 connaît seule un résultat meilleur. En fin de tableau ce sont les trois présidentielles de 1965, 1976 et 1981 qui gagnent le plus sur l’abstention. Il faut souligner notamment qu’en 1981 où l’élection présidentielle et l’élection législative se faisaient suite, le taux d’abstention était de 14,14 % au deuxième tour des présidentielles et de 29,64 % aux législatives. Cependant au premier tour des législatives de 1978 où se jouait une première fois ce que maintenant on appelle la cohabitation, l’abstention ne fut que de 16,68 %. L’électeur français a une idée sur l’importance réelle des consultations et de leur enjeu.

    2 Les statistiques italiennes distinguent ces deux catégories.

    Auteur

    • Joseph Rovan
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    1 De 1958 à 1984, il y a eu 22 consultations politiques générales : le seuil de 20 % d’abstention a été dans cette longue série dépassé onze fois : aux quatre référendum (1961/1962/1962/1972), aux législatives de 1958, 1962, 1981 ainsi qu’aux élections européennes de 1979 et 1984 et aussi aux deux tours de l’élection présidentielle de 1969.
    L’abstention la plus faible a été enregistrée au deuxième tour des présidentielles de 1974, suivi du deuxième tour de celles de 1981. Aux élections législatives de 1967, 1968 et 1973 on frise de près les 20 %, celle de 1978 connaît seule un résultat meilleur. En fin de tableau ce sont les trois présidentielles de 1965, 1976 et 1981 qui gagnent le plus sur l’abstention. Il faut souligner notamment qu’en 1981 où l’élection présidentielle et l’élection législative se faisaient suite, le taux d’abstention était de 14,14 % au deuxième tour des présidentielles et de 29,64 % aux législatives. Cependant au premier tour des législatives de 1978 où se jouait une première fois ce que maintenant on appelle la cohabitation, l’abstention ne fut que de 16,68 %. L’électeur français a une idée sur l’importance réelle des consultations et de leur enjeu.

    2 Les statistiques italiennes distinguent ces deux catégories.

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    Ce livre est cité par

    • Gerbet, Pierre. (2007) La construction de l’Europe. DOI: 10.3917/arco.gerbe.2007.01.0543
    • Steppat, Sabine. (1988) Execution of functions by the European parliament in its first electoral period∗. Journal of European Integration, 12. DOI: 10.1080/07036338808428924
    • Chabab, F.. Giraudau, B.. de Jong, W.. Ducrocq, S.. Halimi, J.-M.. Saliba, E.. Cantagrel, S.. (2007) Compréhension de l'information téléphonique donnée aux parents en réanimation pédiatrique. Journal de Pédiatrie et de Puériculture, 20. DOI: 10.1016/j.jpp.2007.04.010

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    Rovan, J. (1986). Chapitre 3. L’absentionnisme : européen ou national ?. In M. Charlot (éd.), Les élections européennes de juin 1984 (1‑). Éditions de la Sorbonne. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.52106
    Rovan, Joseph. « Chapitre 3. L’absentionnisme : européen ou national ? ». In Les élections européennes de juin 1984, édité par Monica Charlot. Paris: Éditions de la Sorbonne, 1986. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.52106.
    Rovan, Joseph. « Chapitre 3. L’absentionnisme : européen ou national ? ». Les élections européennes de juin 1984, édité par Monica Charlot, Éditions de la Sorbonne, 1986, https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.52106.

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    Charlot, M. (éd.). (1986). Les élections européennes de juin 1984 (1‑). Éditions de la Sorbonne. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.52026
    Charlot, Monica, éd. Les élections européennes de juin 1984. Paris: Éditions de la Sorbonne, 1986. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.52026.
    Charlot, Monica, éditeur. Les élections européennes de juin 1984. Éditions de la Sorbonne, 1986, https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.52026.
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