Confraternité républicaine et réalités internationales
Les relations franco-portugaises et le contexte de rivalités entre puissance, de la proclamation de la république à la guerre (Octobre 1910 - Juillet 1914)
p. 11
Texte intégral
1 En octobre 1910, une insurrection à Lisbonne conduit à la proclamation de la Première République au Portugal. Le Parti Républicain, qui est à la tête de ce changement, est devenu une force en mettant à profit les difficultés de la monarchie, difficultés internes certes, mais également externes. L’insurrection républicaine du 31 janvier 1891 – en rapport direct avec le recul du gouvernement monarchique devant l’ultimatum britannique – qui révéla la force du Parti Républicain et installa définitivement le pays dans la perspective d’un changement de régime, reste à cet égard l’exemple révélateur. Mais le triomphe de ce mouvement qui entend régénérer le pays, sauver ses intérêts et en même temps assurer son indépendance, se situe dans un contexte où les pressions auxquelles il veut soustraire le pays sont devenues plus fortes.
2Ce contexte est celui des rivalités internationales de tous ordres entre les puissances. Dans le cas de l’Europe, il est dominé depuis la fin du 19e siècle et, de plus en plus, par les rivalités anglo-allemandes, élément essentiel du rapport entre les systèmes d’alliances – en particulier la Triple-Alliance et la Triple-Entente – auxquels ces rivalités ont donné naissance. Plus que par le passé, les intérêts du Portugal vont être déterminés par ce contexte.
3C’est donc à partir de conjonctures successives, découlant largement de la situation du Portugal, que, dans la période qui va de la proclamation de la République à la guerre, un certain nombre de problèmes bilatéraux vont se poser entre ce pays et la France : question de la reconnaissance du nouveau régime, rapports dans le cadre du projet anglo-allemand de partage des possessions coloniales du Portugal. Problèmes diplomatiques, mais également problèmes des rapports économiques.
4L’étude de ces questions dont les liaisons ne sont pas toujours évidentes – c’est-à-dire qu’il n’y a pas nécessairement coïncidence entre les différents types de rapports – revêt néanmoins une certaine importance. Les événements d’Octobre 1910 font du Portugal le troisième État Républicain après la Suisse et la France dans une Europe où les systèmes politiques restent encore largement « coiffés » par la monarchie. Ce changement crée une parenté idéologique d’autant plus importante qu’elle vient s’ajouter à des liens culturels et moraux anciens et solides. La similitude et les liens que renforce cette parenté expliqueront largement, en France, le phénomène de l’opinion publique.
5Mais surtout, le changement soulève la question de savoir si la confraternité républicaine apparue dans ce contexte, va constituer un facteur de rapprochement entre les deux pays, ou tout au moins peser dans les problèmes posés entre les deux pays, et dont le premier est celui de la reconnaissance du nouveau régime. La France, en tant qu’inspiratrice des nouveaux maîtres du Portugal, sera-telle d’un appui quelconque pour ce pays face à son isolement diplomatique ?
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