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    Plan détaillé Texte intégral Le Congrès socialiste international de Copenhague (17 et 18 janvier 1915) La dissidence du groupe Höglund L’itinéraire politique de Branting. L’exclusion de l’aile activiste Branting, Höglund et Zimmerwald Notes de bas de page

    Le Parti social-démocrate suédois et la politique étrangère de la Suède

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    Table des matières

    Le conflit à l’intérieur du parti

    p. 152-169

    Texte intégral Le Congrès socialiste international de Copenhague (17 et 18 janvier 1915) La dissidence du groupe Höglund L’itinéraire politique de Branting. L’exclusion de l’aile activiste Branting, Höglund et Zimmerwald Notes de bas de page

    Texte intégral

    Le Congrès socialiste international de Copenhague (17 et 18 janvier 1915)

    1Attentif, à l’intérieur, au maintien strict de la neutralité suédoise, le S.A.P. restait convaincu qu’une active coopération internationale des partis socialistes pouvait favoriser la cause de la paix. Le Congrès de Copenhague, dont le principe avait été retenu dès l’automne 19141 s’ouvrit effectivement le dimanche 17 janvier 1915. Les délégués suédois étaient Branting et Ström pour le S.A.P., Herman Lindqvist et Ernst Södeberg pour la L.O. La délégation danoise comprenait T.H. Stauning, F. Borgbjerg, Sigvald Olsen et Carl F. Madsén, celle de Norvège était constituée de Magnus Nielsen, J. Vidnes, Ole C. Lian et Sverre Iversen. Enfin le parti socialiste hollandais avait désigné P. Troelstra, H. Van Jol, Vliegen et Wibaut. Outre ces 16 délégués, on rencontrait encore quelques socialistes danois, de Roode, rédacteur du journal socialiste hollandais "Het Volk", et un représentant du "Bund" juif, Anna Leepa2. Le dimanche 17 janvier 1915, Stauning qui, au nom du Parti danois souhaita la bienvenue aux délégués, déclara que les représentants américains et suisses "n’avaient pas pu être présents", non plus que Morgari, secrétaire du parti socialiste italien3. Lénine, de son côté, avait écrit de Berne à Schliapnikov, alors à Copenhague, de "ne pas aller au Congrès" l’informant que "les Suisses n’iraient pas 1. Il ajoutait "c’est évidemment une intrigue des Allemands et de Troelstra + Branting"4. On décida qu’un procès-verbal serait tenu, mais qu’il ne serait rendu public qu’à la fin des hostilités. L’ordre du jour était le suivant :

    21. Action en faveur de la paix

    1. requête aux gouvernements
    2. programme de paix de la Social-démocratie

    32. Propositions de Suisse et des Etats-Unis

    1. projets de réunions d’une conférence des États neutres
    2. projets de convocation d’un congrès des partis socialistes des États neutres5.

    4Stauning déclara que le but de la conférence "n’était nullement de se faire juge des nations belligérantes". Mais l’Internationale, lors de son dernier congrès ordinaire en 1910, tenu lui aussi à Copenhague, avait enjoint à tous ses membres d’intervenir en faveur de la paix, au cas où la guerre éclaterait Une telle intervention, ajouta Stauning ne pouvait pas, pour des raisons faciles à comprendre, être préparée par les Socialistes de tous les pays. Les socialistes Scandinaves avaient estimé de leur devoir d’exprimer le courant populaire qui réclamait de plus en plus fortement le rétablissement de la paix internationale6.

    5Une commission composée de Branting, Nielsen, Stauning et Troelstra fut chargée de rédiger les trois résolutions qui furent ensuite adoptées par la Conférence. La première rappelait aux travailleurs sociaux-démocrates "et particulièrement à ceux appartenant aux pays belligérants" les principes de l’Internationale encore proclamés au Congrès de Copenhague de 19107 et protestait "contre la violation du Droit international au préjudice de la Belgique". Par la seconde, le Congrès demandait aux partis sociaux-démocrates des États neutres d’inviter leurs gouvernements à exercer, séparément ou en commun, une action de médiation de paix auprès des belligérants. Enfin, dans la troisième résolution, la Conférence s’élevait contre l’arrestation de 5 membres de la Douma coupables d’avoir rédigé un rapport destiné à la présente réunion.

    6Ces trois résolutions furent transmises immédiatement à Paris par le correspondant du "Temps", mais, par suite d’un oubli qui n’était sans doute par fortuit, elles furent amputées de la protestation contre la violation de la neutralité belge. La "Bataille syndicaliste" parla de la "plaisanterie de Copenhague" et jugea hypocrites ces socialistes Scandinaves qui ne s’en prenaient au capitalisme que parce qu’ils se refusaient à dire que l’impérialisme prussien était le seul coupable. Gustave Hervé publia de son côté dans "La guerre sociale" un article virulent dénonçant la partialité des Socialistes Scandinaves8. Les milieux officiels français, pourtant dûment renseignés9 laissèrent dire. Branting devait être informé quelques jours après des réactions défavorables que le Congrès de Copenhague avait suscitées à Paris par une lettre d’André Waltz10. Selon ce dernier il s’était produit une série de malentendus : tout d’abord la personnalité de Troelstra, depuis sa visite à Zimmermann, certaines déclarations de lui en Hollande, son voyage à Berlin et non à Paris, était devenue "extrêmement suspecte en France, même dans les milieux socialistes". La Conférence de Copenhague avait un peu hérité à l’avance la mauvaise réputation de Troelstra. D’autre part les Socialistes danois représentaient dans leur pays l’élément le plus germanophile. Enfin, la dépêche de Copenhague omettait la protestation contre la violation de la neutralité belge. "Renaudel m’a dit qu’il allait tout de suite protester contre les procédés du "Temps", et je dois traduire dans "l’Humanité" les textes exacts votés à Copenhague. Ne craignez rien : d’ici quelques jours toute l’opinion française sera renseignée sur l’esprit véritable de la Conférence et sur le rôle que vous avez joué en Suède pour calmer la germanomanie de la Droite11.

    7Dans l’immédiat les efforts pour reconstituer l’Internationale semblaient vains. La volonté de paix ne trouvait aucun écho chez les belligérants dont les partis socialistes devaient se rencontrer séparément, les uns à Londres le 14 février 1915, les autres à Vienne les 12 et 13 avril 1915. Parmi les neutres, les Italiens estimaient que le B.S.I. dont le Comité Exécutif était formé des trois Belges : Anseele, Bertrand, Vandervelde, et du secrétaire Camille Huysmans, "ne fonctionnait pas"12. De son côté, le Parti socialiste suisse décidait de ne pas payer ses cotisations à l’Internationale pour 1915. Les Roumains et les Bulgares souhaitaient également une initiative du B.S.I. Le 29 mars, Robert Platten pour le Parti socialiste suisse proposa officiellement au B.S.I.13 la convocation de tous les délégués du Bureau pour la fin Avril en Suisse. Dans sa réponse, le 31, Troelstra considéra une conférence des neutres comme ’’inopportune", le Comité étant depuis longtemps occupé à réunir les partis mais "se heurtant jusqu’ici à l’opposition des Français". Et Troelstra ajoutait "nous vous demandons de ne pas contrecarrer notre action", tout en laissant le Parti suisse libre d’agir à son idée14. Cette initiative suisse fut mal accueillie par le Parti social-démocrate suédois. Manifestement "les Suisses ne comprenaient pas les difficultés de convoquer un tel Congrès"15. Le 26 avril, pourtant, le Parti Socialiste suisse invitait tous les neutres à une grande conférence qui devait se tenir à Zurich le 30 mai. Il souhaitait que le B.S.I. se chargeât de la convocation des délégués, mais déclara qu’à défaut il en prendrait seul l’initative. Le Comité Exécutif, par la voix de C. Huysmans, fit savoir qu’il ne pouvait convoquer le Bureau tant qu’il n’aurait pas reçu et entendu, au moins séparément, les délégations des partis affiliés des pays en guerre, et tant que la France maintiendrait son point de vue à ce sujet16. D’autre part le Comité Exécutif doutait de l’opportunité de covoquer une conférence de quelques partis pendant un conflit intéressant la totalité des organisations affiliées. De son côté, le "Socialdemokraten" rappela encore, le 1er mai, que c’était au B.S.I. de convoquer une conférence des Neutres. D’ailleurs lors de la conférence de Copenhague, Scandinaves et Hollandais s’étaient prononcés pour que le Comité Exécutif du B.S.I. convoquât une conférence socialiste pour la paix, quand les circonstances le permettraient.

    8Le refus des Suédois, des Danois, des Norvégiens et des Hollandais condamna le projet de conférences de Zurich17. Les raisons de cet échec étaient évidemment d’abord que le projet n’émanait pas d’une autorité légitime reconnue, c’est-à-dire du B.S.I. Mais c’était peut-être aussi, comme en convint le secrétaire du Parti socialiste suisse, Fritz Platen "parce que des doutes existaient quant à l’impartialité de la Conférence"18. Si aucun document ne vient éclairer le refus suédois, il y a par contre une lettre de Stauning à Branting, dans laquelle le Président du Parti social-démocrate danois écrit : "je crains que cette conférence ne soit utilisée comme un instrument de la campagne anti-allemande menée depuis la Suisse"19. Inversement si le Congrès de Copenhague avait été suspecté dans les pays de l’Entente, c’était parce qu’on y voyait parfois une manoeuvre allemande, exécutée par le truchement des Socialistes hollandais et danois. Parler de paix à un moment où l’Allemagne occupait la Belgique et le Nord de la France, c’était servir les intérêts allemands. Pourtant cette impression, qui prévalait notamment chez les Socialistes français, s’était quelque peu atténuée quand Branting, lors de la dernière séance du Congrès de Copenhague au milieu d’une très vive discussion, avait manifesté son opposition à "la conclusion d’une paix qui ne garantirait pas la liberté de l’Europe et qui ne marquerait pas la fin du militarisme"20. La Conférence de Copenhague en resta à des "voeux platoniques", et Branting en constatant "l’absence des représentants de la plupart des pays ne jugea pas convenable de rester à Copenhague pour la séance secrète et repartit pour Stockholm le dimanche dans la soirée"21.

    La dissidence du groupe Höglund

    9L’élection de Z. Höglund au Riksdag de 1915 fut pour le Parti socialdémocrate suédois un événement capital qui montrerait, si besoin en était, ce que l’évolution d’une situation peut devoir parfois à l’influence d’un seul homme. L’opposition de gauche, qui jusqu’alors s’était le plus souvent rangée derrière Carl Lindhagen, trouva en Höglund un porte-parole "d’une rigueur intellectuelle implacable", pour qui "l’impossible ne l’était pas pour peu qu’on eût de la volonté et qu’il y eût du caractère dans le prolétariat"22. Et, de fait, assez rapidement Branting et les majoritaires, à peine consolidées leurs positions ébranlées du Congrès de Novembre 1914, allaient se trouver sur la défensive. Pourtant l’audience que, dès l’abord, on consentait à Höglund était chichement mesurée : lors d’une réunion des membres du Conseil de Confiance (Förtroenderådet) les plus proches de Palmstierna23, on n’estimait pas que Z. Höglund pût compter sur plus d’une dizaine de mandats au Riksdag24. Dès la première réunion du groupe parlementaire social-démocrate Höglund "commença à chercher des noises"25. Il refusa l’élection du Président par acclamation, et exigea "toute une série de votes inutiles". Lindhagen, de son côté, critiqua vivement l’action passée du Conseil de Confiance et resta ostensiblement assis quand le groupe enthousiaste acclama Branting. Ce fut certainement une maladresse que de s’attaquer personnellement à Branting dont le prestige et le crédit demeuraient considérables. En effet, le Conseil de Confiance fut reconduit26, et la Gauche ne pût y placer personne27.. Ceci n’empêcha pas cependant d’organiser une réunion où furent invités les parlementaires réputés le plus à gauche, et où on finit par s’accorder pour demander un débat sur la question militaire28. En conséquence, Höglund voulut, le 20 janvier 1915, remettre en question l’attitude du groupe parlementaire social-démocrate à l’égard de la loi militaire de septembre 1914. Mais il fut cruellement désavoué par 70 voix contre 529.

    10Aussi bien son premier discours au Riksdag lors du "remissdebatt", le 23 janvier 1915, était-il attendu avec curiosité ou avec inquiétude par la presse et l’opinion. Certes, Höglund s’en prit-il avec véhémence au militarisme et aux provocateurs de guerre, à ceux qui avaient envahi la Belgique et dévasté la France, et même à l’activisme suédois et aux mesures de police qui avaient conduit, notamment, à l’expulsion d’Alexandra Kollontay. Mais cela fut fait sur un "ton parfaitement académique"30 et "alors qu’on attendait un Danton on trouva un Robespierre correct jusqu’à la pédanterie et scrupuleusement parlementaire dans son révolutionnarisme"31. Branting que Z. Höglund n’avait pu malgré tout s’empêcher de mettre en contradiction avec lui-même, citant certaines de ses déclarations antérieures sur la question militaire, prit tout de suite après la parole, mais resta dans les tons modérés pour rappeler que "le désarmement total était un espoir pour l’avenir et que pour le moment le Parti était convaincu de la nécessité d’une défense nationale"32. Le conflit cependant éclata au grand jour en février. A la veille du débat sur le premier chapitre du Budget concernant les crédits de la liste civile, et plus particulièrement les crédits affectés à la Cour et aux châteaux royaux33, Höglund avait informé Branting de son intention d’en demander le rejet Et c’est ce qu’il fit bien que Branting qui jugeait la chose "peu opportune" eût cherché à l’en dissuader, soutenu par la quasi unanimité du groupe parlementaire34. Mais c’est surtout lors du débat du 27 février 1915 sur les crédits à l’armée de terre que le drame se noua. La veille, Höglund avait, il est vrai, informé le groupe parlementaire qu’il ne pourrait s’empêcher de "formuler une critique de principe contre le militarisme"35. Mais le jour venu il ne se contenta pas de protester contre "ces charges inouïes qui pèsent sur le peuple contre la volonté de la majorité et paralysent les réformes sociales et culturelles". Il demanda un vote dès la lecture du premier paragraphe du quatrième chapitre du Budget36, bien que ce dernier concernât une question insignifiante : l’augmentation des crédits du secrétariat du Ministère de la Défense. Branting demanda aussitôt la parole pour dénoncer cette tentative "d’engager le Parti sur une conception purement personnelle de la défense nationale", et réaffirma avec force que la Socialdémocratie suédoise, qui avait soutenu lors des deux élections législatives de 1914 un programme positif de défense approuvé par son dernier Congrès, restait hostile au "désarmement immédiat"37. Quand le vote intervint, les crédits furent, certes, approuvés par 141 voix mais il y eut 22 votes contre et 19 abstentions38. On ne sut jamais qui étaient ces 41 députés qui avaient refusé de suivre la discipline de vote des trois partis39. On suppose que certains Libéraux de gauche, notamment des députés du Norrland, avaient pu joindre leurs voix à celle de Höglund et de ses amis. Branting douta ouvertement que les 22 opposants fussent tous Sociaux-démocrates40. Pourtant, au Riksdag, 13 députés Sociaux-démocrates avaient à visage découvert soutenu l’initiative de Höglund41. Cet "épisode désagréable" qui permettait à la droite de se réjouir au spectacle de la division du S.A.P. au Riskdag42, laissait à l’opinion l’impression que l’unité du Parti social-démocrate s’était rompue, et avec elle l’autorité de Branting, puisque la ligne du Parti en matière de défense avait été désertée par près de 50 % des députés socialistes43. Comment expliquer le comportement politique de Z. Höglund ? Ne fut-ce seulement, comme l’écrivit Branting, qu’un "numéro de parade dans la ligne politique de Stormklockan441, qu’une pure et simple "politique de démonstration" ?45. Une première réponse nous est suggérée par les réactions du Parti libéral. Le Dagens Nyheter, qui était proche de Staaf, après avoir écrit que Branting était un "chef de Parti à plaindre" et constaté que "l’homogénéité de son parti était fluette", put se demander s’il était désormais possible de prendre au sérieux les déclarations du Congrès socialdémocrate en faveur d’une collaboration politique de la gauche, conséquences parlementaires comprises46. Höglund a-t-il donc délibérément cherché à compromettre son Parti pour éviter de le voir s’engager dans la voie d’une collaboration avec les Libéraux ? Il s’en est défendu devant le Conseil de Confiance en affirmant que le vote du 27 février "n’avait nullement pour but d’empêcher que se réalise la collaboration de la Gauche, et n’était qu’une protestation contre les projets militaires de la Droite"47.

    11Accusé d’illoyauté à l’égard des décisions du Congrès48, Höglund devait par la suite soutenir que ce dernier avait décidé que la loi militaire de 1914 ne serait pas remise en cause par les Socialistes, mais à condition que fut mis en place un accord de collaboration avec les Libéraux. Ceci n’avait pas été réalisé pour des raisons de politique intérieure, notamment pour la question du droit de vote communal49. Le journal socialiste du Norrland "Norrskensflamman" n’avait pas manqué de remarquer de son côté que le Parti s’était résigné en 1914 à un budget militaire de 70 millions de couronnes, et non au budget de 100 millions dont il était maintenant question. Il n’était donc plus lié par ses engagements de 1914 et "tout le groupe aurait dû se refuser à endosser la co-responsabilité du projet gouvernemental au lieu de lui donner son accord"50. Mais s’il l’eût fait, il est certain que tout espoir de collaborer avec le Parti de Staaf se fût envolé pour longtemps, et qu’avec lui eussent disparu les scrupules qui retenaients encore les Libéraux sur la voie d’une collaboration avec les Conservateurs. Ainsi doit-on comprendre que Branting n’ait cessé de répéter que son Parti resterait fidèle à son soutien au programme de Défense nationale et qu’il ne serait en aucune manière question de "désarmement immédiat".

    12On peut penser que pour beaucoup de majoritaires, Z. Höglund était l’obstacle principale sur la voie du Socialisme ministériel. Ne cherchait-il pas à discréditer le Parti auprès des Libéraux en sollicitant l’anti-militarisme viscéral de beaucoup de Sociaux-Démocrates irrésolus ou inhabiles à se soumettre à la nouvelle tactique du Parti ? Ne cherchait-il pas encore plus à le discréditer auprès du Roi en tenant des discours républicains et en s’en prenant même à la liste civile du Souverain ?51 Et de fait, Höglund avait clairement identifié le point faible dans le comportement politique de son Parti : "une attitude double dans la question de la Défense nationale caractérisée par une contradiction criante entre le programme et la tactique"52. Or, au Congrès de novembre les majoritaires avaient été battus à plusieurs reprises dans la question de la Défense nationale53, et le Manifeste "positif" du 7 mars 1914 attaqué avec une violence inouïe par Carleson, Malmborg, Nerman et Höglund lui-même n’avait été approuvé qu’à 9 voix de majorité. L’explication ne serait-elle pas que Höglund estima que la politique qu’il menait était celle de la moitié du Congrès, donc du Parti, même si cette proportion ne se retrouvait pas exactement dans les instances supérieures, Comité Directeur et Groupe Parlementaire. De la sorte, cette politique n’était pas une politique de "démonstration", encore moins celle d’une "clique", en réalité c’était une politique redoutablement réaliste. Peut-être les 41 dissidences de vote du 27 février lui firent-elles espérer qu’un groupe important de députés se refuserait à suivre Branting dans la nouvelle voie où il engagerait son Parti, tant la tradition anti-militariste y demeurait enracinée. Höglund, qui avait tout à la fois de l’ambition et les moyens de la servir, caressa-t-il alors l’espoir de contester à Branting la direction du S.A.P.? Branting lui-même aurait confié à Ström : "il parle plus en chef de Parti qu’en simple député"54. Palmstierna de son côté notait au lendemain du 27 février : "veulent-ils vraiment désarmer la Suède ?... Z. Höglund se conduit déjà comme s’il était chef de Parti. Il faut absolument rompre"55. En fait, on peut penser qu’en ce qui concernait la guerre et la Défense nationale deux conceptions s’opposaient en profondeur, et qu’il n’était pas question seulement de tactique, ni même d’ambition. Pour Höglund, le grand méfait des majoritaires était d’avoir adopté un comportement "social patriotique". Qu’importait que Branting fût plutôt francophile et Lindblad plutôt germanophile ! Tous deux s’accordaient parfaitement pour favoriser le militarisme suédois. Tandis que la Gauche du Parti taisait ses sympathies personnelles qui, du reste, "allaient toujours aux démocraties de l’Ouest", elle trouvait les origines de la guerre dans la politique d’impérialisme que toutes les grandes puissances, et pas seulement l’Allemagne ou l’Angleterre, avaient menée, et dont tous les gouvernements avaient été les instruments responsables56. En raison du "social patriotisme" des majoritaires, la question militaire était tout naturellement devenue "le point de rupture"57 entre la Droite et la Gauche du S.A.P. Quand cette dernière se refusait par principe à tout crédit militaire et exigeait le désarmement direct, elle le faisait bien conformément à la lettre et à l’esprit du programme social-démocrate en vigueur jusqu’alors. Ce programme, c’était bien la droite du Parti qui l’avait trahi en s’engageant dans une "ligne positive" qui, au début, avait eu pour objectif de réduire de quelques dizaines de millions les charges militaires, mais qui en était venue à faire sien le Budget de 100 millions du Ministère Hammarskjöld58. Les majoritaires réfutaient ces arguments qui, à leurs yeux, constituaient une falsification : certes tout socialiste restait par principe hostile au militarisme, mais le "désarmement direct et immédiat n’était inscrit ni dans l’esprit ni dans la lettre du programme. L’Internationale, elle-même, si elle avait condamné les guerres offensives, avait toujours admis le droit à l’auto-défense, et les congrès de Stuttgart et de Copenhague l’avaient encore confirmé. Les buts assignés alors aux partis membres c’était la démocratisation de l’armée et la réduction des armements, mais jamais le désarmement immédiat Quant au programme du parti social-démocrate suédois, il portait clairement l’exigence de la "diminution progressive des charges militaires jusqu’au désarmement", et non pas du désarmement immédiat. Il en était de même de la fameuse résolution Vennerström à laquelle, à tout propos, l’opposition de gauche faisait référence59.

    13Les thèses semblaient donc irréconciliables et, très tôt, Branting estima qu’il fallait restaurer l’unité dans la Social-démocratie en empêchant que la minorité se comportât comme un État dans l’État60. Ce règlement de compte eût lieu dans le courant du mois de mars au cours de plusieurs réunions du groupe parlementaire et du Conseil de Confiance61. Deux résolutions d’importance y furent prises. Par la première, adoptée par 75 voix contre 962 le groupe parlementaire réaffirmait sa volonté, déjà exprimée le 20 janvier, de respecter la loi militaire de 1914, condition mise par le Congrès pour réaliser la collaboration de la Gauche, et décidait que tout député qui souhaitait déposer une motion au Riksdag ou faire une interpellation devait au préalable en aviser le Conseil de Confiance qui "dans la mesure du possible le conseillerait et l’informerait". La seconde modifiait l’article 5 du règlement intérieur, en faisant obligation à chaque député de se conformer, au Riksdag, aux décisions prises préalablement par la majorité du groupe parlementaire. Toutefois tout député que sa conscience empêcherait d’adhérer à la décision de la majorité pourrait s’abstenir lors d’un vote au Riksdag. Contre ce texte vite baptisé "l’article muselière" (munkorgslagen), l’opposition fut plus nombreuse (74 voix pour, 23 contre et 4 abstentions)63. Le débat avait été particulièrement âpre, Lindhagen dénonçant avec véhémence "le triumvirat Branting-Palmstierna-Rydén qui régente le Parti"64. Désormais l’opposition radicale et nihiliste se trouvait un peu plus isolée et enveloppée par l’appareil du Parti. Z. Höglund écrivit peu après que la minorité ne pourrait pas se plier aux exigences de la majorité du groupe parlementaire, si celle-ci était en contradiction avec le programme du Parti ou avec les engagements pris lors de la campagne électorale65. On pouvait donc douter que ces mesures disciplinaires fussent capables de rétablir la cohésion du Parti66, et il était dès lors certain, pour beaucoup, qu’une scission ne pourrait être évitée.

    14Pourquoi Branting qui, lors des congrès antérieurs, avait affirmé à plusieurs reprises qu’il y avait place dans le S.A.P. pour différents courants67, a-t-il brutalement durci son attitude à l’égard de la minorité ? On en est réduit aux hypothèses. Il faut toutefois remarquer que le conflit Branting-Höglund a coïncidé avec le début de la grande offensive allemande dans les pays baltes et avec les premières manoeuvres de la conspiration activiste68. Branting a-t-il craint alors de voir la Suède brusquement entraînée dans le conflit malgré la résistance de Wallenberg ?. Si ce fut le cas, on peut penser qu’il a souhaité précipiter le rapprochement avec les Libéraux en amputant son Parti de ses extrémistes de gauche. Commentant plus tard l’adoption du "paragraphe muselière", Höglund écrivit que c’était une "provocation pour obtenir la scission" (partisprängning)69. On ne peut douter, en tout cas, que les principaux lieutenants de Branting, auteurs véritables des mesures disciplinaires, ont souhaité la rupture70. Les minoritaires, cependant, restèrent dans le Parti, mais le désaccord avec Branting dans le domaine de la Défense nationale alla s’élargissant. Ainsi accusé de social-patriotisme sur sa gauche, sans vraiment désarmer la méfiance des Libéraux, le Président du Parti social-démocrate devait, simultanément, subir les critiques de ceux qui doutaient de plus en plus de sa neutralité à l’égard des belligérants.

    L’itinéraire politique de Branting.

    15Le 15 janvier 1915, le groupe parlementaire social-démocrate avait procédé au renouvellement de son Conseil de Confiance. Tous les sortants avaient été réélus sauf Gustav Steffen, remplacé par Olov Olsson71. Tout le monde prit l’élimination de Steffen pour ce qu’elle était : une sanction contre ses prises de position favorables à l’Allemagne. Pour que le S.A.P. pût exercer auprès du Gouvernement, et éventuellement contre lui, son rôle de gardien de la neutralité, il était bien entendu nécessaire qu’aucun de ses dirigeants ne pût être suspecté d’une quelconque partialité à l’égard d’un des deux camps en guerre. Or, à cet égard, le comportement de Branting doit tout particulièrement retenir l’attention.

    16Sa neutralité si hautement affirmée, si intransigeante en 1914, était-elle encore la même en 1915 ? Il faut ouvertement en douter. En févirer 1915, Palmstierna estimait que Branting démasquait vraiment trop clairement son ententophilie dans le Socialdemokraten72. Au même moment un autre lieutenant de Branting, A.C. Lindblad, député de Göteborg et directeur du journal "Ny Tid" écrivait à Wilhelm Jansson : "Branting est allé si loin dans sa défense de l’Entente qu’il en arrive même à croire que la Russie combat pour la défense de la liberté73. L’attitude politique de Branting fut alors l’objet d’une double critique. Qu’il fût francophile, c’est ce que Z. Höglund ne discutait même pas74. Après tout, les sympathies de l’aile gauche du Parti et des Jeunes Socialistes étaient, elles aussi, toujours allées aux démocraties de l’Ouest. Mais Branting s’en tenait là, adoptait un point de vue social-patriotique et se trouvait objectivement d’accord avec A.C. Lindblad pour favoriser le militarisme suédois et combattre ceux qui, à l’intérieur du S.A.P., voulaient s’y opposer. Alors que pour Höglund, malgré les sympathies du coeur, la victoire de l’Entente n’était pas plus souhaitable que celle des Empires Centraux, si le véritable adversaire, l’impérialisme, n’était pas simultanément vaincu75. Loin du pacifisme révolutionnaire de Höglund se tenaient ceux qui comme Herman Lindqvist souhaitaient une paix immédiate, sans vainqueurs ni vaincus, et pour ce faire, une médiation des neutres. Ceux-là s’inquiétaient de voir Branting se départir peu à peu de la compréhension qu’il avait naguère témoignée à l’Allemagne. C’est ce que Herman Lindqvist déclara à Fredrik Ström alors que tous deux, en mai 1915, se rendaient au congrès du Parti social-démocrate norvégien à Trondhjem. Branting était "allé trop loin", il s’occupait beaucoup trop de savoir "qui a commencé la guerre et comment elle est menée", et se souciait beaucoup trop peu de savoir "comment la terminer dans la certitude qu’elle ne se rallumerait pas et que le mouvement ouvrier allemand resterait puissant76. L’Allemagne, estimait Lindqvist, était probablement le seul pays où le Parti social-démocrate et les syndicats avaient la réelle possibilité de s’emparer du pouvoir par la voie parlementaire. De plus, quelle que fût la manière dont se terminerait la guerre, l’Allemagne deviendrait une démocratie. Il était exclu, en effet, qu’elle pût, seule, vaincre le monde entier, et le régime impérial ne pourrait survivre ni à une défaite ni à une demi victoire. Prolonger la guerre jusqu’à une victoire totale de l’Entente était donc inutile et accroissait les souffrances dans les deux camps sans améliorer véritablement les chances du socialisme allemand. Branting aveuglé par "les cruautés et les méthodes de violence" de l’Allemagne en perdait tout réalisme politique. Que Branting au printemps et pendant l’été 1915 ait révisé son jugement sur les belligérants semble indéniable. Deux séries de causes semblent l’y avoir conduit. D’une part une révolte grandissante contre les méthodes de guerre allemandes, en Belgique, en France, et sur les mers. En janvier la presse de droite s’indigna que le "New Sweden" chargé de 300 tonnes de blindages achetés à Pittsburg et destinés à la construction du "Sverige" en cours à Göteborg, eût été détourné pour visite à Newcastle. Branting polémiqua vivement avec elle, opposant les méthodes anglaises et allemandes en matière de blocus77. Il continua par la suite à dénoncer les "agressions" et les "brutalités" allemandes78. Mais c’est surtout le torpillage du "Lusitania" qui révolta profondément Branting : ceux qui en Allemagne conduisaient la guerre étaient allés "au bout de la barbarie"79. Car, écrivit-il encore, même si, comme l’affirmait l’agence Wolff80, le Lusitania était porteur de 5 000 caisses de munitions, il avait été torpillé sans avertissement et "rien ne pouvait excuser ce crime"81. D’autre part, les véritables buts de guerre allemands se dévoilaient à lui. On parlait maintenant de conquêtes territoriales. Il y avait même des "chauvinistes sociaux-démocrates" qui allaient jusqu’à réclamer l’annexion de la Belgique82. En juin 1915, heureusement, le Comité Directeur et le groupe parlementaire de la S.P.O. firent savoir que si en août 1914 les Socialistes s’étaient levés avec la totalité du peuple allemand "pour défendre son existence et son indépendance nationale" aujourd’hui "devant la tendance toujours plus marquée de donner à la guerre un caractère de conquête" ils rappelaient leur volonté d’arriver" à une paix qui rende l’amitié avec les peuples voisins possible83. Ainsi Branting pouvait-il, dès lors, désavouer l’entreprise allemande sans se dissocier du parti frère : la social-démocratie allemande qui avait vécu dans la conviction que l’Allemagne avait été attaquée et que sa guerre était défensive avait été "indignement trompée"84. C’est pour obtenir des informations "de première main" et essayer de renouer des relations avec les partis sociaux-démocrates des nations belligérantes que le Comité Directeur du S.A.P. demanda à Branting d’entreprendre un voyage en Allemagne, en France et en Angleterre dans le courant de l’été 191585. Ce voyage d’un mois devait conduire Branting du 6 juillet au 4 août 1915, à Berlin, Paris, Londres et à nouveau Berlin par la Suisse et la Hollande86. A Paris, Branting eût des conversations avec Viviani, Léon Bourgeois, Delcassé, Clémenceau et "même avec le Président de la République"87. Naturellement il rencontra d’abord les responsables du parti socialiste, Jules Guesde, Marcel Sembat et Albert Thomas88, tandis qu’André Waltz veillait tout particulièrement sur son séjour89. Dans l’après-midi du 14 juillet 1915, Branting assista, 199, rue Saint-Martin, au Conseil National du Parti Socialiste Unifié réuni depuis le matin. Il fit son entrée, accompagné de Georges Weil, député de Metz "au milieu des acclamations". Il rappela alors qu’avant la guerre il y avait dans son pays une profonde estime pour les Socialistes allemands et qu’au début des hostilités on s’était montré hésitant vis-à-vis de la France. "Mais en présence des horreurs commises par les Allemands un revirement s’était opéré", et presque tous les socialistes et les démocrates suédois étaient aujourd’hui "avec la France" et désiraient "le triomphe de sa cause"90. Branting fut ensuite le témoin du débat très vif qui suivit la présentation de la motion de la Haute-Vienne en faveur de la paix et de la reconstitution de l’Internationale. Il put constater l’isolement de la petite minorité qui, avec Pressemane et Paul Fort, estimait que la guerre "finirait botte à botte" et qu’il fallait imposer la paix "aux chauvins du Parti qui voulaient aller jusqu’au bout". Il est certain que c’est en particulier au cours de cette réunion que Branting se convainquit que la recherche d’une paix immédiate à laquelle avaient pu travailler les Neutres était vouée à l’échec ; il le déclara devant les siens dès son retour à Stockholm : "en France l’opinion générale est que le pays n’a pas voulu la guerre, mais maintenant qu’elle est un fait, elle doit être menée à son terme et l’invasion repoussée. La guerre ayant déjà coûté tant de vies, la solution doit être durable. La Social-démocratie française est tout-à-fait unanime à ce sujet"91. On sent que la détermination et l’unanimité des Socialistes français ont surpris Branting. Pour le comprendre il faut se rappeler que depuis août 1914 c’était surtout la voix de l’Allemagne officielle et de la S.P.D. qui s’était fait entendre à Stockholm. Comme le constatait au même moment N.F.C. Wikstrand "par les agences de nouvelles allemandes l’opinion suédoise avait une vision déformée de ce qui se passait en France et de l’atmosphère qui y régnait"92. De son côté, l’opinion française, qu’André Waltz et Eric Sjöstedt avaient déjà tenté d’éclairer sur la véritable politique de la Suède93, manifestait depuis juin un regain d’intérêt pour cette dernière94. Branting écrivit dans le journal de Pichon, "Le Petit Journal", que la politique menée par Wallenberg était totalement vouée à la neutralité et confia même que le Ministre suédois des Affaires Étrangères "l’avait mis au courant des pourparlers avec l’Angleterre qui se poursuivaient à Stockholm", et dont le but était, notamment, "de négocier un arrangement concernant l’importation par la Suède des marchandises nécessaires à la Russie"95. Son autre souci, la Finlande, Branting eût l’occasion d’en parler avec Poincaré qui le reçut le 16 juillet Après avoir réaffirmé que la Suède ne sortirait pas de sa neutralité et "reproché vivement à la Reine ses imprudences de langage", il ajouta que "pour dissiper à l’avenir tout malentendu entre la Suède et la Russie, une plus grande liberté constitutionnelle à la Finlande était nécessaire"96. Parallèlement à ses conversations politiques, Branting eût encore deux occasions de mesurer l’intensité du sentiment national français. Le 14 juillet il assista au transfert des cendres de Rouget de l’Isle aux Invalides. André Waltz a rapporté qu’"il se tenait à un coin de rue et pleurait"97. D’autre part, il entreprit en compagnie d’Albert Thomas, devenu sous-secrétaire d’État aux Munitions, une visite du front qui dura plusieurs jours.

    17De Paris, Branting se rendit ensuite à Londres98 où il fut reçu par Edward Grey le 27 juillet 1915. Il s’attacha à lui montrer que l’action des activistes en Suède était sans commune mesure avec l’écho qu’elle rencontrait dans la presse britannique. Grey, après avoir affirmé que la Grande-Bretagne n’avait que de la sympathie pour la Suède, reprocha à cette dernière d’avoir, tout comme la Norvège et le Danemark, accru ses importations dans des proportions telles qu’il était patent qu’elle assurait à l’Allemagne une partie de ses besoins. Il comprenait d’ailleurs que le pro-germanisme de certains milieux suédois était surtout et d’abord une attitude anti-russe. Il révéla à Branting que dès le début de la guerre il était intervenu auprès de Sazonov pour que la Suède fut assurée des intentions pacifiques de la Russie à son égard, et que la Russie avait donné cette assurance. Branting répondit que les relations entre la Suède et la Russie officielle étaient bonnes, mais comme chez Poincaré, souligna que Grey, que la restauration par la Russie des droits et liberté de la Finlande exercerait une profonde influence sur l’opinion suédoise. Grey sembla toutefois impressionné par l’importance que Branting attachait à la question finlandaise99. Le Président du Parti socialdémocrate suédois fit ensuite part des impressions qu’il avait tirées de son passage en Allemagne. Une partie de la social-démocratie y avait manifesté son opposition à une politique d’annexions. Mais il était à craindre que si l’intention des Alliés était d’anéantir l’Allemagne, alors l’union se referait pour la défense de la patrie. Ainsi ce qui lui semblait souhaitable, c’était un échec militaire sans humiliation. Pour la question d’Alsace-Lorraine, Branting et Grey convinrent de la difficulté de la résoudre par un référendum. Branting put cependant conclure de cet entretien que le chef du Foreing Office n’excluait pas du tout la possibilité d’une telle consultation que les socialistes allemands considéraient comme peu pratique, et qu’à Paris on avait quasi unanimement rejetée100. Au cours de ces 4 semaines, Branting fit deux séjours successifs à Berlin. Lors de son premier séjour, selon Gustav Steffen, il aurait proposé aux responsables de la S.P.D. un plan de paix entre la France et l’Allemagne sur la base d’un référendem en Alsace-Lorraine101 On peut penser que les conversations qu’il eut ensuite à Paris tarirent dans l’instant cette espérance. Lors de son second séjour à Berlin, Branting fut invité à assister à une séance du Comité Directeur (Parteivorstand) de la S.P.D.102. Conséquent avec sa conception du problème finlandais, il aurait fait savoir à ses interlocuteurs que l’idée de séparatisme était profondément étrangère aux Finlandais103. Selon le témoignage plus précis de Palmstierna, il aurait même déclaré à Hans Delbrück104 que les Finlandais qui préparaient l’insurrection de leur pays contre l’autorité russe étaient "une clique de la Jeune Droite sans assise aucune dans le peuple"105.

    18Ce séjour dans les pays belligérants a certainement été déterminant dans l’engagement politique de Branting. Il était parti pour essayer de renouer les liens de l’Internationale. Il avait échoué. Il rentra à Stockholm "complètement abattu et pessimiste"106. Personne ne pouvait plus arrêter la guerre. Les belligérants eux-mêmes s’y refusaient. Mais Branting souhaitait-il encore en cet été 1915 être un médiateur de paix ? L’unanimité française l’avait incontestablement impressionné107. Les Socialistes français luttaient pour libérer le territoire national envahi. Pour l’Alsace-Lorraine, ils demandaient la réparation du droit violé en 1871. En ces conditions, il fallait bien convenir que la paix immédiate eût été favorable à l’Allemagne. Or, la cause allemande s’était moralement affaiblie depuis qu’il était question d’annexions. Certes, Branting avait noté que "le ralliement aux positions du groupe Haase-Bernstein-Kautsky était plus grand qu’on ne le croyait"108, mais il avait peu d’espoir que ce courant modifiât la politique allemande. Au retour de ce voyage, Branting apparut à certains de ses proches comme résolument ententophile109. On s’étonna de son refus de signer la lettre au Président Wilson en faveur d’une conférence de paix réunissant les Etats-Unis et les pays neutres de l’Europe, que lui proposait l’ancien ministre Théodor Adelswärd110. "L’Allemagne doit d’abord être battue", aurait-il déclaré à Palmstierna111. De même il donna à son journal certains articles où le souci de neutralité était moins strict que naguère. Ainsi l’article consacré à la chute de Varsovie dans lequel il cherchait à minimiser la victoire allemande112. Cette attitude lui fut reprochée en septembre devant le Comité Directeur par Palmstierna inquiet de voir "Branting prendre position en faveur d’un des belligérants" et par H. Lindqvist qui estimait que "l’attitude de Branting n’éait pas tout-à-fait neutre et qu’il aurait du agir un peu plus en faveur de la paix"113. Branting cependant avait agi au mieux des intérêts suédois et de la neutralité de son pays114. Il avait souligné à Paris la nécessité d’un assouplissement du blocus britannique115. Malheureusement ses conversations avec Delcassé n’ont laissé aucune trace, mais on peut penser que les deux hommes se sont alors trouvés d’accord116. D’autre part, Branting avait insisté à Londres comme à Paris pour que les libertés constitutionnelles fussent restituées à la Finlande, dans la conviction qu’une insurrection finlandaise ne manquerait pas d’entraîner la Suède dans le conflit. Cette attitude qui à Paris et à Londres avait été d’un "bon Suédois", Branting la conserva dans les semaines qui suivirent son retour à Stockholm. Mais là, dans un contexte que l’offensive activiste et l’intransigeance de Hammarskjöld à l’égard de l’Angleterre rendaient différent, Branting prit figure d’ententophile. Il avait placé beaucoup d’espoir dans les négociations commerciales anglo-suédoises en cours depuis le 2 juillet 1915. Comme ces dernières piétinaient, Branting désireux de laisser toute liberté d’action à son gouvernement, fit décider que son Parti "ne ferait pas de meeting tant que dureraient les négociations avec l’Angleterre"117. Malheureusement celles-ci étaient ajournées deux jours plus tard118. Le 3 octobre, Palmstierna notait que Branting "baissait un peu le ton"119 et en voyait la raison dans une démarche de Lindman qui lui avait fait savoir que les négociations reprendraient bientôt et qu’elles donneraient des résultats120. Leur deuxième rupture fut pour Branting une énorme déception. Il n’est pas douteux qu’il attribua principalement cette rupture aux négociateurs suédois, auxquels il ne ménagea pas ses critiques, et à Hammarskjöld qui "pendant des mois entiers avait laissé discuter des théories juridiques sans le moindre résultat121. De même la politique qu’il préconisait en Finlande se trouva-t-elle assez rapidement en porte-à-faux. Cette politique ne s’assignait pas d’autres buts que la remise en vigueur de la constitution et l’autonomie. Or, depuis les progrès de l’offensive allemande dans les pays baltes, l’idée de l’indépendance s’était imposée à nombre d’opposants finlandais122. L’audience véritable du mouvement était cependant plus difficile à mesurer bien qu’elle eût gagné du terrain en quelques mois123. Peu après son retour à Stockholm, Branting précisa lors de son grand discours de Hornsbergs hage, le 15 août, ce que ces hypothèses signifiaient pour les relations extérieures de la Finlande : d’une part, "la voie de la Finlande vers la liberté ne passait pas par l’hégémonie allemande". D’autre part, une Finlande à qui on "n’imposerait pas la russification de force" deviendrait à l’avenir "un trait d’union entre la Scandinavie et le grand empire russe"124.

    19Or, à ce moment, la Russie semblait loin de s’engager dans cette voie. Quelques jours auparavant déjà, Branting avait dénoncé ce qui se passait en Finlande sous le Gouverneur général Seyn, apparemment désireux de montrer au monde que "la Russie n’avait rien appris et rien oublié". Les fonctionnaires finlandais fidèles à la loi étaient poursuivis, le Landtag indéfiniment ajourné125. Un mois plus tard, le Lieutenant général Markov, Secrétaire d’État russe pour la Finlande, déclara à la presse que le Tsar venait de confirmer pour 3 ans les pouvoirs des 21 sénateurs finlandais, et que le Général Seyn, restait à son poste. Branting naguère si modéré à l’égard de la Russie, écrivit alors que les déclarations de Markov constituaient une véritable provocation et que Seyn faisait le jeu de l’empire allemand. "Nous autres Suédois, dit-il, nous ne pouvons, dans notre intérêt comme dans celui des Finlandais, qu’exprimer le voeu ardent que l’inévitable abaissement de la bureaucratie russe, jusqu’ici toute puissante, se produise rapidement avant que ces provocations n’aient causé des événements redoutables"126. Apparemment désavoué par les faits, Branting persista cependant à estimer que le salut de la Finlande viendrait de la victoire des démocraties de l’Entente127.

    20Ainsi, dans l’été 1915, la doctrine de Branting concernant les relations de la Suède avec l’Angleterre et la Russie s’était-elle précisée. Recherche d’un modus vivendi commercial avec Londres qui, tout en préservant les intérêts suédois, tint compte de ce que la conduite de la guerre imposait à l’Angleterre. Recherche d’une solution constitutionnelle pour la Finlande propre à prévenir le rassemblement insurrectionnel et, avec lui, l’intervention militaire de l’Allemagne et de la Suède. Aucun de ces soucis ne différaient essentiellement des objectifs de Wallenberg. Mais le premier n’était pas celui de Hammarskjöld, le second se heurtait au complot activiste. Or, en septembre, il devint patent que des membres du Parti social-démocrate suédois militaient dans le mouvement activiste et que certains avaient participé à la rédaction du "Krigsbok". Branting engagea contre eux un combat sans compromis.

    L’exclusion de l’aile activiste

    21Le 10 septembre 1915, la section de Stockholm du S.A.P. résolut de demander au Comité Directeur l’exclusion d’Otto Järte, d’Yngve Larsson et de Gustav Steffen, accusés, en effet, d’avoir participé à la rédaction du "Krigsbok"128. Le même jour, Värner Rydén écrivait dans son journal de Malmö : "les activistes doivent être exclus"129. En fait, la rumeur d’une collaboration socialiste au Manifeste activiste de juin courait depuis plusieurs semaines à Stockholm130. Aussi bien la réunion du Comité Directeur, le 11 septembre, au cours de laquelle fut examinée la lettre de la section de Stockholm, ne constitua-t-elle pas une surprise. D’autant moins que, dans Stormklockan, Erik Hedén avait publié contre les activistes du Parti un article retentissant qui mettait également Palmstierna en cause131. Branting affirma d’emblée que le "Krigsbok" était contraire à la doctrine social-démocrate et au programme de paix de l’Internationale. On était loin, selon lui, d’un "débat académique" sur la politique étrangère de la Suède. En fait, "des camarades du Parit, dans une situation dangereuse et pour le pays et pour le Parti", s’étaient associés à "l’extrême-droite la plus belliqueuse pour plaider en faveur d’une guerre préventive contre la Russie132. La majorité du Comité Directeur semblait décidée à l’exclusion. Seuls Neumann, Palmstierna, Nils Persson et Åkerberg estimaient que la condamnation du livre suffisait, et qu’il n’y avait rien dans les statuts qui permît l’exclusion. Nils Persson reconnut que le livre plaidait pour un ralliement de la Suède à l’Allemagne, mais souligna qu’il n’y était pas dit qu’elle devait entreprendre une guerre. D’ailleurs "le livre avait été écrit pendant l’hvier quand les Russes étaient victorieux"133. Finalement, une résolution en trois points fut adoptée :

    1. Le Comité Directeur estimait que la propagande activiste était dangereuse pour la sécurité du pays et en claire contradiction avec les principes de la social-démocratie.
    2. Il considérait la collaboration à cette propagande belliqueuse incompatible avec l’appartenance du Parti.
    3. Il était prêt à en tirer les conséquences par des mesures visant à se séparer des membres qui participaient à cette propagande. Ce troisième point ne fut adopté que par 16 voix contre 5 (Neumann, Lindqvist, Palmstierna, Nils Persson, Åkerberg).

    22Paradoxalement, ce fut Fabian Månsson qui vint soutenir sans réserve le Président du Parti : beaucoup de Suédois étaient, selon lui, inquiets de la rupture des négociations commerciales avec l’Angleterre et approuvaient les attaques de Branting contre les négociateurs suédois. "Même s’il avait contre lui une partie des cadres supérieurs du Parti, Branting avait les masses avec lui"134. Paradoxalement aussi les critiques les plus acerbes vinrent d’Erik Palmstierna qui lui reprocha son refus de participer à toute sérieuse initiative de paix135 par souci de voir d’abord l’Allemagne battue, son ralliement aux thèses de l’Entente, ses attaques contre les négociateurs suédois après la rupture des négociations commerciales, et l’orientation ouvertement ententophile du "Socialdemokraten". Ce glissement de situation, bien noté par Palmstierna136, est en effet assez remarquable car jusqu’alors la force de Branting avait grandement reposé sur son influence sur l’appareil du Parti, alors que la plus forte opposition contre lui s’était manifestée lors des congrès où, bien des fois, il n’avait pu maintenir son autorité qu’au prix de subtils compromis137. Le 25 octobre 1915 le Comité Directeur reçut des trois accusés les réponses à ses demandes d’explications : le ton en était donné par celle d’Yngve Larsson dénonçant : "la démagogique dénonciation sur laquelle se fondait la demande de son exclusion" et un procédé qui aboutissait à une "intolérable tyrannie d’opinions sur chacun"138. Branting prononça alors un violent réquisitoire contre Jfrte, Larsson et Steffen139, et leur exclusion était votée par 17 voix contre 4 (Neumann, Palmstierna, Nils Persson et Åkerberg)140.

    23Quelles conclusions tirer de cette crise ? On est d’abord un peu surpris des découvrir un Branting intransigeant, implacable, insolite, grand inquisiteur conduisant personnellement le procès des activistes141, soutenu par les éléments les plus radicaux du Comité Directeur. Cette attitude ne peut se comprendre, sans doute, que si l’on mesure la prise de conscience du danger activiste par Branting depuis son retour de l’Europe en guerre. Elle doit être aussi éclairée par les modifications de la carte de la guerre sur le front germano-russe, à l’heure de l’offensive victorieuse des armées allemandes vers Riga et Pétrograd142. Branting, naguère encore si volontiers temporisateur, a certainement senti que les événements précipitaient le risque de guerre et qu’il fallait immédiatement déjouer le complot activiste et, pour cela, commencer par épurer les propres rangs de la Social-démocratie. Sur son aile gauche d’ailleurs on souhaitait aller encore plus loin. Ce même 25 octobre 1915, jour de l’exclusion des activistes, Branting dut faire face à une nouvelle offensive du groupe nihiliste. Au nom de la S.S.U., Z. Höglund demanda la réunion d’un congrès ouvrier suédois, éventuellement élargi à un "Riksdag populaire" (Folkriksdag)143, pour combattre dans le pays la propagande activiste. Höglund proposait de s’opposer à l’entrée en guerre de la Suède par l’insoumission et par la grève générale. Les dirigeants du Parti, cependant, s’ils étaient disposés à discuter de plans propres à préserver la neutralité suédoise, se refusaient à s’engager dans d’aventureuses actions extra-parlementaires et estimaient que les projets de la tendance Höglund ne pouvaient que discréditer le Parti144. D’autre part, depuis les conflits du printemps qui avaient entraîné l’adoption des mesures disciplinaires de mars, Z. Höglund et la S.S.U., loin de rentrer dans l’orthodoxie du Parti étaient venus ajouter à l’indiscipline de leur comportement parlementaire l’indiscipline de leur comportement international145.

    Branting, Höglund et Zimmerwald

    24La conférence de Zimmerwald (5-8 septembre 1915) a fait l’objet de nombreux travaux146. Aussi bien ne s’agit-il ici que d’apprécier le rôle de cette conférence dans l’évolution interne du S.A.P. à l’heure de la guerre. Parmi les 42 participants de la conférance, il y eût 2 Suédois, Zetha Höglund et Ture Nerman, qui firent le voyage suisse en qualité de "représentants des fédérations de jeunesses suédoise et norvégienne"147. Ture Nerman a raconté148 comment Z. Höglund et lui avaient reçu pour la conférence une "convocation très confidentielle", et comment ils avaient obtenu des passeports "pour des études en Suisse". Dès leur arrivée à Berne, Höglund et Nerman s’étaient réunis avec Lénine, Zinoviev, Radek, Bersine, le Suisse Platten et quelques autres, et accordés sur une "attitude radicale commune149. On sait comment la conférence s’unit finalement sur un texte de compromis, le "Manifeste de Zimmerman". Mais Höglund et Nerman signèrent avec Lénine, Zinoviev et Radek la déclaration de la Gauche zimmerval-dienne : "nous acceptons le Manifeste parce que nous le concevons comme un appel à la lutte et que dans cette lutte, nous voulons marcher la main dans la main avec les autres groupes de l’Internationale", y déclaraient les signataires de la minorité, mais "le Manifeste accepté ne nous satisfait pas complètement"150. Il est certain que Höglund et Nerman, qui s’étaient totalement ralliés à Lénine, ne manquèrent pas d’être déçus par le Manifeste : malgré de vigoureuses protestations contre la guerre "le Centre avait encore vaincu à Zimmervald" et la conférence "n’avait donné aucun mot d’ordre révolutionnaire"151. Au nom des fédérations des jeunesses social-démocrates suédoise et norvégienne, Höglund et Nerman promirent alors à la gauche Zimmervaldienne créée par Lénine à l’issue de la conférence une aide financière152 égale à celle qu’allait recevoir la Commission socialiste internationale qui s’installa à Berne153. Le 20 septembre le "Socialdemokraten", se faisant l’écho des compte-rendus que le "Berner Tagwacht" avait commencé à publier, démentit avec véhémence que le S.A.P. eût envoyé des représentants officiels à la conférence de Zimmervald. Puis, deux jours après, c’est Branting lui-même qui publia un grand article intitulé "L’Internationale des Groupes d’opposition". Il y affirmait que son Parti n’avait rien de commun avec cette réunion des éléments "les plus extrémistes" du Socialisme européen. Il s’éleva avec indignation contre la tentative de la "Commission de Berne"154 de supplanter le B.S.I., et s’attaqua surtout à l’objectif que, selon lui, s’était assigné la conférence de Zimmervald : la transformation de la guerre internationale en guerre civile. Là se trouvait l’opposition fondamentale que Branting résuma ainsi : "il y a un fossé entre ceux qui veulent renoncer aux exigences évidentes de la Défense nationale au nom de la lutte des classes et ceux qui, en accord avec tous les congrès internationaux, reconnaissent aux nations le droit et le devoir de légitime défense contre l’agression155. Cette dernière attitude n’était-elle pas celle des principaux partis socialistes occidentaux ? Comme le déclara Branting une semaine plus tard devant les jeunes socialistes de Stockholm : "les Social-démocraties organisées sont nationalistes ! On le voit clairement en Grande-Bretagne où tant de volontaires se recrutent parmi des travailleurs"156. Pour comprendre cette attitude il fallait, selon lui, poser la question des responsabilités directes dans le déclenchement de la guerre, ce que la conférence de Zimmerwald n’avait pas véritablement fait Au contraire, on y avait condamné, sans distinction "les peuples qui défendaient leur existence et leur avenir contre les agresseurs, et les gouvernements dont la politique de provocation avait allumé l’incendie".

    25Branting reçut immédiatement le soutien du parti social-démocrate danois qui, dès le mois d’octobre, adressa aux Comités Directeurs des autres partis socialistes une circulaire s’élevant contre la "soi-disant Commission Internationale" et réaffirmant que les différends devaient être réglés par les partis nationaux, puis par l’organisation internationale régulièrement constituée, et non par des conférences convoquées au hasard ou par des commissions élues occasionnellement et dépourvues de responsabilités157. Son Président, Th. Stauning, avait d’ailleurs écrit à Robert Grimm le 15 octobre 1915 pour protester "contre le fait que des individus qui ne représentent pas leurs partis jouent aux leaders de l’internationale socialiste"158. Pourtant, les Zimmervaldiens de la S.S.U. contestaient qu’ils fussent une minorité. Z. Höglund faisait observer qu’à Zimmervald sept partis officiels avaient été représentés : les partis italien, suisse, russe, anglais (I.L.P.), polonais, roumain et bulgare. L’attitude de Branting et de Stauning n’avait donc, au fond, que le soutien des partis allemand, français, hollandais et Scandinaves. C’était donc ces derniers qui formaient la véritable "Internationale des Groupes d’opposition", ironisait-il159 ; Höglund reprochait surtout à Branting d’avoir, dans son article du 22 septembre, manifesté un "point de vue francophile unilatéral". La distinction qu’il avait cherché à établir entre "les peuples" qui défendaient leur existence et les "gouvernements" qui avaient allumé l’incendie était factice. Pour Höglund la responsabilité des empires centraux dans les origines immédiates de la guerre était certes incontestable mais Branting s’en tenait là, au lieu de comprendre que c’était la politique menée depuis des années par la plupart des États pour des intérêts capitalistes et impérialistes "qui avait amené la situation d’où était sortie la guerre”. Z. Höglund admettait que la France ne voulait pas la guerre en août 1914, mais n’était-ce pas seulement parce qu’elle n’avait pas encore mis en oeuvre le service militaire de 3 ans, tout comme la Russie parce qu’elle n’avait pas encore réalisé son plan naval ?160. Du "social-patriotisme" de Branting à la volonté de Höglund de perpétuer la lutte des classes en temps de guerre internationale, fût-ce au prix de la guerre civile, la distance semblait désormais trop grande pour pouvoir être comblée. La S.S.U., cependant, le jour même où les activistes étaient exclus du S.A.P., offrit au Comité Directeur d’appeler un congrès ouvrier, éventuellement élargi à un Riksdag populaire (Folkriksdag), dans le but d’organiser la pression la plus forte possible en faveur du maintien de la Suède dans la paix. Bernhard Eriksson fit décider161 une réunion commune entre la Commission Exécutive du S.A.P., le secrétariat de la L.C. et le Comité Directeur de la S.S.U. Cette réunion eut lieu en novembre162, mais sa décision principale fut de prévoir qu’on convoquerait les trois organes présents et le groupe parlementaire "en cas de danger menaçant". C’était un échec certain pour Höglund et pour la S.S.U. L’agitation extra-parlementaire, et surtout la tenue d’un Riksdag parallèle, s’affirmant comme un Parlement réel à côté du Parlement légal étaient-elles vraiment nécessaires dès lors que les responsables du Parti conservaient leur confiance dans la politique étrangère de Wallenberg à un moment où, d’ailleurs, la grande offensive allemande dans les pays baltes se ralentissait. On doit constater que la participation de Z. Höglund à la conférence de Zimmervald a marqué un point de non-retour dans les relations entre le Président de la S.S.U. et le Président du S.A.P. Höglund se comportait ouvertement en chef de tendance, sinon de parti. On ne peut manquer de penser, avec R. Edenman163 qu’outre la signification idéologique du conflit en était entré dans une phase ouverte de la lutte pour la sucession aux postes de commandement de la Social-démocratie suédoise. Les années de guerre furent, en effet, celles où s’amorça un changement de générations dans les cadres dirigeants du S.A.P. La génération des fondateurs, celle de Branting, (né en 1860), d’Herman Lindqvist (1862), et de Fredrik Thorsson (1865) devait désormais sérieusement compter avec une deuxième génération de vingt ans plus jeune. Cette dernière génération "postérieure à la grève générale de 1909" était celle de F. Ström (né en 1880), de Z. Höglund (1884), de P.A. Hansson (1885) et de T. Nerman (1886). Malheureusement pour Z. Höglund cette "deuxième génération" ne fut pas unanime dans sa méthode de conquête d’une "place au soleil". Le groupe P.A. Hansson-G. Möller déserta la ligne radicale de Höglund et s’efforça de recueillir la succession des anciens du Parti au fur et à mesure que les places devenaient libres, et par accord avec eux. Au contraire, Z. Höglund et les chefs de la S.S.U. voulaient, par une révolution de palais, précicipiter l’héritage. Pour ce faire ils choisirent la lutte ouverte contre Branting dont ils dénonçaient les contradictions, la partialité à l’égard des belligérants, la faiblesse à l’égard du gouvernement, l’abandon progressif du principe de la lutte des classes. Un nouvelle occasion leur fut offerte quand, en décembre 1915,20 députés de la S . P.D. votèrent au Reichstag contre les crédits militaires. Mais Branting se contenta de noter avec satisfaction cette manifestation en faveur de la paix164 alors que c’était "le premier effet de la conférence de Zimmervald"165 qu’il venait précisément de critiquer.

    Notes de bas de page

    1 Cf. Supra p. 103.

    2 Selon f. Ström (op. cit., p. 64), les Socialistes allemands et russes avaient au Congrès des représentants officieux, qui cependant ne participèrent ni aux débats ni aux décisions.

    3 On remarquera aussi l’absence des délégués belges. Peu après le parti ouvrier belge protesta contre les organisateurs du Congrès qui n’avaient pas " jugé nécessaire ni d’en informer la section belge, ni de l’inviter". (L’humanité, 25.1.1915).

    4 Olga Hess Gankin et H.H. Fischer. The Bolcheviks and the World War. The origins of the third international. Stanford 1940. Lénine à Schliapnikov, 3 janvier 1915.

    5 Socialdemokratiska Partistyrelsens berättelse åver¨år 1915, Göteborg, 1916, p. 135.

    6 Les Socialistes français ne reprirent pas à leur compte les accusations portées par "Le Temps" (cf. Supra p. 104). Longuet, dans l’"Humanité" du 17 janvier 1915, se refusa à voir dans le congrès une "manoeuvre allemande".

    7 Arbitrage obligatoire entre les nations, réduction des armements en vue d’aboutir au désarmement général, renonciation à la diplomatie secrète, responsabilité des parlements en matière de politique étrangère, reconnaissance du libre arbitre des peuples.

    8 .."j’avais compté que le premier mot de ces Socialistes de 4 petits pays serait pour faire entendre une protestation véhémente contre ceux qui ont voulu étrangler la Serbie et qui ont violenté abominablement la Belgique…! Une protestation, ils en ont bien fait une, unanime même. Je vous le donne en mille... une protestation contre l’arrestation de 5 députés à la Douma russe qui s’étaient réunis pour rédiger un rapport destiné à la Conférence de Copenhague" ! ("La guerre sociale", 20.1.1915).

    9 Paris, A.E., Guerre 1914-1918. Bapst, ambassadeur à Copenhague à A.E., 21.1.1915… "La Conférence a en outre blâmé la violation du Droit international commise contre la Belgique".

    10 André Waltz (1866-1935), universitaire et spécialiste des questions Scandinaves, Waltz était membre du Parti socialiste S.F.I.O. ; il avait même été candidat malheureux aux Législatives de 1914. Familier de Branting depuis quelques années, Waltz fut au printemps de 1915 chargé d’organiser l’information et la propagande française en Suède. En 1916, dans un rapport à Joffre, l’attaché militaire français, le Commandant Thomas écrivait : ..."jusqu’en mars 1915 la France n’a fait aucune propagande en Suède. Vers cette époque fut envoyée la brochure Bédier, suivie des brochures Lavisse, et le Ministre des Affaires Étrangères chargea André Waltz, professeur de l’Université, connaisseur des choses Scandinaves, d’organiser la propagande. De Paris, M. Waltz fournit des renseignements, des interviews etc… aux correspondants parisiens des journaux suédois et envoya des télégrammes à une très modeste agence d’information que les légations de France et d’Angleterre venaient de créer à Stockholm. En août 1915, M. Waltz fut envoyé en mission à Stockholm". (Paris, Archives de la Guerre. Thomas à Joffre, 1.5.1915). Dans les papiers du Premier Ministre suédois Hammarskjöld on trouve cette note des services secrets suédois "le sujet français, professeur et collaborateur du "Matin", André Waltz, né le 10.5.1886 à Bordeaux, s’est installé au Strand Hotel le 8.8.1915. Il est parti de son hôtel à plusieurs reprises, a pris le train il y a 6 jours pour Kristiania. Revenu le 5.9.1915. Le rédacteur Branting et des collaborateurs du "Dagens Nyheter" lui ont rendu visite à plusieurs reprises". (Stockholm, K.B. Hjahnar Hammarskjölds Samling, Underrättelsetjänst, 6.9.1915). Considéré en Suède comme un "agent du Quai d’Orsay", Waltz fut, en fait, souvent, le jouet des rivalités entre le Ministre des Affaires Étrangères et le Comité de Propagande Française à l’Etranger de la Commission des Affaires Extérieures de la Chambre des Députés, présidé par Georges Leygues. Ce dernier déclara à l’automne 1915 "nos agents ont été traités avec défiance et pas toujours avec courtoisie. On a fait ce qu’on a pu pour les décourager. M. Waltz, qui nous représente en Suède, n’a jamais obtenu du Quai d’Orsay, même dans les moments les plus critiques, une réponse à ses dépêches ou à ses lettres". (Paris A.N.C. 174-90, Commission des Affaires Extérieures de la Chambre des Députés, 17.11.1915).

    11 Stockholm, A.R.A., Brantingssamling, Waltz à Branting, 21.1.1915. Les textes complets des résolutions parurent dans "l’Humanité" du 1er février 1915. Cf. aussi Omer Boulanger "l’Internationale socialiste a vécu"". Paris, 1915, pp. 108-114.

    12 Déclaration de Morgari devant le Comité Directeur du Parti socialiste suisse le 18.2.1915 (cf. J. Humbert-Droz, op. cit., 103).

    13 Ce dernier avait été transféré à La Haye en décembre 1914, et le Comité Exécutif s’était renforcé de la délégation hollandaise. "Nous nous sommes adjoints la délégation hollandaise" écrivit Huysmans à Branting le 6.12.1914. (Stockholm, A.R.A., Brantingssamling).

    14 J. Humbert-Droz, op. cit., p. 108.

    15 Socialdemokraten, 1.4.1915.

    16 La Commission Administrative Permanente du Parti socialiste français, réunie le 12 avril, avait rappelé qu’une convocation du B.S.I., sans consultation préalable des sections intéressées et sans leur acceptation, seraient sans valeur, puisque faite en violation du règlement qui prévoit qu’aucune réunion ne peut avoir lieu sans l’assentiment formel de toutes les sections appelées par avance à se prononcer. (Lettre de Dubreuilh, secrétaire de la S.F.I.O. au Parti socialiste suisse le 15 avril 1915, in J. Humbert-Droz, op. cit., pp. 112-113).

    17 R. Grimm. Principal animateur de l’aile gauche du Parti socialiste suisse put déclarer devant le Comité Central de son Parti, le 22 mai : "Le Bureau Socialiste International est aujourd’hui l’otage des Français" (J. Humbert-Droz, op. cit., pp. 117).

    18 Fritz Platen à Camille Huysmans, 6 mars 1915, in J. Humbert-Droz, op. cit., p. 105.

    19 Stockholm, A.R.A. Brantingssamling, Stauning à Branting, 3.6.1915.

    20 La guerre sociale, 20.1.1915.

    21 Paris, A.E., Guerre 1914-1918, Socialisme, Bapst à Delcassé, 21.1.1915.

    22 F. Ström, op. cit., p. 42.

    23 Ce que Palmstierna appelle "le cercle intérieur" (den inre cirkeln).

    24 E. Palmstierna, op. cit., 14.1.1915.

    25 E. Palmstierna, ibid., 15.1.1915.

    26 Pour la Deuxième Chambre : Branting, Bernhard Eriksson ; Viktor Larsson, Herman Lindqvist, E. Palmstierna, Nils Persson, Vämer Rydén, Richard Sandler et Fredrik Thorsson. Pour la Première : A.C. Lindblad et Gustav Steffen.

    27 Höglund et Lindhagen obtinrent 8 et 14 voix, alors qu’à lui seul le groupe socialdémocrate de la Deuxième Chambre comprenait 86 députés. La seule modification fut l’éviction de Gustav Steffen remplacé par Olof Olsson. Steffen paya ainsi son ralliement de l’automne à la cause allemande (Stockholm, S.A.P., Socialdemokratiska Riksdagsgruppens protokoll, 15.1.1915). L’élimination des nihilistes se poursuivit lors de la désignation des membres sociaux-démocrates des commissions parlementaires. Stormklockan protesta le 30.1.1915 parce que à la Commission du Budget les trois Sociaux-démocrates étaient des "Scaniens", alors qu’il y avait "aucun représentant du Norrland". Il en avait été de même à la Commission de l’Agriculture, et à la Commission des Impôts, Fabian Månsson, député de Sollefteå, avait été pour la troisième fois évincé d’un siège ordinaire au profit de Christiernson. Ce conflit feutré mais intense entre Scaniens, pour la plupart majoritaires, et favorables à la défense, et Norrlandais, plus à gauche, souvent même radicaux et nihilistes, affleure par moments dans l’histoire du Parti et n’est pas sans rappeler, mutatis mutandis, le conflit entre producteurs et consommateurs dans la société suédoise de la guerre. Ce sont des conflits conflits qui ont laissé peu de trace mais qui ont, sans doute joué un rôle beaucoup plus important qu’on ne le pense.

    28 Arbetarbladet, 27.1.1915, E. Palmstierna, op. cit., 20.1.1915.

    29 Le groupe estima en raison des "conditions posées par le Congrès pour une collaboration de la gauche", on ne pouvait songer un seul instant à "refuser ou négliger la loi militaire de 1914". (Stockholm, S.A.P., Socialdemokratiska Riksdagsgruppensprotokoll, 20.1.1915). "Branting que, la veille, l’inquiétude avait privé de sommeil, dormit comme un enfant après que se fut révélée la faiblesse de l’aile gauche". (E. Palmstierna, op. cit., p. 92).

    30 Svenska Dagbladet, 24.1.1915.

    31 Dagens Nyheter, 24.1.1915.

    32 Stockholm, A.K., Protokoll, 23.1.1915. Z. Höglund, Minnen i fackelsken, pp. 139- 141.

    33 Första Huvudtitel, Hov och Slottsstaterna.

    34 Stockholm, S.A.P., Riksdagsgruppensprotokoll, 11.2.1915.

    35 Stockholm, S.A.P., Riksdagsgruppensprotokoll, 26.2.1915.

    36 Fjärde Huvudtiteln. (Budget de l’année de terre).

    37 Stockholm, A.K., 27.2.1915.

    38 Stormklockan, 6 mars 1915. Cf aussi R. Edenman, op. cit., pp. 203-209.

    39 Le vote eût lieu à bulletins secrets.

    40 Socialdemokraten, 1.3.1915.

    41 Parmi eux, les principaux animateurs du courant radical, en particulier Hage, Lindhagen, Vennerström et Winberg, mais aussi certains députés "qui n’appartenaient pas vraiment à la gauche du Parti, comme Josef Eriksson, August Johansson (de Trollhättan) et Oskar Stenudd (Z. Höglund, Minnen i Fackelsken… pp. 141-142.

    42 Arbetet, 2.3.1915.

    43 En admettant que les 41 opposants fussent en très grande majorité, sinon en totalité, des députés du S.A.P., dont le groupe comprenait 87 élus.

    44 Socialdemokraten, 1.3.1915.

    45 Per Albin Hansson, Skiljas eller hålla samman ? Ett svar på Z. Höglund och Fredrik Ströms inlägg i den socialdemokratiska inbördes debatten, Stockholm, 1916, p. 8.

    46 Dagens Nyheter, 28.2.1915.

    47 Stockholm, S.A.P. Riksdagsgruppensprotokoll, 9.3.1915.

    48 Branting lui-même respecta-t-il toujours les décisions des congrès ? Ne vota-t-il pas les crédits destinés aux sociétés de tir, ce qui était incompatible avec la résolution Weidenhayn de 1908, encore renconduite en novembre 1914 ? Ainsi "il viola les décisions des trois derniers congrès" (Z. Höglund, Minnen… pp. 139-140). Comme le fit remarquer le Dagens Nyheter, les membres sociaux-démocrates de la Commission du Budget avaient adopté les propositions gouvernementales qui représentaient pourtant l’application de la loi militaire adoptée, contre eux, en septembre 1914. Et le journal libéral de conclure : "il est difficile d’admirer un anti-militarisme qui, dans la pratique, soutient ce qu’il a condamné". Pendant tout le printemps "Stormklockan" ne cessa de dénoncer l’attitude du "groupe Branting" lors des débats en février sur le budget de la défense, et publia les protestations d’un certain nombre de sections du Parti, telles celles de Hällestad, Söderköping, Råneå, Oxelösund, Söderhamn, Kiruna, Sävsjö, Kungsör, Ömsköldsvik (Stormklockan, 20.3., 27.3., 10.4., 17.4.1915).

    49 Z. Höglund, Minnen... p. 143.

    50 Norrskensflamman, 5.3.1915.

    51 C’est ce que Värner Rydén déclara à Fredrik Ström : "nous devons prendre bientôt les rênes du gouvernement et voilà Z. (Höglund) qui vient agiter la menace de la révolution ! Il fait peur au roi !! (F. Ström, op. cit., p. 58).

    52 R. Edenman, op. cit., p. 205.

    53 En particulier quand le Congrès décida le maintien des résolutions Weidenhayn de 1908 et Vennerström de 1911.

    54 F. Ström, op. cit., p. 58.

    55 E. Palmstierna, op. cit., p. 96.

    56 Z. Höglund : Är enighet möjlig inom den svenska social-demokratin ? Svar pd en norsk appell. Stockholm 1915, p. 8.

    57 "Den springande punkten”. Ibid. p. 9.

    58 Z. Höglund, "Är enighet… p. 12. Le projet de Budget présenté en janvier au Riksdag donnait au budget militaire ordinaire 97 millions de couronnes, dont 62 886 000 pour l’Armée de terre et 34 390 000 pour la Marine (cf. Stormklockan, 23.1.1915). Finalement, le budget militaire adopté en mai devait légèrement dépasser 104 millions de couronnes. (Cf. supra p. 329).

    59 Per Albin Hansson : "Skiljas eller hålla samman…? pp. 11-16.

    60 Socialdemokraten, 1.3.1915.

    61 Stockholm, S.A.P., Förtroenderådetsprotokoll, 4, 9 et 19 mars 1915. Riksdagsgruppensprotokoll, 9, 19 et 22 mars 1915.

    62 Il y eût de plus l’abstention de 4 députés (J.H. Eriksson, K. Lundberg et P. Tysk) considérés comme appartenant à la Gauche.

    63 R. Edenman (op. cit., pp. 211-222 et 216-240) a cherché lequel des deux chiffres (9 ou 23) représentait la véritable force de l’opposition de Gauche, tout en faisant remarquer que par rapport au vote du 27 février "elle s’était désavouée".

    64 E. Palmstierna, op. cit., p. 100.

    65 Stormklockan, 3.4.1915.

    66 Dans les semaines qui suivirent de nombreuses sections protestèrent contre nouvelles mesures disciplinaires. Ce fut le cas notamment de Sundsvall, Linköping, Göteborg, Gällivare, Luleå Grängesberg et Norrköping (cf. Stormklockan, 24.4., 1.5., 8.5.1915).

    67 Notamment lors du Congrès de 1911 (cf. Protokoll från S veriges Socialdemokratiska Arbetarepartis åttonde Kongress, 1911, p. 123).

    68 Cf. supra p. 146.

    69 Z. Höglund, Minnen i fackelsken... p. 151.

    70 Palmstierna et Rydén, surtout.

    71 Stockholm, S.A.P., Socialdemokratiska Riksdagsgruppensprotokoll, 15.1.1915.

    72 E. Palmstierna, op. cit., 22.2.1915.

    73 Stockholm, A.R.A., Wilhelm Janssons samling, A.C. Lindblad à Jansson, 13.2.1915.

    74 Z. Höglund, Är enighet möjligt inom den svenska socialdemokratin… p. 8.

    75 "Nous souhaitons leur défaite à tous et la victoire d’une seule puissance : le socialisme". Z. Höglund, År enighet möjligt… p. 9.

    76 F. Ström, op. cit., p. 66.

    77 Socialdemokraten, 4.1.1915.

    78 Socialdemokraten, 6.4. et 4.5.1915.

    79 Socialdemokraten, 8.5.1915 "Den tyska krigsföringens förvildning".

    80 Et ce que démentait alors l’amirauté britannique.

    81 Socialdemokraten, 10.5.1915. "Den stora ojärning".

    82 Socialdemokraten, 21.6.1915.

    83 Cf. S. Grumbach, "L’Allemagne annexionniste, Paris, 1917, p. 370. Bernstein, Hasse et Kautsky dans leur Manifeste "sur les exigences de l’heure", allaient même jusqu’à remettre en cause la participation de la Social-démocratie allemande à l’union sacrée. Palmstierna note le 25 juillet 1915 "la social-démocratie allemande est menacée de scission. Un courant important, soutenu par les syndicats est favorable aux plans d’annexions, tandis qu’une phalange de gauche se montre plus en plus anti-militariste. En Wurtemberg la scission est déjà en cours" (op. cit., p. 115).

    84 Paris, A.E., Guerre 1914-1918, Pays Scandinaves, Thiébaut à Delcassé, 25.8.1915.

    85 F. Ström, op. cit., p. 97 "Branting reser till krigsländer".

    86 Socialdemokraten, 5.8.1915.

    87 D’après le témoignage du diplomate suédois N.F.C. Wikstrand qui séjourna à Paris au même moment (Stockholm, R.A., N.F.C. Wikstrands samling, Journalen, 11.7.1915). Les derniers entretiens sont confirmés par les notes journalières de Raymond Poincaré.

    88 Stockholm, R.A., Torvald Höjers samling. Erik Sjöstedt à Torvald Höjer, 19.7.1915.

    89 Branting estima à son retour avoir été "beaucoup trop fêté" à Paris (F. Ström, op. cit., p. 100).

    90 Paris, Archives de la Préfecture de Police, B/A.1535, 15.1.1915.

    91 Stockholm, S.A.P., Partistyrelsensprotokoll, 10.8.1915.

    92 Stockholm, R.A., U.D., 21. U.1., N.F.C. Wikstrand à Wallenberg, 15.7.1915.

    93 Article de Sjöstedt dans le "Figaro" du 23.6.1915 ; article de Waltz dans le "Progrès"du 6.7.1915.

    94 Stockholm, R.A., U.D., 21. U.1, Gyldenstolpe à Wallenberg, 11.6.1915, R.A., 21. U. 25 VI E. Sjöstedt à T. Höjer, 5.7.1915.

    95 Le "Petit Journal", 15.7.1915.

    96 Paris, B.N., N.A.F., 16 030, Notes journalières de R. Poincaré, T. XXXIX.

    97 E. Palmstierna, op. cit., p. 113.

    98 Branting donna dès son arrivée une interview au Daily News (le 24.7.1915) où il expliqua la politique de neutralité de la Suède. Cf. Socialdemokraten, 31.7.1915.

    99 Stockholm, A.R.A., Brantings samling. Sammanträffandet mellan Hjalmar Branting et Sir Edward Grey, 27.7.1915.

    100 Grey télégraphia peu après à Buchanan " je viens d’avoir d’amicales conversations avec des Suédois et entre autres avec des leaders politiques qui sont les plus fermes défenseurs de la politique de neutralité. Ils ont insisté sur le fait qu’il faudrait que la Russie traite la Finlande avec bienveillance". Il observait ensuite la difficulté qu’il y avait à intervenir car la Russie pouvait objecter "le gouvernement et la constitution des colonies britanniques". Ce télégramme fut déchiffré par les Russes. (Die Internationale Beziehungen… II, 8.2., 6.8.1915).

    101 Åke Lilliestam, Gustaf Siösteens, Dagboksanteckningar 1915 rörande den svenska aktivismen, Historisk Tidskrift, 1959, p. 311. Branting rendi aussi visite, le 3.7.1915 à Edvard David qui essaya de lui montrer "l’ampleur du danger qui menaçait l’Allemagne et la famille germanique". (E. David, Dos Krigstagebuch des Reichstagsabgeordneten Edvard David 1914 bis 1918, Düsseldorf, 1966.

    102 F. Ström, op. cit., p. 99.

    103 H. Gummerus, op. cit., p. 103.

    104 Hans Delbrück (1848-1929), historien et député libéral au Reichstag.

    105 E. Palmstierna, op. cit., p. 122.

    106 E. Palmstierna, op. cit., p. 116.

    107 Paris, A.E., Guerre 1914-1918, Suède, vol. 618, A.E. à Thiébaut, 21.7.1915. "Branting est parti aujourd’hui pour Londres très profondément impressionné par ce qu’il a vu en France".

    108 Stockholm, S.A.P., Partistyrelsensprotokoll, 10.8.1915.

    109 "Je trouvais Branting bien changé. Il ne se souciait plus guère de neutralité. Il me déclara sans détours " je suis un politicien de l’Entente" " (E. Palmstierna, op. cit., pp. 118).

    110 Stockholm, A.R.A., Brantings samling, T. Adelswärd à H. Branting, 14.8.1915. Cette pétition avait déjà reçu en Norvège l’appui de l’ancien Premier Ministre Michelsen, de l’ancien Ministre des Affaires Étragnères, Lövland, et du Professeur Fritjof Nansen. En Suède l’appel avait été adressé, notamment, à des hommes politiques Libéraux et Conservateurs comme K. Staaf, K. Hildebrand, J. Widén, J. Hellner, à l’Archevêque Söderblom, aux professeurs Arrehenius et Montelius, à Selma Lagerlöf, Ellen Key et Emilia Broomé.

    111 E. Palmstierna, op. cit., p. 118.

    112 Socialdemokraten, 6.8.1915 "Warszawas fall".

    113 Stockholm, S.A.P., Partistyrelsensprotokoll, 11.9.1915.

    114 Palmstierna, (op. cit., p. 118) estime que "chez Poincaré et Delcassé il s’était comporté correctement, en bon Suédois".

    115 Les négociations commerciales anglo-suédoises s’étaient ouvertes à Stockholm le 2 juillet 1915.

    116 Quelques jours auparavant, en effet, Delcassé avait fait savoir à Thiébaut qu’il trouvait justifié un examen nouveau de la politique maritime suivie à l’égard de la Suède par l’Angleterre. Il s’agissait de prêter une attention spéciale à "l’irritation très vite causée tant par les mesures des Anglais contre le commerce d’outre-mer de la Suède que par la censure exercée en France et en Angleterre sur la correspondance des Suédois avec l’Amérique". (Paris, A.E., Guerre 1914-1918, Suède, vol. 619, Delcassé à Thiébaut, 24.6.1915).

    117 Stockholm, S.A.P., Partistyrelsensprotokoll, 10.8.1915.

    118 Socialdemokraten, 12.8.1915. Les points de vues étaient si éloignés que deux des négociateurs britanniques, Hambro et Cleminson, durent se rendre à Londres pour demander de nouvelles instructions à leur gouvernement. La négociation ne peut être renouée que le 7 octobre, pour être définitivement rompue le 29. (T. Gihl, op. cit., pp. 153-156).

    119 Après avoir, courant septembre, défendu le point de vue britannique en particulier dans son article publié par le Socialdemokraten du 27 septembre "En aktivist position sont måste uppgivas".

    120 E. Palmstierna, op. cit., p. 132.

    121 E. Palmstierna, op. cit., p. 118, 8.9.1915.

    122 Ainsi, Westermarck, Bonsdorff et Lille qui se rendirent à Stockholm en septembre et octobre 1915 (E. Palmstierna, op. cit., pp. 123, 131, 139).

    123 Z. Höglund, pour une fois d’accord avec Branting, estimait que la grande masse de la population ne se trouvait pas "derrière la petite clique d’activistes finlandais qui voulaient attirer la Suède dans une folle aventure". (Z. Höglund, Krig eller Fred. En vidräkning med den aktivistiska förbrytaragitationen, Stockholm, 1915, p. 7).

    124 Le compte-rendu des propos tenus par Branting ce jour-là se trouve dans le rapport adressé par Thiébaut à Delcassé le 25.8.1915 (Paris, A.E., Guerre 1914-1918, Suède, vol. 619).

    125 Socialdemokraten, 7.8.1915.

    126 Socialdemokraten, 9.9.1915.

    127 E. Palmstierna, op. cit., p. 140.

    128 Stockholm, A.R. A, Stockholms Arbetarekommunen, Styrelsen, Sammanträdesprotokoll, 10.9.1915. Socialdemokraten, 11.9.1915.

    129 Arbetet, 10.9.1915.

    130 E. Palmstierna, op. cit., 10.7.1915. Il notera un peu plus tard (ibid., 28.8.1915) "malheureusement Yngve Larsson vient de m’écrire que Järte et lui ont bien participé au livre".

    131 Stormklockan, 28.8.1915. Erik Palmstierna venait de déclarer dans une conférence qu’en raison du conflit commercial, une menace armée de la Suède contre l’Angleterre pourrait être nécessaire. Cf. Z. Höglund, Minnen… II, pp. 165-166.

    132 Stockholm, S.A.P., Partistyrelsensprotokoll, 11.9.1915.

    133 Ibid.

    134 Stockholm, S.A.P., Partisturelsensprotokoll, 11.9.1915.

    135 Notamment à la lettre-pétition à Wilson.

    136 "Qui aurait pu imaginer, il y a quelques mois, que Branting à la tête de la phalange de "Stormklockan" chasserait et frapperait ses plus fidèles amis !" (E. Palmstierna, op. cit., 12.9.1915, p. 123).

    137 Cf. Herbert Tingsten, op. cit., p. 172.

    138 Stockholm, S.A.P., Partistyrelsensprotokoll, 25.10.1915.

    139 Il n’y avait pas l’ombre d’une preuve contre l’auteur de "Krig och kultur". Branting reconnut que sa participation au Krigsbok était peu probable, mais affirma que la propagande menée par lui – d’une façon générale – en faveur de l’impérialisme allemand rendait son appartenance au Parti indésirable. (Z. Höglund, op. cit., p. 72. E. Palmstierna, op. cit., p. 137). Pouf une appréciation d’ensemble de la personnalité et du rôle de Gustav Steffen, voir la biographie monumentale d’Åke Lilliestam, Gustav Steffen Samhällsteoretiker och idepolitiker, Göteborg, 1980, p. 298.

    140 Au cours du débat, plusieurs orateurs, notamment Vennerström et Wickman, soulignèrent que si le Comité Directeur ne prononçait pas l’exclusion on demanderait de partout un Congrès extraordinaire. Nils Persson répliqua qu’il était "indigne du Parti de prendre en considération une telle menace". On peut toutefois se demander si cette menace n’a pas exercé une influence déterminante sur plusieurs votes.

    141 Ces "procès d’hérésie" furent même dénoncés dans certains milieux socialistes et libéraux comme, par exemple, l’Association "Laboremus" à Uppsala. (E. Palmstierna, op. cit., p. 126).

    142 En octobre 1915 la retraite russe laissait aux Allemands la Lithuanie jusqu’à Baranovitchi (l’ancien G.Q.G. du Grand-Duc Généralissime) et toute la Courlande jusqu’à la Dvina et jusqu’aux abords de Riga. C’est sous l’impression de ces faits, largement connus et commentés en Suède, qu’a été mené le procès des activistes socialistes. Pourtant il était déjà trop tard pour l’activisme. Arrêtée, occupée ailleurs, l’Allemagne n’ouvrit pas dans le Nord ce nouveau front si ardemment attendu par les activistes suédois et les patriotes finlandais. Dépitée d’appeler en vain la Suède à la défense du germanisme, l’Allemagne usait maintenant de la menace : la Russie se voyait offrir dans le Nord Scandinave des "compensations" propres à l’attirer vers une paix séparée (cf. E. Palmstierna, op. cit., p. 142). Cette paix séparée qui risquait de liver la Suède aux appétits du "tsarisme russe", confirmait naturellement Branting dans sa politique favorable à la Défense nationale.

    143 Cf. Supra, p. 22.

    144 Cf. H. Tingsten, op. cit., p. 174.

    145 En mai 1915, lors de sa réunion annuelle, le Comité Directeur dénonça l’action "scissionniste" (Söndersprängande) de la S.S.U. qui "simultanément avait la prétention de rester à l’intérieur du Parti". On rappela que lors de son congrès de décembre 1914, la S.S.U. n’avait pas adopté sans changements la résolution unitaire du congrès de novembre du S.A.P. portant que la S.S.U. devait être prête à "soutenir en toute occasion l’action du Parti en plein accord avec les déclarations prises par lui ou par ses fédérations". Cette formule avait été remplacée par la suivante : "en plein accord avec les déclarations prises par lui ou par ses fédérations". Cette formule avait été remplacée par la suivante : "en plein accord avec le programme du Parti et les principes du Socialisme". On rappela aussi que la S.S.U. avait menacé de présenter des listes séparées si le groupe parlementaire ne modifiait pas sa politique en plusieurs domaines. (Socialdemokratiska Partistyrelsens Berättelse för år 1915, Göteborg, 1916, pp. 7-8).

    146 En particulier Horst Lademacher, Die Zimmervalder Bewegung, La Haye, 1967. Le premier volume donne les procès-verbaux, le second la correspondance. On y trouve en particulier plusieurs lettres de Ture Nerman concernant Branting.

    147 Z. Höglund, Minnen i fackelsken.... p. 173. Ture Nerman, Allt var rött, Stockholm, 1950, pp. 165-166.

    148 Berner Tagwacht, 5.9.1935. Cf. J. Humbert-Droz, op. cit., p. 149. Nerman y déclare : "Lenine était pour nous le chef tout naturel".

    149 Ibid.

    150 Horst Lademacher, op. cit., pp. 153-154. J. Humbert-Droz, op. cit., p. 144.

    151 Berner Tagwacht, 5.9.1935.

    152 Gustav Johansson : Lenin och den nordiska arbetarrörelsen, Stockholm, 1970, p. 42.

    153 La C.S.I. devait publier son premier bulletin le 21 septembre 1915, le second le 27 décembre 1915.

    154 Composée du député italien O. Morgari, des députés suisses Robert Grimm et Charles Naine, et d’Angelica Balabanov comme "traductrice".

    155 Socialdemokraten, 22.9.1915.

    156 Stockholm, S.A., Kriminalavdelningen 224/5, Anteckningsbok ang. möten 1914- 1919.

    157 Le texte fut publié dans le bulletin n° 2 de la Commission Socialiste Internationale de Berne (27.12.1915).

    158 Amsterdam, I.I.S.G., Internationale socialistische 1914-1918, Groeperingen, Algemein Zimmervald, T. Stauning à R. Grimm, 15.10.1915.

    159 Stormklockan, 2.10.1915.

    160 Stormklockan, 16.10.1915.

    161 Stockholm, S.A.P., Partistyrelsens Protokoll, 25.10.1915.

    162 Le 4 novembre, Socialdemokratiska Partistyrelsens Berättelse för år 1915, Göteborg, 1916, p. 28.

    163 Ragna Edenman, op. cit., pp. 368-369.

    164 Socialdemokraten… Décembre 1915.

    165 Z. Höglund, Minnen i fackelsken.... II, p. 180.

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    1 Cf. Supra p. 103.

    2 Selon f. Ström (op. cit., p. 64), les Socialistes allemands et russes avaient au Congrès des représentants officieux, qui cependant ne participèrent ni aux débats ni aux décisions.

    3 On remarquera aussi l’absence des délégués belges. Peu après le parti ouvrier belge protesta contre les organisateurs du Congrès qui n’avaient pas " jugé nécessaire ni d’en informer la section belge, ni de l’inviter". (L’humanité, 25.1.1915).

    4 Olga Hess Gankin et H.H. Fischer. The Bolcheviks and the World War. The origins of the third international. Stanford 1940. Lénine à Schliapnikov, 3 janvier 1915.

    5 Socialdemokratiska Partistyrelsens berättelse åver¨år 1915, Göteborg, 1916, p. 135.

    6 Les Socialistes français ne reprirent pas à leur compte les accusations portées par "Le Temps" (cf. Supra p. 104). Longuet, dans l’"Humanité" du 17 janvier 1915, se refusa à voir dans le congrès une "manoeuvre allemande".

    7 Arbitrage obligatoire entre les nations, réduction des armements en vue d’aboutir au désarmement général, renonciation à la diplomatie secrète, responsabilité des parlements en matière de politique étrangère, reconnaissance du libre arbitre des peuples.

    8 .."j’avais compté que le premier mot de ces Socialistes de 4 petits pays serait pour faire entendre une protestation véhémente contre ceux qui ont voulu étrangler la Serbie et qui ont violenté abominablement la Belgique…! Une protestation, ils en ont bien fait une, unanime même. Je vous le donne en mille... une protestation contre l’arrestation de 5 députés à la Douma russe qui s’étaient réunis pour rédiger un rapport destiné à la Conférence de Copenhague" ! ("La guerre sociale", 20.1.1915).

    9 Paris, A.E., Guerre 1914-1918. Bapst, ambassadeur à Copenhague à A.E., 21.1.1915… "La Conférence a en outre blâmé la violation du Droit international commise contre la Belgique".

    10 André Waltz (1866-1935), universitaire et spécialiste des questions Scandinaves, Waltz était membre du Parti socialiste S.F.I.O. ; il avait même été candidat malheureux aux Législatives de 1914. Familier de Branting depuis quelques années, Waltz fut au printemps de 1915 chargé d’organiser l’information et la propagande française en Suède. En 1916, dans un rapport à Joffre, l’attaché militaire français, le Commandant Thomas écrivait : ..."jusqu’en mars 1915 la France n’a fait aucune propagande en Suède. Vers cette époque fut envoyée la brochure Bédier, suivie des brochures Lavisse, et le Ministre des Affaires Étrangères chargea André Waltz, professeur de l’Université, connaisseur des choses Scandinaves, d’organiser la propagande. De Paris, M. Waltz fournit des renseignements, des interviews etc… aux correspondants parisiens des journaux suédois et envoya des télégrammes à une très modeste agence d’information que les légations de France et d’Angleterre venaient de créer à Stockholm. En août 1915, M. Waltz fut envoyé en mission à Stockholm". (Paris, Archives de la Guerre. Thomas à Joffre, 1.5.1915). Dans les papiers du Premier Ministre suédois Hammarskjöld on trouve cette note des services secrets suédois "le sujet français, professeur et collaborateur du "Matin", André Waltz, né le 10.5.1886 à Bordeaux, s’est installé au Strand Hotel le 8.8.1915. Il est parti de son hôtel à plusieurs reprises, a pris le train il y a 6 jours pour Kristiania. Revenu le 5.9.1915. Le rédacteur Branting et des collaborateurs du "Dagens Nyheter" lui ont rendu visite à plusieurs reprises". (Stockholm, K.B. Hjahnar Hammarskjölds Samling, Underrättelsetjänst, 6.9.1915). Considéré en Suède comme un "agent du Quai d’Orsay", Waltz fut, en fait, souvent, le jouet des rivalités entre le Ministre des Affaires Étrangères et le Comité de Propagande Française à l’Etranger de la Commission des Affaires Extérieures de la Chambre des Députés, présidé par Georges Leygues. Ce dernier déclara à l’automne 1915 "nos agents ont été traités avec défiance et pas toujours avec courtoisie. On a fait ce qu’on a pu pour les décourager. M. Waltz, qui nous représente en Suède, n’a jamais obtenu du Quai d’Orsay, même dans les moments les plus critiques, une réponse à ses dépêches ou à ses lettres". (Paris A.N.C. 174-90, Commission des Affaires Extérieures de la Chambre des Députés, 17.11.1915).

    11 Stockholm, A.R.A., Brantingssamling, Waltz à Branting, 21.1.1915. Les textes complets des résolutions parurent dans "l’Humanité" du 1er février 1915. Cf. aussi Omer Boulanger "l’Internationale socialiste a vécu"". Paris, 1915, pp. 108-114.

    12 Déclaration de Morgari devant le Comité Directeur du Parti socialiste suisse le 18.2.1915 (cf. J. Humbert-Droz, op. cit., 103).

    13 Ce dernier avait été transféré à La Haye en décembre 1914, et le Comité Exécutif s’était renforcé de la délégation hollandaise. "Nous nous sommes adjoints la délégation hollandaise" écrivit Huysmans à Branting le 6.12.1914. (Stockholm, A.R.A., Brantingssamling).

    14 J. Humbert-Droz, op. cit., p. 108.

    15 Socialdemokraten, 1.4.1915.

    16 La Commission Administrative Permanente du Parti socialiste français, réunie le 12 avril, avait rappelé qu’une convocation du B.S.I., sans consultation préalable des sections intéressées et sans leur acceptation, seraient sans valeur, puisque faite en violation du règlement qui prévoit qu’aucune réunion ne peut avoir lieu sans l’assentiment formel de toutes les sections appelées par avance à se prononcer. (Lettre de Dubreuilh, secrétaire de la S.F.I.O. au Parti socialiste suisse le 15 avril 1915, in J. Humbert-Droz, op. cit., pp. 112-113).

    17 R. Grimm. Principal animateur de l’aile gauche du Parti socialiste suisse put déclarer devant le Comité Central de son Parti, le 22 mai : "Le Bureau Socialiste International est aujourd’hui l’otage des Français" (J. Humbert-Droz, op. cit., pp. 117).

    18 Fritz Platen à Camille Huysmans, 6 mars 1915, in J. Humbert-Droz, op. cit., p. 105.

    19 Stockholm, A.R.A. Brantingssamling, Stauning à Branting, 3.6.1915.

    20 La guerre sociale, 20.1.1915.

    21 Paris, A.E., Guerre 1914-1918, Socialisme, Bapst à Delcassé, 21.1.1915.

    22 F. Ström, op. cit., p. 42.

    23 Ce que Palmstierna appelle "le cercle intérieur" (den inre cirkeln).

    24 E. Palmstierna, op. cit., 14.1.1915.

    25 E. Palmstierna, ibid., 15.1.1915.

    26 Pour la Deuxième Chambre : Branting, Bernhard Eriksson ; Viktor Larsson, Herman Lindqvist, E. Palmstierna, Nils Persson, Vämer Rydén, Richard Sandler et Fredrik Thorsson. Pour la Première : A.C. Lindblad et Gustav Steffen.

    27 Höglund et Lindhagen obtinrent 8 et 14 voix, alors qu’à lui seul le groupe socialdémocrate de la Deuxième Chambre comprenait 86 députés. La seule modification fut l’éviction de Gustav Steffen remplacé par Olof Olsson. Steffen paya ainsi son ralliement de l’automne à la cause allemande (Stockholm, S.A.P., Socialdemokratiska Riksdagsgruppens protokoll, 15.1.1915). L’élimination des nihilistes se poursuivit lors de la désignation des membres sociaux-démocrates des commissions parlementaires. Stormklockan protesta le 30.1.1915 parce que à la Commission du Budget les trois Sociaux-démocrates étaient des "Scaniens", alors qu’il y avait "aucun représentant du Norrland". Il en avait été de même à la Commission de l’Agriculture, et à la Commission des Impôts, Fabian Månsson, député de Sollefteå, avait été pour la troisième fois évincé d’un siège ordinaire au profit de Christiernson. Ce conflit feutré mais intense entre Scaniens, pour la plupart majoritaires, et favorables à la défense, et Norrlandais, plus à gauche, souvent même radicaux et nihilistes, affleure par moments dans l’histoire du Parti et n’est pas sans rappeler, mutatis mutandis, le conflit entre producteurs et consommateurs dans la société suédoise de la guerre. Ce sont des conflits conflits qui ont laissé peu de trace mais qui ont, sans doute joué un rôle beaucoup plus important qu’on ne le pense.

    28 Arbetarbladet, 27.1.1915, E. Palmstierna, op. cit., 20.1.1915.

    29 Le groupe estima en raison des "conditions posées par le Congrès pour une collaboration de la gauche", on ne pouvait songer un seul instant à "refuser ou négliger la loi militaire de 1914". (Stockholm, S.A.P., Socialdemokratiska Riksdagsgruppensprotokoll, 20.1.1915). "Branting que, la veille, l’inquiétude avait privé de sommeil, dormit comme un enfant après que se fut révélée la faiblesse de l’aile gauche". (E. Palmstierna, op. cit., p. 92).

    30 Svenska Dagbladet, 24.1.1915.

    31 Dagens Nyheter, 24.1.1915.

    32 Stockholm, A.K., Protokoll, 23.1.1915. Z. Höglund, Minnen i fackelsken, pp. 139- 141.

    33 Första Huvudtitel, Hov och Slottsstaterna.

    34 Stockholm, S.A.P., Riksdagsgruppensprotokoll, 11.2.1915.

    35 Stockholm, S.A.P., Riksdagsgruppensprotokoll, 26.2.1915.

    36 Fjärde Huvudtiteln. (Budget de l’année de terre).

    37 Stockholm, A.K., 27.2.1915.

    38 Stormklockan, 6 mars 1915. Cf aussi R. Edenman, op. cit., pp. 203-209.

    39 Le vote eût lieu à bulletins secrets.

    40 Socialdemokraten, 1.3.1915.

    41 Parmi eux, les principaux animateurs du courant radical, en particulier Hage, Lindhagen, Vennerström et Winberg, mais aussi certains députés "qui n’appartenaient pas vraiment à la gauche du Parti, comme Josef Eriksson, August Johansson (de Trollhättan) et Oskar Stenudd (Z. Höglund, Minnen i Fackelsken… pp. 141-142.

    42 Arbetet, 2.3.1915.

    43 En admettant que les 41 opposants fussent en très grande majorité, sinon en totalité, des députés du S.A.P., dont le groupe comprenait 87 élus.

    44 Socialdemokraten, 1.3.1915.

    45 Per Albin Hansson, Skiljas eller hålla samman ? Ett svar på Z. Höglund och Fredrik Ströms inlägg i den socialdemokratiska inbördes debatten, Stockholm, 1916, p. 8.

    46 Dagens Nyheter, 28.2.1915.

    47 Stockholm, S.A.P. Riksdagsgruppensprotokoll, 9.3.1915.

    48 Branting lui-même respecta-t-il toujours les décisions des congrès ? Ne vota-t-il pas les crédits destinés aux sociétés de tir, ce qui était incompatible avec la résolution Weidenhayn de 1908, encore renconduite en novembre 1914 ? Ainsi "il viola les décisions des trois derniers congrès" (Z. Höglund, Minnen… pp. 139-140). Comme le fit remarquer le Dagens Nyheter, les membres sociaux-démocrates de la Commission du Budget avaient adopté les propositions gouvernementales qui représentaient pourtant l’application de la loi militaire adoptée, contre eux, en septembre 1914. Et le journal libéral de conclure : "il est difficile d’admirer un anti-militarisme qui, dans la pratique, soutient ce qu’il a condamné". Pendant tout le printemps "Stormklockan" ne cessa de dénoncer l’attitude du "groupe Branting" lors des débats en février sur le budget de la défense, et publia les protestations d’un certain nombre de sections du Parti, telles celles de Hällestad, Söderköping, Råneå, Oxelösund, Söderhamn, Kiruna, Sävsjö, Kungsör, Ömsköldsvik (Stormklockan, 20.3., 27.3., 10.4., 17.4.1915).

    49 Z. Höglund, Minnen... p. 143.

    50 Norrskensflamman, 5.3.1915.

    51 C’est ce que Värner Rydén déclara à Fredrik Ström : "nous devons prendre bientôt les rênes du gouvernement et voilà Z. (Höglund) qui vient agiter la menace de la révolution ! Il fait peur au roi !! (F. Ström, op. cit., p. 58).

    52 R. Edenman, op. cit., p. 205.

    53 En particulier quand le Congrès décida le maintien des résolutions Weidenhayn de 1908 et Vennerström de 1911.

    54 F. Ström, op. cit., p. 58.

    55 E. Palmstierna, op. cit., p. 96.

    56 Z. Höglund : Är enighet möjlig inom den svenska social-demokratin ? Svar pd en norsk appell. Stockholm 1915, p. 8.

    57 "Den springande punkten”. Ibid. p. 9.

    58 Z. Höglund, "Är enighet… p. 12. Le projet de Budget présenté en janvier au Riksdag donnait au budget militaire ordinaire 97 millions de couronnes, dont 62 886 000 pour l’Armée de terre et 34 390 000 pour la Marine (cf. Stormklockan, 23.1.1915). Finalement, le budget militaire adopté en mai devait légèrement dépasser 104 millions de couronnes. (Cf. supra p. 329).

    59 Per Albin Hansson : "Skiljas eller hålla samman…? pp. 11-16.

    60 Socialdemokraten, 1.3.1915.

    61 Stockholm, S.A.P., Förtroenderådetsprotokoll, 4, 9 et 19 mars 1915. Riksdagsgruppensprotokoll, 9, 19 et 22 mars 1915.

    62 Il y eût de plus l’abstention de 4 députés (J.H. Eriksson, K. Lundberg et P. Tysk) considérés comme appartenant à la Gauche.

    63 R. Edenman (op. cit., pp. 211-222 et 216-240) a cherché lequel des deux chiffres (9 ou 23) représentait la véritable force de l’opposition de Gauche, tout en faisant remarquer que par rapport au vote du 27 février "elle s’était désavouée".

    64 E. Palmstierna, op. cit., p. 100.

    65 Stormklockan, 3.4.1915.

    66 Dans les semaines qui suivirent de nombreuses sections protestèrent contre nouvelles mesures disciplinaires. Ce fut le cas notamment de Sundsvall, Linköping, Göteborg, Gällivare, Luleå Grängesberg et Norrköping (cf. Stormklockan, 24.4., 1.5., 8.5.1915).

    67 Notamment lors du Congrès de 1911 (cf. Protokoll från S veriges Socialdemokratiska Arbetarepartis åttonde Kongress, 1911, p. 123).

    68 Cf. supra p. 146.

    69 Z. Höglund, Minnen i fackelsken... p. 151.

    70 Palmstierna et Rydén, surtout.

    71 Stockholm, S.A.P., Socialdemokratiska Riksdagsgruppensprotokoll, 15.1.1915.

    72 E. Palmstierna, op. cit., 22.2.1915.

    73 Stockholm, A.R.A., Wilhelm Janssons samling, A.C. Lindblad à Jansson, 13.2.1915.

    74 Z. Höglund, Är enighet möjligt inom den svenska socialdemokratin… p. 8.

    75 "Nous souhaitons leur défaite à tous et la victoire d’une seule puissance : le socialisme". Z. Höglund, År enighet möjligt… p. 9.

    76 F. Ström, op. cit., p. 66.

    77 Socialdemokraten, 4.1.1915.

    78 Socialdemokraten, 6.4. et 4.5.1915.

    79 Socialdemokraten, 8.5.1915 "Den tyska krigsföringens förvildning".

    80 Et ce que démentait alors l’amirauté britannique.

    81 Socialdemokraten, 10.5.1915. "Den stora ojärning".

    82 Socialdemokraten, 21.6.1915.

    83 Cf. S. Grumbach, "L’Allemagne annexionniste, Paris, 1917, p. 370. Bernstein, Hasse et Kautsky dans leur Manifeste "sur les exigences de l’heure", allaient même jusqu’à remettre en cause la participation de la Social-démocratie allemande à l’union sacrée. Palmstierna note le 25 juillet 1915 "la social-démocratie allemande est menacée de scission. Un courant important, soutenu par les syndicats est favorable aux plans d’annexions, tandis qu’une phalange de gauche se montre plus en plus anti-militariste. En Wurtemberg la scission est déjà en cours" (op. cit., p. 115).

    84 Paris, A.E., Guerre 1914-1918, Pays Scandinaves, Thiébaut à Delcassé, 25.8.1915.

    85 F. Ström, op. cit., p. 97 "Branting reser till krigsländer".

    86 Socialdemokraten, 5.8.1915.

    87 D’après le témoignage du diplomate suédois N.F.C. Wikstrand qui séjourna à Paris au même moment (Stockholm, R.A., N.F.C. Wikstrands samling, Journalen, 11.7.1915). Les derniers entretiens sont confirmés par les notes journalières de Raymond Poincaré.

    88 Stockholm, R.A., Torvald Höjers samling. Erik Sjöstedt à Torvald Höjer, 19.7.1915.

    89 Branting estima à son retour avoir été "beaucoup trop fêté" à Paris (F. Ström, op. cit., p. 100).

    90 Paris, Archives de la Préfecture de Police, B/A.1535, 15.1.1915.

    91 Stockholm, S.A.P., Partistyrelsensprotokoll, 10.8.1915.

    92 Stockholm, R.A., U.D., 21. U.1., N.F.C. Wikstrand à Wallenberg, 15.7.1915.

    93 Article de Sjöstedt dans le "Figaro" du 23.6.1915 ; article de Waltz dans le "Progrès"du 6.7.1915.

    94 Stockholm, R.A., U.D., 21. U.1, Gyldenstolpe à Wallenberg, 11.6.1915, R.A., 21. U. 25 VI E. Sjöstedt à T. Höjer, 5.7.1915.

    95 Le "Petit Journal", 15.7.1915.

    96 Paris, B.N., N.A.F., 16 030, Notes journalières de R. Poincaré, T. XXXIX.

    97 E. Palmstierna, op. cit., p. 113.

    98 Branting donna dès son arrivée une interview au Daily News (le 24.7.1915) où il expliqua la politique de neutralité de la Suède. Cf. Socialdemokraten, 31.7.1915.

    99 Stockholm, A.R.A., Brantings samling. Sammanträffandet mellan Hjalmar Branting et Sir Edward Grey, 27.7.1915.

    100 Grey télégraphia peu après à Buchanan " je viens d’avoir d’amicales conversations avec des Suédois et entre autres avec des leaders politiques qui sont les plus fermes défenseurs de la politique de neutralité. Ils ont insisté sur le fait qu’il faudrait que la Russie traite la Finlande avec bienveillance". Il observait ensuite la difficulté qu’il y avait à intervenir car la Russie pouvait objecter "le gouvernement et la constitution des colonies britanniques". Ce télégramme fut déchiffré par les Russes. (Die Internationale Beziehungen… II, 8.2., 6.8.1915).

    101 Åke Lilliestam, Gustaf Siösteens, Dagboksanteckningar 1915 rörande den svenska aktivismen, Historisk Tidskrift, 1959, p. 311. Branting rendi aussi visite, le 3.7.1915 à Edvard David qui essaya de lui montrer "l’ampleur du danger qui menaçait l’Allemagne et la famille germanique". (E. David, Dos Krigstagebuch des Reichstagsabgeordneten Edvard David 1914 bis 1918, Düsseldorf, 1966.

    102 F. Ström, op. cit., p. 99.

    103 H. Gummerus, op. cit., p. 103.

    104 Hans Delbrück (1848-1929), historien et député libéral au Reichstag.

    105 E. Palmstierna, op. cit., p. 122.

    106 E. Palmstierna, op. cit., p. 116.

    107 Paris, A.E., Guerre 1914-1918, Suède, vol. 618, A.E. à Thiébaut, 21.7.1915. "Branting est parti aujourd’hui pour Londres très profondément impressionné par ce qu’il a vu en France".

    108 Stockholm, S.A.P., Partistyrelsensprotokoll, 10.8.1915.

    109 "Je trouvais Branting bien changé. Il ne se souciait plus guère de neutralité. Il me déclara sans détours " je suis un politicien de l’Entente" " (E. Palmstierna, op. cit., pp. 118).

    110 Stockholm, A.R.A., Brantings samling, T. Adelswärd à H. Branting, 14.8.1915. Cette pétition avait déjà reçu en Norvège l’appui de l’ancien Premier Ministre Michelsen, de l’ancien Ministre des Affaires Étragnères, Lövland, et du Professeur Fritjof Nansen. En Suède l’appel avait été adressé, notamment, à des hommes politiques Libéraux et Conservateurs comme K. Staaf, K. Hildebrand, J. Widén, J. Hellner, à l’Archevêque Söderblom, aux professeurs Arrehenius et Montelius, à Selma Lagerlöf, Ellen Key et Emilia Broomé.

    111 E. Palmstierna, op. cit., p. 118.

    112 Socialdemokraten, 6.8.1915 "Warszawas fall".

    113 Stockholm, S.A.P., Partistyrelsensprotokoll, 11.9.1915.

    114 Palmstierna, (op. cit., p. 118) estime que "chez Poincaré et Delcassé il s’était comporté correctement, en bon Suédois".

    115 Les négociations commerciales anglo-suédoises s’étaient ouvertes à Stockholm le 2 juillet 1915.

    116 Quelques jours auparavant, en effet, Delcassé avait fait savoir à Thiébaut qu’il trouvait justifié un examen nouveau de la politique maritime suivie à l’égard de la Suède par l’Angleterre. Il s’agissait de prêter une attention spéciale à "l’irritation très vite causée tant par les mesures des Anglais contre le commerce d’outre-mer de la Suède que par la censure exercée en France et en Angleterre sur la correspondance des Suédois avec l’Amérique". (Paris, A.E., Guerre 1914-1918, Suède, vol. 619, Delcassé à Thiébaut, 24.6.1915).

    117 Stockholm, S.A.P., Partistyrelsensprotokoll, 10.8.1915.

    118 Socialdemokraten, 12.8.1915. Les points de vues étaient si éloignés que deux des négociateurs britanniques, Hambro et Cleminson, durent se rendre à Londres pour demander de nouvelles instructions à leur gouvernement. La négociation ne peut être renouée que le 7 octobre, pour être définitivement rompue le 29. (T. Gihl, op. cit., pp. 153-156).

    119 Après avoir, courant septembre, défendu le point de vue britannique en particulier dans son article publié par le Socialdemokraten du 27 septembre "En aktivist position sont måste uppgivas".

    120 E. Palmstierna, op. cit., p. 132.

    121 E. Palmstierna, op. cit., p. 118, 8.9.1915.

    122 Ainsi, Westermarck, Bonsdorff et Lille qui se rendirent à Stockholm en septembre et octobre 1915 (E. Palmstierna, op. cit., pp. 123, 131, 139).

    123 Z. Höglund, pour une fois d’accord avec Branting, estimait que la grande masse de la population ne se trouvait pas "derrière la petite clique d’activistes finlandais qui voulaient attirer la Suède dans une folle aventure". (Z. Höglund, Krig eller Fred. En vidräkning med den aktivistiska förbrytaragitationen, Stockholm, 1915, p. 7).

    124 Le compte-rendu des propos tenus par Branting ce jour-là se trouve dans le rapport adressé par Thiébaut à Delcassé le 25.8.1915 (Paris, A.E., Guerre 1914-1918, Suède, vol. 619).

    125 Socialdemokraten, 7.8.1915.

    126 Socialdemokraten, 9.9.1915.

    127 E. Palmstierna, op. cit., p. 140.

    128 Stockholm, A.R. A, Stockholms Arbetarekommunen, Styrelsen, Sammanträdesprotokoll, 10.9.1915. Socialdemokraten, 11.9.1915.

    129 Arbetet, 10.9.1915.

    130 E. Palmstierna, op. cit., 10.7.1915. Il notera un peu plus tard (ibid., 28.8.1915) "malheureusement Yngve Larsson vient de m’écrire que Järte et lui ont bien participé au livre".

    131 Stormklockan, 28.8.1915. Erik Palmstierna venait de déclarer dans une conférence qu’en raison du conflit commercial, une menace armée de la Suède contre l’Angleterre pourrait être nécessaire. Cf. Z. Höglund, Minnen… II, pp. 165-166.

    132 Stockholm, S.A.P., Partistyrelsensprotokoll, 11.9.1915.

    133 Ibid.

    134 Stockholm, S.A.P., Partisturelsensprotokoll, 11.9.1915.

    135 Notamment à la lettre-pétition à Wilson.

    136 "Qui aurait pu imaginer, il y a quelques mois, que Branting à la tête de la phalange de "Stormklockan" chasserait et frapperait ses plus fidèles amis !" (E. Palmstierna, op. cit., 12.9.1915, p. 123).

    137 Cf. Herbert Tingsten, op. cit., p. 172.

    138 Stockholm, S.A.P., Partistyrelsensprotokoll, 25.10.1915.

    139 Il n’y avait pas l’ombre d’une preuve contre l’auteur de "Krig och kultur". Branting reconnut que sa participation au Krigsbok était peu probable, mais affirma que la propagande menée par lui – d’une façon générale – en faveur de l’impérialisme allemand rendait son appartenance au Parti indésirable. (Z. Höglund, op. cit., p. 72. E. Palmstierna, op. cit., p. 137). Pouf une appréciation d’ensemble de la personnalité et du rôle de Gustav Steffen, voir la biographie monumentale d’Åke Lilliestam, Gustav Steffen Samhällsteoretiker och idepolitiker, Göteborg, 1980, p. 298.

    140 Au cours du débat, plusieurs orateurs, notamment Vennerström et Wickman, soulignèrent que si le Comité Directeur ne prononçait pas l’exclusion on demanderait de partout un Congrès extraordinaire. Nils Persson répliqua qu’il était "indigne du Parti de prendre en considération une telle menace". On peut toutefois se demander si cette menace n’a pas exercé une influence déterminante sur plusieurs votes.

    141 Ces "procès d’hérésie" furent même dénoncés dans certains milieux socialistes et libéraux comme, par exemple, l’Association "Laboremus" à Uppsala. (E. Palmstierna, op. cit., p. 126).

    142 En octobre 1915 la retraite russe laissait aux Allemands la Lithuanie jusqu’à Baranovitchi (l’ancien G.Q.G. du Grand-Duc Généralissime) et toute la Courlande jusqu’à la Dvina et jusqu’aux abords de Riga. C’est sous l’impression de ces faits, largement connus et commentés en Suède, qu’a été mené le procès des activistes socialistes. Pourtant il était déjà trop tard pour l’activisme. Arrêtée, occupée ailleurs, l’Allemagne n’ouvrit pas dans le Nord ce nouveau front si ardemment attendu par les activistes suédois et les patriotes finlandais. Dépitée d’appeler en vain la Suède à la défense du germanisme, l’Allemagne usait maintenant de la menace : la Russie se voyait offrir dans le Nord Scandinave des "compensations" propres à l’attirer vers une paix séparée (cf. E. Palmstierna, op. cit., p. 142). Cette paix séparée qui risquait de liver la Suède aux appétits du "tsarisme russe", confirmait naturellement Branting dans sa politique favorable à la Défense nationale.

    143 Cf. Supra, p. 22.

    144 Cf. H. Tingsten, op. cit., p. 174.

    145 En mai 1915, lors de sa réunion annuelle, le Comité Directeur dénonça l’action "scissionniste" (Söndersprängande) de la S.S.U. qui "simultanément avait la prétention de rester à l’intérieur du Parti". On rappela que lors de son congrès de décembre 1914, la S.S.U. n’avait pas adopté sans changements la résolution unitaire du congrès de novembre du S.A.P. portant que la S.S.U. devait être prête à "soutenir en toute occasion l’action du Parti en plein accord avec les déclarations prises par lui ou par ses fédérations". Cette formule avait été remplacée par la suivante : "en plein accord avec les déclarations prises par lui ou par ses fédérations". Cette formule avait été remplacée par la suivante : "en plein accord avec le programme du Parti et les principes du Socialisme". On rappela aussi que la S.S.U. avait menacé de présenter des listes séparées si le groupe parlementaire ne modifiait pas sa politique en plusieurs domaines. (Socialdemokratiska Partistyrelsens Berättelse för år 1915, Göteborg, 1916, pp. 7-8).

    146 En particulier Horst Lademacher, Die Zimmervalder Bewegung, La Haye, 1967. Le premier volume donne les procès-verbaux, le second la correspondance. On y trouve en particulier plusieurs lettres de Ture Nerman concernant Branting.

    147 Z. Höglund, Minnen i fackelsken.... p. 173. Ture Nerman, Allt var rött, Stockholm, 1950, pp. 165-166.

    148 Berner Tagwacht, 5.9.1935. Cf. J. Humbert-Droz, op. cit., p. 149. Nerman y déclare : "Lenine était pour nous le chef tout naturel".

    149 Ibid.

    150 Horst Lademacher, op. cit., pp. 153-154. J. Humbert-Droz, op. cit., p. 144.

    151 Berner Tagwacht, 5.9.1935.

    152 Gustav Johansson : Lenin och den nordiska arbetarrörelsen, Stockholm, 1970, p. 42.

    153 La C.S.I. devait publier son premier bulletin le 21 septembre 1915, le second le 27 décembre 1915.

    154 Composée du député italien O. Morgari, des députés suisses Robert Grimm et Charles Naine, et d’Angelica Balabanov comme "traductrice".

    155 Socialdemokraten, 22.9.1915.

    156 Stockholm, S.A., Kriminalavdelningen 224/5, Anteckningsbok ang. möten 1914- 1919.

    157 Le texte fut publié dans le bulletin n° 2 de la Commission Socialiste Internationale de Berne (27.12.1915).

    158 Amsterdam, I.I.S.G., Internationale socialistische 1914-1918, Groeperingen, Algemein Zimmervald, T. Stauning à R. Grimm, 15.10.1915.

    159 Stormklockan, 2.10.1915.

    160 Stormklockan, 16.10.1915.

    161 Stockholm, S.A.P., Partistyrelsens Protokoll, 25.10.1915.

    162 Le 4 novembre, Socialdemokratiska Partistyrelsens Berättelse för år 1915, Göteborg, 1916, p. 28.

    163 Ragna Edenman, op. cit., pp. 368-369.

    164 Socialdemokraten… Décembre 1915.

    165 Z. Höglund, Minnen i fackelsken.... II, p. 180.

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